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mardi, 30 avril 2013

Hiver en avril (version 212/1212)

    Retour d’un bref tour en ville, hydrofrigorifié, alors que mai arrive.

Ce matin à neuf heures, un collègue – ami qui s’est brouillé avec nous, pas vu depuis des mois – me serre la main, m’annonce que son père est mort la semaine dernière ; il avait déjà tourné le dos, haussant sombrement les épaules, quand je présentai mes condoléances à la bosse de son pardessus. Sur le parvis de l’Université, je l’ai revu, sous son parapluie. Je lui ai dit « re ! », je crois l’avoir vu sourire.

Toutes ces échoppes qui deviennent autant de friteries, kebabs. En regardant, par la vitre, les allées et venues des passants sur la place (que Google Maps aussi a déjà rebaptisé de son nom absolument pas officiel de « place du Monstre »), je me suis dit qu’il faudrait écrire un texte décrivant ces allées et venues, avec le neutre en jaune foncé, le subjectif (interne) en vert, l’omniscient en violet.

En remontant la rue Marceau, j’ai croisé Anaïs S., qui tenait la main de son petit ami, m’a rendu mon salut. Je suis entré dans la supérette – à la sortie, j’ai manqué m’étouffer avec la première gorgée d’eau minérale. Personne de connu en vue, j’aurais eu l’air malin.

Tout de même, cette grisaille, c’est à ne pas y croire.

13:27 Publié dans B x A | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 29 avril 2013

Lundi, que tout a commencé

    Non sans observer, au passage, les barres verticales oranges qui tiennent la bâche en plastique transparent (elle protège, on ne sait pourquoi, l’escalier extérieur devant mon bureau), j’ai dévalé les marches et, passant devant l’arrêt de bus, ai glissé dans la fente Autres départements / Etranger la lettre à destination des Ponts-de-Cé. Dans mon bureau, il doit faire 17°, peut-être moins, alors que je me suis contenté, ce matin,  de mon gros manteau, mais avec la chemisette « orange brûlée » en dessous : j’ai donc enfilé,  avant de me mettre au travail, le vieux pull-over écru (et étriqué – entre autres) que je n’ai pas mis depuis des années et que je garde sur une étagère de l’armoire à des fins de dépannage. Les travaux du quad ont bien avancé : six puits de lumière à travers lesquels on aperçoit les monticules de gravats du chantier en cours, au premier sous-sol. Pas grand monde dans les couloirs, frisquet partout.

Avais-je déjà remarqué que ce pull-over a la même teinte que 2013-04-29 09.22.06.jpgla moquette berbère de notre appartement beauvaisien ?

08:14 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (4)

dimanche, 28 avril 2013

Des oyats sur la dune

    Je me suis acheté, au Leclerc de Semisens, une paire d'espadrilles à motif rayé, si étroites malgré leur 44 affiché que je ne peux les mettre avec des chaussettes, et si fines que je peux enfiler mon jean's sans les enlever. Il y a bien d'autres choses à écrire de cette quinzaine, mais là, voyez-vous, je viens d'enfiler mon jean's, je ne vais pas vous entretenir des Enfances Chino les espadrilles aux pieds. D'autres territoires s'ouvriront, qu'on défrichera ou non (un cadavre de geai dans le sous-bois).

07:34 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 23 avril 2013

“La perfezione di un spirito sottile”

Lilac sunrise. Tours, January 23rd, 2011. Tout n'est pas rose. Il y a vingt-sept mois, les arbres dénudés ne faisaient pas les malins. Maintenant, veulent croire enfin à un nouveau printemps.

Silhouette des rêves, cheveux de bois de la mémoire, maudit manège à l'emporte-pièce.

21:16 Publié dans Brille de mille yeux | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 22 avril 2013

T = Tutti

    D’autres terreurs peuplent le sable, des ermitages égarés, une promesse. Les flots s’amoncèlent, ce n’est pas une raison pour laisser trimer. L’îlot englouti, dans l’indifférence des puissants repus, des internautes énervés.

(8 avril)

 

11:56 Publié dans En/tiers (Triolets quantifiés) | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 21 avril 2013

dit du fleuve

tertre meurtre épanouissement

terre meurtrie évanescente

yole gabare descente

ruminer monde ramenante

tertre terre terreau ruminer

descente fleuve

pendre évanescence pente

gabare épanouie

meurtre terreau descente

monde vivre gabare

singer ruminer vivre monde

épanoui descendre tertre

09:27 Publié dans Douzains d'aise | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 20 avril 2013

Copernic et les poubelles

« La formalisation mathématique s'est développée pour elle- même à des hauteurs jamais, au XXIe siècle, égalées. Cependant que la formalisation mathématique atteignait, aux XXe et XXIe siècles en particulier, des hauteurs que Copernic lui-même n'aurait jamais songé à entrapercevoir, nous continuions imperturbables : Eh bougnoul va niquer ta race et vider les poubelles, ou, plus châtié, qu'on ne peut pas accueillir toute la misère du monde. »

(Nathalie Quintane. Crâne chaud, 2012, p. 109)

09:25 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 19 avril 2013

dit de vaille

crapaud gribiche piétaille

mélasse marmaille musique

valetaille sauce gribiche

rêver vaille que vaille

marmots farauds rêver mélasse

place musique aveu crapaud

aveu dégueulasse musique

rêver sublime

piétaille gribiche crapaud

fourche suppôt assainir

entrepôt enfer sauce gribiche

rêver au repos

.

11:44 Publié dans Douzains d'aise | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 18 avril 2013

D'Un Christ navarrais

Christ en croix. Monastère San Salvador de Leyre, 18 août 2010.    Rien, si ce n'est le bois

qui émeut les yeux par tous les pores, illumine, affole, jamais

ne dénie ni ne dénigre.

07:10 Publié dans Brille de mille yeux, Minimalistes | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 17 avril 2013

dit du dire

dire déjà jour collier

déjà jardin gibecière cloche

jardin étonnement collier

surprise dire cloche jour

journée sonate gibecière

pilori pendaison collier

pendaison déjà jour sonate

cloche jardin étonnement

dire déjà clous piloris

gibecière astre étonnement

astre cloche clous collier jour

et cloche déjà sonate déjà

 

12:19 Publié dans Douzains d'aise | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 16 avril 2013

(anfangs etwas gehalten)

    Reposez les primevères coupées :

il y aura des moments mieux

choisis, le temps sinueux

hâte la course quand il le faut

andante ou lentement, presto (

rapide flot d’images)

dirigés d’une baguette avide.

 

Week-end parmi les fleurs,

entre les ruisseaux, dans les prairies

tendues de cent couleurs vives, leur

zézaiement plus que jamais grandiose.

 

14:49 Publié dans Zézayant au zénith | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 15 avril 2013

(indulgences)

    Ivre est son nom, au moins

vif le son

on s'y accroche

 

Pareil à un habit de moine

enfilé à la va-vite

rapiécé et luxueux

enfilé à la va-vite

le saxophone attrape, accroche,

matérialise ce qui jusqu'

alors n'était qu'un songe

nébuleux.

29 mars

09:17 Publié dans Zézayant au zénith | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 14 avril 2013

Les Nombres premiers

Manifestation unitaire, cortège Universités. Tours, 19.03.2009. Enigmatique.

14:00 Publié dans Fièvre de nombres | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 12 avril 2013

Symétriques. Lignes

    Entre-temps, le feu sera passé au rouge.

(Depuis le début de l'année (scolaire), je « coupe » par le parking d'Auchan, et, en roulant lentement, même parfois en étant bloqué momentanément par quelque client qui gare sa caisse, je « gratte » neuf fois sur dix les gens qui se seraient trouvés devant moi au feu, puis, parfois même, m'auraient fait rater le tourne-à-droite vert sur la rue Marie et Pierre Curie.)

J'ai toujours eu une certaine affection pour le futur antérieur, corollaire possible du passé surcomposé, associé à tout jamais dans ma pensée (et dans ma parole) à mon grand-père maternel. Le feu sera passé au rouge. Et moi, j'aurai gratté des lignes. Symétriques.

08:54 Publié dans Ex abrupto, YYY | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 11 avril 2013

Saissac III

Saissac (Aude), vendredi 22 juillet 2011.    Une hirondelle, c'est dur à avaler. Une ombre de chauve-souris au-dessus des fissures, pire encore. Franchement, vous n'avez rien d'autre à faire, éboueurs, qu'éventrer ces trottoirs en bâche noire que crève la pluie grise ?

11:16 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 10 avril 2013

Ruines de la garde

Château de Lagarde (Ariège), 18 juillet 2011    Le ciel de juillet, cette année-là à l'ouest du Languedoc, était très lourd, souvent fuligineux, à faire fuir même les pétrels. Je me rappelle ce retour au gîte, par des routes départementales de campagne, entre des collines boisées de hangars en tôle, à attendre quel improbable miracle ? Nous avions contourné le village pour avoir cette vue de ruines inattendues, même pas signalées par la carte. La topographie des nuages ne change pas si aisément.

07:57 Publié dans Brille de mille yeux, Minimalistes | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 09 avril 2013

Serpent-lune

Détail, Francesco Marmitta. "La Vierge et l'Enfant entourés de saint Benoît et de saint Quentin, et de deux anges", circa 1500-1505. Musée du Louvre, Paris, 18 octobre 2009.

 

    dans ce purin d'idéaux

beauté des formes Caducées Un songe de terrible ardeur

terreur aux brisants de la mode

un détail au fond des paupières

nous oublie

au revoir

pour jamais

21:33 Publié dans Brille de mille yeux, Unissons | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 08 avril 2013

Enculer, pourlécher

    Dans ta main droite, dont le creux renfermait une poignée de graines de couleur ocre, grise ou jaune, ce furent bientôt neuf perruches qui s’activaient, te chatouillant : contrairement à tes fils, tu n’avais pas de gants — contrairement à ton épouse, ta posture perruches dans la main n’a pas été immortalisée par JPG. Il y avait notamment, dans la nuée de perruches vives et quasi-microscopiques peuplant cette grande volière, bon nombre de perruches ondulées, plumets bleus aux joues, zébrures noires sur le jaune de la nuque. Curieux, le temps qu’il m’aura fallu pour commencer à m’intéresser aux oiseaux dits « exotiques », justement parce que, connaissant mieux les oiseaux d’Europe, et voyant quels dangers ils couraient, je m’offusquais de voir que le commun des mortels s’intéressait surtout aux colibris, coryllis, colifichets. Neuf oiseaux dans la main, un test cognitif remonte à la surface.

 

Vint le temps du poème irrationnel (et non absurde, je tiens beaucoup à cette distinction) :

Nue de pourlécher

Rondeur épluchée.

Découpler un hère

Du pore herculéen.

Lourdeur penchée

Penduler, échouer.

Oh, enculer éperdu

Peu crédule héron.

 

09:14 Publié dans Répétitions | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 07 avril 2013

Urana

ara araurana.jpg

    Il est avéré qu'il fait tout à l'envers — écrire un premier texte sur un oiseau qu'il n'avait jamais vu, et, le jour où enfin il voit un spécimen de cet oiseau océanien, prendre plusieurs photographies d'un autre, beaucoup plus communément répandu dans les parcs zoologiques européens.

Et donc : répétition générale pour une reprise des travaux.

Et donc : dormir par terre, en lorgnant le bec et les zébrures autour des yeux de l'Ara araurana (la seule chose qui l'intéresse étant le peu de plumage totalement non coloré de ce superbe volatile).

11:39 Publié dans Brille de mille yeux, Répétitions | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 06 avril 2013

91/111

    Et tu prendras ton épitaphe, ça ne traînera pas même lutte partout, une vigie d’une nuit en haut du trois-mâts.

15:31 Publié dans B x A, Ex abrupto, YYY | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 05 avril 2013

1413

    Tout sera violence :

un peu de frais dans le silence

terrible avril

consterné par la pestilence

 

un mois viril

nous dit-on, creusé par l’absence

la puissance du grésil

à l’aube de l’indécence

 

poème puéril

 la phrase vous distance

tout vous semble jactance

vaine, pas la moindre transe

 

tout mot empreint de violence

épris dans son insolence

de quelque nuageuse turbulence

(Cosette tient l’anse —

 

Jean Valjean tient la distance)

L’avion, en partance,

ne tient qu’à un fil

le langage civil

 

poli par accoutumance

pour tout péril

« au nom de la France »

(bombez le nombril)

 

 

France rime avec souffrance

rance

et endurance

(peut-être avec intolérance)

 

ne dites pas de mal d’avril

de son silence

douce violence

à tout prendre à mesure qu’émerge la cadence

 

voici donc notre danse

— d’abord la jouissance

et puis la naissance —

sur le pont Mirabeau l’inconnu poursuivait son errance

 

j'ai traduit en avril

mon propre regard tenu à distance

inversion sur l’ombre présente

et le poème criblé de rimes agaçantes

 

mettre en péril

ce qui avant nous enchante

et revient, délivrance

des jours trop lourds voués à la désespérance

 

tu te souvenais de Talence

silence creusé par avril

à la moindre discordance 

 

Cosette encore tenait l’anse

Newton brisait le silence

à faire exploser le fournil

 

Tout alors sera une offense

aux codes pompeux de la bienséance

… … … … la chance

 

 

21:03 Publié dans Corbeilles de Bourges | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 04 avril 2013

a season in hell (version française)

 

une saison en enfer un printemps paradisiaque – le cerveau éclaté par des foutaises

aucune raison (seul dans ta coquille) de désirer la belle Gervaise.

Rien de pire qu’un poème d’amour (comment peut-on écrire un truc

pareil ? La seule pensée suffit à ce qu’on) se transforme en

statue de sel... « Oprah, les opéras, fini pour moi » — c’est le bel canto qui te guide

si tu n’y prends garde (au compte-gouttes), si tu joues les blasés (une pour la route !),

ou si tu es poète. Laisse donc Gervaise se limer la fraise !

 

Un nouvel essai d'autotraduction. Le poème anglais original, écrit et publié hier, se trouve ICI.

Cherchant des synonymes de se masturber, j'ai constaté qu'il en existait fort peu pour la masturbation féminine — je vous suggère toutefois le Wiktionnaire ou le forum Yahoo, assez savoureux.

10:21 Publié dans Darts on a slate, Self-Be/Portrayal | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 03 avril 2013

Schmidt/Schmitt

    Le jour même où Valérie me recommandait la lecture d'Arno Schmidt – autour de qui je tourne depuis plusieurs années, comme ça, de loin –, j'avais emprunté, à la médiathèque, un enregistrement du quintette avec piano de Florent Schmitt, que j'écoute en ce moment pour la troisième fois : de magnifiques moments, une tonalité globalement languissante. Après tout, pourquoi faudrait-il que languissant soit nécessairement péjoratif ? N'aime-t-on pas Verlaine ?

À mon étonnement, la bibliothèque universitaire possède plusieurs ouvrages d'Arno Schmidt en traduction, aucun en allemand. Au moment où la Présidence décide de couper un peu plus le robinet, en tranchant le cou des études d'allemand, cela me semble être un symbole frappant, y compris de l'absence totale d'engagement des collègues germanistes depuis plusieurs années. Comme par hasard, ceux qui n'ont jamais fait acheter de livres d'Arno Schmidt en allemand (ce qui témoigne, je suis bien placé pour le savoir, d'une absence de travail avec les conservateurs) sont ceux qui ne passent à Tours que quelques heures par semaine, ne viennent jamais informer les lycéens sur leurs Licences dans les Salons et Journées Portes Ouvertes... et dont les effectifs sont tombés si bas que leur Licence n'ouvrira plus. Faut-il s'en étonner ?

08:58 Publié dans MUS, Narines enfarinées, Unissons | Lien permanent | Commentaires (2)

mardi, 02 avril 2013

“Langage tangage”

    Hier, au zoo, le tenrec

— Je n'en avais jamais vu,

Ni d'aucun regard griffu

Directement, indirec-

 

Tement, ni dans la confu-

Sion d'un épisode grec

Mal reproduit (touche REC,

Tant commis-tu de bévues!) —

 

Se blottissait contre la

Vitre, pacha ou prélat

De quelque culte trompeur.

 

Spay n'est pas Madagascar,

Et, pas quitte pour la peur,

La vitre masque le lascar.

.

15:34 Publié dans Sonnets de juin et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)