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mercredi, 30 août 2006

Commissaire Astolphe Sijouvray

    Je regardais Adolphe, ce mauvais film adapté d'un fade roman, et je pensais à cet Astolphe, avec ses mystères, ses munsters. Tout de même, mettre sur le même plan Lapinot et Bolaño, ça ne manquait pas de culot. Et puis, me disais-je, le lifting lui va mieux qu'à Isabelle Adjani. Lui, au moins, il n'a pas l'air figé dans la cire, et ses vingt-cinq ans de moins ne semblent pas tels. Penser qu'elle a plus de cinquante berges et qu'elle a laissé son talent d'actrice sur la rive. Oui, mais, me rétorquais-je à moi-même, Astolphe Sijouvray n'est pas lifté. Certes.

Bon. J'avais remisé les 77 munsters dans un abri de fortune construit dans le jardin, à l'ombre des thuyas, et préparais à présent les invitations à vingt-trois de mes amis, pour une

Soirée Alsacienne

sans flammeküche ni cigognes

Au menu : Munster et Gewürtztraminer, exclusivement

 

J'avais pris soin, avant de composer moi-même les cartons d'invitation à cette soirée d'un nouveau genre et du dernier chic, de goûter le munster apporté par le dénommé Sijouvray, afin d'en vérifier la gouleyance, de fait étonnante), et de me munir d'une vingtaine de bouteilles d'un excellent Gewürtz (comme on dit par chez moi). Du dernier chic, oui : imaginez donc douze messieurs et douze dames triés sur le volet, tant pour leur beauté que pour leur amour immodéré du fromage et de la bibine, se livrer à de telles agapes et ne pouvant pas décemment, vu le menu, penser à conclure quelque aventure que ce soit (encore qu'il n'est pas rare de voir des couples se former et des passions se nouer autour des fromages les plus odorants de notre beau pays).

Je me réjouissais déjà de cette soirée, qui allait avoir lieu dans mon humble demeure, le vendredi suivant. C'était compter sans un appel téléphonique du commissaire Astolphe Sijouvray...

 

[Affaire à suivre, après-demain...]

[Episode précédent : III]

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lundi, 28 août 2006

L'émissaire Astolphe Sijouvray

[Précédents chapitres : I et II]

 

    JE suis venu pour empuantir ta demeure !!!

Le sieur Astolphe ayant ainsi tonné, cela m'étonna. Il tourna les talons, et je rangeai dans mon réfrigérateur la trentaine de kilos fromagers.

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mercredi, 05 juillet 2006

Anamphore

    Vais quand même pas vous dire ce que je cherche à faire, avec mes histoires d'heures, quel sort je conjure, quel but je vise, vais pas faire ça. Vais pas vous expliquer par a+b les arcanes éberlués de mon tout petit cerveau risotto con carne, ni passer par quatre chemins pour décourager les plantes vivaces de me pousser dans les orties et se prendre dans mes pinceaux, vais pas vous dépeindre mes motifs, non. Vais pas vous faire ça, de toute façon j'écris trop, vais pas changer maintenant, non. Vais pas sécher car il vase, vais pas vous mettre en boîte, vous charrier, vais pas vous trouver une jarre ou une aiguière pour que vous y reposiez à la fraîche, un peu courbaturés mais bien au frais, vais pas oser. Vais pas affoler la chèvre, embrouiller le hamac, débroussailler les tignasses déjà un peu littéraires de ces carnets, vais pas vous dégotter une cruche, qu'elle puisse vous fixer de ses yeux de merlan frit, vais pas vous emmerder comme ça, promis. Vais pas me mettre à dégoiser plus que nécessaire (voire), ni vitupérer en plein milieu de la chaussée (voire), ni causer des incidents de circulation, en appeler à la voirie (voire), faudrait voir. Vais pas vous trouver un coussin, un oursin bien douillet, un couillard bien dodu pour clore ce billet, vais pas me pavaner des plombes encore, corniaud, vais pas faire ça. Vais donc pas trouver de grande soupière, ni de vaisselier, ni d'urne cinéraire, oh non, vais pas déraper.

18:18 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (1)

mardi, 04 juillet 2006

Le munster Astolphe Sijouvray

[Lire le chapitre 1

 

    J'étais assez embarrassé pour répondre à mon hôte.

Il y avait, dans la courette, une bise agréable. (C'était le mois de janvier, et je n'aurais peut-être pas dû sortir en peignoir.) Tandis qu'une stalactite me pendait au bout du nez, je me livrai à sept bonnes minutes de réflexion, avant de répondre le plus honnêtement du monde au sieur Astolphe Sijouvray :

"Monsieur, votre question m'embarrasse. Des deux livres entre lesquels vous hésitez, il en est que je n'ai pas lu mais que j'emporterai l'été prochain dans ma valise avec la ferme intention de réparer cet oubli, et l'autre que je n'ai pas du tout l'intention de lire. Pour le premier, vous devriez tout de même savoir qu'il n'est pas encore publié en français. Pour le second, vous devez vous moquer de moi."

Astolphe Sijouvray se lissa une barbichette absente, roula entre ses doigts des favoris imaginaires, délogea d'entre ses dents une miette de salade chimérique, avant de m'offrir un large sourire, qui, au vu de sa physionomie générale, était plus affreux et effrayant encore que sa mine ordinaire. Puis il partit d'un grand éclat de rire et commença à m'expliquer que cette question était en fait un test, et que je venais de gagner au grand concours du Munster Astolphe Sijouvray, oui, que j'avais gagné pas moins de soixante-dix-sept munsters de 400 grammes chacun, que sa camionnette était garée juste dans la rue voisine et qu'il allait revenir me remettre mon lot.

(Nous étions en janvier. Il valait mieux, pour le munster.)

 

... Affaire à suivre ...

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dimanche, 02 juillet 2006

Le mystère Astolphe Sijouvray

    Il fallait bien commencer par noter que la somme de son prénom et de son nom reposait sur un équilibre subtil, entre le cube de 2 et le carré de 3, débouchant sur le nombre premier qui fait partie de mes préférés, 17. Toute personne dont le prénom compte huit lettres et le nom, neun Buchstaben, fait aussitôt l'objet de ma curiosité bienveillante, sinon de mon admiration.

Lui, Astolphe Sijouvray, muni d'une canne à pommeau d'or et vêtu d'un habit à queue-de-pie, se présenta un jour à mon domicile. J'étais encore en peignoir (car je dors nu et, quand je n'ai pas d'affaire urgente pour me pousser sur les routes, l'été, je me vêts, au lever, d'un simple peignoir de bain qui me donne l'allure lascive d'une star de grande classe, une version masculine d'Ava Garner, dirons-nous pour faire simple). Astolphe Sijouvray me tendit sa carte, d'une élégance infinie.

Quand je fus rassuré sur ses motivations (il n'était ni témoin de Jehovah, ni mormon, ni, pire encore, conseiller financier d'un institut spécialisé dans les nouvelles mesures de défiscalisation), je l'invitai à venir prendre avec moi une tasse de Rembeng. Il déclina mon offre, préférant "boire une tasse de thé vert Gunpowder dans votre ravissante courette". Bien sûr, pour l'accueillir dans l'infâme cour de gravier qui sépare la maison de la rue, il fallut déplacer la Clio et sortir les cabriolets Régence. Déjà, la scène n'était pas du tout décalée. (La Clio, elle, cala. Merde alors, elle sort du contrôle technique, cette putain de caisse ! (Car je parle ainsi dans la vie de tous les jours, et hors de mes précieux carnets.))

Astolphe Sijouvray ne voulait pas me demander quoi que ce soit, et, en dépit de son allure surannée, il n'était même pas venu me proposer un pacte avec le diable, or a new lease of life, que sais-je... Il voulait absolument que je lui donne un conseil de lecture, car il hésitait, m'expliqua-t-il avec force ronds de jambes et circonlocutions, qui, pour être savamment tournées et charmantes de rhétorique, ne m'en donnaient pas moins l'impression qu'il cherchait, in vulgar parlance, à noyer le poisson (car l'hyperhypotaxe sert aussi, dear students and fellow scholars et n'en déplaise à Henry James, à cela). Bien entendu, il lui était impossible de battre la campagne autour des buissons, puisque nous étions en ville, dans ma courette, qui est, de surcroît, en fait de buissons, protégée par une épaisse haie de thuyas (l'arbre le plus affreux qui soit, cela n'a aucune espèce d'importance ici, mais autant le noter). Mais les digressions n'en tombaient pas moins de sa lèvre digne et subtile.

Un conseil de lecture, donc. (Il faut toujours se méfier des personnes qui préfèrent une tasse de Gunpowder à une mug de Rembeng, alors que je serais plus mesuré dans mon jugement à l'encontre des amateurs de Gainsborough qui ne goûtent pas trop Rembrandt : voyez comme l'alphabet est retors...)

Il voulait savoir si je lui conseillais plutôt de lire Les Détectives sauvages de Roberto Bolaño ou Lapinot et les carottes de Patagonie, de Lewis Trondheim.

 

... À suivre...

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vendredi, 30 juin 2006

L'armée et la mort

    Je n'invente rien. À onze heures et demie, comme le soleil commençait à chauffer près de la haie, à l'endroit où j'avais installé la table de jardin et mon ordinateur, j'ai changé de place, pour préférer l'allée de graviers. J'avais déjà traduit huit pages et demie de Links, sans être réellement satisfait, si ce n'est qu'à tout le moins la fin du premier jet, qu'il suffira de reprendre et d'harmoniser, est proche.

Dans le chapitre 26, Jeebleh rend visite à une fillette de cinq ans qui, quatre ans auparavant, lors des combats entre milices claniques et marines américains, a été emportée sur les pales d'un hélicoptère. Si elle n'est pas morte, elle en a gardé de lourdes séquelles : sourde à vie, elle n'a jamais pu aligner deux mots, n'a jamais ri ni souri. L'un des récits insiste sur le vacarme assourdissant des hélicoptères, ce jour-là, sur Mogadiscio dévastée.

Or, j'ai passé la matinée à travailler dans le jardin, avec des passages réguliers d'hélicoptères dont le vacarme est assourdissant. Quand j'étais enfant et adolescent, je vivais à la campagne, mais non loin d'une base militaire où se trouvaient de nombreux hélicoptères. Pendant des heures entières, certains après-midis, les hélicoptères tournoyaient dans le ciel, de sorte qu'il était impossible de profiter d'une belle journée de printemps ou d'été. Si on ne voulait pas devenir fou, il fallait se calfeutrer chez soi. Ce matin, en dépit des passages réguliers de quelques hélicoptères, je me suis refusé à fuir. Et, tandis que je traduisais ces pages qui narrent les atrocités des combats dans lesquels éaient impliqués les hélicoptères de l'armée américaine, je me rappelais ce que jamais je n'avais réussi à faire comprendre à un camarade de collège à qui j'expliquais que le bruit des hélicoptères était affreux, non seulement parce que c'était un vacarme infernal qui montrait que l'armée, dans notre pays, avait tous les droits (et surtout celui d'emmerder le monde et de ruiner le pays en toute impunité), mais surtout parce que ce vacarme était le même que celui qui sévissait dans les pays en guerre. Même pour l'enfant au calme dans les champs de son enfance landaise, même pour le traducteur en paix dans le jardinet de sa petite vie citadine, le tintamarre des militaires est le signe que l'armée française, partout, a commis des massacres et en commet encore.

Je n'invente rien.

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mardi, 13 juin 2006

Phrase

    Ce n'est pas seulement la monotonie des rythmes chaloupés, sur cette gabare qui remonte doucement vers la source du fleuve, mais le droit de saisir l'eau entre deux pouces, qui me retient, les yeux rivés à la berge, et les années qui passent, avec leur lustre étincelant.

10:05 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (1)

lundi, 05 juin 2006

Phrase

    Soudainement cessent la folie la frénésie l'offense et la flaque de larmes perdue dans la rivière de cailloux secs, desséchés, cessent les étaux les verrous les ciseaux si soudainement.

18:31 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (5)

vendredi, 26 mai 2006

Souvenir de Poitiers

    Une rengaine amusante, absurde, chantée de façon chaloupée, modestement maniérée, adroite et astucieuse :

Je suis l'homme à la tête d'ail / Celui qui vous prend bien / Le chou

 

Il y a un an exactement, juste avant de créer, chez ce même hébergeur, mon premier carnet, je proposais, en avant-propos d'une communication sur les formes de l'illisible dans un roman de Wole Soyinka, une réflexion autour de trois refrains dénués de sens dans une chanson de Gérald Genty. J'ai eu mon franc succès (in the worst possible sense).

19:05 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne

samedi, 06 mai 2006

Une mère et son fils...

[Jets du jeudi]

 

    18 h 45.

Une mère et son fils, endormis.

J'admire ces nombreux passagers qui peuvent dormir, à une heure pareille. Ce n'est pas seulement cette mère et son fils, dont l'attitude symétrique est d'une beauté bouleversante, mais des dizaines d'autres.

Dormir ainsi, j'aimerais.

La mère et son enfant, qui peut avoir trois ou quatre ans, sont endormis et inclinés dans la même attitude. Ils sont très beaux. Les autres passagers endormis ne sont pas beaux - juste la beauté du sommeil [[[endormis]]].

Ou suis-je heureux de ne pas avoir, justement, la faculté de m'endormir ainsi ?

Quand je suis revenu des toilettes, j'ai vu, regardant ma place dans cet Aqualys, les voies défiler au fond. Ma place est la dernière en queue de train.

Ecrire à l'encre me prend plus de temps, et je dois me corriger plus laborieusement, mais je suis heureux de savoir encore écrire à la main (à l'encre).

Beaucoup écrit aujourd'hui, et mal installé, au colloque, dans la salle de conférences du C.E.R.I.. Beaucoup écrit aussi en vue de ces carnets, et à l'encre. Levé à cinq heures du matin, et cinq heures de train dans la journée. Il faudrait tout de même que j'invente [[[sic???]]] cette faculté à m'endormir.

Lamentable, je trouve mon style.

 

11:15 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (2)

samedi, 29 avril 2006

Clayettes de dalles brisées

… Vendredi 28 avril…

 

Avant tout, c’est une photographie, qui représente une jeune femme vêtue en suffragette. Seule, assise derrière une table jonchée de ce qui ressemble à des clayettes de dalles brisées, elle ne peut voir, à l’arrière-plan, les deux grandes portes blanches, surmontées chacune d’un cadre où se trouve une photographie en noir et blanc (deux vues de Venise ?). La jeune femme, dont on voit, sous la table, les bottines noires aux fermes lacets et le bas de la longue jupe à gros carreaux, est en train de trier les dalles brisées qui l’entourent de tous côtés.

Cette photographie géniale, reproduite en page 8 du Monde des livres de ce jour, est attribuée à un certain Bachrach (sans prénom), et illustre un article consacré à la traduction française du journal d’enfant d’Opal Whiteley (“L’enfance rêvée d’Opal Whiteley” par Catherine Vincent), dont je n’avais jamais entendu parler avant, mais dont je voudrais maintenant tout savoir. Il s’avère, à lire cet article, que la jeune femme – une Américaine née en 1897 et qui resta convaincue (peut-être à raison) qu’elle était la fille illégitime de Henri d’Orléans et de la cousine d’icelui, Florence, duchesse de Bourbon-Parme – avait écrit son journal vers l’âge de sept ou huit ans, et qu’elle dut passer huit mois à en reconstituer le texte, car une de ses sœurs en avait déchiré les pages en milliers de morceaux.

La photographie représente donc Opal Whiteley assemblant, à l’âge de vingt-deux ans, les pièces éparses de ce puzzle. Tout donne à rêver, ici : le nom de la jeune femme ; son mythe personnel (sans qu’il soit avéré qu’elle était mythomane) ; le texte disséminé en dalles brisées ; la publication d’un journal d’enfant apparemment empreint d’un immense et surprenant lyrisme (supercherie ?) ; le fait que, si l’on en croit le silence absolu de l’auteur de l’article sur ce point, elle n’ait plus écrit à l’âge adulte (syndrome de Bartleby ?) ; son internement de l’âge de 51 ans à sa mort, à l’âge de 95 ans.

 

Bien entendu, je ferai des recherches poussées lors de mon retour sur les terres tourangelles du haut débit, mais je n’hésite pas à ajouter une sixième raison de me passionner pour ce destin étonnant : la coïncidence de dates entre Opal Whiteley et l’une de mes arrière-grand-mères, Mamie Yvonne (ma seule Mamie, les autres ayant d’autres surnoms), née en 1897, fille de l’assistance publique placée très tôt comme domestique, et qui, toute sa vie, raconta ses souffrances d’avoir été considérée comme « la bastarde » et sa fierté d’avoir engendré une lignée. J’ai connu trois de mes bisaïeules, et c’est d’elle que je me sentais le plus proche – plus proche d’elle, même, en mon enfance, que des mes grands-parents. Elle est morte le 12 février 1993, à l’âge de 95 ans. De quoi engendrer quelques pages de Familienroman

Il sera sans doute question, de nouveau, d’Yvonne et d’Opal, dans ces pages.

05:00 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 27 avril 2006

Zizim

    Vous ai-je déjà raconté comment je vécus enfermé, pendant trois pleines semaines, dans la tour de Zizim, à Bourganeuf ? Le Robert des noms propres, que je consulte pour retrouver les dates du prince (Andrinople, 1459 – Naples, 1495), indique bien qu’il (Djem) fut vaincu par Bâyazîd II (Bajazet) puis retenu prisonnier en France, mais il ne parle pas du tout de Bourganeuf. Pourtant, tous les Bourganiauds, eux qui s’inquiétaient de ne jamais me voir sortir, et de me penser dépérir, ont gardé le souvenir du prince ottoman.

16:35 Publié dans Les Murmures de Morminal, Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 17 avril 2006

Empailler : le : toréador

17 avril, 11 h 05.

 

    Que penser de Pierre Jourde ? J’avais manqué m’endormir en lisant quelques chapitres de La littérature sans estomac. Ma compagne n’a pas encore voulu ouvrir le roman du même, que lui a offert ma grand-mère à Noël ; la quatrième de couverture en est aussi peu engageante que possible (une histoire de professeur de lycée, racontée dans un style fort plat, apparemment).

Tenté par son sujet (“l’incongru dans la littérature française, de Charles Nodier à Eric Chevillard”), j’ai emprunté l’essai intitulé Empailler le toréador (Paris : Corti, 1999), et qui, avec des objectifs et une ampleur bibliographique dignes d’une thèse de doctorat, fait l’effet d’un saupoudrage assez improductif. Par exemple, en dépit de ce qu’annonce le sous-titre, il n’est question des romans de Chevillard que deux pages par ci, trois pages par là, et sans véritable analyse. D’ailleurs, l’essai vaut surtout par ses citations, et l’on peut savoir gré, au moins, à son auteur d’être allé dénicher autant de passages savoureux.

Ce n’est donc pas un essai, mais une sorte d’anthologie ou de compilation qui refuse de dire son nom. Dès qu’il cherche à comparer, et même à tirer des conclusions, Pierre Jourde n’est guère convaincant, d’autant que nombre des exemples choisis n’illustrent pas vraiment la démonstration en cours. Ainsi, l’une des sous-parties du troisième chapitre, « Typologie de l’incongru », s’intitule En route vers le n’importe quoi. Jourde veut y montrer comment des procédés rhétoriques comme la gradation débouchent, en système d’incongruité, « sur n’importe quoi ». Le premier exemple qu’il donne, et qui est censé donner le la, est une phrase de Perec, dont, de toute évidence, Jourde n’a pas du tout compris le mécanisme : « Il est venu à mes oreilles étonnées cette nouvelle qui me laissa tout à la fois pantois, perplexe, piteux, podagre et presque putréfié. » Jourde implique que la succession des adjectifs est complètement arbitraire, loufoque, de l’ordre du n’importe-quoi. Or, il ne faut pas avoir lu beaucoup de textes oulipiens pour s’apercevoir que, à défaut d’une réelle cohérence sémantique, une contrainte sémiotique forte oriente cette série : les cinq adjectifs, qui commencent tous par la consonne P, obéissent à une logique alphabétique, puisque la deuxième lettre suit l’ordre des voyelles dans l’alphabet français (a, e, i, o, u). Il me semble même qu’un lecteur un peu vif s’attendrait à ce que la phrase s’achève avec l’inclusion de la semi-voyelle Y, et un adjectif comme pyromane, par exemple.

Ne pas voir cela, c’est ne pas savoir lire, c’est ne pas comprendre l’auteur que l’on cite, et, surtout, c’est se priver d’un beau développement, car, si Pierre Jourde s’était avisé de ce décalage entre incohérence sémantique et congruité sémiotique, il aurait pu en tirer d’intéressantes conclusions sur le lien entre l’essor des littératures de l’incongru à la fin du dix-neuvième siècle et l’émergence des formalismes.

22:20 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (5)

lundi, 10 avril 2006

Tariq :: Dynamo :: Goddard

Tariq Goddard. Dynamo. Sceptre, 2003.

 

    Il y a quelques jours, j’ai achevé la lecture de Dynamo, le dernier roman paru * de Tariq Goddard.

Ce jeune romancier britannique paraît se spécialiser dans les romans qui se passent durant la période des années 1930, et en particulier ses aspects les plus troubles, puisque, après un premier roman, Homage to a Firing Squad, qui s’attachait à un épisode fictionnel (et ironiquement sanglant) de la guerre civile espagnole, il plonge ici ses lecteurs dans le Moscou des années noires et des purges, en un récit tout aussi « microcosmique », puisqu’il s’agit de la semaine précédant le match de football opposant le Dynamo, l’équipe du Parti, au Spartak. L’essentiel de l’histoire, comme le titre ne l’indique pas, est racontée du point de vue des dirigeants du Spartak, qui sont sous le coup des plus graves menaces s’ils ne laissent pas gagner leurs adversaires mais reçoivent aussi un coup de téléphone difficilement interprétable du camarade Joseph Staline – no less ! Le roman s’achève au moment du coup d’envoi, sans qu’il soit possible de déterminer avec précision quelle est la décision prise par joueurs et dirigeants.

Comme il est fréquent dans ce type de roman historique reposant sur un principe d’attente, sinon de suspense, plusieurs histoires se croisent ou s’enchevêtrent : celle de l’avant-centre Radek, qui, au comble du désespoir amoureux, refuse de jouer ; celle des deux dirigeants, Tomsky et Copic ; celle de Josip, Catalan qui a fui l’Espagne franquiste pour échouer dans une dictature où le quotidien s’avère plus atroce encore ; celle de Koba, espion malgré lui, et qui se suicide à la fin du neuvième chapitre ; enfin (entre autres), celle de Slovo, qui tombe amoureux fou de la femme interdite, à savoir de la maîtresse et victime de Klimt Grotsky, chef de la police secrète et dirigeant du Dynamo !

It’s a good read, comme disent les critiques anglais. Le récit évite la plupart des pièges liés à son sujet “historique” et donne une vision convaincante de la vie moscovite de ces années-là (pour ce que j’en sais…) Toutefois, je dois avouer que le style de Tariq Goddard a tendance à me hérisser, par trop de nonchalance affectée. Ainsi – et c’était déjà le cas dans son premier roman – je n’arrive pas à passer outre l’invraisemblance (minime, m’objectera-t-on) qui consiste à faire parler des Russes (ou des Espagnols) de la fin des années 1930 dans l’argot anglais de la fin du vingtième siècle. Déjà, la convention qui consiste à faire parler un ensemble homogène de locuteurs « allophones » dans une langue qui n'est pas la leur a parfois du plomb dans l’aile… mais là, il pousse le bouchon, pour employer une autre métaphore familière.

Speaking of metaphors, Tariq en emploie des vertes et des pas mûres (par exemple tout en haut de la page 208, quand il compare Copic à un dinosaure en hibernation (!)). À coup sûr, il a l’art de surprendre (et c’est, sur l’ensemble du roman, un compliment).

De très nombreux passages sont remarquablement écrits. Pour n’en prendre qu’un, le réveil de Radek au début du chapitre 11 :

The banging Radek had thought he had heard in his sleep was in fact coming from his window; a flotilla of snowballs were being hurled at it by what sounded like banshees. He grabbed the window nearest to his bed and flung it open. Above him the sky was coughing up clouds, like clots of blood, and below the crowds were roaring his name, his name and that of his team, and there weren’t just a few of them gathered here, there were thousands. (p. 246)

 

 

* Aucun des romans de T.G. n’a été traduit en français. Vérification faite, il a publié l’an dernier un troisième roman, The Morning Rides Behind Us. L’absence de toute traduction est curieuse, car il s’agit d’un auteur déjà assez connu en Grande-Bretagne, dont l’édition française suit généralement les tocades avec beaucoup d’attention.

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jeudi, 06 avril 2006

Elégie pour l'escargot

    Accrochées aux branches du cerisier, les cordelettes des macaques dansent dans l'air. J'avais le désir d'écrire bien des billets sur divers sujets, ou tel poème imaginé en étendant le linge, et voilà cette phrase qui s'impose avec sompuosité ; bien sûr, c'est celle-là que je voulais écrire, puisque c'est celle que j'ai écrite.

J'aime les saisons contrastées

La nuit glacée midi brûlant

Le ciel pan bleu nous soulevant

Vers des euphories attristées

J'aime les saisons contrastées

 

Hier soir, en refermant les volets métalliques articulés du salon, j'ai écrasé, entre deux lattes de métal où il avait trouvé à se reposer, un escargot qui, d'après ce qu'il restait de sa coquille, devait être fort beau et d'une espèce peu fréquente (ou jamais vue de moi, dans tous les cas). J'en étais triste, et, ce matin, en ouvrant les volets, mon regret redoublait.

Trois livres se sont refermés ces trois derniers jours, et j'eusse aimé, pour chacun, écrire un petit texte. Cependant, il faudrait bâcler, et je ne m'en sens pas l'envie... à moins de n'en dire vraiment que quelques mots, sans prétendre en rien même à l'exhaustivité ? (C'est-à-dire : à rendre compte exhaustivement de mon goût...?)

Heureusement que j'avais programmé à l'avance, hier, quatre photographies de la série des Virevoltes. Au vu de la contrainte, toutefois, les vers vont devenir de plus en plus ardus à écrire.

Notre lenteur nous étonne. Le froid du métal est abominable. Escargot, garde ton secret...

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samedi, 01 avril 2006

Dernière minute

    Jacques Chirac a annoncé, ce matin à 8 h 15, qu'il ne promulguerait pas la loi sur l'égalité des chances et en demandait une deuxième discussion au Parlement.

08:47 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (6)

vendredi, 31 mars 2006

Petites Proses de Damas

    Je ne saurais imaginer que mourra, dans la nuit du 30 au 31 mars 2327, âgé de trois-cent-cinquante ans et des brouettes, un écrivain qui, inlassablement, insupportablement, publia de son vivant dans les 653 volumes. À sa mort, il laisse un énorme vivier d'inédits, que ses exécuteurs testamentaires publient en six forts volumes, sous le titre Petites Proses de Damas. On y trouve, notamment, une fascination pour la décomposition palindromique du nombre 110 en deux nombres premiers.

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mardi, 28 mars 2006

WHH

    Signe ou coïncidence ? Deux livres que je viens de lire, simultanément d'ailleurs, font assez longuement référence à W.H. Hudson, dont je pensais (sottement, arrogamment) être l'un des rares à connaître un peu les textes, pour des raisons complexes d'ailleurs*. Il s'agit de Rannoch Moor, le dernier volume paru du journal de Renaud Camus (chaudement recommandé) et du dernier roman traduit d'Enrique Vila-Matas, Docteur Pasavento (ditto).

Son nom, depuis que je le rencontrai, me fascina, et c'est peu dire que son œuvre aussi fut matière à intrigues et échauffement de synapses.

 

* Mon intérêt pour les auteurs « coloniaux » (en amont de mes travaux sur la postcolonie) d'une part, fascination du vieux Hueffer (mais si : F.H.H., aka F.M.H. aka F.M.F.) pour W.H.H. d'autre part.

09:00 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (1)

dimanche, 26 mars 2006

Visions de printemps II

    Lentement j'abandonne mon large froc de moine, ou le dégage de mes épaules. Un ânon au fond, et l'histoire de l'âne. A story for asses. Mâchonner paisiblement assis contre le tronc d'un arbre (frêne?).

Ce n'est pas un froc. Voix off. Voix offerte. Cut. Cutanée. Lointaines figures s'éloignent sur le chemin sans plus rien dire qu'à sonnailles. Feu de joie, lente procession criarde de femmes sautillant à quatre pattes, toujours la même mélopée. Le repas funèbre s'anima, devint une immense frairie.

Ce n'est pas un froc. Ce n'est pas une guitare. C'est la "guitare". Ronde autour du feu. Fichus autour de la tête, les femmes battent la terre pelée de la main droite dans un mouvement sans cesse repris, aux accents lancinants de la rauque mélopée. Mine salopée.

Quel

est ce rituel ?

 

Treize hommes rassemblés, un de dos au premier plan, sept au fond adossés au mur de la grange, et cinq entre les deux "groupes". Vêtements paysans, bérets, paroles rauques, la pluie jaune du soleil. On doit adorer, vénérer celui qui, dans un film, montre aussi beau le vautour volant. Vautour fauve, plus bel oiseau, au moment où j'écrivais "pluie jaune".

Maintenant la scène des bergers d'Arcadie, le jeune berger stéréotypé, rebec et tout le tremblement (ou est-ce un flageolet?), dont la jeune fille (la fillette?) s'est approchée, agneau dans les bras, robe orange ultra-courte, dans la désolation du paysage grégaire. Air de flageolet, air de berger, puisque tu n'as pas trop l'air d'un verger.

Puis la rencontre. Verdure lumineuse encore et encore. Faux berger bonnet phrygien. À la frange d'un sublime paysage fait de riens. Les moutons noirs et blancs te suivent, mais c'est pour la galerie, pour le film, pour construire l'espace dénudé de nos regards à ta semblance, dans l'attente des flots oranges de cette rivière où se baignèrent les jeunes filles, et celle-ci, dans sa robe quasi de mariée se déshabille, puis filmée de dos, fesses et dos beaux mais hanches presque mâles de dureté, nage en cercles concentriques, rejoignant toutes trois dont le presque trop vrai berger (braiements) vole les habits à leur insu. Danse de leur nage dans l'eau, l'orage gronde-t-il ? Une nattée, peau très mate, cheveux d'une longueur étonnante, très belle malgré son peu de poitrine : le presque plus si faux que cela berger s'extasie dans l'espace.

Et in

Arcadia ego

 

Chants, diadème, répons, voile orange comme une couronne. Chants énigmatiques de tant de simplicité ouverte dans le creux des yeux. Fuite vers le sombre des forêts, je distingue les rousseurs de l'automne, que déchire l'orange de la vêture, de la parure.

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samedi, 25 mars 2006

À ciseaux rompus

[Jeudi, onze heures du matin

une étudiante m’a posé un lapin]

 

    Dans les salons de coiffure se développe un art de la conversation dont la futilité a souvent été soulignée, mais non (généralement) le caractère particulièrement entrecoupé : sèche-cheveux, tondeuse ou téléphone sont au nombre des appareils qui interrompent de force la discussion. Souvent, je reste muet, mais c’est parfois moi, également, qui joue le rôle du chœur météorologique (la pluie et le beau temps, les mœurs du temps, les contretemps, tous sujets qui évitent de trop prendre à rebrousse-poil).

Un jour, à Beauvais, une coiffeuse m’avait avoué être raciste, puis avait expliqué pourquoi. Je lui avais dit, assez doucement, ma façon de penser, puis je n’étais plus jamais revenu dans son établissement. De toute manière, je ne suis guère fidèle, en matière de coiffeurs. J’en change comme de camisole. Trois ou quatre coupes d’affilée, c’est le summum de ma fidélité. On a les donjuanismes que l’on peut.

 

Nous avons tous des myriades de souvenirs capillicoles.

Entre autres surgeons qu’évoque le seul mot de coiffeur, je songe à la chanson de Gérald Genty, au banal distique initial :

Je préfère que le coiffeur parle peu

Je préfère qu’il se concentre sur mes cheveux

 

Le célèbre sketch de Desproges (on ne dit pas « je vais au coiffeur » mais « je vais au capilliculteur biocosméticien ») est presque effacé, ce matin, par le souvenir d’une mélodie lancinante, sans paroles, qui s’intitule Le Coiffeur : l’air se trouve sur un double album de Dexter Gordon que possèdent mes parents. Comme il s’agit d’une collection bon marché, de style best of, aucune référence ni au groupe de musiciens qui accompagnait le saxophoniste, ni au compositeur. Le titre en français laisse imaginer qu’il s’agit d’une chansonnette des années 1950 ; las de chercher l’origine de ce morceau, j’ai fini, un beau jour, par composer mes propres paroles sur cet air :

 

Quand je vais chez le coiffeur, je lui dis mes malheurs

Quand je vais chez le coiffeur, je lui dis mes humeurs

Mes folies

Mes soucis

Mes ennuis

Mes envies

 

Quand je vais chez le coiffeur, il saisit ses ciseaux

Quand je vais chez le coiffeur, il cisaille en biseau

Les cheveux

Des morveux

Des envieux

Des heureux

 

N’ayant ni sens de la honte ni dignité, je vous la chanterai un de ces quatre !

 

§§§ Bonus I et II §§§

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vendredi, 24 mars 2006

Fatrasie du mercredi, 8

    Lorsque je vis en 1996, avec Jean-Pascal, à Cambridge, le film des frères Quay adapté du roman de Walser, Institute Benjamenta, force est de dire que : 1) je l’ai trouvé très beau 2) je n’avais jamais entendu parler de Walser auparavant 3) je n’y ai rien compris.

Admirateur de Walser, je n’ai toujours pas lu, à ce jour, ce qui est pourtant son roman le plus célèbre. Passent les vents, les piles restent.

04:00 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (3)

mardi, 21 mars 2006

Latréaumont

    En réponse au commentaire de Stéphane :

J'ai emprunté dès hier un exemplaire de ce roman, par ailleurs épuisé, à la Bibliothèque Universitaire. Il s'agit de la collection des Classiques Populaires Garnier, dont j'ignorais même l'existence. Le texte a été établi et (brièvement) introduit par Claude Cantégrit. L'introduction s'achève d'ailleurs sur un parallèle avec Maldoror, mais le plus amusant est que l'universitaire (ou le typographe) s'est emmêlé les pinceaux et orthographie Lautréamont en gardant le nom du héros du roman de Sue ! Ce qui donne quelque chose d'assez incompréhensible. Jugez plutôt :

On ne peut alors s'empêcher de songer, comme Sue, à Macbeth, mais aussi à tous les descendants maudits de la race romantique et, par-dessus tout, à Isidore Ducasse, comte de Latréaumont [sic]. Et non seulement pour la filiation nominale (qui a déjà été soulignée et établie et que nous ne discuterons pas ici), mais aussi pour le lien d'ordre spirituel qui unit le personnage historique et littéraire qu'est Latréaumont à celui de Maldoror.

 

Comme j'égratigne (gentiment) un collègue, je dois avouer

        1) n'avoir jamais lu un roman d'Eugène Sue

        2) n'avoir jamais entendu parler de cette influence au cours de mes études ducassiennes et n'être tombé par hasard sur le titre du roman que ce samedi

        3) avoir participé naguère, avec plusieurs amis, à un roman collectif qui empruntait tous ses titres de chapitre à La Vigie de Koat-Vën. Nous en sommes venus à bout, et ce fut une sorte de baggy monster à peu près farcesque et illisible, mais seul l'un d'entre nous a lu, une fois notre entreprise achevée, le roman de Sue.

10:25 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 19 mars 2006

Colloque sentimental

    « – Ça va ?
– …
– Ça va, toi ?
– …
– Sinon, toi, ça va ?
– …
– Sinon, toi, ça va, à part ça ?
– …
– Sinon, toi, ça va, à part ça, en ce moment ?
– …
– Si ? Non ? »

21:35 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (0)

Le diable et son train

Vendredi 17, dix heures du soir.

[Bonus : Note disparue.]

    Par une ironie qui se trouve être emblématique du roman à cet instant interrompu, les commandes des deux petites lampes situées au-dessus des sièges sont inversées*, et la lampe qui éclaire la place près de la fenêtre, où se trouve la tablette inamovible où poser feuille et stylo, ne marche pas. Je me suis déplacé d’un siège – maintenant que le compartiment est presque vide – pour mieux voir ; mais j’écris avec la feuille calée sur mon genou par le roman de Beyrouk (qui n’est pas le roman en cours de lecture, mais le roman lu auparavant).

 

* Rendre simple et aisément compréhensible une explication technique est ce que je trouve le plus difficile.

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samedi, 18 mars 2006

Sudoku-post

    Vendredi 17, 21 h 30.

Ce matin, j’ai noté, sur une feuille A4 rouge pliée en deux, des bribes en style télégraphique, qui correspondaient aux actions « nues » (brutes) de mon voyage.


Ce soir, j’ai un peu fait de même, dans l’idée d’en composer un texte haché, intitulé «Aller-retour». Je n’ai d’ailleurs pas abandonné cette idée, mais, sous l’influence du style si particulier (même en traduction) d’Enrique Vila-Matas (les sept premiers chapitres de Docteur Pasavento), je me suis mis à écrire mal (mauvaise calligraphie, cacographie donc : pointe fine, inconfort de la tablette inamovible du compartiment Corail, et remous du train n’aidant pas) mais dans une syntaxe plus élaborée sur l’autre feuille rouge pliée en quatre.

Je ne vais pas déjà parler de Docteur Pasavento, si ce n’est pour dire qu’il est composé de quatre parties, dont les trois premières totalisent 41 chapitres, et la quatrième en compte 40. Les 81 chapitres se redivisent-ils en un carré de 9 ?


Je ne suis pas seul obsédé par les chiffres, [[[mais ça ne prend pas la forme du sudoku. J’attends le prochain roman de Vila-Matas : il va bien parler du sudoku, puisque le narrateur de Docteur Pasavento se dit surtout intéressé par les pages sportives du quotidien qui l’emmène vers Séville.

Ce passage entre trois crochets est ajouté ce matin samedi 18 (de même que les deux premières parenthèses de ce billet (de ce post (de cette note))). Ma mère adore les sudoku. Je ne peux tenir ma langue, ni m’en tenir à l’esquisse. Ça (pas l'eau du bain tout de même) déborde.]]]

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