samedi, 16 avril 2016
Cousu
Le samedi, la circulation est ininterrompue. Les noisetiers, ciblés par la pollution, résistent bien que mal. Les chatons, allongés, hésitant entre le vert jaune et l'ocre, tapissent le trottoir défoncé. La musique qui s'élève est définie par le bruit, le fracas, métallique, est par nature insupportable. La musique qui s'élève des villes, métallique, est par nature insupportable.
Ce n'est pas toujours le sol fastidieux que je regarde. Dès que je regarde autre chose que le sol, on peut dire que je contemple que je scrute. Le sol, il faut faire preuve de beaucoup d'attention, au fond, pour le scruter, pour dire qu'on le scrute. Peut-on dire également d'un trottoir qu'il est cabossé ? Peut-on dire d'un chat tricolore qui s'échappe au loin dans un fourré, quand on se trouve sur la butte d'herbe au-dessus des petites maisonnettes, que sa vision furtive suffit à donner une autre valeur, une autre ampleur au sol ?
Sol. Sol.
Écrire un texte est décousu, c'est amplifier la métaphore de l'étymologie. Pourquoi faudrait-il qu'un texte soit cousu ? Un texte cousu, un poème cousu n'est-il pas forcément cousu de fil blanc ? Se payer de mots, c'est déjà se payer la tête de celui qui lit, par-dessus votre épaule, avec les saules fastigiés, le sol fastidieux, cela calembredaines, calembour, se payer de mots, se farcir la tête vainement, se payer la tête du lecteur.
Pourquoi un poème devrait t-il être poétique ?
18:36 Publié dans Élugubrations | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Le mot de passe sera fastigiés.
Écrit par : VS | jeudi, 21 avril 2016
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