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mercredi, 05 juillet 2006

XX : Balles neuves

    Que les Anglais aient inventé le tennis sous sa forme moderne, mais que les Français lui aient donné son nom, par l'intermédiaire de l'appel de service courant lors des parties de jeu de paume, tout cela est connu comme le loup blanc. Après un mois de silence, que faisait Samuel B. quand il voulait se remettre au travail ? Quand il composait Hudibras, le tennis n'existait pas, mais quand il mourut, peu après avoir soutenu une nouvelle fois que l'Odyssée avait été écrite par une femme, le tournoi de Wimbledon existait déjà. D'ailleurs, peu après sa mort, Lawrence Doherty remportait la première de ses cinq victoires consécutives dans le simple messieurs, sur gazon, traçant le chemin de la chair.

Tenez-vous bien.

17:25 Publié dans Voici venir Samuel B. | Lien permanent | Commentaires (0)

;)

    Aujourd'hui, plutôt qu'au tennis barbu, il fallait choisir de jouer au tennis maillots : dans le centre de Tours, les maillots de l'équipe de France étaient presque aussi nombreux que ceux de l'équipe du Portugal. De quoi faire plaisir aux nationalistes et patriotes...!

17:17 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

Myrrhe bruloit jadis...

medium_HPIM4940.JPG     Il semble, à en croire cette image capturée dans un parterre des jardins du Prieuré Saint Cosme, que le poète Etienne Jodelle ait donné son nom à une plante.

C'est l'occasion de vous épargner mes rimailleries et de vous proposer un sonnet féroce de ce merveilleux oublié.

(Sur l'oubli, on évoquera Saint-Pol Roux, aussi, mais pas aujourd'hui.)

 

 

Myrrhe bruloit jadis d'une flamme enragée

Osant souiller au lict la place maternelle

Scylle jadis tondant la teste paternelle,

Avoit bien l'amour vraye en trahison changée.

Arachne ayant des Arts la Deesse outragée,

Enfloit bien son gros fiel d'une fierté rebelle :

Gorgon s'horrible bien quand sa teste tant belle

Se vit de noirs serpens en lieu de poil chargée :

 

Medée employa trop ses charmes, et ses herbes,

Quand brulant Creon, Creuse, et leurs palais superbes

Vengea sur eux la foy par Jason mal gardée

Mais tu es cent fois plus, sur ton point de vieillesse

Pute, traîtresse, fiere, horrible, et charmeresse

Que Myrrhe, Scylle, Arachne, et Meduse, et Medée.

 

Etienne Jodelle (1532-1573). Les Contr'amours.

15:15 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (1)

Appelez les pompiers / Maintenant

    Huit heures du matin. J'apprends à l'instant même que l'Allemagne a été défaite par l'Italie, lors de la demi-finale. Mon petit texte qui évoquait la R.D.A. avait été écrit hier, et ne saurait donc être interprété à cette aune. Par ailleurs, je remarque que les brillants pronostiqueurs, dont un qui s'était exprimé ici, ont failli, une nouvelle fois.

14:14 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (0)

# 10

    Comme la pie

allume un flambeau

rouge autour du nid délaissé,

dessine une

aventure :

 

diamants, escrocs, voleurs, faussaires

riches de leur vilénie,

 

amants qui flambent sur les ailes de la

buse.

 

13:55 Publié dans Cardadrab | Lien permanent | Commentaires (0)

Huitain retrouvé sur une feuille volante, et qui doit dater de treize ou quatorze mois environ

Il devient difficile aux mornes de mourir

Et le monde s'épanche au bord des embrasures

Un brasier, un charnier qui peint notre aventure

Et où l'horizon sale est pressé de courir

 

Un teint qui se dérobe, une gravitation

Autour de l'harmonie céleste des nuages,

Une hémorragie qui s'enténèbre à ces pages,

Dans l'oeil échaudé c'est comme une irritation.

 

12:25 Publié dans Odelettes d'été | Lien permanent | Commentaires (1)

Tous yeux bus, 2

medium_Feu_orange.JPG

11:50 Publié dans Brille de mille yeux | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Ligérienne

Dans l'atelier, suite

medium_HPIM4897.JPG

 

 

    C'était hier.  Aujourd'hui, je n'y arrive pas. (L'orage de la nuit ?) Suffit-il de s'y mettre ? Pas sûr. Bruit, fatigue, jambes lourdes, inutile de s'y mettre si c'est pour écrire n'importe quoi (ou presque) .

 

medium_HPIM4900.JPG

 

Ces quelques images illustrent plutôt la note écrite hier. La photographie ci-contre montre mon ordinateur, avec le fichier Word en 200% (ça doit être la page 188 ou quelque chose comme ça, car je travaille sans interligne), et la couverture de l'édition sud-africaine de Links, que je préfère pour plusieurs raisons.

 

medium_HPIM4901.JPG

 

Bon, si je vous dis qu'en ce moment nous écoutons, en fait, You Are the Quarry de Morrissey, vous allez vous dire que cette troisième image est vraiment maniérée, ou mensongère. Pourtant, quand je traduisais, hier, c'était bien Apollo et Hyacinthus, que j'écoutais. J'ai parlé d'opéra l'autre jour, mais ça n'est pas vraiment un opéra ; évidemment, je simplifie toujours.

 

 

Sinon, parmi mes facilités du moment (je sombre dans la facilité), la rubrique Unissons accueille les notes pour lesquelles je n'ai pas le courage de procéder à un décompte statistique.  

(Incidentally, this is the 700th post...)

 

11:10 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (0)

# 9

    Camelote, c'est de la camelote ! RDA : un vieux sigle pour un pays qui n'existe plus. Drue, la pluie cingle mon visage comme un martinet de mots. Abonné aux contusions, le roi n'est pas mon cousin.

06:25 Publié dans Cardadrab | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 04 juillet 2006

Un peu n'importe quoi (mais à peine)

    Dis, tu n’as pas fini de faire ton cinoche ?

Elle verse à pleins seaux des pleurs d’alligator

Sommes-nous à Pékin ou à Oulan-Bator

Les souvenirs sont plus piquants qu’une épinoche

Tu aimais Goldorak j’adorais Albator

Moi déjà je lisais René Char (quel cador !)

Impatiemment nous attendons le medianoche !

 

Je la vois verser des larmes de crocodile

Dans le bolide fou et le discours futile

Et faux du député devant le cinéma

 

L’agace follement, l’ulcère, l’horripile

À en avoir soudain des plaques d’eczéma

Et elle envoie valser les fiches de l’édile

Bon, c’est fini, ce bin’s ? Tiens, il est midi pile !

 

19:10 Publié dans Sonnets de juin et d'après | Lien permanent | Commentaires (7)

Unissons nos efforts

    Dans la dernière des variations d’après “La belle Françoise” (KV 353, interprétation de Bart van Oort), le clavecin a presque une sonorité de guitare. Or, c’est un piano-forte.

Quel est le point commun entre Pas de nom de Gérard Manset et Les Gueux de Dick Annegarn ?

 

Cendrars comme Le Clézio s’intéresse à l’or. J’écris mes textes avec les conseils avisés d’un poisson d’argent. (Fair Portia, je sais que votre portrait est dans la cassette de plomb.)

Y a-t-il des enregistrements de la Julie de Nicolas Dezède ? Et des Mariages Samnites d’André-Ernest-Modeste Grétry ? J’en doute. (D’ailleurs, qu’est-ce donc qu’un Samnite, ou qu’un mariage ainsi épithétisé ?)

 

Vous voyez ce pilote ? Il flambe son essence, et ça fait des plombes qu’on attend ses photos. Harpagon peut aller se rhabiller.

18:10 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (0)

Samsara 696

    La chatte noire de la courette sautille et bondit pour attraper un bourdon (une grosse mouche, peut-être ?). Dans le jardin, à l’arrière, le chat noir et blanc a sa place attitrée, son lit de menthe au pied du prunier. Je choisis d’écrire chatte et chat, indifféremment, arbitrairement. Toutes les combinaisons imaginables sont possibles.

Si t’es foutu, morfondu

Comme une vieille violoncelle

(Dick Annegarn. “L’homme de l’aube”)

 

Bien entendu, le philosophe vagabonde, divague, sautille lui aussi à la recherche d’articulations conceptuelles inouïes, et l’écrivain se noie à force de plonger pour aller chercher, tel Robert Caillet sans domicile, des piécettes dans le Doubs. (Mais ces piécettes sont aussi, s’il y prend garde, des pépites.)

16:40 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (1)

Liens, lignes, silènes et silences

    Pour maintenir ouvert l’exemplaire de Links dont je me sers pour la traduction (il s’agit d’un volume relié de très bonne qualité correspondant aux secondes épreuves non corrigées : “Uncorrected Proof for Limited Distribution”), j’utilise tantôt l’édition hardback américaine, tantôt la réédition en paperback dans la célèbre collection des manchots (je cite Penguin, ouvrez les guillemots), tantôt l’édition originale, sud-africaine.     Tout est lié, tout se livre, tout est lu.

15:10 Publié dans ABC*ACB | Lien permanent | Commentaires (0)

Petite cuisine

Note liminaire :

Ce billet est publié dans la rubrique Fièvre de nombres

et doit être vivement déconseillé

aux âmes sensibles et autres arithmétophobes.

 

    Comme, avant elle, la rubrique 410/500, la catégorie ABC*ACB vient de subir un ajustement de ses contraintes d’écriture. Ainsi, le billet publié à 9 heures 30 (mais écrit entre 8 h 47 et 8 h 49), compte 439 caractères espaces non comprises, et 532 espaces comprises, ce qui ne correspond pas exactement à la contrainte de départ. Toutefois, il reste fidèle à l’esprit de cette rubrique, par un savant calcul.

 

Voici la règle :

Soit A, B et C les trois chiffres constituant, dans cet ordre, le nombre de caractères espaces non comprises du billet (ci-après dénommé S1).

Les trois chiffres constituant le nombre de caractères espaces comprises (ci-après dénommé S2) doivent être les mêmes, mais avec une inversion à l’intérieur de la centaine : à l’ordre ABC se substitue l’ordre ACB.

Par exemple, le texte intitulé Divertimento KV 136, Allegro comprend 319 caractères espaces non comprises, et 391 caractères espaces comprises°°°.

 

Il appert clairement que le texte Place Plumereau etc. ne respecte pas cette règle, mais il n’est pas si relâché que ça, tout de même : en effet, S2- S1=W ; de surcroît, W est composé des chiffres B et C selon l’ordre inverse de la structure de S1.

 

C’est la première fois que je révèle mes petits secrets de fabrication, la popote de mon atelier. Reprenez donc un Aspro. Moi, ça m’amuse… (C’est déjà ça.)

 

°°°

Il existe, pour Divertimento, une autre subtilité de calcul, liée au fait que le texte est composé de 73 mots.

En effet, 319 = (73x4)+27 et 391 = (73x5)+26. Ainsi, avec W le nombre de mots du texte, on obtient

S1=4W+x

S2=5W+(x-1)

 

Mais là n’est pas le propos aujourd’hui.

13:55 Publié dans Fièvre de nombres | Lien permanent | Commentaires (3)

Tous yeux bus, 1

medium_Feu_vert.JPG

12:00 Publié dans Brille de mille yeux | Lien permanent | Commentaires (0)

Un bol fut

    Aujourd'hui, à marquer d'une pierre blanche, voit la découverte, par votre serviteur, des infos-bulles dont je ne manquerai pas, désormais, de truffer mes billets.

11:17 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

Croix et bannière

    Pas moyen de rafraîchir vraiment, durablement la maison, ni même de l’aérer en fait, car les appareils électriques (ordinateurs, chaîne stéréo) et la sueur humaine rendent tout essai vain, dans la durée, mais aussi : pas moyen de supprimer le petit grigri laid et gris en dessous de la nouvelle bannière. Simon

[qu’il soit ici fÉlicitÉ de sa superbe Mention Bien au baccalaurÉat, dont il est digne]

avait raison : ça prend dix minutes de préparer et de mettre en ligne une bannière, mais je ne compte pas les essais infructueux pour bidouiller la feuille de styles et tenter de faire disparaître ce Musicien masque de mots gris, décalé, superfétatoire et redondant (et qui ont plutôt duré, à eux seuls, un quart d’heure, ce matin, entre six et sept).

10:45 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (7)

Place Plumereau, Place Plum', Place Plume...

    Franchement, je ne parviens pas à me rappeler le mot que m'a appris Simon, hier, place Plumereau (je persiste à ne pas tronquer le nom de cette illustre place tourangelle). Je me souviens très bien de la définition, mais je ne la donnerai pas pour ne pas faire honte à mon ami devant tout le monde. (Simon, tu as mon adresse électronique, hein ? )

Quand on ne connaît pas l'adresse du site Web idoine, on reste inquiet pour les résultats du bac. Comme ton blog reste désespérément muet, je suis saisi d'angoisses compassionnelles...

09:30 Publié dans ABC*ACB | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Ligérienne

Le munster Astolphe Sijouvray

[Lire le chapitre 1

 

    J'étais assez embarrassé pour répondre à mon hôte.

Il y avait, dans la courette, une bise agréable. (C'était le mois de janvier, et je n'aurais peut-être pas dû sortir en peignoir.) Tandis qu'une stalactite me pendait au bout du nez, je me livrai à sept bonnes minutes de réflexion, avant de répondre le plus honnêtement du monde au sieur Astolphe Sijouvray :

"Monsieur, votre question m'embarrasse. Des deux livres entre lesquels vous hésitez, il en est que je n'ai pas lu mais que j'emporterai l'été prochain dans ma valise avec la ferme intention de réparer cet oubli, et l'autre que je n'ai pas du tout l'intention de lire. Pour le premier, vous devriez tout de même savoir qu'il n'est pas encore publié en français. Pour le second, vous devez vous moquer de moi."

Astolphe Sijouvray se lissa une barbichette absente, roula entre ses doigts des favoris imaginaires, délogea d'entre ses dents une miette de salade chimérique, avant de m'offrir un large sourire, qui, au vu de sa physionomie générale, était plus affreux et effrayant encore que sa mine ordinaire. Puis il partit d'un grand éclat de rire et commença à m'expliquer que cette question était en fait un test, et que je venais de gagner au grand concours du Munster Astolphe Sijouvray, oui, que j'avais gagné pas moins de soixante-dix-sept munsters de 400 grammes chacun, que sa camionnette était garée juste dans la rue voisine et qu'il allait revenir me remettre mon lot.

(Nous étions en janvier. Il valait mieux, pour le munster.)

 

... Affaire à suivre ...

09:10 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (4)

# 8

    Caramel fondu, comment récurer la paillasse ? Donne-moi l'éponge, on n'est pas des chiffons. Adrénaline des interviews d'après-match, quand on dit n'importe quoi. Absents des stades, non plus, on n'est pas des chiffons.

07:00 Publié dans Cardadrab | Lien permanent | Commentaires (1)

Juin

    S'endormir à minuit, se réveiller tôt et se lever, en restant à l'étage pour ne pas réveiller la maisonnée avec les craquements bruyants de l'escalier, c'est aussi être au bureau, keeping office hours at dawn, la fenêtre ouverte, avec les oiseaux qui lancent un concert de trilles, rêvent de recouvrir les pétarades lointaines des motos, avenue du maréchal Juin.

05:45 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 03 juillet 2006

Meuglements et patibourres

    J'ai appris aujourd'hui que le meuglement se disait low en anglais (verbe et nom).

Il y a, par ailleurs, au début du chapitre 28 de Links , un verbe que je n'avais jamais rencontré (enfin, jamais, façon de parler : je l'avais rencontré, sans tiquer, lors de mes précédentes lectures du roman) et qui, à en croire Google (six résultats trouvés seulement), est presque un hapax :

Jeebleh watched Makka romb about with Faahiye.

 

Pour l'instant, j'ai traduit par une expression trop banale : "faire la folle avec". Mais je me demandais s'il ne fallait pas risquer un terme aussi rare... Enfant, c'était disait "faire la patibourre", mais là, Google ne donne aucun résultat (c'est un peu comme "à toute banane", si vous voulez...).

21:55 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (7)

Nathalie : Quintane : Cavale

2 juillet, onze heures du soir

 

    Je n’aurais pas dû boire ce café, chez les W.

Longtemps avant de commencer à écrire ce texte, j’avais décidé que la première phrase serait : « Je n’aurais pas dû boire ce café, chez les W. » (Longtemps, c’est-à-dire une heure avant, tandis que ce texte mûrissait en moi. (La meilleure métaphore est-elle mûrir, germer ou un autre verbe ? La meilleure métaphore ne serait-elle pas tout autre verbe qui éviterait de tels clichés ?))

Tandis que je lisais la deuxième partie du dernier roman paru de Nathalie Quintane, Cavale, j’étais attentif au texte et je pensais aussi à des centaines d’autres choses. (Je ne pense pas que cela ait été vraiment fait, en littérature : noter avec autant de minutie que possible, selon le souvenir d’un passé proche, tout ce à quoi pense un lecteur pendant sa lecture. C’est une autre affaire, mais n’excluons pas d’y revenir.)

Je pensais notamment à la sueur de ma peau contre le drap de dessous, ou contre la chaise en plastique rouge – puisque je me suis déplacé dans la bibliothèque pour lire –, à la douche froide que je ne manquerai pas de prendre avant de me coucher pour de bon, au discours qu’Arbor nous avait tenus, il y a un an environ, à propos de son choix de ne plus manger de poissons, aux autres livres de Nathalie Quintane, à celui (son premier, Chaussure, lu à l’époque où j’étais littérairement obsédé par les chaussures) qui m’a fait découvrir cet écrivain inégal (inégal est l’anagramme de génial (je lis aussi l’essai de Pierre Bayard sur les œuvres ratées, please bear with me)), je pensais à bien d’autres choses que Nathalie Quintane ou ses livres, comme Thomas Bernhard, qu’elle pastiche brièvement, Glenn Gould, les notices encyclopédiques des Animaux du Bois de 4 Sous (en particulier celles du gloméris ou du crotale céraste), le mot pêche ou le mot fenêtre, les mots mensonge, démenti, dimenticar, mais aussi la polysémie de ce beau mot de cavale, que je n’ai pas essayé de rappeler mes parents, que l’île près du poney-club de Hagetmau est bien jolie, etc.

Je sais que je ne vais pas parler de Cavale. D’ailleurs, je ne l’ai lu qu’à moitié. Mon drame, ici : quand je n’ai pas fini de lire un livre, je meurs d’envie d’écrire de longs paragraphes dans ce blog, puis je suis pris, une fois le livre achevé, d’une plus grande inspiration à la lecture du suivant. Une sorte de donjuanisme de l’érotique littéraire, qui se mue, paradoxalement, en impuissance critique. Un peu de Viagra, et ça repart ? Je ne sais pas… Filons la métaphore (celle-ci, oui) et craignons que cette note ne soit un signe d’éjaculation précoce. (En tout cas, c’est peine à jouir. Nouveau paradoxe.)

Je sais que je ne vais pas parler de Cavale. (Tiens, je ne savais pas, avant d’écrire cette texte, que je céderais au charme facile de l’anaphore paragraphique, ni qu’une autre phrase que l’initiale, et aussi commençant par je, y serait répétée) mais je sais d’ores et déjà que ce roman est bien meilleur que les précédents de Nathalie Quintane, avec ses 21 débuts, son jeu trouble sur l’identité du narrateur et de son crime, la réflexion (jamais théorique) sur les codes culturels, ses personnages fuyants, plusieurs de ses audaces stylistiques, parfois pataudes ou malvenues mais toujours signifiantes.

Il y a une demi-heure, peut-être, parmi les nombreuses choses auxquelles je pensais en lisant Cavale, il y avait cette anecdote, dont je ne sais où je l’ai lue ou entendue mais qui m’a marquée car j’y repense souvent : P.O.L. ne demande jamais à « ses » auteurs de réécrire et il accepte qu’ils changent de registre ou de style ; selon cette anecdote, il déciderait, d’emblée, de faire signer un auteur chez lui, indépendamment du type d’ouvrages qui seront écrits. L’exemple de Renaud Camus doit inciter à réviser ce récit, sans doute partiel ou exagéré, puisque Renaud Camus a souvent dû retirer des paragraphes ou des passages à la demande de son éditeur (voir édition de P.A. (Petite Annonce) en livre, par exemple), mais il n’en demeure pas moins que, quel que soit son degré de véracité, cette anecdote revient me hanter régulièrement, pour ce qu’elle implique pour la notion de ratage. Que Pierre Bayard soit un des rares à essayer de la théoriser, cette notion, voilà qui est choquant, car je ne connais pas un seul écrivain dont telle ou telle œuvre n’est pas considérée comme mineure ou ratée ; cela est d’ailleurs formulé tel quel dans les conversations informelles qui ont lieu entre « spécialistes » dans les colloques. Curieux, non ? Je songe à Un rêve utile de Tierno Monénembo, dénigré par l’auteur lui-même a posteriori, c’est-à-dire sous l’influence de ses amis, des critiques, de la presse, etc. ; or, c’est un livre que j’aime beaucoup.

Dans cette perspective, l’anecdote (apocryphe, alors ?) relative à P.O.L. donne l’image d’un éditeur soucieux de donner aux auteurs qu’il publie la certitude que l’ensemble de leur œuvre sera un tout impur constitué de parties inégales, de moments creux, de ratages. À creuser, décidément. (Comme Cavale, dont je n’ai pas dit trois mots.)

 

Ajout : Vrai Procuste, je me dois d’ajouter pas moins de trente-trois mots à cette note écrite hier soir, yeux brûlés et cerveau en charpie, afin de publier ce billet dans la rubrique YYY.

21:12 Publié dans YYY | Lien permanent | Commentaires (3)

Nelly Kaplan, plan-plan

    Dans la rubrique Cinéma du Magazine littéraire de juillet-août (n° 455), à la page 20, Nelly Kaplan, dont je crois me rappeler vaguement qu'elle est censée avoir écrit des livres (à défaut, peut-être, d'en avoir lu), écrit quelques paragraphes au sujet d'une adaptation, par Michael Winterbottom, de Tristram Shandy. Elle nous enjoint vigoureusement de lire la magnifique traduction de Guy Jouvet (certes, et je m'associe à elle), mais elle appelle l'auteur de La Vie et les opinions de Tristram Shandy... Laurence Stern ! Ce n'est pas une simple coquille, puisqu'elle réédite cet étrange exploit à quatre reprises, et n'écrit jamais Sterne avec son e. Pas grave, me direz-vous, ce n'est jamais que l'un des sept ou huit écrivains majeurs de la littérature européenne... (Et je suppose qu'il n'y a pas de relecteur compétent non plus dans l'équipe du Magazine littéraire...)

Mais le plus amusant est sans doute cette phrase : "Quant à vous, aimable lecteur, l'avez-vous lu ?"  Moi, oui, justement, et je crains, chère Nelly Kaplan, que vous ne me trouviez pas très "aimable" lecteur. Mais la littérature ne rend pas nécessairement aimable : c'est une activité dont vous avez raison de vous dispenser.

Ah la la... pour un peu vous donneriez raison aux rares pourfendeurs d'adaptations cinématographiques, dont je ne suis pas, et qui prétendent que les films permettent aux spectacteurs de se croire dispensés de la lecture du livre. (D'ailleurs, peut-être saurez-vous me renseigner sur l'auteur du roman dont Les Bronzés 3 a été tiré ? Je meurs d'envie de découvrir ce chef-d'oeuvre.)

Autre perle : "Le livre enchanta Kant, Diderot, Balzac, Nerval, Baudelaire, Goethe".  Erratum, voyons ! Il fallait lire : "Le livre enchanta Quant, Didereau, Balsac, Nerwal, Beaudelère, Gueute". Bien entendu !

18:35 Publié dans Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (6)

Snip goes the weasel !

    Je note ici une nouvelle impasse de cette journée de traduction, pour que ce billet serve d'aide-mémoire (et, comme toujours (soyez-en tous remerciés) d'appel à contribution).

 

Au début de la scène dans le salon de coiffure, déjà évoquée, Nuruddin Farah écrit : "The three barbers stopped snipping". (Fragment de phrase que j'avais traduit comme suit : "Les trois coiffeurs arrêtèrent de jouer du ciseau.")

Deux pages plus loin, au moment où Jeebleh se fait couper les cheveux, il a une vision, qui disparaît furtivement. L'évanouissement de la vision est signalé par une onomatopée : "then snip ! "

Comment traduire cette onomatopée qui est, de toute évidence, un écho quintessentiel du verbe snip, dans l'une des premières phrases de la scène ? J'ai pensé aux deux traductions suivantes :

Le cliquetis des ciseaux s'arrêta. (Mais comment garder les trois coiffeurs ???)

Et puis clic !

 

Affaire à suivre...

13:13 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (4)

Le Tout-Paris, à vélo

    Elle est revenue du lycée à bicyclette en prétendant qu'avec le vent léger, la chaleur n'était guère perceptible, ou qu'en tout cas ce n'était pas la franche canicule. Puis une demi-heure après, s'apercevant qu'elle s'était beaucoup échauffée, elle a concédé qu'il faisait déjà très chaud.

 

Vais-je vous proposer encore une réflexion sur mes apories de traducteur ? Oui, puisque je fais ce que je veux et puisque Madame de Véhesse a commis l'imprudence de me réclamer d'autres notations dans ce genre. Eh bien, dans Links (tandis que j'écoute les douze variations KV 264 à partir de l'arietta "Lison dormait"), il y a, au milieu du chapitre 27 (j'en suis encore là car je n'ai rien traduit ce week-end), la phrase suivante :

The barber-shop had been the rendezvous for the city's cosmopolitans in the days before the civil war.

 

Ce n'est pas seulement la traduction de rendezvous qui me chiffonne, car il eût été préférable, avec une autre syntaxe, de le traduire différemment (mais finalement, je le garde tel quel, ou plutôt avec le seul ajout du tiret obligatoire), mais aussi (surtout) le substantif cosmopolitans, qui n'a, comme équivalent strict, en français, que le très ambigu "cosmopolites".

En l'occurrence, dans le contexte somalien, cela signifie que les Somaliens qui avaient passé quelques années à l'étranger et qui avaient des goûts moins traditionnels (plus modernes, plus dégrossis, plus occidentaux, que sais-je) se pressaient dans ce salon de coiffure. Cette idée n'est en rien traduisible par cosmopolites. Pour l'instant, j'ai choisi, temporairement, d'écrire, en français, "le rendez-vous de la clientèle huppée de Mogadiscio". Mais je suis frustré. J'aurais aimé qu'il existât, pour les autres cités du monde, une expression équivalente au Tout-Paris (même si la connotation de goûts occidentaux en serait également absente), d'autant que j'aurais évité la traduction littérale de rendezvous : "le salon où se pressait le Tout-Mogadiscio", "le salon où se pressait tout ce que Mogadiscio comptait de gens à la pointe / modernes / ..."

Peut-on aller jusqu'à user de l'adjectif occidentalisé, ici ? Comme ni l'adjectif Westernized ni la racine West ne sont présents dans le texte original, je m'y refuse.

 

Bart van Oort, au pianoforte, semble se gausser délicatement de mes atermoiements.

11:25 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (1)

Saepe terrent numina

    Ébloui par la première aria de l'opéra Apollo et Hyacinthus, composé par Mozart à onze ans et dont, dans mon ignorance, je ne connaissais pas même l'existence, je cherche le texte du livret (en latin) sur la Toile, le trouve aisément grâce à la base de données de l'université de Stanford (il est ici) et me surprends à lire ce latin-là, du 18ème siècle, à livre ouvert. On peut bien se vanter un peu de temps à autre...       Sérieusement, cette aria, chantée par Arno Raunig dans la version enregistrée en 1990 par le Rundfunk-Sinfonieorchester Leipzig, est à la hauteur de bien des airs de l'époque.

10:10 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : TRES GRANDE MUSIQUE

Ne traduisons plus, hein...?

    Mon fils regarde Robbie le renne, dessin animé (mal) doublé. Le film d'animation en question est aussi mal traduit, ou plutôt, selon la mode galopante, pas traduit du tout. Ainsi, l'un des personnages s'appelle Vixen. Il se trouve que c'est le nom du personnage féminin principal, fortement idéalisé (à ce que je comprends sur le mode audio (je ne regarde pas le film mais suis les dialogues d'une oreille)), et qu'il est annoncé à grands renforts d'hyperbole parodique : "elle est merveilleuse, elle a un nom si doux, et elle s'appelle... Vixen!"

Or, vixen, en anglais, est un terme qui peut se traduire par "renarde", ou, au sens figuré, par "mégère". Tant les sonorités que le sens du mot sont très péjoratifs, ce qui est évident pour un auditeur anglophone... En revanche, Vixen n'a aucune espèce de signification pour un public francophone. Pourquoi ne pas avoir traduit par Mégère, Harpie Mocheté ou Saleté ? L'aspect antiphrastique du nom est complètement perdu, alors que, même inconsciemment, il doit faire partie du charme du film, pour les enfants et les adultes.

(Par ailleurs, dans un autre passage du film, trois rennes bêlants ou hurleurs sont annoncés comme "les Trois Grosses Cloches", ce que je pense être une parodie des Trois Ténors. Cela me réconcilie plus avec les auteurs du film, mais pas tellement avec les traducteurs : je suis prêt à parier que, dans la version originale, tenor est transformé en terror ; il y avait sans doute mieux, comme paronyme de "ténor", que "grosse cloche"...)

09:00 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (1)

Diamants d'ici

    Faut beaucoup lire par ici.

Oh, quand même, cinq notes par jour en moyenne, ce n'est pas la mer à boire.

Hmmm... Changeons de sujet.

Oui ?

Tu mets toujours trois points de suspension ?

Oui. Pourquoi ? C'est une question de convention, non...?

Oui, mais...

?

Ma question n'est pas conventionnelle, tu peux au moins me reconnaître ça.

Pour le coup...

Ce que j'essaie de te dire, c'est que tu passes ton temps à peaufiner, à finasser, à creuser de toutes petites choses, et ça, ça ne t'a pas traversé l'esprit. Pourtant, les écrivains qui se sont interrogés sur les points de suspension ne manquent pas.

Justement.

Oui, je sais que tu n'étais pas très convaincu par l'étudiante qui avait toute une théorie sur les quatre points de suspension. Mais quand même...

Non, ce que je disais, c'est : justement.

?

Justement, il y en a assez qui se sont penchés là-dessus. Je peux vaquer à autre chose. En plus...

Quoi ?

Au début, je comptais me contenter de nos deux premières répliques. Pourquoi as-tu tout fait déraper ?

Par désir de suspension, peut-être.

Je vois le genre.

07:30 Publié dans MAS | Lien permanent | Commentaires (2)