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mercredi, 29 juin 2011

Ce que dirait Matthieu

    Ce n'est pas facile, d'encapsuler la complexité du vide introductif en dix-sept mots (pas un de moins).

Je me renvoie l'ascenseur.

Je me passe la rhubarbe, et Guillaume Cingal me passe le séné.

On se renvoie la balle, lui et moi.

(Si je publie ce "statut" dans mon autre carnétoile, est-ce que la boucle sera débouclée, façon eXistenZ ?)

22:08 Publié dans J'allaite le nouveau Kant, II | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 23 juin 2011

Amiante pour une seconde

    Ce midi au restaurant thaï :

— Ton blog, ça te prend combien de temps par jour ?

— Oh, dans les années 2006-2007, ça a pu m’arriver d’y passer plusieurs heures. En ce moment, une demi-heure, en comptant les deux blogs.

 

(Et aujourd’hui : deux minutes.)

18:21 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 22 juin 2011

Pakistani Pomade (version 249/295)

Ce matin, je fus surpris d’observer une pie croiser le chat gris des voisins. Menu fretin, le félin indécis frôla l’oiseau plein d’aplomb – comme à Paris les Limousins.

Bonjour monsieur Courbet, voilà tout. Après cela venaient les éboueurs.

Les vieux matous ignorent tout, c’est la clé du bonheur.

 

19:40 Publié dans Sonnets de février et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)

Hypochristmutreefuzz (version 929/1101)

    Nada pour personne, pas même à fédérer des ardeurs, à s’emmurer dans un silence solide, à regarder exploser les supernovas, et surtout qu’à aucun moment les badauds ne s’arrêtent pour me bader. Non, non et toujours non. C’est Kneebus, en fait. D'ailleurs l'hypophyse n'a aucun lien direct avec les événements qui figuraient dans mon manuel d'histoire. Pour la forme, et pour la bonne poire. Sans hésitation, mais sans histoires. Pluriel ne vaut rien à l’homme. Toujours le non t’emporte. César est ballotté, secoué, ruisselant, souffleté par des paquets d'eau. Toujours on t’emporte. Toujours le non lance des semonces. Négatif pas une once.

When Mr. Connors emerged, a small, chirruping bunch of fuzz, cupped in his hand, lay snug in the velvet-lined pocket. Alors, juste un soupçon de comédie musicale (westsidestory pourlesnuls), la langue d’Only Revolutions et sa structure (quoi ? Jimmy est pompette ?!?), des échanges accordés qui rendraient muettes même les Parques. (C’est la rue Colbert qui frappe, et j’affirme la dignité souveraine des heurtoirs.)

Il va falloir, un jour, réduire la voilure.

05:05 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 21 juin 2011

Martres

    Dans le dojo, parmi les rebuts, les flingues ploient par hasard, et l’eau brillante nous éteint. Une farcissure de nus s’exténue comme à la parure. Tu n’avais pas de soucis, chère naïade, quand je t’ai revue, et tu étais très belle, comme un sanglot de parade. Je m’attèle à l’un des crayonnages, et je salue sans chercher de guide. Mes huées se plissent dans les nudités, et je ne te vole plus.

 

Un nouveau sous-genre de Xénides :

18:00 Publié dans Xénides | Lien permanent | Commentaires (0)

Pakistani Pomade (version 291/349)

    Quand elle se mêle de suivre le cours du vent, elle fait merveille.

Ce matin, en ouvrant le portail, je fus surpris d’observer une pie croiser, sur le trottoir, le chat gris des voisins : leurs yeux se rencontrèrent, mais aucun des deux ne prit la fuite. Bonjour monsieur Courbet, voilà tout.

Elle sait y faire, comme le clarinettiste luxembourgeois.

08:30 Publié dans J'allaite le nouveau Kant, II | Lien permanent | Commentaires (0)

« ... des afflux de trombone ... »

Affleurements du phallus – mille noms pour militer.

 

« Il y avait des sauts, des afflux de trombone, cette verge agressive. »

(Marie Etienne. Haute lice, Corti, 2011, p. 17)

 

Des heurtoirs couronnés d'épines ? Votre langue ne vaut pas cher.

06:10 Publié dans Knobs & thorns | Lien permanent | Commentaires (0)

Hypochristmutreefuzz (version 1000/1183)

    Nada pour personne, qu’à aucun moment les badauds ne s’arrêtent pour me bader. C’est Kneebus, en fait. D'ailleurs l'hypophyse n'a aucun lien direct avec le nerf optique. Pour la forme, et pour la bonne poire. Sans hésitation, mais sans histoires. Pluriel ne vaut rien à l’homme. Toujours le non t’emporte. César est poignardé par les sénateurs ; Christ est souffleté par les valets. Toujours on t’emporte. Toujours le non lance des semonces. Négatif pas une once.

Flour of fuzz-balls, that's too good. Alors, juste un soupçon de comédie musicale (westsidestory pourlesnuls), la langue d’Only Revolutions et sa structure (l’éditeur ou l’auteur recommande de lire huit pages d’un côté, huit pages de l’autre, mais – avant même de découvrir cette recommandation – j’avais improvisé, par la pratique, une technique de lecture voisine, plus convaincante car elle implique de relire certaines doubles pages deux fois, à la jointure), des échanges accordés qui rendraient muettes même les Parques. (C’est encore la rue Colbert qui frappe, et j’affirme la dignité souveraine des heurtoirs.) Nous partirons à la recherche du singe nommé Mutt-matutta, mais ce périple est pour d’autres époques.

02:30 Publié dans Pêle-mêle | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 20 juin 2011

Pakistani Pomade (version 510/620)

    Quand elle se mêle de suivre le cours du vent, on peut dire qu’elle y réussit à merveille, et sa langueur vaut toutes les approches. Au bas du bois l’enfant tomba. Ce matin pourtant, en ouvrant le portail, je fus surpris d’observer une pie croiser, sur le trottoir, le chat gris des voisins, sans qu’ils s’ignorent (non : leurs yeux se rencontrèrent) mais sans recul, sursaut ni allure de défiance.

Le chat sait qu’il n’est pas assez costaud. La pie sait voler. Ou alors ils se connaissent. Ou encore ils ont lu Colette. Ou Vercors. Ou foutez-moi la paix, avec ces gueulements de vent.

Elle sait y faire.  On ne joue plus.

15:15 Publié dans J'Aurai Zig-Zagué, Knobs & thorns, YYY | Lien permanent | Commentaires (0)

Hypochristmutreefuzz (version 468/553)

    Nada pour personne, qu’à aucun moment les badauds ne s’arrêtent pour me bader. C’est Kneebus, en fait, enfin. Pour la forme, et pour la bonne poire. Sans hésitation, mais sans histoires. Le pluriel ne vaut rien à l’homme. Toujours le non t’emporte. Toujours on t’emporte. Toujours le nON lance des semONces. Négatif. Pas une Once.

Alors, juste un soupçon de comédie musicale (westsidestory pourlesnuls), la langue d’ONly RevolutiONs et sa structure, des échanges accordés qui rendraient muettes même les Parques. (C’est encore la rue Colbert qui frappe.)

11:50 Publié dans Onagre 87, Unissons | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 15 juin 2011

Sablons

    Tisane ni vin blanc n’y ont rien fait (toujours les négatives pour commencer), on reste le parent pauvre. Hier soir, pourtant, en attendant la fin des examens, écouter Din of Inequity en ressentant quelque chose qui s’apparentait à de l’allégresse, peut-être parce qu’on avait enfin le temps de faire sérieusement de l’ordre dans le bureau, moins de trois semaines avant la passation de pouvoir. Je ne sais si les klaxons clamant contre l’embouteillage, rue des Tanneurs, participaient de cette joie. Peu probable, à ce que l’on dit.

06:56 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (1)

mardi, 14 juin 2011

Herdentrieb und Hospitalismus

 

    D’aucune manière la danse

À peine lancée à la face du monde

n’a peur

Et nous, sinueux, sommes d’autres fantômes.

(S'en vont nuages faims regards.) Nous allons en zigzag

chaloupant nos envies nos aventures nos

cauchemars pour rien d’étonnant. Mais la route

est longue, avec ses

glissières, embardées, pertes de sang

Dans les virgules. Pertes d’accent dans le

déhanchement.

11:44 Publié dans J'allaite le nouveau Kant, II, J'Aurai Zig-Zagué, Unissons | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 13 juin 2011

Douaire sur Bekerel

    Promesse, devant l'official de Paris, par Thibaud de Virmes et Marguerite, sa femme, de payer à Marguerite, veuve d'Eustache de Neuville, une rente viagère de 7 1. p. par an, pour son douaire sur les prairies de Bekerel que ledit Thiebaud a vendues à Robert d'Artois. (13 juin 1239.)

15:00 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (0)

Bojan Z. (is for Zola), version 1062/1295

    Cela dit, tout cela étant posé, je dois faire quoi. Que dois-je faire. Enlever les points d’interrogation qui bousillent toute ma mise en page. Tirer cinq colonnes à la cinq, à hue et à dia. Imaginer de petites oreilles en lieu et place des pattes-de-mouche que sont les points, crottes, chiures, que sais-je. Imaginez des hachures de pas grand-chose en guise de mots vides, creux, dont le sens échappe. Pas de pot, imaginez encore un grand soleil, la sècheresse, tout cela à quoi bon, qui viendrait se substituer à la pluie frileuse de ce lundi de Pentecôte. Mais tout cela bien beau étant posé, je dois faire quoi quand même. Tirer à la ligne à hue et à dia. Me passer de virgules autant que de points d’interrogation pour ne surtout pas tirer de son néant le point d’ironie qui défait tout délie les ambiguïtés. Et le tréma comme un remords, avec sa double chiure, je dois en faire quoi. On voit bien que nos jambes ne leur coûtent pas cher. J’en fais quoi. Virgules de rien chiures pour pas grand-chose une nappe s’étale nous échappe et son effet désagréable de ciré sous les doigts m’indispose. Alors dans l’incendie la débâcle on voit bien que nos jambes ne leur coûtent pas cher. Tout ça pour aboutir à : La mienne après bien des cahots avait marché droit à son but sur des rails solides.

12:39 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (6)

samedi, 11 juin 2011

Pas un peu fini

    À force d'avoir lancé des dizaines de projets en parallèle, ici comme dans Touraine sereine, et d'avoir délaissé, parfois de longues périodes, l'un comme l'autre site, je suis surpris de constater que certains ne sont pas si loin de l'aboutissement. Ainsi, je viens de compter qu'il y avait déjà presque 70 textes dans la rubrique Onagre 87, ce qui signifie qu'il en manque moins de vingt pour mettre le point final (provisoire) à ce projet.

Il est vrai qu'il serait bon que je parvienne (parvinsse ?) à fermer certaines parenthèses.

10:20 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

L'Enchanteur de juin

    Il a laissé sur la table les quatre paquets de copies de niveau tout à fait disparate. Juin n’a jamais été aussi froid, après avril pas si cruel. La voix off du documentaire invite à regarder, de l’autre côté de la vitre, les feuilles du néflier qui dansent et s’épanchent en dérobant la fenêtre aux regards des marcheurs, ce qu’on ne saurait trop recommander : les néfliers, pour engluer la pelouse à l’automne de leurs paquets de testicules en putréfaction, dérobent le monde même. Ce n’est pas rien.

09:03 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 10 juin 2011

Aérien, non

    Traces.

Personne n'a contrarié mes désirs.

Il faut aérer la prose. (Oui, mais la fragmentation elle-même est étouffante.)

Aujourd'hui : autoréférentialité ; squiffy ; je ne comprends rien à ne suis pas d'accord avec ce que mon collègue a expliqué aux étudiants sur le caractère précurseur/postmoderne de Tristram Shandy.

Alpha monte se coucher.

Aérer le coucher de soleil, bleu pétrole.

Mais pourquoi ?

22:01 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (2)

Mes derniers doutes

    Elle fit l’effet d’une bombe à retardement, avec son parapluie mauve, ses bottines jaunes et ce sac indescriptible d’où dépassaient, tels des fétus, quelques filaments de chaume. Où avait-elle traîné ses guêtres, pour avoir une allure aussi juvénile et aussi dignement ancienne ? Je ne l’ai jamais su, quoique je l’aie demandé au grain de beauté superbe qui me dévisageait. Après que la lavande eut donné le ton de la journée, une averse a noyé mes derniers doutes.

10:11 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 09 juin 2011

Rince-livre

    Après une sécheresse de plusieurs mois, il fait froid, comme jamais en juin (la fin mai 2007, toutefois, n’avait pas été triste), et le fleuve toujours aussi bas borne notre moral. Stéphane ne cesse de dire que tout a cédé la place à la camelote. Je ne sais pas ce qu’on attend pour flanquer une raclée à Arthur. Notre ami joue 3ème ligne. Avec lui, personne ne se comporte en vil prince.

21:30 Publié dans Dimanche pleurera | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 08 juin 2011

De l’empreinte à l’emprise

Cagnotte (40), le lavoir.

    Un des presque innombrables textes de l’à la fois prolixe et secret Pierre Bergounioux, L’empreinte porte exclusivement sur l’enfance brivoise de son auteur, mais non dans une optique de « souvenirs d’enfance » ; il s’agit plutôt, pour Bergounioux, de démontrer, à son échelle, que le site d’une enfance détermine l’identité d’une personne sans changement possible. Tout éloignement, tout exil permet de faire la part de ce qui, dans cette construction identitaire, est fictionnel, mythopoïétique ou affabulé – mais il ne livre pas de nouvelle identité. Ainsi s’achève d’ailleurs l’opuscule : « Il est des lieux où la création tout entière semble s’être recueillie. J’en connais un, dans les collines. Il peut arriver qu’on le quitte et qu’on en soit changé. Je ne sais pas bien, alors, ce qu’on devient. On n’est qu’une fois. Je fus. Je suis de Brive. » (L’empreinte, Fata Morgana, 2007, p. 58).

Sous des allures de bref récit, d’écume d’écriture, de poème peut-être, un tel texte, s’achevant sur pareil postulat, n’explique – fût-ce dans ce que l’on va caractériser, par commodité, explicit – rien. Il pose des questions, et des réponses, plus denses que bien des extrapolations philosophiques de l’heure. Il m’a incité, pour ma part, dans une perspective que j’eusse peut-être dû confier plutôt à mes autres carnets, et – qui sait – à la rubrique Blême mêmoire, à revenir sur mon propre site d’enfance, au partage insolite que je pouvais faire entre la campagne de mes 6 à 16 ans et la vie de petite ville qui fut celle de mes premières années, mais surtout, de façon plus marquée, de la vie scolaire. Le petit ruisseau, à sec en été, et le bois qui était l’endroit que je préférais de la propriété de mes parents ont eu une influence essentielle sur ma façon d’aborder la topographie, le paysage, le voyage, l’existence, et peut-être même l’exil. Remontant le ruisseau en bottes, ou me hasardant même jusqu’aux champs de maïs mouillés et jonchés de vieux épis laissés par la batteuse, je m’étais déjà exilé de la maison, qui était déjà un tout autre univers. De la sorte, et de façon peut-être surprenante quand on songe de manière superficielle à ce que l’on nomme, avec force simplification, le climat méridional, c’est surtout l’automne et l’hiver landais qui ont façonné mon regard. De là, peut-être, que je ne vis jamais mal la froide saison, et ne l’ai pas même mal vécue sous d’autres climats, justement, et des plus gris (Oxford ou Beauvais, pour aller à l’essentiel).

Bergounioux dit que le tout se retrouve dans « le cercle étroit » « comme en abîme » (p. 23), ce que j’ai profondément ressenti aussi lorsque nous allions au bourg, derrière la mairie qui faisait office d’école, ou autour du vieux lavoir, près de l’église abbatiale (il n’y avait pas encore de court de tennis entre le lavoir et les champs), ou dans des villages voisins, Gaas, ou plus encore Bélus, dont j’ai toujours aimé le bourg, avec le fronton, le bâtiment blanc de la mairie, le monument à Francis Baco et l’étendue des prés et des cultures dans le lointain, vers le nord.

Cagnotte (40)Aussi sais-je que chaque retour, là-bas, est un trait d’union impossible, plutôt un slash qu’un dash – un trait de désunion, un trait déliant – entre ce que je suis devenu, et dont effectivement je ne comprends pas grand-chose, et ce que j’étais enfant, que j’entrevois parfaitement, quoique dans la brume. Mon rapport à l’espace, et aux lieux, a beau s’être toujours nourri d’abstractions profondément senties (telle chanson, tel poème, tel texte que j’étais en train d’échafauder, telle personne que je côtoie, telle odeur surtout), il n’en demeure (verbe qui occupe ici une place éminente) pas moins que ce qui m’a situé, depuis toujours et sans possible (ni souhaitable) retour, c’est la butte sur laquelle mes parents avaient fait construire leur maison, l’orée du bois avec les asphodèles, le ruisseau à sec en été que je préférais arpenter à la saison des pluies, le chemin qui menait à l’enclos des moutons, le regard portant sur Sarraillot – et cette situation donnait plus de relief aux autres lieux dont je me nourrissais, par exemple, chez mes grands-parents maternels, les allées du potager – ponctuées par ces robinets d’arrosage auxquels nous (les enfants) n’avions droit de nous servir qu’avec parcimonie – le bosquet de chênes, au fond du terrain, sous lequel ma grand-mère installait des hamacs et des chaises longues, et (last not least) le poulailler où j’allais chercher les œufs sur lesquels j’étais chargé de noter le jour au crayon à papier, et près duquel, pyromane (comme à la maison, à Cagnotte, l’automne, devant la cheminée du salon), j’avais le droit, quand mon grand-père faisait du feu, de l’aider dans cette tâche. De l’écart – formateur – entre le lieu plat (le jardin de mes grands-parents) et semi-citadin (car situé dans les faubourgs de la préfecture) et le lieu abrupt, pentu, boisé, loin de tout (où j’ai passé le plus clair de mon enfance et de mon adolescence), il y aurait beaucoup à dire, mais c’est ce dernier qui a foncièrement et primordialement fixé le cadre de ce que je suis, pour toujours.

À présent, ayant lu L’empreinte et m’étant livré à cette ébauche essentielle autant que topographique, je comprends ce que, depuis la création de la rubrique Blême mêmoire (et même depuis que j’ai forgé le concept de mêmoire, c’est-à-dire il y a douze ou treize ans peut-être), je n’avais fait que sentir confusément : la mémoire, condamnée à relier, est condamnée aussi – et cette double condamnation est ce qui fait sa force, son charme, sa beauté – à affronter et conforter l’identité absolue, le fait que l’on ne devient jamais rien, puisque, si l’on a été, on n’est rien d’autre.

Cagnotte (40), liseron fermé du "dernier carré"Du coup (« du coup » : expression dont je sais abuser (= « je sais que j’en abuse » et non « je sais comment en abuser savamment ») (hélas)), et c’est encore et toujours le cœur du projet qui sous-tend Blême mêmoire, seule l’écriture peut tenter, comme tant d’autres avant y ont magistralement échoué, à dire cette désunion qui est pont et rempart. Bergounioux, puisque je ne saurais clore ce billet sans revenir vraiment à lui, a le sens d’une telle écriture, explosante-fixe oui d’une certaine manière, une écriture qui lie, mue, émeut, saisit par des rapprochements qui sont autant de distinctions : « A trente pas de là, derrière l’attaque des poilus, les cannas du jardin public brandissaient des hampes écarlates. […] Les parfums, les saveurs, décalés, se trouvaient deux cents mètres plus bas, sous l’auvent d’un marchand de fruits qui rivalisait d’audace avec le jardinier du Palais de Justice. C’est là que j’ai respiré l’odeur d’ananas entiers, dûment pourvus de leur toupet, vu des mangues vêtues de papier de soie dans des couffes de sparterie, des pamplemousses et des noix de coco, comme des bêtes au pelage serré, des têtes aux cheveux drus. » (p. 41)

Ainsi sent-on, aussi, l'emprise de l'écriture.

15:35 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 07 juin 2011

Paukenhändschen im Blaubeerenwald

 

    Elle, c’est-à-dire, il se promène. Il, à savoir elle, trébuche en déambulant. Personne ne leur a rien demandé. Alors, c’était comment ? Des vagissements sanguinolents effrayant même les corneilles vous raclaient les oreilles, et c’est tout ce que tu trouves à dire. Elle, de plus en moins il, s’étonne mais poursuit le sentier, en hâtant même le pas dans ses jupes. Il, fermement elle, s’attarde en se pressant car les oiseaux printaniers la, autrement dit le, rassurent. Ce n’est pas rien, tout de même, en trois minutes déjà, la mi-chemin trouvée. Alors, c’était comment ? Myrtilles, airelles ou cassis ? Et ce kir à la châtaigne hier ! Tout commence à reprendre sens, et à pas comptés, pesant chaque mot de son for intérieur, elle s’éloigne, les mains noires de jus, tandis qu’il se rapproche encore des buissons, mais pour y faire quoi, et c’est tout ce que – battant cognant les bûcherons minuscules dans les taillis – tu trouves à dire. Cependant les scolopendres s’agitent, et elle, comme lui, a disparu, avant le cri primal d’un forficule peut-être ailleurs primate (ellui, il-le).

 

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( In westerns, at least, a crowd of wheeling vultures usually means that the hero is inches from becoming carrion. )

12:17 Publié dans J'Aurai Zig-Zagué, MUS, Tropographies | Lien permanent | Commentaires (2)