Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 09 mars 2025

IV, soixante-huit

    hameçon

dans la joue,

haletant

 

comme une vieille femme brisée par le vent

qui retient ses larmes,

 

ce fuyard

feint de ne

pas souffrir,

mais pourquoi ?

 

19:39 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 08 mars 2025

IV, soixante-sept

    belliqueux

ampoulé

théâtral

 

il traverse la scène

avec le vol ample et lent d’un héron

 

pour feindre de n’être

pas belliqueux

ampoulé

théâtral

 

19:35 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 07 mars 2025

IV, soixante-six

    tables de faux marbre

et banquettes

qui ont toujours la saveur

 

des voyages où la fatigue

le dispute à l'excitation —

 

quatre expressos plus tard

marcher,

traverser le pont

à la mésaventure

 

08:25 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 06 mars 2025

IV, soixante-cinq

    par petites phases

par petites phrases

(qui n’en sont même pas)

 

faire glisser ses doigts

le long de l’écorce

 

et, y cherchant autre chose, un souvenir,

trouver la perfidie fumeuse

qui a donné son sens

à (presque) toute ton existence

 

08:18 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 05 mars 2025

IV, soixante-quatre

    la colère écrit

et chante belle,

et dit tant, juste là où

nos essais ne peuvent qu’échouer

 

chez moi j’y vais par périodes

c’est une toute petite partie du globe

 

arrêter forcément de pianoter

ne pas s’arrêter aux phrases ravinées

trouver sublime par souffrance le sel dans la plaie

 

08:39 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 04 mars 2025

IV, soixante-trois

    la gorge en feu

ça y est

ça a fini par s’installer

et à présent

 

juste espérer

que ça ne dégénère pas

 

car j’ai toujours

on a

toujours mieux à faire, n’est-ce pas

 

10:22 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

IV, soixante-trois

    la gorge en feu

ça y est

ça a fini par s’installer

et à présent

 

juste espérer

que ça ne dégénère pas

 

car j’ai toujours

on a

toujours mieux à faire, n’est-ce pas

 

09:53 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 03 mars 2025

IV, soixante-deux

    chaloupe

mélancolie

sous le ciel d’un bleu parfait

too much confusion

 

& pointe toute

l’amertume heureuse

 

never make a politician

à toujours ralentir

pour ne pas cacher la force vraie du poème

 

 

12:13 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 02 mars 2025

IV, soixante-et-un

    en tombant dans ce tintamarre

abstrait de jours

et de lunaisons

tout aussi abstraites

 

j’ai souhaité

m’allonger une heure ou deux

 

dans l’herbe gelée

où il se passe toujours quelque chose

d’affolant

 

09:43 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 01 mars 2025

IV, soixante

    fond de fausses montagnes

ou de vraies

 

si tout est un décor

où vivre

sans trembler,

 

sans devoir se cacher

des pies, des corneilles craillant

en oubliant le monde

au-dessus du square

 

07:10 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 28 février 2025

IV, cinquante-neuf

    le diamant arrêté

sur la surface luisant noire

 

et donc lever les yeux

du clavier et de l’écran

en comprenant

 

que le silence installé

appelle une décision forte :

écouter l’autre face

ou rester ainsi

 

08:06 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 27 février 2025

IV, cinquante-huit

    une conversation de deux heures,

cela arrive

 

et quand cela arrive

prendre soin plus encore

de peser chaque parole

 

car ce qui se joue dans les mots,

dans les intonations,

au moment de bafouiller —

frêle bruit sans biffure

 

08:07 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 26 février 2025

IV, cinquante-sept

    le nom de la commune

s’affiche

 

— on dirait une blague alambiquée :

en regardant défiler

les prairies vallonnées

 

et les pâtures,

je me retiens de chercher

à en savoir davantage

sur Cormoranche-sur-Saône

 

08:08 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 25 février 2025

IV, cinquante-six

    tu n'arriveras à rien

si sous tes doigts le poème-conversation

devient caquetage sans fond

 

mais tu échoueras

plus encore

si tu restes face à l'écran

à ne rien écrire

 

par peur

de caqueter

 

06:15 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 24 février 2025

IV, cinquante-cinq

    se retrouver, à mon âge,
comme Guillevic,
à tenter de ressasser
 
  en polissant
et repolissant la forme
et le rythme,
comme le langage
 
la différence entre parole
et bavardage
 

06:15 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 23 février 2025

IV, cinquante-quatre

    dans les méandres

de mots qu'on ne dira

jamais

 

(il y en aurait,

en anglais,

pas loin de 400.000)

trouver la force

 

de ne pas

bavasser

 

06:17 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 22 février 2025

IV, cinquante-trois

    le rouge-gorge

craintif (toujours)

picore un grain de graisse

 

en voletant,

deux secondes tout au plus,

puis se planque

dans les branches :

 

il doit lui tarder le cœur du printemps

et le couvert des feuilles

 

10:02 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 21 février 2025

IV, cinquante-deux

    dire

(ou écrire)

de la route qui longe la Loire

qu’elle fait un ruban

 

ou qu’elle est comme

un ruban, qu’elle

s’enrubanne,

 

je m’y refuse

(mais le poème a dit oui)

 

10:04 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 20 février 2025

IV, cinquante-et-un

    la main de la pianiste

glisse et gambade

au gré des appels cuivrés

soutenant la mélancolie

 

bütün şarkılarımız

senin için senin için

bütün kavgalarımız

 

et dans la blancheur laiteuse

deux minutes se muent en heures

 

09:46 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 19 février 2025

IV, cinquante

    trois grandes fenêtres

sur l’aurore au smog

avec des centaines d’arêtes

en travers de la gorge

 

(les toits, les pignons) —

tandis que sillonne le tramway

sirène à fond une ambulance

 

vrille les yeux autant

que les tympans

 

09:42 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 18 février 2025

IV, quarante-neuf

    troisième embrayage

(et toujours devoir annuler

la majuscule

automatique) :

 

l’enfilade comme un maillage

n’est pas comme tenir chronique

affabuler

 

pour des horizons minuscules

ou une fête de village

 

07:05 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 17 février 2025

IV, quarante-huit

    cette enfilade de poèmes

pas forcément une chronique :

 

on y trouve à boire

et à manger,

comme dans la très proverbiale

auberge espagnole

 

(vous me purgerez

ces adjectifs

de votre prose)

 

07:05 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 16 février 2025

IV, quarante-sept

    le grand chien noir,

presque un chevreuil

 

galopant au loin,

vite effacé des regards,

on le guette

de l’œil et de l’oreille

 

pour ne pas que ça finisse

comme le meilleur roman

d’Ian McEwan

 

07:06 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 15 février 2025

IV, quarante-six

    le blockhaus avance,

glisse au fur et à mesure

 

vers l’océan

dont certaines dystopies augurent

qu’il nous engloutira toustes

en douceur

 

longtemps après que les fascismes

nous auront étouffés

corps et biens

 

07:07 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 14 février 2025

IV, quarante-cinq

    au pied du phare

les jardins

 

formant une rose des vents

au repos hivernal

suggèrent

d'autres départs

 

et des replis

entre les pierres des maisons

où brûle le fagot

 

17:01 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 13 février 2025

IV, quarante-quatre

   évoque un voyage

dans les années cinquante

et la tente

 

à armature métallique,

devenue un spectacle

 

dans ce camping d'Orléans,

entre la poire et le fromage

ou plutôt

entre la joue et la crème brûlée

 

18:35 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 12 février 2025

IV, quarante-trois

    retour de la pluie

mais ici encerclés par la verdure

ce n'est pas pareil

 

le morne de la terre

épouse la forêt ruisselante

 

cette pluie

tombe sans faillir sur

les heures de l'adolescence

à patauger dans la boue

 

09:04 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 11 février 2025

IV, quarante-deux

    vieil homme

aux joues dévastées

par les combats perdus,

 

il regarde épuisé

le fatras d'objets devant lui

 

tandis que, par la fenêtre,

on voit s'effondrer

une grue de chantier

puis les gratte-ciel comme autant de dominos

 

07:22 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 10 février 2025

IV, quarante-et-un

    deux vols de grues,

quelques sittelles

et un pic épeiche

 

nous ne voyons cela qu'ici

dans la chaleur déjà printanière

 

le soir, entre chien et loup

en franchissant le ruisseau

un frisson

nous glaça.

 

19:22 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 09 février 2025

IV, quarante

    dans le ciel

criblé

de mille points blancs différents

une corneille écrit

 

d’un long vol chaloupé

sa légende, pour moi

 

haruspice raté

& faux ornithologue

égrenant des fadaises

 

11:08 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 08 février 2025

IV, trente-neuf

    éclat de rouge dans

le cauchemar,

que se passe-t-il pour

les images évanouies ?

 

trees —

sigh to me

 

peut-être sont-elles rentrées

sous le couvert des arbres,

avec la dague et le poignard

 

05:32 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 07 février 2025

IV, trente-huit

    tous ces discours

déjà légitiment l’horreur, les génocides,

le sacrifice de la majorité —

et pitres mannequins leurs mots

 

déjà morts au sortir

de leur bouche de cire

 

sont toutefois

les mots du pouvoir

et peut-être de l’avenir

 

09:02 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 06 février 2025

IV, trente-sept

    j’ai trituré les prépositions

en écoutant Force 10 from Navarone

presque machinalement

faisant quarante changements

 

des modifications absurdes

et super importantes

 

détournant le regard vers le lampadaire,

je supprime deux adjectifs

— and I don’t fuckin’ smoke

 

08:15 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 05 février 2025

IV, trente-six

    tassée dans le siège

avec son cabas

 

les yeux rivés sur l’écran

sans jamais tapoter le clavier,

elle semble être dans sa bulle

 

un bras collé près du bouton d’arrêt

ongle verni vert contre le carré rouge,

une jeune femme

la regarde un sourire aux lèvres

  

08:15 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 04 février 2025

IV, trente-cinq

    c’est au temps que tout presse

le soleil ou l’averse

 

c’est au temps que tout presse

la haine ou la tendresse

le sport ou la paresse

 

une embûche en travers

du chemin : tu trébuches

et enfin

se calme la tempête

 

07:48 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 03 février 2025

IV trente-quatre

    le brouillard

(encore, toujours lui),

 

sur le Cher

qu’on franchit en tramway,

absorbe

 

le regard,

et même

jusqu’aux épithètes

qu’opaque sa blancheur ridiculise

 

16:23 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 02 février 2025

IV, trente-trois

    dans le gazon et sur les branches,

une belle gelée blanche

 

& le ciel qui bleuit

doucement,

à l’heure où pas un chat

 

ne passe dans la rue

qu’un passant pressé qui va chercher du pain

ou l’ombre d’un souvenir

soufflant de la buée

 

08:44 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 01 février 2025

IV, trente-deux

    ne pas interrompre

le geste précautionneux et sûr

de la main mettant le linge

 

à sécher : un mouchoir,

des chaussettes, des t-shirts

et des chemises sur des cintres

au-dessus des radiateurs,

 

tout un attirail

répété cinq fois par semaine

 

08:44 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 31 janvier 2025

IV, trente-et-un

    la danse

des polichinelles qui oublient

le passé

 

en enfilade

en farandole

frôle le lit où je dormais

et où mes rêves

 

d’un blanc opaque

s’enfonçaient, comme dans un volcan

 

06:35 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 30 janvier 2025

IV, trente

    tessons sur le parquet,

entre les lames

devenues coupantes

 

telle l’arête d’un trottoir

ébréché par le temps :

un passant éméché s’y vautre,

s’empêtre dans les poches de son imperméable

 

et se coupe le doigt

sur du verre brisé

 

05:53 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 29 janvier 2025

IV, vingt-neuf

    la tourterelle bat des ailes

un temps qui semble infini

avant de se poser

 

dans cet arbre

que je vois se déplier

à la verticale dans le jardin du 9

depuis des années

 

mais qui, dénudé,

ne me révèle en rien son essence

 

09:02 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 28 janvier 2025

IV, vingt-huit

    flaques de boue !

en marchant on n’a pas voulu

patauger, salir

nos godasses

 

le long de la Loire,

sur le parapet en surplomb

on parlait de tout et de rien

 

avec le vent et le soleil,

pour une fois

 

16:20 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 27 janvier 2025

IV, vingt-sept

    à la fin de l’alphabet

comme au creux de la caverne,

voir le signe

dessiner

 

à l’ocre

le moment

où tu vas renaître

 

car il n’y a pas la moindre parole

pour dire ce que tu as vécu

 

08:12 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 26 janvier 2025

IV, vingt-six

    le souvenir s’estompe,

imperceptiblement,

sous les coups de boutoir (cotonneux)

de la bruine,

 

et le piéton

marqué à l’encre et au fer

sur un panneau provisoire

 

n’écrira rien

de proustien

 

09:06 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 25 janvier 2025

IV, vingt-cinq

    quand le pavé frissonne sous

la semelle d’un

passant pas même pressé,

qui n’a de hâte qu’à

 

boire bientôt un jus

de fruits dans cette alcôve

qui lui rappelle

 

des amours imaginaires,

la mémoire glisse aussi, imperceptiblement

 

09:06 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 24 janvier 2025

IV, vingt-quatre

    le bras qui se tend

comme de douleur,

 

avec la mousse jaunâtre qui le recouvre

dans l’hiver

ou dans l’hier

qu’éclabousse de soleil

 

la mémoire,

est une branche presque sèche

secouée par la brise

 

14:14 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 23 janvier 2025

IV, vingt-trois

    un tunnel

seul face au brouillard

 

qu’on filme

avec le pouce,

un rêve d’enfant,

une mécanique

 

qui n’a pas le sens qu’on croyait,

qui désoriente

et déroute

 

 

14:14 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 22 janvier 2025

IV, vingt-deux

    difficile de savoir

exactement ce qui se passera

 

dans une heure, dans quelques heures

sauf d'avoir assez vécu

pour savoir que ces journées

restent gravées dans la mémoire

 

(comme les précédentes

mais pas

celles qui suivent)

 

07:07 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 21 janvier 2025

IV, vingt-et-un

    peu avant le virage

on a rebroussé chemin,

 

façon de dire

qu'on n'en peut plus des métaphores

et de voir des signes

partout

 

où fuient les pensées

file dans son vol presque chaloupé

la buse sous la bruine

 

17:03 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 20 janvier 2025

IV, vingt

    dans ce train

où pour la cinquième fois j'écoute

et respire

 

le même air

il y a quelques jours m'envoûte

 

aujourd'hui

tandis que défilent les poteaux

l'air poignant me secoue

de sanglots

 

16:00 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 19 janvier 2025

IV, dix-neuf

    parmi les « fabriques »

clairsemées à divers points du terrain,

la cuisine du garage,

 

long couloir sans chauffage

servant de débarras

 

je me revois enfant

t’y aidant

(c’est-à-dire ne t’y aidant pas du tout)

à faire les crêpes

 

09:43 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 18 janvier 2025

IV, dix-huit

    le piano désaccordé

est resté là, dans le salon,

socle à photographies

 

je crois que je ne t’ai jamais vue

en jouer

 

mais proche de ce bois clair

la vivacité de ton regard,

tandis que doigts agiles

tu parlais avec les mains

 

 

09:00 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 17 janvier 2025

IV, dix-sept

 

In memoriam R.B.

 

    l’ombre noire dans la chambre

comme le sommeil gagnant pas à pas sur le soleil

dévore

 

le drap

et ton corps même

 

à la jointure de tes rêves

et de tes souvenirs,

un plat en terre cuite

fabriqué à cinq ans dans la salle de classe

 

17:30 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 16 janvier 2025

IV, seize

    quelle palme sous le vent,

quelle branche alourdie,

quoi de terrifiant,

quel assommoir

 

pour des rêves qui n’ont pas de fin,

des fleuves sans estuaire

 

où ta barque chavire

sans un clapotis,

sans rames ni rameur

 

 

09:09 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 15 janvier 2025

IV, quinze

    à mi-côte

je dépasse en douceur

le vieil homme avec son cabas

qui n’est peut-être qu’un sac

 

(un havresac,

un baluchon ?)

 

les mots remontent de très loin

dans le poème : laisse-les

affleurer

 

05:45 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 14 janvier 2025

IV, quatorze

    c’est chacun pour sa gueule

ou pas ?

sale bail,

cette guerre jusqu’au gris

 

des brumes crèvent l’écran

pour rien

 

la trouée que l’on voit

est lourde de slogans

à découper selon les pointillés

 

06:06 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 13 janvier 2025

IV, treize

    le sang dans le soleil

meurt de s’être glacé

à ma main qui agrippe

chaque mot que tu profères

 

enfin il ne pleut plus,

un beau ciel délavé

 

sec de mille rodomontades

passe en rêvant

sur tes paroles

 

17:07 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 12 janvier 2025

IV, douze

    tant pis pour le soleil

qui oublia son mouchoir

 

tant pis pour le lac,

ses dorures

brûlant l'œil du nomade

 

tant pis pour le gouffre

enfermant ses cadavres

que personne ne viendra chercher

dans un monde mort

 

18:48 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 11 janvier 2025

IV, onze

    la rue,

lampadaires éteints

 

pas un sur deux comme souvent

entre minuit et six heures,

mais le noir total

 

est tout à fait inhabituel,

pense peut-être le passant

pense la piétonne, qui sait

quand le café enfin siffle

 

06:53 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 10 janvier 2025

IV, dix

    le coton dans le pelage

du chien ressuscité

 

et dans la brume lactescente

du ciel de janvier

éploré

 

je projette mon image,

oiseau de proie qui renonce

à chasser,

se regardant s’évanouir

 

10:24 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 09 janvier 2025

IV, neuf

    mille et mille bourgeons

menacés par la neige

 

comme des yeux couleur noisette

affrontant le spectacle

infernal

 

déchirent le ciel avant

l’aube, avant

que la tempête

ne vienne clore les paupières

 

08:08 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 08 janvier 2025

IV, huit

    il ne pleuvait plus

mais l’humidité détrempait tout,

de l’air jusqu’aux planches

 

de la boîte à livres dévalisée,

ou plutôt vandalisée

le dernier jour de l’année

(peut-être)

 

puis vidée de tout son contenu

offert aux intempéries

 

17:48 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 07 janvier 2025

IV, sept

    où traînent les pas

(dans la boue ou le sable)

il n’importe

 

tant que sous ta semelle

un peu de ce lyrisme oublié

mêlera ses accents

au bruit sourd et gluant de ta marche

 

tant que sous ta semelle

tu sentiras l’azur

18:24 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 06 janvier 2025

IV, six

    la tempête s’est calmée :

ça se voit aux branches de l’érable

nues, hivernales, qui

 

enlacent le réverbère

(une fois, le mot bec-de-gaz m’a échappé :

désarroi dans les yeux de mes fils,

une fuite en arrière)

 

— tu n’auras pas d’espace

où finir ce poème

 

08:14 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 05 janvier 2025

IV, cinq

    étrange, c’était

l’adjectif du jour

(un jour tout ce qu’il y a pourtant de plus banal)

 

quand la flaque de boue empêche

de pousser la voiture en panne

jusque sous l’abri de tôle

et qu’on se dit merci

 

en se souhaitant la bonne année

pour la première fois que l’on se parle

 

22:22 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 04 janvier 2025

IV, quatre

    au grand galop la régalade

(oh, comme ce sac de bonbons

que le maître un peu tortionnaire

avait apporté en juin) : galopons

 

vers les berges noyées

de la Loire

où à petits pas comptés frileux

 

je mettrai mes semelles

dans les traces encore fraîches de ta mémoire

 

06:56 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 03 janvier 2025

IV, trois

    simplement la danse

bruyante du chauffage qui se

relance,

et alors

 

tout le décor des angoisses

s’anime,

pour un retour de flamme

 

avec les obsessions

éparpillées de la mémoire (qui s’effiloche ?)

 

 

06:27 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 02 janvier 2025

IV, deux

    chatons trempés de pluie

pas encore bourgeons

pas encore à passer

la promesse des fruits

 

cinq autres lacs figés

me renvoient une image

tremblée, pantelante

 

la mienne, dans la pente

du temps comme de l’âge

 

08:51 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 01 janvier 2025

IV, un

    ton ombre sur le gravier

comme un monde qui resurgit

à la surface de rien

d’autre que le bitume

 

se déplace, d’un caniveau

à sec sur une plaque

d’égout mouillée par l’averse

 

(je n’ai jamais su

où placer le circonflexe)

 

12:00 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)