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dimanche, 19 mars 2006
Colloque sentimental
« – Ça va ?
– …
– Ça va, toi ?
– …
– Sinon, toi, ça va ?
– …
– Sinon, toi, ça va, à part ça ?
– …
– Sinon, toi, ça va, à part ça, en ce moment ?
– …
– Si ? Non ? »
21:35 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (0)
L’Ivre du salon
Quelqu’un ici connaît-il Latréaumont, roman d’Eugène Sue ? L’a lu ou le connaît par ouï-dire ?
GUERITE – Littré 5 : Terme de marine. Planche formant un petit rebord autour des hunes. Cela correspondrait à mon premier jet, puisque je ne retrouvais pas le mot vigie.
Larguez les ris dans les basses voiles !
Il titube et se vautre dans le canapé.
« En haut, dans la mâture, on essayait de serrer les huniers. » (P. Loti. Mon frère Yves.)
Marre de certains contrôleurs, s’ils n'acceptent pas les aléas d'un poste en vigie vitrée, qu'ils aillent vider des poulets en salle à température !
« Un pli qui par hasard est resté dans ses draps
Lui semble un guet-apens pour lui meurtrir les bras. »
Il va vomir ? Il va mourir ?
C’est cette mâle ritournelle, cette antienne virile…
L’attrait de l’inconnu, ou des piles de livres, ou des vracs de mots, n’est à considérer comme influence qu’avec minutie.
Hein ?
17:45 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (2)
Salon du Livre, 3 : Cassiopée Peca
Il faut – au Salon du livre, cette grand’messe où je ne vais jamais qu’à reculons mais où, pour des raisons personnelles, je suis allé quelques heures ce vendredi avec un grand plaisir – s’attarder au stand du CIPM, dont le responsable éditorial est extrêmement gentil, de bonne conversation.
Lui, au moins, il sait ce qu’il y a dans son catalogue, contrairement à ces nuées de jeunes filles au teint clair et bien vêtues qu’emploient les maisons d’édition pour tenir la caisse, et tenir le crachoir aux importuns, ou servir d’escorte aux écrivains qui viennent pour les signatures ou les débats – lesquelles jeunes filles n’ont pas la moindre idée des publications un peu antérieures ou à venir, ni des noms de la plupart des auteurs, et encore moins, évidemment, de ce que peut bien être la ligne éditoriale de la maison qui les emploie. J’achève cette diatribe (je n’avais nullement l’intention de me laisser ainsi emporter) pour la relativiser, au moins pour ce qui est de l’appartenance des incompétents salonnards à la seule gent féminine : sur le stand d’Actes Sud, trois messieurs, âgés d’entre vingt-cinq et quarante-cinq ans, n’avaient pas la moindre idée de Jamal Mahjoub, de son éventuelle venue au Salon, ni de son dernier livre (qui vient de paraître), ni de la localisation éventuelle de ses ouvrages sur le stand (pourtant, ils étaient tous fort bien placés, sur les tables).
J’en reviens au CIPM ; je ne vous invite pas à consulter leur site Web, qui est totalement ridicule et donne une mauvaise idée de leurs publications, mais cet éditeur associatif publie de nombreuses œuvres expérimentales d’un très grand intérêt. Les plaquettes et les recueils sont bien faits, agréablement composés, et (cela mérite d’être signalé) c’est l’un des rares stands où l’on vous fait un prix d’ami, avec une petite réduction et un opuscule offert en sus. Je n’attends pas des éditeurs qu’ils « cassent » le prix de leurs ouvrages, d’autant que le Salon représente des frais importants pour les éditeurs – mais enfin, ceux qui le font n’en sont que plus louables !
J’ai acheté plusieurs livres, dont le très déroutant et fascinant Cassiopée Peca de Ryoko Sekiguchi, version française publiée en 2001 d’un poème très visuel et labyrinthique dont la version japonaise date de 1994. Je n’y ai peu près rien compris, mais la structure est très inspirante, sans compter que plusieurs des textes sont, tout de même, très émouvants.
Quand j’écris que je n’ai rien compris, c’est que l’énigme, comme elle dit, semble reposer sur un jeu de syllabes et d’interversions autour des noms de Cassiopée et d’Okapi. En français, si l’on soustrait les sons composant le nom Okapi du nom Cassiopée, il reste sait ou c’est (ou est-ce (ou la lettre S)). De même, l’énigmatique Peca semble avoir été arraché au nom de Cassiopée, pour laisser…quoi ? sio ? oise ? sois ? soi ? Enfin, ce n’est pas le seul intérêt, heureusement, de cet énigmatique itinéraire dans une constellation de phrases qui, pour emprunter sa métaphore typographique à l’univers mallarméen, a dépassé l’idée même d’une orientation du poème au profit d’une totale déroute du lecteur, peut-être plus proche d’une « parole en archipel » ou d’une forme très poussée d’origami textuel. (Je sais ce que la référence à l'origami peut avoir de clichéeuse, mais elle est loin d'être impertinente, ici, aussi la risqué-je.)
Tiens ! On s’y perd, au Salon du Livre. Il faudrait suggérer à un plasticien ami de Ryoko Sekiguchi de proposer l'an prochain une architecture des stands franchement bordélique, histoire que même le plan et l’index des éditeurs ne servent à rien, que les pages minables du programme en papier journal périssent définitivement délaissées dans une poche intérieure de veste. Nous serons bien obligés, tous, de déambuler à l’aveuglette.
17:15 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
Du balai !
16:25 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (0)
Jadis n’a guerre
Tu fais quoi, avec cette épée ? Le ruban ne s’accroche pas au haut de l’armoire. Le pain d’épeautre fleure bon. Toute remarque est auxiliaire
À présent, et ne serait que subreptice, accessoire, vaine. Une violente envie saisit les tripes du poignard. Quelle calamité s’abat sur l’armée, trop ennuyée
D’attendre la relève ou le combat. Tu fais quoi, avec ce glaive ? Toute une armée moderne – que contemple, abasourdi, le général – muée en gladiateurs !
Il était dit que le ruban finirait mal, tombé dans le ruisseau.
[En bonus de ce sonnet : Je soupire un lai.]
15:50 Publié dans Sonnets de février et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
Salon du Livre, 1
Dans un carton de taille pourtant modeste se trouvent pas moins de 3500 exemplaires de la Déclaration des Droits de l’Union européenne, qui sont distribués à la sortie du métro, à la station Porte de Versailles. On ne pourrait faire tenir, dans un de ces cartons, les quatre volumes du Robert culturel.
Les passants saisissent machinalement les opuscules que leur tendent les jeunes hommes et jeunes femmes préposés à cette tâche.
C’est un ridicule gâchis de papier.
En bonus-miroir : Hommage bifide à Paris.
13:55 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)
Vikings
Au mois de mars 846 les Normands naviguant à bord d’une puissante flotte, débarquent sur les rives de la Seine. Ils dévastent tout sur leur passage.
Voici, intime kleptomane : il naquit gueux.
12:00 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (6)
Bien peu
De Madame de Staël, à Lausanne, le 19 mars 1794 :
« Vous m’écrivez bien peu ; c’est une suite de la gêne établie entre nous. » (Lettres à Narbonne. Gallimard, 1960, p. 399)
11:00 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0)
Le diable et son train
Vendredi 17, dix heures du soir.
[Bonus : Note disparue.]
Par une ironie qui se trouve être emblématique du roman à cet instant interrompu, les commandes des deux petites lampes situées au-dessus des sièges sont inversées*, et la lampe qui éclaire la place près de la fenêtre, où se trouve la tablette inamovible où poser feuille et stylo, ne marche pas. Je me suis déplacé d’un siège – maintenant que le compartiment est presque vide – pour mieux voir ; mais j’écris avec la feuille calée sur mon genou par le roman de Beyrouk (qui n’est pas le roman en cours de lecture, mais le roman lu auparavant).
* Rendre simple et aisément compréhensible une explication technique est ce que je trouve le plus difficile.
08:46 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (0)