mercredi, 22 mars 2006
Le mot est tiré
[Lire le chapitre précédent.]
[[[Bonus évanescent.]]]
Ma belle, ma merveille,
Quel cirque ! Je ne vais pas te raconter des bobards. Tu as vu juste, et tu étais même en dessous de la vérité. La lettre, elle, était en dessous du lit. Et moi, en dessous de tout. Pour faire bref : je n’ai effectivement pas ouvert ta lettre illico, je me suis laissé torturer par ce qu’elle pouvait contenir, puis je l’ai perdue, j’ai cru l’avoir égarée. Aujourd’hui seulement, faisant le ménage, je la découvre sous le lit, au milieu des flocons de poussière. Faut bien lutter contre la neige… !
Non, je fais de l’humour, mais c’est impardonnable, je suis inexcusable et ne te demande d’ailleurs même pas de m’excuser. Tu peux me crier dessus, tu avais dû finir par penser que je te boudais, tout comme moi je pensais avoir perdu ta lettre. Tu n’es pas tendre pour moi, mais c’est encore gentil, au vu des circonstances.
J’ai crié de stupéfaction et pleuré de t’avoir ainsi ratée. Je ne vais pas mettre de fausses larmes sur ta lettre et te la renvoyer, ça ne prendrait pas, mais crois-moi seulement : j’ai pleuré. Tu es donc venue, et je n’ai pas bougé d’un iota. En attendant, on a eu la merzlota. (Je sais que c’est la raspoutitsa quand la neige fond, mais c’est moche et ça ne rimait pas.) Fonte des neiges, élections, Dominique s’est ramassée dans les grandes largeurs, je ne sais pas où on va (entre toi et moi, ça, hein).
Je passe le temps à rien, donc à tout : je lis beaucoup, je me rappelle, je milite quand même, et je nettoie après ces sagouins. (Entre nous soit dit, aussi, les pires sont les camarades (au féminin, ah ah, la vieille blague continue).) Je vivote avec ce que me verse la section, et avec mes ventes. Maintenant, j’ai investi eBay que c’en est un bonheur. Je passe encore plus de temps sur l’ordinateur, qui ahane, et dans les vieilles granges. Mais les gens, pour leur faire lâcher leurs vieilleries à moi plutôt qu’à Emmaüs, pas facile. En plus, je me regarde mal dans la glace si je concurrence le Secours Populaire pour ma seule subsistance. Enfin, je ne change pas. Même, j’empire.
Assez parlé de moi – mais c’est pour bien te montrer que tout cela ne fut qu’un gigantesque malentendu. Je veux te voir, bien sûr, je suis si heureux d’avoir ta nouvelle adresse. Et je voudrais te demander si je peux venir te voir dans le Lot.
Je t’embrasse (il faudrait révolutionner les salutations de fin de lettre (vieille blague bis)).
Ton
Laurent
15:30 Publié dans Pauvres Pyrénées | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
Etrangeté pour signifier ce blog, pour te signifier assurément.. Les lignes défilent.. Je vais cesser de lire, j'ai pas mal de travail là en cette matinée.. Je m'autorise quelques lignes.. Puis une nouvelle note.
Je reviendrais me disperser ici, l'évasion d'un instant.
Pour commenter cette note, je te conseille "Le Silence des Hommes" de Christine Orban. Deux ou trois heures de lectures pour une histoire comme il en arrive rarement.
Écrit par : Lucie Ferraille | vendredi, 24 mars 2006
Laurent?
C'est Laurent votre nom?
Écrit par : patricia | mercredi, 21 février 2007
Non... mais c'est le prénom de mon libraire.
Écrit par : MuMM | jeudi, 22 février 2007
J'ai deux commentaires.
1. Turangalila est arrivé. Je l'écouterai dans la capitale vendredi prochain. Il faut attendre encore quelques jours.
2. Le mot est dit.
Voilà un mot pour "Solidement": innocent.
Si je me déclare innocente, une autre personne sera inévitablement coupable. Ou d'autres personnes. Et ils sont coupables.
Dois-je me défendre, et inévitablement accuser les autres, ou mieux éviter de me défendre pour ne pas les accuser?
Pourquoi ils n'ont pas pensé à ce qu'ils faisaient?
La musique pour ce morceau est la langue des mensonges, l'inflexion insinuante qui devient un adversaire à larguer.
Écrit par : patricia | jeudi, 22 février 2007
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