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mercredi, 30 août 2006
Commissaire Astolphe Sijouvray
Je regardais Adolphe, ce mauvais film adapté d'un fade roman, et je pensais à cet Astolphe, avec ses mystères, ses munsters. Tout de même, mettre sur le même plan Lapinot et Bolaño, ça ne manquait pas de culot. Et puis, me disais-je, le lifting lui va mieux qu'à Isabelle Adjani. Lui, au moins, il n'a pas l'air figé dans la cire, et ses vingt-cinq ans de moins ne semblent pas tels. Penser qu'elle a plus de cinquante berges et qu'elle a laissé son talent d'actrice sur la rive. Oui, mais, me rétorquais-je à moi-même, Astolphe Sijouvray n'est pas lifté. Certes.
Bon. J'avais remisé les 77 munsters dans un abri de fortune construit dans le jardin, à l'ombre des thuyas, et préparais à présent les invitations à vingt-trois de mes amis, pour une
Soirée Alsacienne
sans flammeküche ni cigognes
Au menu : Munster et Gewürtztraminer, exclusivement
J'avais pris soin, avant de composer moi-même les cartons d'invitation à cette soirée d'un nouveau genre et du dernier chic, de goûter le munster apporté par le dénommé Sijouvray, afin d'en vérifier la gouleyance, de fait étonnante), et de me munir d'une vingtaine de bouteilles d'un excellent Gewürtz (comme on dit par chez moi). Du dernier chic, oui : imaginez donc douze messieurs et douze dames triés sur le volet, tant pour leur beauté que pour leur amour immodéré du fromage et de la bibine, se livrer à de telles agapes et ne pouvant pas décemment, vu le menu, penser à conclure quelque aventure que ce soit (encore qu'il n'est pas rare de voir des couples se former et des passions se nouer autour des fromages les plus odorants de notre beau pays).
Je me réjouissais déjà de cette soirée, qui allait avoir lieu dans mon humble demeure, le vendredi suivant. C'était compter sans un appel téléphonique du commissaire Astolphe Sijouvray...
[Affaire à suivre, après-demain...]
[Episode précédent : III]
21:55 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (3)
Mosaïques d'Arthous, 2
J'écrirai seulement un détail sur la carte postale. Celle qui partage ses initiales avec Naipaul aîné m'en a convaincu. J'écrirai seulement un détail sur la carte postale. Le danseur en croix sodomise un lépreux. J'écrirai seulement un détail sur la carte postale. Le Gave sépare les champs fourragers des bosquets à la française. Un détail sur la carte postale.
17:55 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (0)
Hallebarde(s)
Rue de la Hallebarde, il en tombait de nombreuses. Des chiens et des chats passaient, parfois amorphes et parfois pleins de vie. Cessez donc vos enfantillages, leur dis-je sans conviction. Un forçat (innocent : ils le sont toujours) passa et m'exhorta à me mâler de mes affaires. Il tournait son orgue de Barbarie, comme une vielle mécanique devenue folle. Me trouvait-il efféminé ? Jamais je ne le sus. Onze parapluies, à leur tour, passèrent, je suivis la plus jolie.
08:00 Publié dans Rues, plaques, places, Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (2)