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mercredi, 26 avril 2006

Jose : Eduardo : Agualusa :: Le Marchand : de : passés

    Comme l’albinos, le caméléon est un foudroyé (souvenir de lectures anciennes).

 

Ce bref roman, narré par un gecko, a beaucoup pour (me) plaire : situations narratives réjouissantes, réflexions obliques sur l’art photographique, critique de biais des dérives politiques de l’Angola post-colonial. Le lisant, je me suis aperçu que je n’avais aucun souvenir de La Saison des fous, premier roman d’Agualusa paru en français, si ce n’est que je l’avais, comme celui-ci, beaucoup aimé.

Si improbable que soit l’histoire, elle tourne autour des thèmes du mensonge, de la dissimulation et de la folie, ce qui aide à faire passer la pilule… Tant Félix, albinos spécialisé dans la constitution de faux passés contre espèces sonnantes et trébuchantes, qu’Eulalio, ancien centenaire vieux garçon gentiment veule réincarné en gecko, donnent le ton de ce récit où les personnages se rencontrent et conversent “réellement” en rêve. Ce couple étonnant croise la route d’Angela Lucia et de José Buchmann, dont l’identité d’emprunt a été forgée par le marchand de passés – là resurgissent les ombres des noires années 1970.

 

Ce qui me chagrine le plus, c’est la fascination apparente de l’albinos pour Eça de Queiros (il faut dire qu’il fut trouvé, par son père adoptif, dans une caisse d’exemplaires de La Relique) et du gecko pour Le Livre de l’intranquillité, « qui est peut-être l’œuvre la plus intéressante de la littérature portugaise » (p. 99), et que j’ai trouvé, jadis et pour ma part, très ennuyeux. I may have to give those works another try. (Tiens, au fait, la liste des textes publiés par l’éditeur comprend au moins un titre qui donne envie de découvrir le roman : Le Vent qui siffle dans les grues de Lidia Jorge. (Mais il faudrait aussi donner leur chance à Nuno Judice, à Rosa Lobato de Faria, à Vergilio Ferreira, à Andrea Camilleri, à Arnaldur Indridason, à Jose Angel Mañas, etc.))

 

Pour en revenir au Marchand de passés, le plus beau, sans doute, est le traitement réaliste des six rêves, mais aussi la figure traumatisante, pour l’homme devenu gecko, de la « première fois », de la soudaine nudité, dans une chambre peuplée de miroirs, d’Alba a.k.a. Dagmar, qui ne cesse de revenir hanter le narrateur.

Folie, hantise, mensonge, mémoire, photographie – hmmmm, Agualusa est un grand romancier.

 

[José Eduardo Agualusa. Le Marchand de passés. Traduit du portugais par Cécile Lombard. Paris : Métailié, 2006.]

07:15 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (2)

Commentaires

Lisez, de Eça : 202, Champs Elysées, et La Relique. Vous n'en reviendrez pas !
Eça est un grand auteur, mais aussi un grand humoriste persifleur.

Écrit par : sidonie | lundi, 01 mai 2006

Justement, *202, Champs Elysées* m'était tombé des mains au bout de quelques dizaines de pages (chose rare chez moi). Mais je redonnerai sa chance à cet auteur...!

Merci de me lire et de votre passage,

Écrit par : MuMM | lundi, 01 mai 2006

Les commentaires sont fermés.