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dimanche, 26 mars 2006
Visions de printemps, VI
Le cerveau échauffé, on se gorge d'eau, comme la prairie nourrie de pluie, aux premiers vents du printemps. (Peut-on écrire que cet anglais n'est pas catholique ? Mais la langue entendue est gouleyante comme une pierre frottée qui grasseye.) Vus d'en haut, les deux corps nus qui tâtonnent près du rivage comblent le vide à l'horizon. De leurs maigres gestes en forme de signatures émane une grande joie. Un Sisyphe de somme s'épuise, sans jamais (pense-t-on) connaître l'insomnie. Le berger honni accompagne ses pas sans honte. Le délivre.
22:06 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (0)
Visions de printemps, V
Souffles de vent dans le sable, après la magie, rafales, galop dans la neige. Après une cavalcade, dans le prieuré en ruines, le moine tourne derviche. La beauté d'une quête spirituelle se fait jour dans la brume (qui n'est pas la neige). Je ne connais rien de plus beau, vautour, que ton envolée. Maintenant, quand les chèvres bêlent, quand tintent les clochettes, au gré du long chemin de froide pierraille, j'entends la voix qui me parle mais ne me dit rien, dont je suis obligé de suivre les méandres poétiques dans une langue qui n'est pas la mienne et que je comprends, signes en italiques pour dire le bannissement dans les ardoises neigeuses, les pas perdus des fuites montagneuses, tout comme le grand bœuf roux traverse le chemin entre deux maisons, avec les mêmes gestes mesurés que l'ermite (le presque plus vraiment berger) qui boit lentement, posément, respectueusement, son potage.
La mélopée (triste, affligée maintenant) accompagne les gestes de la tisserande. Tu enfourches encore ta monture... Grand paysage de montagnes noyées par les nuages, une ivresse perdue dans le chant des passereaux. C'est paroles fertiles qui parlent de stérilité. On ne peut pas quitter les lambeaux, se défaire des stigmates de la naissance (de l'origine). D'un visage de pierre antémanuélin pourra jaillir une fontaine.
Le soleil orangé brûlant, c'est lui. Se moquera-t-on de moi, devant le temple de fortune ? L'épopée n'est jamais vraiment belle que lyrique, pétrie de noble et altier lyrisme. Douze silhouettes contre le coucher de soleil ponctuent la crête du chemin de leurs exclamations, et pondent les répons. Il faut suivre la prière et voler dans les imprécations, comme un souffle de vent, une caresse d'Athis. Un unique nuage rose dans le ciel jaune rougi pointe de son doigt difforme ce choeur hiératique. Le vol d'un oiseau invite le spectateur à se faire haruspice. Se jeter à l'eau, et ne voir que la beauté sévère de la prêtresse. Bouclier lance croix sont autant d'accès à la vérité de l'arithmétique, à la verdure périe en hiver, aux douze paysannes dans le pré, à la prairie semée d'oliviers centenaires, aux noms infinis cachés dans les nombres.
Bouclier lance casque et pierre de la croix fleurissent dans nos regards qui suivent le fil du courant, baignant dans le même fleuve que le vieil Eschyle des montagnes portugaises, entre plaine et prairie, entre l'olive noire et la poutre qui pèse.
22:03 Publié dans Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (0)
Visions de printemps, IV
La mer lie de vin, on s'enfonce dans l'eau avec vous, puis pleure en entendant le jeune homme chevelu appeler, éploré, Branca Flor. Elle joue de la "guitare" (théorbe, luth) à bord d'un "drakkar" richement peint. L’œil capte ce que ne saisit aucun mort.
Le cheval au labour cerne un chant qui s'éteint dans les volutes roux des sillons. La pente rude à l'ânière, avec ses bêtes au joug. La faîne est bien le fruit du hêtre. On imagine la magie.........
......... aucun âne n'est saisi de faim-calle.
21:38 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (0)
Visions de printemps III
C'est la douceur de la parfaite jeune fille.
Rendre les habits (sans rancune) au regard mûr de complots. Oui, mais, au brasero du dieu citrouillard le presque plus tellement vrai berger s'humilie, de ne pouvoir faire naître le vin. La fileuse de quenouille menace. Il ne reste qu'à se lover entre les cuisses de la robe bleu ciel de la parfaite jeune fille. Ton monde mûr au marronnier va y perdre sa substance. Mon enfant rousseur, c'est le déclenchement du conte de frais.
Farine & cuves. Grappigrappigrappons le vin. Le balai de sorcière enfourne. Fanfare & cuivres (même pas).
Rapporte-moi une guitare que j'ai laissé choir au fond de la mer.
21:30 Publié dans YYY | Lien permanent | Commentaires (1)
Visions de printemps II
Lentement j'abandonne mon large froc de moine, ou le dégage de mes épaules. Un ânon au fond, et l'histoire de l'âne. A story for asses. Mâchonner paisiblement assis contre le tronc d'un arbre (frêne?).
Ce n'est pas un froc. Voix off. Voix offerte. Cut. Cutanée. Lointaines figures s'éloignent sur le chemin sans plus rien dire qu'à sonnailles. Feu de joie, lente procession criarde de femmes sautillant à quatre pattes, toujours la même mélopée. Le repas funèbre s'anima, devint une immense frairie.
Ce n'est pas un froc. Ce n'est pas une guitare. C'est la "guitare". Ronde autour du feu. Fichus autour de la tête, les femmes battent la terre pelée de la main droite dans un mouvement sans cesse repris, aux accents lancinants de la rauque mélopée. Mine salopée.
Quel
est ce rituel ?
Treize hommes rassemblés, un de dos au premier plan, sept au fond adossés au mur de la grange, et cinq entre les deux "groupes". Vêtements paysans, bérets, paroles rauques, la pluie jaune du soleil. On doit adorer, vénérer celui qui, dans un film, montre aussi beau le vautour volant. Vautour fauve, plus bel oiseau, au moment où j'écrivais "pluie jaune".
Maintenant la scène des bergers d'Arcadie, le jeune berger stéréotypé, rebec et tout le tremblement (ou est-ce un flageolet?), dont la jeune fille (la fillette?) s'est approchée, agneau dans les bras, robe orange ultra-courte, dans la désolation du paysage grégaire. Air de flageolet, air de berger, puisque tu n'as pas trop l'air d'un verger.
Puis la rencontre. Verdure lumineuse encore et encore. Faux berger bonnet phrygien. À la frange d'un sublime paysage fait de riens. Les moutons noirs et blancs te suivent, mais c'est pour la galerie, pour le film, pour construire l'espace dénudé de nos regards à ta semblance, dans l'attente des flots oranges de cette rivière où se baignèrent les jeunes filles, et celle-ci, dans sa robe quasi de mariée se déshabille, puis filmée de dos, fesses et dos beaux mais hanches presque mâles de dureté, nage en cercles concentriques, rejoignant toutes trois dont le presque trop vrai berger (braiements) vole les habits à leur insu. Danse de leur nage dans l'eau, l'orage gronde-t-il ? Une nattée, peau très mate, cheveux d'une longueur étonnante, très belle malgré son peu de poitrine : le presque plus si faux que cela berger s'extasie dans l'espace.
Et in
Arcadia ego
Chants, diadème, répons, voile orange comme une couronne. Chants énigmatiques de tant de simplicité ouverte dans le creux des yeux. Fuite vers le sombre des forêts, je distingue les rousseurs de l'automne, que déchire l'orange de la vêture, de la parure.
21:21 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (1)
Visions de printemps
Bizarres aquarelles, voix rauque ou perdue, titres très colorés : le générique de Veredas.
Nous avons neuf tisanes différentes, toutes en feuilles, et aucune en sachat (de vrais puristes). Un champ désolé d'oliviers, ou est-ce une colline, une butte ?
Lumière superbe, herbe verte.
Homme plaid à carreaux autour des épaules, jeune fille cape bleu ciel. Tous arbres tordus, herbe toujours lumineusement verte. Âniers qui passent.
Une quenouille : boa tarde. Autres quenouilles, qui dialoguent avec une hache. Filer, fendre. Rouge superbe du même geste que les gaveuses de mon pays. Les pierres jointent mal, au crachat dans les mains. Le chemin de Damas ne mène pas aux caravanes, mais au torchon de l'arrière-plan. Ce qui fascinera, c'est le pantalon rapiécé, patchwork aux tuyaux asymétriques.
Un dragon sortira la tête de l'embrasure de cette demi-porte, pour faire taire le bûcheron de fortune, qui maintenant chante, sans se soucier du dragon. Pas du tout. Il est question de Maures (dans le sous-titrage anglais : moors, d'où ôer l'eau et le double rond de la lune).
Grande étendue jaune maintenant. Ajoncs, colza ? Air de guitare rès artisanale, de ferraille rapiécée, et passage de lourds laineux bêlants de gauche à droite. Ce n'est évidemment pas du tout une guitare. Est-ce bien la vérité, ou la verdure, la verdeur du cinéaste si vivant, dont l'image décharnée désenchante même les surfaces autrement imprimées ? Danses et chants (au coin du feu la vieille feule) semblent l'aune de tout discours. Le tissu fane.
Du chaudron maintenant la tête du dragon va jaillir et emporter la "guitare".
Le ver est dans le fruit, c'est dire que le printemps est dans le regard. Symétrie rouge de la fillette muette et de la ferraille posée sur les genoux du conteur bûcheron de fortune. Lampe à huile rire mouvement nerveux des sandales (ce qui se tient en travers des yeux). Attendons le dragon.
21:02 Publié dans MAS | Lien permanent | Commentaires (2)
20 + 19 + 20
Il est commode de noter ici que déjà vingt textes ont été écrits et publiés dans la catégorie 59 et qu'il en reste donc trente-neuf à composer pour donner un semblant de rondeur à cette rubrique. Pourtant, si ces carnets ne devaient devenir que le simple reposoir (voire le déversoir) de mes maniaqueries arithmétiques, on n'irait pas bien loin. Je dois reprendre le fil distendu de mes réflexions, pour ne pas désarçonner davantage les pauvres lecteurs égarés.
17:27 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)
Manuel Jeronimo Romero de Avila
Connaissez-vous le compositeur espagnol du XVIIIème siècle Manuel Jeronimo Romero de Avila ? Pas moi, en tout cas. Aucune information nulle part. Une énigme.
17:21 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : TRES GRANDE MUSIQUE
10
au rond-point des mariniers
jetant noire l'ancre
une sterne allait
voletant de ci de là
comme un espoir en fureur
17:17 Publié dans Tankas de Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
L
Le nombril est aussi large et gluant qu'un puits près d'un débarcadère ; les vers de terre s'y tortillent joyeusement ; je grimpe dans le funiculaire, avec mes tatouages et mes cicactrices.
(Où je me rêve en pirate, ce qui est de l'ordre de l'exagération, pour le moins.)
16:52 Publié dans Arbre à came | Lien permanent | Commentaires (0)
26 mars 1642
Françoise Lacombe, Jean Taffoureau et Michel Daix ont pour points communs de ne pas être célèbres, d'être nés le même jour et d'être répertoriés dans les sites généalogiques de la Toile.
16:47 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (1)
Sans écran
C'est tout de même une complaisance étonnante vis-à-vis de soi-même que de lire les dernières notes publiées, vérifier une fois encore les commentaires (nul nouveau à cette rubrique-là), songer à écrire le billet suivant, constater que déjà trois photographies ont été publiées aujourd'hui, contrairement à l'ordinaire, et ce alors que, pourtant, l'écriture du roman en cours est en rade.
Bonus II
16:42 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (0)
Jour de croûtes
Ecrire les notes, puis les publier illico, c'est-à-dire, quand une fournée de textes naît sous les doigts, au frénétique tapotement du clavier, les publier les unes après les autres au lieu d'en échelonner la publication en ligne, serait une expérience à tenter. Some other time.
Entre-temps, ce dimanche aura été la journée des croûtes.
Tout d'abord, il est parfaitement scandaleux d'avoir confié la "décoration" (c'est-à-dire l'enlaidissement) du Muséum d'Histoire Naturelle de Tours à un "artiste" aussi nullissime que le ou la dénommé(e) D. Valique. À ce niveau-là, ce n'est même plus possible de parler de copinage (ce que ce doit être) : c'est du détournement d'argent public !
(Nous n'avions jamais visité le Muséum. L'exposition consacrée aux "insectes artificiels" mérite une visite ; c'est amusant.)
Ensuite, pour poursuivre dans les croûtes, la galerie Mathurin expose des toiles hideuses et néo-pompières sous le titre pompeux Surréalistes roumains. Ce genre d'imposture est vraiment à hurler.
Les photographies qui accompagnent les déjections en question sont d'un niveau moyen, et on leur en est, par contraste, éternellement reconnaissant !
Heureusement, il faisait un temps magnifique aujourd'hui, et pour la première terrasse familiale de l'année, au Lys d'Or, l'humeur au beau fixe.
16:36 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (0)
Violoncelle géant en Charente
13:30 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (1)
Villandry par Clavreul
Dans la série des lectures (ou plutôt : des feuilletages (effeuillages?)) de livres "régionaux", il y a aussi, emprunté également à la médiathèque de La Riche, un livre assez curieux de Denis Clavreul, dont je connaissais les croquis et dessins animaliers (en particulier ornithologiques (je crois même que c'est lui qui a collaboré aux plus récentes rééditions des Oiseaux d'Europe de Paul Géroudet, ajoutant ses coups de plume et de pinceaux à ceux de Robert Hainard)), et qui s'est ici "attaqué" (sans connotation péjorative) aux Jardins de Villandry. On peut ne pas aimer les aquarelles de Clavreul, mais, au moins, le livre est bien fait, et il apporte un regard singulier sur ces jardins pourtant rebattus (à commencer par moi, qui y suis allé deux fois en à peine plus de deux ans).
Photographie : Droits réservés MuMM
13:00 Publié dans Brille de mille yeux | Lien permanent | Commentaires (2)
120 + 7 = 712 signes
Allez savoir pourquoi, le calendrier, qui se trouve dans la colonne de droite et qui est l'un des points de repère les plus habituels de tout blog, indique qu'aucune note ne fut publiée le 6 de ce mois, ni le 18 d'ailleurs, ce qui est rigoureusement faux. Suis-je ainsi puni, par la force d'un arbitraire électronique méconnu, car je prête trop de soin à l'organisation des rubriques "notes récentes" et "commentaires récents", chacune marquée du sceau de ma passion pour les nombres premiers ? Ou est-ce un petit clin d'oeil moqueur, comme je m'enfonce dans la pratique des bonus, qui sont une tentative de pallier l'effritement du temps en saluant la "disparition" de certaines notes ? Peu importe, sans doute.
12:27 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0)
26 mars 1134
Quand Saint Etienne, auteur de la Charte de Charité de l'ordre cistercien, mourut, le 26 mars 1134, l'Ordre comptait déjà soixante-quinze abbayes.
(Source : Abbayes.net)
12:00 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (0)
Lucelle
Il y a de curieux hasards. Cherchant des informations sur le mois de mars 1123, afin de composer l'une des Hystéries historiées, je découvre une page Web consacrée à l'Histoire de Lucelle, commune et abbaye dont j'ignorais totalement l'existence ; or, je lisais hier soir, avant de m'endormir, le quatrième chapitre de Suburban blues, dans lequel Yémy forge le néologisme lucelle, qui échappe à une jeune femme, en un moment d'extase sexuelle porteuse de métamorphoses lexicales.
Je crois me rappeler que le narrateur précise que "ça n'existe pas".
11:34 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (0)
Le Saché de Balzac, ou la malédiction ?
J'ai parcouru, plus que lu, le livre de Marie-Françoise Sassier, Le château de Saché, refuge de Balzac. Nous avions visité Saché il y a plus de dix ans, et nous avons récidivé il y a bientôt deux mois, à l'occasion d'une très décevante exposition de Kantorowicz qui ne recèle quasiment que des croûtes (et qui doit s'achever bientôt, je pense).
Eh bien ! Il semble que la postérité de Balzac à Saché soit victime d'une forme de malédiction, car ce livre-là n'est guère meilleur que l'exposition en question : maquette hideuse, qualité très piètre des reproductions photographiques, sans parler de l'inévitable chapitre hagiographique à la gloire du président du Conseil Général. Bien entendu, on y apprend "des choses" sur les différents propriétaires du manoir depuis le dix-neuvième siècle, en particulier sur Paul Métadier, qui fut à l'origine de la création du Musée Balzac... mais on sent bien que ni l'auteur ni l'éditeur ne sont touchés par la grâce du bon goût, ni surtout, nourris d'une véritable admiration pour l'écrivain.
Le plus navrant, ce sont, sans doute, les cinq ou six pages consacrées à la célébration du bicentenaire de la naissance de Balzac, en 1999, dont il semble que rien ne l'ait distinguée de n'importe quel ringardise pseudo-populaire. Costumes paysans "d'époque", enfants des écoles rameutés pour faire nombre, grande randonnée pédestre où il ne semble pas que l'oeuvre de Balzac ait joué le moindre rôle...
En fin de compte, rien ne vaut d'arpenter les chambres de la demeure et les pelouses ou parterres, mais c'est regrettable, car il ne s'en faudrait pas de beaucoup pour que ce livre soit, non seulement instructif, mais aussi très plaisant
11:23 Publié dans MAS | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 25 mars 2006
25 mars 1728
An advertisement published in the March 25, 1728, issue of The Daily Journal exhibits the "formal realism" for which Richardson's novels were to be so celebrated. Positioned between a notice that "a large Brick House" is "To be Lett" and an announcement that "the Principal Part of the Collection of Pictures, of Mr. Nicholas Blick, deceased" is "to be sold on Wednesday the 20th Instant, at his Son's House," it reads:
Lost on Thursday last, between Grace-Church-street, and Long-Acre, by a Person that went Part of the Way in a Hackney-Coach, about five Yards of Cambrick and two of Muslin, three little square Boards and several small Bits of Linen of different Colours, all ty'd up together in a blue and white check'd silk Handkerchief, with a reddish Border round the Edges, and mark'd with a D at one of the Corners: If the Person who has found the abovesaid Things, will bring or send them to Mr. RICHARDSON'S, Printer, in Salisbury-Court; or to Mr. BENN'S Coffee-house, in New Bond-street, by Hanover-Square, they shall receive half a Guinea Reward, and Thanks.
The advertisement's detailed description of the contents of the lost bundle is reminiscent of famous passages in Pamela, such as Pamela's account of the contents of the third of the three bundles into which she divides her belongings
(Jill Campbell. "Domestic Intelligence: Newspaper Advertising and the Eighteenth-Century Novel". In The Yale Journal of Criticism. Volume 15, Number 2, Fall 2002, pp. 251-291.)
23:30 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (1)
Sans cran
C'est atroce : désireux d'écrire, j'ai allumé cet ordinateur, puis, par un glissement malencontreux, je me suis retrouvé à naviguer sur l'immense toile (cependant que la Musique (de Rameau puis de Marin Marais) me prenait comme une mer) et je n'ai rien écrit des huit ou neuf notes dont je caressais ardemment les scintillations. Est-il être plus velléitaire que moi ?
17:28 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (5)
Heugas
13:55 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (0)
À ciseaux rompus
[Jeudi, onze heures du matin
une étudiante m’a posé un lapin]
Dans les salons de coiffure se développe un art de la conversation dont la futilité a souvent été soulignée, mais non (généralement) le caractère particulièrement entrecoupé : sèche-cheveux, tondeuse ou téléphone sont au nombre des appareils qui interrompent de force la discussion. Souvent, je reste muet, mais c’est parfois moi, également, qui joue le rôle du chœur météorologique (la pluie et le beau temps, les mœurs du temps, les contretemps, tous sujets qui évitent de trop prendre à rebrousse-poil).
Un jour, à Beauvais, une coiffeuse m’avait avoué être raciste, puis avait expliqué pourquoi. Je lui avais dit, assez doucement, ma façon de penser, puis je n’étais plus jamais revenu dans son établissement. De toute manière, je ne suis guère fidèle, en matière de coiffeurs. J’en change comme de camisole. Trois ou quatre coupes d’affilée, c’est le summum de ma fidélité. On a les donjuanismes que l’on peut.
Nous avons tous des myriades de souvenirs capillicoles.
Entre autres surgeons qu’évoque le seul mot de coiffeur, je songe à la chanson de Gérald Genty, au banal distique initial :
Je préfère que le coiffeur parle peu
Je préfère qu’il se concentre sur mes cheveux
Le célèbre sketch de Desproges (on ne dit pas « je vais au coiffeur » mais « je vais au capilliculteur biocosméticien ») est presque effacé, ce matin, par le souvenir d’une mélodie lancinante, sans paroles, qui s’intitule Le Coiffeur : l’air se trouve sur un double album de Dexter Gordon que possèdent mes parents. Comme il s’agit d’une collection bon marché, de style best of, aucune référence ni au groupe de musiciens qui accompagnait le saxophoniste, ni au compositeur. Le titre en français laisse imaginer qu’il s’agit d’une chansonnette des années 1950 ; las de chercher l’origine de ce morceau, j’ai fini, un beau jour, par composer mes propres paroles sur cet air :
Quand je vais chez le coiffeur, je lui dis mes malheurs
Quand je vais chez le coiffeur, je lui dis mes humeurs
Mes folies
Mes soucis
Mes ennuis
Mes envies
Quand je vais chez le coiffeur, il saisit ses ciseaux
Quand je vais chez le coiffeur, il cisaille en biseau
Les cheveux
Des morveux
Des envieux
Des heureux
N’ayant ni sens de la honte ni dignité, je vous la chanterai un de ces quatre !
11:35 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (5)
Délit de blasphème, suite
Le débat se poursuit ici et là.
(J'ajoute, pour information, que Siné est un dessinateur déjà bien âgé, je pense, puisqu'il illustrait déjà des couvertures du Livre de Poche dans les années soixante, notamment un exemplaire jauni de La Tête des autres de Marcel Aymé que je lus et relus plusieurs fois quand j'avais onze ou douze ans. Idéologiquement, ce n'est pas quelqu'un de modéré...)
09:33 Publié dans Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (0)
Indes galantes
Refuser la mort.
Trébucher dans la splendeur.
Voir s’anéantir tout espoir de terreur.
C’est à ce moment-là que je tremble d’effroi.
Les porteurs d’étendards arborent fièrement leurs mensonges.
Sans blague, il peut murmurer : sans aucun doute, Bellone est plus belladone.
Revenir à de plus nobles sentiments. C’est là une étape essentielle de ce moment.
Les anges volettent, s’inquiètent, regardent de très haut la fièvre curieuse et muette.
Fureur, stupeur : c’est l’effet de l’Air pour les Esclaves Africains.
Ecrire cette série de douze romans : l’un d’eux, Rigodon.
Mourir pour des chimères, ici ou ailleurs.
Être plus que jamais terrifié. Oui.
C’est le moment de l’extase.
Un sourire aux lèvres.
Le cœur joyeux.
Rire sans fin.
Ecouter le tonnerre.
Pourtant, nuages se dissipent.
Les soucis reviennent encore : froncer les sourcils.
Revenir (encore & encore) à de plus nobles sentiments.
Elle refleurit, l’espoir renaît, et je m’embarque pour Cythère.
Le nuage posé au haut de la colline, le peintre est en proie aux affres.
Voici surgir quelque seigneur, que l’on prend quand même (mais tièdement) au sérieux.
Rêver aux éclats.
07:50 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : TRES GRANDE MUSIQUE
vendredi, 24 mars 2006
Titres possibles pour un recueil
Au salon de coiffure, comme sur l'océan, quatre titres traversent l’esprit :
- Mort ou if
- Jardins estoniens
- Terre, or immense
- Îles lointaines
17:25 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (3)
Despotique cousinage
De quoi servent les longs mots étirés, interminables, polysyllabes à la chaîne... Un effet mimétique, ici ?
"Quand le despotique cousinage bourgeois fait une victime, elle est si bien entortillée et bâillonnée, qu'elle n'ose se plaindre ; elle est enveloppée de glu, de cire, comme un colimaçon introduit dans une ruche." (Les Paysans. I, VIII.)
Ce doit être déformation professionnelle, mais cela me fait penser au mandarinat dans les universités françaises.
15:30 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (1)
22, porte bleue
14:20 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (3)
Revue de Bresse
(Explication du titre : j’écris ceci ampoulé.)
Remontons l’arborescence des commentaires* : j’ai déjà écrit, chère Fuligineuse, que l’un des modes d’accès de ce carnet – pour ne pas y devenir complètement fou – était, notamment, de le lire par catégories. On peut aussi ne pas lire les délires les plus sombrement énigmatiques.
Balzac a bel et bien écrit, dans Les Paysans, l’adverbe “superfinement”. C’est un hapax.
J’aime l’hommage de Lucie Ferraille, son nom et son conseil de lecture. Ses propres textes sont pas mal étranges eux aussi.
Que Steph aussi soit remercié pour sa fidélité et sa gentillesse ! Il faudrait que je me décide à créer une colonne de liens vers les blogs que je lis, dont le sien…
Je vais enfin répondre par une pirouette à la prolifique mais fort bienvenue Aurélie, qui est, comme vous l’aurez compris, l’une de mes (déjà) ex-étudiantes. Vous écrivez (sous influence) : That’s the end of my story. Je vais vous aiguiller vers un autre de mes écrivains fétiches, Breyten Breytenbach, dont le plus beau roman, Memory of Snow and of Dust, commence ainsi (sous la plume de Meheret)
This is where your story starts
et finit ainsi (sous la plume de Mano)
This is where my role ends
Je n’en écris pas plus: qu’il suffise de dire que Breyten Breytenbach est l’un des écrivains les plus importants du vingtième siècle (et au-delà, sans doute). Cette pirouette est aussi une manière de vous inviter, peut-être quand vous aurez plus de temps, à créer votre propre blog... non ?
Ai-je le droit d’ajouter que la note « Au Musée d’Ayala » est l’une de mes préférées et que je recommande que vous vous y replongiez, les uns et les autres ? Les peintres et les toiles dont il y est question existent bel et bien, de même que le Musée du titre.
Il faudrait aussi que je vous rappelle que l’une des rares notes « à contenu » (comme on peut, vilainement, dire), qui fut publiée hier, et, sans doute noyée sous les flots continus de ma pénible prose, n’a pas attiré l’attention que mérite son objet : la scandaleuse proposition de loi visant à rétablir le délit de blasphème. J’aimerais bien que nous débattions de cela, ce qui permettra de quitter les terres trop éthérées (ouah, celle-là, il fallait l’oser) de ma vague littérature (que le sens trop précis rature, as you know).
Aurélie a signalé que le caractère chimérique du concept de Dieu était ce qui en faisait le charme, et j’en tombe assez d’accord. Que Dieu soit l’affaire d’une pratique personnelle, ou une vue de l’esprit (au sens large et noble du terme), ne me gêne pas – mais je reste convaincu de la nécessité de « mourir pour des idées, d’accord, mais de mort lente ». Or, ce projet de loi nous enfermerait dans le déni de liberté et le risque de violences religieuses toujours plus meurtrières.
Je suis d'accord avec Denis et Martine, si ce n'est que, pour moi, la nuance entre athée et agnostique traverse aussi cette frontière : l'athée est celui qui combat les religions. La loi voulue par Jean-Marc Roubaud ne gênerait guère les agnostiques, mais elle empêcherait, de facto, aux athées comme moi de pratiquer ouvertement leur athéisme, c'est-à-dire la critique constructive des duperies sur lesquelles se fondent bon nombre de credos. J'ai écrit "pratiquer leur athéisme", car l'athéisme peut parfois sombrer dans les travers qu'il est censé dénoncer : intransigeance, conviction de détenir la vérité, etc. Travers dont il faut se garder, mais, si délit de blasphème il y a, il faudrait, idéalement, que les athées puissent attaquer toutes les déclarations officielles de représentants religieux qui sont une atteinte aux croyances des athées... J'ajoute, pour Marc, qu'il ne saurait y avoir, de mon point de vue, d'excès de laïcisme : la laïcité doit être appliquée strictement, point. Les parents d'élèves qui ne l'acceptent pas peuvent aller voir dans le privé si j'y suis.
* Grâce à ce stratagème, le nom de MuMM n'apparaît presque pas dans la colonne des commentaires, et je risque de gonfler artificiellement les statistiques. Quel roué, ce MuMM !
10:30 Publié dans Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (8)