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dimanche, 31 mai 2015

▬80▬

    puisque dans cette forêt

rompue aux nombreux abattis

ils ont avancé cheminé

narguant les ronces, sans outils

te tairas-tu maudit épeiche

employé par le faîte des

majestueux étroits bouleaux

palimpseste noyau de pêche

saveur de fougère au goulot

20:18 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 30 mai 2015

▬79▬

    planquez-vous

rigodons flambés au calva

ineptes de la fressange

nervis décérébrés pour la frime pour rien

travestis sapristi

emportés à cent verstes

matelots du grand froid

planquez-vous dans les décombres

salis d'autres mémoires

09:09 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 29 mai 2015

Se classer soi-même

    Le dimanche matin, après une première incartade du côté des boules de graisse et un dialogue haut en couleurs sur les éviers bouchés et lave-vaisselle qui refoule, prendre la route — sous un ciel gris — de Mons, mais, après peu de kilomètres sur l'autoroute au revêtement inquiétant, bifurquer vers le Grand Hornu : oui, c'est aussi le nom d'une commune, et d'ailleurs on ne comprend pas bien comment s'emboîtent les deux ou trois bourgs qui forment ici le tissu urbain.

Au Grand-Hornu, près d'une rue à corons, on entre dans le site de l'ancien complexe minier. Nous y sommes venus pour faire le lien avec la saline royale d'Arc-et-Senans, visitée en août 2013, mais pas seulement — bien sûr, il y a Boltanski. L'architecture idéaliste et rigoureuse, plus épurée encore qu'à Arc, penche plus du côté de certaines réalisations soviétiques qu'elle ne relève des Lumières.

Déambulation entre des colonnes, tour du grand ovale où nous sommes presque seuls ; c'est le matin, il crachine.

Avant, passé un long moment dans l'installation permanente de Boltanski, les archives du Grand Hornu : on cherche à établir un plan d'ensemble, on scrute la rouille, on lit des dizaines de noms, on essaie de comprendre pourquoi certaines portent des photographies en plus du nom, on imagine un algorithme pour l'alternance, bref on se classe soi-même dans l'installation, on repense cette mine, des bribes de l'histoire minière finissent par te traverser, toi qui n'y comprends rien, mais par les noms et les regards tu es forcément de cet ensemble humain porté colossal là sur un mur de boîtes rouillées alignées.

L'ensemble des autres installations de Boltanski que l'on parcourt est tout à fait essentiel, car l'œuvre se prête mal au catalogue, au feuilletage : il faut être au milieu, circuler, écouter, toucher, se perdre et toujours finir par avoir découvert un itinéraire et une hiérarchie. Boltanski est un des compositeurs les plus émouvants de l'époque, je l'écris dans le même sens que l'extraordinaire “Coltrane is such a wonderful poet” de la nageuse, dans Sardines de Farah. Il compose l'époque, il travaille à côté d'elle et donc à côté de nous. Nous, ses arpenteurs, nous recomposons, participons, transformons (par exemple) de nos frôlements obscurs et incertains la salle incommensurable des infinitives voiles.

Visite de ça à quatre, donc, escaliers comme des montagnes russes, avant d'enregistrer avec difficulté les battements de mon cœur qu'on pourra ne pas entendre sur l'île de Teshima. On embarque un Cd-Rom, même pas écouté ; le déchet n'a pas d'horizon : seule compte l'idée qu'on y est audible avec des milliers d'autres cardiaques.

Plus tard, après l'éternelle question sur l'hippopotame de Tervuren, déjeuner seuls dans le restaurant chinois du Grand Hornu, dans une rue criblée de commerces désaffectés, aura une plus faible aura. Mon futur se défend, entièrement.

23:41 Publié dans Artois, à moi | Lien permanent | Commentaires (0)

▬78▬

    passing shots

revers de fortunes pour

irradier enchaînés

nos âmes jaunes métissées

tant qu'on travaille sans filet

esclaves nos fers à rebours

malaxent nos chairs

patiemment car le navire ne lâche pas

sa cargaison de morts-vivants

23:07 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 28 mai 2015

▬77▬

    pétrifié par

rémanent survol des nuages

infinis moments de coton

naissant et renaissant du bleu

tant que ma paupière sera brûlée

encens à la saveur de l'aigre fourmilier

mêlant ses déambulations

picaresques d'aimer à toute la

sueur de nos regards pétrifiés sous le bleu

15:12 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

S = Sadique

    Fond bleu : les deux roses, haut placées, se détachent seules. Chancelantes, ondoyantes, elles connaissent la caresse sadique, jamais interrompue, du vent. En toutes saisons, la connaissent ; au printemps seulement, leur danse.

09:09 Publié dans En/tiers (Triolets quantifiés) | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 27 mai 2015

Courte menace

    Courtrai. Ce nom parle. Il se scinde pour offrir un signe de ponctuation primordial, le trait d'union (qui, à son tour, pourrait suggérer une contrainte d'écriture) ou le tiret court, regard vers des usages américains. Ce nom aussi ronronne, ou grasseye, plus encore en flamand : Kortrijk. La première nuit, un peu pris dans l'insomnie, j'ai ressassé quelques souvenirs, et quelques noms correspondant à des terra incognita. Courtrai, qui peut être futur ou passé simple, pourvu qu'on s'y attarde, alourdit le récit d'une possibilité opulente.

J'en suis donc (nous en sommes (en câblant la copie-sosie)) à la première nuit. Avions, trains, peut-être voitures dans le virage près du tas de fumier (gigantesque, nous dormions près d'un gigantesque tas de fumier), puis tourterelles bien entendu à l'aurore, on a pensé que les nuits seraient bruyantes, alors qu'en fin de compte Beclers s'est avérée aussi rurale que dans les promesses.

La menace, donc, a tourné court. (Par ce jeu de mots pas très folichon je relie la méditation sur le nom de la ville flamande que nous avons fini par parcourir le mardi et cette brève explication de ce que fut, en un sens, la première nuit.)

Tourner court, contourner (puisque le corps de ferme est fiché entre deux virages), imaginer –dans la nuit des prairies, et d'ailleurs les propriétaires de la ferme, nos logeurs, avaient aussi un ranch– un cheval de trait, et pas un cheval de course. Tirer à la ligne (est-ce que j'en suis coupable?), c'est se faire cheval de trait aussi.

Le trait peut être bref, mais épais aussi, comme la croupe du cheval.

11:59 Publié dans Artois, à moi | Lien permanent | Commentaires (0)

I = Infinitif

    Prendre le soleil ou écrire dans le vent sont différents. Ne jamais savoir, pouvoir décider, quel est le genre des infinitifs. Comment le vent accompagne le mouvement précaire de la plume.

09:08 Publié dans En/tiers (Triolets quantifiés) | Lien permanent | Commentaires (0)

▬76▬

    pas parti sur la sixty-one

rock autopsie de gigafolie

il pleut du lsd sur mon

nirvana d'artillerie

tant qu'il reste du camembert

en voyant dieu sur sa guitare

mélangeant flipper et juke-box

pomme grattée et œuf sucé

sans la surdité de Ludwig van

08:19 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 26 mai 2015

Bizzarerie (8'55")

    Un train démarre difficilement, crachote. Locomotive maladive. Comme dans un vieux livre, comme dans un muet de Buster.

Et soudain me voici dans un caboulot, un estaminet, un claque peut-être.

Je danse le tango avec une rousse magnifique, ne devrait-il pas y avoir ici que des brunes empestant le tabac mais mi-onduleuses mi-andalouses ? La rousse forcément se lasse de moi qui danse comme une soupière. Je la suis du regard, j’allume un cigarillo (hein ?), je vais offrir un verre à la grand-mère rigolote accoudée au bar au fond comme à un ponton, elle est gentille, parle guarani et moi je lui réponds en guarani aussi.

Ce n’est pas un claque, figurez-vous. La rousse sort une guitare électrique avec trois amplis, branche tout ça fissa, en un tournemain elle se met à sortir des feulements insupportables de ses bidules, tout de même une belle fille comme ça. Remarquez, je comprends que le tango avec moi, ça ne la branchait pas. Qu’elle se mette à vociférer des lambeaux de phrases en anglais, genre “commuter’s home” et “feather-duster under yer elbow”, ça ne m’impressionne pas.

Je fume mon cigarillo, qui a un goût de pâte d’amande et de rhubarbe. Je vais aller lui prendre le micro, ça ne la désarçonnera pas, rien ne la désarçonne, une belle fille comme ça pensez, et je chanterai une longue litanie de prénoms, tous les prénoms que j’ai inventés dans tous les romans que je n’ai pas écrits, je porte sur mes épaules le fardeau des fictions, ne suis-je pas Morminal le porteur de mensonges, celui à la tronche charbonnée, gestes courts, qui ne supporte pas l’alcool sauf les bières belges les vins rouges le blanc sec le Vouvray et les digestifs genre armagnac ou poire ? Je chante je chante j’exulte je vitupère j’en suis au cinq-centième prénom je pense et elle elle fait feuler sa gratte.

On ne passera pas la nuit ensemble, hein, on passe la nuit ensemble.

texte improvisé en 8'55" sur le titre 11 de l'album de l'octuor du Lyonnais Daniel Letisserand (Poursuites infernales)

14:22 Publié dans J'Aurai Zig-Zagué, Les Murmures de Morminal, MUS | Lien permanent | Commentaires (0)

Ben Okri ··· The Forgotten Odysseus

THE FORGOTTEN ODYSSEUS

Ulysse retrouvé

 

Odysseus never finds the same woman

Ulysse — la femme qu’il trouve n’est pas celle

He left behind. He lost her in the songs

Qu’il avait quittée. Il l’a perdue dans les chants

Of the bird-like sirens, under the belly

Des sirènes oiseaux, sous le ventre

Of the sheep, in the one-eyed sleep

Des brebis, dans le sommeil borgne

Of Polyphemus, and the dreams of Calypso.

De Polyphème, et dans les rêves de Calypso.

 

When he finds her again, woven into

Quand il la retrouve, tissée, inséparable

The hallucinations of his dangerous

Des périlleuses hallucinations ponctuant

Homecoming, the old dog, as much travelled

Son retour, le vieux chien, qui autant que son maître

In dreams as its master, remembers when

A arpenté les rêves, se rappelle

Time was new, without the war love started.

Le temps neuf, avant la guerre d’amour.

 

Penelope, veiled and hiding from lusting

Pénélope, voilée, cherchant à échapper

Suitors, remembers a man less old, less

Aux prétendants ardents, se rappelle un homme

Wily, less haunted by the endless seas,

Moins vieux, moins roué, moins hanté par les mers infinies

The alien suns and pullulating wars:

Par les soleils d’ailleurs et les guerres sans nombre.

 

A man unknown for whom Ithaca is not

Un inconnu, pour qui Ithaque n’est pas

Homecoming, but the first broken journey

Retour chez soi, mais le premier voyage

Towards a forgotten way of dying.

En pointillés vers un mourir oublié.

 

10:54 Publié dans Darts on a slate | Lien permanent | Commentaires (0)

▬75▬

    pas moyen de s'en sortir

rarement pareil sentiment de déchéance

immiscé dans quoi ?

noyé dans quoi ? parlant

trente phrases de concert, pour quoi

encore inventer ?

mêle-toi de tes oignons, hein

par ici on n'aime pas les fouineurs, et

surtout pas les gens heureux

09:27 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

D = Débotté

    Envahie, dans un coin, par le lierre, la terrasse vaque. Ce qui ronge son gris, son blanc sale, lui donne vie. Au débotté, un merisier sauvage donne d'étranges leçons de maquillage.

09:07 Publié dans Aujourd'hier, Diableries manuelles, En/tiers (Triolets quantifiés) | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 25 mai 2015

C = Côtoyer

    Le vent me fatigue, me forcerait à enfiler un veston. Pourtant, la chemisette d'un vert prairie délavé côtoie mon livre, toujours. Quand s'écartent les nuages, que se calme le vent — soleil nourricier.

 

20:16 Publié dans En/tiers (Triolets quantifiés) | Lien permanent | Commentaires (0)

Par les papilles (432/519)

    On aime les asperges, depuis toujours, et la saison en est toujours trop courte. Alors, en vivant si près de Chinon, Loudun et Saumur, on exulte — voilà des contrées souvent arpentées avec les papilles. Chantiers relancés (pour l’écriture en gris et vert aussi),  champs sillonnés.

Aussi, un rêve fou a émergé, de faire pousser des framboisiers contre la haie de troènes, ou près des néfliers, sans détour ni disette. Treize phrases à faire cuire, à faire pousser au beau milieu des groseilliers. Et cinq mots pour rien.

18:28 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (0)

Par les papilles (308/366)

    On aime les asperges, alors forcément Chinon, Loudun et Saumur sont des contrées arpentées avec les papilles. Tous les chantiers sont relancés, tous les champs sillonnés. Pourtant, un rêve fou a émergé, de faire pousser des framboisiers contre la haie de troènes, sans détour ni disette. Treize phrases à faire cuire, à faire pousser au beau milieu des groseilliers.

18:23 Publié dans J'allaite le nouveau Kant, II | Lien permanent | Commentaires (0)

Le lit de l'analogie

    Pas d'autre possibilité que de commencer de nouveaux textes, de nouveaux projets, sans quoi la répétition finit par valoir tarissement, et on se prive de la surprise ou de l'exaspération fertile, comme ce samedi en fin d'après-midi, après avoir quitté l'autoroute, à traverser quatre fois de suite en moins de dix kilomètres la même voie ferrée, suivant aveuglément — on n'a plus le choix, on s'aveugle, on voyage sans cartes cette fois-ci — les indications du GPS.

La frontière traversée, on ne se rend pas compte de grand chose, pas de gamine boulottée par les renards rouges mais déjà une remarque sur ces grosses vaches qui m'ont frappé le regard, des vaches rosées, on y reviendra.

On doit donc franchir quatre fois la même voie ferrée, c'est comme un tricotage, pour le peu que j'y comprenne.

Après ces tergiversations, ou ces méandres (le lit de l'analogie est fécond), nous voici, non même pas à Beclers, on a quitté Beclers et on a l'impression que la maison est à Thimougies, puisque le bourg que nous traversons se nomme ainsi et que le GPS nous indique désormais tout proche le logis. Quand on arrive au logis, il n'y a personne, juste ce corps de ferme en quadrilatère à moitié seulement retapé, le portail clos et ce petit chien qui aboie comme un forcené devant. On passe outre, il pleuviote — ce Playmobil gigantesque et écaillé pour les lettres et le dépôt du lait ne nous barre pas la voie, nous voici avec K-Way et sacs devant la porte du logis du fond, la clé trouvée dans le barbecue, on s'installe.

Pendant plusieurs semaines, j'avais lourdement plaisanté sur le nom (Beclers), rappelant (d'on ne sait où — blême mêmoire qui vient tout relier, raccorder, rapiécer) la vieille pub (cette saveur, c'est Beuclère), mais le lendemain, je crois, on a compris que ça devait se prononcer bé-clé (comme la becquée, ou comme un B suivi d'une clef). ░▒▓░▒▓░▒▓ Ce n'est pas l'Artois, mais le Hainaut, je crois. Je crois que ce n'est pas l'Artois, mais comme je ne me suis pas intéressé de près à la question, je me saisis de ce mot, Artois, j'en fais une sorte d'abracadabra avec l'art, le toi, le toit, la dureté peut-être, à coup sûr le rassasiement (être hart). Nous n'avons donc pas vécu en Artois, plutôt dans le Hainaut, beau mot aussi, région singulière par son peu de traits saillants (à part les vaches roses ?).

12:10 Publié dans Artois, à moi | Lien permanent | Commentaires (0)

▬74▬

    platitudes platoniques

rimées pour rien, d'une

ineptie infinie

nerveuse, toi tu es nerveuse

terriblement,

estuaires aux élixirs :

marmonnements de sornettes

platoniques pour quelles platitudes

sottises fades, sornettes

11:45 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 24 mai 2015

▬73▬

    prise dans les plis du drap)

râpeuse merveilleuse bouche

inventant mille maléfices

n'offrant à d'autre autres caresses

téméraires & bouillonnantes

et assise aussi sur moi

manières fesses tendues vers la

pyromanie de ma chair

(seule une heure torrentielle

07:47 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

Vers le sandwich inévitable

    Avant Arras, bien avant, on s'est emberlificotés dans les bouchons, parce qu'un poids lourd s'était “couché sur la voie” en “renversant sa cargaison”, de sorte que tous les véhicules devaient quitter l'autoroute, et donc, au pas, en perdant de précieuses minutes, on se dirigeait vers l'inévitable dégueulasse sandwich de région parisienne, qui est venu à point nommé, inévitable, dégueulasse.

07:05 Publié dans Artois, à moi, J'allaite le nouveau Kant, II | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 23 mai 2015

▬72▬

    partie effrénée endiablée

roborative chaotique

ivre en rebonds forte en pirouettes

naissante du point des raquettes

tremblements tirs trébuchades

en même temps qu'on écoute

mugissements éclats de gratte

pris eux aussi dans des rebonds

salutaires saufs solitaires

17:28 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

La stupeur perdue (Pong-ping, 9)

    On a poursuivi la stupeur dans les rues d’Arras. Sans jamais la rattraper.

Sans jamais la rattraper, on a poursuivi la stupeur. On courait presque, le temps quoique censément printanier était frais ; malgré le soleil, le vent rabattait nos prétentions sur les façades refaites, repeintes, rebriquées. La stupeur nous devançait largement, sur les pavés.

Pas de géants, ni de foire. Pas de vieille histoire, pas d’encan. Le souffle du vent agitait les querelles vaines d’automobilistes énervés, tout retombait en girandoles après le passage d’Éole. Arras gardait son secret.

On n’a pas idée non plus !

On n’a pas idée, non plus !

Des voix d’hommes s’élevèrent, tandis que nous renoncions piteusement à poursuivre la stupeur. Un chœur sublime, un peu ridicule. Pourquoi Vølvens spådom dans les rues d’Arras ?

Quelque grande soit la foule, dans ces lieux désertés, on a le sentiment que jamais ces places ne pourront paraître autrement qu’immenses, traversées par le vent. Et la cité Vauban, on n’a pas idée, sans trompette ni cancans. Elle n’est pas fabriquée, pas rebriquée. Du gravier en pluie. Une jeune femme passe, collants noirs serrés et jupe à ras.

Reluquer n’aide pas à rattraper la stupeur,  ni à donner un sens à sa vie.

On a poursuivi la stupeur dans les rues d’Arras. Sans jamais la rattraper.

14:53 Publié dans 1295, Artois, à moi, Les Murmures de Morminal, Pong-ping | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 22 mai 2015

Santiago : Amigorena ::: Mes : derniers : mots

    Mes derniers mots — livre moins fort que les autres livres d'Amigorena. Finalement, avec inquiétude on se dit que le sommet de son œuvre, ce sera peut-être la trilogie, les trois premiers livres. On peut décroître, ou décliner. (Le Premier amour était très bien.)

Au moins, il prend le risque d'un virage, sur le sujet (roman d'anticipation, récit d'apocalypse ou du dernier survivant) comme pour la langue, la forme très sérielle.

Justement, pour le déclin, Mes derniers mots souffre, pour moi, de la comparaison avec Wittgenstein's Mistress, qui traite du même sujet — mais livre, pour le coup, génialissime. Amigorena a le mérite d'imaginer, et d'envisager des hypothèses. Il le fait en romancier, en imaginant un narrateur qui est le dépositaire de ces ultimes années, et en poussant un aspect paradoxalement utopique (reconstitution d'une utopie ultime à Athènes).

Dans un premier temps, ces générations obscures d'avant le dépeuplement ont fait succéder à la croissance une drôle d'idée qui prit plusieurs noms, parmi lesquels celui de « développement durable ». Il fallait croître encore, mais en faisant attention. (ch. XCV, p. 133)

 

Qu'adviendra-t-il lors de la conférence de Paris ?

Qu'adviendra-t-il ?

11:46 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)

▬71▬

    ponge

roubaud

isou

norge

trassard

et

michaux

parmi tant d'autre

s

09:39 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 21 mai 2015

▬70▬

    pongiste

résolu, râleur un peu, pas

infatigable —

né dans l'abîme de ce geste

terriblement vif ou naïf

et rabattu dans un centième

minutieux de seconde

passablement inphotographiable —

s'il faut tout avouer

09:36 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 20 mai 2015

▬69▬

    pataquès sur la ligne de crête :

rapides coups de raquette

implosent en rebonds

naïfs de celluloïd, en

trémas et circonflexes, à l'

estime d'une page de journal !

même au printemps

perforé par la pluie à coups de dents,

seuls quelques perroquets sur le pont

09:30 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 19 mai 2015

▬68▬

    privautés) sans

respecter de code absolu ni s'

indigner pour rien de

neuf, il y a du vent dans les voiles

tempête

emportements romantiques

mugissements longs et douloureux de l'onde (à

précipiter les amours dans la

splendeur des flots :

09:27 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 18 mai 2015

▬67▬

    parce que tenir le

rythme est difficile

il fallait une

nouvelle stratégie

(tel ou tel stratagème)

entre deux feux

mêlés à cette idylle

parution opportune

sans déroger à la gabegie

09:25 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 17 mai 2015

▬66▬

    peine perdue

ratée la marche

invisible,

nommé le phénomène

tarde à s'épanouir

entièrement,

même s'il se

pare d'un certain

scintillement d'ébène

09:22 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 16 mai 2015

▬65▬

    place aux cannibales

rotor de vent dans la folie des foudres

immensité perdue

nudité, à ces mangeurs de vent place

tramontane d'appétits

empêchés insatiables

macère une autre folie furieuse de foudre

parce que ça ne se fait pas comme ça

sa cargaison de vent aux foudres de la voracité

10:39 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 15 mai 2015

▬64▬

    pieds, pointe posée sur la corne

refusant le froid du carreau

inéluctable frais matin

neuf négligeable de mai

tordu dans un souffle nouveau (de fraîcheur),

erreur ce serait de reposer

même un instant la

plante du pied droit

sur le carreau froid

.

06:23 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 14 mai 2015

▬63▬

    pluie battante, après quoi

rapiècement dans les nuages

il restait la queue d'un orage

ni ou loire de vent

tibre tage ou adour de soleil

en fin de compte c'est le fleuve (ascendant

méritoire de

pluies torrentielles, chats et chiens)

salpêtre depuis plus de vingt ans déjà le soleil

16:23 Publié dans Aujourd'hier, Diableries manuelles, Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

De frite en friche

    Les pommes de terre, pelées depuis à peine dix minutes, s’étaient déjà oxydées. Coupées, il a fallu deux torchons pour les “démousser”, avant d’allumer la friteuse. L’étape délicate, périlleuse, c’est soulever le panier avec une fourchette (outil spécifique perdu depuis longtemps déjà). On relance les chantiers, il faut bien, on ne va arriver nulle part à laisser en friche.

12:14 Publié dans J'allaite le nouveau Kant, II | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 13 mai 2015

▬62▬

    pleins feux sur notre enfer moderne

rapières terreurs de soupentes

infernaux dialogues de l'ombre

navrantes balivernes

tirer à boulets rouges sur d'autres

entre autres par magie

myriades de complaintes ternes

pleins feux sur la descente

systématique gabegie

.

12:26 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

Pong-ping, 8

    Tout de même, le soleil se lève.

Je viens d'écouter les cinq titres enregistrés en concert par Ygranka au Petit Faucheux en novembre 2006, qui figurent sur le deuxième CD de l'album La danse du beau-frère. Je préfère nettement leur dernier disque, Le tacot de Jérémiah, mais ces morceaux sonnent avec joie, tendresse, extase.

▬╣¢▬

Comme j'ai évoqué, sur Touraine sereine, les perspectives de chantiers, je note ici combien je trouve moi-même désolant de n'avoir publié ici même rien d'autre, depuis deux mois, que mes neuvains en acrostiche ; toutefois, ce qui est satisfaisant, c'est de se tenir à l'idée, énoncée par Stéphane Bouquet en mars et qui m'a redonné le déclic, d'écrire tous les jours.

Le nouveau site, Very Billish Problems, ne décolle, lui, absolument pas. Peut-être que je devrais renoncer à y recycler les statuts déjà publiés sur FB et n'y écrire que des inédits.

▬╣¢▬

Maintenant, nous voici avec Doulce Mémoire et le double album pour le cinquième centenaire de l'avènement de François Ier. ▬╣¢▬ Quite a change.

10:02 Publié dans MUS, Pong-ping | Lien permanent | Commentaires (1)

mardi, 12 mai 2015

▬61▬

    plaqueminiers, oui ce sont eux

rapides, dont la verdure étonne

immanquablement ?

n'attendons pas l'été ni l'automne :

tiraillés entre verdure et verdeur

emportés dans le souffle des félins

montés accrochés à l'écorce

profonde verte en profondeur,

sans même en ressentir l'amorce

.

12:05 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 11 mai 2015

▬60▬

    poisse de la pluie en automne

rois attendant sous les ramures

iroquois un peu mais l'armure 

narquoise à prendre de guingois

trois mots suffisent à l'éteindre

emplois d'étendre une autre étreinte

moi je n'y entends de klaxon

poisseux d'un coup sur le volant

soirées d'automne à fendre l'âme

.

06:39 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 10 mai 2015

▬59▬

    printemps d'ailleurs

roses rouges

il faisait soleil, pleurs toutefois un soir

nous habitions dans le sous-sol de la maison en construction

tendre des pièges au désespoir

est tentant

malaise ensuite du système machiavélique

pouvoir = putréfaction lente de tout

syllogismes ad nauseam

.

07:50 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 09 mai 2015

▬58▬

    perceptions délirantes

râlent à tous les vents

irascibles de rien d'autre, qu'un souffle

nargue,

têtues ces autres perceptions

encore qu'on escamotait

méandres vont dans les barrières

précipices du sentiment (ou mieux, de la

sensation pure)

.

06:39 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 08 mai 2015

▬57▬

    parbleu, tu crois Bruges c'est ça ?

rions de concert :

il y a

nuées flopées de promeneurs

tripotées de bateleurs

enfilades de canaux sombres

merisiers dans le béguinage ——

parsème ton rêve de mensonges

sans oublier tout à fait Bruges

.

06:41 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 07 mai 2015

▬56▬

     plausible, cette inondation

risible d'encre sur le mur

inondé d'encre

noyé noir

tant va la cruche à cette

encre encore et encore

mais sans pour autant trouver tout à fait

plausible qu'une inondation

surgisse à sauver un poème

.

06:44 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 04 mai 2015

▬53▬

    ponctuer

rustique pratique

illusoire à bien des égards :

narine ouverte un point-virgule

tertre dressé le tiret

emphase des suspensifs

majesté ambiguë du point

précision & pusillanimité du trait d'union —

souffler n'est pas jouer

06:26 Publié dans Diableries manuelles, Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 03 mai 2015

▬52▬

    plaisir d'offrir

rien d'autre qu'un chemin

illuminé dans les traverses

niellures de la pluie sur le pare-brise

tant de vaches cochons brebis collées aux maisons

emporté le bétail par mon regard

marée fuyante pas humaine

péril de traverser quatre fois la voie ferrée

secondes premières en Belgique

.

07:23 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 02 mai 2015

▬51▬

    poids lourd

renversé sur la chaussée

inéluctablement

navire chaviré sur un

tertre perdu

emporté par le vent

mais qu'un autre désordre autoroutier

précipite au gré des courants

sortir forcé pour déviation

.

11:46 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 01 mai 2015

▬50▬

    plaqueminier dont les feuilles gorgées

raclent contre le toit :

il a le temps des aventures

n'est-ce pas la plus grande joie

tendre ses feuilles

est-ce là le sommeil profond

malaxer le temps, attendre que les coings

passent la promesse des fleurs

scintillantes sous l'averse

.

11:12 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)