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samedi, 05 novembre 2016

Cadavre gobelet

    Feuilles dans le caniveau. Dalles recouvertes de feuilles pourries. Monde perdu ou ignoré dans les nids de poules. Souffle trop froid pas si classique du vent qui incite à se sentir vivant. Longue chevelure, la plus belle, des trois saules pleureurs du square. Incendie magnifique des dernières feuilles des merisiers. Jaune persistant des bambous malingres. Emballages plastiques comme étonnés d'être là, abandonnés, condamnés à volonté le long des trottoirs.

Le temps d'une désespérance vaine n'était pas arrivé, n'avait pas pu advenir sous une tonnelle chaleureuse, vaine entreprise, dans l'embrouillamini du décor, dans le brouhaha des grues de chantier, dans le maillage atroce des caddies isolés sur le parking défoncé, et pourtant la désespérance ne pouvait s'affirmer, l'optimisme, la vivacité demeurait à l'ordre du jour, on ne pouvait pas du tout savoir pourquoi. Il fallait presque tout réécrire. Ce que l'on reprend après une pause n'a plus le même sens, est noyé sous le bruit furieux des feuilles de platane sèches que le pied maladroit foule, maillage ou quadrillage d'un futur emprisonné, engoncé sous trop de lainages. Citron de ménage.

Soudain, au milieu des feuilles de platane, au milieu, un cadavre de rat. Non, c'était un gobelet en plastique.

Par le hublot du texte, jamais le ciel n'avait semblé aussi éloigné.

Camelote que toutes ces bicoques.

Commentaires

C'est ainsi que sur la Seine, le cadavre flottant d'un rat musqué semble un cuir chevelu.

Écrit par : VS | jeudi, 10 novembre 2016

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