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dimanche, 02 avril 2006

Visions d’avril, 3

    Un monde gris, fait des tourbillons de fumée, des volutes de poussière que ne suscite même pas un Dieu vengeur. Voilà ce que je vois.

J’entends les heurts des embrasements, le jeune homme fou se cogne aux encoignures, une musique lente et pénétrante, douce, finit par fendre les tympans de ces ruines aperçues. Longue errance noire au milieu des pas pressés porte aux nues ta déchéance, si la syntaxe encore s’abîme, fruit talé par la grisaille.

Soudain, comme le corpulent barbu te violente au milieu du flux des passants masques de carnaval posés sur de tristes gouttières de poussière, me revient en mémoire cette scène répétitive et sans nulle musique d’un film de Sharunas Bartas.

Le grabat est-il battu par les vents dans la prison de l’âme, ou dicte-t-il ses confessions à de subalternes ombres ? Un manteau trop serré qui pétrit la silhouette défait l’espoir du fou. Le fou a chanté dix-sept fois. Il ne faut pas faire grincer sa plume, même pour la plus grinçante confession. Je me cache le visage avec un journal jauni, comme ça on ne me fera pas passer par le Pont des Soupirs. Notez six objets. On meurt pour moins que ça, dans le bourdonnement des mouches. Les yeux fous n’ont pas de paupières, à n’être glabres qu’au grabat. Ce n’est pas grave (dira-t-on).

Ce l'est.

21:48 Publié dans YYY | Lien permanent | Commentaires (0)

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