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mercredi, 19 mars 2008

Station balnéaire transformée en citrouille (version 1110/1333)

    Un midi ensoleillé d’hiver, une voiture vert pâle s’est arrêtée près de l’épicerie. Un homme en est descendu, qui acheta du magret fumé, du camembert et des pommes avant de demander le chemin de la boulangerie. Tandis qu’une femme et son fils jouaient sur le terrain du fronton – l’enfant faisait du vélo et la femme lui courait après en l’acclamant – il s’est dirigé vers le cinéma, a longé l’office de tourisme, tous deux fermés bien sûr. À la boulangerie, où – curieusement tant la petite ville semblait déserte – attendaient déjà trois personnes, il a acheté deux baguettes, puis, après s’être attardé quelques minutes à interroger du regard les affiches décolorées, les lambeaux de nuages gris, la peinture écarlate du fronton, il est reparti vers sa voiture, l’air songeur, inquiet peut-être. Il n’a pas redémarré tout de suite.

Quelques heures plus tard, on l’a retrouvé pendu à un pin robuste quoique calciné, au bord de l’étang de Sanguinet, dont les flots désespérément bleus baignaient les plages désertes. Il avait mangé, sous forme de sandwiches et en un temps que les légistes ont estimé proche du record, la totalité des aliments qu’il avait achetés ce midi-là à l’épicerie. Un recueil de poèmes de Rose Ausländer dépassait de la poche gauche de son blouson.

On n’a jamais rien su de ces détails, dans son village natal.

17:23 Publié dans YYY | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fiction

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