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lundi, 20 novembre 2006

Vitraux, version 721/864

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    Elle est moins nette, ici, la collégiale Saint-Ours. Reconnaissez l’une des deux tours hautes, et encore à peine.

Oui, nous peinons à les reconnaître. Est-ce notre affaire, d’ailleurs ?

Le Lochois n’est que rails rouillés. Charles VII s’en bat le blason sur le bord du vitrail. C’est tout dire. (Que l’on tire au cordeau des mots qui auraient pu sortir au forceps, cela est étonnant.)

Parlez donc aux freux, qu’ils avouent ce qu’ils faisaient dans un champ de ruines (c’était ce rêve comme crayonné). Ils s’envolent en lourdes traînées, avec leurs ailes somptueuses qui me ramènent à l’époque où j’étais le roi.

Ce sont les reflets du temps qui passe, voilà tout. J’ai bien failli écrire cartonné ou encore couronné. Ce sont les grues – certaines tout au moins – qui sont couronnées. Le cartonnage, c’est encore autre chose ; un mot qui ressuscite un jeune homme mort.

19:00 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, Ligérienne, Photographie, Poésie

A-phorisme

    Que toujours un texte commence par la lettrine A, cela agace l’auteur.

15:15 Publié dans Minimalistes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Littérature

Parenthèses (Vitraux, version 1089/1295)

    vrai dire, je ne comprends pas comment un texte long de 105 mots peut ne compter que cent espaces. Ce sont peut-être les parenthèses qui jouent des tours, mais dans tous les cas, le projet consiste à faire confiance au dénombreur de Word, ce qui est certainement une erreur d’un point de vue statistique, mais permet une grande souplesse d’écriture tout en maintenant la rigueur des contraintes arithmétiques. Si faussée fût-elle, une norme savait toujours servir d’étalon. (Un ami s’étonne ici du recours à l’imparfait. On n’est pas mort que je sache. (D’autres s’impatientent, justement et à juste titre, de ces parenthèses. Le texte – comme on le dit d’un spectacle – va-t-il enfin commencer ?)))

 

J’y repense, on entrevoyait sur la première photo, à travers les vitraux teintés, les ombres fastueuses de la collégiale Saint-Ours.

Le roi s’en bat l’œil, pensez.

(Qu’on tire au corbeau du rêve des chants qui eussent pu illuminer la nuit, c’est très surprenant.)

Questionnez donc les freux, qu’ils avouent ce qu’ils faisaient dans ce champ de ruines (de mines). Ils s’envolent en lourds nuages célestes, plumes qui donnent l’image, finement ciselée, de l’artiste croquant ses crayons avant de les tailler, encore et encore.

L’un d’entre eux freux m’assène qu’il fut un temps où j’étais souverain.

14:00 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, Ecriture

Vitraux, version 556/656

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     Maintenant que l’on y repense, on entrevoyait sur la première photographie, à travers les vitraux recolorés, les ombres fastueuses de la collégiale Saint-Ours.

Le roi allègrement s’en bat l’œil.

(Qu’on soutire au corbeau du rêve des croassements qui eussent pu illuminer la nuit, cela est très surprenant.)

Parlez donc aux freux, qu’ils avouent un peu ce qu’ils faisaient dans ce champ de ruines (un champ de mines). Ils s’envolent en noirs nuages, célestes plumes qui donnent l’image, finement ciselée, de l’artiste croquant ses crayons avant de les tailler, encore et encore.

L’un d’entre eux freux m’assène qu’il fut un temps où j’étais encore le souverain.

10:00 Publié dans Pêle-mêle | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, Photographie

Aphorisme lyrique (#1111)

    J’étale ma culture, je me ramasse. (Triste vérité).

07:10 Publié dans Minimalistes | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Littérature

Freux (Vitraux, version 409/490)

    Au cours de la semaine dernière je n’ai écrit que vingt-deux textes dont beaucoup tout à fait mauvais ou pas au sommet de mon œuvre.

Le roi s’en bat fatalement l’œil.

(Qu’on tire au cordeau des phrases qui eussent pu s’extirper au forceps, cela me surprendra toujours.)

Parlez donc aux freux, qu’ils avouent un peu ce qu’ils faisaient dans ce pré si tendre (un rêve). Ils s’envolent en noirs nuages, ces jolis plumis qui me ramènent tant d’années en arrière, quand j’étais encore le souverain.

06:00 Publié dans ABC*ACB | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, Littérature, Ecriture

Corbeaux (Vitraux, version 410/500)

    Au fil de la semaine qui prend fin, je n’ai écrit que vingt-deux billets, dont beaucoup tout à fait mauvais ou pas au sommet de mon œuvre.

Le roi s’en bat fatalement l’œil.

(Que l’on tire au cordeau des mots qui eussent pu s’extirper au forceps, cela me surprend toujours.)

Parlez donc aux corbeaux, qu’ils disent un peu ce qu’ils faisaient dans ce pré si vert (un rêve). Ils s’envolent en noirs nuages, ces jolis plumis qui me ramènent tant d’années en arrière, quand j’étais encore le souverain.

03:00 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, Poésie

Vitraux, version 417/502

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    Au cours de la semaine qui s’achève, je n’ai publié « que » vingt-deux billets, dont certains tout à fait futiles ou peu au faîte de ma prose.

Charles VII s’en bat l’œil, forcément.

(Que l’on tire au cordeau des mots qui auraient pu sortir au forceps, cela me surprendra toujours.)

Parlez donc aux freux, qu’ils avouent un peu ce qu’ils faisaient dans ce champ de ruines (mon rêve). Ils s’envolent en noires traînées, ces jolis plumis qui me ramènent tant d’années en arrière, quand j’étais encore le roi.

00:03 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, Ligérienne

dimanche, 19 novembre 2006

Ma langue au chat, 2 : Nick Drake

    18:06 A: Salut.

B: Salut.

18:07 A: J'ai vu que tu étais connecté, ça m'a amusé.

B: Je le suis assez souvent...

18:08 A: Je ne fais pas très attention, dois-je avouer. En plus, gmail n'est pas mon adresse principale, et je n'ai pas encore le réflexe!

18:09 B: Oui oui je comprends bien.

18:10 A: Peut-être suis-je un peu distrait, là, parce que je voulais écouter du Nick Drake, je me suis branché sur Pandora, qui n'arrête pas de me passer des morceaux dans le style guitare solo soporifique.

18:11 Au fait, connais-tu Pandora? (Sinon, mon message devait être un peu crypté.)

B: Oui, je connais... for all Pandora knows, j'habite à Chicago...

A: Sweet home Chicago, dixit old Robert J.

18:12 B: Ouais, comme il leur faut un zip code pour ouvrir un compte... ça fait un moment que je n'ai pas utilisé cela dit...

A: Ah? J'ai dû tricher, alors. [...] Mais Chicago, sinon, ah, je n'y ai jamais mis les pieds.

18:14 B: Remarque, si tu as entré 37000, ça correspond peut-être à une ville de l'Iowa... ou je ne sais pas quoi.

A: Oui, j'ai dû inscrire 37100. Sinon, la thèse, ça va ? (La question salope par excellence, surtout un dimanche soir.) [Cat Stevens, là, par exemple (Ruby Love, tout à la balalaïka ou que sais-je), j'ai zappé.]

18:15 B: Euh, ouais, joker là ;) Je zappe ;)

18:17 A: Tiens, les smileys marchent ici ?

Essai : :-)))

Ah, avec une seule bouche, sinon ça ne marche pas. (Bêtement rationnel, Google, je trouve.)

18:18 B: ça les perdra... ou peut-être pas en fait...

18:21 A: Google Print, en tout cas, c'est un beau fiasco.

B: connais pas !

18:22 A: Mon fils, en train de dîner, s'imagine que je suis "en train de faire le jeu vidéo Playmobil". On va dire que c'est l'équivalent... [Sinon, Pandora m'a enfin proposé quelque chose de beau : "Avalanche" de Leonard Cohen.]

18:24 B: oui, c'est bien... Nick Drake cache un peu ses côtés dépressifs (faut bien avouer que c'est ça), alors que là LC annonce la couleur !

18:25 A: En fait, je ne connais pas du tout Nick Drake, et le peu que j'ai écouté, là, ne me branche pas. Je cherchais 'River Man', parce que Brad Mehldau l'a joué sur trois albums différents, ce qui me turlupine. Autre citation de mon fils (en train de se regarder dans un miroir de poche): "Ouh, mais j'ai des betteraves à la place des joues." Je pense en effet que la fièvre monte légèrement ce soir (après un week-end enrhumé, c'est la saison).

18:26 B: J'ai des CDs de Nick Drake, moi je trouve que ça vaut le coup, mais bon question de goût.

18:27 A: Bon, Leonard Cohen dépressif, tu exagères. D'ailleurs, je ne me suis jamais suicidé en l'écoutant. (Aaaaaaaaaaaaah, pour Nick Drake, je ne demande qu'à écouter ça autrement que par bribes pandoriennes.)

B: Ce n'est pas un jugement général, mais cette chanson-là est quand même super sombre. Pour Nick Drake, pas de problème...

18:28 A: Where Where Where Where is my gypsy wife tonight (toundoungoundoung)

18:33 Pour le code postal, vérification faite, il y a des zip codes en 37--- dans le Tennessee. Je savais bien qu'il y avait quelque chose en moi de Tennessee (c'est pour ma poire).

B: 75, c'est au Texas je crois...

18:34 No comment.

A: Le 37101, c'est McEwen (presque comme la bière). C'est tout moi, ça.

Ah, you mean Paris residents are beating about the bush, or sumpfin?

18:35 B: Peut-être que l'idée de Paris Texas est venue de là ?

18:36 A: L'idée de Wim Wenders, alors, parce que je crois qu'il y a des Paris un peu partout aux Etats-Unis :-) (D., qui était chez nous hier soir, me disait qu'il y avait un trou infâme qui s'appelait Versailles dans l'Ohio.)

B: :)

18:37 A: Cela dit, j'imagine mal "La Membrolle-sur-Choisille" dans le Kentucky. (Et encore moins la prononciation américaine du toponyme!)

18:39 Trêve de toponymie extravagante, je ne sais si on va se croiser cette semaine, mais je vais devoir aller m'occuper un peu de ma progéniture (toussante).

18:40 B: Ok... j'essaie de penser à prendre du Nick Drake pour toi demain, mais je ne sais pas si on va se croiser... sinon, dans ton casier ?

18:41 A: OK, volontiers. Ce serait très gentil (River Man, si tu as?).

18:43 B: Va voir la page Wikipedia sur lui (en anglais), je n'ai pas le temps de regarder en détail, mais j'ai l'impression que c'est un truc tardif, pas sur les albums, mais surtout il y a un extrait (ou la totalité ?) qui s'écoute sur cette même page ! Tu as de la chance on dirait.

A: Ah, merci, beaucoup! Je ne pense pas que ça soit récent, parce que Mehldau le jouait déjà circa 1998.

18:45 Je regarderai sur WP ce soir, dans tous les cas if you've got a CD to spare for a week, you may well pigeonhole it. I'd be grateful.

B: Oui, mais Nick Drake est mort en 74.

(OD d'antidépresseurs... hmmm)

No pb, I'll try not to forget !

A: Ah d'accord. Je débarque, désolé. (Je ne savais même pas ça, tu vois.)

Bonne soirée & merci d'avance !

18:46 B: You're welcome, bonne soirée.

19:31 Publié dans Ma langue au chat | Lien permanent | Commentaires (2)

Homme du fleuve

    Dans ma discothèque personnelle, je possède trois versions de River Man, chanson de Nick Drake, par Brad Mehldau. Deux sont en trio, et une au piano seul, que j'écoute en ce moment. La puissance mélancolique de cet air sous les doigts de Brad Mehldau est formidable, au sens étymologique (smart ass!).

Faut-il dire que je ne connais pas la version originale de Nick Drake (ni aucun autre titre de Nick Drake, ni même la voix de Nick Drake) ?

C'est un oubli à réparer. Ce sont oublis à réparer.

 

La version pour piano seul se trouve sur l'album Live in Tokyo et dure 8 minutes et 58 secondes.

La version la plus ancienne pour trio se trouve sur l'album Songs. The Art of the Trio vol. 3. Elle dure 4 minutes et 47 secondes et répond splendidement, de sa huitième position sur le disque, au morceau de Radiohead, Exit Music (for a Film).

L'autre version, enregistrée par le trio de Mehldau, Rossy et Grenadier au Village Vanguard en septembre 2000. Elle figure sur le double album Progression. The Art of the Trio, vol. 5 et dure 11 minutes et 29 secondes ; la composition est attribuée à "Nicholas Drake" (sans diminutif).

 

Le disque vient de s'arrêter. J'ai remarqué ma propension, les jours où j'écris peu, à déplacer les espaces qui séparent les mots. Il faudra que je publie un jour un texte entièrement composé de mots dont la dernière lettre est celle qui devrait débuter le mot suivant (et inversement). En haut, des bip! et des ting!

17:37 Publié dans J'Aurai Zig-Zagué | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Jazz

samedi, 18 novembre 2006

On est comme je suis

    Il s'agit d'une réécriture du mythe du jardin d'Eden. On se rêve doucement, délicatement, paisiblement transporté dans un lieu sans souffrance, lieu d'absolue solitude. medium_Kaki_14.jpg

 

Pas de femme, nulle compagne. Ataraxie, être allongé. On trouve enfin le repos, avec Dieu. Jardin d'Eden sans Eve. On rêve absurdement.

Ce poète part à Dax, encore. Croit-il que le plaqueminier soit l'arbre de la Connaissance ?

 

(Au mur, lumineuse, la signature du geste lyrique vient désigner le seul fruit mûr, prêt à choir, lâché par ses amis comme un souvenir égaré.)

 

17:00 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Littérature, Photographie

Frauenliebe & Pink pulp, op. 2575/42

    Bien sûr que, techniquement, tu n'y peux rien, si l'hébergeur du site, depuis quelques jours, provoque des conflits de programme avec la plupart des navigateurs. Mieux vaut songer aux longues galopades gaies, aux franches chevauchées dans les vergers lourds de kakis encore jaunes.

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Well, you haven't written to me, not one word, not one post card, so perhaps Sissigt. is blotted out - the Tower fell, crushing the daughter of the Sackvilles to pink pulp - a very fitting end for a woman who forgets old but humble, humble but old, friends.

(V. Woolf à Vita Sackville-West.

Lettre n° 2575. In The Sickle Side of the Moon)

 

 

En effet, même si des notes continuent d'être publiées chaque jour, nombreux sont ceux qui, me disent-ils, ne voient apparaître, en haut de page, que des notes déjà anciennes. Qu'y puis-je ? Bien sûr que tu n'y peux rien.

Il y aurait aussi, somewhere around here, le récit de cette violente épiphanie, vers dix heures du matin, hier, pendant un cours particulièrement inspiré (ce n'est pas si fréquent), puisque j'ai trouvé, soudain (mais après des années de mûrissement, car le poème étudié à cet instant précis est un texte dont j'ai déjà proposé l'étude à trois reprises au cours de ma carrière universitaire), une optique de recherche qui me permet de croiser des questions très diverses et qui me tiennent à coeur : le sujet lyrique, la signification visuelle de la typographie, la réappropriation des mythes. Tout cela se subsumera (devrait se subsumer) dans la notion de mutation.

(Tandis que je jette ces quelques phrases brouillonnes dans ces carnets, j'écoute Catherine Dubosc chanter Frauenliebe und Leben, de Schumann, le cycle de lieder emprunté à des poèmes d'Adalbert von Chamisso. J. Clare est-il le double anamorphique de W. Blake ?)

14:49 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, Ecriture, Photographie

Gérard :: Allada :: Gavarry

    Cela fait si longtemps (plusieurs semaines, plus d’un mois) que je laisse en suspens, que je remets au lendemain la rédaction d’un petit billet sur le curieux roman de Gérard Gavarry (Allada. P.O.L. : 1993), cela fait si longtemps qu’une réticence ou que le mimétisme, toujours pernicieux, des rois fainéants, me retient d’écrire cette recension, que je ne sais plus vraiment ce que je voulais en écrire. (À part qu’il faudrait citer in extenso les pages 100 à 103, aussi un beau sujet idéal de thème (déformation professionnelle)).

Allons de l’avant, et, un oubli fâcheux, laissons Allada à ses limbes. (Au moins, par rapport à l’époque où je ne tenais pas de tels carnets, reste-t-il une trace, passée au peigne fin, de ce récit coiffé sur le poteau.)

12:12 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature

Philippe Jaworski à Tours

Comme elle traîne, avec l'aide d'une camarade, un énorme sac de voyage, d'une salle à l'autre, toute la journée, elle m'explique qu'elle habite à Varennes, et n'a même pas besoin de préciser que le Lochois est terriblement enclavé, car c'est bien connu dans le département. Trains et cars, et les cours du vendredi soir qui décalent son départ au lendemain, parfois tard. (Pourquoi le sac, alors ?)

Elle habite Varennes, qui semble être, dans ce dialogue, le bout du monde, coin perdu. Suis-je jamais allé à Varennes ? Un de mes collègues, que j'aime bien, y habite, avec sa femme et ses filles. (J'écris ces lignes sur le canapé de la chambre beige, où la longue portée du WiFi tourne court. Je devrais plutôt travailler sous Word. (« Sous Word » : ça se voit que je suis en train de lire Prunus spinosa.))

Il est donc question de Varennes, où sans doute je ne suis jamais passé (mais tout de même, samedi dernier, n'y étions-nous pas, entre Loches et ce château robuste et sévère plus au sud ?). Les lignes de fuite de la soirée me conduisent à la librairie, où, deux heures durant, j’écoute Philippe Jaworski, remarquable traducteur, austère et exigeant, de Moby Dick notamment, et responsable de la publication de l’édition des œuvres en prose de Melville dans la Pléiade (le troisième tome vient de sortir). C’est un homme qui prend le temps de parler en détail, de manière approfondie, à mille lieues de la culture contemporaine du zapping et du saupoudrage, ce qui a l’air de décontenancer même certains habitués de la librairie Le Livre. Ses paroles, parfois l’air de rien, ont une longue résonance. Certains dormaient hier soir, ne s’en cachant même pas.

Juste avant d’évoquer Varennes, j’avais vivement encouragé les deux porteuses de sac (et leurs camarades) à aller écouter Philippe Jaworski. De la fuite aux fanons, il n’y a qu’un pas, canon-harpon ou pas.

 

Ce matin, j’ai appris que le fils cadet d’un ancien collègue de mes parents – un garçon de deux ans plus jeune que moi, avec qui parfois je jouais au tennis, enfant – s’est tué en faisant une chute vertigineuse du haut d’une statue, à Barcelone. Son père est professeur d’arts plastiques, et sculpteur.

Philippe Jaworski a dû repartir à Paris, et mon étudiante à Varennes. Je suis face à l’écran, sur les nerfs.

11:11 Publié dans Âcres fins | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Littérature, Ligérienne

vendredi, 17 novembre 2006

L'Auribar

    Le Cap-Ouest était fermé (volets métalliques marron baissés). D'où ailleurs, autrement, sous les chaussettes dépareillées qui ne sèchent même plus. Nous avons parlé du chien noir, qui avait les pattes posées sur le comptoir. Sage, doux, le regard perçant, cinq mois seulement. (Un croisement de bas-rouge et de labrador, m'a-t-elle dit.) Entre la rue de Maillé et la rue des Carmes, le peintre, à la fenêtre ouverte d'un premier étage, avait l'air d'un trompe-l'oeil. Discute fervente canine.

12:01 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne, Littérature

jeudi, 16 novembre 2006

#1100

    La Nouvelle-Zélande fut officiellement déclarée une colonie distincte de la Nouvelle-Galles du Sud le 16 novembre 1840.

 

(Regard qui parti rapetisse.)

18:40 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (0)

28

    jour de Jupiter

si je me noie dans mes rêves

un ange repasse

 

au bleu des cieux sa chemise

étincelante de noir

 

10:10 Publié dans Tankas de Touraine | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Ligérienne, Poésie

mercredi, 15 novembre 2006

Ne manque le plaqueminier

    J'aurais peut-être dû ouvrir Le Livre des plaquemines, mais, même sans compter sur la beauté du nombre 44 (rencontré aussi hier dans le chapitre que Jared Diamond consacre aux Mayas), il me faut affirmer un principe de transversalité essentiel à l'écriture de ces carnets : la longue saga des kakis, ainsi, est transcatégorielle.

 medium_Kaki_1.jpg

 

 

 

sato furite

kaki no ki motanu

ie mo nashi *

 

 

 

(C'est se payer de grands mots.

Cet ancien hameau / le plaqueminier ne manque / à aucun foyer ! )

Se payer la tête des nombres, la fiole des fruits (qui passeront la promesse des pleurs, et la froideur des fesses, et...). Pile entre le tigre et la girafe, le camescope me laisse en carafe. Heureusement que je peux me rattraper avec l'appareil photographique, qui magnifiquement saisit, derrière les barreaux de sa cage, le sourire terrible du félin mûr, à point nommé.

 

* 77ème des Cent onze haïku de Basho, et traduction de Joan Titus-Carmel (Verdier, 1998).

13:50 Publié dans Fièvre de nombres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, Littérature

Photographier les kakis, passe-temps de choix

    On trouve de tout, dans les kakis, maintenant, et même des vers. (Grouillez-vous, quoi, merde.) medium_Kaki_4.jpgMa série de photographies, honteusement interrompue, reprend le fil de son bonneteau, mais à cette réserve près que je ne vole pas l'âme des fruits.

 

" Comme je me réjouissais à l'avance d'aller avec toi voler des poires, expédition qui manque de charme quand on l'entreprend en solitaire, alors qu'à deux, c'est un passe-temps de choix."

 

(Robert Walser. "Lettre d'un peintre à un poète". In Vie de poète. Traduction de Marion Graf.

Zoé, 2006, p. 12.)

 

Variations véreuses, peut-être, mais, à tout prendre, versifier autour des kakis est aussi l'apanage des haïkistes (dont il n'a encore été question qu'indirectement).

10:10 Publié dans Brille de mille yeux, Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Poésie, Photographie, Littérature

mardi, 14 novembre 2006

Hi, gals !

    Ces carnets se structurent désormais selon 44 rubriques différentes (à droite, sous le titre Solidement). Certaines de ces rubriques ont déjà tiré leur révérence. D'autres sont à l'état embryonnaire.

Ygal est l'ange du bizarre, ce que J.Z. suggère (mais pas l'assassin de Yitzhak Rabin, tout de même).

11:00 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

Hautbois de mon coeur

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    La musique d'Ornette est belle, proclame, par le recours à l'acronyme MOB, un ensemble de jazz bien français. En écoutant "Proof Readers", le premier titre du coffret Beauty Is a Rare Thing - The Complete Atlantic Recordings du sieur Coleman, fort comme la raison et fou comme un frelon, je me répète que la musique d'Ornette est belle, est belle infiniment la musique d'Ornette.


(Illustration : "Allégorie de la musique".
Détail d'une tapisserie des ateliers de Bruxelles, XVIème siècle.
Château de Loches.)

09:40 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne, Jazz

Enliance

    Le son sans pareil, inimitable, de Steve Lacy, dès Jumpin' Punkins (enregistré sous la houlette de Cecil Taylor, en 1961), et vous revoyez votre enfance, toute en douces stridences. Vos bras en liance.

06:30 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 13 novembre 2006

Ma langue au chat, 1

    18:09 A: Ah, je voulais revenir sur le cadeau. Ce n'est pas du pinard stricto sensu, mais plutôt deux bouteilles de vin fin, bien sûr, du genre qui ne fait pas de mal. Quand il est bon, il ne monte pas à la tête, etc.

Là, j'étais sorti dans la cour pour "lancer les poireaux".

B: Tu lances des poireaux toi maintenant ?

18:11 A: Oui, je m'entraîne pour les championats du monde.

B: C'est quand, que je rigole un peu ?

18:12 A: Je n'ai pas été sélectionné pour les cracheurs de noyaux, et pour le cri de cochon je suis hors compétition.

Donc, les championnats du monde de lancer de poireaux ont déjà débuté. La première manche est ce soir.

18:13 C'est une manche de veston prince de Galles, bien sûr.

B: Dommage pour le cri du cochon !!! Sais tu que les championnats du cri de cochon se font à côté de Tarbes à Trie sur Baïse ?

18:14 A: REVELATION. "Lancer les poireaux": en fait, il entend par là qu'il est allé placer la cocotte-minute sur une plaque électrique dans la cour, car dans la maison (avec cuisine américaine) l'odeur en est trop nauséabonde.

Pour Trie-sur-Baïse, j'avais su (mais oublié). Déjà vu des images: ça n'a pas l'air piqué des hannetons (ni des andouillettes).

18:16 B: Un de mes collègues à participé à cette vaste manifestation il y fort longtemps !!!

A: Tu as des collègues porcino-imitateurs ?

18:17 B: Eh oui, tu vois, le cri du cochon peut mener au pétrole aussi nauséabond que le cochon !

A: En même temps, imiter le cri de l'hydrocarbure au sortir du geyser, c'est coton !

18:18 B: Surtout le cri venant du jet venant du fond des mers !!!

23:20 Publié dans Ma langue au chat | Lien permanent | Commentaires (1)

Chiens de Langeais (version 385/461 et dernière)

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    Ce chien-ci pose sur fond de damier. L’air rêveur, repu par le banquet, il laisse s’enfuir un daguet, dont l’échappée reviendra le hanter dans ses rêves, et les coups de pied de l’échanson.

Le damier se transforme en plateau de scrabble, et le chien écoute, intrigué, interdit, Taylor Ho Bynum et son vieux maître dialoguer à grands coups de cornet et à jets de lèvre surpuissants. Ai-je déjà écrit mon admiration pour les tapisseries sonores d’Anthony Braxton ?

20:00 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, Ligérienne, Jazz

Chiens de Langeais (version 834/1000)

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    Que regarde-t-il ? Rien. L’oreille tendue, aux aguets sur la tenture, il écoute.

Féru de chasse à courre et de ses fastes tonitruants, il écoute Wood Flute Song, par le quartette de William Parker (album Sound Unity, 2005).

Taïaut, semble lui lancer le saxophone endiablé. Faut-il  suivre les avis du Malin ? s’interroge, inquiet, le chien au port altier.

Ai-je déjà dit que le saxophone était un des instruments dont je ne joue jamais ? C’est sans doute pour cette seule raison que je me plais à imaginer ces chiens bruns ou blancs, langue pendante, et dont parfois certains se collent la truffe au feuillage, et qu’extirpant de mon manteau anthracite un saxophone baryton en piteux état, je commence à en jouer, ce qui ne manque pas d’alerter les surveillants de salle. Comme je respecte leurs remontrances, et puis j’ai une bonne tronche, ils m’écoutent béats. Pas de course folle, car je n’ai pas le temps de me payer la fiole d’honorables fonctionnaires. Les chiens aboient, on sous-entend Caravan.

16:40 Publié dans Pêle-mêle | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, Littérature, Ligérienne

Chiens de Langeais (version 871/1042)

    Ai-je déjà écrit que le trombone était, pour le jazz, l’un de mes instruments préférés ?

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C’est sans doute pour cette seule raison que je me plais à imaginer tous ces chiens bruns ou blancs, gueule fermée, et dont parfois certains même ont l’oeil si bleu près de fleurs écarlates qu’extirpant de mon manteau anthracite un trombone en piteux état, je commence à en jouer, ce qui ne manque pas d’alerter des surveillants choqués. Comme je reçois leurs réprimandes, et vu que j’ai une bonne tronche, ils n’engagent pas de poursuite. Pas de course folle à travers le château, car j’ai autre chose à faire que me payer la fiole d’honorables fonctionnaires. Les chiens boivent, la caravane s’enlise.

Alors, j’imagine encore d’autres chiens, au collier bleu impeccablement ponctué d’ocre, la langue rose pâle, l’oreille aplatie et la queue basse. C’est à peine si, d’un écart intérieur qui me vaudra l’escalot, je parviens à esquiver la roulotte qui me fonçait dessus, avec la mère d’Aurélie Lenfant, sa seule dent pointue affolée comme un gouvernail.

14:45 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, Ligérienne

Chiens de Langeais (version 819/981)

    Que regardent-ils ? Ils ne regardent rien. Ils écoutent.

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Habitués à la chasse à courre et à ses fastes tonitruants, ils écoutent Reap the Whirlwind, par le quartette de Don Pullen et de George Adams. Taïaut, semble leur lancer le saxophone endiablé. Devons-nous suivre les avis du Malin ? s’interrogent, gentiment amusés, les deux chiens.

Ai-je déjà dit que le saxophone était l’un des instruments dont je joue ? C’est sans doute pour cette seule raison que je me plais à imaginer tous ces chiens bruns ou blancs, langue pendante, et dont parfois certains se collent la truffe au feuillage, et qu’extirpant de mon manteau anthracite un saxophone baryton en piteux état, je commence à en jouer, ce qui ne manque pas d’alerter les surveillants de salle. Comme j’obtempère à leurs objurgations, et vu que j’ai une bonne tronche, ils m’écoutent béats. Pas de course folle, car je n’ai pas le temps de me payer la fiole d’honorables fonctionnaires. Les chiens aboient, Caravan se déploie.

13:15 Publié dans ABC*ACB | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne, Poésie

Chiens de Langeais (version 1084/1295)

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    Ai-je déjà dit que le trombone était, en jazz, l’un de mes instruments préférés ? C’est sans doute pour cette seule raison que je me plais à imaginer tous ces chiens bruns ou blancs, langue pendante, et dont parfois certains même dissimulent savamment leur visage derrière de modestes feuillages, et qu’extirpant de mon manteau anthracite un trombone usagé, je commence à en jouer, ce qui ne manque pas d’alerter des surveillants scandalisés. Comme j’obtempère à leurs objurgations, et vu que j’ai une bonne tronche, ils n’engagent pas de poursuite. Pas de course folle à travers les salles, car je n’ai pas le temps de me payer la fiole d’honorables fonctionnaires. Les chiens aboient, la caravane se déchaîne.

Alors, j’imagine encore d’autres chiens, au collier bleu impeccablement ponctué d’ocre, la langue rose pâle, l’oreille aplatie et la queue basse. C’est à peine si, d’un écart intérieur sans tourniquet préalable, je parviens à éviter la roulotte qui me fonçait droit dessus, avec la mère d’Aurélie Lenfant, sa seule dent pointue affolée comme un gouvernail.

Le collier se détache du cou des deux chiens, tel le ruban d’Olympia. Un molosse me court après, se rue sur moi. Je rêve encore et encore de la roulotte rose pâle. Soixante-cinq cygnes sonores s’envolent à la fin, sans un bruit.

11:50 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne, Poésie

Chiens de Langeais (version 461/548)

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    Enregistré en direct dans les années 1970 et paru en version remasterisée pour la première fois en 1999, Four Winds est une composition pour quartette, avec Braxton himself toujours poly-instrumentiste (sax sopranino, clarinette et piccolo), Dave Holland à la contrebasse, Barry Altschul à la batterie et le stupéfiant George Lewis au trombone. (Ai-je déjà dit que le trombone était, en jazz, l’un de mes instruments préférés ? C’est sans doute pour cette raison que, pas du tout nerveux, j’en démantibule parfois un ou deux tout en faisant cours.)

10:10 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, Ligérienne