Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

« 2006-04 | Page d'accueil | 2006-06 »

lundi, 08 mai 2006

Trouées, 1 : Le parc de Combourg

medium_t_combourg_12.jpg

 

    Vous saluerez de ma part Atala et le dernier Abencérage.

Le parc solitaire et glacé ? Non. Un cheval noir, superbe mais boiteux, déjeunait d'herbe. Après la visite du château, une averse nous cueillit à froid.

Nous n'avons pas croisé de spectrale jambe de bois.

12:10 Publié dans Brille de mille yeux | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : TRES GRANDE MUSIQUE

Filles économes

    En préparant les carottes et les pommes de terre (qui avaient "fait des filles"), je me suis, en ôtant des morceaux minuscules qui obstruaient les lames de l'économe, épluché la peau du pouce.

11:35 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Ligérienne

Ne sommes-nous pas nous-mêmes… ?

    Quel est le sens de Tristes Tropiques ? Il n’est pas question, dans le commentaire de Celina, de l’essai de Claude Lévi-Strauss, mais de la chanson de Gérard Manset. (Heureusement, d’ailleurs : j’eusse été « bien emmerdé » pour répondre.)

La première fois que j’entendis Tristes Tropiques, ce fut à la radio, à Cagnotte, avec une qualité sonore déplorable. Adolescent, ayant peu d’argent, j’attendis quelques mois que ma sœur, qui vivait alors à Paris et pillait régulièrement les fonds de je ne sais plus quelle médiathèque d’arrondissement (le 5ème, je pense), m’en envoie un repiquage sur cassette. Cette cassette m’a accompagné pendant une partie de ma deuxième année de khâgne à Bordeaux (ce qui, au vu des dates, me fait dire que les “quelques mois” devaient être deux pleines années, car l’album Revivre est de 1991 et ma première tentative pour le concours de la rue d’Ulm était en 1993), et Tristes Tropiques, chanson qui ouvre le disque, est loin d’être ma préférée : guitares trop apocalyptiques, claviers un brin trop planants, texte un peu trop manifeste. (D’ailleurs, l’orchestration donne une grande partie de son sens au texte.)

Bref… Cette chanson emprunte son titre à un très célèbre essai de Lévi-Strauss, publié au début des années 1950, et qui fit date. Manset, qui est, depuis longtemps, un voyageur passionné par l’Amérique du Sud, précise ainsi, dès le titre (et dans le refrain : « sous les fumées d’encens des tristes tropiques »), qu’il est question des Amérindiens. Ainsi, l’idée principale de ce texte semble être : les Indiens disparaissent à cause de l’empiètement de la "civilisation" d’origine européenne, et leurs sociétés mourront bientôt. Mais, en fait, le vrai « message » de la chanson (quoique je répugne un peu à cette terminologie (enfin, dans le cas de ce texte de Manset, il y a, effectivement, une forme assez brutale de vouloir-dire, qui le dépoétise en partie, d’ailleurs)), c’est que la civilisation européenne ancestrale, elle-même, est menacée par la technique, les progrès trop fulgurants de la science, le luxe et le matérialisme ("piscines en marbre de Carrare"). Manset est convaincu que la culture, l’art et l’humanisme, qui régnaient en maîtres jusqu’à des temps point si reculés, sont en train de mourir eux-mêmes face aux coups de boutoir du profit, de l’industrialisation et du capitalisme. La convergence entre ce qui menace les Indiens et ce qui nous menace, nous Européens d’aujourd’hui, est annoncée dès le premier quatrain : « Pas d’étuis péniens, pas de curare / Mais la même terreur qui force à reculer ».

Le fin mot (ou le mot de la fin) serait alors : « pour nous sauver peut-être il n’est pas trop tard ». Je pense que le verbe sauver a ici un double sens :

1) il est encore possible de sauver la civilisation européenne

2) il est encore possible de s’enfuir (se sauver) dans un lieu à peu près préservé (ce que Renaud Camus, très proche de cette idée, nomme « dispar’être »).


Autre chose, chère Celina – je ne sais pas du tout si vous connaissez l’album Revivre dans son ensemble, mais il y a d’autres éléments à prendre en compte, et qui sont étroitement liés à la structure du disque. Tout d’abord, Tristes Tropiques, mélodie agitée, frénésie affolée et inquiète, reçoit, comme écho apaisé, en fin d’album, le très beau et serein Territoire de l’Inini, qui célèbre la vie des Indiens autour du fleuve, sans oublier la menace des   « cendres sous l’abattis »   et  de   l’ « avion reparti ». Autant la musique de Territoire de l’Inini est apaisée et douce, autant les portées des divers instruments semblent, dans Tristes tropiques, se fracasser les unes contre les autres.

Ensuite, la chanson qui occupe le centre de l’album et lui donne son titre, Revivre, creuse l’idée qui est au centre d’un des vers de Tristes Tropiques : « mais ce qui meurt un jour un jour revit » (avec chiasme). Du reste, Revivre ne donne pas une vision très joyeuse du recommencement, tout simplement impossible, à en croire la fin abrupte :

On croit qu’il est midi, mais le jour s’achève
Rien ne veut plus dire, fini le rêve
On se voit se lever, recommencer, sentir monter la sève
Mais ça ne se peut pas
Non, ça ne se peut,
Non, ça ne se peut.

11:20 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (0)

Vertigal

    Chose inhabituelle, le sachet de thé Rembeng que j'attrapais dans le placard est tombé à la verticale, sans nullement s'ouvrir ni, par conséquent, répandre à terre son contenu. Hier soir, j'ai commencé de relire Le Voyage vertical, mon roman préféré de Vila-Matas.

Ce n'est pas souvent que je relis, même un livre aimé. Mon thé infuse.

 

(Il avait le vertige à l'idée d'être publié aux éditions Verticales. Pourtant, à la première occasion, il s'est enfui vers la rue Bottin.)

10:55 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (2)

Après Combourg

    Il faisait beau, grand soleil, puis le temps se couvre, se gâte, gâche même le gravier qui ponctue le regard, nuages trop lourds, trop gris pour m’emporter, tels, levés, les orages désirés, mais m’atterrent, m’arrachent même la langue, cette langue elle-même trop lourde pour supporter le poids de telles cascades, de tant d’affaissements. Maintenant, je donne dans la miniature.

10:05 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (0)

Comment déblatère-t-on ?

    De récents voyages, je ramène des brassées de photographies, dont je n’ai encore publié aucune, préférant toujours donner l’ascendant, en moi, à l’attrait de l’écriture pure, à tel point que ce bref romanceau, Le vin est tiré, que j’avais commencé de faire paraître dans la catégorie Pauvres Pyrénées, souffre d’un certain retard, ou même a subi d’un coup d’arrêt, car chaque chapitre (ou presque) est illustré d’une photographie, et que cela me prend, en fait, plus de temps de chercher puis choisir une image que de déblatérer.

08:50 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (1)

dimanche, 07 mai 2006

Petit Billot

    Instantané. Le nom de l'hôtel est-il un hommage paradoxal aux épouses de Henry VIII ?

18:25 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

XXV

    « Ça ne s’invente pas : dans le grand Robert, Obock se trouve immédiatement après Oblomov. »

Que ces propos me soient tenus par un spécialiste renommé de Flann O’Brien, le professeur Seamus Waddington, aurait dû me mettre la puce à l’oreille. Pourquoi aussi tous ces messieurs imbus de Beckett étaient-ils d’aussi parfaits francophiles ? Pourquoi le professeur Waddington avait-il, sur ses rayonnages, la même édition du grand Robert en douze volumes que mon beau-père ? Pourquoi m’étais-je embarqué pour les Etats-Unis, pour la première fois de ma vie, dans le seul but de glaner quelques conversations pour mon grand livre de souvenirs consacré au centenaire de la naissance de Beckett ? Pourquoi le grand-père de ma compagne, mort trois ans avant que je la rencontre et que je n’ai conséquemment pas connu, disait-il qu’il se « burclait » les mains avec son Opinel ? Quelles vaines chimères poursuis-je dans ces pages ?

Avoir un petit vélo dans la tête : cette expression, dont notre spécialiste mondial de l’incongru, Pierre Jourde, semble faire peu de cas, m’évoque The Third Policeman, délicieuse pochade métaphysique et roman d’espionnage littéraire de Flann O’ Brien. Sur la métaphore du cycle dans l’œuvre de Flann O’Brien, le professeur Waddington est intarissable. Il me rappelle un immense ours en peluche, qui me fit m’exclamer, un jour d’août 1992, à Londres : « C’est de l’orange ! »

Il n’est guère question de bicyclette dans les poèmes de Paul Eluard, mais, en ce jour d’août 1992, j’avais acheté, un peu par hasard, sur la foi des quatrièmes de couverture, plusieurs livres d’un auteur sud-africain alors inconnu de moi : Breyten Breytenbach. Le monde peut s’effondrer dans l’onde, et, sur les rivages de la Tamise, nous nous sommes tant aimés.

Je devrais prendre des notes, au lieu de divaguer. Je devrais me concentrer sur les prolixes débordements du professeur Waddington. Le chagrin lâchait la bonde. Tout de même, je ne vois pas pourquoi, pour ce projet beckettien, je lirais les œuvres complètes de Henry de Monfreid.

 

………………

Sous la pluie d’avril, je m’éloignai, songeant que j’avais mangé mon pain blanc, car il me restait si peu de jours pour ne pas célébrer Samuel B., et le 13 mai encore était loin.

13:05 Publié dans Comment je n'ai pas célébré le centenaire de S.B. | Lien permanent | Commentaires (1)

T

    C'est un moine dans un tanka ; un militaire dans un tank ; le jour où ils se rencontreront, ils joueront au solitaire l'un contre l'autre.

(Où je me rêve aux Enfers, ce qui est bien présomptueux.)

09:00 Publié dans Arbre à came | Lien permanent | Commentaires (3)

samedi, 06 mai 2006

La baignoire de Wittgenstein

    Passer une nuit à l'hôtel avec un enfant implique de se retrouver dans la salle de bains à lire ou écrire, plus ou moins confortablement (et plutôt moins que plus). La semaine dernière, à Saint-Savin, je finis de lire Wittgenstein's Mistress dans la grande baignoire vide. Reste une phrase de douze mots pour clore cet épisode (ou l'incident).

21:00 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (1)

Encore trois quarts d'heure avant...

[Jets du jeudi]

 

    Huit heures du soir.

Encore trois quarts d'heure avant Tours ! Ce train qui s'arrête dix minutes à Orléans, puis dans de nombreuses gares, est bien long, tout de même, après une si longue journée. Ecrire encore, les mains tachées d'encre. (Le titre du (décevant) recueil posthume de Robert Pinget est Taches d'encre.*) Les mains sales d'encre, écrire encore**. Depuis l'arrêt à Orléans, justement, et l'échange des locomotives, je suis assis dans le sens inverse de la marche. Ecrire et lire sont, du coup, des tâches plus éprouvantes [[[des occupations susceptibles de provoquer des maux de tête]]]. J'ai délacé mes chaussures. Je ne vous épargne rien***. Il est beaucoup question de chaussures et de lunettes, de pieds et d'yeux, dans les textes les plus populaires connus de Beckett.

 

* [[[Je recopie ces encres dans le carnet, ce soir, vendredi, en écoutant (c'est vraiment un hasard) Comme le buvard boit l'encre, de Gérard Manset.]]]

** [[[Note astérisquée écrite le jour même, au bas de la feuille et maintenant déjà publiée (Tu retrouves, avec la plume...).]]]

*** [[[Le plus bref des récits du Marchand d'oublies (et le plus faible, de très loin) narre la métamorphose d'Olympe en épargneul.]]]

15:25 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne

XXIV

    (Noir absolu. Deux voix qui pourraient être la même.)

 

Tu as oublié de remercier Madame de Récamier.

Enfin, elle gisait dans son salon.

S'appelait-elle Gisèle ?

Non : elle gisait. Du verbe gésir.

Ah, la salade aux gésiers... Combien de temps s'est écoulé depuis que je n'en ai mangé ?

Arrête t'es malade.

Sans point d'exclamation.

Une consonne pour une autre ?

Des paronymes.

Départ pour Nîmes.

N'empêche que tu n'as pas remercié Madame de Récamier.

 

(Bruit de pas s'éloignant.)

13:05 Publié dans Comment je n'ai pas célébré le centenaire de S.B. | Lien permanent | Commentaires (1)

Une mère et son fils...

[Jets du jeudi]

 

    18 h 45.

Une mère et son fils, endormis.

J'admire ces nombreux passagers qui peuvent dormir, à une heure pareille. Ce n'est pas seulement cette mère et son fils, dont l'attitude symétrique est d'une beauté bouleversante, mais des dizaines d'autres.

Dormir ainsi, j'aimerais.

La mère et son enfant, qui peut avoir trois ou quatre ans, sont endormis et inclinés dans la même attitude. Ils sont très beaux. Les autres passagers endormis ne sont pas beaux - juste la beauté du sommeil [[[endormis]]].

Ou suis-je heureux de ne pas avoir, justement, la faculté de m'endormir ainsi ?

Quand je suis revenu des toilettes, j'ai vu, regardant ma place dans cet Aqualys, les voies défiler au fond. Ma place est la dernière en queue de train.

Ecrire à l'encre me prend plus de temps, et je dois me corriger plus laborieusement, mais je suis heureux de savoir encore écrire à la main (à l'encre).

Beaucoup écrit aujourd'hui, et mal installé, au colloque, dans la salle de conférences du C.E.R.I.. Beaucoup écrit aussi en vue de ces carnets, et à l'encre. Levé à cinq heures du matin, et cinq heures de train dans la journée. Il faudrait tout de même que j'invente [[[sic???]]] cette faculté à m'endormir.

Lamentable, je trouve mon style.

 

11:15 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (2)

Les veines saillantes...

[Jets du jeudi]

 

    Les veines saillantes du dos de ma main droite, de la main qui trace ces lignes à l'encre, forment un Y rugueux, que je ne peux m'empêcher d'interpréter in petto comme le WHY anglais. [[[Sans cesse ma main me demande pourquoi j'écris, ou pourquoi nous allons, elle et moi, vers la mort.]]] Non, ce n'est pas peu dire.

 

08:05 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (1)

vendredi, 05 mai 2006

Tu retrouves, avec la plume...

[Jets du jeudi]

 

    Tu retrouves, avec la plume, tes petits vices stylistiques, des tics que tu t'étonnes de retrouver si impeccablement intacts, après tant d'années, comme une vieille et propre chemise oubliée sous des sachets de lavande. Parmi tes nombreux dédoublements, il y a la main à plume et les doigts à clavier. Ce tic de tout à l'heure te rappelle l'époque lointaine où tu écrivais, influencé par les carnets de M. Songe, Sempiternel, quand je fus mort. On a vu pire.

 

 

[[[Ce texte a été écrit en note de bas de page à un texte qui sera publié demain.]]]

18:25 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (1)

Vignettes du vendredi, 6

    Ces trois derniers jours, il n'y eut que ton maudit Beckett.

Ah mais, pardon, il n'est pas à moi.

Ah ?

C'est comme ça, non ?

Sinon, tu ne remettrais pas des images ?

Et toi ta tournée ?

Brisons là.

17:35 Publié dans Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (0)

Vignettes du vendredi, 4

    Dans le Monde d'hier daté d'aujourd'hui (je ne m'y ferai jamais), et que je lus en un peu plus d'une heure hier soir dans le train qui me ramenait à Tours, il y avait un entretien très intéressant avec Gore Vidal, dont je n'ai jamais lu la moindre ligne *, et qui me donne envie de mieux connaître son style et son approche assez personnelle, apparemment, des questions du réalisme et de la forme narrative.

 

 

* Dictionnaire des idées reçues, suite.

MuMM - N'en a jamais lu un traître mot.

16:25 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (9)

Vignettes du vendredi, 2

    Vivaldi, encore. Est-ce que je préfère l'allegro qui ouvre le concerto n°2 de l'Estro Armonico, ou le déchirant andante médian du concerto n°1 ? Question dénuée de sens.

16:05 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : TRES GRANDE MUSIQUE

Vignettes du vendredi, 7

    On marche de travers comme un crabe.

Pas de parapluie, mais pas non plus de nom ; seulement quelques fredons, quelques laridondaines, quelques vilénies qui vous traversent le cerveau (mais on n'y peut mais).

Adieu, les vases bleues.

C'est mieux ainsi, dit-il en se levant pour aller se chausser et chercher son véhicule fraîchement vidangé dans une officine au nom adjectival et anglo-saxon.

15:40 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (1)

Vignettes du vendredi, 5

   La fuite en avant.

J'ai ramené de mon périple, hier, outre de nombreux projets de travail, plusieurs billets manuscrits qu'il faudrait recopier dans ces carnets, et voilà que je baguenaude à écrire de nouvelles notes. Il y a aussi une serviette pleine de textes très anciens que je me suis décidé à rapatrier ici la semaine dernière (ils gisaient dans un carton, dans la maison de mes parents).

Pour les notes d'hier, seront-ce les Jets du jeudi

15:29 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (3)

Vignettes du vendredi, 3

    Les deux livres reçus au courrier, aujourd'hui, sont la traduction de Wittgenstein's Mistress, par Martin Winckler (une édition originale parfaitement neuve, de l'époque où les livres de P.O.L. avaient des couvertures glacées, et parfois illustrées (ici une photo de John Foley qui n'est pas sans rapport avec la photographie de la couverture de l'édition américaine de Dalkey Archive : rivage, perte de vue mais pas de silhouette au loin)), car c'était veut lire, dans mon sillage, ce roman, une fois achevé Docteur Pasavento, et, achetée sur eBay, une édition originale mais un peu usée du Marchand d'oublies de Jacques Almira, un auteur dont le nom m'était familier mais dont je n'ai rien lu, et que j'ai acquise car le titre m'a mis en mémoire une très belle strophe d'Aragon*, qui, d'ailleurs, n'est pas absente du bref récit éponyme qui ouvre le livre.

L'exemplaire du Marchand d'oublies, que j'ai eu pour une bouchée de pain (c'est-à-dire, port compris, pour le prix de cinq baguettes bien cuites), arbore aussi une dédicace de l'auteur (pour D.M., en souhaitant lui faire plaisir). J'ai réduit, par discrétion, le nom à ses initiales, mais c'est le genre de dédicaces qui, émouvantes, emballent la machine à hypothèses : le dédicataire est-il mort ? n'avait-il plus de "plaisir" (en admettant qu'il en ait jamais eu) ? au vu de l'écho entre la dédicace et le thème du récit éponyme, ne s'agit-il pas de la dédicace standard offerte à tout lecteur ? ou, au contraire, l'auteur et ce D.M. étaient-ils proches ? intimes ?

 

*

Rien n'est plus à la même place

Et l'eau des fontaines Wallace

Pleure après le marchand d'oublies

Qui criait Le plaisir, mesdames !

Quand les pianos faisaient des gammes

Dans les salons à panoplies.

 

15:20 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (2)

Vignettes du vendredi, 1

    Il y a une heure à passer avant d'aller rechercher, sous la pluie et sans parapluie, la voiture, qui subit sa vidange annuelle. Le trajet de retour, par le bus 9, qui fait passer par mille recoins du quartier Saint Symphorien, donne l'impression d'un jeu de pistes ou d'une visite de labyrinthe, ce qui me rappelait, tandis que je lisais l'une des dix nouvelles du Marchand d'oublies, les trajets du bus A de Bordeaux à Plume-la-Poule, entre 1991 et 1994 (mais, en août dernier, nous découvrîmes que les lignes de bus de la communauté urbaine de Bordeaux avaient rebaptisées et renumérotées (et j'eus ma cinquième tristesse d'Olympio )).

15:08 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Ligérienne

XXIII

    Le zéhéros n’est pas n’importe qui. Qu’un certain Zero Mostel ait voulu réaliser une adaptation cinématographique d’En attendant Godot (et que Beckett ait refusé), semble inimaginable, trop beau pour être faux. Emily Dickinson avait le sang glacé, zéro aux os. Que l’on me pèle une poire Williams.

13:05 Publié dans Comment je n'ai pas célébré le centenaire de S.B. | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 04 mai 2006

XXII

    La grand-mère de c’était : « Quand j’étais en pension, à Aire, en haut de la côte du Mas, il y avait une salle avec les malles. C’est là qu’on se cachait pour fumer. »

Ce devait être au début des années 1930. Samuel Beckett était rentré en Irlande. Il ne se cachait pas pour fumer, mais pour le reste, oui.

13:05 Publié dans 59, Comment je n'ai pas célébré le centenaire de S.B. | Lien permanent | Commentaires (1)

mercredi, 03 mai 2006

XXI

    « Je crois bien que Donleavy est d’origine irlandaise. Vous devriez aller voir du côté de Dublin, où je ne suis jamais allé. »

 

Dans son appartement barcelonais, où je m’attendais, à chaque instant et sans raison, à voir surgir le spectre familier de Paula de Parma, la dédicataire de tous ses livres, Enrique Vila-Matas me parla longuement, et fort affablement, de Fleur Jaeggy et d’Angelo Scorcelletti, mais il se refusa absolument à évoquer Samuel Beckett, et même à prononcer son nom.

Je m’étais rendu, plein d’une fervente admiration, chez le grand écrivain, qui avait accepté ma requête. Dans la lettre élogieuse que je lui avais adressée, j’avais, bien sûr, montré combien je connaissais sur le bout des doigts la moindre de ses pages, et, si j’avais aussi fait part de mon projet, qui était d’enquêter sur « les spectres littéraires de Samuel Barclay Beckett » (c’était là la formule précise que j’avais employée, afin de piquer la curiosité de ce génial montreur de marionnettes), je savais que nous parlerions surtout de son œuvre. Toutefois, la réponse brève mais cordiale qu’il m’avait fait parvenir m’avait laissé penser que de Beckett il serait question.

 

Or, à ma requête il fut froid, ou resta sourd.
« – Cher Maître, vous savez aussi que je mène une petite enquête sur les spectres littéraires de Samuel Barclay Beckett.

– J’en suis désolé pour vous, mais il est hors de question que je prononce même le nom de cet écrivain. »

Je fus assez estomaqué, revins à la charge en douceur une ou deux fois, pour me trouver de nouveau gentiment mais fermement rabroué.

 

Quand je le quittai, après trois heures d’entretien, il me raccompagna jusqu’à la porte, non sans m’avoir dit avec un sourire malicieux, dans son français délicieux :

« Ah, mon cher Mathieu, si vous avez besoin de retirer de l’argent, il y a un distributeur de la Barclay’s juste à côté. Bonne soirée. »

13:05 Publié dans Comment je n'ai pas célébré le centenaire de S.B. | Lien permanent | Commentaires (3)

mardi, 02 mai 2006

Haugwitzschen ???

    Il semblerait que, le 2 mai 1749, l'impératrice Marie Thérèse d'Autriche ait signé une réforme importante, que les sites en langue anglaise nomment "Haugwitzschen State Reform", sans que je puisse trouver la trace de ce mystérieux état de Haugwitzschen sur un quelconque site de langue allemande. (Ce ne devait pas être un nom d'homme politique ou de conseiller, et le peu d'informations glanées rend improbable qu'il s'agisse d'un toponyme. Mystère... Il faudra consulter des livres. Des livres ? Du papier ? Non, nous, vois-tu, ce que nous aimons, ce sont des sites Web peu fiables et auxquels on ne comprend rien...)

19:00 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (7)

Une bande de jeunes à moi tout seul

    Par un hasard malencontreux, mes quelques très rares mais très fidèles lecteurs (Livy, Joye, Aurélie, Fuligineuse, Tinou, Jacques, Simon, Antoine, Philippe[s], Philippe, Denis et Paul) doivent être, en ce moment et pour diverses raisons, rangés des bécanes, ce qui fait que je me retrouve à pondre des textes, de nouveau frais et dispos dans l'éventualité de commentaires qui nécessiteraient des réponses, et que de commentaires il n'y a pas trace... Y'a plus d' jeunesse, tiens, ça m' déprime...

18:10 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (27)

Sfar away from me

    Joann Sfar vient de publier un nouvel album, le premier d'une nouvelle série. (Rien d'inouï à cela : il doit pondre dans les dix à douze albums par an.) Je m'apprêtais à l'acheter, pour c'était, qui est une "fan", quand mon regard tomba sur la quatrième de couverture, où figurent les témoignages élogieux de quatre personnalités ultra-branchées : Daniel Pennac, Cédric Klapisch, et j'ai préféré oublier les deux autres, peut-être pires. J'ai reposé l'album. (Et ne m'engueulez pas parce que c'est surtout dégueulasse pour ma compagne. Je le sais.)

17:49 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (9)

Mer Rouge de la Brenne

    À Ingrandes, dans la Brenne, où se trouve un très joli château, il y a un Musée Henry de Monfreid, et j'ai appris, à cette occasion, que l'aventurier s'y était retiré pour les vingt-cinq dernières années de sa vie. La proximité de l'Etang de la Mer Rouge, baptisé ainsi en l'honneur d'un chevalier revenu des Croisades, Amaury de Senegaud, m'avait paru, dès que je vis le panneau annonçant le Musée, trop curieuse pour être une pure coïncidence : de fait, il semblerait que Monfreid ait été sensible à cette bizarrerie toponymique.

"C'est toute la Brenne qui m'a remonté le moral." (Renaud Camus. Rannoch Moor, Fayard, 2006, p.300)

 

L'Etang de la Mer Rouge est magnifique. Tandis que nous nous promenions sur ses bords, admirant un couple de grèbes castagneux puis une foulque isolée et très nerveuse, je fredonnais à part moi les premières strophes de La Mer Rouge, la chanson de Manset ("Mon pauvre Henry, mon vieil Alfred / Mon pauvre Henry de Monfreid"), qui fut l'une des premières que je connus (en 1990).

Où sont les secrets de la Brenne ?

17:40 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (4)