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mardi, 20 juin 2006

Phrase

    Je mange l'entrecôte avec un lance-roquettes.

20:25 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

Fatrasie

    Elles auront pleuré les larmes de leur corps.

Du sable, du sel.

Le temps du coucher, quelques mots jetés.

Une chenille d'Australie qui porte, sur sa tête, une couronne, ou plutôt un cimier fait de ses différentes mues passées. Son nom...? Je ne m'en souviens pas.

Il y eut des contrées sauvages, sous leurs yeux.

Elles ont pleuré pour rien.

Du sel, du sable la nuit pour s'endormir.

Quelques phrases s'envolèrent le long des paupières, avec les pierres du chemin.

Il est prudent, cet homme.

Vrombissent les mouches.

Sable sous les racines du saule.

On pleure toujours pour rien.

19:35 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (2)

En trilles

     Ramures se perdent en murmures. Le merle vibre, de toutes ses plumes, au crépuscule. Vibre en trilles et part en merveilles. Les mésanges charbonnières reviennent pour une deuxième nichée, à la mi-juin sonnée, et nous bâillons dans la balancelle, la terreur remontée du fond de nos veines. Vibrons en trilles, frétillons. D'autres gardons diront le luisant, le poli de la pierre ruisselante. Tristes trilles aux vibrations polyphoniques, qui expriment, de toutes plumes, la joie, l'extase, la peur de la nuit qui gagne ses terroirs familiers. Balancement des feuilles. Murmures surgissent aux ramures.

18:45 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (3)

Fantaisie KV 475

    Funèbrement tu commences. Lugubrement tu poursuis. Mélancoliques, les adverbes se succèdent comme des notes. L’imagination ne peut voir. Ce que l’imagination ne peut voir. Ce que le monde – ou la Princesse Printemps – ne peut voir, c’est l’adverbe déplacé, la note presque fausse.

Hier soir, entre onze heures et minuit, je lisais dans la bibliothèque, pièce où l’on s’attarde rarement. Deux grosses mouches finirent leurs jours sous mon espadrille. Un moustique suivit. Puis ce fut le calme, seulement ponctué des craquements de la charpente.

On s’attarde rarement ici.

13:30 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (7)

Île sans tatamì

    À force d’alterner le grave et le circonflexe, votre âme est lasse. Elle aimerait se reposer dans une île idyllique – loin de son corps toujours disponible, mais qui, désormais, lui paraît toujours l’entraîner plus bas. Aucun trait n’est propice à la désaltérer. Aucune flamme ne la consumera. Son île restera idéale, sans plumard ni paillasse, sans futon ni canapé.

12:00 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (3)

Où bûches

    De rares fleurs de tilleul sont prises dans mes cheveux rares, et les souches gisent là, près du gouffre auquel les a arraché la main du voisin, armée d’une tronçonneuse puis d’une cognée. Avec mon fils, qui avait entrepris cela par jeu puis a fini par suggérer de ne faire qu’un seul tas immense, j’ai ramassé les réseaux de branches émondées – branches de prunus, d’érable, de tilleul. Ce faisant, j’ai hérité, dans les brins ligneux qui me tiennent lieu de cheveux, de fleurs de tilleul qui sont venues orner ma tignasse d’une façon qui n’est pas sans rappeler – à condition de faire un bel effort d’imagination – certaines représentations allégoriques du Quattrocento. Passant, au-dessus du clavier, ma main droite dans ma chevelure, j’ai fait pleuvoir deux fleurs rescapées, qui sont tombées, l’une près de la zone tactile de navigation, l’autre entre le F et le G. Les souches rêvassent au bord du gouffre, et j’entrevois des étendues de fougères, où je dormirai trois jours d’affilée, cet été.

08:00 Publié dans Pêle-mêle | Lien permanent | Commentaires (1)

Là est l’âtre

    Vous ne savez pas trop ce qu’est une cheminée, comment ça marche ni quel genre de bois, de rondins, il faut choisir, mais vous fixez du regard cet espace béant, cette espèce de noirceur atone qui à tout jamais échappera à la chaleur, tant que vous vivrez seul, le sang glacé, à vous ronger les os au lieu de fendre le bois.

Vos folies vous reviennent, mais êtes-vous certain que le désespoir morne d’autrefois était plus confortable ?

04:00 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (1)