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samedi, 21 février 2015

Impératif montagnard

    parle

◙○◘•

 

contre

les raisons

les rations

les trahisons

les tractations

 

monte

aux éperons

lorsque nous verrons

du grand aigle les ailerons

ensemble volerons

 

montre

-moi les monts

les sommets que nous aimons

voici le départ

notre envol, un feu sans fard

 

raconte

ce qu'habituellement nous taisons

le vacarme dans les maisons

silence saisons

 

mon absente,

raconte pour que je ressente

cet espoir

de nouveaux frissons

à ces sommets nous nous hissons

 

le vol du harle

la dérobade du marle

(dans la saumure son rempart

est d'harponner les cougars)

longue migration le brouillard

à affronter aussi le blizzard

 

◙○◘•

tes cheveux blonds

ce sourire qui n'a pas d'ombre

tu tiens le cap, tiens bon

20:53 Publié dans Ligères | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 20 février 2015

À la cyprine, 21

à Marie

for Marie

 

Dans quelle fange étions-nous

In what muck were we

dans quelle tourbe où la nuit

in what turf where the night

était blanche comme l’argile

was white like the raw

la plus crue ? la lucarne était

est clay?  the skylight was

notre lune

our moon

 

 

Texte français : Eugène Savitzkaya. À la cyprine. Minuit, 2015, p. 21

Texte anglais : G. Cingal, 2015.

10:14 Publié dans Darts on a slate | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 17 février 2015

À la cyprine, 15

Quand le gynécée

When the gynaeceum

devient une maison

becomes a house

les figues tombent des arbres

the figs fall from the trees

dans le gosier du bouc

into the throat of the billy goat

et les mâchoires perdent leurs dents

and the jaws lose their teeth

au mortier est le pilon

the pestle is in the mortar

axe de la roue triangulaire

an axle to to the triangle wheel

trois feuilles, trois doigts

three leaves, three fingers

trois nuits

three nights

trépas à passer comme

throttled you die like you’d cross

un col

a pass

 

 

Texte français : Eugène Savitzkaya. À la cyprine. Minuit, 2015, p. 15

Texte anglais : G. Cingal, 2015.

09:01 Publié dans Darts on a slate | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 15 février 2015

À la cyprine, 25

Poème des trois petits cochons

A poem on the three little pigs

l'un n'avait qu'une bite, l'autre

one had only one dick, the other

n'avait qu'un téton et le troisième

had only one nipple and the third one

une magnifique fente, les trois étaient

a splendid slit, and those three

mal heureux comme les pierres

were as miserable as stones

pourtant seules jouisseuses en ce monde

and yet stones are the only revelers in this world

était-ce un verrat était-ce une truie

was it a boar was it a sow

était-ce un ange porcin ?

was it a hoggish angel?

firent en sorte que tout s'aboucha, s'imbriqua

they ensured that everything interlocked, fitted together,

s'emboîta, s'en donna, s'adonna, sabota, samedi

slotted and slutted together, sat in and turned away, oh Saturday

quand tout apparut.

which is when everything appeared.

 

 

Texte français : Eugène Savitzkaya. À la cyprine. Minuit, 2015, p. 25

Texte anglais : G. Cingal, 2015.

 

Note sur la traduction : La contrainte principale que j'ai retenue pour la traduction de la série de verbes des vers 9 et 10 est d'aboutir à une allitération qui rende “logique”, au moins dans la structure énumérative, l'apparition de samedi/Saturday. D'où “sat in and turned away”, qu n'a pas de lien sémantique fort avec « s'adonna, sabota ». Le plus grand regret est d'avoir dû laisser de côté une traduction idiomatique possible de saboter qui eût merveilleusement convenu ici : make a pig's ear of something.

11:17 Publié dans Darts on a slate | Lien permanent | Commentaires (1)

samedi, 14 février 2015

14 février 2007

    Il y a huit ans, dans notre ancienne maison, nous fûmes réveillés, vers 6 h 30 je crois, par un appel téléphonique de l'hôpital Bergonié. Mon beau-père avait fini par mourir, à quatre heures du matin, après cinq semaines d'hospitalisation.

Ils avaient essayé de nous joindre plus tôt, que s'était-il passé...

Ainsi donc, en ce 14 février (un mercredi), nous décidâmes de prendre la route des Landes, pour trois ou quatre jours, le temps d'organiser l'enterrement. On a réveillé Alpha, qui avait cinq ans et demi, on a beaucoup pleuré, pendant que je faisais rapidement quelques préparatifs de départ. Je suppose que C*** a appelé son lycée, et j'ai dû envoyer un mail à mon directeur de l'époque ainsi qu'au secrétariat.

Un peu avant midi, nous étions à Bergonié, où C*** a pu s'entretenir avec l'infirmière en chef pendant que je restais avec Alpha. Il faisait beau et froid, un grand soleil sur les cours de Bordeaux. Plus tard, à Hagetmau, il faisait beau aussi.

Je me souviens que nous sommes restés à Hagetmau, avec le cercueil dans la chambre d'en bas, mais que mes parents ont gardé Alpha. Mon père est venu à l'enterrement (samedi, il me semble, mais c'est curieux, ça ne colle pas), tandis que ma mère restait avec Alpha. Curieux, comment quelques souvenirs précis émergent d'un amas diffus. Il n'en est pas de même pour les dernières semaines de Pierrot, ou pour les milliers de souvenirs que je conserve, qui me remontent souvent, de sa voix, de ses gestes, de ses rigolades ou de ses colères.

J'écris tout cela ici, dans ce blog que plus personne ne lit.

 

06:26 Publié dans MAS | Lien permanent | Commentaires (2)

jeudi, 12 février 2015

À la cyprine, 93

De profundis

a De profundis

pour les tyrans et les ogresses

for tyrants and ogresses

les rois et les reines

for kings and queens

car malignité

as spite

tous deux partagent

is shared by both

ivres de vie

in their thirst for life

ainsi que de beauté

and for beauty

Frédégonde voulut trancher

Fredegund would indeed slice

la gorge de sa fille

her daughter's throat

et faire tomber sa tête

and have her head fall down

dans le coffre à joyaux

into the jewel casket

 

 

Texte français : Eugène Savitzkaya. À la cyprine. Minuit, 2015, p. 93

Texte anglais : G. Cingal, 2015.

10:17 Publié dans Darts on a slate | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 11 février 2015

À la cyprine, 40

    Il manque un doigt

    There’s a finger missing

à ton alliance, ma mère

where your wedding ring is, my mother

mais derrière la haie

but behind the hedge

les mains s’unirent dans la mort

the hands were wed in death

comme s’unit la nuit au jour

like night is wed to day

le sang au cœur, courez !

like blood is wed to the heart — oh run!

vous n’avez plus de poids

you are now weightless

soyez dans le prunier assis

make your seat in the plum tree

aux meilleures branches

choose the best branches

petite mère et petit père

little mother little father

qui ensemble ramèrent

ye who paddled together

 

 

Texte français : Eugène Savitzkaya. À la cyprine. Minuit, 2015, p. 40

Texte anglais : G. Cingal, 2015.

08:44 Publié dans Darts on a slate | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 10 février 2015

À la cyprine, 79

 

Onze mille vierges

Eleven thousand virgins

déferlent

swarm

sur mon front

against my forehead

onze mile mains

eleven thousand hands

battent le lait

whip the milk

à  la lumière

in the light

de la lune croissante

of the moon waxing

aux vignes de la vierge

with the vines of the virgin

vive vierge sur le pré

creepy Virgin on the field

ovule olive

the ovum a crushed

écrasée

olive

 

 

 

Texte français : Eugène Savitzkaya. À la cyprine. Minuit, 2015, p. 79

Texte anglais : G. Cingal, 2015.

18:37 Publié dans Darts on a slate | Lien permanent | Commentaires (0)

État gris sale

    La tension comme d'ongles coupants sous les paupières,

Crâne qui se déchire à la trame des frimas,

Et en tout rampant sur le versant où tu rimas

D'autres gorgées brûlantes de vieux pousse-rapières,

 

Tout cela n'est rien. Racines chauffées sous la braise

Morte, aucun poème encore n'est sur le départ

Pour fendre le nuage ou taillader un rempart :

J'ai demandé au soleil son nombre. Il a dit : « Treize ! »

 

Chuchotis, dénigrements, la rate du vulgaire ——

Supplices, foyers, les aveuglements de naguère :

Tout est donc ralenti par mille frissons grippaux.

 

Le nuage a tourné le soleil comme une crêpe

Et a vendu nos belles phrases, leurs oripeaux,

En plein hiver à un zinzinulement de guêpe.

 

12:12 Publié dans Sonnets de juin et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 09 février 2015

Enquête du 7 février

[Le questionnaire se trouve ICI.]
 
  1. Je n'ai pas d'avocat. (J'eus recours à une, brièvement, en 2009.)
  2. Je n'aime pas du tout les films d'horreur.
  3. Je ne reçois jamais de visites à l'improviste.
  4. Si je donne rendez-vous à quelqu'un qui ne m'a jamais vu, j'indique que je suis quadragénaire, dégarni, plutôt grand, que je fais plus vieux que mon âge, et surtout j'indique quel livre je serai en train de lire.
  5. Oui, j'ai déjà écrit de la poésie. [J'adore conserver le passé composé.]
  6. Ma porte d'entrée est toujours fermée à clef en Touraine, mais pas souvent dans les Landes.
  7. Je n'ai pas mangé du poisson pané récemment.
  8. Non, je ne pourrais pas être chef d'État.
  9. Je me contredis occasionnellement.
  10. Je n'ai pas du tout l'oreille musicale ; c'est un de mes seuls, mais très considérables, regrets.

12:13 Publié dans Fall in Love | Lien permanent | Commentaires (2)

dimanche, 08 février 2015

Pong-ping, 7

    Ce site fête aujourd'hui son neuvième anniversaire.

Il est certes devenu bien plus intermittent que jadis, et même que naguère, mais enfin je n'ai pas tout à fait baissé les bras.

Il y a fort longtemps que je pratique intensément le recyclage, la reprise, la réécriture, le calque, l'auto-plagiat, mais je vais me contenter, pour fêter ce neuvième anniversaire, d'un répertoire.

17:26 Publié dans Pong-ping | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 01 février 2015

Enquête du 31 janvier

[Le questionnaire se trouve ICI.]
 
  1. Non.
  2. Oui, j'ai une armoire à pharmacie.
  3. Non.
  4. Difficile à dire si on n'est pas au pied du mur.
  5. Je me pose souvent la question du sens de ma vie ?
  6. Le dernier voyage que j'ai fait, si on parle de l'Écosse, par exemple, je ne sais comment on l'a choisi — en famille, surtout dans l'idée de faire voir du pays (étranger) aux enfants.
  7. À la sauvette, et je ne suis jamais devenu fumeur.
  8. Je faisais souvent craquer les articulations de mes doigts quand j'étais jeune — plus jamais.
  9. Mal.
  10. Non, pas d'argent de poche quand j'étais enfant ou adolescent.

 

12:22 Publié dans Fall in Love | Lien permanent | Commentaires (0)