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vendredi, 05 décembre 2014

face aux yeux noirs du hibou

    ce soir

 

n'en ai-je pas ma claque

d'écrire ce soir

(je veux dire "d'écrire "ce soir"")

et donc dans un fruste

document .txt avec un tout aussi fruste

netbook pas de guillemets appropriés

 

ce soir

j'écoute

face aux yeux noirs du hibou

qui me fixent de côté

face à la brûlure du mélèze

dont le cerne s'étend

à mes tempes

face au lampadaire de bois

dont les étoiles brunes figent 

la mouvante constellation

face à ce que j'hallucine

sans me retourner (derrière

moi d'autres lattes

dessinent d'autres figures

comme dans un carnet de croquis)

j'écoute

 

la quatrième symphonie

de ce compositeur romantique allemand

dont je découvre l'existence

(il a eu pour disciples

rien moins que Grieg Fibich ou Albéniz

pour ne rien dire de

mon cher Čiurlionis

avec son caron décisoire)

et dont je pourrai peut-être

un autre soir

 

n'en ai-je pas assez

balayant les moutons sous un sommier taché

d'écrire un autre soir

 

découvrir les quintettes

le sextuor les quatuors

(n'en ai-je pas assez de noter

que beaucoup n'ont

composé qu'un seul sextuor

souvent des flopées de trios

de pleines brassées de quatuors

mais un seul sextuor)

son beau nom imprimé au fronton des portées

balayant l'amertume en de robustes songes

 

ce soir

fruste moi-même et si robuste

qu'un croquis

un seul trait de plume

me coucherait

 

d'un rien je fais

ma provende

artères et mélèzes comme dans Volodine

immortalité maladive aussi dans Volodine

prétextes cryptes et ténèbres

ta volonté de fer comme dans Volodine

tu fais d'un vaurien ton récit

provende à narrer

la folie

 

l'allemand qui n'a pas creusé

cette racine

en haut du mât 

sur un vaisseau

où craille sur cinq hectares

onze siècles

un corbeau

où croasse où craillait

un corbeau comme dans

Volodine Salomon

 

le navire va d'avant d'artimon de galère

plaines à tous vents nucléaires

taïgas qu'on prend dans la figure

longs interminables rails

longues immortelles nucléaires vies comme

dans Volodine un long

cauchemar déployé en craillements

noirs

froids

de brûler à tout crin

 

j'écoute ce soir la quatrième symphonie

avec les chapitres 36 37 et quoi encore

à tout crin

nucléaire brûlé

 

en invoquant dans l'incantation

furieuse comme dans

V.

les noms

Anton Bon & John Chilembwe

Karl Domizlaff & Nora Exner

Jean-Henri Fabre & Rémy de Gourmont

Thomas Herbst & Clara Immerwahr

Miško Jovanović & Knud Knudsen

Francesco Lojacono & Albert Malherbe

Franz Xaver Neruda & Ramalho Ortigão 

Haxhi Qamili & Felix Poppenberg

Upendrakishore Raychaudhuri & Scipio Slataper

Marius Thé & Ernst Ule

Salvador Viniegra & Samuel Witherspoon

Alois Alzheimer & Orestes Araújo

Oreste Zamor & bien sûr Þorgils Gjallandi

 

Ce sont de beaux noms,

mais ce ne sont pas les bons

comme

dans

Volodine

 

aussi ce soir j'écoute

après la symphonie

le quatuor avec piano

ni dans les steppes ni dans les

mélèzes balayés de vent

ni face aux yeux du hibou qui

ne craille pas ni de l'autre

côté des artères ni nucléaire

j'écoute

 

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