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dimanche, 14 janvier 2007
En lisant les deux premiers chapitres de « The Demon »
His ministrations : détournement du langage puritain (pasteur de l’adultère)
Le regard de Wyatt Earp, l’hypnose du prédateur.
Le refus des apostrophes, une marque de fabrique… mais enfin, c’est aussi l’attachement dans le cas possessif (possession : histoire du diable au corps), le rejet de la norme consistant à scinder la marque du génitif du substantif (génitalité, coupure, sexion, voir Maertens et Ferenczi).
The spectators ooood and aaahhhhd : les spectateurs lancèrent des oh et des ah! (Ce n’est pas pareil du tout.)
Le mythe du rire (faire rire les femmes, p. 24). Don Juan pourtant n’est pas drôle. Alors, Chaplin ou Keaton ? (Comme dans ce film de Bertolucci qui se passe en mai 68, avec Louis Garrel. (Titre ?))
Refus des apostrophes, bis. Si fusion des génitifs, alors pourquoi ces slashes entre sujets et auxiliaires contractés ?
Danser ensemble & avec leurs souvenirs, le bel âge.
Life is just a bowl of berries, p. 38.
Right up the old gazoo, p. 43 (et gazookus). The old zortch, p. 45 (la baise). To make some semblance of sense out of the events. A sigh inside of Harry went kerflop (p. 49).
Midway through chapter 2, I’m suddenly wondering whether the person who offered me the novel had some kind of (potentially unkind) intention. Folie furieuse de l’identification, non tout de même pas.
Moving : sur le deuxième disque du trio allemand [em], une mélodie entraînante appuyée par un crescendo de batterie qui sur l’échelle sismique de Roach prend le niveau 9. Personne dans la voiture 11. Je place le marque-pages au début du chapitre 3. Another Mr. Lizard : ce Wollny est génial, mais il faudra parler de ce disque dans un autre billet (autre rubrique, autres temps, autres fureurs), peut-être demain (le 14).
21:25 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Littérature, Jazz, Anglais
Dans son bec un fromage
Jardin du Ranelagh, deux heures moins le quart.
Flot ininterrompu de voitures, et pourtant enfants qui jouent au ballon, jusque sur la rue. Sur une rue où ne passe aucun véhicule, un bambin tape dans un ballon orange fluorescent que lui renvoie son père (grand-père), qui doit, sous son imperméable beige, avoir le bras en écharpe (forme protubérante et manche droite vide).
J’écris ceci sur l’une des places de l’hémicycle de pierre qui borde la statue de La Fontaine par Correia (1983). Il faudrait avoir un appareil photo avec soi, et puis non puisque je trouverai des reproductions de cette statue – pas très réussie d’ailleurs mais émouvante – sur la Toile. De la place où je suis installé, je vois le profil du renard qui se pourlèche et, si le corbeau penché vers lui m’est nettement visible, seul le quart supérieur du camembert (car c’est un camembert !) n’est pas caché par le socle. La statue a été fondue en Italie (références au dos du socle en italien, pour ceux que cela intéresse).
Une vieille gitane trimbale ses trois poneys délabrés dans la partie nord du parc, sans qu’aucun enfant ne se préoccupe d’eux ni d’elle. De l’autre côté, une cabane fermée, rayée de blanc et de vert, aux couleurs des marionnettes du Ranelagh, annonce qu’il s’agit de la fermeture saisonnière d’hiver.
19:20 Publié dans 1295, Aujourd'hier, MAS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Photographie, écriture
Gorilla Biscuits / Dance and Grow
Vingt minutes avant le départ du train, il monte dans le TGV et, à peine a-t-il posé ses affaires à une place dans le sens de la marche (car la sienne, la 64, se situe contre le sens de la marche et cela procure migraines et nausées dès qu’il veut lire ou tapoter sur le clavier de son ordinateur) que la seule autre passagère s’approche de lui, et, le regardant de travers, lui fait comprendre que cette place qu’il s’arroge, la 44, est la sienne. Il recule de deux sièges en espérant ne pas avoir à déménager quatre ou cinq fois. Pendant ce temps, à Mogadiscio, les habitants de la capitale dévastée par quinze ans d’anarchie et de guerre civile ont vu leur ville débarrassée des islamistes et de la charia grâce aux Éthiopiens, contre qui les Somaliens ont perdu deux guerres atroces, et aux Américains, qui ont beaucoup contribué au bordel des années 1990. Faut pas s’étonner si al-Qaida… Il se dit et se répète & se répète encore je suis un monstre je suis un monstre je suis un monstre je suis un monstre je suis un monstre je suis un monstre je suis un monstre je suis un monstre mais c’est pire encore, c’est, il est un homme, et le voilà condamné à cela, et le pire est qu’il espère être condamné à subir sa propre monstruosité humaine trop humaine encore des décennies pour profiter des regards des soleils des vins des jambes et des sourires des femmes des poèmes des mots et de la joie de vivre avec ceux qu’il aime. Sur le banc de mauvais zinc avoir lu le chapitre 3 puis le début du chapitre 4 de The Demon et avoir observé ce sinistre individu, cet olibrius de pacotille sur tous les écrans, aux unes de tous les magazines et journaux, et s’être dix fois dit ce n’est pas possible ce type est un monstre. Mais si c’est vous, quand même, que ferez-vous ? Faut pas s’étonner si…
17:15 Publié dans YYY | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Afrique, écriture
Cuivre ici (Walpurgisnacht)
Cuivre. Ce mot comme une évidence
terrasse toutes montagnes
aplanit toutes difficultés. Tout de même
le travail ce n’est pas ça. Cuivre. Cuivre.
Dire encore et encore cuivre.
Ce mot ressemble à chanvre.
Ce mot ressemble à vouivre.
Ce sont paroles de sirènes. Dire
encore et encorecuivre qui ressemble à cuir Ce mot
ressemble à tendre à luire à feu de bois.
Boire s’enivre cuivre cuivre cuivre.
Pourtant vouivren’est pas veuve ni ivre Dire encore cuivre
ou l’écriresur la page aux mille coquilles
sur l’écran aux mille cuirasses
terrasser toutes montagnes aplanir
Où irai-je La tête dans les murs Écrire cuivre encore & encore
pour que ce mot plus jamais
ne ressemble à vouivre ni à fièvre
à navire ni à chanvre
que ce mot cuivre plus jamais
ne vire au chant de la revanche.
15:10 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie
Phlegma Phighter
Embourbé, enlisé. Horriblement toujours enlisé. Je voudrais me défaire, m’extraire de cette gangue de boue de mare où je suffoque, mais embourbé, enlisé, le moindre de mes mouvements, s’il fait craqueler la boue gercée ou sèche, ne me libère pas. On n’entend pas tellement la contrebasse. Zigzaguer comme les gerris, glisser sur l’eau de boue comme les gerris cet été, mais me voilà à tout jamais embourbé, enlisé. On prendra un couteau, même un long coutelas pour couper la boue sèche, mais mon corps restera ici embourbé.
13:05 Publié dans J'Aurai Zig-Zagué, Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, Jazz
Mince satisfaction
Samedi, onzième & dernière, tandis que le train redémarre, pour cinq minutes seulement. Il y a eu de mauvais moments aujourd’hui (faut pas s’en faire une montagne enfin…) mais je suis très heureux/fier d’être allé parler à cette collègue dont j’appréhendais tant, vu la glaciation de nos rapports professionnels depuis peu, qu’elle me lance des piques. Comme elle m’évitait, ou du moins est-ce ainsi que j’ai interprété son attitude, c’est moi qui suis allé vers elle pour lui parler des dossiers sujets à débat. Pour une fois tu n’as pas fui.
11:00 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (1)
Porteur d’autres
Samedi, huit heures et demie du soir.
Comment, dans une journée aussi mouvementée, ai-je trouvé le temps – outre 150 pages lues et tout le boulot abattu – d’écrire neuf (maintenant dix) de ces petits textes insignifiants qui, dès demain, peupleront le vide de mes carnets de leurs flèches dominicales (ô églises !) ?
09:31 Publié dans Aujourd'hier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne
samedi, 13 janvier 2007
Plaque de cuisson
10:00 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Photographie
Rue froide
Est-ce que c'est la présence d'appareils électriques, ou des lumières, le canapé, ou alors le café pris trop tard chez Philip (chez qui je travaillais) ? Toujours est-il que j'ai dû dormir trois heures, mal, par saccades, et que, pour le coup, je vais maintenant avoir besoin d'une bonne mug de café, pour tenir le coup. Peur que le percolateur, bruyant, réveille la maisonnée. Extirpé l'ordinateur, qui va voyager avec moi, de sa mallette ; réflexe de drogué consumériste ridicule.
La vie est variable, et elle se compose de lanières, s'arrache aux barrières, refroidit aussi. Tout comme la pluie qui tombe, refroidit. Peur d'un monde refroidi, miroir terni. Chialeur.
05:55 Publié dans Zoozéro | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Ligérienne, Poésie, écriture
vendredi, 12 janvier 2007
Beau froid
Aujourd'hui, sur le chemin de la Rôtisserie, j'ai confondu octroi et beffroi. Quel effroyable effroi, comme aurait dit Selim Zekri.
20:20 Publié dans Minimalistes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne, Langue française
jeudi, 11 janvier 2007
XXVIII :
Hectic, alias Krana, dû me jouer un pur tour de salopard. Aujourd'hui, oui, ce matin même, à 2 heures 28, j'ai reçu un e-mail (du spam sexuel) dont l'auteur présumé était Samuel Butler. Est-ce un coup de ce terrible Krana qui plane au-dessus de mes rêves ? Je n'ai découvert le spam délictueux qu'à onze heures, mais je reste convaincu que le cauchemar qui m'a réveillé cette nuit devait avoir partie liée avec cette nouvelle supercherie, cette énième embobinade. Comment m'en sortir, alors ? Dois-je supputer que les jumeaux maléfiques, se lassant d'errer dans les limbes de l'inexpression, me tenaillent pour que je reprenne le récit de leurs aventures, ou suis-je seul à m'enferrer dans ces folies qui n'intéressent plus personne ? Reprendre toutefois.
16:00 Publié dans Voici venir Samuel B. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature
Concurrence déloyale
Par une ordonnance du 11 janvier 1120, Geoffroi II de Lèves concilia les chanoines de Saint-Maurice, qui se plaignaient que la nouvelle église de Josaphat, construite dans leur paroisse de Saint-Lazare, à Lèves, écartait leurs paroissiens.
Bonus :
Il pleut à sceaux. Josaphat en Eure-et-Loir, et les autres.
12:10 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Histoire
À-pics
Montagnes muettes
Ô massives muettes montagnes
Voici les pics
Voici les fleurs
les mouflons neigeux qui festoient
la verdure de neige
Montagnes d'où jaillies
blancheur contre le marbre
blancheur contre la neige
Montagnes d'où jaillies
blancheur
blancheur folle blancheur folâtre
blancheur comme la nuit
blancheur contre la neige
blancheur contre l'écume blanche
Montagnes marées avalanches
Ô massives muettes vieilles
et jeunes muettes montagnes !
11:20 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Poésie
« une allure raide »
Cette jeune fille est très jolie, des yeux remarquables, et de très beaux cheveux, mais il lui manque juste l’once de distinction qui la rendrait vraiment et définitivement séduisante. Aucune hirondelle, en janvier, ne vient cogner au carreau, ni se poser sur l’une des rambardes de la passerelle de béton gris, aussi je préfère observer discrètement cette jeune fille, dont la voix pleine de douceur dément l’allure moins distinguée. Trois magnolias dont les branches frissonnent ferment le regard avant l’étroite venelle qui mène au mûrier magnifique, et le flot incessant, ininterrompu, des voitures continue son crincrin assourdissant d’être aussi sourd et bourdonnant. La jeune fille s’est évanouie, bien sûr. Il reste à attendre avril, le retour des hirondelles dangereusement proches du carreau ou posées furtivement – le temps d’être dérangées par un sac à dos, une secrétaire ou un professeur chenu – sur l’une des rambardes de la passerelle de béton gris. Un fantôme furtif fait se lever le soleil, et s’éloigne d’un air emprunté, mal assuré.
08:00 Publié dans Zoozéro | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Littérature, Ligérienne, écriture
mercredi, 10 janvier 2007
... sur ton chemin ...
albâtre
loin de moi l'idée de graver dans le marbre de tailler dans une écorce d'arbre loin de moi l'idée de suggérer que je m'en moque que je n'en ai rien à faire que guère je ne m'en soucie loin de moi ces folies mais je m'échine depuis octobre et pourquoi donc depuis début octobre même et qui m'aime me suive depuis octobre depuis ce même dernier octobre le trois du mois je crois depuis ce temps-là depuis trois mois depuis trois mois et une semaine je m'échine ailleurs et le très long texte n'a pas avancé d'un poil pas beaucoup sans doute est-ce mon côté velléitaire qui ne cesse de me jouer des tours et les méandres du très long texte se sont figés comme une gelée le long des parois d'un bocal de verre et je vitupère contre mes essais éphémères mon tempérament affreusement velléitaire et ce teint d'albâtre qui n'est pas le mien comme je voudrais qu'il fût d'albâtre ou d'ébène ou autrement même sans métaphore mais au moins qu'il ait quelque tenue que mon visage sans retenue puisse soudain passer pour un tissu une pierre un songe soit en quelque sorte un tableau fasse tableau mais ce n'est pas le cas même ce mot albâtre jeté au visage jeté tout à trac sur la page en haut de page ce mot me défigure ne me figure pas ne me représente pas ne figure rien de ce que je suis de ce que je pense être et je suis encore et toujours circonspect dans le doute et ce mot n'apporte rien aucune réponse et donc toujours je me jette à la figure ces accusations comme des bouteilles non pas à la mer mais bien dans la gueule oui je me donne des coups de bouteille tessons épars sur le parquet et mes joues ensanglantées enfin que ce soit ou non métaphore que le mot d'albâtre me figure ou non je prends ces coups ces reproches en plein visage et je m'accuse d'être velléitaire aussi bien sûr pour trop entreprendre je lance cent feux il est normal qu'un certain nombre des foyers meure et même ne démarre qu'à peine avant de s'achever dans un bruit de feuilles mouillées de bois mort de bois trop vert encore pour prendre tout cela encore métaphore et toujours métaphore peut-être est-ce le mot albâtre qui appelle autant de métaphores ou bien les conditions d'écriture du très long texte que par facétie ou encore autodérision je pourrais être tenté de rebaptiser très long texte interrompu et l'adjectif interrompu ici au milieu de la ligne interrompt mes songes interrompt le torrent de sornettes lance d'autres tirades propose peut-être d'autres charades mais pour mieux me ramener vers le rivage bourbeux où je ne cesse de me lancer ces reproches à la figure velléitaire velléitaire et me voici encore à ne pas même essayer de me justifier moi-même de tout cela feux mal éteints et feux qui n'ont jamais pris aussi me trouvé-je vingt vaines justifications improbables même si certaines sont justes par ailleurs comme dans le cas du projet de traduire régulièrement et pensais-je au début au moins une fois par semaine un poème et qui s'est enlisé après à peine trois ou quatre tracasseries mais cela reprendra parfois aussi depuis début octobre le trois je crois suspendu à ce mot d'albâtre depuis le trois octobre le trois je crois je me disais que pour être interrompu ou inachevé le très long texte recelait de vraies possibilités et qu'il suffisait suffirait eût suffi de s'y remettre et la machine reprendrait du galon non là cette image-là ne va pas je mélange les formules croise les figures de style et donc je pensais qu'il me faudrait toutes proportions gardées envisager ces carnets comme Paul Valéry travaillant régulièrement et sans espoir d'en finir jamais chaque matin à ses Cahiers désormais regroupés en deux tomes en Pléiade et que j'ai dévorés consultés admirés lus compulsés longuement naguère mais il faudrait dire jadis ou balancer entre les deux lus disons entre 1993 et 1997 et donc toutes proportions gardées je me verrais bien ainsi à reprendre tel chantier interrompu trois mois et le faisant avancer un petit peu mais enfin ce n'est pas possible il ne va pas se comparer à Paul Valéry l'autre oiseux oisif ex-oisien de surcroît ancien oisien into the bargain non il ne va pas se comparer à Paul Valéry tout de même alors que seulement et il nous l'a dit même avec métaphores tout le tintouin oui oui noir sur blanc dit ce n'est rien d'autre qu'un affreux
velléitaire
21:00 Publié dans Très long texte | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Littérature, Poésie
Danse nuptiale
Dans le jardin comme au printemps
Merle et merlette se pourchassent
Pas de côté et coeur battant
Je vois le monde à mes paupières
Dans le jardin comme un printemps
Merle et merlette se pourchassent
Et s'offrent larves et lombrics
Vent de côté soleil de face
Dans un nuage de poussière
Merlette et merle se pourchassent
Dansons autour des agarics
09:10 Publié dans Odelettes d'été | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, Ligérienne
mardi, 09 janvier 2007
« mange un citron »
Ce n’est rien
Tout cela n’est rien
Du cinéma trois fois rien
Trois fois rire de leurs larmes
Rien qui ne te lasse
Rien, assez.
07:00 Publié dans Aujourd'hier | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Poésie
lundi, 08 janvier 2007
Hommage à l'épieu
Dans un tout autre contexte, oui...
C'est comme de passer devant une série de miroirs, et de constater qu'on ne s'y voit pas. (Renaud Camus, 7 janvier 1998, in Hommage au Carré, Fayard, p. 21)
Oh, la terreur qui saisit la pluie, les branches sèches mortes pour rien dans le viseur !
Tours, 7 janvier 2007.
17:37 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Photographie, Ligérienne, Littérature
dimanche, 07 janvier 2007
Toges prolixes
Ne pas finir fou. Vivre cette formidable transe, qui perce le silence et emporte les viscères.
Si ma force finit ici, pense-t-elle, il reste encore le halo, près du lac où s'exténuent d'autres rides. Triangles ou pignons, peu importe, il faut bien relever le pli immaculé de la toge prétexte.
Tous ces pigments, à l'instant, se placent au devant de paragraphes terrifiants, et exigent la page protexte, sous les pavés bien sûr.
Vous aurez toujours la migraine. Ne pas finir fou.
Vitrail de Sainte Anne, église d'Amou (2 janvier 2007).
16:16 Publié dans Brille de mille yeux | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Photographie, Poésie, écriture
samedi, 06 janvier 2007
Havanna Interlude, Sep 3rd, 1954
Ce n’est pas le monde à voir, se maquiller de sang – ou prendre la tangente – les tirets se barrent, ou barrent d’autres mouchetures – sûr que le saxophone contrebasse de Bud Shank s’est envolé dans les nuages – après ça – comment savoir. Ce n’est pas le feu de savoir, se maquiller de sang, toujours des à-pics soudains de blancheur surannée – comprendre le feu tour à tour rouge et blanc – dashes clashing with cinders and ashes – sûr que Cendrillon n’y comprend goutte – aussi, oui – ou comment bien s’en voir… s’envoler dans les nuages – saxophone contrebasse qui danse blanc étincelant.
19:19 Publié dans Zoozéro | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, Jazz, Littérature, Oulipo
vendredi, 05 janvier 2007
Sept espaces avant 777
Une incantation monte – les flèches trouvent l’âme, trouent l’âme, ce sont maintenant des flammèches ; toujours conscient, livré à mes doigts autant qu’à ces visions toujours, je fais par acquit de conscience le décompte, et découvre que ces deux brèves incantations comptent chacune 777 signes, alors surgit l’admiration du hasard – alors me saisit le dégoût de la contingence, toujours toujours toujours affreusement conscient. Mais quel masque s’est trouvé troué d’yeux sans âme ?
21:15 Publié dans ABC*ACB | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, Littérature, Oulipo, écriture
jeudi, 04 janvier 2007
Nu gerces
L’espace se ravine. Oh, l’espace prend des rides, des plis. L’espace se plisse, et le ciel de lit aussi, toute la toile du ciel noir, noir comme jais, toute la toile se plisse, se fend, se déchire et revient en lamelles, en lambeaux, en feux, en zébrures, en masques, en gargarismes, en flambeaux, flammèches, et encore l’espace se ravine, encore et encore il y a des fissures, avec les embruns aussi qui passent dans les cheveux, des mèches de feu, des flèches de feu, des flammes de feu furieux, des flammes de feu fatiguées mais guère espacées, comme l’espace se ravine. Le ciel noir encore naît en pics, monte en pics, monte en neige, et lui aussi monte en flèche, se fissure aussi, ciel de lit, toile noire, pleine d’étoiles démons, de flammes démons, de limons terribles.
21:10 Publié dans YYY | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Poésie
mercredi, 03 janvier 2007
Sec negur
Terribles rougeurs au milieu de la farine. Ustensiles d’éternité, quelques casseroles sales tachées de mort. Le jour qui baisse sue la sève par tous les pores, avec un soleil faible, tanguant au milieu des brisants. Les nuages épais furieux et cotonneux prennent l’eau. Six points de suture. L’océan plus blanc que la baleine d’écume ! Sous les muqueuses, une bosse neigeuse grandit, grandit, grandit, oh grandit intolérablement, grandit et grandit jusqu’à s’éparpiller. Océans plus blancs que le nuage blanc, dans la nasse des secondes qui passent – éparpillements, solutions de continuité. D’autres frileux embruns, rouges, pierres comme des caillots, prennent le large. À bord de l’esquif casserole, aller à l’assaut des montagnes cotonneuses d’écume. Soif, suture et pépie.
21:05 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, écriture
mardi, 02 janvier 2007
Envol de milan
Passer par Bonnegarde et Marpaps ; campagnes affreuses ; pas une photo à faire. (Campagne de phrases, pourtant : encore et toujours : les bardes, revenir sur ses pas.)
16:55 Publié dans Minimalistes | Lien permanent | Commentaires (1)
« avec une grande componction dans les gestes »
Des cheveux noirs calamistrés, ramassés avec componction, tels
des louis d’or empochés puis
renfermés au fond d’une besace.
Ici je fracasse
la foi, selon les lignes serpentines, de
l’oiseau secrétaire.
06:00 Publié dans MAS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie
lundi, 01 janvier 2007
Vol d’aronde
Des oronges à seize euros le kilo, un rêve. Charles Chaplin mange un citron, tout aussi facétieusement procède au montage. Je plaçai ma caméra au haut de la colline, sans dispositif de travelling ni autre, de sorte que les acteurs fussent obligés de se plier à mes ordres quant à leurs déplacements. Cela donnait à leurs mouvements une allure raide, qui était ce que je recherchais. Le tournage dura deux heures, pour douze minutes de film ; je finis par en couper près de la moitié au montage, et la scène reste l’une des plus célèbres, par ces années-là. Après le tournage, toujours je le voyais peler une orange, la découper en six quartiers et la manger mi-goulûment et aussi avec une grande componction dans les gestes. Rêve.
(Liens ajoutés le 11.01.2007.)
06:00 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma, Littérature, écriture
Soulville / Only Yesterday
Faudra-t-il confesser (mais si oui, où ?) que j’écoutais en fait Horace Is Blue en écrivant le texte intitulé Ecaroh I et II. Il pousse le vice, la discrépance jusqu’à la malhonnêteté. Isidore réclame son onzain, puisqu’il a longtemps vécu dans ce petit village du Loiret où se trouve l’une des rares églises construites sur ordre de Charlemagne et dont certaines parties sont en effet mieux que millénaires. Isidore voudrait qu’enfin j’écrive un onzain pour lui, en son honneur, et trouve que je ne pousse pas assez loin cette histoire de discrépance. Par exemple, ai-je jamais, dans la vraie vie, raconté ma première masturbation à une jeune fille prude en jonglant avec des balles de ping-pong tandis que la jeune fille donnait des gifles à un hamster ? Non, je l’avoue. Tout à l’heure, un triporteur expliquait en long, en ligue, et même en procession, pourquoi la prononciation de gageure n’était en rien une exception aux règles de la langue française. Il a raison, mais c’est par trop évident. J’avoue aussi que j’ai quelque difficulté avec ce concept de « vraie vie », et donc j’imagine que le spectre qui me rend visite et se fait passer pour Isidore n’est pas du tout lui, incontestablement, car jamais Isidore ne se serait abaissé à d’aussi plates, aussi banales, aussi insignifiantes (surtout) formules. (Mais les gifles au hamster sont une belle trouvaille.) Faute de lamproies, dînons d’aloses. Une hirondelle traverse le ciel d’Afrique, et les haruspices se déhanchent pour trouver, en observant ses piqués farouches, un nouveau titre pour le texte fauteusement, pampousement, trompivement appelé Ecaroh I et II. Ne vous en faites pas, laissez l’hirondelle aller bon train, car j’ai trouvé un nouveau titre, grâce à la méth od e C+1 : Yvetaj I uy II. Le lettriste, fâché, me traite de faux frère rallié à la cause oulipienne. Je n’en ai cure. Et même en faisant badaboum, je vais présenter à mes lecteurs (c’est vous, peut-être) mes meilleurs vœux pour l’année qui commence. (2007, je pense, même si j’écris ces lignes en écoutant les ultimes rubati d’Only Yesterday, le 30 décembre à cinq heures et demie (du soir).) Wyommyitd baric !
00:30 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Littérature, Jazz, Ligérienne, écriture