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dimanche, 13 mai 2007
Texte objet
Déjà l'an dernier il avait cru bon de s'immiscer, de s'inviter, d'être lui aussi de la fête. Il y a quelques semaines, j'avais cherché quelques dizaines d'anagrammes pour son nom complet, mais sans y penser, sans imaginer qu'ils seraient d'une quelconque utilité.
Il sera dit que le 13 mai est la date de tous les trucages, des plus minutieuses foirades.
Sans savoir pourquoi je le feuilletais ni d'où tombait ce vieux numéro du Magazine littéraire, j'ai relu une chronique d'Enrique Vila-Matas. Il y cite Calvino citant Monterroso et son "conte très court [le] plus parfait". Vila-Matas, traduit par André Gabastou : "Il arrive que l'auteur de textes brefs désire plus que tout écrire interminablement de longs textes." J'enrage. Vila-Matas toujours : "Toutefois, Monterroso n'est peut-être pas exactement un auteur de textes brefs, mais plutôt un auteur de textes brefs infinis." La messe est dite.
Encore j'ai encore des jours et des jours pour écrire les textes brefs de Bel arciel. Pierre Le Muet fait creuser les fondations. La galerie Le Nez au vent est enfin ouverte. Un 13 mai comme un autre.
(Dimanche 13. 43 souvenirs.)
15:05 Publié dans Bel arciel | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Fiction, écriture
= La trappe =
14:24 Publié dans Bel arciel | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Fiction
Objet irradié (L')
Si ça se trouve, il n'y a aucune raison pour que la quatrième des Variations de la Sonate pour violon et piano KV 481 soit interprétée en soixante-et-onze secondes (1'11").
(En même temps, on le sait très bien, répétait à qui mieux mieux Romuald-Blaise.)
Samuel s'y entend, à nous engluer dans ses filets. (Mixed metaphors are my forte.)
Après plusieurs travaux ardus, il s'était dit qu'il allait poursuivre sur la lancée, ce qui ferait de sa matinée l'une des plus productives. Seulement, voilà, il s'était retrouvé à récurer une vieille friteuse. Pas de lancée qui tienne.
Pierre Le Muet en supervise la reconstruction, pour le compte de Claude Bouthillier, surintendant des finances de Louis XIII.
Pas de lancée qui tienne. Aucune liane que je n'ai tancée. (Vous n'avez rien vu.)
11:11 Publié dans Bel arciel | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Fiction, écriture
Pilé nuages
Bérénice s'arrache les cheveux à pleines poignées
rêve de verre brisé
urnes de bris de verre pilé
nuages de verre cathédrale
orangés
Comme Bérénice
arrache avec joie sa chevelure de verre de
nuages
il pleut dans les voilures
ne rêvez plus Bérénice Les
océans de verre vous emportent par vents et marées
10:10 Publié dans Zézayant au zénith | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, Musique
samedi, 12 mai 2007
Objet flou derrière
Sur ce portrait photographique de 1959, Samuel B. a l'air espiègle, les lèvres pincées et son beau regard chavirant. Il semble pétri de cette terrible drôlerie de la vie que l'on sous-estimera toujours, le lisant. Les hautes instances de Trinity College (où il devient, presque cinquante ans plus tard, si difficile d'envoyer des lecteurs, même parmi les étudiants les moins doués) viennent de lui décerner un doctorat honoris causa, et le photographe du quotidien Irish Times le saisit là, posé, lunettes parfaitement rondes, la mèche volontaire mais sans défi. Cet homme est l'homme le plus amusant du monde, et pas l'épuisé de Deleuze, ou que sais-je encore.
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Quand il s'éveilla, il n'était pas question des pamplemousses corses, ni des oranges d'Islande, ni des goyaves de Jersey, ni des melons de l'île de Mull, ni des citrons de Sakhaline, ni des abricots de Madère, mais toujours et encore de la banane sarde (débat), de la banane sarde (débat), de la banane sarde (débat), de la banane sarde (débat), de la banane sarde (débat), de la banane sarde (débat).
C'est à devenir dingue. Quand reviendra-t-il nous hanter, le bas teckel muet ?
23:33 Publié dans Bel arciel | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Fiction, écriture
vendredi, 11 mai 2007
Objets pour le culte Slabbinck
Le titre du texte : ... débat sur la banane sarde ...
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HEURTOIR DE FIN : le traducteur.
22:23 Publié dans Bel arciel | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Fiction, écriture
Objets de Kuiper (Des)
Après avoir passé deux journées entières à travailler dans la galerie de son vieil ami, il tombe comme une souche la nuit, et soudain ce matin-là il se réveille en sueur. Il n'a toujours pas rêvé du bas teckel muet ni de la visiteuse inconnue, mais des grappes de mots continuent de le poursuivre, dans ses songes comme à de brefs et furtifs instants de son existence éveillée.
Il s'est réveillé en sueur, et ce dont il avait rêvé, c'était d'une banane sarde. Mieux (ou pire), il regardait, sans pouvoir détacher les yeux de l'écran de télévision, un débat sur l'inflation galopante du prix de la banane sarde. Le mot débat ne cessait de revenir, et bien sûr cette stupide expression "banane sarde".
Le débat était stupide. Il y avait un archevêque vieux jeu, un patron de bowling et une ancienne strip-teaseuse. Quand l'homme se réveilla, il n'eut pas même besoin de se dire qu'il ne poussait certainement pas de bananes en Sardaigne. Il le savait, l'avait su tout le long du rêve interminable. Et d'ailleurs, la question n'était pas là : ni le vieux schnock en soutane, ni le maquereau ni la sous-actrice X de bas de gamme ne se souciaient de la Sardaigne. La banane sarde, dans le débat, n'avait à peu près aucun rapport avec la Sardaigne.
Le débat était stupide, mais, quand l'homme se réveilla, il sut tout de suite qu'il lui fallait rechercher, sur ses étagères encombrées de livres, son exemplaire du Jour du jugement de Salvatore Satta.
Pendant ce temps, le bas teckel muet faisait la sieste dans une balancelle de jardin à motifs floraux verts et orangés brûlés par le soleil. Pendant ce temps, Baclaque rentrait chez lui, essoufflé, balançait son vélo dans un recoin du garage, cherchait frénétiquement un clap de cinéma. Pendant ce temps (l'homme désormais buvait son café à petites gorgées), la viduité devenait un sujet de thèse de philosophie.
En mâchant un croissant, l'homme repensa au débat sur la banane sarde, puis eut une nouvelle illumination épuisante : HEURTOIR DE FIN. Le jour du jugement n'était pas pour aujourd'hui.
21:22 Publié dans Bel arciel | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Fiction, écriture
Objets de l'énigme
Bel arciel : tout a toujours déjà été expliqué ici.
(Mais là tout aussi bien.)
19:20 Publié dans Bel arciel | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Fiction, écriture
Objets du pédalier
Baclaque pédale comme un dératé, à en perdre haleine. En passant le pont il a extirpé la capote usagée de la poche de son veston et l'a jetée dans l'eau furtivement. Il se répète sans cesse tu bois du kir tu fais du ski c'est un sketch de roman oui oui. Il a balancé la capote usagée par-dessus la balustrade, oui, oui. Baclaque adore le canard à l'orange. Baclaque adore les ferry-boat déglingués. Baclaque adore les bordels où il dépense tout son pognon quand il ne trouve pas des drôlesses à lutiner gratis. D'un geste preste et furtif, oui, oui, oui, il a balancé la capote usagée dans l'eau, tout en continuant de pédaler comme un dératé.
Baclaque adore les chapeaux, qu'il collectionne mais ne porte jamais quand il fait du vélo. Baclaque adore aller voir la mine dépitée des candidats malheureux, le soir des résultats de l'examen national. Baclaque adore se gominer les cheveux, surtout quand il s'apprête à pédaler comme un dératé, qu'il ait ou non un objet à extirper de la poche de son veston (ou de son manteau) et à balancer dans la flotte. Et surtout, Baclaque se contrefout des bas teckels muets. Il se répète sans cesse, maintenant qu'il s'est débarrassé de sa capote usagée, des phrases sans queue ni tête qu'il déverse sans le savoir dans la tête malade de notre héros : j'adore le kirsch persan et je m'appelle Motkick - j'adore jouer au poker dans mon tank, et passer tout mon smic à boire du kirsch.
Il pédale, se contrefout des bas teckels muets.
18:19 Publié dans Bel arciel | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Fiction
jeudi, 10 mai 2007
Objet sablonneux venteux
Je ne suis pas d'avis d'en ajouter encore et encore à la viduité, plutôt d'évacuer le plein, et délier les langues pour qu'enfin elles se taisent, si vous voyez ce que je veux dire. Si vous voulez ce que je vois, alors je vois des nuages en palimpsestes, des essences rares qui fuient, j'entends le sifflement du cristal sous le ronronnement du lave-vaisselle, je hume le froid de mes avant-bras sous la caresse du bouquet fané, et je goûte mille morts à me pelotonner contre le paillasson. Rien de terrible, finalement, et pas même de quoi épater la galerie.
L'enfant fut conçu un 13 avril, près du fleuve. Sur une plage déserte et chaude. Moment terrible et décisif. Au même instant, Samuel et Jasper discutaient de foirades.
23:30 Publié dans Bel arciel | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Fiction, écriture
Au grand galop
Ma calvitie galope. Une p'tite goutte de gnole, ça ne peut pas faire de mal. Gene Kelly sous la pluie, mouillé comme un trottoir, troque son parapluie pour des idées notoires. De Chicheboville à Cherbourg, il ne doit pas y avoir plus de cent kilomètres. Vous m'avez dit que j'étais une vraie princesse au petit pois. À Cherbourg, ils se gavaient de biscuits fourrés au chocolat. Enfant, j'allais parfois, à vélo, acheter le pain à l'épicerie du village. Tu ferais mieux de jouer au loto, tiens. Une p'tite goutte de gnole, a-t-il répondu stupéfait, les yeux écarquillés. On dit l'amour est aveugle, mais il faut bien croire qu'il voit... Sur la couverture du livre de poche était représenté un détail des Enervés de Jumièges, crois-je me rappeler, même si, en regardant aujourd'hui la toile, j'ai le sentiment que je me trompe. "Pourtant, avec ta mémoire..." a dit la maîtresse d'école. À Chicheboville, on avait photographié Delphine avec ses couettes. Ma calvitie galope.
11:10 Publié dans Dimanche pleurera | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Fiction, écriture
mercredi, 09 mai 2007
Reste
Toute de nacre
Maintenant qu’elle a retrouvé son arme
Qu’elle s’est replacée
Au nœud gordien du bois
Elle est toute de nacre
Le péché sous la peau
N’en faire peu de cas Que très trop peu de cas
La femme nacre barre le ciel
Comme une aiguille dans les Alpes
Travaux d’aiguille
Armée
Elle trame creuse la mer
Lance ses filets dans les criques
Elle est toute de nacre encore
La femme nacre
Lentement toutefois elle entre dans la danse
Et ce qui vogue dans les airs
Sont-ce des os sont-ce des chansons de marins
Sont-ce peut-être des crânes
Elle tournoie si lentement
Dans les rues de Blois désertées
Toute de nacre.
18:50 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Poésie
Objet de la trousse (L')
Triste après-midi de chien, pensa-t-il. Triste folie de fendre l'air sans raison. Le froid comme le chaud sont à couper au couteau. Dans mon aquarelle je me marre.
15:15 Publié dans Bel arciel | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Fiction, écriture
mardi, 01 mai 2007
Objets au ras
Quand il eut achevé son collage majeur, il dîna sur le pouce, puis se ravisa et alla voir, sur la table du salon, le collage encore frais, qui représentait bel et bien un bas teckel muet, c'est-à-dire qu'il avait réussi à représenter un chien court sur pattes, tout en longueur, avec une sale gueule, tortillant de la queue, mais il l'avait dépeint (ou plutôt : collé) dans un cadre de rues et de fenêtres qui en montrait la bassesse, à trottiner au ras du sol ; la prouesse la plus nette était d'avoir su en représenter la mutité, le mutisme forcé, l'impossibilité même du laconisme, ce par tout un jeu de phylactères, de bulles et de macaronis sans nul texte pourtant.
15:15 Publié dans Bel arciel | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Fiction, écriture