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jeudi, 02 mars 2006

Presque

    J’écoute en boucle les quatre mouvements du motet O qui caeli de Vivaldi, et les cordes me pincent, la voix m’attire dans les noirceurs d’une extase qui m’est interdite, l’Alleluia me transporte enfin et me fait oublier toutes mes frilosités, mes cauchemars, et même (presque) la fureur qui me fait, toujours davantage, écrire sur les portées de ce carnet.

18:20 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (0)

Jérémiades de spleenétique

    Deux petits riens atrocement déprimants, ce matin, puis une journée de labeur (et non de travail) : cela suffit pour m'enfoncer de nouveau la tête plus bas que les épaules. Que m'arrive-t-il en ce moment ?

Ce sont justement les petits riens, les plus matérielles vétilles, qui me contrarient le plus, ou alors, si ce n'est matériel, du moins ce sont des choses qui passeraient pour insignifiantes aux yeux de tout observateur extérieur un tant soit peu raisonnable.

Ainsi, j'ai été saisi d'une effroyable mélancolie, qui dure et se tient chevillée à mon esprit, en voyant que mon fils, que je laisse d'ordinaire à la porte de sa classe, à l'école maternelle, restait, pendant les deux premières minutes, totalement seul, et à moitié affalé sur l'un des bancs, sans lire ni jouer avec d'autres enfants. À part une petite fâcherie entre nous deux au moment de son petit déjeuner, il avait été gai, enjoué, rigolo sur le chemin de l'école, comme souvent. Au moment de me quitter, il n'y avait rien eu de particulier. D'habitude, je m'en vais aussitôt, évidemment, mais là, je voulais prendre les références de photographies dont les parents peuvent commander des retirages, ce qui a pris, le temps d'attendre que la mère qui faisait de même libère le stylo, quelques instants. C'est comme ça que j'ai pu voir mon fils dans son coin. Quand j'ai rendu le stylo à sa maîtresse et remis la feuille avec le choix d'images, il m'a vu, et, comme il était surpris, je lui ai expliqué ce que je faisais. Il m'a relancé son traditionnel "Bonne fac", et je suis parti, la mort dans l'âme.

Il se trouve que, sur la série entière de ces images (une bonne centaine en tout, photos de groupe et photos isolées), mon fils fait partie des deux ou trois enfants qui ne sont pas photographiés seuls. À peine apparaît-il sur deux ou trois photos, au milieu des autres, posant pour le photographe. Ma compagne me l'avait fait remarquer hier, et avait l'air assez acerbe à l'encontre des maîtresses. Cela n'est rien, une fois encore, mais, même si les deux maîtresses sont très contentes de son comportement, de son "travail", etc., il n'en demeure pas moins que la machine à questions se réveille aussi : pourquoi n'est-il pas photographié seul ? pourquoi restait-il seul sur le banc ce matin pendant le quart d'heure d'accueil ? Nous savons qu'il est discret et solitaire à l'école, qu'il préfère généralement prendre un livre et se caler dans un coin au début de la journée... mais là, seul, à moitié affalé, ne disant rien...?

Il y a plusieurs problèmes professionnels, ces temps-ci, qui me déroutent, me désorientent, m'enfoncent (je ne sais trop quelle métaphore choisir), et je voudrais que mon fils ne le ressente pas. Je voudrais continuer à tout mener de front, et à donner le change en ne montrant pas combien je me sens faible, ces temps-ci... Mais ce désir est bien vain.

L'image de mon fils, ainsi isolé, me déchire le coeur, aussi pour de narcissiques reflets, je le crains.

Pour finir sur ce point, j'écris ce billet (que je voulais infiniment bref, au départ (et c'est peu dire que j'ai lâché la bonde à mes petits sentiments)) en écoutant le motet In furore de Vivaldi, dont le largo, si beau et si épanouissant en d'autres circonstances, me fend les pores. Il est des splendeurs qu'une âme malade, aurait dit Lautréamont ou peut-être Baudelaire avant lui, ne peut supporter.

17:05 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (3)

La Muse bagnéraise, de dos

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    Le gui te menace, mais tu restes insouciante, face au ciel nacré et fuligineux, dans l'évidence verticale des arbres qui t'escortent.

13:50 Publié dans Pauvres Pyrénées | Lien permanent | Commentaires (4)

Réponses à certains commentaires

    Je réponds enfin, ci-dessous et de manière un peu vraquesque, à différents commentaires publiés ces derniers temps en réaction à mes billets. Sachez que si, contrairement à ce que je pratiquais sur mon blog précédent, je ne réponds presque jamais aux commentaires, c'est délibéré. Tout d'abord, je n'aime guère le pseudonyme sous lequel j'ai signé les premiers billets et commentaires (mais je peux en changer : MUMM n'est pas mal, après tout), et surtout, j'aime assez vous laisser échanger entre vous en me tenant à distance. Dans tous les cas, je lis attentivement tous les commentaires.

Bien.

Je remonte le temps.

Tout d'abord, pour ce qui concerne une des nouvelles catégories, Arbre à came, il s'agit effectivement, au prix d'un jeu de mots assez piteux, de décliner mes différentes non-vies en vingt-six notules alphabétiques.

Pour ce qui est de l'orthographe de yahourt (qui, donc, ne s'écrit pas comme ça), j'ai tort, en effet, et depuis ma plus tendre enfance, mais ce mot ayant trois orthographes différentes, comme l'a fait remarquer Simon, je me dis que persister à en ajouter une quatrième est assez amusant. Hommage à Jonathan Swift aussi, et à ses Yahoos. Ce sont de mauvaises raisons, mais je suis de mauvaise foi, vous le savez. (J'ajouterais que j'ai souvent envie de suivre Balzac et sa curieuse version cen dessus dessous, qui aurait le mérite de mettre d'accord les tenants de sens et les amis de sans en les renvoyant dos à dos.)

Pour ce qui est de vos commentaires relatifs à la note Témoins d'autrefois, je tiens à remercier Thierry et Simon de leurs compliments, Joye de sa citation, et Jacques du quatrain verlainien (mon vieux Léo, ta voix sur les mots de Verlaine...). Par ailleurs, cette note est le spectre d'une note que je n'ai jamais écrite sur ma découverte, à quinze ans, de Gérard Manset. Les trois vers cités en exergue de la photographie sont extraits d'une chanson magnifique, Celui qui marche devant, qui me faisait déjà vibrer en 1991, et qui n'est pas loin de me glacer le sang, de beauté, en 2006.

Réponse à Joye, maintenant : la taupe est aussi une couleur. La taupe est tout. Elle souffle, elle se hasarde, elle grignote et gratte les souterrains. Une autre réponse à la même : Gide n'est pas du tout démoralisant, quand on est en état. Par exemple, lire Beckett ou Thomas Bernhard m'emplit d'une joie absolue quand je m'y attèle l'âme heureuse. Ce sont des lectures qui noircissent une mélancolie déjà présente. Le problème, c'est que Pif me déprime encore plus que Bernhard quand je ne vais pas bien ! Livy, je te donnerai une réponse similaire : le problème est toujours en amont. Cela dit, le lien fonctionne parfaitement chez moi... Et je n'ai pas, crois-je, un coeur de pierre.

Pour ce qui est des ridules, il ne faut pas en faire tout un plat : je tiens pour la beauté des parchemins, donc j'attends impatiemment le jour où je ressemblerai à une petite vieille de Goya.

Sur la note Les Fraises sauvages, Fuligineuse pose deux très bonnes questions, auxquelles je m'abstiendrai de répondre. (Non, mais quel fumier, celui-là...)

Enfin, je garderai la dernière réponse, provisoirement, pour Bloguette, qui traverse, je pense, une passe difficile, et à qui je souhaite de retrouver le bonheur du futur. Je suis, pour ma part, plus geignard que réellement malheureux ces temps-ci, et je suis tout à fait conscient que je n'ai pas de raison de me plaindre de mon sort (Livy, I hope everything will turn out for the best soon).

J'en termine ici pour le moment, car je me lasse d'insérer des liens hypertextuels partout...!

13:00 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (1)