« 2014-10 | Page d'accueil
| 2014-12 »
dimanche, 30 novembre 2014
2195 - Au bord de décembre (211/1128)
Au bord de décembre
à la toute fin de novembre
le mois neuf le tout brun orangé du renouveau
au bord de décembre me
voilà pour la première fois
(pourtant
nous habitons ici depuis bientôt 6 ans)
à coucher au sous-sol
dans la “chambre d'amis”
pas terriblement accueillante
terne mais pas spartiate
je crois j'ai beau chercher
je crois bien que jamais
une ou deux pour s'isoler
une ou deux fois pour lire en paix
mais dormi ici jamais c'est
la chambre de mes parents et c'était
la chambre d'Éric
qui ne vient plus il venait
ici tous les mercredis et parfois davantage
donc quand j'étais souffrant je m'installais plutôt
(depuis 6 ans) au salon au petit salon
d'en haut près des garçons
bref jamais ici au spartiate
cabinet boisé lattes
affiches miroirs chaises cannées
placards 1 pile de feuilles & sur
les tables de chevet des boîtes avec des remèdes
1 verre d'eau
et 5 bouquins, pourquoi autant je vous demande
ça n'a pas de sens, c'est juste
comme les remèdes au cas où
pioche un poème ici finis ce roman là
lis quelques pages de l'essai
butiner peut-être au creux de l'insomnie
et donc dans cette chambre
à coucher bois pour une fois
se coucher au bord de décembre
.
20:34 Publié dans 410/500, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
Plaid
Je me demande si, lorsque j'agoniserai, j'aurai encore la force ou l'envie de lire de tels textes, m'intéresser à la littérature, se dit l'olibrius maladif avant de verser, sur un fond de café froid et un sachet de Yorkshire tea, de l'eau bouillante. Il n'a pas écrit son fameux texte sur les corbeaux. C'est une plaie, ou un plaid.
06:59 Publié dans J'allaite le nouveau Kant, II | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 28 novembre 2014
Square Flandin
Rentrant d’un tour minuscule dans le Vieux-Tours, se saisir d’un des trois livres dans le sac plastique, ce recueil de Ryoko Sekiguchi que tu ne connaissais pas – pourtant paru il y a neuf ans –, lire la première page (impaire, les pages paires sont blanches et les marges sont variables) qui s’achève sur ces mots : la même chose nous est advenue. Et c’est vrai, la même chose advient, l’advenir n’est pas l’avenir, mais son contraire. On philosophe pour rien en traçant sa route dans les rues – et non l’inverse – et brouille les pistes en beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup plus de quatre-vingt sept mots (non, écris-le en chiffres : 87, voilà, c’est beau), vu que ceci devrait se trouver dans l’autre carnétoile, mais on s’en fout, ta vie est un foutoir, je m’écrie silencieusement à toutes les voix et avec des lettres n’existant dans aucun alphabet, la même chose est advenue, la même aventure continue, l’autre avenir n’a pas son pareil. Vu que je ne vois rien, écrire par terre tracé.
12:37 Publié dans 721, Les Murmures de Morminal, MAS, Self-Be/Portrayal | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 27 novembre 2014
Machine avant
Au moment où je lisais hier, dans le tramway, presque au hasard, diverses entrées de l’abécédaire de François Bon, Fragments du dedans, et notamment MACHINE, qui m’a rappelé Mécanique (comme l’article BOIS, avec son allusion curieuse à Bergounioux (Bergounioux ne sculpte-t-il pas seulement le métal ?), m’a remis en mémoire les pages du Carnet de notes 2001-2010 retrouvées avant la Toussaint), le déclic s’est fait, et j’ai mieux compris – ou, en tout cas, un peu compris – ce qui se joue dans le petit livre de Suzanne Doppelt, Amusements de mécanique : pratiques du regard, techniques d’écriture, travail de listes objectales subjectives
il fait jour et nuit, on peut voir en même temps des choses claires et obscures, c’est un jeu composé qui découpe des bandes, le relief change plusieurs fois et les coins s’enfoncent dans une grande variété de noir, de jais, d’ivoire ou de fumée d’où il songe à tirer quelques lumières
(Amusements de mécanique, P.O.L., 2014, s.p.)
Plus que la pratique de l’écriture, c’est la démultiplication du regard (aussi dans la photographie numérique, mille fois par jour si cela se tente) qu’aura libéré la possibilité de publier en direct, de partager, d’échanger, d’étoiler à contre-courant, à l’envers. Et ce fragment du dernier Doppelt (elle avec son nom de cage de résonance, on n’est pas loin des effets Doppler, de l’échographie qui fait pendant à la photographie (j’ai appris, en le lisant là, que François Bon avait un homonyme champion de kite-surfing)), en le lisant, en le recopiant ici, j’entends la voix de François, plutôt, récitant ou déclamant, le violon de Pifarély et le sax baryton de Corneloup dans les interstices — et sous les mots.
一路平安
— Et pas un trajet, j'espère —
09:37 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 25 novembre 2014
Avec des cédilles.
22.11.2014., 23 h 15
soirée restes
marée parcimonieuse de gestes
une cloche çonne çonne
le cheval me désarçonne
quelle est donc cette monture
quelle est donc cette morsure
la nuit lourde de fruits
clavier bruits
la cavalière friçonne
dans l'église où j'hameçonne
les pieuvres de l'allégresse
soirée restes
danseuse gaie gestes prestes
à peine une rature
clavier la cloche rassure
08:31 Publié dans Formes singulières, MUS | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 20 novembre 2014
À perte de vue, le vert ▬
Tout en haut de la canopée
parmi mes amis sapajous
je fronçais mes yeux acajou
et entonnais la mélopée
un hamster dans ses abajoues
n'a plus de pleurs pour l'éclopée
dont voici la prosopopée
par ton pelage kinkajou
la mangrove de l'imparfait
— tandis qu'un vil salaud bouffait
les fruits de l'arbre à déconnade —
s'est immiscée dans mes narines
et d'un grand coup de canonnade
capucin blanc tu m'enfarines
10:04 Publié dans Sonnets de juin et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 08 novembre 2014
Dans les limbes, avec Landru
05.07.2014.
Et je retrouvai mon souffle
Et je retrouvai mon foie
Et je retrouvai mon harmonie
Je trouvai mon équilibre
Et je retrouvai mon silence
Et je retrouvai mon chant
Et je retrouvai mon néant
« Pauvre petit salon ! Que de tristes et anxieuses journées passées entre ses murs, d'où l'ébranlement du canon faisait tomber les cadres, au milieu des livres ficelés en paquets, et près de ce feu de bois vert, le feu parisien des mois de décembre et de janvier 1870-1871 !
Ce salon était à la fois ma chambre à coucher, ma cuisine et tout, et j'y vivais en compagnie d'une poule, la dernière survivante de six volailles : toutes les provisions que j'avais faites, hélas ! — moi qui mange avec les yeux, et ne pouvais m'habituer au rose noirâtre de la viande des tire-fiacres. »
faudrait tout dire tout filmer
faudrait tout voir tout décrire
faudrait faudrait
faudrait tout sécher tout mouiller
faudrait tout aplatir faudrait tout punaiser
faudrait tout filmer tout capturer
faudrait captiver tout écrire
faudrait faudrait
faut dru faux drame
faudrait tout cramer tout stigmatiser
j'épingle un monde à mon veston
faudrait faudrait
faudrait un chant à fleur de peau
09:27 Publié dans Droit de cité, Formes singulières, Les Murmures de Morminal, Ma langue au chat, MAS | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 06 novembre 2014
Ânes débâtés
« Il m'aurait aidé à mettre le tout par terre. On se serait retrouvés comme deux ânes débâtés qui considèrent leurs charges respectives, dans l'herbe, d'un air rancuneux, en chauvissant des oreilles. Je pense que c'est ainsi qu'il aurait procédé, s'il avait disposé de quelques mois supplémentaires ou que je me fusse, moi, dépêché un peu plus que je ne l'ai fait. »
P. Bergounioux. La Toussaint, 1994, p. 52.
Mon grand-père maternel, je l'ai laissé filer — il s'est éloigné ou renfermé de sorte qu'on ne communiquait plus autant qu'au cours de mon enfance. Les grands livres nous aident à repenser notre existence. La Toussaint est un grand livre, pas seulement pour les ombres et pas seulement pour Hegel. ▬—▬ Mon grand-père maternel s'est éteint (c'est avec lui que j'ai vu ce verbe prendre sens) le 4 novembre 2012 ; j'ai appris sa mort dans les arènes d'Arzacq, par un appel de ma mère. Je crois que lui, à l'inverse du côté maternel de Pierre Bergounioux, m'a donné le pan le plus mélancolique de ma nature, mais qu'il m'a fait travailler avec enthousiasme à lui donner forme, quand j'étais encore jeune, de sorte que mon quart ariégeois n'est ni la moitié “noiraude” et corrézienne de Bergounioux, ni sa moitié lumineuse et quercynoise.
Quand je suis allé au chevet de mon grand-père, à l'hôpital de Mont-de-Marsan, la dernière fois que j'ai passé plusieurs heures près de lui, le mercredi avant sa mort, le 31 octobre, j'ai passé plusieurs heures, sans le savoir, à renouer le fil. Il avait perdu sa voix, ou presque, et me l'a dit, d'un air surpris que je ne lui avais plus vu depuis plusieurs années. Lui retrouver cette expression d'étonnement, là, m'a fait beaucoup de bien ; en quelques regards, nous avons plus communiqué qu'en bien des phrases échangées lors des réunions de famille des derniers temps. Ou alors je romance. Mais on romance sans cesse tout cela, c'est la rançon de la vérité humaine.
09:32 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 05 novembre 2014
An Act with the Cat
“So what, you had an act with the cat?
Whenever you played a G, he puked a hairball?”
Cette phrase m'a fait rire, et rire encore en me la redisant, me la rejouant pour moi-même, longtemps après.
John Goodman est un excellent acteur, et Inside Llewyn Davis est un excellent film des frères Coen. La plupart du temps, je trouve les films vantés à droite et à gauche tout à fait lamentables. Là, j'avais eu l'impression, lors de sa sortie, que ce film était plutôt dénigré, donc bizarre effet d'inversion. Tout dans le film, le choix des chansons, la voix magnifique de l'acteur principal, Oscar Isaac, les dialogues superbes, les cadrages, la manière d'articuler sans excès le récit autour du double chat, tout est parfait.
09:35 Publié dans MAS, Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 02 novembre 2014
Morminal en automne
Réveillé à 7 h par la lutte de chats dans le sous-sol (intrus revenu, la trappe fermée une quinzaine n'aura pas suffi à le déshabituer), puis lecture du nouveau Nuruddin des pages 48 à 76, café, petit déjeuner porté au lit à C* et Oméga, lessives, marché où je ne trouve pas grand chose sauf bien des fruits, un gros cageot de prunes rouges décalibrées ou fripées (8 kilos pour 3 euros, il s'avère à la pesée), de retour je fais des pommes au four et de la compote de prunes, vérifie mes mails (professionnels hélas), réponds, un truc un autre me voici prêt à faire du constructif alors qu'il n'est pas loin de midi.
11:19 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 01 novembre 2014
Gravity, sans l'arc-en-ciel
On m'annonce imminemment un film avec Clooney et tourné par un mec qui a fait Harry Potter. L'horreur, quoi. À regretter les Landes, ses Hitchcock Keaton Scorsese, Molière et Beaumarchais. Oui, je suis un vieux con moderne.
20:20 Publié dans Afauxrismes, Unissons | Lien permanent | Commentaires (0)