mardi, 31 décembre 2019
ATR ֍ 1
3 janvier 2020
Des démons s’emparent de la fleur grise.
Comment la leur reprendre ? C’est de la
Folie. Ces démons sont joueurs, pas croyable.
La fleur grise est dans le cartable.
Je vois le démon qui l’a prise.
Incroyable, hein. Jamais on ne croirait cela.
Le cartable à présent recèle les démons,
Qui dansent et tournicotent. Comme on s’amuse !
Oui, vous avez bien lu : ils dansent
Dans le cartable. Les elfes font bombance
Avec des vilebrequins, du pâté de goémon,
Enfin, des rôties au sang de méduse.
D’un poisson noir on voit la laitance.
Nous y tenions, à cette pauvre fleur,
Comme le clochard tient à sa chemise.
Vous peinez à croire, je le vois,
Ce poème. Ce n’est rien. Peut-être qu’autrefois
Vous lui auriez trouvé une autre couleur,
Dérobée des démons, à cette fleur grise.
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lundi, 30 décembre 2019
ATR ֍ 2
12 février 2020
Déjà plus d’un mois a passé :
C’est fou, comme le temps nous épuise.
Oui, tout comme la pêche aux salicornes,
Secouer sa carcasse sous des nuages mornes
Et remuer pour rien son squelette tassé
Sans soleil pâlot, sans étoile qui luise.
On échappe au pouls du cœur métronome
Mais peut-être pas à ce qui nous
Fonde, en même temps nous fait fondre.
Ainsi : Un soir de demi-brume à Londres,
Vers que tout géant ou tout gnome
Aurait pu, dans la nasse, le remous,
À toutes fins utiles (ou pas), pondre.
C’en est trop, tu en deviens gaga.
Marre de ce ton ampoulé, style compassé,
Et des chansons pour les pauvres fleurs.
Nous, tu, on… dans vos poèmes leurs
Faveurs restent absentes. De pétales faire saga,
Ou de Roncevaux seulement le roc concassé.
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dimanche, 29 décembre 2019
ATR ֍ 3
16 février 2020
Au beau milieu du mois de février
Débarquer dans le pays des champs noirs.
Ton ombre m’a suivi : dans ma course
J’ai senti le crachat sans délier bourse.
Gibier traqué, fuyard, aveuglé, les tympans vrillés,
Me voici arrivé pour écrire les soirs.
Mais d’abord, un café ! Que ça saute !
Je ne peux commencer autrement ma journée.
On m’appelle loustic, on me dénomme zèbre
Dans mon dos. Sans voir ton ombre
À ma fuite on devine ma faute,
On me zyeute de ta pupille détournée.
Ton ombre glabre est libre, funèbre, lugubre.
Ici, ça joue au whist, au tarot,
Ça parie sur les chevaux, les lévriers
Et les combats de coqs. Je m’enfouis
Dans ce monde gris aux plaisirs évanouis.
L’édredon affreux est en plumes de garrot
Et j’écris doucement, sans donner des étriers.
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samedi, 28 décembre 2019
ATR ֍ 4
16 février 2020
Perpétuellement hanté par les temps de police
Le pauvre fou traqué erre et vagabonde.
Les imprécations qu’il lance dans le béton
Ou vers le ciel donnent le ton
De ton poème. Pas que ça mollisse,
Ou qu’on perde du fou l’haleine nauséabonde.
Personne n’a compris pourquoi on le traque,
Et personne ne lui pose la question.
Quand il entre dans un bar, il
S’assoit et commande un abricot (un Pampryl).
Jamais l’aborder en premier : il se braque.
Il faut le laisser, depuis son bastion,
Débiter ses bobards, vraiment un plein baril.
Ce matin il se plaint des chevilles
Et « derrière les genoux » : c’est un supplice.
Bientôt il racontera comment ses cheveux longs
Le cachent des flics. Evidemment, c’est selon
L’humeur. Jamais il n’a dragué nos filles –
Mais son Pampryl, dit-il, c’est un délice.
10:16 Publié dans Art Torrents Réticences | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 27 décembre 2019
ATR ֍ 5
17 février 2020
Vous avez vu passer, dans le ciel,
Les vols de grues, de retour à
La fin de l’hiver. D’abord les entendre,
Croire qu’elles étaient dans un champ. Tendre
L’oreille. Finalement, vous les voyez, c’est l’essentiel.
Il n’est que février, comprenne qui pourra.
Qui ne comprend que pour écrire il
Faut du calme, la solitude, au risque
De souffrir ou de partir en vrille ?
La grue trompette et le pinson trille.
Au café, dans la rue, nul péril :
Enchaîner phrases, paragraphes, vers, blancs et astérisques.
Requis, sollicité – oui, ça stoppe le quadrille.
Entendus les coups de trompette des grues
Avant de les voir. Cet orchestre providentiel
Tout là-haut enfin aperçu avec ses armadas
(Six ou sept), plus se sentir flagada
Mais espérer les heures de calme disparues
Comme à l’oiseau coincé dans le ciel.
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jeudi, 26 décembre 2019
ATR ֍ 6
29 février 2020
La voix de Reri Grist, un 29
février, chantant l’air célèbre de Lakmé (Où
va la jeune Hindoue ?), célèbre l’année bissextile
avec le vent sans que ne rutile
le soleil sur la Touraine, sou neuf
qui brille (faux, lame, sabre, manche, fléau).
Quelles modulations tirer de l’orchestre, et ainsi
de la voix splendide de Reri Grist ?
L’entendre encore aujourd’hui, ou chaque 29 février,
à ne pouvoir rire, ni même crier,
en sirotant ton verre (tiède) de Quincy,
coincé entre le zest et le zist,
ni tête bourgeoise ni le mollet ouvrier.
Donc, grisaille, pas de soleil sur Tours.
On s’est couché tard : pas la teuf,
non, pourquoi faut-il toujours que tu exagères ?
Du vent en rafales, pas de congères.
Trinquer à nos fous rires – nos amours
attendront leur tour, encore étouffées dans l’œuf.
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