samedi, 25 mars 2006
À ciseaux rompus
[Jeudi, onze heures du matin
une étudiante m’a posé un lapin]
Dans les salons de coiffure se développe un art de la conversation dont la futilité a souvent été soulignée, mais non (généralement) le caractère particulièrement entrecoupé : sèche-cheveux, tondeuse ou téléphone sont au nombre des appareils qui interrompent de force la discussion. Souvent, je reste muet, mais c’est parfois moi, également, qui joue le rôle du chœur météorologique (la pluie et le beau temps, les mœurs du temps, les contretemps, tous sujets qui évitent de trop prendre à rebrousse-poil).
Un jour, à Beauvais, une coiffeuse m’avait avoué être raciste, puis avait expliqué pourquoi. Je lui avais dit, assez doucement, ma façon de penser, puis je n’étais plus jamais revenu dans son établissement. De toute manière, je ne suis guère fidèle, en matière de coiffeurs. J’en change comme de camisole. Trois ou quatre coupes d’affilée, c’est le summum de ma fidélité. On a les donjuanismes que l’on peut.
Nous avons tous des myriades de souvenirs capillicoles.
Entre autres surgeons qu’évoque le seul mot de coiffeur, je songe à la chanson de Gérald Genty, au banal distique initial :
Je préfère que le coiffeur parle peu
Je préfère qu’il se concentre sur mes cheveux
Le célèbre sketch de Desproges (on ne dit pas « je vais au coiffeur » mais « je vais au capilliculteur biocosméticien ») est presque effacé, ce matin, par le souvenir d’une mélodie lancinante, sans paroles, qui s’intitule Le Coiffeur : l’air se trouve sur un double album de Dexter Gordon que possèdent mes parents. Comme il s’agit d’une collection bon marché, de style best of, aucune référence ni au groupe de musiciens qui accompagnait le saxophoniste, ni au compositeur. Le titre en français laisse imaginer qu’il s’agit d’une chansonnette des années 1950 ; las de chercher l’origine de ce morceau, j’ai fini, un beau jour, par composer mes propres paroles sur cet air :
Quand je vais chez le coiffeur, je lui dis mes malheurs
Quand je vais chez le coiffeur, je lui dis mes humeurs
Mes folies
Mes soucis
Mes ennuis
Mes envies
Quand je vais chez le coiffeur, il saisit ses ciseaux
Quand je vais chez le coiffeur, il cisaille en biseau
Les cheveux
Des morveux
Des envieux
Des heureux
N’ayant ni sens de la honte ni dignité, je vous la chanterai un de ces quatre !
11:35 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (5)
Commentaires
Chiche !!! au prochain apéro-blog....
Écrit par : tinou | samedi, 25 mars 2006
formidable dexter
Écrit par : paul | samedi, 25 mars 2006
Date est prise : je la chante au prochain apéro-blog (mais ce sera payant :-)).
Écrit par : MuMM | samedi, 25 mars 2006
Ah oui, Zeff', ce coiffeur que l'on fréquente plus par charité que pour son talent...
Écrit par : MuMM | samedi, 25 mars 2006
"De toute manière, je ne suis guère fidèle, en matière de coiffeurs": pourquoi s'être arraché les cheveux à en chercher un, et un seul? Vous ne l'avez pas trouvé(e) et voilà le résultat! (A bon entendeur, hein?)
Écrit par : Aurélie | dimanche, 26 mars 2006
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