samedi, 06 mai 2006
Les veines saillantes...
[Jets du jeudi]
Les veines saillantes du dos de ma main droite, de la main qui trace ces lignes à l'encre, forment un Y rugueux, que je ne peux m'empêcher d'interpréter in petto comme le WHY anglais. [[[Sans cesse ma main me demande pourquoi j'écris, ou pourquoi nous allons, elle et moi, vers la mort.]]] Non, ce n'est pas peu dire.
08:05 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (1)
jeudi, 04 mai 2006
XXII
La grand-mère de c’était : « Quand j’étais en pension, à Aire, en haut de la côte du Mas, il y avait une salle avec les malles. C’est là qu’on se cachait pour fumer. »
Ce devait être au début des années 1930. Samuel Beckett était rentré en Irlande. Il ne se cachait pas pour fumer, mais pour le reste, oui.
13:05 Publié dans 59, Comment je n'ai pas célébré le centenaire de S.B. | Lien permanent | Commentaires (1)
vendredi, 28 avril 2006
Au pas, camarade
[April 27th]
Au jeu de l’oie, on a facilement chaud aux plumes. Il faudrait remplacer la case 58 par un panneau « GRIPPE AVIAIRE », mais la Camarde supporterait-elle ce pied de nez à son ancestrale stature ? Le vainqueur emporte la palme, ce qui n’arriverait jamais, à rebrousse-plumes, au détour des chemins, dans un roman d’Amos Tutuola (qui zézaiera au zénith).
23:55 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (0)
Au milieu du monde
Pas d’images ces temps-ci. Me contente d’écrire. Pourtant, mes lectures et mes feuilletages sont peuplés d’images passionnantes. Le doigt sur la détente de l’appareil, j’ai multiplié les spectres positifs. Que ce soit le visage de la tour ou la folie du roi, pas le moindre échec en vue. Mais il faudra attendre quelques jours encore pour écarquiller mille yeux.
15:37 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 13 avril 2006
Sopra Lafafami
Bien sûr, nous avons entendu, sous le prénom belge, l’appel du grand Huysmans, et c’est ce qui guida la main vers le disque de Joris Verdin, dans le bac, chez le disquaire. Toutefois, toute comparaison est abolie, toute ombre négative portée disparaît. Dans l’espace passe un ange. L’heure est venue, de carillonner des poumons, même à cette heure tardive.
07:30 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : TRES GRANDE MUSIQUE
vendredi, 07 avril 2006
Berceuse
En faisant la vaisselle, j’écoutais la 2ème sonate pour deux flûtes de Telemann, les doigts ébouillantés et les narines bercées par les effluves des cannelés cuisant dans le four. Dehors un doux grand soleil, qui ne parvient pas à me libérer de mes angoisses. Le déjeuner tout simple, de truite fumée et de chou frisé, passe comme un rêve.
15:42 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : TRES GRANDE MUSIQUE
lundi, 03 avril 2006
Malédiction (Dimanche 19 mars)
Dans la poêle posée sur la plaque électrique, les saucisses sont serrées comme des sardines et cuisent inégalement. Ce sont des chipolatas qui mêlent leur odeur aux fragrances des premières fleurs du printemps. Pourquoi donc faire cuire les choux ou les saucisses dans le jardin ? C'est la malédiction des cuisines américaines, le goût de l'herbe assaisonnée de gravier.
17:45 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 02 avril 2006
Avant les visions d’avril, 0
Après un repas sommaire mais succulent, composé d’une salade de riz complexe, de quelques tranches de pain tartinées des excellentes rillettes de Grégory Brion, avec, à l’arrosade, deux fières lampées de Marsannay Domaine Nicolas Theuriet, il faut bien perpétuer ou tenter de poursuivre les rites, d’où cette atmosphère de fer, ce silence de velours, cette langue qui s’éprend d’elle-même.
20:45 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (3)
jeudi, 30 mars 2006
Recette vestimentaire
Imaginez un hérisson, un porc-épic et plusieurs fourmis urticantes.
Ajoutez-leur une boîte de tampons Jex et quelques boules de poil à gratter...
Multipliez le tout par trois,
et vous aurez une idée, vague et atténuée, de l'effet sur ma peau du pull-over que j'ai enfilé il y a dix minutes, ayant mouillé ma chemise en quelque menue tâche domestique.
18:19 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (2)
lundi, 27 mars 2006
12 + 53 + 12
Déjà douze des 77 miniatures ont été composées. Allons gaiement, d’un pas enjoué, d’une mine alacre, vers la treizième. Oui, il n’en reste que soixante-cinq, une paille.
Seulement douze des 77 miniatures ont été composées. Non, c’est à désespérer d’être prolifique. Il faudrait écrire dix fois plus de notes chaque jour. (Être lu, ça, une autre paire de manches.)
15:51 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (1)
dimanche, 26 mars 2006
Sans écran
C'est tout de même une complaisance étonnante vis-à-vis de soi-même que de lire les dernières notes publiées, vérifier une fois encore les commentaires (nul nouveau à cette rubrique-là), songer à écrire le billet suivant, constater que déjà trois photographies ont été publiées aujourd'hui, contrairement à l'ordinaire, et ce alors que, pourtant, l'écriture du roman en cours est en rade.
Bonus II
16:42 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 25 mars 2006
Sans cran
C'est atroce : désireux d'écrire, j'ai allumé cet ordinateur, puis, par un glissement malencontreux, je me suis retrouvé à naviguer sur l'immense toile (cependant que la Musique (de Rameau puis de Marin Marais) me prenait comme une mer) et je n'ai rien écrit des huit ou neuf notes dont je caressais ardemment les scintillations. Est-il être plus velléitaire que moi ?
17:28 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (5)
vendredi, 24 mars 2006
Pensées
Aujourd'hui, une amie, fidèle lectrice et commentatrice régulière, passe un entretien long et important en vue d'un éventuel recrutement, sur un poste qui lui plairait particulièrement. Je suis en pensée avec elle, we'll all keep our fingers crossed.
(Par ailleurs, elle aura une bonne cinquantaine de notes à lire à son retour. I dearly hope you'll get that job !)
Comme dirait le duc d'Elbeuf : Bonus I et II .
08:50 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (1)
jeudi, 23 mars 2006
Fatrasie du mercredi, 5
À creuser : de ma difficulté à être vif, balourd, touchant, captivant ou tout simplement un peu rigolo/ridicule en situation d’anonymat…
Visitant Semur, le 18 avril 1980 (Journal d’un voyage en France, p. 52), Renaud Camus rappelle que cette ville est le théâtre d’un bref roman de Mrs Oliphant, The Beleaguered City. On en trouve le texte en ligne ici.
18:45 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (1)
À l'allégresse modérée
Petite chatte noire et blanche, tu viens de réapparaître, furtivement, pour laper de l'eau de pluie tombée dans le ramequin. Tu n'as plus honoré ton nid sous les thuyas.
Il pleut sur ton repas. Es-tu bien une femelle qui s'apprêtait à mettre bas ?
Tu as lapé de l'eau, puis tu es repartie. Mes yeux n'ont pas suivi tes pas.
::: Bonus II :::
08:05 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : TRES GRANDE MUSIQUE
mercredi, 22 mars 2006
Passage au vert
Je ne retrouve pas le passage de Docteur Pasavento (lu hier) dans lequel il est question de Buffon. Est-ce une imposture de ma mémoire (je lis plusieurs livres à la fois), de mes yeux tandis que je feuillette, ou de l’auteur de ces lignes (Her Lui) ? Le 9 mars, la rue Buffon, à Tours, était battue par les vents.
15:10 Publié dans 59, Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (3)
Epuisés
Mardi midi. Je reçois, très abîmé, un exemplaire du Journal romain de Renaud Camus. Le Journal d'un voyage en France, reçu samedi, est, lui, dans un état impeccable. C'est pourtant l'attrait du premier, sur les conseils si gentils d'une internaute amie, qui m'a fait acheter le second. Logique complexe des symétries. J'aurai le plaisir de lire ces textes épuisés.
[On brade : quelques mots de la belle Aelfgifu.]
12:10 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 18 mars 2006
Le suc
Samedi, 10 h 40.
Le pus ! J’ai les os rompus ou repus de fatigue, qui sait. Mon programme de l’heure à venir consistera à mettre en forme les notes esquissées hier en train (en cours(e) (en sarabande (en goguette))), pendant que la voix de Thomas Fersen égrène les méfaits de Hyacinthe. Petit-Âne et Petit-Renne apprennent à repasser le linge.
13:45 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 15 mars 2006
Refuge
Une petite chatte noire et blanche cherchait à faire son nid sous les thuyas. Un volet qui claque, et elle s'est enfuie. Elle restait allongée, immobile, puis elle poussa des miaulements atroces, une fois enfuie. Est-elle malade ou grosse, prête à mettre bas ? Deux gobelets, l'un d'eau, l'autre de lait, ne l'ont pas encore ramenée à son gîte d'adoption.
09:57 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (1)
vendredi, 10 mars 2006
Vjollca
La caissière du supermarché où je viens d'acheter deux pellicules photographiques (je dicte ce texte au bureau de l'université) s'appelait Vjollca. Elle avait la quarantaine bien sonnée, était d'une blondeur peut-être factice et sûrement permanentée, mais avait une voix et un accent extrêmement touchants. J'attends qu'ouvre la bourse aux livres de la Bibliothèque universitaire, qui commence à dix heures.
09:34 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (1)
lundi, 06 mars 2006
... volture contemplative
Ô que cessent les vents, si, emportés de ci de là, nous veillons par le sacre, vifs, et nous commettons, de mots trop brefs, de phrases trop arides, un désert strident ------------------- si les sons même nous délaissent, nous abandonnent, au désert même de notre mort ----------------- et que le diable m'emporte, avec mes bribes ! Rarement j'ai mieux raté ma fin.
23:50 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 04 mars 2006
Avanie
Je publie beaucoup, dans ces carnets, de photographies, ce qui a le mérite de complaire aux plus paresseux de mes lecteurs et de me permettre d’entretenir, sans dévorer de temps, ce site – comme on entretient une pelouse, un parc paysager ou un lieu d’aisances. (Il ne sera pas dit que je ne suis sarcastique et méchant qu’envers les autres.)
21:50 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (8)
jeudi, 02 mars 2006
Presque
J’écoute en boucle les quatre mouvements du motet O qui caeli de Vivaldi, et les cordes me pincent, la voix m’attire dans les noirceurs d’une extase qui m’est interdite, l’Alleluia me transporte enfin et me fait oublier toutes mes frilosités, mes cauchemars, et même (presque) la fureur qui me fait, toujours davantage, écrire sur les portées de ce carnet.
18:20 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 28 février 2006
Payolle, 24 février
Un quadragénaire barbu, essoufflé à force de courir, et qui est responsable d’un groupe d’enfants qu’il initie à l’art subtil des chiens de traîneau, nous lance :
« Ils vont me crever, ces gosses ! Ils courent comme des rats empoisonnés ! C’est les premiers que j’ai comme ça : d’habitude, ils bougent pas… »
Voilà une comparaison inédite… ?
14:45 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (0)
Haut délit
Le haut mal qui gagne les rires fendus, transitoires, d’une assemblée déloyale – il ne nous en faut pas plus, à nous, les vents glaciaux, pour cingler joues, fronts et mains, malgré les écharpes, les cache-col et les gants de laine ou de cuir. Âpres et vifs, nous faisons pousser des roseurs verdâtres sur vos visages, que le froid délabre.
10:00 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (1)
dimanche, 26 février 2006
Dimanche, huit heures
Deux heures que je suis levé. Je n'ai encore rien "fait de ma journée", selon l'affreuse expression consacrée, si hostile aux oisifs, que m'impose la pensée de ces dizaines de tâches, menues ou massives, qu'il me faut accomplir au cours des trois prochains jours. Le carton du verre à recycler déborde (bouteilles, pots de yahourt, crèmes, conserves, fioles).
11:48 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (4)
dimanche, 19 février 2006
Les fraises sauvages
Comme, dans un pantalon de velours vert tout neuf, assis dans le salon de la maison chalossaise, je regardais Les Fraises sauvages, jamais vu, je rêvai à ce beau prénom d’Evald, que je voudrais avoir porté, et, non sans repenser à cette Lucrèce de Ponsart (où la dénicher ?), je savourai la première heure de sérénité depuis bien longtemps.
09:25 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (1)
mercredi, 15 février 2006
Sous l’égide de Hégésippe
Un « arboriculteur biologiste » nommé Antoine Moreau, producteur à Vallères, dans l’Indre-et-Loire, et qui fait un jus de pommes à se pâmer – je songe à lui, quand l’index gluant d’une goutte sournoise et sourdement oubliée, je laisse une trace collante sur le pavé tactile de mon laptop. J’espère, mais pas trop. Vite, allons à la pêche au cachalot.
08:05 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (1)
lundi, 13 février 2006
Haut débit
Privé pendant quelques jours du haut débit, vais-je devoir endurer ce silence qui me ronge – et d’ailleurs, je ne me suis jamais vraiment tu ? À corps perdu dans l’écriture, ce qui signifie perdre tout le reste, ou beaucoup du reste. Je ne crains même pas de laisser cette phrase médiane, qui fait pourtant mieux que friser le ridicule.
18:00 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (0)