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vendredi, 31 mars 2006

31 mars 1084

    En 1080, le pape Grégoire VII reconnaît la légitimité de Rodolphe et excommunie à nouveau Henri IV qui, en retour, proclame à nouveau la déposition de Grégoire VII, en accord avec les prélats qui élisent pape l'archevêque Guibert de Ravenne, sous le nom de Clément III. Henri vainc et tue son rival Rodolphe en octobre 1080, à la bataille d'Elster. A présent soutenu par tout l'empire, il se dirige vers Rome. C'est là que Godefroi de Bouillon, en dépit de la confiscation du son duché de Basse-Lorraine par Henri IV en 1076, décide de se ranger aux côtés de celui-ci. Après quelques victoires, le roi des Romains prend Rome et est couronné empereur, le 31 mars 1084, par l'antipape.

Touché par le comportement loyal et dévoué de Godefroi de Bouillon, l'empereur décide de s'assurer son soutien en le récompensant. Pour cela, il reprend le duché de Basse-Lorraine, (qui comprend l'Ardenne, le Brabant, le Hainaut et le Pays de Liège) à son fils et le rend à Godefroi en 1087.

En 1088, un nouveau pape, Urbain II est élu. Il poursuit la politique de son prédécesseur Grégoire VII, mort en 1085. Malgré les victoires d'Henri IV, celui-ci doit lutter contre la colère du peuple italien et doit quitter Rome et la péninsule en 1094, pour lutter contre de nouveaux opposants : Conrad, le dépossédé du duché de Basse-Lorraine, et Henri, le futur empereur Henri V, ses propres fils...

(Source : Monarchies)

12:07 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (0)

Perpignan

    À peine le trottoir battu d'un pas incertain, en sortant du Crédit Lyonnais, j'entrevis Aurélie (mais si, la vraie Aurélie, la star des commentaires), qui venait d'une rue adjacente et orientale, et que j'allai saluer, avant d'avoir avec elle une conversation relative à l'amorphie régnante, contre laquelle il est difficile de lutter. Puis nous vîmes arriver, du sud, Marie, une autre de mes étudiantes de cette année, dont le compagnon est aussi un fidèle lecteur de mes proses. Comme elles filaient vers la faculté, je n'ai pas voulu les retenir plus avant.

La rue Nationale, à Tours, est le centre de l'univers.

11:25 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (3)

Petites Proses de Damas

    Je ne saurais imaginer que mourra, dans la nuit du 30 au 31 mars 2327, âgé de trois-cent-cinquante ans et des brouettes, un écrivain qui, inlassablement, insupportablement, publia de son vivant dans les 653 volumes. À sa mort, il laisse un énorme vivier d'inédits, que ses exécuteurs testamentaires publient en six forts volumes, sous le titre Petites Proses de Damas. On y trouve, notamment, une fascination pour la décomposition palindromique du nombre 110 en deux nombres premiers.

07:20 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (3)

Né le 30 mars 1741

    Fils d’un capitaine d’infanterie, issu d’une famille du Dauphiné dont l’origine remonte à la fin du XIème siècle, Justin Bonaventure Morard de Galles, qui devint vice-amiral sous la République puis comte d'Empire, naquit à Goncelin le 30 mars 1741.

00:15 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (3)

jeudi, 30 mars 2006

John Mc Gahern

    À quelques jours des deux centenaires de Beckett, John Mc Gahern, le grand écrivain irlandais s'est éteint, ce midi. Je l'apprends à l'instant, en vérifiant ma boîte à lettres électronique. Bernique ! 

His words have soothed us and they have kept our minds and souls vivid.

Ayons une pensée pour lui. Lisons ou relisons ses livres.

23:27 Publié dans MAS | Lien permanent | Commentaires (0)

Recette vestimentaire

    Imaginez un hérisson, un porc-épic et plusieurs fourmis urticantes.

Ajoutez-leur une boîte de tampons Jex et quelques boules de poil à gratter...

Multipliez le tout par trois,

et vous aurez une idée, vague et atténuée, de l'effet sur ma peau du pull-over que j'ai enfilé il y a dix minutes, ayant mouillé ma chemise en quelque menue tâche domestique.

18:19 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (2)

Sentences

Silence pour ferrailler,
Loquace des briques,
Harem maladie.

Tout cela est d'or (dehors, est-ce à dire).

17:41 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (7)

mercredi, 29 mars 2006

Tristes

    Les Visions de printemps vous ont-elles déroutés ? Pourtant, mon relatif silence de ce jour vous laisse tout loisir d'approfondir la lecture des textes de ce prolifique week-end...

Tristesse

    qui s'apprend

    qui s'appelle

          tristesse

    Très pour trait                           Comment désattrister ?

22:07 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (7)

Alles in Ordnung

    On tirera au sort l'ordre des chapitres, dans le Livre. Ce sera mieux ainsi. La mésange charbonnière n'est pas revenue rôder près du nichoir, ni le chat noir et blanc dans la haie de thuyas. Samedi, il faisait un temps mouquirous (en gascon dans le texte), hier un printemps superbe, aujourd'hui entre les deux. Hegel météorologue (un titre pour Derrida). Une haute pile de livres que lit régulièrement mon fils, et jusqu'alors épars, a été, par mes soins, assemblée et forme un tumulus au milieu du salon.

12:30 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (4)

Oisifs

    « Transplantez le Tourangeau, ses qualités se développent et produisent de grandes choses [...] Le Tourangeau, si remarquable au dehors, chez lui demeure comme l'Indien sur sa natte, comme le Turc sur son divan. » (L'Illustre Gaudissart)

10:30 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (2)

mardi, 28 mars 2006

Ironie au noir

    Gêné aux entournures.

 

"Canal Mozambique, 28 mars 1958.

Dans l'estuaire de Mombassa les Anglais entretiennent encore quelques jolies pelouses. Mais toute cette côte d'Afrique est envahie par des Indiennes à lunettes, darwinistes et marxistes, comme la future population du globe."

(Roger Vailland. Ecrits intimes. Paris : Gallimard, 1968, p. 540)

 

L'histoire prit d'autres atours. Fantasmes de la pureté ou amour des "bonnes invasions" ?

19:40 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (7)

Mystères du corps

    Comme je ne me sens pas affamé, pourtant une douleur me tenaille le ventre, que soulage finalement, banalement, un casse-croûte de fortune ; comme je me sens très fatigué, le travail n'avance pas assez vite, et pourtant j'en abats bien aujourd'hui ; comme je vois le reflet de mes doigts dans le miroir de l'écran, je me dis que mes ongles sont mieux tenus que mes joues (qui arborent une barbe de deux jours).

18:48 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (3)

(D'après) Guillaume de Machaut

Quand li printempz bourgeonne

Li cuers se meurt d'amour

L'abeille papillonne

Sur la patate au four

 

Et quand l'été arrive

Li solis arde aux ieux

Des ammantes lascïves

Et des cuers audacieux

 

Tes cordes de théorbe

Sung biens casse-berlonz

Maintenant sur l'euphorbe

Butine li frelonz

17:25 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (12)

Eloge du paraître

Dehait li ber qui est de telle semblance

Com li oiseaux qui conchie son ni !

Conon de Béthune. Bien me deusse targier.

14:23 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0)

The Importance of Being Earnest

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Eh dis, Christophe, quels sont ces X de colombages ?

12:40 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (1)

28 mars 1043

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    Michel Ier Cérulaire devint patriarche de Constantinople le 28 mars 1043 ; il fut exilé quinze ans plus tard, avant de mourir le 21 janvier 1059.

L'exil ne réussit guère aux patriarches.

 

(Vous direz que, byzantinement, je coupe les cheveux en quatre.)

12:23 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (1)

Nuée

    Entre sept et dix, ce matin, il y a de la maintenance dans l'air, chez Haut&Fort.

 

: celles qui disparaissent :

10:43 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (1)

WHH

    Signe ou coïncidence ? Deux livres que je viens de lire, simultanément d'ailleurs, font assez longuement référence à W.H. Hudson, dont je pensais (sottement, arrogamment) être l'un des rares à connaître un peu les textes, pour des raisons complexes d'ailleurs*. Il s'agit de Rannoch Moor, le dernier volume paru du journal de Renaud Camus (chaudement recommandé) et du dernier roman traduit d'Enrique Vila-Matas, Docteur Pasavento (ditto).

Son nom, depuis que je le rencontrai, me fascina, et c'est peu dire que son œuvre aussi fut matière à intrigues et échauffement de synapses.

 

* Mon intérêt pour les auteurs « coloniaux » (en amont de mes travaux sur la postcolonie) d'une part, fascination du vieux Hueffer (mais si : F.H.H., aka F.M.H. aka F.M.F.) pour W.H.H. d'autre part.

09:00 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (1)

lundi, 27 mars 2006

Une pauvre feuille de laurier égarée

    Où se procurer les lettres écrites par Madame Hanska ? Il y avait tout à l'heure, sur France Musiques, une émission assez intéressante sur la "liaison dangereuse" entre Liszt et elle, où l'on entendait, bien lues, plusieurs lettres ou textes de Madame Hanska. Ce que j'ai pu trouver sur la Toile, c'est que Balzac avait dû brûler les lettres qu'elle lui écrivait, à la demande insistante de l'intéressée, mais ça ne m'avance pas beaucoup, puisque ces lettres, écrites dans un style fort beau, existent (à moins d'imaginer une facétie des auteurs de l'émission (hypothèse improbable)).

À titre d'exemple, je me rappelle qu'évoquant le fait que l'on pardonne plus facilement à un artiste de génie ses immoralités, dont elle avoue avoir ri, elle écrit qu'un artiste est "[comme?] une pauvre feuille de laurier égarée". Voilà une métaphore (ou était-ce une comparaison ?) d'une grande originalité, et très belle.

Ah ! je voulais déjà trouver le temps de lire les Lettres à Madame Hanska. Si je me mets à désirer les lettres de Madame Hanska, où allons-nous ?

21:21 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (2)

Le sel qui noie ta joie

    Thé vert, temps mitigé. La voix de Bertrand Belin. Il faut, bien sûr, retrouver le meilleur de soi. Une belle journée, ce lundi martial. Que les mensonges murmurés trouvent leur vraie bonté !

J'entends le soupçon colossal derrière les nuages. Cognée aux murs, l'encre sèche en graffiti terribles. Je juge hâtivement le sel qui noie ta joie.

 

17:52 Publié dans Sonnets de février et d'après | Lien permanent | Commentaires (1)

12 + 53 + 12

    Déjà douze des 77 miniatures ont été composées. Allons gaiement, d’un pas enjoué, d’une mine alacre, vers la treizième. Oui, il n’en reste que soixante-cinq, une paille.

Seulement douze des 77 miniatures ont été composées. Non, c’est à désespérer d’être prolifique. Il faudrait écrire dix fois plus de notes chaque jour. (Être lu, ça, une autre paire de manches.)

15:51 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (1)

Sodoku stup

    Ne parlais-je point de sudoku récemment ? Si fait. Pourtant, j'abhorre ce jeu. (Être fasciné par les nombres ne signifie pas que l'on se passionne pour la cruciverbie appliquée aux chiffres, il faut croire.)

Eh bien, avant-hier, ma compagne, qui consultait le quatrième volume du Robert culturel, m'apprit qu'il existait un substantif masculin qui en est le paronyme.

SODOKU <1916; transcription d'un mot japonais, composé de so "rat" et doku "poison"> Méd. Maladie infectieuse transmise par la morsure de rongeurs (notamment du rat).

 

Il avait été question, la veille au soir lors d'un dîner avec des amis, des dègues du Chili, petits rongeurs aussi nommés octodons, dont un de nos amis possède deux représentants. Ma compagne a donc, désormais, une excellente raison pour justifier sa répulsion viscérale et quasi-allergique aux rongeurs fourrés (lapins nains inclus). On apprend aussi, en cette page 838 du tome 4, que le japonais doku signifie "poison". Que le sudoku empoisonne la vie de ses adeptes, je n'en doute pas. (Que d'intolérance !)

Pourtant, signe de la nouveauté foudroyante de cette mode crucinumérale, SUDOKU ne figure pas dans le Robert culturel et marque, de sa béance, l'interstice entre SUDISTE et SUDORAL.

 

J'en viens au point d'ancrage de ce billet. Lorsque ma compagne me lut l'entrée du Robert culturel, je venais tout juste, moi, de lire les lignes suivantes :

Mais Jean Puyaubert nous disait toujours, à Jean-Paul, à Rodolfo et à moi :

« Vous avez toujours l'air de croire que c'est vous qui avez inventé la sodomie ! On ne vous avait pas attendus ! »

(Renaud Camus. Rannoch Moor. Fayard, 2006, p. 174)

 

Je vous laisse deviner quel mot suit immédiatement (et avec deux citations, l'une de Sade, l'autre de Joë Bousquet) SODOKU à la page 838...

14:45 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (1)

Nihilisme

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Souvarine, dans Germinal :
"Allumez le feu aux quatre coins des villes, fauchez les peuples, rasez tout, et quand il ne restera plus rien de ce monde pourri, peut-être en repoussera-t-il un meilleur."
I don't subscribe to this point of view.

13:05 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (3)

27 mars 1053

    De retour à Rome, le pape Léon IX leva des troupes pour aller guerroyer contre les Normands.

(Il mesurait plus de deux mètres : ça, c'est pour la petite histoire.)

12:00 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (1)

Hier aux griffes

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Contrairement à ce qui se pratique d'ordinaire sur ce site, il faut cliquer sur chaque image pour l'élargir. Toujours est-il que, si quelque flâneur pouvait traduire les quelques phrases en question (en deux langues non romaines (arabe et chinois ?)) qui furent lues sur le livre d'or de l'Hôtel Gouin, à Tours, le 4 mars dernier, je lui en serais fort reconnaissant !
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.....................................
Ce qui disparaît suffit-il à nous émouvoir ?

10:53 Publié dans Brille de mille yeux | Lien permanent | Commentaires (0)

Deux minutes de lucidité

    Quoi ??? Vingt-deux notes hier ? Faut s' calmer...

07:56 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (4)

dimanche, 26 mars 2006

Visions de printemps, IX

    La cascade de verdure détient le secret du dernier mot.

 

22:44 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0)

Visions de printemps, VIII

    Verdure désormais investie par les chasseurs, mais toujours lumineuse. Regret des ailes planes du vautour n'est rien ici. (Reviendra-t-il ? (Le reverra-t-on ?)) Dans la splendeur du conte de verdure, les oliviers comme des éventails prolongent le froncement de l'ombre. Une carriole bourgoise encore clapote. Voici une demeure pas massacrée, que flatte complaisamment (ironie) le regard (ironique) du cinéaste (violons ironiques). Violence onirique.

Puis Jésus et les apôtres échangent

Achtung

ou                      To be or not to be

avant du latin d'église (car prononcé en son sein).

Elle était vêtue d'une robe de faille couleur puce. La chasuble verte et d'or tourne le dos, dans la vérité moirée de son mensonge murmuré. Puis

la jeune fille de famille, dans son chemisier jaune à carreaux et son pantalon, demande une cigarette au chauffeur qui nettoie les fiacres. Elle grimpe sur le siège du chauffeur et l'agace de la pointe douce du fouet. Comme ça le chatouille à peine, il ne fait pas de foin. Sa casquette impeccable a pris un air soucieux. Il nettoie (ou le dit) les selles. Très jolie (mais sans poitrine, presque, sous son chemisier jaune à carreaux), elle honore le cuir, demande au chauffeur de venir.

Ils s'embrassent (bien sûr).

Au dîner pérore posément le prêtre. Un immense cierge décoiffe le maître de maison (le bourgeois fermier), sans le secours des grands gestes de mains du prêtre, avec ses lunettes d'intellectuel des pays de l'Est. Je ne vois que le col empesé de la domestique.

La mort

la torture

le massacre .........

......... il n'est question que de cela, dans le malaise des mots qui percent et fouaillent. Elle parle, au soleil couchant, dit ne plus pouvoir marcher sur l'air, car la magie s'éteint, aux atrocités bourgeoises. La femme parle, bouc émissaire, mouton noir (pourtant, en français, les expressions ne sont que masculines, suprême ironie (en anglais : scapegoat)). Des pleurs d'enfant dehors, ou hors les murs ? La mer étale, chèvre détale. L'enfant en bas âge est dressé, près de l'arbre colossal en fleurs.

22:33 Publié dans YYY | Lien permanent | Commentaires (0)

Visions de printemps, VII

    Six chasseurs l'ont abattu !

Effondré contre la terre, il ne peut voir le possédé et la parfaite jeune fille magique qu'attaquent les six chasseurs. le jeune fille est enlevée prestement, et le garçon si peu berger attaché à tourner la roue du puits. (Ce qui me fait penser à cette inscription curieuse à la base du puits des Compagnons, que mon fils a tout de suite reconnu, en image.)

Le cadavre est enlevé par les paysans. Roue tourne. Mourir au rouge des "bruyères", suivi de lourds nuages laiteux comme des cataplasmes.

Dans la maison bourgeoise, j'ôte ma casquette. La lourde porte de bois en toile de fond, j'ai déjà disparu, pour laisser le riche bourgeois fermier et la jeune dame converser.

Bohême bercée d'opulence blessante.

Belle bibliothèque.

22:13 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0)

Visions de printemps, VI

    Le cerveau échauffé, on se gorge d'eau, comme la prairie nourrie de pluie, aux premiers vents du printemps. (Peut-on écrire que cet anglais n'est pas catholique ? Mais la langue entendue est gouleyante comme une pierre frottée qui grasseye.) Vus d'en haut, les deux corps nus qui tâtonnent près du rivage comblent le vide à l'horizon. De leurs maigres gestes en forme de signatures émane une grande joie. Un Sisyphe de somme s'épuise, sans jamais (pense-t-on) connaître l'insomnie. Le berger honni accompagne ses pas sans honte. Le délivre.

22:06 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (0)

Visions de printemps, V

    Souffles de vent dans le sable, après la magie, rafales, galop dans la neige. Après une cavalcade, dans le prieuré en ruines, le moine tourne derviche. La beauté d'une quête spirituelle se fait jour dans la brume (qui n'est pas la neige). Je ne connais rien de plus beau, vautour, que ton envolée. Maintenant, quand les chèvres bêlent, quand tintent les clochettes, au gré du long chemin de froide pierraille, j'entends la voix qui me parle mais ne me dit rien, dont je suis obligé de suivre les méandres poétiques dans une langue qui n'est pas la mienne et que je comprends, signes en italiques pour dire le bannissement dans les ardoises neigeuses, les pas perdus des fuites montagneuses, tout comme le grand bœuf roux traverse le chemin entre deux maisons, avec les mêmes gestes mesurés que l'ermite (le presque plus vraiment berger) qui boit lentement, posément, respectueusement, son potage.

La mélopée (triste, affligée maintenant) accompagne les gestes de la tisserande. Tu enfourches encore ta monture... Grand paysage de montagnes noyées par les nuages, une ivresse perdue dans le chant des passereaux. C'est paroles fertiles qui parlent de stérilité. On ne peut pas quitter les lambeaux, se défaire des stigmates de la naissance (de l'origine). D'un visage de pierre antémanuélin pourra jaillir une fontaine.

Le soleil orangé brûlant, c'est lui. Se moquera-t-on de moi, devant le temple de fortune ? L'épopée n'est jamais vraiment belle que lyrique, pétrie de noble et altier lyrisme. Douze silhouettes contre le coucher de soleil ponctuent la crête du chemin de leurs exclamations, et pondent les répons. Il faut suivre la prière et voler dans les imprécations, comme un souffle de vent, une caresse d'Athis. Un unique nuage rose dans le ciel jaune rougi pointe de son doigt difforme ce choeur hiératique. Le vol d'un oiseau invite le spectateur à se faire haruspice. Se jeter à l'eau, et ne voir que la beauté sévère de la prêtresse. Bouclier lance croix sont autant d'accès à la vérité de l'arithmétique, à la verdure périe en hiver, aux douze paysannes dans le pré, à la prairie semée d'oliviers centenaires, aux noms infinis cachés dans les nombres.

Bouclier lance casque et pierre de la croix fleurissent dans nos regards qui suivent le fil du courant, baignant dans le même fleuve que le vieil Eschyle des montagnes portugaises, entre plaine et prairie, entre l'olive noire et la poutre qui pèse.

22:03 Publié dans Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (0)

Visions de printemps, IV

    La mer lie de vin, on s'enfonce dans l'eau avec vous, puis pleure en entendant le jeune homme chevelu appeler, éploré, Branca Flor. Elle joue de la "guitare" (théorbe, luth) à bord d'un "drakkar" richement peint. L’œil capte ce que ne saisit aucun mort.

Le cheval au labour cerne un chant qui s'éteint dans les volutes roux des sillons. La pente rude à l'ânière, avec ses bêtes au joug. La faîne est bien le fruit du hêtre. On imagine la magie.........

 

......... aucun âne n'est saisi de faim-calle.

21:38 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (0)

Visions de printemps III

    C'est la douceur de la parfaite jeune fille.

Rendre les habits (sans rancune) au regard mûr de complots. Oui, mais, au brasero du dieu citrouillard le presque plus tellement vrai berger s'humilie, de ne pouvoir faire naître le vin. La fileuse de quenouille menace. Il ne reste qu'à se lover entre les cuisses de la robe bleu ciel de la parfaite jeune fille. Ton monde mûr au marronnier va y perdre sa substance. Mon enfant rousseur, c'est le déclenchement du conte de frais.

Farine & cuves. Grappigrappigrappons le vin. Le balai de sorcière enfourne. Fanfare & cuivres (même pas).

Rapporte-moi une guitare que j'ai laissé choir au fond de la mer.

 

21:30 Publié dans YYY | Lien permanent | Commentaires (1)

Visions de printemps II

    Lentement j'abandonne mon large froc de moine, ou le dégage de mes épaules. Un ânon au fond, et l'histoire de l'âne. A story for asses. Mâchonner paisiblement assis contre le tronc d'un arbre (frêne?).

Ce n'est pas un froc. Voix off. Voix offerte. Cut. Cutanée. Lointaines figures s'éloignent sur le chemin sans plus rien dire qu'à sonnailles. Feu de joie, lente procession criarde de femmes sautillant à quatre pattes, toujours la même mélopée. Le repas funèbre s'anima, devint une immense frairie.

Ce n'est pas un froc. Ce n'est pas une guitare. C'est la "guitare". Ronde autour du feu. Fichus autour de la tête, les femmes battent la terre pelée de la main droite dans un mouvement sans cesse repris, aux accents lancinants de la rauque mélopée. Mine salopée.

Quel

est ce rituel ?

 

Treize hommes rassemblés, un de dos au premier plan, sept au fond adossés au mur de la grange, et cinq entre les deux "groupes". Vêtements paysans, bérets, paroles rauques, la pluie jaune du soleil. On doit adorer, vénérer celui qui, dans un film, montre aussi beau le vautour volant. Vautour fauve, plus bel oiseau, au moment où j'écrivais "pluie jaune".

Maintenant la scène des bergers d'Arcadie, le jeune berger stéréotypé, rebec et tout le tremblement (ou est-ce un flageolet?), dont la jeune fille (la fillette?) s'est approchée, agneau dans les bras, robe orange ultra-courte, dans la désolation du paysage grégaire. Air de flageolet, air de berger, puisque tu n'as pas trop l'air d'un verger.

Puis la rencontre. Verdure lumineuse encore et encore. Faux berger bonnet phrygien. À la frange d'un sublime paysage fait de riens. Les moutons noirs et blancs te suivent, mais c'est pour la galerie, pour le film, pour construire l'espace dénudé de nos regards à ta semblance, dans l'attente des flots oranges de cette rivière où se baignèrent les jeunes filles, et celle-ci, dans sa robe quasi de mariée se déshabille, puis filmée de dos, fesses et dos beaux mais hanches presque mâles de dureté, nage en cercles concentriques, rejoignant toutes trois dont le presque trop vrai berger (braiements) vole les habits à leur insu. Danse de leur nage dans l'eau, l'orage gronde-t-il ? Une nattée, peau très mate, cheveux d'une longueur étonnante, très belle malgré son peu de poitrine : le presque plus si faux que cela berger s'extasie dans l'espace.

Et in

Arcadia ego

 

Chants, diadème, répons, voile orange comme une couronne. Chants énigmatiques de tant de simplicité ouverte dans le creux des yeux. Fuite vers le sombre des forêts, je distingue les rousseurs de l'automne, que déchire l'orange de la vêture, de la parure.

21:21 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (1)

Visions de printemps

    Bizarres aquarelles, voix rauque ou perdue, titres très colorés : le générique de Veredas.

Nous avons neuf tisanes différentes, toutes en feuilles, et aucune en sachat (de vrais puristes). Un champ désolé d'oliviers, ou est-ce une colline, une butte ?

Lumière superbe, herbe verte.

Homme plaid à carreaux autour des épaules, jeune fille cape bleu ciel. Tous arbres tordus, herbe toujours lumineusement verte. Âniers qui passent.

Une quenouille : boa tarde. Autres quenouilles, qui dialoguent avec une hache. Filer, fendre. Rouge superbe du même geste que les gaveuses de mon pays. Les pierres jointent mal, au crachat dans les mains.  Le chemin de Damas ne mène pas aux caravanes, mais au torchon de l'arrière-plan. Ce qui fascinera, c'est le pantalon rapiécé, patchwork aux tuyaux asymétriques.

Un dragon sortira la tête de l'embrasure de cette demi-porte, pour faire taire le bûcheron de fortune, qui maintenant chante, sans se soucier du dragon. Pas du tout. Il est question de Maures (dans le sous-titrage anglais : moors, d'où ôer l'eau et le double rond de la lune).

Grande étendue jaune maintenant. Ajoncs, colza ? Air de guitare rès artisanale, de ferraille rapiécée, et passage de lourds laineux bêlants de gauche à droite. Ce n'est évidemment pas du tout une guitare. Est-ce bien la vérité, ou la verdure, la verdeur du cinéaste si vivant, dont l'image décharnée désenchante même les surfaces autrement imprimées ? Danses et chants (au coin du feu la vieille feule) semblent l'aune de tout discours. Le tissu fane.

Du chaudron maintenant la tête du dragon va jaillir et emporter la "guitare".

Le ver est dans le fruit, c'est dire que le printemps est dans le regard. Symétrie rouge de la fillette muette et de la ferraille posée sur les genoux du conteur bûcheron de fortune. Lampe à huile rire mouvement nerveux des sandales (ce qui se tient en travers des yeux). Attendons le dragon.

21:02 Publié dans MAS | Lien permanent | Commentaires (2)

20 + 19 + 20

    Il est commode de noter ici que déjà vingt textes ont été écrits et publiés dans la catégorie 59 et qu'il en reste donc trente-neuf à composer pour donner un semblant de rondeur à cette rubrique. Pourtant, si ces carnets ne devaient devenir que le simple reposoir (voire le déversoir) de mes maniaqueries arithmétiques, on n'irait pas bien loin. Je dois reprendre le fil distendu de mes réflexions, pour ne pas désarçonner davantage les pauvres lecteurs égarés.

17:27 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)

Manuel Jeronimo Romero de Avila

    Connaissez-vous le compositeur espagnol du XVIIIème siècle Manuel Jeronimo Romero de Avila ? Pas moi, en tout cas. Aucune information nulle part. Une énigme.

17:21 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : TRES GRANDE MUSIQUE

10

    au rond-point des mariniers

jetant noire l'ancre

une sterne allait

 

voletant de ci de là

comme un espoir en fureur

 

b on us

17:17 Publié dans Tankas de Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)

L

    Le nombril est aussi large et gluant qu'un puits près d'un débarcadère ; les vers de terre s'y tortillent joyeusement ; je grimpe dans le funiculaire, avec mes tatouages et mes cicactrices.

(Où je me rêve en pirate, ce qui est de l'ordre de l'exagération, pour le moins.)

 

Bonus IIIII et I

16:52 Publié dans Arbre à came | Lien permanent | Commentaires (0)

26 mars 1642

    Françoise Lacombe, Jean Taffoureau et Michel Daix ont pour points communs de ne pas être célèbres, d'être nés le même jour et d'être répertoriés dans les sites généalogiques de la Toile.

Bonus I

16:47 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (1)

Sans écran

    C'est tout de même une complaisance étonnante vis-à-vis de soi-même que de lire les dernières notes publiées, vérifier une fois encore les commentaires (nul nouveau à cette rubrique-là), songer à écrire le billet suivant, constater que déjà trois photographies ont été publiées aujourd'hui, contrairement à l'ordinaire, et ce alors que, pourtant, l'écriture du roman en cours est en rade.

Bonus II

16:42 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (0)

Jour de croûtes

    Ecrire les notes, puis les publier illico, c'est-à-dire, quand une fournée de textes naît sous les doigts, au frénétique tapotement du clavier, les publier les unes après les autres au lieu d'en échelonner la publication en ligne, serait une expérience à tenter. Some other time.

Entre-temps, ce dimanche aura été la journée des croûtes.

Tout d'abord, il est parfaitement scandaleux d'avoir confié la "décoration" (c'est-à-dire l'enlaidissement) du Muséum d'Histoire Naturelle de Tours à un "artiste" aussi nullissime que le ou la dénommé(e) D. Valique. À ce niveau-là, ce n'est même plus possible de parler de copinage (ce que ce doit être) : c'est du détournement d'argent public !

(Nous n'avions jamais visité le Muséum. L'exposition consacrée aux "insectes artificiels" mérite une visite ; c'est amusant.)

Ensuite, pour poursuivre dans les croûtes, la galerie Mathurin expose des toiles hideuses et néo-pompières sous le titre pompeux Surréalistes roumains. Ce genre d'imposture est vraiment à hurler.

Les photographies qui accompagnent les déjections en question sont d'un niveau moyen, et on leur en est, par contraste, éternellement reconnaissant !

Heureusement, il faisait un temps magnifique aujourd'hui, et pour la première terrasse familiale de l'année, au Lys d'Or, l'humeur au beau fixe.

16:36 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (0)

Violoncelle géant en Charente

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13:30 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (1)

Villandry par Clavreul

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    Dans la série des lectures (ou plutôt : des feuilletages (effeuillages?)) de livres "régionaux", il y a aussi, emprunté également à la médiathèque de La Riche, un livre assez curieux de Denis Clavreul, dont je connaissais les croquis et dessins animaliers (en particulier ornithologiques (je crois même que c'est lui qui a collaboré aux plus récentes rééditions des Oiseaux d'Europe de Paul Géroudet, ajoutant ses coups de plume et de pinceaux à ceux de Robert Hainard)), et qui s'est ici "attaqué" (sans connotation péjorative) aux Jardins de Villandry. On peut ne pas aimer les aquarelles de Clavreul, mais, au moins, le livre est bien fait, et il apporte un regard singulier sur ces jardins pourtant rebattus (à commencer par moi, qui y suis allé deux fois en à peine plus de deux ans).

 

Photographie : Droits réservés MuMM

13:00 Publié dans Brille de mille yeux | Lien permanent | Commentaires (2)

120 + 7 = 712 signes

    Allez savoir pourquoi, le calendrier, qui se trouve dans la colonne de droite et qui est l'un des points de repère les plus habituels de tout blog, indique qu'aucune note ne fut publiée le 6 de ce mois, ni le 18 d'ailleurs, ce qui est rigoureusement faux. Suis-je ainsi puni, par la force d'un arbitraire électronique méconnu, car je prête trop de soin à l'organisation des rubriques "notes récentes" et "commentaires récents", chacune marquée du sceau de ma passion pour les nombres premiers ? Ou est-ce un petit clin d'oeil moqueur, comme je m'enfonce dans la pratique des bonus, qui sont une tentative de pallier l'effritement du temps en saluant la "disparition" de certaines notes ? Peu importe, sans doute.

 

Bo n us

12:27 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0)

26 mars 1134

    Quand Saint Etienne, auteur de la Charte de Charité de l'ordre cistercien, mourut, le 26 mars 1134, l'Ordre comptait déjà soixante-quinze abbayes.

(Source : Abbayes.net)

```Bonus I, II et III ```

12:00 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (0)

Lucelle

    Il y a de curieux hasards. Cherchant des informations sur le mois de mars 1123, afin de composer l'une des Hystéries historiées, je découvre une page Web consacrée à l'Histoire de Lucelle, commune et abbaye dont j'ignorais totalement l'existence ; or, je lisais hier soir, avant de m'endormir, le quatrième chapitre de Suburban blues, dans lequel Yémy forge le néologisme lucelle, qui échappe à une jeune femme, en un moment d'extase sexuelle porteuse de métamorphoses lexicales.

Je crois me rappeler que le narrateur précise que "ça n'existe pas".

11:34 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (0)

Le Saché de Balzac, ou la malédiction ?

    J'ai parcouru, plus que lu, le livre de Marie-Françoise Sassier, Le château de Saché, refuge de Balzac. Nous avions visité Saché il y a plus de dix ans, et nous avons récidivé il y a bientôt deux mois, à l'occasion d'une très décevante exposition de Kantorowicz qui ne recèle quasiment que des croûtes (et qui doit s'achever bientôt, je pense).

Eh bien ! Il semble que la postérité de Balzac à Saché soit victime d'une forme de malédiction, car ce livre-là n'est guère meilleur que l'exposition en question : maquette hideuse, qualité très piètre des reproductions photographiques, sans parler de l'inévitable chapitre hagiographique à la gloire du président du Conseil Général. Bien entendu, on y apprend "des choses" sur les différents propriétaires du manoir depuis le dix-neuvième siècle, en particulier sur Paul Métadier, qui fut à l'origine de la création du Musée Balzac... mais on sent bien que ni l'auteur ni l'éditeur ne sont touchés par la grâce du bon goût, ni surtout, nourris d'une véritable admiration pour l'écrivain.

Le plus navrant, ce sont, sans doute, les cinq ou six pages consacrées à la célébration du bicentenaire de la naissance de Balzac, en 1999, dont il semble que rien ne l'ait distinguée de n'importe quel ringardise pseudo-populaire. Costumes paysans "d'époque", enfants des écoles rameutés pour faire nombre, grande randonnée pédestre où il ne semble pas que l'oeuvre de Balzac ait joué le moindre rôle...

En fin de compte, rien ne vaut d'arpenter les chambres de la demeure et les pelouses ou parterres, mais c'est regrettable, car il ne s'en faudrait pas de beaucoup pour que ce livre soit, non seulement instructif, mais aussi très plaisant

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11:23 Publié dans MAS | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 25 mars 2006

25 mars 1728

An advertisement published in the March 25, 1728, issue of The Daily Journal exhibits the "formal realism" for which Richardson's novels were to be so celebrated. Positioned between a notice that "a large Brick House" is "To be Lett" and an announcement that "the Principal Part of the Collection of Pictures, of Mr. Nicholas Blick, deceased" is "to be sold on Wednesday the 20th Instant, at his Son's House," it reads:

Lost on Thursday last, between Grace-Church-street, and Long-Acre, by a Person that went Part of the Way in a Hackney-Coach, about five Yards of Cambrick and two of Muslin, three little square Boards and several small Bits of Linen of different Colours, all ty'd up together in a blue and white check'd silk Handkerchief, with a reddish Border round the Edges, and mark'd with a D at one of the Corners: If the Person who has found the abovesaid Things, will bring or send them to Mr. RICHARDSON'S, Printer, in Salisbury-Court; or to Mr. BENN'S Coffee-house, in New Bond-street, by Hanover-Square, they shall receive half a Guinea Reward, and Thanks.

The advertisement's detailed description of the contents of the lost bundle is reminiscent of famous passages in Pamela, such as Pamela's account of the contents of the third of the three bundles into which she divides her belongings

(Jill Campbell. "Domestic Intelligence: Newspaper Advertising and the Eighteenth-Century Novel". In The Yale Journal of Criticism. Volume 15, Number 2, Fall 2002, pp. 251-291.)

23:30 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (1)

Sans cran

    C'est atroce : désireux d'écrire, j'ai allumé cet ordinateur, puis, par un glissement malencontreux, je me suis retrouvé à naviguer sur l'immense toile (cependant que la Musique (de Rameau puis de Marin Marais) me prenait comme une mer) et je n'ai rien écrit des huit ou neuf notes dont je caressais ardemment les scintillations. Est-il être plus velléitaire que moi ?

17:28 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (5)

Heugas

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    J'ai grandi près de Heugas, bourgade plus grande que mon village.
À Mauléon, une rue célèbre Jean-Baptiste Heugas, qui fut maire de la ville.
Il pleut sur les gravillons et le bitume.
Cette photographie fut prise il y a déjà sept mois et demi.
Cube jaune immobile.

13:55 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (0)

À ciseaux rompus

[Jeudi, onze heures du matin

une étudiante m’a posé un lapin]

 

    Dans les salons de coiffure se développe un art de la conversation dont la futilité a souvent été soulignée, mais non (généralement) le caractère particulièrement entrecoupé : sèche-cheveux, tondeuse ou téléphone sont au nombre des appareils qui interrompent de force la discussion. Souvent, je reste muet, mais c’est parfois moi, également, qui joue le rôle du chœur météorologique (la pluie et le beau temps, les mœurs du temps, les contretemps, tous sujets qui évitent de trop prendre à rebrousse-poil).

Un jour, à Beauvais, une coiffeuse m’avait avoué être raciste, puis avait expliqué pourquoi. Je lui avais dit, assez doucement, ma façon de penser, puis je n’étais plus jamais revenu dans son établissement. De toute manière, je ne suis guère fidèle, en matière de coiffeurs. J’en change comme de camisole. Trois ou quatre coupes d’affilée, c’est le summum de ma fidélité. On a les donjuanismes que l’on peut.

 

Nous avons tous des myriades de souvenirs capillicoles.

Entre autres surgeons qu’évoque le seul mot de coiffeur, je songe à la chanson de Gérald Genty, au banal distique initial :

Je préfère que le coiffeur parle peu

Je préfère qu’il se concentre sur mes cheveux

 

Le célèbre sketch de Desproges (on ne dit pas « je vais au coiffeur » mais « je vais au capilliculteur biocosméticien ») est presque effacé, ce matin, par le souvenir d’une mélodie lancinante, sans paroles, qui s’intitule Le Coiffeur : l’air se trouve sur un double album de Dexter Gordon que possèdent mes parents. Comme il s’agit d’une collection bon marché, de style best of, aucune référence ni au groupe de musiciens qui accompagnait le saxophoniste, ni au compositeur. Le titre en français laisse imaginer qu’il s’agit d’une chansonnette des années 1950 ; las de chercher l’origine de ce morceau, j’ai fini, un beau jour, par composer mes propres paroles sur cet air :

 

Quand je vais chez le coiffeur, je lui dis mes malheurs

Quand je vais chez le coiffeur, je lui dis mes humeurs

Mes folies

Mes soucis

Mes ennuis

Mes envies

 

Quand je vais chez le coiffeur, il saisit ses ciseaux

Quand je vais chez le coiffeur, il cisaille en biseau

Les cheveux

Des morveux

Des envieux

Des heureux

 

N’ayant ni sens de la honte ni dignité, je vous la chanterai un de ces quatre !

 

§§§ Bonus I et II §§§

11:35 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (5)

Délit de blasphème, suite

    Le débat se poursuit ici et .

(J'ajoute, pour information, que Siné est un dessinateur déjà bien âgé, je pense, puisqu'il illustrait déjà des couvertures du Livre de Poche dans les années soixante, notamment un exemplaire jauni de La Tête des autres de Marcel Aymé que je lus et relus plusieurs fois quand j'avais onze ou douze ans. Idéologiquement, ce n'est pas quelqu'un de modéré...)

 

::: Bonus I II :::

09:33 Publié dans Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (0)

Indes galantes

    Refuser la mort.
Trébucher dans la splendeur.
Voir s’anéantir tout espoir de terreur.
C’est à ce moment-là que je tremble d’effroi.
Les porteurs d’étendards arborent fièrement leurs mensonges.
Sans blague, il peut murmurer : sans aucun doute, Bellone est plus belladone.
Revenir à de plus nobles sentiments. C’est là une étape essentielle de ce moment.
Les anges volettent, s’inquiètent, regardent de très haut la fièvre curieuse et muette.
Fureur, stupeur : c’est l’effet de l’Air pour les Esclaves Africains.
Ecrire cette série de douze romans : l’un d’eux, Rigodon.
Mourir pour des chimères, ici ou ailleurs.
Être plus que jamais terrifié. Oui.
C’est le moment de l’extase.
Un sourire aux lèvres.
Le cœur joyeux.
Rire sans fin.
Ecouter le tonnerre.
Pourtant, nuages se dissipent.
Les soucis reviennent encore : froncer les sourcils.
Revenir (encore & encore) à de plus nobles sentiments.
Elle refleurit, l’espoir renaît, et je m’embarque pour Cythère.
Le nuage posé au haut de la colline, le peintre est en proie aux affres.
Voici surgir quelque seigneur, que l’on prend quand même (mais tièdement) au sérieux.
Rêver aux éclats.

07:50 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : TRES GRANDE MUSIQUE

vendredi, 24 mars 2006

Titres possibles pour un recueil

Au salon de coiffure, comme sur l'océan, quatre titres traversent l’esprit :

  • Mort ou if
  • Jardins estoniens
  • Terre, or immense
  • Îles lointaines

17:25 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (3)

Despotique cousinage

    De quoi servent les longs mots étirés, interminables, polysyllabes à la chaîne... Un effet mimétique, ici ?

 

"Quand le despotique cousinage bourgeois fait une victime, elle est si bien entortillée et bâillonnée, qu'elle n'ose se plaindre ; elle est enveloppée de glu, de cire, comme un colimaçon introduit dans une ruche." (Les Paysans. I, VIII.)

Ce doit être déformation professionnelle, mais cela me fait penser au mandarinat dans les universités françaises.

15:30 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (1)

22, porte bleue

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    La lettre d'infamie s'envole à tire-d'ailes.

14:20 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (3)

Revue de Bresse

(Explication du titre : j’écris ceci ampoulé.)

 

    Remontons l’arborescence des commentaires* : j’ai déjà écrit, chère Fuligineuse, que l’un des modes d’accès de ce carnet – pour ne pas y devenir complètement fou – était, notamment, de le lire par catégories. On peut aussi ne pas lire les délires les plus sombrement énigmatiques.

Balzac a bel et bien écrit, dans Les Paysans, l’adverbe “superfinement”. C’est un hapax.

J’aime l’hommage de Lucie Ferraille, son nom et son conseil de lecture. Ses propres textes sont pas mal étranges eux aussi.

Que Steph aussi soit remercié pour sa fidélité et sa gentillesse ! Il faudrait que je me décide à créer une colonne de liens vers les blogs que je lis, dont le sien

 

Je vais enfin répondre par une pirouette à la prolifique mais fort bienvenue Aurélie, qui est, comme vous l’aurez compris, l’une de mes (déjà) ex-étudiantes. Vous écrivez (sous influence) : That’s the end of my story. Je vais vous aiguiller vers un autre de mes écrivains fétiches, Breyten Breytenbach, dont le plus beau roman, Memory of Snow and of Dust, commence ainsi (sous la plume de Meheret)

This is where your story starts

et finit ainsi (sous la plume de Mano)

This is where my role ends

Je n’en écris pas plus: qu’il suffise de dire que Breyten Breytenbach est l’un des écrivains les plus importants du vingtième siècle (et au-delà, sans doute). Cette pirouette est aussi une manière de vous inviter, peut-être quand vous aurez plus de temps, à créer votre propre blog... non ?

Ai-je le droit d’ajouter que la note « Au Musée d’Ayala » est l’une de mes préférées et que je recommande que vous vous y replongiez, les uns et les autres ? Les peintres et les toiles dont il y est question existent bel et bien, de même que le Musée du titre.

 

Il faudrait aussi que je vous rappelle que l’une des rares notes « à contenu » (comme on peut, vilainement, dire), qui fut publiée hier, et, sans doute noyée sous les flots continus de ma pénible prose, n’a pas attiré l’attention que mérite son objet : la scandaleuse proposition de loi visant à rétablir le délit de blasphème. J’aimerais bien que nous débattions de cela, ce qui permettra de quitter les terres trop éthérées (ouah, celle-là, il fallait l’oser) de ma vague littérature (que le sens trop précis rature, as you know).

Aurélie a signalé que le caractère chimérique du concept de Dieu était ce qui en faisait le charme, et j’en tombe assez d’accord. Que Dieu soit l’affaire d’une pratique personnelle, ou une vue de l’esprit (au sens large et noble du terme), ne me gêne pas – mais je reste convaincu de la nécessité de « mourir pour des idées, d’accord, mais de mort lente ». Or, ce projet de loi nous enfermerait dans le déni de liberté et le risque de violences religieuses toujours plus meurtrières.

Je suis d'accord avec Denis et Martine, si ce n'est que, pour moi, la nuance entre athée et agnostique traverse aussi cette frontière : l'athée est celui qui combat les religions. La loi voulue par Jean-Marc Roubaud ne gênerait guère les agnostiques, mais elle empêcherait, de facto, aux athées comme moi de pratiquer ouvertement leur athéisme, c'est-à-dire la critique constructive des duperies sur lesquelles se fondent bon nombre de credos. J'ai écrit "pratiquer leur athéisme", car l'athéisme peut parfois sombrer dans les travers qu'il est censé dénoncer : intransigeance, conviction de détenir la vérité, etc. Travers dont il faut se garder, mais, si délit de blasphème il y a, il faudrait, idéalement, que les athées puissent attaquer toutes les déclarations officielles de représentants religieux qui sont une atteinte aux croyances des athées... J'ajoute, pour Marc, qu'il ne saurait y avoir, de mon point de vue, d'excès de laïcisme : la laïcité doit être appliquée strictement, point. Les parents d'élèves qui ne l'acceptent pas peuvent aller voir dans le privé si j'y suis.

 

 

* Grâce à ce stratagème, le nom de MuMM n'apparaît presque pas dans la colonne des commentaires, et je risque de gonfler artificiellement les statistiques. Quel roué, ce MuMM !

10:30 Publié dans Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (8)

BWV 1027 sqq

    La grande découverte de la semaine aura été la disque des Sonates pour viole de gambe et clavecin BWV 1027, 1028, 1029 et 1019, dans l'interprétation de Juan Manuel Quintana et Céline Frisch. C'est superbe de finesse grandiose, de minutieuses folies, de détours si directs qu'ils comptent parmi les plus touchants de la musique de Bach. Il n'y a pas si longtemps, la seule idée d'un disque en duo clavecin-viole eût suffi à me convaincre de ne pas m'y intéresser. Décidément, les préjugés sont toujours impertinents. (C'est là préjuger...)

09:23 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : TRES GRANDE MUSIQUE

Pensées

    Aujourd'hui, une amie, fidèle lectrice et commentatrice régulière, passe un entretien long et important en vue d'un éventuel recrutement, sur un poste qui lui plairait particulièrement. Je suis en pensée avec elle, we'll all keep our fingers crossed.

(Par ailleurs, elle aura une bonne cinquantaine de notes à lire à son retour. I dearly hope you'll get that job !)

 

Comme dirait le duc d'Elbeuf : Bonus I et II .

08:50 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (1)

Fatrasie du mercredi, 8

    Lorsque je vis en 1996, avec Jean-Pascal, à Cambridge, le film des frères Quay adapté du roman de Walser, Institute Benjamenta, force est de dire que : 1) je l’ai trouvé très beau 2) je n’avais jamais entendu parler de Walser auparavant 3) je n’y ai rien compris.

Admirateur de Walser, je n’ai toujours pas lu, à ce jour, ce qui est pourtant son roman le plus célèbre. Passent les vents, les piles restent.

04:00 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (3)

9

    Qu’attends-tu près de la Loire
sous ce pont honni
qui tremble de mots

moteurs charriant le sel
de leur terne puanteur ?

02:30 Publié dans Tankas de Touraine | Lien permanent | Commentaires (2)

Fatrasie du mercredi, 7

    Ces paragraphes j'égrène dans la chambre. De l’autre côté du mur, mon fils s’agite-t-il ? Un remous contre la paroi. Ce ne peut être le bruit des touches : clavier bien tempéré.

 

00:55 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 23 mars 2006

K

    Comme dans ce roman de Kadaré, je tiens le registre des rêves ; ma peau burinée se craquelle, laissant voir la peau, pisser le sang ; s’échappe à tout jamais l’héroïne.

(Où je me rêve en toxicomane, ce qui est loin du conte.)

23:20 Publié dans Arbre à came | Lien permanent | Commentaires (1)

Fatrasie du mercredi, 6

    J’ai été frappé, vendredi soir, lors de la lecture des premiers chapitres de Docteur Pasavento, par l’insistance du narrateur relativement à la conférence qu’il doit prononcer à la Chartreuse de Séville. Comme, dans la première partie, le narrateur est un double ombrageux de Vyla-Matas lui-même, et comme tout lecteur un peu assidu du Barcelonais sait qu’il a dédicacé presque tous ses livres « à Paula de Parma » (c’est encore le cas pour Docteur Pasavento) – hier soir, commençant la quatrième partie du roman, nulle surprise à voir qu’il y était question de la Chartreuse de Parme.

21:50 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : TRES GRANDE MUSIQUE

Fatrasie du mercredi, 5

    À creuser : de ma difficulté à être vif, balourd, touchant, captivant ou tout simplement un peu rigolo/ridicule en situation d’anonymat…

 

Visitant Semur, le 18 avril 1980 (Journal d’un voyage en France, p. 52), Renaud Camus rappelle que cette ville est le théâtre d’un bref roman de Mrs Oliphant, The Beleaguered City. On en trouve le texte en ligne ici.

18:45 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (1)

Fatrasie du mercredi, 4

    Ma compagne me fait remarquer que le peu de commentaires s’explique quand même par le caractère profondément abstrait de ce que j’offre en pâture. (Elle dit ça plus crûment.) Dans le précédent carnet, fermé pour cause de désir d’anonymat, je me livrais plus. L’homme faisait le style. Ici, le style fait l’homme, et tant pis si vous n’aimez pas les spectres !

(Je pense à cela, car cette série de paragraphes composant la fatrasie me paraît bien rébarbative.)

15:40 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (8)

Me voient vieillir

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    Depuis quand...? Faut le savoir...!

14:45 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (0)

Squelette, mon ami...

    E rose, comme chaque majuscule ici se vêt de noir, jaunit à la vue des nuages mordus...

"Vous eussiez prêté des âmes à ces petits os fins, brillants, vernis, bien coupés, transparents, et que laissait facilement voir une bouche trop fendue, accentuée par des sinuosités qui donnaient aux lèvres de la ressemblance avec les bizarres torsions du corail." (Les Paysans. I, XI.)

... mordus au vif, piqués par la famine, et rugissant tels des lions enfermés dans un wagon.

 

¤¤¤ Bonus II ¤¤¤

13:45 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (1)

Fatrasie du mercredi, 3

    Le chapitre IV de l’essai classique de Piera Aulagnier, La violence de l’interprétation, s’intitule « L’espace où le je peut advenir ». Toutefois, je le feuillette avant d’en commencer la lecture, et je tombe d’abord sur les en-tête des pages 141, 157 ou 165, où le titre du chapitre est repris, mais où, par une légère incurie typographique, la petite majuscule est U au lieu de Ù : la formule devient une belle et sombre phrase déclarative « l’espace ou le je peut advenir ». Si l'espace advient, plus de je dit...?

 

*** Bonus I ***

12:35 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (0)

23 mars 807

    Peut-être l'histoire devient-elle hystérique, justement, quand elle reste fidèle à ses structures (pastiche).

« The Battle of Dohgash in March 807 lasted over a week, involving 45000 Atlanteans at the beginning, as well as armoured tanks, against 35000 Rabarrans, and ending, after both sides had been reinforced, with 75000 Atlanteans and 55000 Rabarrans. The Rabarrans defended their trenches, and later the town itself, with great tenacity, causing the Atlanteans over 12000 casualties. Modern rifles and cannon meant that the battle spread itself out over eight miles in the end. » (Source : Graham Mabey. A History of Atlantis and the Atlantean Empire.)

 

Dégoiser, fariner, raconter fariboles : j'aurais peut-être dû publier cette note dans le chapitre consacré aux Murmures de Morminal.

 

### Bonus I et II ###

12:00 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (0)

Fatrasie du mercredi, 2

    L’exemplaire du Dialogue des morts de Fénelon reçu aujourd’hui date de 1900. Il porte sur sa couverture l’étiquette de la librairie Péricat, 35 rue de la Scellerie à Tours. La page de faux-titre porte un ex libris au crayon de papier ; le propriétaire de ce livre fut, en son temps et si je lis bien, un certain M. Galbrun, qui résidait au 13 rue de Jérusalem. Je me suis envié de ce livre, car je ne l’ai jamais lu ; ma compagne m’a appris que nous en possédions un exemplaire de poche, dans la collection Babel. Première nouvelle. Mais j’apprends aussi, par ce volume, que Boileau, Fontenelle et D’Alembert se sont signalés dans ce genre du dialogue des morts, qui me semble, soudainement, d’un attrait irrésistible. Franchement, par delà les avantages qu’en peuvent tirer la rhétorique ou la philosophie, est-il rien de plus formidable, pour un romancier, que de faire converser Napoléon et Fouquet, ou encore, dans un autre registre, Henry James et Dostoïevski, Ford Madox Ford et Richard Dadd, Roland Barthes et Andreï Biély, etc. ?

09:30 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (2)

Délit de blasphème... non merci !

    Il y a trois jours, je n'avais encore jamais entendu parler de Jean-Marc Roubaud, député UMP du Gard, dont je ne sais s'il est apparenté au grand Jacques Roubaud, le compositeur de mathématiques et de poésie qu'extrêmement je chéris (il est originaire du Gard ou de l'Hérault, d'où cette interrogation).

Le député, lui, est l'auteur d'une proposition de loi visant à réinstaurer le délit de blasphème. Ni plus ni moins.

Mes lecteurs anciens savent combien je tiens à la liberté d'expression, aux acquis de 1789 (qui incluent le droit au débat, à la libre pensée, à l'agnosticisme et à l'athéisme) et de 1905 (la séparation de l'Eglise et de l'Etat n'étant pas faite pour les chiens, je le rappelle).

Voici donc, pour servir au débat qui peut avoir lieu dans ces colonnes:

  • le texte de la proposition n° 2895, dont M. Roubaud est l'auteur
  • la réaction de l'Observatoire du communautarisme
  • l'opinion de Sotek (Agora Vox)
  • le point de vue de Claude Courouve, dont je ne partage pas les motifs (islamophobie, en grande partie, ce qui est à cent lieues de mon raisonnement), mais qui, sur le texte de J.-M. Roubaud, est assez juste.

 

Je n'ai pas trouvé de réaction favorable à cette proposition de loi, à part le Communiqué de l'Union des Associations Musulmanes de la Seine-Saint-Denis (UAM-93), publié le 17 mars 2006, mais j'accueillerai volontiers dans ces colonnes tout lien vers un texte soutenant la proposition de loi.

Pour ma part, je suis férocement hostile à ce que le délit de blasphème soit reconnu comme un crime, car je veux continuer de vivre dans un pays libre, ce qui signifie aussi que je veux avoir le droit de dénoncer les dérives des ultra-catholiques qui terrorisent les enfants, des islamistes qui font péter des bombes, des fanatiques juifs qui refusent toute avancée sur la Palestine, des mormons ou des témoins de Jehovah qui emmerdent le monde avec leur prosélytisme, etc. Je veux être libre de dire que je crois pas en Dieu, que Dieu, pour moi, est une idée vide, un concept chimérique, et qu'au nom de Dieu sont morts des dizaines de millions d'êtres humains. Je vous renvoie aussi vers un débat qui a eu lieu en d'autres temps, en d'autres colonnes, à propos de l'affaire des caricatures de Mahomet.

Petit détail qui pourrait bien avoir son importance, même si c'est par le petit bout de la lorgnette : M. Roubaud est membre des groupes parlementaires d'amitié France-Brunei et France-Qatar, mais aussi président du groupe France-Biélorussie, ce qui, plus encore dans le contexte actuel, montre que "cet homme de droite est également ouvert au dialogue avec les dictateurs post-soviétiques" (Caroline Fourest, Charlie-Hebdo du 22 mars 2006, p. 8).

09:08 Publié dans Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (6)

À l'allégresse modérée

    Petite chatte noire et blanche, tu viens de réapparaître, furtivement, pour laper de l'eau de pluie tombée dans le ramequin. Tu n'as plus honoré ton nid sous les thuyas.

Il pleut sur ton repas. Es-tu bien une femelle qui s'apprêtait à mettre bas ?

Tu as lapé de l'eau, puis tu es repartie. Mes yeux n'ont pas suivi tes pas.

 

::: Bonus II :::

08:05 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : TRES GRANDE MUSIQUE

Fatrasie du mercredi, 1

    Mercredi, onze heures du soir.

Je ne sais par quoi commencer cette fatrasie. Fatrasie, car mon cerveau est un tel capharnaüm, une telle bousculade de petites pensées informes, qu’il ne saurait y avoir d’ordre, de progression. Enfin, nous verrons bien.
[Il faudra peut-être en segmenter la publication. (D’un autre côté, c’est fatigant.)]

 

J’aime que la langue française, au dualisme constaté en allemand et en anglais, préfère, pour la situation pédagogique, une amphibologie : apprendre, c’est donner comme recevoir. Cela pose d’ailleurs d’énormes difficultés aux étudiants anglicistes peu attentifs, qui peuvent à l’occasion s’emmêler les pinceaux entre learn et teach, comme les germanistes approximatifs sont facilement déroutés par le duo lehren/lernen. J’enfonce des portes ouvertes, mais ce que je voulais raconter, c’est qu’ayant appris aujourd’hui à mon fils le mot alevin, j’ai été saisi de l’envie d’écrire une note sur ce beau mot, et donc par le désir d’en apprendre moi-même plus sur le mot, sur l’alevinage bien sûr, mais aussi – pourquoi pas ? – sur des poèmes qui feraient rimer ce substantif avec l’adjectif divin ou le nom devin.

Fils ? j’apprends plus encore que je ne lui apprends (enfin, il eût fallu que je me penchasse sur mes dictionnaires au lieu de me précipiter sur le prurit de ces pages).

 

 

--- Bonus I ---

06:25 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (1)

Outil précis

    Minuit dix.

    0 pour cent des visiteurs quotidiens arrivent en moyenne avant 0:09. Sur la base du nombre de visiteurs de 3 d'aujourd'hui jusqu'à ce moment, votre site peut atteindre aujourd'hui 695 de pages vues (+/- 400).

Nous vivons une époque formidable.

 

~~~~ Bonus I et II ~~~~

04:10 Publié dans Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (5)

22 mars 2136

    Comme la science avait progressé jusqu'à permettre de retarder beaucoup la mort, mais non tout à fait la vieillesse, ce jour-là, mourut, à l'âge palindromique de 161 ans, un écrivain atrocement ridé, qui avait publié trois cent trente neuf livres de son vivant, sans compter les innombrables textes posthumes, bribes trouvées de ci de là, qui furent rassemblés par ses fidèles dans un énorme recueil impossible même à feuilleter, et qui s'appelait Mascarade.

 

[Bonus évanescent.]

00:10 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 22 mars 2006

Vers le proverbe

    Je n'ai pas écrit une ligne de la journée, et c'est maintenant, à presque dix heures du soir, que je trouve seulement à tracer ces mots, qui ne disent pas grand chose, sinon que les notes assez longues publiées plus tôt ce mercredi avaient été écrites hier, et sont donc bien vaines - mais la vanité n'est-elle pas le propre de tout carnet un tant soit peu égotiste ou tourné vers soi ? Sous la pluie, pense au vent.

21:36 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)

Le mot est tiré

[Lire le chapitre précédent.]

[[[Bonus évanescent.]]]

 

medium_hpim1618.jpg

    Ma belle, ma merveille,

 

Quel cirque ! Je ne vais pas te raconter des bobards. Tu as vu juste, et tu étais même en dessous de la vérité. La lettre, elle, était en dessous du lit. Et moi, en dessous de tout. Pour faire bref : je n’ai effectivement pas ouvert ta lettre illico, je me suis laissé torturer par ce qu’elle pouvait contenir, puis je l’ai perdue, j’ai cru l’avoir égarée. Aujourd’hui seulement, faisant le ménage, je la découvre sous le lit, au milieu des flocons de poussière. Faut bien lutter contre la neige… !

Non, je fais de l’humour, mais c’est impardonnable, je suis inexcusable et ne te demande d’ailleurs même pas de m’excuser. Tu peux me crier dessus, tu avais dû finir par penser que je te boudais, tout comme moi je pensais avoir perdu ta lettre. Tu n’es pas tendre pour moi, mais c’est encore gentil, au vu des circonstances.

J’ai crié de stupéfaction et pleuré de t’avoir ainsi ratée. Je ne vais pas mettre de fausses larmes sur ta lettre et te la renvoyer, ça ne prendrait pas, mais crois-moi seulement : j’ai pleuré. Tu es donc venue, et je n’ai pas bougé d’un iota. En attendant, on a eu la merzlota. (Je sais que c’est la raspoutitsa quand la neige fond, mais c’est moche et ça ne rimait pas.) Fonte des neiges, élections, Dominique s’est ramassée dans les grandes largeurs, je ne sais pas où on va (entre toi et moi, ça, hein).

Je passe le temps à rien, donc à tout : je lis beaucoup, je me rappelle, je milite quand même, et je nettoie après ces sagouins. (Entre nous soit dit, aussi, les pires sont les camarades (au féminin, ah ah, la vieille blague continue).) Je vivote avec ce que me verse la section, et avec mes ventes. Maintenant, j’ai investi eBay que c’en est un bonheur. Je passe encore plus de temps sur l’ordinateur, qui ahane, et dans les vieilles granges. Mais les gens, pour leur faire lâcher leurs vieilleries à moi plutôt qu’à Emmaüs, pas facile. En plus, je me regarde mal dans la glace si je concurrence le Secours Populaire pour ma seule subsistance. Enfin, je ne change pas. Même, j’empire.

Assez parlé de moi – mais c’est pour bien te montrer que tout cela ne fut qu’un gigantesque malentendu. Je veux te voir, bien sûr, je suis si heureux d’avoir ta nouvelle adresse. Et je voudrais te demander si je peux venir te voir dans le Lot.

 

Je t’embrasse (il faudrait révolutionner les salutations de fin de lettre (vieille blague bis)).

Ton

Laurent

15:30 Publié dans Pauvres Pyrénées | Lien permanent | Commentaires (4)

Passage au vert

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     Je ne retrouve pas le passage de Docteur Pasavento (lu hier) dans lequel il est question de Buffon. Est-ce une imposture de ma mémoire (je lis plusieurs livres à la fois), de mes yeux tandis que je feuillette, ou de l’auteur de ces lignes (Her Lui) ? Le 9 mars, la rue Buffon, à Tours, était battue par les vents.

15:10 Publié dans 59, Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (3)

L'ambroisie des compliments

    La terre point ne ment...?

 

"Tout en faisant oublier adroitement Nicolas, pour dissiper la défiance dans cette ame naïve, Catherine y distillait superfinement l'ambroisie des compliments." (Les Paysans. I, XI.)

Cet adverbe qui ne se trouverait que sous la plume de Balzac, combien il revient hanter. Et quelle syntaxe, mes aïeux !

13:00 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (1)

Epuisés

    Mardi midi. Je reçois, très abîmé, un exemplaire du Journal romain de Renaud Camus. Le Journal d'un voyage en France, reçu samedi, est, lui, dans un état impeccable. C'est pourtant l'attrait du premier, sur les conseils si gentils d'une internaute amie, qui m'a fait acheter le second. Logique complexe des symétries. J'aurai le plaisir de lire ces textes épuisés.

 

[On brade : quelques mots de la belle Aelfgifu.]

12:10 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (0)

Comparer, comme un fou

« Pourquoi apparaissons-nous ? »

Telle est la simple question posée, à l’un des coins du labyrinthe de mots qui constitue la dixième double page de l’édition française du curieux poème de Ryoko Sekiguchi, Cassiopée Peca.

 

Comment disparaissons-nous !

Telle semble être l’exclamation que le narrateur du dernier roman d’Enrique Vila-Matas, Docteur Pasavento, inscrit, marque d’infamie et de facétie, au front de son lecteur.

 

Des guillemets à l’italique, il y a le fossé séparant le poème du roman, et qui n’existe pas. Ces épîtres seront cause de notre mort prochaine.

09:50 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (3)

D’une belle équivoque de Beyrouk

    « La fugue de Lolla m’a appris à tout attendre du nouveau cours des eaux. Elles peuvent rompre les digues les plus solides et aller dévaster les champs. La colère, la douleur m’ont longtemps empêché de regarder le miroir en face, de scruter les images crues renvoyées par le reflet des soleils qui passent. Mais désormais, il faudrait se laver les yeux, chasser les somnolences qui guettent et surveiller ! » (Mbarek Ould Beyrouk. Et le ciel a oublié de pleuvoir. Paris : Dapper, 2006, p. 75)

 

Crues : adjectif bifide, mais aussi nom commun.

Bechir, l’une des quatre voix du roman, évoque la rupture des digues, comme dans le célèbre poème d’Eluard (“Prends garde, c’est l’instant où se rompent les digues…”), et sous la plume vient ce curieux groupe nominal images crues renvoyées, dans lequel l’adjectif déjà riche de potentialités (cru au sens métaphorique de non cuit, ou de cruel, sanglant, brut) est suivi d’un participe passé. Le contexte aqueux invite le lecteur à voir dans ces “images crues” non seulement les visions brutes ou cruelles, mais aussi des images qui montent, eaux qui enflent, un fleuve chargé, en état de charrier.

Polysème à tout vent, dans l’œil du cyclone.

Du coup, le soleil se reflète et devient lui-même eau ; les yeux brûlants, sphères mimant la lueur de l’astre, doivent être lavés ; ces soleils pluriels sont des ors qui s’échappent de la répétition du son-graphème mais (Mais désormais).

Ainsi de suite.

 

.......

............ sans oublier Le Renard et les raisins, tous évanouis......................

06:40 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : TRES GRANDE MUSIQUE

mardi, 21 mars 2006

Il faut que genèse se passe

    Le premier billet publié de la catégorie Onagre 87 était « Ode naïve », mais deux textes avaient été écrits plus tôt ce même jour, qui avaient signé l’acte de naissance de cette série. « Ode naïve » fut écrit en bus, entre les quais et l’arrêt Chopin, au dos d’un bulletin de bibliothèque (les Sonnets de Shakespeare, dans la traduction des époux Bournet, parue chez Nizet en 1995, ouvrage à rendre avant le 10/11/05, et qui fut rendu en temps et heure), avec un bic noir, m’appuyant sur ma serviette.

 

[Hors-note : image évanouie.]

21:40 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (0)

Quatre-vingt-quinze fois sur cent

    Au stand des éditions christianbourgois (maissiceluiquineveutplus qu’onutilisedesmajuscules etpuisbientôtonvaaussiabolirlesespaces), j’ai feuilleté les trois premières pages, hilarantes, du chef-d’œuvre (ainsi est-il annoncé) de Roberto Bolaño, qui vient de paraître.

Je n’ai pas lu tous les livres du Chilien, mais enfin une demi-douzaine quand même. Celui-là a l’air très drôle. Je l’achèterai au Livre, le seul vrai libraire de Tours (Le Livre : place du Grand Marché (je ne me lasse pas de lui faire de la publicité, car il le vaut bien)). Je n’ai pas résisté, comme le savent ceux qui parviennent à suivre le fil(m) mouvementé de ces derniers jours, à acheter le dernier Vila-Matas, en cours de (délicieuse) lecture – mais je me suis conservé Bolaño pour une ultérieure razzia, d’autant que le libraire tourangeau m’a confié qu’il avait vendu soixante exemplaires d’Etoile distante et que j’ai le tempérament moutonnier (qui l’eût cru ?)

 

Bref… Au cours de ce feuilletage de bon aloi, j’entendis l’échange suivant entre un monsieur d’une quarantaine d’années, bien vêtu, et l’une des jeunes filles qui tenait le stand :

« – Vous faites un prix pour le Salon ?
– Ah non…
– Ah, ben, je l’achèterai à la FNAC alors. »

Cette dernière réplique dite d’un ton sauvage, vitupérant, français peut-être, accompagné d’un départ brusque, en reposant théâtralement le livre sur la mauvaise pile (et en me bousculant légèrement, de surcroît).

Que l’on tienne viscéralement à réaliser deux euros d’économie par ci, cinquante centimes par là, je le comprends fort bien (même si, à titre personnel, je m’en balance). Mais de là à manifester son mécontentement de cette manière, il y a un pas, de géant même, d’autant que le plus ridicule, dans cette histoire, est qu’il ne faisait pas vœu de boycotter l’éditeur ou Dieu sait quoi de vraiment théâtral : en quoi cette pauvre gamine allait-elle être touchée par une déclaration solennelle de cet ordre ? désormais, j’achèterai les livres des éditions Bourgois à la FNAC… mais faites, mon brave monsieur, du moment que vous continuez à lire nos auteurs…

 

[Et toujours en bonus, la note évanouie...]

16:45 Publié dans Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (2)

Mon Alisa

medium_hpim2136.jpg
/Il est dangereux de prendre des photographies en conduisant/
/////E pericoloso sporgersi.../////
[[[[[[[[[]]]]]]]]]
[Bonus : la note évanouie.]

15:35 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (0)

Le Lot est tiré

[Lire le chapitre précédent.]

 

medium_hpim1516.jpg    Non, ce n'est pas possible ! On est en juillet. Je n'y crois pas, pense Laurent Laignaux. C'est une farce. Elle est venue, et je n'ai pas donné signe de vie.

Une foule d'hypothèses saugrenues se sont bousculées dans son esprit en lisant la lettre : mentir. Mentir : la lettre n'est jamais arrivée. Mentir : j'allais très mal, et je ne t'ai pas répondu - maintenant, je vais mieux, etc. Mentir...

À quoi bon mentir ?

Au contraire, il va écrire aussitôt la lettre la plus sincère possible. Dire toute la vérité. Repasser les mois écoulés. Raconter les moutons. S'endormir en pleurant, comme naguère.

M. Laignaux, brocanteur par correspondance, hôte de la section locale du P.C.F., sanglote. Pris de court, il ne comprend pas d'où viennent ces verres d'eau salée, de quelle mer ni à quelle sauce les accommoder. Il laisse aller les flots ; à quoi bon retenir ?

Elle vit dans le Lot. Je vais lui écrire.

 

 

[Bonus : la note évanouie.]

15:25 Publié dans Pauvres Pyrénées | Lien permanent | Commentaires (0)

Au Musée d’Ayala

    En rentrant d’accompagner mon fils à l’école maternelle, je songeais à deux choses très précises : la lettre Y ; les mots qui contiennent trois fois la voyelle A, et seulement elle. Quand je me trouvai face à notre maison, je constatai que la porte-fenêtre de la chambre à coucher, qui se trouve à l’étage, au-dessus du garage, était grande ouverte. Je l’avais ouverte pour aérer, avant de descendre préparer le petit déjeuner. Puis ma compagne est partie au lycée, j’ai habillé mon fils, fait la vaisselle – nous avons quitté la maison en devisant du Carnaval (qui a lieu cet après-midi dans son école) et j’ai oublié cette maudite porte-fenêtre, qui est restée ouverte à tous les vents et aux cambrioleurs pendant une bonne demi-heure. Je ne sais si c’est le signe que l’heure n’était pas propice aux larcins, que le quartier est sûr ou bien (hypothèse plus retorse) qu’une maison trop évidemment livrée désarçonne les éventuels cambrioleurs, mais toujours est-il que rien ne semble avoir disparu. Déjà, par le passé, j’ai dû remonter précipitamment à l’étage une fois dehors, afin de refermer cette même porte-fenêtre.

Cet incident m’interrompit dans mes songeries, rêveries autour des mots et des lettres, réflexions aussi autour des noms propres. Faut-il ajouter ici, quoique je n’y songeasse nullement il y a dix minutes en rentrant de l’école maternelle, que j’ai regardé avant-hier le film de Wim Wenders, Die scharlachrote Buchstabe, adaptation du roman de Nathaniel Hawthorne (The Scarlet Letter, bien sûr), dont l’héroïne se nomme, assez curieusement, Prynne avec un Y ? (Elle se prénomme, non moins curieusement, Hester, avec un déplacement du H. (Mais on ne voit pas tout cela à l’écran. On peut connaître les noms pour avoir lu le livre, mais on ne voit dans le film, en fait de lettre, que le A. Pouvoir du cinémA.))

L’incident est clos, je pense. Mais il n’en demeure pas moins qu’il a interrompu le cours de mes pensées, de même que, comme l’écrit si bien Andrés Pasavento, le narrateur du dernier roman paru d’Enryque Vyla-Matas, « il faut se dire qu’une aspirine change une pensée, bien que personne ne sache pourquoi ». Je songeais donc aux mots qui contiennent trois fois la lettre A, et n’ont pas d’autre voyelle. J’y insiste, une fois encore : je ne pensais pas du tout au film de Wenders, ni au roman de Hawthorne. Il s’agissait plutôt d’une rêverie autour du mot Carnaval, puis autour du e muet de mascarade, du jeu de baccarat, des hasards d’un tel jeu, la baraka, etc. Mais cette rêverie était née d’une simple constatation, idiote sans doute : des quatre livres que je suis en train de lire (et dont l’un est interrompu sine die), un seul ne contient pas du tout la lettre Y dans son titre et le nom de l’auteur, d’où ma décision de n’orthographier – le temps de lire Docteur Pasavento ou d’en parler dans ces carnets – le nom de l’écrivain barcelonais que j’admire par-dessus tout Enryque Vyla-Matas, afin de résorber cette fâcheuse dissymétrie. J’ai interrompu il y a deux semaines ma lecture de Mason & Dixon de Thomas Pynchon (dont il est question dans Docteur Pasavento) ; j’ai commencé hier soir la lecture de Suburban Blues, le roman du jeune écrivain franco-camerounais* Yémy ; enfin, j’avais commencé hier matin la lecture de Dynamo de Tariq Goddard. J’ajoute que, pour écrire ce billet, j’écoute les actes IV et V d’Atys, opéra de Lully. Il manquait donc un Y, au bas mot, au glorieux Barcelonais.

[* Ce genre d’adjectif est sujet à caution : on peut se retrouver accusé d’à peu près n’importe quoi, de “cosmopolitisme” par les ultra-nationalistes et de racisme par les anti-racistes. Je précise, comme s’il en était besoin, que j’emploie cet adjectif pour dire, tout bonnement, que Yémy réside en France, a peut-être même la nationalité française (on ne fiche pas encore la carte d’identité des écrivains sur la quatrième de couverture), mais qu’il est, nous dit l’éditeur, né en 1975 à Douala, et que son narrateur se dit “K-mérien”. Il se situe donc dans le champ de ce que la théorie postcoloniale anglo-saxonne qualifie de hyphenated identity, une identité nationale et culturelle double. Voilà. (Comme quoi, pour simplifier avec un adjectif à tiret, on se retrouve à écrire une note d’une demi-page !)]

 

Prenez un cachet d’aspirine. Ça change les idées.

Blanc comme une épreinte de loutre, je poursuis cette curieuse chronique, ne désespérant pas de lasser même les plus fidèles de mes lecteurs. Je poursuis en prenant la tangente. Vous parler de mon long rêve de cette nuit. Le texte ne sera pas ultra-court, c’est déjà trop tard pour cela, alors autant embrayer sur un rêve extra-long. Car j’ai rêvé d’œuvres peu connues, toiles d’artistes philippins déjà anciens, morts depuis belle lurette. Je revoyais l’autoportrait de Fernando Amorsolo (dont le nom même invite aux lectures alternativement les plus noires et les plus printanièrement idéalistes), ce curieux tableau qui représente l’artiste, à gauche, s’accrochant, de la main droite, au chevalet, qui occupe le tiers droit de la toile ; le peintre semble avoir une phalange manquante à l’index. Je revoyais Tampuhan, le célèbre tableau de Juan Luna, peint en 1895, quatre ans avant la mort de cet artiste à la vie mouvementée : il représente, vue de l’intérieur d’une maison, une terrasse qui donne sur une rue haute en couleurs et riche en lampions ; une jeune femme en robe, très agitée, fait face au spectateur ; un homme en costume beige clair lui tourne le dos, et semble regarder, la joue droite maussadement appuyée contre le poing, la rue. Je revoyais enfin une photographie prise par le grand Fernando Zobel lui-même dans les années 1950 : ce cliché en noir et blanc représente un ouvrier qui tire sur sa cigarette en s’abritant à l’intérieur d’une locomotive absurdement minuscule ; l’homme nous fixe, mais n’est-il pas lui-même surveillé par les deux globes laiteux du lampadaire à l’arrière-plan ? Le tirage a mal vieilli et s’intitule Man seated in a caboose ; il est conservé au Musée Ayala.

 

Mon rêve était comme une rue haute en couleurs et riche en lampions, un matin de carnaval, un cauchemar sans importance, un manque soudain de baraka, et je tournoyais dans les couloirs du Musée Ayala, où je ne suis jamais allé mais d’où j’ai ramené, en rêve, la conviction que j’étais épié par les lampadaires éteints de la rue où je vis. Peut-être le thé ou l’aspirine me délivreront-ils de ces tableautins.

 

[Bonus : la note évanouie.]

11:45 Publié dans MAS | Lien permanent | Commentaires (9)

Latréaumont

    En réponse au commentaire de Stéphane :

J'ai emprunté dès hier un exemplaire de ce roman, par ailleurs épuisé, à la Bibliothèque Universitaire. Il s'agit de la collection des Classiques Populaires Garnier, dont j'ignorais même l'existence. Le texte a été établi et (brièvement) introduit par Claude Cantégrit. L'introduction s'achève d'ailleurs sur un parallèle avec Maldoror, mais le plus amusant est que l'universitaire (ou le typographe) s'est emmêlé les pinceaux et orthographie Lautréamont en gardant le nom du héros du roman de Sue ! Ce qui donne quelque chose d'assez incompréhensible. Jugez plutôt :

On ne peut alors s'empêcher de songer, comme Sue, à Macbeth, mais aussi à tous les descendants maudits de la race romantique et, par-dessus tout, à Isidore Ducasse, comte de Latréaumont [sic]. Et non seulement pour la filiation nominale (qui a déjà été soulignée et établie et que nous ne discuterons pas ici), mais aussi pour le lien d'ordre spirituel qui unit le personnage historique et littéraire qu'est Latréaumont à celui de Maldoror.

 

Comme j'égratigne (gentiment) un collègue, je dois avouer

        1) n'avoir jamais lu un roman d'Eugène Sue

        2) n'avoir jamais entendu parler de cette influence au cours de mes études ducassiennes et n'être tombé par hasard sur le titre du roman que ce samedi

        3) avoir participé naguère, avec plusieurs amis, à un roman collectif qui empruntait tous ses titres de chapitre à La Vigie de Koat-Vën. Nous en sommes venus à bout, et ce fut une sorte de baggy monster à peu près farcesque et illisible, mais seul l'un d'entre nous a lu, une fois notre entreprise achevée, le roman de Sue.

10:25 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (0)

Salon du livre, sept

    Christian Bourgois, éditeur pour qui j’éprouve de l’admiration – du seul fait que maints auteurs qu’il publie ou publia comptent parmi mes préférés –, a conçu ces jours-ci un petit catalogue rétrospectif de 32 pages, composé intégralement en minuscules. C’est extrêmement irritant. Ainsi, tous les noms et prénoms d’auteur commencent par des minuscules : ridicule effet de mode.

Le pire, évidemment, est que le catalogue commence par un panégyrique à la gloire de christian bourgois, suivi d’un choix personnel du même, qui a sélectionné huit titres qui l’ont particulièrement marqué et dont il dit, pour chacun, quelques mots. Ce que dit christian bourgois (je ne l’écrirai plus qu’ainsi) est, au demeurant, fort intéressant. Mais comment adhérer sans une moue ironique, voire un flanc éclat de rire, à l’autoportrait (car n’est-ce pas lui qui a écrit le « chapeau » de préface ?) qui décrit cet « immense éditeur connu pour son élégance et son intransigeance » ?

J’en reviens à cette histoire des trente-deux pages composées intégralement en minuscules : voilà le contraire même de l’élégance (à moins de considérer comme élégantes les cravates orange sur chemise vert pomme) et de l’intransigeance (car si ce n’est pas sacrifier à la mode des pochettes d’album pop, je n’y comprends plus rien).

09:30 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (0)

L’On du Livre

    On dit on. Pas par commodité, mais pour ne plus s’y retrouver, comme dans le labyrinthe de fer forgé. Or, une dame nous tendit un prospectus pauvrement ronéoté, après s’être assurée, nous scrutant un interminable instant, que nous écoutions Alain Mabanckou avec la déférence qui s’impose.

La feuille de format A4 annonce le Premier Printemps des Intellectuels, Poètes, Ecrivains et Artistes Noirs, à la Sorbonne, le 8 avril 2006 à 13 h 30 (amphithéâtre Richelieu), à l’initiative de Djibril Gningue, président de l’Association Internationale Cheikh Anta Diop.

04:45 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (2)

lundi, 20 mars 2006

Salon du Livre, 4

    Rassurons les matérialistes qui craindraient que la majuscule ici imposée au nom commun livre ne signifie une quelconque sacralisation : fort heureusement, le Salon célèbre surtout les bouquins de stars du show business, les éditeurs soucieux de vendre de la soupe, le Lion’s Club ou France Télévisions, qui sont, comme chacun sait, les officines de la bibliophilie contemporaine. Soyez donc rassurés : vous ne croiserez pas beaucoup d’éditeurs et de lecteurs aux paupières brûlées par les braises de l’Idéal. Les marchands du temple sont bien en place.

19:15 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (4)

Pierre-Alain Goualch Trio :: Anatomy of a Relationship

    Je ne compte pas écrire quarante paragraphes sur cet album au demeurant tout à fait délectable – tout au plus veux-je ici noter en vrac quelques remarques, un peu télégraphiques.

 

Disque acheté sur eBay. Exemplaire interdit à la vente. Not for sale, quoi.

 

Dès les premières notes, sous les doigts agiles de Rémi Vignolo, on sait que le contrebassiste va écraser cet album sous le poids de son excellence. (Pourtant, Ceccarelli et Goualch sont de sacrés clients.) On ne se trompe guère.

Standards (Not for sale, magistral), mais principalement d’intéressantes reprises de chansons françaises : mention spéciale pour Boum (syncopé), Elisa (mélancolique), De la joie (dilaté donc sévère).

 

Du fort bon « jazz français » (whatever that is).

Avec cet agacement qu naît des textes dits : entre deux morceaux, presque systématiquement, des voix disent des vers ou de belles phrases qui n’apportent rien, et, au contraire, déprennent de la musique.

Pas d’unanimité, mais unisson sur la qualité.

Univers sonore à suivre.

 

P.-A. Goualch Trio. Anatomy of a Relationship. Cristal Records, 2004.

17:55 Publié dans J'Aurai Zig-Zagué | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : TRES GRANDE MUSIQUE

Lavé rité

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On peut dire les deux.
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16:00 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (0)

Le lot est tiré

[Lire le chapitre précédent.]

 

    Mon cher Laurent,

Que d’eau coulée sous les ponts, hein ? J’ai le sentiment que tu t’ennuies plus encore dans ta vie de tous les jours qu’à l’époque de nos amours malheureuses. Tu t’encroûtes (j’ai mes espions). Pourtant, je subodore que l’enveloppe qui couvrira ce billet va rester des semaines intacte, à prendre la poussière peut-être. Je n’ose imaginer même le foutoir chez toi. Je te taquine, tu vois. Quel espoir ai-je même que tu continues à lire, le jour où tu auras enfin décacheté l’enveloppe – si je me gausse ? Bon, ce n’est pas méchant.

Je voulais seulement t’écrire que je viendrai dans ton coin le mois prochain. Un taudis pour touristes m’abritera à Cauterêts du 21 au 27 février, et j’aimerais qu’on se revoie. Ecris-moi. Don’t be shy.

De l’anglais maintenant ; il est temps que j’arrête. C’est le whisky, penses-tu, et tu ne te trompes même pas.

Je t’embrasse,

Queen Lili

15:20 Publié dans Pauvres Pyrénées | Lien permanent | Commentaires (5)

Ode naïve

    L’hiver n’est jamais si soudain que le printemps. Premier midi ensoleillé a déjà goût d’été. L’automne est une saison bien plus équivoque, à cet égard, sous nos latitudes.

Le bar du Musée, près de la place Anatole France, est l’un des établissements les plus hideux et les moins conviviaux de Tours, mais on s’y retrouve quand, à l’heure du déjeuner, on a raté le bus 8 et qu’on doit poireauter vingt-cinq minutes avant le suivant. Un sandwich et un demi ; la première terrasse, en bras de chemise.

13:33 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (0)

J

    Le cabriolet Régence baigne dans son jus ; Denise, je vous vis jouer Oh les beaux jours (à Beauvais) ; on ne va pas appeler le SAMU pour si peu.

(Où je me rêve en antiquaire urgentiste : il faudrait d'abord savoir ce que c'est.) 

12:20 Publié dans Arbre à came | Lien permanent | Commentaires (2)

Abdourahman : Waberi :: Aux : Etats-Unis : d’Afrique

    Le dernier roman paru d’Abdourahman Waberi est tout à fait recommandable. À partir d’une idée complètement casse-gueule (l’inversion, point par point, de la situation géopolitique), il réussit à tisser un récit fragmentaire, qui s’adresse principalement au tu de l’héroïne, Marianne / Maya.

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Le titre est assez connu ou compréhensible : l’expression est souvent utilisée par les panafricanistes les moins désenchantés ou les palabreurs les plus ironiques. Ici, Waberi part de l’idée que la situation de notre planète est exactement l’inverse de ce qu’elle est en fait, du point de vue du rapport des forces entre continents, entre religions, peuples, etc. Autrement dit, l’Afrique est l’eldorado où affluent des réfugiés de tous les coins du monde, Amériques et Europe déchirées par les guerres civiles sanglantes, les dictatures sanguinaires et sans espoir d’avenir. Les dirigeants africains commencent d'ailleurs à vouloir se débarrasser de toute cette racaille...

Il est à noter que Waberi, pour la commodité du sujet, fait l’impasse sur l’Asie, qu’il s’agisse des poches de pauvreté (Laos ou Sri Lanka) ou des nations les mieux émergentes (Inde) ou surtout d’une superpuissance comme la Chine, qui, ne l’oublions pas, est en train d’imposer ses codes et ses décisions à tout le monde. (Quand la Chine s’éveillera, qu’ils disaient… Ce n’est pas que la Chine ne se soit pas éveillée, c’est qu’elle est devenue de plus en plus active et subtile, en endormant et muselant, dans le jeu diplomatique et économique, tous ses éventuels rivaux. Enfin, ce n’est pas le sujet de ce billet.)

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J’avais été légèrement (oh, très légèrement, tout est relatif) déçu par les deux ouvrages précédents de Waberi, et en particulier par Transit, que j’avais trouvé légèrement redondant, emphatique, parfois à la limite du creux de la vague, comme si son auteur (que j’admire beaucoup et dont le sommet reste, à mon sens, la Trilogie de Djibouti (disponible en collection ‘Motifs’), en particulier Le Pays sans ombre) devenait tributaire d’un certain discours obligé.

Ainsi, Aux Etats-Unis d’Afrique me fait presque l’effet d’une renaissance. Waberi fait cavalier seul, sur la corde raide – et finalement, avec cette forme d’utopie très particulière, qui narre le retour au pays natal d’une Normande adoptée par des Africains de l’Est opulents et intellectuels, Waberi se trouve, non une autre voix (car le style est inimitablement le sien), mais un autre chemin, d’autres possibilités, des combinaisons multiples qu’il n’avait pas encore entrevues, ou que, à tout le moins, il n’avait pas encore suscitées sous sa plume. Ce qui le sauve, en fait, c’est son goût du fragment, qui le dissuade de vouloir donner une allure cohérente ou homogène à son roman : ici, le bris, la bribe, la fracture conviennent merveilleusement bien. L’inversion poussée au système eût été catastrophique.

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Peut-être n’ai-je rien dit du roman, et d’autres, moins au fait de l’œuvre de Waberi, ou plus tentés par une étude «objective» de ce livre, tireront-ils de tout autres conclusions. Peut-être n’ai-je souligné, dans ce billet, qu’une seule toute petite chose : ma bien subjective admiration grandissante pour les funambules, les danseurs de corde, les écrivains qui, d’une idée de départ bancale, d’un sujet audacieux, piégé, infaisable, font un livre inattendu, indéniablement réussi, et touchant.

 

A. WABERI. Aux Etats-Unis d’Afrique. Paris : Lattès, 2006.

11:45 Publié dans MAS | Lien permanent | Commentaires (0)

8

    Défilé rue Nationale

emportant tout sur

son nuage Un peu

 

de rêverie tourmentée

aux terrasses des cafés

 

10:20 Publié dans Tankas de Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)