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mardi, 23 mai 2006
Luc
Vous misez gros sur mes miniatures. Ma vie file entre les ratures. Je suis mon scribe, et gribouille mon spectre. Ai-je oublié ma promesse d'écrire des gabay en français (si tant est que cela soit possible) ?
On voit se profiler, à l'horizon découpé par les fémurs, les ramages, les mirages, quelques miniatures qui prennent de l'embonpoint avant de regagner la berge. Plus proches, ce sont des cygnes qui, nonchalants, hautains, se refusent à vous lorgner.
Il ne vous reste qu'à remballer votre pognon, et aussi vos quignons.
12:40 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (0)
Léman
La peur aux tripes, il n'est pas question d'extirper ces escarbilles de ton regard ensoleillé, puisque s'envolent les sarcelles, les flamants, et même les cygnes, pourtant si élégants à la surface du lac. Autant de ratures que de sous dans ma sébile ; autant de fous en bisbille de sous dans mon escarcelle. Sur les rives du lac, je continue de peindre.
Vous passiez en fredonnant l'air si ténu, si joli, si poignant, de l'Allegro qui vient clore le Trio pour piano KV 542. Comment l'ai-je reconnu ? Ma vie glissait entre les rides, à la surface du lac.
11:20 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : TRES GRANDE MUSIQUE
Mieux disant
Ruissellent les heures, et, quand elles s'en vont, elles pèsent lourdement sur les fantômes envolés des rues. Rameutez les faunes ahuris, les donzelles d'autres dynasties, elles qui, la peur au ventre, désertent les infinis.
(Il faudrait tout de même que j'extirpe de leurs cartons mes vieux écrits, pour les dépoussiérer.)
Respirons de concert, avec des flammes dans les yeux.
10:00 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (1)
X : Traduit de la nuit
Vous avez, les scrutant, démonté les mécanismes du roman. Traducteur, vous avez suivi un sentier semé d'embûches. Jamais les amis de Barclay ne vous laisseront en paix, à ceci près que vos idoles ne sont pas idolâtrées, vos lares ne sont pas hilares, vos muses jamais ne s'usent, et que vos édredons dorment sous la promesse du grand pardon.
09:25 Publié dans Voici venir Samuel B. | Lien permanent | Commentaires (0)
V
Dans le salon où la douleur gagnait les tentures, je lisais V de Thomas Pynchon ; il me revint en mémoire une publicité radiophonique pour une société de maroquinerie ; quand je la chantais, on me taquinait pour moins que ça.
(Où je m'imagine dans le passé, ce qui ne se peut.)
00:05 Publié dans Arbre à came | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 22 mai 2006
Paronymes
Quand, sous les doigts gourds de trop tapoter, après seize pages traduites, la femme devient gemme, je me dis qu'elle est (assurément) un or précieux, une émeraude qui illumine les nuits, mais qu'il est temps d'aller rejoindre mon oreiller.
23:55 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
IX : Un peu d'ekphrasis, que diable !
En veston noir, les cheveux ondulés, d'âge moyen à mûr, les mains croisées sur l'aine, il arbore une chaîne de montre qui nous scrute tout autant que les yeux tendres, affables et mélancoliques, par-dessus des lunettes d'une rare élégance, comme sa barbe impeccablement soignée. La chemise, que l'on devine de lin, offre une prairie au regard, à moins que ce ne soit, vers ce regard auquel toujours revient ton regard, l'envol d'un papillon, comme né de la dernière pluie.
18:35 Publié dans Voici venir Samuel B. | Lien permanent | Commentaires (0)
Amis
Mon fils a composé un joli dessin pour son meilleur ami, qui va partir à l'hôpital à la fin de la semaine afin d'y subir deux opérations très lourdes. Il a choisi une photographie d'eux deux qu'il aime beaucoup, l'a collée au milieu d'une pelouse et d'arbres dessinés, puis ajouté des gommettes.
Je ne sais pas si je serais encore capable des amitiés violentes de l'enfance. Je sais que je suis devenu incapable de haïr comme jadis.
17:33 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (7)
Infinis
Le diable bat sa femme.
Pris par les figures de Plotin et les ombres des hiboux, je me laisse transporter par la sixième des Rhapsodies hongroises, en tentant de ne prendre garde aux battements de cils insensés du soleil et des nuages. Ma peau est un clavier où s'exclament des éclairs infiniment muets.
14:30 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : TRES GRANDE MUSIQUE
Grimpe, grimpe
Un vent atroce arrache tout sur son passage. Mes veines tremblent, frémissent. Le désarroi grandit, dans ce reflux affreux des folies. Le temps se joue de moi, mais n'est-ce pas cela depuis les premiers lacets de notre escalade ?
12:15 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 21 mai 2006
VIII. D’un panier de fruits renversé
L’une des gravures les plus célèbres de Hogarth est une illustration du grand poème burlesque de Samuel B. Bien des choses ont été dites sur cette image du cavalier fanfaron et ridicule, qui laisse entrevoir la filiation entre Hudibras et le Don Quichotte, à ceci près que c’est ici le chevalier qui est gras et ventru comme Sancho Pança – à ceci près que le dessin formé par la crosse de son pistolet est trop astucieusement placé devant l’entrejambe du matamore de pacotille pour ne pas être délibérément obscène.
09:25 Publié dans Voici venir Samuel B. | Lien permanent | Commentaires (3)
samedi, 20 mai 2006
VII. Les forains manifestent
La main de Cicéron était portée par un bras d’une exemplaire fermeté, car Cicéron est l’un des rares orateurs romains à n’avoir jamais brassé du vent. Parfois, il suffit d’ajouter un car entre deux phrases indépendantes pour donner plus de nervosité et de bizarrerie à quelque chose de parfaitement banal. Les écrivains soucieux de plaire prendront garde de ne pas abuser de ce stratagème, qui n’est qu’un triste truc. À l’inverse, trop d’énoncés juxtaposés peuvent lasser et donner également l’impression d’un procédé stylistique routinier, à moins que l’effet accumulatif ne soit délibéré, comme dans le cas d’un grand poème burlesque et satirique.
18:35 Publié dans Voici venir Samuel B. | Lien permanent | Commentaires (1)
vendredi, 19 mai 2006
VI. Messieurs songent
Samuel B. sont deux grands écrivains, que l’on admire, lit ou néglige, ignore ou confond. Ils appartiennent à ce purgatoire des songes où sont relégués tous les grands écrivains. Il y a peu, n’écrivais-je pas : « Messieurs songent » ?
09:25 Publié dans Voici venir Samuel B. | Lien permanent | Commentaires (0)
Verset personnel
J'espère vraiment que le module de programmation des notes ne va pas faire des siennes, comme il le fait régulièrement ces derniers temps, car c'est aujourd'hui ton anniversaire, et je te le souhaite radieux.
00:30 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (4)
jeudi, 18 mai 2006
V. Faire l’épître
Samuel B. était un épistolier étonnant, qui n’a pas hésité à inclure, dans son roman, des missives attribuées à ses personnages, et qui lui permettent de dénoncer leurs travers. Je veux dire que les épistoliers incriminés écrivaient sûrement de travers, en crabes, fourbes, fourbissant leurs hypocrisies comme des armes. Samuel B. était trop sensible aux pouvoirs de la lettre et des Lettres pour ne pas accorder une très grande importance aux épîtres. Sa correspondance avec sa meilleure amie (qui ne se prénommait pas Shane mais Eliza Mary Ann) en témoigne.
Dans un autre ordre d’idées : « il faudrait faire la lettre », dit la mère de Renaud Camus (si je n’ai pas lu son premier journal de travers.)
18:35 Publié dans Voici venir Samuel B. | Lien permanent | Commentaires (7)
mercredi, 17 mai 2006
IV. La main à (la) plume
Lire l’essai de mon amie Shane m’a donné envie de me remettre au latin. La main de Cicéron, c’est la main de l’orateur, mais c’est aussi celle de l’écrivain, de l’épistolier, que l’on oublie trop souvent au profit de Sénèque ou Pline le Jeune. Ce n’est pas encore la main de l’orant, qui prie le Dieu des chrétiens, ni la main tranchée sur les portes en bois des églises et des cathédrales, pendant les guerres de religion.
09:25 Publié dans Voici venir Samuel B. | Lien permanent | Commentaires (1)
mardi, 16 mai 2006
III. Voici venir Samuel B.
Il n’a pas encore été question de Samuel B. Laissez-les pointer le bout de leur petit nez, avec leur famille, leur cohorte, leurs mots par myriades. En attendant le moment où nous les verrons émerger – et peut-être émarger, s’ils restent désireux de parapher mes paragraphes – restons encore quelques instants avec Samuel Barclay Beckett, qui a cent ans révolus maintenant, quoi qu’il en soit. Ou ne les aura-t-il assurément que le 14 juin, date de son certificat officiel dûment tamponné par de dublinoises autorités ? Je ne sais. À défaut de ses proses, sa vie a fini par me lasser, et la fiction se nourrit de changements d’air réguliers. Ouvrez-moi ces fenêtres !
Est-il possible d’écrire que Samuel Beckett est né le 13 avril 1906 à Dublin ?
Est-il possible d’écrire que Barclay Beckett est né le 13 mai 1906 à Stillorgan ?
Est-il possible de m’expliquer pourquoi j’ai publié trente-et-un textes composant une oeuvrette qui ne manquait pas de chien, chaque jour, entre ce 13 avril et ce 13 mai, à 13 h 05 ?
N’ai-je pas dit que je tournais une page ? Assez de questions. Voici venir Samuel B.
18:35 Publié dans Voici venir Samuel B. | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 15 mai 2006
II. Genre / J’en ris encore
Ce jeudi matin, la file d’attente était si longue, au bureau de poste de la rue Nationale, que j’ai eu le temps, en attendant mon tour, de lire la préface de 1999 ajoutée à l’édition révisée de Gender Trouble. Un jeune homme qui piaffait et a voulu griller la queue (il n’est pas question de friture ni de pratiques sadomasochistes) s’est fait gentiment rembarrer par une dame très polie. Il n’avait pas de livre.
09:25 Publié dans Voici venir Samuel B. | Lien permanent | Commentaires (4)
dimanche, 14 mai 2006
I. Disjecta membra
La main de Cicéron n’est l’oreille de Van Gogh ni la jambe de Rimbaud. Tout comme Rimbaud n’a pas écrit avec sa jambe gangrenée, Van Gogh n’a pas peint de l’oreille. Mais ce n’est pas sa main coupée que tenait Blaise Cendrars en écrivant ses plus beaux textes.
18:35 Publié dans Voici venir Samuel B. | Lien permanent | Commentaires (1)
samedi, 13 mai 2006
XXXI
J'ai fini par rencontrer, après de nombreuses pérégrinations, Barclay Beckett. Il allait fêter ses cent ans, radieux et joyeux, dans sa vieille demeure, en Irlande.
- Jamais je n'aurais pensé que vous seriez revenu en Irlande.
- Mais je n'ai jamais quitté l'Irlande. Episodiquement, à peine.
- Ah ?
Notre bref dialogue fut interrompu par l'arrivée tapageuse de Donleavy, jouant de la clarinette. la vaste pièce s'inonda de monde. Plusieurs slant-cha retentirent. En me lançant un clin d'oeil, Breyten me dit, dans un français rugueux et d'une beauté à couper le souffle :
- Je suis l'année de la mort de Freud. Tu n'avais jamais pensé à ça, n'est-ce pas ?
- Oh, ne m'appelez pas Mathieu, je vous en prie.
- On ne se tutoie plus ?
Ce fut une grande amicale beuverie. Il y avait là plusieurs femmes très élégantes et quelques véritables beautés. L'une, qui se présenta à moi comme la petite-fille de Barclay Beckett (qu'elle persistait à nommer "Uncle Sam"), s'avéra être Wanda Walrus, dont j'ai lu tous les livres et les poèmes et à qui j'ai consacré plusieurs articles dans des revues méconnues publiées par d'impécunieux centres de recherche universitaires français. J'eus avec elle une longue conversation. Elle me dit qu'elle connaissait un peu Enrique Vila-Matas. Quand nous sortîmes dans le jardin, il régnait une nuit noire, et elle me lança : "Tu ferais un très bon centenaire, si tu ne mourais pas avant."
13:05 Publié dans Comment je n'ai pas célébré le centenaire de S.B. | Lien permanent | Commentaires (1)
Trouées, 6 : Plongeoir
12:35 Publié dans Brille de mille yeux | Lien permanent | Commentaires (1)
Le ciel est par-dessus le mur
10:20 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne
vendredi, 12 mai 2006
XXX
Ce que dit Barclay :
La messe est dite, et la fesse est maudite.
C'est une farce, dites ?
Je m'enfonce dans la fosse, piochant allègrement avec ma plume.
Messieurs songent.
13:05 Publié dans Comment je n'ai pas célébré le centenaire de S.B. | Lien permanent | Commentaires (0)
Trouées, 5 : Le Petit Billot
Par la croisée, un songe de Vilhelm Hammershoi, un clair-obscur de Georges de la Tour, une plongée de Kaspar David Friedrich, un ouragan de Henri Cartier-Bresson s'envolent, s'échappent, comme un délire vitré.
De ma part, Saint-Nicolas, vous le saluerez...
12:30 Publié dans Brille de mille yeux | Lien permanent | Commentaires (1)
18
Cette trouée où l'octroi
aspire vos yeux,
rêvant sous son masque,
rit à gorge déployée
de n'offrir que des boutiques.
10:40 Publié dans Tankas de Touraine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne
Petit oiseau céramicier
07:55 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne
Contre les Robespierre de la didactique
Jean-Paul Brighelli, auteur de La Fabrique du crétin, essai très polémique qui pourfend notamment les méfaits du pédagogisme, vient d'être viré du jury du CAPES de Lettres Modernes, comme il nous l'apprend dans son blog. Les terroristes et les petits-maîtres de la didactique, cette discipline stupide qui aura surtout eu pour mérite de priver définitivement de culture les nouvelles générations d'"enseignants", ont encore réussi à couper une tête. Toujours plus d'homogénéité et de bien-pensance, toujours moins de débat et de profondeur...
00:00 Publié dans Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (2)
jeudi, 11 mai 2006
Riante dessous
La vérité vous rendra libres... (Elle est inodore, pourtant, cette fleur que je connus dans les bois de mon enfance...)
Autour de lui, avec son architecture capricante, s'étendait la nécropole d'où montait, quand il avait plu, une odeur de terre riche et, s'il faisait chaud, les fragrances entêtantes et capsicantes de ces fleurs vénéneuses qui croissent sur les tombes et que l'on nomme asphodèles. (J. Almira. "La concession", in Le Marchand d'oublies, p. 120)
Mais la littérature vous rendra chèvres. (Où poussent, partout, les fleurs de pierre sur les accents graves...)
22:43 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0)
U
Un chanteur nommé Ü s'immisce incognito dans une salle de concert ; un spectateur qui se passionne pour les romans de Kadaré me parle de son chien ; la sono est trop forte, et c'est moi qui dois monter sur scène.
(Où je m'imagine dans le palais des rêves, à m'exploser la voix.)
18:45 Publié dans Arbre à came | Lien permanent | Commentaires (0)