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dimanche, 10 février 2008

1616 - Edgardo Limentani, en suspens

    À peu de choses près, je sais que je tiens surtout ces carnets pour moi. Tant pis pour la vie, écrit Monsieur Songe. Puis il biffe pis. Reste tant pour la vie.

Ayant ôté son bonnet, il avait froid à la tête. De plus, la proximité du crucifix, de ce noir cadavre enfumé et encloué, l'intimidait.

(Giorgio Bassani. Le Héron. IV, 2. Traduction de Michel Arnaud. Gallimard, 1967, p. 195.)

 

Le coffret funéraire de Ramsès XI, déplacé sous la tente, livre ses secrets. On ne saura pas, finalement, si Edgardo, s'identifiant pleinement au héron, troublé aussi par le tableau savamment composé des animaux empaillés derrière la vitre, se suicide.

11:45 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, écriture, Ligérienne

Hardimanche

    Il ôta son chapeau et s'avança doucement.

L'oiseau, était-ce un pigeon ou une colombe (elle avait appris qu'il y avait des colombes dans la région), traversa le ciel, sa couleur effacée par le crépuscule.

Derrière, il y avait une grange. Des silhouettes de croque-morts qui sortent d'une maison, une nuit pluvieuse, en portant le cercueil de ce pauvre Monsieur Yipe. Debout sur la place, un prophète levait les bras pour haranguer la foule des mendiants. Tout ça, c'est à cause des péchés de nos mères.

Il avait tiré à pile ou face et il n'était pas question de remettre en cause l'arrêt du destin.

Au début, il m'arrivait de laisser des messages dans la rue.

 

10:17 Publié dans Darts on a slate | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Fiction, écriture, Traduction

samedi, 09 février 2008

(Tout attendra, alors.)

    Des centaines d'autres projets aventureux me taraudaient l'esprit, mais, comme le corps ne tenait pas le rythme, je me suis simplement retrouvé face au petit tabouret de bois clair, juste avant minuit, à griffonner quelques menues griffures, histoire d'écorcher les peaux mortes du calendrier - de corner, avec l'énergie de l'épuisement désespéré, la page du jour qui s'en va et ne reviendra plus, sauf, qui sait, dans les souvenirs durs, écailleux comme des ongles coupés. (Tout attendra, alors.)

23:23 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Fiction, écriture, Poésie

vendredi, 08 février 2008

Vendredimmolés

* All the Pretty Horses

* Carpenter’s Gothic

* Child of God

* Dr. Sax

* Outer Dark

* The Madonna of Excelsior

* White Teeth

* Wittgenstein’s Mistress

 

    Huit groupes nominaux, dont un titre honorifique, deux cas possessifs et deux compléments du nom. Trois de ces livres j’ai lu (il y a longtemps, pour certains). Je ne les ai pas empruntés pour moi. La roue tourne.

11:35 Publié dans MAS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne, Littérature

mercredi, 06 février 2008

Charte-partie dans les chairs

    Accord des consuls de Toulouse avec Bernard de Montaut et les autres coseigneurs d'Auterive, sous la caution de Bernard de Montesquieu. Six fondés de pouvoirs d'Auterive, vingt consuls; neuf témoins. Lundi 6 février 1204. Charte-partie.

(Archives de la mairie de Toulouse)

20:00 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Histoire

Narbonne en 1882

    La sirène médiane du premier mercredi pousse son long cri au soleil. Comment réussir à se rappeler qu'il faut quatre s et deux p au nom de Mississippi ? L'impératrice descendit de son trône. Un jour, il photographiait des troncs de frêne ; certaines autres fois, il peignait des faînes. Appuie sur le champignon, ducon ! C'est le jour même où il me demanda de lui emprunter Les Sorcières de Salem qu'il me fut impossible de le faire, car l'exemplaire était déjà pris, et pour deux semaines encore. Quelque commis-voyageur aux mains sales aura mis Henry James de mauvaise humeur.

12:04 Publié dans Dimanche pleurera | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Fiction, écriture

Les Yeux de l’âme

    Soul Eyes est un album enregistré en 1997 par le pianiste Mal Waldron. Comme j’aime beaucoup Waldron – mais aussi son batteur Andrew Cyrille et son bassiste Reggie Workman – cet album devrait me plaire. Or, non. Pas vraiment. Il ne me déplaît pas, mais peut-être est-il trop bricolé, trop hétérogène. Cinq des dix morceaux sont chantés, Steve Coleman fait une apparition (fantôme (car rerecording)) sur deux titres et Joe Henderson sur un. L’ensemble manque vraiment trop d’unité ; pourtant, je ne suis pas un puriste, de ce côté-là.

L'album offre aussi un contraste saisissant entre les deux voix, Jeanne Lee, qui chante trois chansons, et Abbey Lincoln, qui en chante deux. J’ai déjà eu l’occasion d’écrire, plusieurs fois, quel culte je vouais à la voix d’Abbey Lincoln. Or, tout sépare Lee de Lincoln. Jeanne Lee est tout ce que je n’aime pas : maniérée, bluesy d’une façon convenue, limite grue tant elle se croit distinguée. Abbey Lincoln, elle, est une immense chanteuse : sa voix est tour à tour lourde et aérienne, fragile, profonde, bouillonnante, maniériste.

06:20 Publié dans 721, Aujourd'hier, J'Aurai Zig-Zagué | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Jazz

mardi, 05 février 2008

Le Coq sifflera trois froids

    Les états étant de nouveau réunis le 5 février 1357, Marcel et Robert le Coq, évêque de Laon, leur présentèrent le cahier des doléances, et obtinrent que chaque député le communiquerait à sa province.

(Jules Michelet. Histoire de France. Vol. IV, 1305-1364.)

 

Si je comprends qu'il s'agit des Etats généraux réunis par le roi Charles V, et si je comprends, grâce au contexte, que le pronom leur renvoie, selon toute probabilité, à ces mêmes "états", ce qui m'échappe complètement, en revanche, c'est l'identité des prénommés Marcel et Robert : qui est évêque, dans cette galère ?

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Bon, si, en fait, je comprends : Robert Le Coq est évêque de Laon, et Marcel désigne le célèbre Etienne Marcel, prévô des marchands de Paris et chef de file des opposants à la politique du Dauphin Charles V. Mais enfin, il faut être vigilant...!

20:00 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (2)

L’Airone Unità nera

    Au premier feu rouge, sur la rue Nationale, j’ai lu les trois premières phrases du Héron. Au feu suivant, juste avant le pont Wilson, quatre phrases entières, et même le début du paragraphe suivant. Sur la table où j’écris sont posés les deux livres achetés aux Amours jaunes sur le coup de midi, deux cartes longilignes « Le Poste Livre » (je n’utilise jamais ces mochetés conventionnelles quand j’expédie des livres à des amis), et une petite assiette ave un kiwi, deux clémentines et une orange.

Le temps de garer la voiture dans la rue, en face de la maison, j’étais parvenu à la « silhouette voûtée et emmitouflée » du concierge, Romeo Manzoli. Avant de déjeuner de fruits, j’ai recommencé à écouter Black Unity, par l’octette de Pharoah Sanders, monument entre les merveilles de l’ère free. Déjà deux écoutes, hier soir et ce matin, et je ne cesse – par delà les riches harmoniques du trio cuivré – d’être stupéfait en suivant la ligne des deux contrebasses.

Ce qui m’a donné envie de réentendre cet album mythique, c’est une conversation que j’ai eue samedi soir avec Jean-Pierre Saint-Lau.

Nous avons évoqué Braxton, dont son fils venait d’acheter For Alto (le classique du Maître), puis Ayler et Sanders, avant que je ne lui fasse – brièvement – écouter l’ouverture de Black Vomit, album cosigné par Braxton et Wolf Eyes. Il se trouve que le titre, Black Vomit, aurait été inspiré, à en croire certaines sources, par un critique qui avait dézingué Black Unity en ces termes : « Mr Sanders may well be fighting for unity, yet his efforts so far have only produced black vomit ».

Voilà ce qui fait que votre fille est muette !

(Et le héron aussi.)

13:57 Publié dans J'Aurai Zig-Zagué, Unissons | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Jazz, Littérature, Musique

lundi, 04 février 2008

L'oiseau d'amour...

[griffonné 21.01.2008.]

 

    L'oiseau d'amour réincarné

- Anthony arpège au piano -

Contre le sort s'est acharné,

Inversion et pluie de guano.

 

Lorsque Marty Ehrlich déchaîne

Au chanvre nourris ses éclairs

Veloutés de sons, la rengaine

Vient enfluviasser nos déserts,

 

Comme il pleut zébrures zig-zags

- L'oiseau de feu se perd en trilles -

Gomorrhes et Brobingnags

Que le vent aussi défibrille.

 

09:52 Publié dans J'Aurai Zig-Zagué | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, Jazz, écriture