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vendredi, 30 septembre 2011
Vendredi, sans hâte (Unhurried Friday, Act 2)
Pause déjeuner, de retour à la maison. Bruit machinal de la grue qui vire, vociférations du grutier. La chatte mange une sardine, lape le lait, se lèche. Un papillon jaune citron (très pâle) volète dans mon champ de vision. Seule l'allure du prunier, presque nu de feuilles (rabougries), permet de distinguer entre l'augure de jours brûlants et une fin de partie aux accents magnifiques. Peu s'en faudrait que je ne pleure. De joie précaire, espérons.
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jeudi, 29 septembre 2011
Cris / Cries
Guillevic. “Cris”, I, 1-6. In Trouées, pp. 25-6.
L’été, Summertime
Tu as pour toi — You have the cries
Les cris de l’hirondelle. Of swallows accompanying you.
*
La source The spring
Crie son besoin de vent. Cries out loud it needs a breeze.
*
Un cri louvoyant One cry veering
Au-devant des fleurs. Ahead of the flowers.
*
Le nuage s’en va, Disappears the cloud,
Crie le bleu. The blue cries out loud.
*
L’abeille ira crier The bee shall cry
Dans le nef de la fleur. In the flower’s vessel.
*
La fleur The flower
S’ouvre sous les cris Opens up with the cries
Des couleurs qu’elle cachait. Of colours hidden inside.
Je viens de reprendre le brouillon manuscrit de cette traduction. Une fois encore, ni la syntaxe de Guillevic ni sa métrique ne posent de problèmes particuliers. En ce sens, ce n’est pas un poète difficile à traduire. Pourtant, un traducteur qui tente de donner une version de l’ensemble du poème « Cris » aura pour mission de traduire chaque occurrence du mot cri, motif et antienne, par un seul et même mot. J’ai choisi le verbe et le nom cry, parfois en étoffant (crying out loud), mais cela n’est pas absolument satisfaisant ; il me semble qu’il n’y a pas mieux.
Au brouillon, j’avais traduit le premier vers « In the summer ». En reprenant à l’ordinateur, je me suis rendu compte qu’il y avait une ambiguïté énonciative dans le poème de Guillevic : en effet, on peut lire « L’été » comme complément de temps ou comme apostrophe familière. Dans cette seconde hypothèse, le poète s’adresse à la saison, et c’est l’été qui a pour lui les cris de l’hirondelle. Ma première mouture restreignait le choix sémantique. Grâce au tiret semi-cadratin (Gosh, what would translators do without the dash ??), j'ai pu donner une version tout aussi ambigüe de ce tercet.
Le choix du nom spring pour traduire source s’est imposé immédiatement, et je le conserve, faute d’alternative, et ce en dépit de l’ambiguïté éventuelle qui peut naître dans le contexte du premier fragment : il n’y a aucune ambiguïté été/source, mais le double sens de spring (source/printemps) est susceptible d’entraîner des confusions. Ni fountain ni well ne conviennent ici.
Dans la traduction du quatrième fragment, l’effet de rime et la syntaxe plus archaïsante sont délibérés. Discutable, mais au moins j’ai tranché. (Alternative, très plate : « The cloud goes away / Cries the blue. »)
Dans la traduction du sixième fragment, c’est pour le rythme et les sonorités (assonance cries / inside) que j’ai choisi de moduler le troisième vers au passif. La poétique de Guillevic ne repose pas sur un système rimé, mais il me semble que l’essentiel est de respecter surtout la volonté de Guillevic de faire image sans céder à la métaphorisation.
Enfin, en vérifiant sur Google, par acquit de conscience, si la collocation « cries of swallows » était attestée, j’ai découvert cinq poèmes en prose de Rosmarie Waldrop. Il n’est pas impossible que je donne prochainement, de l’un d’eux, une traduction.
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mercredi, 28 septembre 2011
Peupliers de l’irréel (640/770)
Du côté de la route, les nèfles, dans le vert flamboyant de feuilles qui s’illusionnent à croire à un printemps revenu, deviennent grosses comme des poings d’enfant, avec leurs cinq minuscules fanes pareilles à des doigts effilés, végétaux. Bruce Chatwin a écrit que le peuplier était le signe de ponctuation de l’humanité. Du côté du rond-point, où la petite chatte se fait les griffes sur l’écorce du prunus, le soleil donne à plein, de sorte que même les lattes éclatées et pourries de la seule chaise en bois qui nous reste des années beauvaisiennes s’imagineraient être revenues au tronc. C’est une de ces journées où, comme le dirait Philip Roth, on s’enfonce plus profondément dans un monde irréel. Pourtant, le soleil est là, qui nous fait signe, bel et bien là.
In Patagonia, p. 81
The Humbling, p. 126
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mardi, 27 septembre 2011
Trois poètes, chaleur lilas
Quel bonheur, ce redoux, cet été indien !
Quelle douceur, de lire, auprès du lilas défleuri, dans la chaleur – alors que ce sera bientôt octobre –, en caressant Séhune, quelques pages de The Humbling, puis de découvrir l’existence de trois poètes censément nobélisables et dont deux sont de langue anglaise : Ko Un, Robert Bly, Les Murray.
Quelle douceur chaude d’été indien.
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113
13 juillet 2011, deux heures et demie de l’après-midi.
Je viens de marquer, en jouant avec Oméga, 113 au jeu de fléchettes d’Alpha. Cela m’a rappelé les longues heures passées à jouer aux fléchettes, enfant, ou même adolescent, à Cagnotte.
Ce matin, je n’ai « bûcheronné » qu’une heure, lassé par les averses et l’humidité poisseuse collant les bribes d’écorce au manche de la hache.
Après ceux d’hier, d’autres peintres sont passés ici, pour un devis.
113 : le boustrophédon de 311. Tous deux sont premiers, je crois. Ce sont aussi des nombres qui présentent d’intéressantes combinaisons : ainsi, 311 = (19x10) + 112 tandis que 113 = (19x6) – 1. De même, 311 = (23x10) + 92 tandis que 113 = (23x5) – 2. La série se poursuit de manière moins nette avec 29, car si 113 = (29x4) – 3, en revanche 311 = (29x10) + 21 (et je ne sais que faire de ce 21, qui n’est ni le produit d’un carré, ni un multiple très singulier : si la suite impliquait de passer de 11 à 9 puis de 9 à 7, ce n’est pas le carré de 7 qui s’ajoute mais 7 multiplié par 3, ce dont, répétons-le une fois encore, je ne sais que faire). Avec 31, un de mes nombres (premiers) préférés (et pas seulement à cause des tankas et de Roubaud), la série devient évidemment plus propice à la rêverie arithmétique : 311 = (31x10) + 1, tandis que 113 = (31x4) – 11 ou (31x3) + 20 – résultat qui pourrait sembler moins intéressant, si ce n’est qu’il met l’accent sur une décomposition banale mais, du coup peu opérante ou peu usitée, de 31 : 31 = 20 + 11. (Je crois avoir composé, il y a longtemps, des tercets formés de deux décasyllabes et d’un endécasyllabe.)
Dans la poursuite de rêveries arithmétiques liées à des logiques de composition, je me suis dit, en jouant (brièvement : n’ayant que quatre ans, Oméga s’est vite lassé de son peu d’habileté) aux fléchettes, que je pourrais tirer aux fléchettes les règles de composition arithmétique et aléatoire de certains textes. (Après tout, je pourrais commencer dès cet été.)
(Ajout du 27 septembre. Je n'ai évidemment pas composé le moindre de ces textes-fléchettes, tout d'abord parce que les enfants n'ont pas du tout mordu au jeu, et que la cible est restée dans son coin tout l'été. Elle est même restée à Hagetmau. En revanche, je suis totalement idiot de ne pas avoir encore vraiment puisé dans les textes écrits cet été pour densifier le rythme de publication dans ces carnets.)
08:40 Publié dans Fièvre de nombres | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 26 septembre 2011
Appel, 1 (Trouées, p. 95)
Rien de plus facile, en apparence, que de traduire ce poème en respectant sa structure anaphorique, son côté incantatoire lancinant, son lexique précis. Pourtant je ne suis pas tout à fait certain d'avoir fait le bon choix pour le dernier tercet. En effet, j'ai été tenté, pour plus d'idiomatisme, de traduire les trois singuliers par des pluriels (Also with lightnings / Also with waves / Also with laments). J'ai renoncé à cette solution, qui brisait l'effet voulu de monotonie (répétition du déterminant le en français) en donnant à penser que Guillevic variait / ouvrait dans le dernier tercet.
Par la force des pins, With the strength of the pine-trees,
Par la sève des chênes, With the sap of oaks,
Par celle des fraisiers, With the sap of strawberry bushes,
Par le suint des moutons, With the sweat of sheep
Par celui de la pierre With the stone's sweat
Que le chemin rejette, As the path pushes it,
Même par le brouillard, Even with the fog,
Même par la limace, Even with the slug,
Même par l'eau des flaques, Even with the water in puddles,
Aussi bien par l'éclair, Also with the lightning,
Aussi bien par la vague, Also with the wave,
Aussi bien par la plainte, Also with the lament.
09:28 Publié dans Darts on a slate | Lien permanent | Commentaires (1)
Vitrail, 174-5 (Stained Glass) - Guillevic
Voici une tentative de traduction des quatre dernières sections du poème "Vitrail" (Guillevic. Trouées, 1981, pp. 174-5).
Vitrail Stained Glass
Il n'ira pas He shan't go as far
Jusqu'à se dire As saying
Que sourire That smiling
Fait toujours Still belongs
Partie du masque To the mask.
*
Non ! No !
S'écrie-t-il. He shouts.
Pas de masque No mask
Sur la feuille On the sheet.
Question d'honneur ! It's a matter of honour !
*
Il a vu parfois Sometimes he has foreseen
Dans un éclair In a flash
Que s'il y a des masques That if there are masks
Et qu'ils tombent And if they're taken out
Rien ne sera changé. Nothing will change.
*
Il. He.
09:07 Publié dans Darts on a slate | Lien permanent | Commentaires (6)
vendredi, 23 septembre 2011
Petites nèfles encore
Tout ce qui n'est pas en gris est manuscrit. 22 septembre, 15 h 10.
Les lieux, le papier, le cerveau qui tourne sans arrêt. (Comme la grande grue orange, que j'entends tourner manoeuvrer, fenêtres ouvertes.) Une guêpe indolente tourne autour de l'ordinateur, je n'écris plus à la main (15 h 50).
Le matin dans le bureau la bibliothèque, le début de l'après-midi au bureau de la chambre, maintenant dans le séjour. Guêpe, bruits du chantier, grue encore en rotation. Trois brefs poèmes de Guillevic traduits, ça aussi c'est un chantier.
La somme des textes que j'écris doit comporter un nombre statistiquement élevé d'occurrences des mots grue et néflier.
L'idée de la semaine serait d'écrire des textes dont une partie serait publiée en blanc : sans copier-coller, aucun moyen de les lire en entier. (Idiote, ton idée.)
04:00 Publié dans Aujourd'hier, Diableries manuelles | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 22 septembre 2011
« Ain’t done with smoke and mirrors »
Dans la buanderie. Dix-huit mouchoirs, une serviette.
Dans le casier, à mon nom. Trois classiques américains, un de James, deux de Mailer.
Au-dessus de la poubelle. Un yucca, qui m’a piqué au visage. (Hier.)
Deux chansons différentes, qui se mixent. Dans ma tête. (Etincelles.)
Remplissage. Cinq livres dont le tome 1 de 1Q84. (Une pile sur une pile.)
Et sur la table de la cuisine, de mémoire, sept miettes de pain, un saladier, une boîte à chaussures pour stocker ail et oignon, trois bocaux de confiture entamés
La ponctuation, poésie à soi, nous sauvera.
12:12 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (2)
mercredi, 21 septembre 2011
Baa baa blaaack sheeep !
Ce matin, j'ai mis à Oméga des chaussettes aux motifs d'onomatopées.
Pour mon cours sur American Pastoral, j'ai arboré un t-shirt Kukuxumusu vert néflier représentant un mouton en scooter. ........... Les trois ronds moutonnants de fumée issus du pot d'échappement font BÊÊ !
Nathan Zuckerman a les mêmes initiales que la Nouvelle-Zélande, pays des agneaux. (La mâchoire en avant, heu heu.)
17:50 Publié dans J'allaite le nouveau Kant, II | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 20 septembre 2011
Trois grains de riz
Du café, du thé maintenant (l’ordinateur vrombit à fond), et le travail avance malgré tout, entre distractions d’ordre lexicologique et fous rires culinaires au second degré (en particulier tout ce qui touche aux falafels, désormais).
Il est temps de citer ici un passage d’une grande valeur épigraphique :
« J’écris sans savoir vraiment ce que je veux dire. Sans préméditation. Pour reprendre pied. »
C’est dans le très beau petit livre de Thomas Vinau, Nos cheveux blanchiront avec nos yeux (Alma, 2011, p. 81). Il est essentiel de mettre partout son grain de sel. La cuisine n’attend pas, aussi celle des mots. Laissé trop longtemps tout en plan, comme une paillasse où pourriraient des épluchures. Nettoyer, trier, classer, ordonner è mettre aux ordures (aussi).
Penser/classer : les nombreuses rubriques dans lesquelles s’accumulent ces billets, courts chapitres, sont, on a du mal à le croire, à l’admettre, un premier pas. Et je dois ajouter ici (pour reprendre pied ?) que je sais seulement depuis deux jours, après avoir regardé avec Oméga le globe lumineux (offert il y a longtemps à son frère aîné et) où se trouvent dessinés et répertoriés pas moins de 263 animaux, et lu la mini-encyclopédie qui sert de guide d’accompagnement du globe en question, que l’onagre est « une hémione qui ne vit plus qu’en Iran ». Je continue de citer : « Ces animaux se situent entre les ânes et les chevaux. L’onagre a un pelage jaune-brun ; son signe distinctif sont ses sabots aux bords noirs. Sa raie va jusqu’à l’extrémité de sa queue. »
C’est à regret que je dois noter que cet animal porte le n° 60 (ni 59, ni 77, ni 87), et que le koulan, animal voisin auquel la notice du guide renvoie également, porte le n° 38.
Amplification. Toute cette digression ouvre des horizons, notamment un nouveau départ pour la rubrique avortée Zoozéro. Le nombre 263 permet d’envisager l’écriture d’une nouvelle série d’onzains (2-6-3). Entre autres. Et sans oublier d’aller de l’avant, avancer toujours, penser/classer sans penser classer.
16:17 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
In memoriam Opalka
Tout de même, frétillements. Nelly, hier – « quand est-ce que tu vas écrire un roman au lieu d’écrire des conneries dans Touraine sereine ? »
(Mais voyons, il y a une vraie dignité à ne pas être Dalibor Frioux, Mazarine Pingeot, Alexis Jenni.
Petits piètres minables.)
――― Comment faire comprendre ça, à Nelly à d’autres ?
Ambitieux, pour qualifier une personne ou un projet ― péjoratif, mélioratif !...
Il est bien plus honorable de ne pas bouger de son sofa, à compter les frétillements.
09:13 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 19 septembre 2011
Nec plus ultra
Lueurs brèves et brume, dès le matin. Le n effacé du clavier témoigne de pressions plus fortes (par qui ?) près de la barre d'espace, ou de la touche alternant virgule et point d'interrogation ― ou bien d'une malfaçon lors de la fabrication ? Je crois qu'un lipogramme en n ne serait pas de tout repos. ۩Colombages me fixent. Mauvais film. Fin.
09:20 Publié dans J'allaite le nouveau Kant, II | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 18 septembre 2011
Soldat au retour d'Irak (Tabish Khair, traduction)
Soldat au retour d’Irak
Que pouvais-je faire, moi,
Moi qui sauvais les petites vieilles et qui les tuais.
Il y avait un gros chien assis sur ma poitrine
Dressé pour qu'on lui réponde, bougez-vous, allez allez on saute !
J’ai pris mon M16A2, je l’ai descendue.
Elle gisait là. Ils gisaient là.
De retour chez moi j’étais aussi riche que les autres,
Des princesses agrippaient mes poils de chien
Pour en jouir, dans leurs rêveries [2] .
Puis nous dormions.
Mais après
L’ombre d’une prison s’est refermée sur moi —
Je me suis rappelé que j’avais oublié
Un objet.
Bougie, mèche ou boîte d’allumettes ?
Un objet, oui, c’est ça, un objet lumineux [5] .
Un objet qui m’aurait libéré de ce lieu.
[1] Les différents poèmes qui composent cette section du recueil Man of Glass sont en lien intertextuel étroit et explicite avec les Contes d’Andersen. Problème de référence culturelle, car le conte, dont le titre danois est Fyrtøiet, est connu en anglais sous le titre The Tinder-Box (‘La Boîte d’allumettes’) et en français comme La Petite marchande d’allumettes. Avoir recours au titre français paraît peu souhaitable, car le personnage de la marchande d’allumettes n’est pas du tout thématisé dans l’allusion poétique de Tabish Khair.
[2] Première grosse frustration. Difficile de rendre l’anaphore et les deux substantifs abstraits. J’ai tenté de préserver le rythme.
18:36 Publié dans Darts on a slate | Lien permanent | Commentaires (2)
jeudi, 15 septembre 2011
Râg
Chaque disque de Julien Jacob a, pour moi, de fortes connotations chronotopiques. Exaltante, la musique de Julien Jacob marque, frappe, dure.
Ainsi, la plupart des chansons du second album, Cotonou, sont associées, pour moi, au printemps 2006, lorsque je trimais avec bonheur sur ma traduction de Links tout en écrivant parfois jusqu’à quinze textes quotidiens pour/dans ces carnets. Râg, par exemple, évoque immédiatement le séjour de notre ancienne maison, rue Guillaume Apollinaire, pièce où je travaillais durant les journées où je me trouvais seul à la maison, mais aussi les textes que j’écrivais, le roman de Nuruddin que je traduisais, les trottoirs que j’arpentais pour aller chercher Alpha à l’école maternelle (il était, comme Oméga désormais, en moyenne section). À l’époque, j’ai écrit plusieurs textes directement inspirés de cet album (entre autres : un acrostiche).
Un album, la blancheur. Blancheur des jours passés, blanchis ou recolorés par le souvenir ? Toujours mon silence sera ponctué par l’exaltation (l’extase ?) bricolée (forcenée ?) que je ressens en écoutant, aujourd’hui encore, Râg. D'où l'hommage bancal, noir, heurté, fébrile. Encore une énième trace d'extase.
15:30 Publié dans MAS | Lien permanent | Commentaires (0)
C'est une piste (version 1000/1219)
Quartier de l’Europe, puis l’écran : Rien n’est sÛr, mais c’est une piste. Du simple mal de nuque, douleur ou friction comme un torticolis, on évolue vers la vraie migraine, et ce n’est pas le nouveau lit qui a empêché quoi que ce soit (pas non plus le réveil, avec lever à la clé, à 4 h 30). Un jeudi en demi-teinte, perdu pour le travail, mais on s’instruit quand même, ici et ailleurs — j’imagine simultanément une salle de classe, une scène de théâtre et une séance sur divan. Après avoir tenu le rythme quotidien, les pages grises ont subi interruption, journée lourde et de traviole. Rien n’est sûr, mais c’est une piste. (Ce texte, devenu toujours-déjà trop long, aurait dû figurer dans la rubrique Onagre 87. Du coup tout fout le camp ma brave dame.) De traviole, donc — comme il n’y a plus de limite, autant y aller franco —, la journée a permis d’assister à l’irruption, sur la scène, d’un espion qui n’était pas (encore ?) un dictateur. Il s’interroge. On lui répond : « rien n’est sûr ». Il s’agace. La migraine est impuissante à calmer sa paranoïa. Crossbones est arrivé, en trois exemplaires — c’est déjà ça. Sans le décompte de l’espace (murs gris éteints du quartier de l’Europe), on tape dans le mille.
12:00 Publié dans MAS, Pêle-mêle | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 13 septembre 2011
Dans un monde vitré
Dans un monde vitré, la cible n’est jamais le macadam que vous arpentez. Peut-être est-ce plutôt le regard d’un inconnu qui semble refuser de vous dévisager. Peut-être est-ce l’affiche encore neuve, la colle fraîche, dont vous imaginez déjà les lacérations futures, ou la manière dont le vent en emportera de minces fragments. La cible, est-ce l’abribus ? L’inconnu a passé son chemin, son chapeau melon vissé sur la tête, une incongruité à serviette rouge, les mots LA TROBE UNIVERSITY encore lisibles de loin, dans un monde vitré où ne filtrent jusqu’à vous que les sons, comme feutrés, de Lighthouse Trail, Hidekazu Wakabayashi, Lyndsie Alguire.
(1Q84 : la douleur à l’anus de la protagoniste.)
Dans un monde vitré, vous vous damnerez peut-être pour un alexandrin — manquant la cible, avec justesse.
11:11 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 12 septembre 2011
Un peu d'orangeade
Thomas Vinau parle souvent des lueurs oranges (ou est-ce Bortnikov ? lectures nocturnes déjà se confondent). Un des personnages du roman de Murakami déclare que Charles Mingus était dyslexique, d'où viendrait alors ce penchant pictural pour la synesthésie daltonienne (Orange Was the Color etc.). J'attends mon train, qui n'arrive pas (encore). Ta syntaxe hasardeuse (audacieuse ?) se mue doucement en frauduleuse.
09:06 Publié dans J'allaite le nouveau Kant, II | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 11 septembre 2011
3 euros de Barfleur à la benne
Vient de s’esquinter yeux et phalanges à éplucher des traductions – corriger un potimarron. Le néflier a commencé, sous la longueur vivace des giboulées de fin d’été, à laisser choir ses fruits encore durs, tandis que le cognassier plus que jamais ploie. La longue file des jours. Longue file des jours. Pianotages pour reprendre pied. (De mémoire.) Une phrase plus longue apporte un angle nouveau pour cette histoire de file des jours, car il n’est pas assuré que demain lundi sera revanchard. La chaise désormais totalement défoncée pleure des averses, ses clous hors circuit et son novopan éclaté, de sorte que pour lui rendre hommage on s’assoit prudemment, en précaire équilibre, sur son armature, un seul pan de fesse reposant de façon instable – ce qui invite à faire plus attention au monde extérieur (comme c’est étonnant). Alors siffle un souffle, à la cuisine. Vos minutes sont comptées, les deux cognassiers, à coup sûr, numérotent leurs abattis. Du très bon et du moins très bon. Du moins dimanche, mémorable ou non, a-t-il été de bon ton, l’humeur parfaite au rendez-vous, depuis l’insomnie même. Toujours ça de pris. File des jours. Pourrait-on regarder passer les promeneurs et retenir chacune de leurs mimiques, de ce ponton fragile que constitue la vieille chaise sans assise ?
18:15 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 10 septembre 2011
Deux aciers, zéro point
Juste avant midi, Eric, qui se trouvait dans notre quartier pour le roi, s'est arrêté chez nous pour parler de Daniel, avec un Ricard au passage. Au square, Babu Fictions, et Other Routes. Au déjeuner, une bergère. Les haricots verts de Saumur, déjà éboutés, cuisent dans la cocotte. Samedi au soleil, juste avant midi il y a un Jean.
18:41 Publié dans J'allaite le nouveau Kant, II | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 09 septembre 2011
Souffle de septembre
Eric nous a apporté une très jolie plante verte à baies roses dont il ne se rappelle pas le nom et dont les feuilles vertes évoquent un buis ou un thuya que l’on aurait, je ne sais comment, radouci. Je dors bien. Après Agualusa, c’est au tour de Bortnikov. Je lis en plein cagnard, au soleil, sur la terrasse, en essayant de me convaincre qu’il fait très beau. Pourtant, ce n’est pas le sommeil qui découpe l’horizon.
16:36 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)