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jeudi, 14 mars 2013
2013 — Neige vierge
Ton cri a
effrayé les oiseaux,
S'envolant des
arbres dépouillés,
Que l'haleine de
l'hiver a mis à nu.
Des petits nuages
de buée parlée,
S'échappent des lèvres
d'amoureux perdus,
S'évanouissent entièrement.
Genoux gracieux
de froid deviennent bleus,
Dans des draps glacés
d'un blanc étincelant,
Dans un lit
où tombe la neige
tachée de sang.
21:12 Publié dans Darts on a slate | Lien permanent | Commentaires (0)
Du banyan
Il ne m'en faut pas beaucoup. Je sais. Mais bon, il a suffi de lire, inopinément, le texte du haka, pour que me saisisse l'envie de relire Leaves of the Banyan Tree, un magnifique roman de formation. Et d'avoir (de prendre) enfin le temps de lire les autres textes d'Albert Wendt. Par ailleurs, je découvre qu'il a fini par être publié, traduit par mon ancien directeur de thèse d'ailleurs... publié en français en 2009... et déjà épuisé...
11:33 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 13 mars 2013
Un moment de chaleur
Pendant la séance d’éveil musical de mon fils cadet, le collègue professeur de mathématiques avec qui je discute souvent me prête son exemplaire d’une pièce de David Auburn, Proof. Je traduis, non sans m’arracher les sourcils, un beau poème de Cynthia Atkins, avant de m’attaquer à ceux de Red Shuttleworth. Hier, j’ai enfin découvert l’œuvre poétique de Jaime Siles, et j’ai relu la première partie des Vases communicants (ce qui ne manque pas de faire remonter de nombreux souvenirs).
Mon fils aîné m’apprend des choses sur les guerres puniques (j’ai toujours été notoirement nul en histoire ancienne), et le cadet, quand il n’est pas happé par les Pokemon ou les vignettes de rugby Panini, me demande de lui lire son livre sur le judo (je suis notoirement incompétent en sport et en japonais).
Hier, un collègue m’écrit et, au passage, se plaint encore et toujours de la nullité des étudiants, mais moi, je viens, le même jour, de m’ajouter encore une charge de travail pour pallier la lâcheté fainéante d’un autre collègue, et d’assurer un cours de traduction en Master, avec ce qui me semble la meilleure promotion de M1 qu’on ait eue depuis longtemps.
Je ne dis pas tout, ceci n’est pas un journal intime, mais je comprends, en écrivant ces trois paragraphes, et si besoin était, pourquoi j’aime ma vie.
11:48 Publié dans Narines enfarinées, YYY | Lien permanent | Commentaires (2)
mardi, 12 mars 2013
Schweppes aux agrumes (555/672)
Brouhaha, et obscurité dans les couloirs, alors que dehors il fait si beau, un ciel si lumineux. Je choisis une canette de Schweppes aux agrumes, et aussi un cacao corsé – le boire tandis que la boisson gazeuse tiédit un peu, ce n’est pas la saison des glaçures. Fenêtre ouverte, étouffe en 44, le soleil donne à plein sur les grandes baies vitrées. Bonheur du brouhaha, joie d’avoir chaud. Humeur et saison d’écriture tous azimuts, donc le clavier affecte parataxe et même abuserait presque d’anacoluthes. Il paraît que le gel, la neige vont revenir nous casser les pattes, rafraîchir nos ardeurs, en attendant c’est le printemps, ou presque, on ne boude pas sa joie.
05:55 Publié dans Aujourd'hier, B x A | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 11 mars 2013
L’Excavation du totem (version 410/500)
En ouvrant les rideaux métalliques, il s’assura qu’il n’y avait personne, voulut prendre en photo le trou laissé, dans la terre du quad, par l’excavation du triple totem de Nico Nu, mais, toutes fenêtres bloquées (pourquoi donc ?), à travers la vitre, avec le reflet, la photo, bien sûr, ne donna rien. Repensant à l’excavation du triple totem la semaine passée, il revint au 44, n’ayant rien trouvé dans son casier. Au passage, il reprit une photo de l’Olympia, avant de composer un quatrain.
21:53 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0)
L’Excavation du totem (version 377/454)
Ouvrant les rideaux métalliques, il n’y avait personne, veut prendre en photo le trou laissé, dans la terre du quad, par l’excavation du triple totem de Nico Nu, toutes les fenêtres sont bloquées, et à travers la vitre, avec le reflet, la photo, bien sûr, ne donne rien. Repensant à l’excavation du triple totem la semaine précédente, revient à son bureau, pas de courrier dans son casier. Voyant l’Olympia, la reprend en photo, va composer un quatrain.
10:11 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)
L’Excavation du totem (version 1085/1295)
Ouvre les rideaux métalliques de cet assez vaste espace où trônait naguère, et même jadis, une photocopieuse, et que choisissent de hanter désormais des grappes (/des groupes) d’étudiants, assis par terre le netbook sur les genoux, profitant de la proximité des prises électriques, tant il est vrai qu’un ordinateur portable ne peut fonctionner sans une batterie un tant soit peu rechargée. Là, à cette heure très matinale, il n’y avait personne. Ouvre les rideaux métalliques, veut prendre en photo le trou laissé, dans la terre du quad, par l’excavation du triple totem de Nico Nu (c’était mardi, Céline l’avait signalé, un épisode héroï-comique if ever there was one), avant de s’apercevoir que toutes les fenêtres sont bloquées, sans doute pour empêcher les suicides : on est au rez-de-chaussée, le dénivelé est de quatre-vingts centimètres. À travers la vitre, avec le reflet du smartphone, la photo, bien sûr, ne donne rien. Passe aux toilettes, repense à l’excavation du triple totem la semaine précédente, revient à son bureau, non sans vérifier tout d’abord qu’il n’y a pas (il n’y en a pas) de courrier dans son casier (de poste escargot dans son trou de pigeon). Voyant l’Olympia, la reprend en photo, va composer un quatrain. (L’a composé déjà naguère.) Met anglicismes en italiques.
09:15 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (0)
On a retrouvé le livre égaré
Et donc plaid jaune, cadre avec chimères, visage semi-caché,
un lecteur poilu comme un grizzly.
06:00 Publié dans Brille de mille yeux, Ex abrupto, MAS | Lien permanent | Commentaires (2)
dimanche, 10 mars 2013
On = Con
Il écrit, par fragments, un roman sur le réseau social aliMan, puis copie-colle cette œuvre en cours, sous forme de chapitres, sur son blog. Comme il existe un lien technique automatique entre la publication de billets sur son blog et son profil sur un autre réseau social, viSages, le texte se trouve donc détriplé. Pour faire bon poids, l'écrivaillon se photographie à chaque fois qu'il écrit une suite de fragments, et publie cet autoportrait sur Picasa. Pas possible, il se prend pour Opalka, rien moins, ce con.
21:37 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (0)
Où est passé Kotik Letaïev ?
Suite à cette conversation, l'autre jour, avec Éric – il ne sait pas s'il pourrait relire Moby Dick, qu'il porte au plus haut, et, de mon côté, je doute de pouvoir relire intégralement Les Misérables comme à douze ans, ou les Dickens que j'aime, comme à vingt – je me rappelle ne pas avoir réussi à continuer de lire Nostromo, une fois arrivé à Pietermaritzburg (or, pourrais-je relire, à cette aune, Lord Jim ou The Secret Agent? ), mais note qu'en revanche j'ai envie de relire Sarraute, et, relisant en ce moment deux chapitres de la thèse d'une amie, je voudrais reprendre les grandes proses de Breton. Lisant Calcutta, le dernier Chaudhuri, et Ma tête de l'autre (Sylvie Taussig m'évoque un hybride subtil de Kotik Letaïev (tiens... tiens... que je ne retrouve pas sur mes étagères!!!), de Kafka et de Virginia Woolf), je conçois aussi tout ce qu'il reste à arpenter (traverser ? jalonner ?).
10:49 Publié dans Fall in Love | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 08 mars 2013
dit d'oser
ribambelle parasol oser déterminisme
allons oser la ribambelle
évent fanon collier oser le parasol
aucune fausse raison allons
effroi oser faussé évent
carnage paravent parasol cigarillo
fausser oser l'effroi ribambelle allons donc
déterminisme ce n'est rien faux ménestrel
aucun faux raison allons parasol ribambelle
collier courir fanon grimpereau
oser allons carnage effroi et ribambelle
cigarillo parasol faussé oser aucun
(14 février)
05:56 Publié dans Douzains d'aise | Lien permanent | Commentaires (0)
VOUS dans la montagne : Franck Doyen
Ouvrage de poésie, ouvrage étrange, comme on parlerait de boîte à ouvrage, archaïque trésor en bois d’où s’échappent bobines dépareillées etc. On a lu ce poème comme texte triple. La traduction de Laura Vazquez n’est pas donnée en regard, mais juxtaposée, proposée avec les fragments du poème français. Le travail graphique de Karim Blanc est lui aussi un texte. — « Altitude de bleu » — Donc, même moi dont la compétence en castillan est limitée, je me surprenais à commencer parfois par la traduction (j’avais d’ailleurs cru, en l’achetant, qu’il s’agissait d’un texte bilingue de Doyen lui-même). Glossolalie, récit escarpé et repris d’un périple jamais naufrage, le poème est (peut-être) allégorie de ce qu’on endure, tragiquement et prosaïquement, de nos jours au Mexique (la dédicace aux femmes de Ciudad Juarez ?).
05:27 Publié dans 721, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 07 mars 2013
Imagiro
Il y a trop de rubriques, on s'y perd.
Pourtant, en faisant défiler très rapidement la page d'accueil de ces carnets, j'ai cru lire, dans le deux-millième texte, le mot origami.
21:00 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 06 mars 2013
Last of the Chicken Wings
Si j'ai proclamé peu de choses, ces dernières semaines, disait l'orateur, le beugleur de Hyde Park, si je me suis résolu à reprendre le chemin de cette grille, vous me pardonnerez le raccourci, la brachylogie, disait-il en fanfaronnant du bout des lèvres, si je me suis décidé à revenir ici, en équilibre précaire sur ma caisse de McEwan's, ce n'est pas pour rien, pas par ennui ou désœuvrement, j'ai tout bonnement des révélations à vous faire, et ainsi, disait, dit, lança l'orateur improvisé au teint blafard, une information qui a échappé à tous jusqu'à ce jour doit être portée à votre connaissance – ne devrait-on pas plutôt moduler, what a muddle, pense le traducteur, ainsi : « il faut porter à votre connaissance une information de prime importance » – et vous en serez tous bien heureux, ravis même, l'orateur sourit, puis il se tait longuement, les badauds commencent à s'éloigner.
Il est possible aujourd'hui, murmure-t-il, de changer de lieu à la seconde même. Vous trouvez pénible cette pluie incessante, la bruine de chaque jour, Londres ou la Touraine, hein, vous consultez cette nouvelle application disponible sur Internet et sur vos téléphones portables (le traducteur s'interroge) et décidez de vous téléporter instantanément en un lieu ensoleillé. Il a forcé la voix, il répète ce qu'il vient de dire, les badauds se marrent. Ils ne se marrent pas doucement, ils rient ouvertement. Vous cliquez sur tel lieu de votre choix, le mieux est d'avoir un support de connexion mobile, afin de le faire suivre avec vous sur le lieu de téléportation, la voix de l'orateur est sans emphase, ça intrigue quand même certains des auditeurs, et donc vous voici au soleil, il fait beau, il fait doux, pour un peu vous vous désaperiez total, déloquage intégral au vu de tous, les auditeurs rigolent (le traducteur multiplie les surlignages en orange et les points d'interrogation en commentaire), attention toutefois de ne pas tous cliquer sur Ibiza ou Miami, on va risquer l'écrasement par surpopulation. Alors, je songe que je choisirais systématiquement un coin ensoleillé mais paumé, en Dalmatie ou loin des côtes australiennes, un jour de soleil en Tasmanie peut-être, le Quercy écrasé par la canicule.
Bam, bam, ça cogne fort, je chaloupe, je loupe toutes connexions neuronales, quelle invention curieuse, furieuse, terrible, formidable (non : terrifiante – le traducteur s'arroge d'étonnantes prérogatives), on retombe dans cet héliotropisme de façade, l'application permet aussi messieurs dames d'aller à la neige, de choisir un coin pluvieux, d'aller se rafraîchir, s'embruiner, vous ferez comme bon vous semblera (endrizzle yourselves, une réminiscence baudelairienne pointe le bout du nez, on n'est pas à Hyde Park pour rien), mais enfin voilà le début d'une nouvelle ère, l'ère des applications informatiques mobiles qui changent véritablement l'existence, ça sent le slogan, je vous jette mon gant au visage, l'orateur sur sa caisse de McEwan's ne s'emporte pas, on voit, à la douceur de ses expressions (faciales aussi ? hmmm, m'étonnerait), qu'il n'est pas fou, et que ce dont il parle existe vraiment, d'ailleurs il brandit une tablette numérique, il va faire la démonstration, hors langage, de son transport.
11:36 Publié dans J'Aurai Zig-Zagué, Les Murmures de Morminal, MUS | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 05 mars 2013
Note tenue
« Sometimes Lewis himself turned cook, and made a suet dumpling for every man. More frequently he was off to the hills with Clark, taking a look at the country. Nor was Sacajawea idle. With her baby on her back, she opened the nests of prairie mice, and brought home artichokes. Sometimes she brought sprouts of wild onion for the broth, or the pommie blanche, the peppery Indian turnip. » (Eva Emery Dye - The Conquest, p. 209)
Tout de même, c'est au moment précis où je cherchais à saisir les moindres nuances de l'accent traînant et emprunté du vice-roi qu'un émigré, un pâtre grec, un métèque, allez savoir, me tendit son regard farouche, pas du tout implorant, et lança vers le ciel des imprécations, ainsi qu'un brouet de paroles qui recouvrit intégralement les chantonnements monocordes (le vice-roi poursuivait ses molles incartades) et dessina devant moi, assez brusquement, la figure d'une jeune fille en bottes, un fouet noir à la main.
21:07 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 04 mars 2013
Rien, cette écume
Il y a sans doute eu un moment de ma vie où je me suis senti aussi épuisé, où tout geste, toute action me paraissaient aussi difficiles. Deux moments, même, peut-être.
Je dirais décembre 1991, juste à la fin du premier concours blanc d’hypokhâgne.
Et ces journées froides – mercredis – de février, peut-être, février 1994, pendant ma deuxième khâgne, mercredis où j’allais à jeun faire faire ma prise de sang bimensuelle (en raison de la prise de Roaccutane) et où je rentrais, ayant attrapé au vol tout de même quelque pain aux raisins, au studio pour y travailler le programme de philo, ou le programme de la Licence d’Anglais (que je préparais en parallèle).
Toutefois, l’impression que je ressens ces jours-ci dans mon corps de quasi quadragénaire, pour être similaire, admet une différence essentielle : lors de ces deux épisodes, je me sentais épuisé et j’allais de l’avant. Là, à rebours, la moindre projection d’une quelconque menue tâche me défait totalement. Très entre autres, je n’avais, alors, pas vingt ans, et j’en ai aujourd’hui le double.
14:37 Publié dans Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (0)