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lundi, 24 avril 2006

XII

    Devais-je, aujourd’hui, « attaquer » un septième texte d’affilée, après cinq écrits le 12 avril ? Mes obsessionnels calculs de numéropathe ne me mènent nulle part (enfin, si, mais ce serait trop long, ici), mais le tanka, encore, m’effraie.

Il y a aussi que les six lettres du prénom et les sept lettres du nom de Samuel Beckett offrent de larges espaces à la rêverie poétique. Dois-je me retenir d’écrire un acrostiche, ou un sonnet tronqué ?

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Pastorale pavillonnaire

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Saule aux longs cheveux, fruitiers qui haut s'envolent,
Thuyas ratiboisés, lajerstraemia ligneux.
(Tours, 6 avril 2006.)

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dimanche, 23 avril 2006

XI

    J’écris cette note, ainsi que les cinq précédentes, le 16 avril, mais elle sera publiée le 23, date de la fête de mon père. Mon père a eu soixante et un ans le 13 février dernier.

Le 23 avril, à 13 h 05, comme les précédentes, sera publiée cette note.

Le 23 avril, jour de la Saint Georges, nous devons quitter Hagetmau pour nous rendre chez mes parents, à Cagnotte.

Hier, j’ai lu, dans le Dictionnaire toponymique des communes des Landes et du Bas-Adour de Bénédicte Boyrié-Fénié (Cairn, 2005), que l’étymologie qui fait dériver le nom Cagnotte du gascon petit chien (“lou canhot”) était plus que douteuse. Il s’agit en fait d’une dérivation de canna, terme latin d’approximative géologie, qui signifie rehaussement ou butte. De fait, l’abbaye était construite au pied de la butte qui accueille, de nos jours, le bourg.

C’est à Cagnotte, sans doute, que j’ai dû découvrir l’œuvre de Samuel Beckett (je dirais, par une diffusion télévisée d’En attendant Godot). Je fus très long à lire Beckett (peut-être à dix-sept ans, à Talence ?). Dans le bois, le réseau des ruisseaux intermittents, le maillage des îlots boueux où je m’amusai enfant, devait me prédestiner aux textes en archipel.

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Inierdit de stasonnet

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Dame-Marie les Bois, 9 avril 2006.

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samedi, 22 avril 2006

Bo

    En avril, j'imite sans faute Bourvil.

14:30 Publié dans Quel mois... | Lien permanent | Commentaires (3)

X

    Pour ce qui est de cette histoire des dates de naissance (réelles, supposées ou mythiques) de Samuel Beckett, j’ai lu, vendredi dernier, dès les premières pages de la biographie de Deirdre Bair, une explication qui a fait s’effondrer la belle symétrie qui avait provoqué mes rêveries autour de cette ère d’un mois, qui, allant du 13 avril au 13 mai, servit de fondement à tous les projets que je conçus relativement à cette célébration de l’insaisissable centenaire. En effet, si Beckett a pu prétendre qu’il était né le 13 avril, soit le vendredi saint de 1906, alors que tout donne à penser qu’il est né le 13 mai, c’est que la loi de l’époque exigeait des parents qu’ils attendent que leur enfant ait un mois avant de le déclarer, de sorte que l’acte officiel date du 14 juin.

Ce 14 juin fait tourner en eau de boudin la superbe symétrie néo-classique des deux dates, pour permettre toutes les supputations. Après tout, pourquoi Beckett ne serait-il pas né, tout aussi bien, le 10 mai, ou le 16 mai (si ses parents ont triché en le déclarant avant l’issue de son premier mois), etc. ?

Cela n’a aucune espèce d’importance, me direz-vous, et vous aurez raison, sauf à considérer qu’il n’est pas anodin que, sur cette question symbolique des chiffres, des dates, du temps figé, du temps célébré, des débuts aussi, Beckett nous propose, comme si souvent, une fondrière, en lieu et place du granit de mots auquel toujours on continue de s’attendre.

 

(Note ajoutée le 22 avril, à l'intention de Joye : je connais les différentes connotations de prick: écharde, épine, mais aussi pine, tête de noeud, etc. Je maintiens que la traduction du titre par Bande et sarabande, quoique astucieuse, "perd" bien des points importants, et notamment le comparatif.)

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Rue de jeunesse

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    Tout savoir (ou presque) sur Jean-Nicolas Bouilly.

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vendredi, 21 avril 2006

Hudson : River : Bracketed

    Ce roman d’Edith Wharton, publié en 1928, est, par maints côtés, très beau. (À mes yeux, rien ne surpasse Ethan Frome, mais c’est sans doute que, comme je l’ai lu il y a très longtemps, la mémoire colore et embellit, aussi de ses lacunes, tandis que la proche présence des textes découverts récemment me rend plus perspicace et plus sourcilleux.) Comme lors de ma lecture, il y a quatre ans, de The Custom of the Country, à l’emballement des cent ou deux cents premières pages, a succédé une légère lassitude vers le milieu. Mais je me suis exalté de nouveau en lisant les trois dernières parties, et ce roman-ci est bien supérieur, car tenu de bout en bout, écrit magistralement, dans une langue riche et foisonnante, sans crainte de s’abandonner dans les méandres des âmes.

 

Pour ne pas résumer le roman, je dirai qu’il s’agit d’une version de David Copperfield racontée à la troisième personne, adaptée à la côte Est des Etats-Unis, et sans la géniale cocasserie du grand roman de Dickens. En effet, il s’agit là d’un remarquable Künstlerroman, si ce n’est que l’importance de l’identité esthétique du personnage principal, Vance, est au centre du récit de Wharton… et que l’auteur suit son protagoniste sur une demi-douzaine d’années, et non de l’enfance à la trentaine, comme pour son prestigieux modèle.

Ce qui « marche » le moins bien, c’est la description du contraste entre l’élévation spirituelle de l’écrivain et les contraintes suffocantes du matérialisme qui l’encercle de toutes parts. Là – et en dépit de personnages qui servent de charnière entre les deux univers, les deux “épouses” en particulier – Wharton frôle le manichéisme. C’est pourtant ce contraste un peu lourdaud qui donne aussi ses plus belles pages au roman. (Rien n’est simple, il faut croire.) Le plus prévisible, en l’espèce, c’est la mort de Laura Lou, tout comme Dora dans David Copperfield : Wharton se montre ici nettement moins fleur bleue et plus cynique que Dickens, puisqu’elle montre comment Vance se trouve ainsi allégé du fardeau d’une femme qui ne pouvait partager ses goûts. Il y a là une grande amertume, et sans doute une lucidité désespérée qui sourd à chaque page.

La communion d’esprit entre Vance et Halo (“Advance and Heloise” en version non abrégée) laisse pressentir la fin du roman, mais elle offre aussi des développements sublimes sur l’écriture, la poésie, la perception romanesque du monde, les embarras d’un amour principalement fondé sur une commune passion pour l’art et l’idéal.

 

Composé en sept parties, le roman offre à son lecteur « une structure belle », comme dirait Markowicz, et déjà ce n’est pas rien. Il tient en haleine, en dépit de la quasi absence d’événements. Je me suis surpris à imaginer les lieux, les décors, les tableaux qui occupent une grande partie de l’espace narratif du roman. The Willows, la demeure, qui, par son charme mystérieux, sert de déclencheur à la vocation d’écrivain du jeune Vance, est fort bien dépeinte, et incite diablement à la rêverie. De manière générale, Wharton se montre ici romancière des lieux, des maisons, des rues, des salles, mais ce qu’elle donne le moins à voir, c’est le fleuve, qui, s’il donne son titre au roman, n’est pas vraiment présent. D’ailleurs, ce titre, à première vue énigmatique, est une expression correspondant au style architectural dont The Willows est un digne représentant.

Ainsi, si le roman s’inscrit encore dans la tradition du « grand roman universel » et dans une conception post-romantique de la figure de l’artiste, des lectures politiques et féministes très subtiles sont également possibles, comme si Wharton jetait, de loin en loin, de petits grains de sable susceptibles d’enrayer le beau mécanisme victorien de sa fresque admirable, de sorte que c’est un texte très troublant.

 

Bien sûr, il faudrait – à ce stade de mes petites élucubrations – citer un ou deux passages du roman, mais j’en ai marre et je le ferai plus tard, point barre (comme dirait Birahima, le narrateur d’Allah n’est pas obligé). Ou plutôt, non ; restons ensemble encore le temps de quelques phrases. Je pourrais partager avec vous l’une de ces coïncidences amusantes qui se produisent sans arrêt. Mardi soir, je vérifiai, dans le dictionnaire de Maurice Lachâtre, la différence entre marguerite et pâquerette, cette dernière étant aussi appelée « petite marguerite ». Le matin, j’avais lu le dossier que consacre le Magazine littéraire à Duras. Le soir, avant de m’endormir, je lus cette phrase du roman de Wharton : « The late Colonel had been vice-consul in a French colonial port, and Mrs. Hubbard prided herself on her French. » (New York : Appleton & Company, 1929, ch. XXXIII, p. 400). Ça ne s’invente pas.

 

Nous ne faisons que nous entregloser, écrivait Montaigne, et je pourrais ajouter aussi, en préparant le terrain pour l’extrait de Hudson River Bracketed sur lequel s’achèvera ce billet, que l’on s’exalte souvent pour des mots en miroir, des formules où se dissimule l’aspect chatoyant d’expériences qui nous sont familières, sans compter que les meilleurs livres sont ceux qui nous donnent l’envie de les lâcher pour prendre nous-même la plume (et déguiser un je envahissant sous les dehors fades et rebattus d’un on d’opérette, à moins que l’on ne soit devenu soi-même (c’est-à-dire : moi) un autre, un on bien avancé, ce Vance de Wharton, en lisant son roman) :

“Vance travelled home heavy-hearted, trying on the way to distract his thoughts by thinking up subjects for his next story.
Not subjects: they abounded – swarmed like bees, hummed in his ears like mosquitoes. There were times when he could hardly see the real world for his crowding visions of it. What he sought was rather the development of these visions: to discover what they led to. His imagination worked slowly, except in the moments of bruning union with the power that fed it. In the intervals he needed time to brood on his themes, to let them round themselves within him.” (Hudson River Bracketed, ch. XXIII, p. 270)

 

Bon, j’ai trop dégoisé, il fait un temps splendide, soleil d’avril parfois à peine frais et souvent brûlant, on va sortir, hein, et je ne sais même pas quand je me connecterai pour publier cette note, ni surtout la précédente écrite, étroitement liée (pourtant) à ce jour du 21 avril. De plus, je devais marquer hier d’une pierre blanche : j’ai enfin repris le collier de ma traduction, que je dois rendre début septembre, et dont la remise en route ne peut plus subir de retard maintenant. Mais, l’état avancé d’affolement mental ou d’emballement idéaliste mis à part, je ne sais trop s’il y a encore un rapport avec le sujet de ce billet (dont j’avais d’ailleurs écrit qu’il s’achèverait avec l’extrait ci-dessus, mais on le sait, je ne saurais tenir mes promesses, d’autant que l’adverbe encore s’est transformé, par la précipitation des doigts effleurant le clavier, en encre, et je songe que cela ferait un très beau titre Encore l’encre, à moins que, pompeusement, prétentieusement, je ne préfère Ma vie est un Künstlerroman (mais vous verrez bien (tu vois, le problème de MuMM, c’est qu’il sait pas finir))).

22:25 Publié dans MAS | Lien permanent | Commentaires (3)

Ka

    En avril, le tanka s'affine en quintil.

21:00 Publié dans Quel mois... | Lien permanent | Commentaires (0)

6 Kap

    Je ne me suis jamais bien remis de mes lectures relatives au soufisme, aux mystiques de l’Islam, aux 99 noms de Dieu. Samuel est l’un des noms prophétiques qui offre à la rêverie, autant qu’à la vaticination. J’m’en fous, je m’casse aux States. Croyez-vous qu’on puisse lui confier la traduction ?

20:40 Publié dans Kyrielles de Kaprekar | Lien permanent | Commentaires (0)

Crétinisme parlementaire

    En tous lieux, il n’est question, encore et toujours, que du quatrième anniversaire du « séisme » électoral de 2002. Que, récemment, la grève de la faim d’un député ait sérieusement terni l’image symbolique du pouvoir législatif français, mais qu’elle ait aussi conduit le gouvernement à contraindre une entreprise de ne pas délocaliser en finançant des travaux d’aménagement ineptes aux frais du contribuable, cela ne semble émouvoir personne. La semaine dernière, en entendant annoncer aux informations la « victoire » du député UDF, je me suis écrié : « Encore un crétin couronné ! »

Oui, le crétin des Pyrénées a gagné contre le simple bon sens économique et la préservation de l’environnement. La prochaine fois, Toyal choisira de polluer sans prévoir de plan de sécurité, ou même, au lieu de déménager à soixante kilomètres en créant des emplois, la multinationale délocalisera en Roumanie ou au Népal (quoique cette dernière destination soit un peu risquée, quand même).

De surcroît, Jean Lassalle, élu Chasse Pêche Nature Traditions rallié au groupe parlementaire UDF, complice des élus qui ont encouragé le saccage de la mairie d’Arbas au nom de leur fureur anti-ursine, n’est vraiment pas le défenseur de la démocratie et de la République que les médias veulent voir en lui.

17:28 Publié dans Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (2)

IX

    Toutefois, le mince volume de More Pricks than Kicks doit lutter, sur la table de chevet hagetmautienne, avec d’autres livres, en cours de lecture ou dont le désir qu’ils m’inspirent est grand.

Je poursuis, par petites touches, la lecture de cet étonnant poème épique qu’est Surburban blues de Yémy (en ai-je déjà parlé dans ces carnets ?), du très beau roman d’Edith Wharton (Hudson River Bracketed), d’un essai décevant de Pierre Jourde sur l’incongru dans la littérature française moderne (Empailler le toréador) – et bien d’autres volumes appellent mon regard, dont More Pricks than Kicks.

Mon histoire d’amour, absurde et cocasse, avec les célébrations du centenaire de Beckett, est constituée de plusieurs vains projets inaboutis, et même abandonnés sitôt que conçus (voir ci-avant : II, III et IV), ce qui signifie que je me dois de réussir, si petitement soit-ce, cette série de 31 textes en bouquet floral offert à Samuel, et me tenir aussi à mon projet, franchement modeste, de lire le premier roman publié de Beckett avant la date de sa naissance « réelle », le 13 mai.

13:05 Publié dans Comment je n'ai pas célébré le centenaire de S.B. | Lien permanent | Commentaires (2)

Symphonate géométrique

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10:20 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (3)

jeudi, 20 avril 2006

5 Kap

    Il s’en fallut de peu, en avril 2005, que je ne me lance, à corps perdu, dans la traduction de plusieurs textes de Beckett. Je ne me suis jamais bien remis de mes lectures relatives au soufisme, aux mystiques de l’Islam et aux 99 noms de Dieu. Samuel est l’un des noms prophétiques qui offre à la rêverie, autant qu’à la vaticination. (En chaire, J.-M. R. se marre bien, à croire qu’il se fout de nous, oui, l’effronté taciturne.) Je m’en fous, je me casse aux States. Croyez-vous qu’on puisse lui confier une traduction ? Dieu enfin, seul, vous entende.

20:50 Publié dans Kyrielles de Kaprekar | Lien permanent | Commentaires (0)

VIII

    Vendredi dernier, j’ai emprunté, à la bibliothèque d’anglais, More Pricks than Kicks, premier roman du très jeune Beckett, dont j’ai toujours différé la lecture et me suis promis de lire d’ici le 13 mai, date à laquelle s’achèvera cette œuvrette. Je crois savoir (mais il faudrait vérifier tout cela) que c’est l’un des très rares textes de Beckett qu’il n’ait pas lui-même traduits (transposés ? réécrits ? récrits ?) ; j’en avais d’ailleurs appris l’existence lors de la publication posthume de la traduction, par une certaine Edith Fournier (comment ce nom a-t-il pu me demeurer en mémoire ?). Que Jérôme Lindon fût encore vivant à l’époque semble attester que Beckett lui-même n’eût pas été trop scandalisé de cette publication… mais comment en être sûr ?

(Le titre français choisi par Edith Fournier (ou par Lindon (ou par … ?)) est Bande et sarabande. Sans avoir lu le roman, j’ai l’outrecuidance de penser qu’on pourrait trouver meilleure traduction du titre. D’ailleurs, je n’ai pas commencé la lecture de More Pricks than Kicks, et c’était justement le sujet de cette note.)

13:05 Publié dans Comment je n'ai pas célébré le centenaire de S.B. | Lien permanent | Commentaires (4)

Fauve joueur

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    Primo, tu ne me piques pas ma grappe de raisins, et, secundo, tu arrêtes de me griffer le bas-ventre...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jardin du Musée des Beaux-Arts, Tours, 5 avril 2006.

10:20 Publié dans Brille de mille yeux | Lien permanent | Commentaires (5)

Se

    En avril, la rousseur se cherche un goupil.

03:25 Publié dans Quel mois... | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 19 avril 2006

4 Kap

    Urinoir. Noir de jais. J’ai les crocs. Cro Magnon. Magnons-nous. Noue mes lacets. C’est du vent. Ventre à terre. Termitière. Tiers payant. Y en a marre. Marre-toi toujours. Jour de colère. L’air de rien. Rien à battre. Battre le fer. Ferraillons. Yon sous la roche. Rochechouart. Choir de haut. Haut de forme. Formaliste. Isturitz. Urinoir.

20:55 Publié dans Kyrielles de Kaprekar | Lien permanent | Commentaires (2)

VII

    Lire sous les chênes me faisait penser au Quercy, dont nous avons visité plusieurs sites et villes il y a sept ans. Samuel Beckett a séjourné longtemps à Cahors, où il s’était lié d’amitié avec un pâtissier très astucieux, et plein de verve. On peine à imaginer ce que pouvaient être leurs dialogues. Bien entendu, la biographe, pétrie de son importance, n’en dit pas un mot. Une cinquième phrase transporterait volontiers le spectre de Samuel à Onzain.

13:05 Publié dans Comment je n'ai pas célébré le centenaire de S.B., Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (2)

Me

    En avril, la primevère est tout pistil.

12:30 Publié dans Quel mois... | Lien permanent | Commentaires (0)

Rue Albert Thomas

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C'est la rue des trumeaux.
C'est la rue des grumeaux.
Les grues n'ont pas, assez durs, de mots.

10:10 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (0)

Virevoltes, 23

    On n'imagine pas un vers aussi long, ou ne serait-ce pas un verset ?medium_virevoltes_23.jpg

(C'était le 5

avril, château de Tours.)

09:24 Publié dans Virevoltes | Lien permanent | Commentaires (6)

mardi, 18 avril 2006

3 Kap

    Être n’est pas suivre, il faut vivre bientôt.

20:45 Publié dans Kyrielles de Kaprekar | Lien permanent | Commentaires (0)

VI

    D’une traite, j’écrivis – les ayant longuement (sans doute) mûris en moi – les cinq premiers chapitres de cette œuvrette, mercredi dernier, à Tours, et c’est aujourd’hui, dimanche à Hagetmau, que j’entreprends de poursuivre, ayant lu, entre-temps, quelques dizaines de pages, dans le désordre, au hasard, de la première biographie consacrée à Beckett, publiée en 1978, et dont je n’ai pas retenu le nom de l’auteur, car elle semble outrancièrement vétilleuse, fière d’elle et à côté de la plaque.

La photographie de couverture est très belle, plus que celle que je connais par Cartier-Bresson (et que j’ai toujours tendance à associer à la photographie de Giacometti vu de face alors qu’il traverse, sous une pluie qu’on imagine battante, un boulevard, en se faisant une capuche de son imperméable comiquement relevé), mais moins que celle que j’ai découverte hier dans le Robert des noms propres en cinq volumes qui date du début des années 1980, et qui est – avec son compagnon consacré aux noms communs et en six tomes – ma bible, quand je vis à Hagetmau.

Cette image, que j’ai derechef sous les yeux, est d’un certain Philippe Pic, et elle représente Beckett de profil, peut-être à la fin des années 1950 ou juste quelques années plus tard, l’œil gauche seul étant visible, et les lunettes aux verres ronds remontées de manière inhabituelles sur le front, le nez aquilin, le col du sous-pull recouvrant typiquement le cou, avec, en fond d’image, ce que l’on devine être un haut de banquette et un bas de miroir, dans une brasserie.

 

J’ai découvert cette photographie par hasard, en cherchant quelques informations sur Simone de Beauvoir, après avoir regardé, d’un œil distrait, puis désabusé et enfin atterré, le téléfilm qui était diffusé hier soir et dans lequel Lorant Deutsch campe un Sartre qui est au-delà de l’invraisemblable. Le Castor est interprété(e), elle, par une actrice plus belle que l’original, et très troublante ; elle joue nettement mieux que son Sartre d’opérette, mais ce n’est pas un compliment. Toujours est-il qu’en cherchant quel pouvait être le titre final du roman de Beauvoir auquel Sartre/Deutsch fait allusion à un moment donné en parlant de Légitime défense (la suite du film devait confirmer mon hypothèse relative à L’Invitée), je me suis abîmé, une fois encore, dans la contemplation du visage de Beckett, et dans la lecture de quelques phrases relatives à Samuel.

13:05 Publié dans Comment je n'ai pas célébré le centenaire de S.B. | Lien permanent | Commentaires (0)

Vitrine comète

Poisson rouge, roule.

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Pierre Halet, qui êtes-vous ?

10:10 Publié dans Fièvre de nombres | Lien permanent | Commentaires (0)

Ni

    En avril, le héron niche au bord du Nil.

06:20 Publié dans Quel mois... | Lien permanent | Commentaires (4)

Inouï

    Certaines fois, il suffirait de recopier la phrase unique du dictionnaire, comme pour Giacomo Inaudi :

Berger dans le Piémont puis montreur de marmottes dans les foires, il développa une exceptionnelle rapidité de calcul mental qu’il utilisa à partir de 1880 sur les scènes internationales de music-hall, non sans étonner les membres de l’Académie des sciences de Paris qui l’invitèrent en 1892.

 

Sur la photographie qui le représente (et qui est attribuée à Harlingue-Viollet (n’est-ce pas le nom de l’agence ?)), Inaudi, en complet veston, arborant fièrement sa moustache, se tient devant un tableau noir, où l’on peut voir inscrits des fragments de nombres (86, 65). Sa main droite est posée devant lui, sur un bureau ; il tient sa main gauche collée contre l’oreille. Est-ce un geste de concentration, volonté de se replier, s’isoler du bruit extérieur pour mieux compter ? Ce geste m’évoque aussitôt le patronyme du calculateur, qui semble être une version tronquée de l’adjectif inaudible.

Né en 1867 à Roccabruna, Inaudi mourut à Champigny-sur-Marne en 1950. Qui se souvient de lui ?

00:30 Publié dans 721, Fièvre de nombres | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 17 avril 2006

Saenredam

(Vers cinq heures)

 

    Le mois dernier, je découvrais l’existence des tableaux de Pieter Saenredam, qu’évoquait le narrateur de Docteur Pasavento ; aujourd’hui, lisant le Journal d’un voyage en France sous la bruine, il en est de nouveau question. Il y a, dans le dossier Images de mon ordinateur cinq reproductions de toiles de Saenredam, que j’avais enregistrées le 19 mars entre 15 h 26 et 15 h 39. Voici ce qu’en dit le Robert des noms propres, à la page 2787 : « L’importance accordée aux espaces vides, la réduction de l’échelle des personnages, le jeu abstrait des effets de perspective, l’utilisation de couleurs pâles à dominante froide et la finesse de la facture dénotent une sensibilité discrète et concourent à créer un climat serein d’une austère ferveur. » Est reproduit l’Intérieur de la cathédrale de Haarlem, qui se trouve à la National Gallery.

 

23:25 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0)

Empailler : le : toréador

17 avril, 11 h 05.

 

    Que penser de Pierre Jourde ? J’avais manqué m’endormir en lisant quelques chapitres de La littérature sans estomac. Ma compagne n’a pas encore voulu ouvrir le roman du même, que lui a offert ma grand-mère à Noël ; la quatrième de couverture en est aussi peu engageante que possible (une histoire de professeur de lycée, racontée dans un style fort plat, apparemment).

Tenté par son sujet (“l’incongru dans la littérature française, de Charles Nodier à Eric Chevillard”), j’ai emprunté l’essai intitulé Empailler le toréador (Paris : Corti, 1999), et qui, avec des objectifs et une ampleur bibliographique dignes d’une thèse de doctorat, fait l’effet d’un saupoudrage assez improductif. Par exemple, en dépit de ce qu’annonce le sous-titre, il n’est question des romans de Chevillard que deux pages par ci, trois pages par là, et sans véritable analyse. D’ailleurs, l’essai vaut surtout par ses citations, et l’on peut savoir gré, au moins, à son auteur d’être allé dénicher autant de passages savoureux.

Ce n’est donc pas un essai, mais une sorte d’anthologie ou de compilation qui refuse de dire son nom. Dès qu’il cherche à comparer, et même à tirer des conclusions, Pierre Jourde n’est guère convaincant, d’autant que nombre des exemples choisis n’illustrent pas vraiment la démonstration en cours. Ainsi, l’une des sous-parties du troisième chapitre, « Typologie de l’incongru », s’intitule En route vers le n’importe quoi. Jourde veut y montrer comment des procédés rhétoriques comme la gradation débouchent, en système d’incongruité, « sur n’importe quoi ». Le premier exemple qu’il donne, et qui est censé donner le la, est une phrase de Perec, dont, de toute évidence, Jourde n’a pas du tout compris le mécanisme : « Il est venu à mes oreilles étonnées cette nouvelle qui me laissa tout à la fois pantois, perplexe, piteux, podagre et presque putréfié. » Jourde implique que la succession des adjectifs est complètement arbitraire, loufoque, de l’ordre du n’importe-quoi. Or, il ne faut pas avoir lu beaucoup de textes oulipiens pour s’apercevoir que, à défaut d’une réelle cohérence sémantique, une contrainte sémiotique forte oriente cette série : les cinq adjectifs, qui commencent tous par la consonne P, obéissent à une logique alphabétique, puisque la deuxième lettre suit l’ordre des voyelles dans l’alphabet français (a, e, i, o, u). Il me semble même qu’un lecteur un peu vif s’attendrait à ce que la phrase s’achève avec l’inclusion de la semi-voyelle Y, et un adjectif comme pyromane, par exemple.

Ne pas voir cela, c’est ne pas savoir lire, c’est ne pas comprendre l’auteur que l’on cite, et, surtout, c’est se priver d’un beau développement, car, si Pierre Jourde s’était avisé de ce décalage entre incohérence sémantique et congruité sémiotique, il aurait pu en tirer d’intéressantes conclusions sur le lien entre l’essor des littératures de l’incongru à la fin du dix-neuvième siècle et l’émergence des formalismes.

22:20 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (5)