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samedi, 16 septembre 2006
... seulement 357 ans...
Philippe Brunet naquit au Plessis-Dorin, dans la Sarthe, le 16 septembre 1649. J'ai rencontré naguère (et même jadis) un Philippe Brunet qui n'était pas tricentenaire !
18:00 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (4)
Vie de Jacques le Stylite
La sainteté se mange en salade. Priez pour nous, qui avançons, avec les pleureuses et les goupillons !
" Le pain alors est comme rongé par les souris, n'est plus qu'un pauvre reste de croûte. Dieu le sauva : une goutte d'huile humecta la croûte de pain. Le père abbé le recueillit évanoui. " (Nous, les Moins-que-Rien, Fils aînés de Personne, p. 13)
J'ai fini de lire, en me forçant presque, L'enterrement de François Bon. La dernière page évoque la lassitude, et la dernière ligne est même une citation du vers ultra-célèbre d'Apollinaire (Zone toujours) : À la fin tu es las de ce monde ancien. Peut-être suis-je méchant, mais il me semble que l'on doit pouvoir écrire un texte sur la lassitude sans être ennuyeux.
16:49 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (2)
20
noire collégiale
pierres noires de l'oubli
rue de Châteauneuf
noire rue de Châteauneuf
par le gris rongée la pluie
09:20 Publié dans Tankas de Touraine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne, Littérature
Où sont passées les Lumières ?
Tollé dans le monde musulman contre les déclarations de Benoît XVI. Curieux : ce qui me choque, moi, c'est que le pape s'en prenne avec autant de virulence à l'esprit des Lumières. Un bon petit postmoderne, ce Ratzinger !
Franchement, c'est une honte. Ainsi, l'esprit de tolérance et le respect des différences, notamment religieuses, le pape ne connaît pas...? N'oublions pas que Voltaire, si souvent pourfendu, croyait en un "Dieu horloger", ce qui est loin de faire de lui un mécréant. Il me semble que nous n'avons jamais autant eu besoin de faire fi des superstitions et de nous fier à la raison. S'il y avait moins de déséquilibrés à croire aux chakras, à la résurrection, au caractère diabolique de ceux qui ne font pas le ramadan, etc., on se porterait mieux sur cette planète !
D'ailleurs, il suffit de quelques exemples simples pour montrer que le pape se trompe et que notre époque ne voit pas du tout triompher la Raison. Une majorité de gens "croient à" l'astrologie, et même parfois ne la distinguent de l'astronomie, qui est, elle, vraiment une science et non un jeu de dupes pour charlatans grotesques. L'an dernier, une étude menée par des sociologues montrait que deux tiers des adolescents français "croyaient aux" fantômes. Je me suis même laissé dire que certains Français "croyaient" qu'Olivia Ruiz ou Pascal Obispo savaient chanter... mais là, quand même, penser que nos concitoyens sont tombés aussi bas relèverait d'un pessimisme atroce...
07:15 Publié dans Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 15 septembre 2006
Si vous le dites...
22:05 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
Jacobus Robaldus, encore : Barthélémy Aneau
Il est temps, ne pensez-vous pas, d'achever la semaine promise. Semaine promise, semaine due : les quatre premiers extraits ayant été donnés entre lundi et jeudi de la semaine dernière, pourquoi ne pas reprendre le fil interrompu en choissisant un vendredi, histoire d'avoir une semaine en deux parties, comme les quatrains d'un côté et les tercets de l'autre (par exemple) ?
"Barthélémy Aneau s'enferma en lui-même, ne s'occupant plus que d'enseignement, de droit, de grammaire. Mais s'il put ainsi fuir pendant près de vingt ans la marée montante des violences, elle finit par l'atteindre lui aussi." (Nous, les Moins-que-Rien, fils aînés de Personne, p. 157)
Il y a deux ans, j'ai offert Alector de Barthélémy Aneau à ma compagne. Elle l'a lu, mais pas moi.
20:55 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature
Série folle
Un rien coton quand même ça risque d'être ton histoire ton projet de publier une série de notes selon un principe arithmétique plus facile à décrire qu'à expliquer : 13 h 13, 14 h 16, 15 h 20, 16 h 25, 17 h 31, 18 h 38, 19 h 46, 20 h 55, 22 h 05, éventuellement etc. (et donc 23 h 16 si etc. éventuel il y a)
En essayant d'expliquer, on pourrait risquer ce qui suit.
Soit une série de x notes publiées dans un blog à des intervalles i, i', i'', etc. Soit i l'intervalle entre la publication de la première et de la deuxième note et n le nombre de minutes correspondant à cet intervalle. L'intervalle n'étant pas fixe, on aura la série suivante :
i = n
i' = n+1
i'' = n+2
i''' = n+3
Etc.
Ce genre de structure par intervalles est très fréquente dans ces carnets, mais cela implique 1) une grande disponibilité afin de ne pas laisser passer la minute précise à laquelle telle note doit être publiée 2) de ne pas pouvoir se corriger a posteriori, car le module de publication ne permet de reprise qu'en arrondissant à l'heure en -5 ou -0 la plus proche.
*******
Par ailleurs, je remarque que, comme il y a eu, pour la publication de la note précédente, une erreur d'une minute, due à un moment de distraction, j'ai compensé en diminuant d'une minute l'intervalle suivant. Il est avec le Ciel des accommodements.
19:45 Publié dans Fièvre de nombres | Lien permanent | Commentaires (0)
Guerre terrienne, Pierre Bergounioux
Il manque peut-être les quelques douzaines de gaillardes (mais pas les bottes d'oignons). Pourtant, ce n'est pas pour citer Brassens que j'ai cherché en vain des vues du monument aux morts de la place Thiers, à Brive, mais pour illustrer le début du petit livre de Pierre Bergounioux, Le Bois du Chapitre, dans lequel ce monument est longuement décrit :
" Le lourd alliage verdi suggère assez bien la pesanteur de cette guerre terrienne, paysanne, encore, la dernière. Sa vertu gravifique exalet l'effort énorme des hommes s'arrachant à la boue, à l'épouvante, à l'épuisement pour s'élancer au commandement du chef de section – « En avant, à la baïonnette » – répété par tous. " (Le Bois du Chapitre. Orléans: Théodore Balmoral, 1996, p. 9)
18:39 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0)
Goujat !
Pourquoi avoir l'air si chagrine ?
Seraient-ce mes propos fâcheux
Sur votre teint de margarine ?
--- Mais, voyons, ce n'était qu'un jeu.
Pourquoi cette mine maussade ?
Serait-ce ma proposition
Digne (un peu) du marquis de Sade
Pour arranger la position ?
Pourquoi toujours cette grimace,
Cette moue comme de dégoût ?
Votre lèvre est une limace,
Mais puis-je lui trouver bon goût ?
17:31 Publié dans Odelettes d'été | Lien permanent | Commentaires (0)
Derrière la vitre
Il passe devant la porte, ouverte, de mon bureau. Me voyant, il entre. Remarque qu'il pleut. Montre sa chemisette et m'informe qu'il faisait beau à Paris et qu'il n'avait pas prévu ces averses continues. Nous discutons. L'autre sera en octobre. Il me quitte pour aller déjeuner.
16:25 Publié dans Minimalistes | Lien permanent | Commentaires (0)
Grand galop
Tziganes effrayés grimpant aux balcons, graisseux comme le fut Tzara, quand le tsar, par le Tokay grisé, ne dort pas gravement, piqué par une tsé-tsé.......
..... vous galopez follement, sans jamais flancher, et dans les prairies où meurent les chiens, vous vous prenez le bec en chialant.
15:20 Publié dans Sonnets de février et d'après | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Littérature
Edouard Blanchard.... la danse du Limousin.....
Si je vous dis qu'il y a un grand nombre d'hommes qui ont répondu, au cours des siècles passés, à ce nom, Edouard Blanchard, vous accepterez peut-être de me croire, mais si je vous dis que je n'ai pas la moindre idée de l'identité précise de celui que le conseil municipal de Saint-Robert, en Corrèze, a voulu célébrer, vous commencerez peut-être à émettre des doutes que, pour légitimes qu'ils puissent paraître, je balaierai pourtant d'un revers du clavier (objet contondant s'il en est, comme la plume est une arme piquante et l'encre un liquide confondant).
Le plus probable, toutefois, est qu'il s'agisse du chausseur, qui fonda en 1891 une fabrique à Limoges. Si je comprends bien mes sources, son fils, Eugène, est à l'origine de la très célèbre maison de chaussures de luxe Weston.
14:16 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (0)
... et de l'herbe tendre ...
dolmens
couverts d'herbe de mousse sacrément douce dolmens prêts à s'enfoncer dans le sol épuisés de tenir debout d'avoir tenu debout tous ces siècles tous ces millénaires d'avoir simplement seulement tenu le coup toutes ces myriades d'heures tout cela sous les étoiles à la pleine lune dans le noir sous les orages attrapant la foudre plus souvent qu'à leur tour dolmens de dure pierraille aux longues chambres abritant les ébats des couples illicites les embrassades furtives des hommes soucieux de se cacher de se dérober aux regards de fuir le regard pesant plus pesant que la pierre des dolmens les regards des autres autres peut-être tout aussi frustes ou rugueux dans leurs sentiments qu'eux ou plus âpres encore que la pierre des dolmens plus âcres au goût les sourcils en circonflexe affichant des mines dubitatives des moues circonspectes se méfiant se défiant toujours de tout pour finir par s'affaler contre la mousse tendre des dolmens et sur la pierre la plus lourde sur le roc le plus puissant le plus impressionnant carapace de tortue dont jamais on ne voit jamais au grand jamais on ne verra la tête striée ridée folle sur ce roc parfois souvent se hisse-t-on à perdre haleine pour mieux voir mieux scruter les baies des grands ifs mornes et placides glaciaux et ténébreux vertigineusement gracieux sous la pluie des siècles des millénaires et à peine s'était-on hissé que toujours naissait le désir furieux le désir terrible de crier de clamer des injures à la face du ciel des imprécations de se lancer dans un long discours tout en vésanies de parler par bordées un torrent de mots ou de chanter de scander de psalmodier que sais-je encore à peine s'était-on hissé à peine se hisse-t-on que naît toujours la tête contre les branches les plus folles les fesses assises contre l'herbe humide contre la mousse tendre à peine se hisse-t-on que les jambes lourdes les pieds désormais menaçant de glisser sur la mousse l'herbe tendre on se surprend à chantonner puis à vociférer et n'est-ce pas là le même torrent que le très long texte le trop long texte qui n'en finit pas de naître et qui peut-être est bel et bien né ainsi né d'une voix devenue folle ne s'obéissant plus parlant aux oiseaux aux astres aux baies aux ifs à la rougeur splendide et coruscante de ces baies mystérieuses ainsi est né ce chant d'une voix pierreuse ainsi née de la rocaille cette frénésie lourde de vésanies qui toujours rendra plus fou plus long plus torrentiel ce trop ce très long
texte
13:13 Publié dans Très long texte | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Littérature
Sur le pont Mirabeau
Vendredi, 8 h 35.
Depuis quelque temps, je me suis mis à reprendre le bus. Il pleut. Une petite pluie fine. Lentement le flot des véhicules traverse le pont Mirabeau. J'ai tout loisir de contempler barques, gabares, aigrettes, bancs secs que viennent progressivement recouvrir des vagues discrètes.
Superbe, dans une position singulière, un héron cendré guette, posté – comme marchant sur l’eau – entre deux branches mortes qui dépassent de la surface.
Nous quittons le pont Mirabeau.
11:40 Publié dans Diableries manuelles | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : Ligérienne
19
territoire ciel
le Pont de Fil sous la pluie
sa musique grise
comme une géographie
de l'âme en plein désarroi
09:43 Publié dans Tankas de Touraine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne, Littérature
jeudi, 14 septembre 2006
Dernier grog avant le coup de gong
Tu peux y arriver tu vas y arriver tu vas le dégommer le démolir défoncer sa gueule de veau parce que c’est un veau oui quand même et pourtant il est vif tu dois faire attention un veau vif tu fais gaffe tu l’attaques par la droite puis crochet gauche tu ne peux pas perdre vas-y c’est bientôt fini
13:00 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (2)
mercredi, 13 septembre 2006
Rêve toujours
Je m’étais allongé dans un pré vert. Sa verdure m’entourait de mille soins. Il fut question des terribles renards espèces de loups. Vitaliano Trevisan m’interdit d’employer l’article défini devant les noms d’arbustes. Confusion, autant dire.
Alors j’inventai les Xénides, après avoir hésité.
D’un pas pressé, il quitta son pré pour aller poster trois lettres : une à ses parents, une à un libraire, une autre enfin au Petit Faucheux. Il hésitait entre “xénies” et “xénides”. Toujours et encore.
13:55 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (8)
Cahier à spirale
La princesse aux yeux de lune ? Très peu pour moi, je préfère les vieilles prunes ou les petits pois.
Et alors, ce n’est pas incompatible, si ?
Admettons. En tout cas, vous savez qu’il fait de nouveau très chaud sur le gravier, et que les ardeurs du traducteur reprennent.
Oui, il a les veines gonflées à bloc, les yeux rougis de fatigue, des cernes que c’est pas permis et le ventre noué.
C’est affreux. Que peut-on faire ?
Je ne sais pas… La princesse aux yeux de lune, peut-être…
11:53 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (1)
Vitaliano Trevisan dans son vison italien
Vitaliano Trevisan dans son vison italien ne peut pas vraiment être italien, me dis-je, ni habiter Trévise, pensai-je en refermant le long livre à la couverture jaune, non sans avoir mûrement réfléchi à ce que je lui écrirais, à lui, à Vitaliano Trevisan, à cet homme photographié en quatrième de couverture dans son vison italien, pensais-je en envisageant de lui écrire. Il faut que je vous reproche, lui écrirai-je, d’être trop ouvertement influencé par les récits brefs de Thomas Bernhard, et j’en sais quelque chose, moi qui me suis plusieurs fois retenu de prendre la plume pour écrire un récit bref à la manière de Thomas Bernhard après avoir lu un récit bref de Thomas Bernhard, lui écrirai-je, pensai-je en refermant le livre. Il faut que je vous reproche, lui écrirai-je, de m’avoir infiniment séduit, et comme j’ai lu votre « compte rendu » dans la traduction de M. Jean-Luc Defromont, comme je ne suis pas apte à lire l’italien dans le texte, de m’avoir poussé à m’interroger sans cesse quant au responsable de cette parenté si évidente entre votre prose et celle de Thomas Bernhard, que j’ai lue tantôt en allemand tantôt en traduction française, pensais-je que je lui écrirais. Le responsable est-il l’auteur ou le traducteur, pensais-je. Le responsable est-il le traducteur ou l’auteur, lui écrirai-je. Sans doute, pensais-je, me répondra-t-il que les deux sont responsables, que l’auteur est coupable d’avoir subi l’influence de Thomas Bernhard et que le traducteur est coupable de s’être trop référé aux traductions françaises des récits de Thomas Bernhard, m’écrira-t-il, pensais-je. Et il faut que je vous reproche, m’imaginai-je lui écrire, d’avoir écrit une histoire si obsédante et si bouleversante qu’on ne peut pas s’empêcher de vouloir en faire un film et que, dans le même temps, tout film trahirait inévitablement le point de vue du narrateur et l’esthétique même de votre récit, de sorte que c’est une histoire de fous, lui écrirai-je, qu’on se sent obligé d’adapter votre récit à l’écran, comme on dit sottement, lui écrirai-je, mais que cela est, dans le même temps, rigoureusement impossible, comme on dit sottement, lui écrirai-je, comme il était impensable d’adapter les récits de Thomas Bernhard à l’écran, l’ombre moqueuse et bientôt injurieuse de l’écrivain planant sur tout projet de ce genre, car il n’eût pas manqué de vomir toute tentative d’adapter ses récits brefs ou moins brefs à l’écran, pensais-je, et d’ailleurs il en est du film comme de la langue, on ne sait si c’est une question de langue – l’allemand, l’italien ou le français – ou de projet esthétique, et finalement, lui écrirai-je, la seule chose de sûre c’est que j’ai lu votre texte en français, pensais-je, et que j’écris moi-même cette lettre en français, de sorte qu’on est sûr que je suis, pour ma part, influencé tant par les traducteurs de Thomas Bernhard que par le vôtre, et que vous ne pourrez peut-être même pas me répondre en français, lui écrirai-je, pensais-je. En tout cas, pensai-je en refermant le long livre à la couverture jaune, je ne lui écrirai pas que Loupinot court plus vite que le zébu du coin, parce que, pensai-je, cela n’a aucun rapport avec son « compte rendu » ni avec mon envie d’en tirer un film, comme on dit sottement, pensais-je, ni non plus avec l’influence des récits brefs de Thomas Bernhard sur son écriture ou sur le travail de son traducteur, et il faudrait, pensai-je, que je songe à lui demander si c’est bien du vison italien que lui, Vitaliano Trevisan, porte sur la photographie en quatrième de couverture, à moins que je ne m’abstienne de le lui demander, pensai-je, et que je préfère écrire un compte rendu de son « compte rendu », c’est-à-dire que j’écrive, pensais-je, un vrai compte rendu (ou une recension, ou un article de critique) du récit de Vitaliano Trevisan, dont le sous-titre est, une fois encore sous l’influence de Thomas Bernhard, pensais-je, « Un compte rendu », alors que c’est un récit et que le compte rendu est l’œuvre du narrateur fictif, ce qui fait que seul mon compte rendu sera vraiment un compte rendu, car je ne voulais pas à ce moment, pensai-je, entrer dans les subtilités sémantiques du mot compte, qui était aussi relatif au décompte des pas, et même des quinze mille pas éponymes, comme, pour ma part, je peux, selon une coutume qui m’est chère, vous affirmer, sans entrer dans le détail des allers ni des retours, que ce texte compte exactement quatre mille cinq cents signes en comptant les espaces, pensai-je.
10:54 Publié dans Âcres fins | Lien permanent | Commentaires (6)
Larmes de l'onde
Amarré passe un remords de pommier
grille mordu dans la gaze du sort :
L'île mouillée, douleur du seul œil, dort.
L'Adour reluit
imberbes sables déchirants
tourbes des signes impeccablement blancs ...
... et l'on étend glauque et ardent
leurs joncs savants.
09:55 Publié dans Xénides | Lien permanent | Commentaires (5)
Tout ciel m’est un
Le lit à baldaquin, sous la tornade, a l’air cocasse. Nous voyons, le long du fleuve, avancer les bagnards, leurs boulets accrochés aux chevilles, comme des poètes punis d’avoir trop joué sur les mots. Regardez s’envoler le lourd duvet où la comtesse avait l’habitude de s’allonger délicatement. Il a l’air d’un canard géant. Vite, un grog pour mon rhume !
05:55 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 12 septembre 2006
Jardins de Valmer, 5 (version 649/775)
Chapelet d’andouilles ! Ô, j’ai lieu de louer !
Vous pendez durement, mollement, comme un dais.
Tout est truqué, tout faussé. On s’endort avec vous.
(Même si vous dormez, pas un cul n’en a cure. Pas une fesse ne se presse contre vos courbes dures. Pas besoin de vous faire un dessin, hein ? Vous me comprenez à mi-mot, saloperie d’andouilles !)
Andouilleries de curcurbites, courbées sous le poids des ânées, vous pouvez braire, ou vous taire. On ne vous mènera pas, biches, jusqu’au cerf. Pas braire ni bramer ! À quatre vous pendez.
Sous vous poussa la mandragore.
Mais enfin, je m’énerve, et vous restez là, grosses, molles et dures, lourdes et terrifiantes. À quels supplices vous a voué le dieu qu’on dit bienveillant ? Sept tortures renaissent, comme un flambeau caparaçonné.
16:20 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0)
It's not yesterday / ... anymore
Il éprouve la même joie, intense, qu'à l'âge de sept ou huit ans, quand il écoutait cette même chanson, dont alors il ne comprenait même pas les paroles. Il se demande s'il doit se réjouir d'être aussi constant dans ses enthousiasmes ou s'il doit déplorer d'être resté gamin. Peut-être la vraie satisfaction est-elle d'éprouver encore de la joie, quelle qu'elle soit.
13:31 Publié dans ABC*ACB | Lien permanent | Commentaires (1)
Jardins de Valmer, 5
Chapelet d’andouilles ! Ô, j’ai lieu de louer !
Vous pendez durement, mollement, comme un dais.
Tout est truqué, tout faussé. On s’endort avec vous.
Andouilleries de curcurbites, courbées sous le poids des ânées, vous pouvez braire, ou vous taire. On ne vous mènera pas, biches, jusqu’au cerf. Pas braire ni bramer ! À quatre vous pendez.
Sous vous poussa la mandragore.
07:55 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne
lundi, 11 septembre 2006
Ratage
De la farine dans le nez. Du potage au-dessus des yeux.
Ratage.
23:30 Publié dans Minimalistes | Lien permanent | Commentaires (0)
Clermontueuse
Personne ne rêve autant que l’hirondelle, quand elle vole des jours durant, des heures durant, des nuits durant, gobant moustiques, luttant contre les vents, et qu’elle revoit ce coin de poutre, cette resserre où elle retapera – de boue séchée volée dans les marais, de fils de couleur trouvés dans les parterres – le nid de l’année passée, tant et si bien qu’elle ne songe plus qu’à cela, même prise dans les vents les plus violents, même au-dessus de l’océan, ce désert d’eau, et que tout son voyage est un rêve, comme jamais d’autre il n’y a.
21:12 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (1)
Éric Chevillard, riche vieillard ?
Il met la dernière main, mine de rien, à son soixante-dixième roman. Il a quatre vingt dix-neuf ans, est entouré d’honneurs et couvert de jeunes filles (à moins que ce ne soit l’inverse) et de femmes moins jeunes mais plus expertes encore dans le déduit. Tu es parvenu à tes fins, hein ?
Mine de rien, il va publier son soixante-dixième roman, plus beau et plus drôle que tous les précédents, Maintenant roule. Il avait songé à Maintenant rouge, ou Maintenant rousse, mais c’est plus amusant comme cela. Les titres l’obsèdent de plus en plus, mais il refuse de l’avouer, de crainte que l’on ne pense qu’il joue les divas. Il est resté plus simple d’abord que jamais, et mystérieux aussi, à sa façon.
Depuis Vieille barbe, publié en 2039, il n’a plus un poil sur le caillou.
Depuis La Lune pour ne rien dire, publié en 2045, il n’a plus vraiment décroché de sa console de jeux intersidérale.
Depuis Gamin, au panier !, publié en 2021, et dans lequel il se risquait, par le biais d’une métaphore sportive, à critiquer la politique d’émigration choisie du gouvernement de centre-droit dirigé par Marine Le Pen, on ne lui parle plus trop de politique, et lui non plus n’en est pas très friand. D’ailleurs, qui s’y risque encore ?
Depuis Les Stratagèmes de la pierre précieuse, publié en 2033, il n’a cessé de parler d’or, ce qui le changeait de ses braquages de jeune homme.
Depuis Zoziau aveugle, publié en 2057, sa vue s’est encore améliorée, et il peut écrire de plus belle sur l’œuvre des peintres aimés.
On ne sait plus très bien combien il touche chaque année en droits de traduction, d’adaptation à l’écran. Ça n’intéresse pas grand monde, car le bougre sait se faire oublier. Mais les premiers mots de Maintenant roule, des dizaines de milliers de groupies sont prêts à les boire à même ses lèvres, et au fond de son œil malicieux on devine encore l’amusement que procurent, dans son esprit, ce grand malentendu qui se prolonge.
18:25 Publié dans Âcres fins | Lien permanent | Commentaires (0)
Honni baba
Ce n’est pourtant pas sorcier à comprendre : je ne mettrai pas ce masque. Point barre.
Je veux bien jouer au cerceau, même me creuser les méninges, petits chevaux Monopoly ou bataille tout ciel m’est un, mais ce masque sanguinolent qui va me coller à la peau, je n’en veux pas et je hurlerai si on me le met d’office.
14:18 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (0)
L'Arbre à lettres
Eh non ! Je n'ai encore rien lu de Kostolanyi Deszö, mais je retiens ce titre : Le traducteur cleptomane. La coïncidence est trop belle !
Par ailleurs, il y a, dans l'exemplaire d'Alouette acheté hier, à la page 136, un marque-pages de la librairie L'Arbre à lettres.
09:41 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (6)