dimanche, 29 janvier 2023
De la garde à vue au corps de garde
Untung-untung
29 janvier 2020
29 janvier 2018
Romain Rolland, citant favorablement Maurras (je fais de la provoc', mais le texte est très beau, par ailleurs).
« Voici le fait qui domine : l’Europe n’est pas libre. La voix des peuples est étouffée. Dans l’histoire du monde, ces années resteront celles de la grande Servitude. Une moitié de l’Europe combat l’autre, au nom de la liberté. Et pour ce combat, les deux moitiés de l’Europe ont renoncé à la liberté. C’est en vain qu’on invoque la volonté des nations. Les nations n’existent plus, comme personnalités. Un quarteron de politiciens, quelques boisseaux de journalistes parlent insolemment, au nom de l’une ou de l’autre. Ils n’en ont aucun droit. Ils ne représentent rien qu’eux-mêmes. Ils ne représentent même pas eux-mêmes. « Ancilla ploutocratiæ… » disait dès 1905 Maurras, dénonçant l’Intelligence domestiquée et qui prétend à son tour diriger l’opinion, représenter la nation… La nation ! Mais qui donc peut se dire le représentant d’une nation ? Qui connait, qui a seulement osé jamais regarder en face l’âme d’une nation en guerre ? Ce monstre fait de myriades de vies amalgamées, diverses, contradictoires, grouillant dans tous les sens, et pourtant soudées ensemble, comme une pieuvre… Mélange de tous les instincts, et de toutes les raisons, et de toutes les déraisons… Coups de vent venus de l’abîme ; forces aveugles et furieuses sorties du fond fumant de l’animalité ; vertige de détruire et de se détruire soi-même ; voracité de l’espèce ; religion déformée ; érections mystiques de l’âme ivre de l’infini et cherchant l’assouvissement maladif de la joie par la souffrance, par la souffrance de soi, par la souffrance des autres ; despotisme vaniteux de la raison, qui prétend imposer aux autres l’unité qu’elle n’a pas, mais qu’elle voudrait avoir ; romantiques flambées de l’imagination qu’allume le souvenir des siècles ; savantes fantasmagories de l’histoire brevetée, de l’histoire patriotique, toujours prête à brandir, selon les besoins de la cause, le Væ victis du brenn, ou le Gloria victis… Et pêle-mêle, avec la marée des passions, tous les démons secrets que la société refoule, dans l’ordre et dans la paix… Chacun se trouve enlacé dans les bras de la pieuvre. Et chacun trouve en soi la même confusion de forces bonnes et mauvaises, liées, embrouillées ensemble. Inextricable écheveau. Qui le dévidera ?… D’où vient le sentiment de la fatalité qui accable les hommes, en présence de telles crises. Et cependant elle n’est que leur découragement devant l’effort multiple, prolongé, non impossible, qu’il faut pour se délivrer. Si chacun faisait ce qu’il peut (rien de plus !) la fatalité ne serait point. Elle est faite de l’abdication de chacun. En s’y abandonnant, chacun accepte donc son lot de responsabilité. »
Les Précurseurs, 1920, ch. III
29 janvier 2023
Je voulais rédiger un petit billet transannuel simple (comme il y a six ans ?) et voici ce qui m'arrive.
Puis-je me contenter d'ajouter une note d'élucidation lexicale : le brenn, c'est sans doute le nom donné au chef de guerre gaulois.
(J'ai dû chercher.)
08:53 Publié dans Droit de cité, Ma langue au chat, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 21 janvier 2020
30–Booth–Clavecin
Elle se dresse, sur la chaudière où elle a passé la nuit, me regarde de ses beaux yeux, se pelotonne puis s’étire, et sans attendre que je la prenne dans mes bras, se jette à bas, atterrit sur le carrelage de la buanderie. Souple et déliée, le pas sûr, frôlant les portes, jamais spectrale alors, elle se dirige vers le garage. Et je pleure.
09:33 Publié dans lactations : déSastre, Ma langue au chat, MAS | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 12 février 2016
Salle d’eau, 1
Depuis que la chatte parvint, un dimanche d’hiver 2013 (ou 2014 ?), à s’ouvrir la porte du placard, et, de là, à rejoindre les combles où, sans doute elle passa toute la journée, jusqu’à nous faire penser qu’elle avait disparu et jusqu’à ce que, le soir venu, notre fils aîné, entendant des miaulements depuis sa chambre (voisine), eut attiré mon attention sur ce fait, et que je me fus démené à ouvrir un interstice plus important entre le coffrage intérieur du placard et la laine de verre pour permettre à la prisonnière de s’y glisser et de ressortir de là, attirée par l’assiette de croquettes que mon épouse avait servie à même le carrelage de la salle d’eau, une planche de bois mélaminé blanc bloque en permanence l’accès au placard, de sorte que nous devons l’enlever avant de pouvoir ranger jouets, draps ou couettes (et surtout que nous ne rangeons plus grand-chose dans ce placard).
pas un violon pour nous aider à grimper à la cime des ifs — Il n’y a, ici, de souvenir que musical. Cette image, pourtant, me fait voir, maintenant, le violon sans cordes, avec son archet abîmé, qui trôna longtemps derrière le tourne-disques, à Hagetmau. Se peut-il que ce texte soit en train de dériver vers un emboîtement de maisons, avec des spectres et des projections ? Ces jours prochains, il se peut que j’écrive certains textes ailleurs que rue Mariotte : à Hagetmau, justement. Et surtout sans connexion ; cela sera le plus délicat, car comment ouvrir le grand répertoire des archives ?
06:06 Publié dans 16 en 16, Ma langue au chat | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 08 novembre 2014
Dans les limbes, avec Landru
05.07.2014.
Et je retrouvai mon souffle
Et je retrouvai mon foie
Et je retrouvai mon harmonie
Je trouvai mon équilibre
Et je retrouvai mon silence
Et je retrouvai mon chant
Et je retrouvai mon néant
« Pauvre petit salon ! Que de tristes et anxieuses journées passées entre ses murs, d'où l'ébranlement du canon faisait tomber les cadres, au milieu des livres ficelés en paquets, et près de ce feu de bois vert, le feu parisien des mois de décembre et de janvier 1870-1871 !
Ce salon était à la fois ma chambre à coucher, ma cuisine et tout, et j'y vivais en compagnie d'une poule, la dernière survivante de six volailles : toutes les provisions que j'avais faites, hélas ! — moi qui mange avec les yeux, et ne pouvais m'habituer au rose noirâtre de la viande des tire-fiacres. »
faudrait tout dire tout filmer
faudrait tout voir tout décrire
faudrait faudrait
faudrait tout sécher tout mouiller
faudrait tout aplatir faudrait tout punaiser
faudrait tout filmer tout capturer
faudrait captiver tout écrire
faudrait faudrait
faut dru faux drame
faudrait tout cramer tout stigmatiser
j'épingle un monde à mon veston
faudrait faudrait
faudrait un chant à fleur de peau
09:27 Publié dans Droit de cité, Formes singulières, Les Murmures de Morminal, Ma langue au chat, MAS | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 04 décembre 2006
Seul dans l'univers
A : Tiens, un point vert à côté de ton nom !
07:41 Publié dans Ma langue au chat | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Photographie, écriture
mardi, 28 novembre 2006
Ma langue au chat, 3
12:54 A: SALUT ! (Je t'embête mais en fait, je vais aller déjeuner avec un collègue, là.)
13:01 B: Salut, je n'avais pas vu ton message.
A: Pas de problème. J'attends toujours Z.!
13:02 B: ça va bien ?
13:03 A: Oui, impeccable... sinon que j'ai encore essayé de donner mon sang, mais que je suis toujours rejeté ! Motif : plus de dix mois passés dans les Îles britanniques entre 1980 et 1996.
13:05 B: Eh ouais... mes longs mois sont plutôt venus après.
A: C'est le grand âge, que veux-tu... (Et puis Chicago ne compte pas dans les Îles britanniques.)
B: Ouais, mais j'ai passé un an à Edimbourg, entre autres.
13:06 A: Ah ça, oui, ça compte. (Incidentally, I'm listening (through Pandora (again and again)) to an amazing jazz harpist called Zeena Parkins.)
13:07 Bon, je vais déjeuner. BYE.
17:00 Publié dans Ma langue au chat | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 19 novembre 2006
Ma langue au chat, 2 : Nick Drake
18:06 A: Salut.
B: Salut.
18:07 A: J'ai vu que tu étais connecté, ça m'a amusé.
B: Je le suis assez souvent...
18:08 A: Je ne fais pas très attention, dois-je avouer. En plus, gmail n'est pas mon adresse principale, et je n'ai pas encore le réflexe!
18:09 B: Oui oui je comprends bien.
18:10 A: Peut-être suis-je un peu distrait, là, parce que je voulais écouter du Nick Drake, je me suis branché sur Pandora, qui n'arrête pas de me passer des morceaux dans le style guitare solo soporifique.
18:11 Au fait, connais-tu Pandora? (Sinon, mon message devait être un peu crypté.)
B: Oui, je connais... for all Pandora knows, j'habite à Chicago...
A: Sweet home Chicago, dixit old Robert J.
18:12 B: Ouais, comme il leur faut un zip code pour ouvrir un compte... ça fait un moment que je n'ai pas utilisé cela dit...
A: Ah? J'ai dû tricher, alors. [...] Mais Chicago, sinon, ah, je n'y ai jamais mis les pieds.
18:14 B: Remarque, si tu as entré 37000, ça correspond peut-être à une ville de l'Iowa... ou je ne sais pas quoi.
A: Oui, j'ai dû inscrire 37100. Sinon, la thèse, ça va ? (La question salope par excellence, surtout un dimanche soir.) [Cat Stevens, là, par exemple (Ruby Love, tout à la balalaïka ou que sais-je), j'ai zappé.]
18:15 B: Euh, ouais, joker là ;) Je zappe ;)
18:17 A: Tiens, les smileys marchent ici ?
Essai : :-)))
Ah, avec une seule bouche, sinon ça ne marche pas. (Bêtement rationnel, Google, je trouve.)
18:18 B: ça les perdra... ou peut-être pas en fait...
18:21 A: Google Print, en tout cas, c'est un beau fiasco.
B: connais pas !
18:22 A: Mon fils, en train de dîner, s'imagine que je suis "en train de faire le jeu vidéo Playmobil". On va dire que c'est l'équivalent... [Sinon, Pandora m'a enfin proposé quelque chose de beau : "Avalanche" de Leonard Cohen.]
18:24 B: oui, c'est bien... Nick Drake cache un peu ses côtés dépressifs (faut bien avouer que c'est ça), alors que là LC annonce la couleur !
18:25 A: En fait, je ne connais pas du tout Nick Drake, et le peu que j'ai écouté, là, ne me branche pas. Je cherchais 'River Man', parce que Brad Mehldau l'a joué sur trois albums différents, ce qui me turlupine. Autre citation de mon fils (en train de se regarder dans un miroir de poche): "Ouh, mais j'ai des betteraves à la place des joues." Je pense en effet que la fièvre monte légèrement ce soir (après un week-end enrhumé, c'est la saison).
18:26 B: J'ai des CDs de Nick Drake, moi je trouve que ça vaut le coup, mais bon question de goût.
18:27 A: Bon, Leonard Cohen dépressif, tu exagères. D'ailleurs, je ne me suis jamais suicidé en l'écoutant. (Aaaaaaaaaaaaah, pour Nick Drake, je ne demande qu'à écouter ça autrement que par bribes pandoriennes.)
B: Ce n'est pas un jugement général, mais cette chanson-là est quand même super sombre. Pour Nick Drake, pas de problème...
18:28 A: Where Where Where Where is my gypsy wife tonight (toundoungoundoung)
18:33 Pour le code postal, vérification faite, il y a des zip codes en 37--- dans le Tennessee. Je savais bien qu'il y avait quelque chose en moi de Tennessee (c'est pour ma poire).
B: 75, c'est au Texas je crois...
18:34 No comment.
A: Le 37101, c'est McEwen (presque comme la bière). C'est tout moi, ça.
Ah, you mean Paris residents are beating about the bush, or sumpfin?
18:35 B: Peut-être que l'idée de Paris Texas est venue de là ?
18:36 A: L'idée de Wim Wenders, alors, parce que je crois qu'il y a des Paris un peu partout aux Etats-Unis :-) (D., qui était chez nous hier soir, me disait qu'il y avait un trou infâme qui s'appelait Versailles dans l'Ohio.)
B: :)
18:37 A: Cela dit, j'imagine mal "La Membrolle-sur-Choisille" dans le Kentucky. (Et encore moins la prononciation américaine du toponyme!)
18:39 Trêve de toponymie extravagante, je ne sais si on va se croiser cette semaine, mais je vais devoir aller m'occuper un peu de ma progéniture (toussante).
18:40 B: Ok... j'essaie de penser à prendre du Nick Drake pour toi demain, mais je ne sais pas si on va se croiser... sinon, dans ton casier ?
18:41 A: OK, volontiers. Ce serait très gentil (River Man, si tu as?).
18:43 B: Va voir la page Wikipedia sur lui (en anglais), je n'ai pas le temps de regarder en détail, mais j'ai l'impression que c'est un truc tardif, pas sur les albums, mais surtout il y a un extrait (ou la totalité ?) qui s'écoute sur cette même page ! Tu as de la chance on dirait.
A: Ah, merci, beaucoup! Je ne pense pas que ça soit récent, parce que Mehldau le jouait déjà circa 1998.
18:45 Je regarderai sur WP ce soir, dans tous les cas if you've got a CD to spare for a week, you may well pigeonhole it. I'd be grateful.
B: Oui, mais Nick Drake est mort en 74.
(OD d'antidépresseurs... hmmm)
No pb, I'll try not to forget !
A: Ah d'accord. Je débarque, désolé. (Je ne savais même pas ça, tu vois.)
Bonne soirée & merci d'avance !
18:46 B: You're welcome, bonne soirée.
19:31 Publié dans Ma langue au chat | Lien permanent | Commentaires (2)
lundi, 13 novembre 2006
Ma langue au chat, 1
18:09 A: Ah, je voulais revenir sur le cadeau. Ce n'est pas du pinard stricto sensu, mais plutôt deux bouteilles de vin fin, bien sûr, du genre qui ne fait pas de mal. Quand il est bon, il ne monte pas à la tête, etc.
Là, j'étais sorti dans la cour pour "lancer les poireaux".
B: Tu lances des poireaux toi maintenant ?
18:11 A: Oui, je m'entraîne pour les championats du monde.
B: C'est quand, que je rigole un peu ?
18:12 A: Je n'ai pas été sélectionné pour les cracheurs de noyaux, et pour le cri de cochon je suis hors compétition.
Donc, les championnats du monde de lancer de poireaux ont déjà débuté. La première manche est ce soir.
18:13 C'est une manche de veston prince de Galles, bien sûr.
B: Dommage pour le cri du cochon !!! Sais tu que les championnats du cri de cochon se font à côté de Tarbes à Trie sur Baïse ?
18:14 A: REVELATION. "Lancer les poireaux": en fait, il entend par là qu'il est allé placer la cocotte-minute sur une plaque électrique dans la cour, car dans la maison (avec cuisine américaine) l'odeur en est trop nauséabonde.
Pour Trie-sur-Baïse, j'avais su (mais oublié). Déjà vu des images: ça n'a pas l'air piqué des hannetons (ni des andouillettes).
18:16 B: Un de mes collègues à participé à cette vaste manifestation il y fort longtemps !!!
A: Tu as des collègues porcino-imitateurs ?
18:17 B: Eh oui, tu vois, le cri du cochon peut mener au pétrole aussi nauséabond que le cochon !
A: En même temps, imiter le cri de l'hydrocarbure au sortir du geyser, c'est coton !
18:18 B: Surtout le cri venant du jet venant du fond des mers !!!
23:20 Publié dans Ma langue au chat | Lien permanent | Commentaires (1)