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dimanche, 27 août 2006
Verticales, 3
Riche en couleurs, en formes, en secrets,
Vous vous ouvrez des fenêtres
discrètes
de chaque côté de la grille.
Votre vie n'est qu'un échiquier entrechoqué
de secousses surprenantes.
La serrure fait un roque.
D'autres corbeaux vous attendent,
parmi les briques
de la prison.
16:05 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
XXV.
La publication de ces chapitres est hachée, et l'écriture de cette oeuvrette plus encore (si possible).
Reprenons toutefois, avec du nerf de boeuf (J'ai eu la flemme, tant pour boeuf que pour oeuvrette, de faire tout le tintouin habituel pour avoir de jolis e dans l'o). Go and lay an egg, okay ?
Dans le "multiroman" qu'il vient de publier, Jacques Roubaud a écrit ("recueilli et adapté") "douze (plus une) des nombreuses vies de Jacques Roubaud". La première biographie est très savoureuse. Imaginer Jacques le Stylite au haut d'une colonne de 2584 pieds de haut, plus haut que l'Everest, au début du VIème siècle, ne manque pas de sel. Je n'ai lu que ce premier chapitre, car j'ai acheté le livre hier soir, et je veux finir l'Histoire des Treize.
Vies multiples, foisonnantes, d'un même Jacques Roubaud, ce que l'on pourrait appeler, dans la lignée de Virginia Woolf, le complexe d'Orlando...? Ce matin même, encore, frappé par le démon de l'analogie, qui me pousse à avancer dans ce sillon, j'ai découvert l'existence de deux William Hamilton, avec lesquels Augustus de Morgan était en correspondance. Ami avec l'un, rival féroce de l'autre, il écrivit un jour au premier de ces deux W.H. :
Be it known unto you that I have discovered that you and the other Sir W. H. are reciprocal polars with respect to me (intellectually and morally, for the Scottish baronet is a polar bear, and you, I was going to say, are a polar gentleman). When I send a bit of investigation to Edinburgh, the W. H. of that ilk says I took it from him. When I send you one, you take it from me, generalize it at a glance, bestow it thus generalized upon society at large, and make me the second discoverer of a known theorem.
Ainsi, si j'avance chaotiquement, et presque comme un crabe, dans mon récit dépenaillé, ce n'est pas d'avoir voulu unir le Samuel B. du dix-septième siècle et celui dont la vie épouse presque exactement le règne de Victoria ? Hectic et Jecktic, ces deux faces bouffonnes, m'encouragent à poursuivre dans la voie que j'ai maladroitement tracée. Dorénavant, l'un ne répond qu'au nom de Krana, et l'autre à celui de Fafkz (difficilement prononçable). Mais leurs pitreries, je n'en ai cure. Je dois régler leur compte à mes chapitres. Voici venir Samuel B., encore et toujours.
10:35 Publié dans Voici venir Samuel B. | Lien permanent | Commentaires (5)
Pont des arts, Ravignan
De quoi reprendre à neuf la rubrique Unissons...
Hier soir, Le Pont des Arts, film intelligent mais pas excellent, parfois beau mais aussi outré en certains aspects, exigeant mais pas si profond que cela. Un ami m'avait raconté, il y a plusieurs années, être allé voir la première de Toutes mes nuits, premier film de ce réalisateur. À l'entendre, cela m'avait eu l'air dangeureusement khâgneux. Eugène Green est un cinéaste qui se cherche, à mi-chemin entre Rivette et Rohmer, ce qui ne fait pas nécessairement des étincelles. Enfin, globalement, c'est un bon film. Natacha Régnier joue excellemment, alors que le parti pris de diction semble plus gêner d'autres acteurs, comme la jeune fille qui interprète l'amie de Pascal (Adrien Michaux, très bon, lui).
Il semble qu'Eugène Green, traumatisé par ses expériences dans le monde de la musique baroque, ait voulu régler ses comptes, et en particulier à travers le personnage de l'Innommable (Denis Podalydès), qui m'a tout l'air d'être une caricature de William Christie. (Toutefois, je n'ai trouvé aucune confirmation de cette hypothèse pourtant assez franche.)
Ce n'est pas précisément du film que je veux parler, mais de ses à-côtés. Un film parisianiste, se dit-on... Un film "d'intellos", redoute-t-on... Un film de normalien, ou de sorbonnard, frissonne-t-on... Heureusement, Le Pont des Arts n'est rien de tout cela. Et ce n'est pas du Pont des Arts que je voulais parler.
De quoi alors ? De quoi reprendre à neuf la rubrique Unissons...
Voici : cherchant, dans le générique de fin, le nom de la soprano qui interprète le Lamento de la nimfa de Monteverdi (c'est Claire Lefilliâtre), j'ai vu apparaître la mention suivante : "Remerciements au château de Ravignan pour ses armagnacs". Or, nous nous sommes arrêtés, il y a dix jours, au cours d'une virée dans l'est des Landes, entre Laberdolive et Ognoas, devant ce château de Ravignan, que je ne connaissais pas, et qui est très à l'écart des grands axes (et pas du tout indiqué, de surcroît).
Dans la scène où Manuel (Alexis Loret), nouvellement veuf, rend visite à ses beaux-parents, il boit un armagnac dont on voit clairement (couleur, lumière, rictus de l'acteur à la déglutition des minces gorgées) que ce n'est pas du jus de pomme.
Autre singularité, plus marquante encore de mon point de vue : une ancienne camarade de Normale Sup', qui enseigne de surcroît dans la même université que moi, au Centre d'Etudes Supérieures de la Renaissance, joue le rôle de la "professoresse de surréalisme". Elle s'appelle Julia Gros de Gasquet, et, en cherchant des renseignements sur elle par l'intermédiaire de la grande Toile mondiale, je tombe sur une page du journal d'un acteur, Manuel Weber, datée de décembre 2003, dans laquelle il raconte avoir confronté, en compagnie de Julia, la diction baroque, découverte sous la houlette d'Eugène Green, avec le théâtre nô. Or, le théâtre nô, s'il n'est pas représenté dans Le Pont des Arts, y est en représentation (avec Mathieu Amalric caché dans les spectateurs, m'a-t-il semblé). Vous trouverez ici les détails d'une lecture consacrée à la correspondance de François Truffaut, avec bios et photos de Julia Gros de Gasquet et de Manuel Weber.
J'apprends aussi que ma collègue vient de faire paraître un essai intitulé En disant l'alexandrin, l'acteur tragique et son art, XVIIe-XXe siècles (Honoré Champion, 2006, 396 pages). Mais nous nous sommes, dans ces discordantes unissons, éloignés du château de Ravignan et de Perquie, n'est-ce pas ?
07:10 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (10)
Grotesques d'Arthous, 2
05:10 Publié dans Cardadrab | Lien permanent | Commentaires (2)