lundi, 22 mai 2006
Amis
Mon fils a composé un joli dessin pour son meilleur ami, qui va partir à l'hôpital à la fin de la semaine afin d'y subir deux opérations très lourdes. Il a choisi une photographie d'eux deux qu'il aime beaucoup, l'a collée au milieu d'une pelouse et d'arbres dessinés, puis ajouté des gommettes.
Je ne sais pas si je serais encore capable des amitiés violentes de l'enfance. Je sais que je suis devenu incapable de haïr comme jadis.
17:33 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (7)
mercredi, 10 mai 2006
Jardin botanique, mercredi matin
Automne, feuilles de paulownia. Au printemps, fruits du magnolia.
L'ourse Sophie est plus désemparée que jamais, solitaire à tourner en rond dans sa triste fosse de pierre. Willy (nous informe une affichette signée par un responsable de la municipalité) a dû être euthanasié le 30 mars.
Une tortue d'eau, d'une espèce que je ne connais pas et n'avais jamais vue là, a gobé sous nos yeux un poisson mort.
Parfois, le soleil apparaissait, pareil au paon roué.
14:12 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Ligérienne
lundi, 08 mai 2006
Fresque murale de Saint-Savin
18:30 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Ligérienne
vendredi, 05 mai 2006
Tu retrouves, avec la plume...
[Jets du jeudi]
Tu retrouves, avec la plume, tes petits vices stylistiques, des tics que tu t'étonnes de retrouver si impeccablement intacts, après tant d'années, comme une vieille et propre chemise oubliée sous des sachets de lavande. Parmi tes nombreux dédoublements, il y a la main à plume et les doigts à clavier. Ce tic de tout à l'heure te rappelle l'époque lointaine où tu écrivais, influencé par les carnets de M. Songe, Sempiternel, quand je fus mort. On a vu pire.
[[[Ce texte a été écrit en note de bas de page à un texte qui sera publié demain.]]]
18:25 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (1)
Vignettes du vendredi, 5
La fuite en avant.
J'ai ramené de mon périple, hier, outre de nombreux projets de travail, plusieurs billets manuscrits qu'il faudrait recopier dans ces carnets, et voilà que je baguenaude à écrire de nouvelles notes. Il y a aussi une serviette pleine de textes très anciens que je me suis décidé à rapatrier ici la semaine dernière (ils gisaient dans un carton, dans la maison de mes parents).
Pour les notes d'hier, seront-ce les Jets du jeudi ?
15:29 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (3)
samedi, 29 avril 2006
Oisives
Gare à elle ! La case 59 du jeu de l’oie représente une chaumine au soleil, sa cheminée qui fume, et un épouvantail, qu premier plan. Cette scène idyllique, champêtre, bucolique, où respire le butin des prés, ne se laisse pas menacer par la proximité de la Camarde, ni des montagnes noires dignes d’un tarot tragique. On ne souffre aucun retard, dans ces parages. L’épouvantail se réveille doucement, s’anime, comme au commencement de la treizième des Enigma Variations.
23:55 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : TRES GRANDE MUSIQUE
jeudi, 27 avril 2006
Zinzin
D’après le Supplément ou septième tome du Robert (édition de 1983), on pourrait dire que la fauvette ou la mésange zinzinule. Je n’ai jamais rencontré ce verbe. Quelques lignes plus bas, l’entrée ZOMBI donne une citation de Yambo Ouologuem. Le yohimbehe est un « arbre du Cameroun, de couleur violacée, dont le bois est employé dans les mines, en constructions navales ». L’auteur ajoute en italiques que « la décoction d’écorce de yohimbehe est utilisée comme tonique et aphrodisiaque ». Forza !
19:40 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 26 avril 2006
XIV
Entre Samadet et Bégaar, puis, entre Baudignan et Sanguinet, le long des routes vallonnées ou sablonneuses, je tentais d’inventer les vagabondages théâtraux auxquels se prêtaient mal les sièges de la Renault 25 de mes parents.
« Cette courte phrase m’occasionna, je le jure, plus d’effroi, plus de douleur, que si j’avais reçu, inopinément, à bout portant, une giclée de plomb en plein dans la raie. »
Enfant, adolescent, je rêvais d’écrire des milliers de pages landaises, topographies ou saynètes.
13:05 Publié dans Comment je n'ai pas célébré le centenaire de S.B., Droit de cité, Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (2)
mercredi, 19 avril 2006
VII
Lire sous les chênes me faisait penser au Quercy, dont nous avons visité plusieurs sites et villes il y a sept ans. Samuel Beckett a séjourné longtemps à Cahors, où il s’était lié d’amitié avec un pâtissier très astucieux, et plein de verve. On peine à imaginer ce que pouvaient être leurs dialogues. Bien entendu, la biographe, pétrie de son importance, n’en dit pas un mot. Une cinquième phrase transporterait volontiers le spectre de Samuel à Onzain.
13:05 Publié dans Comment je n'ai pas célébré le centenaire de S.B., Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (2)
samedi, 08 avril 2006
Dans la barque de Dante
J’arrive près des rives bleues. Votre âme danse dans la brise. Comme je vous tiens au bras, c’est votre nez que j’oublie.
Vous montez enfin dans la barque – et grince encore le bois, souffle aux oreilles la vieille bise. Pas souvenir de votre beauté.
Une larme de lait dans la mug, un nuage passe. Dire que vous n’aimez guère le rembeng, et je vous suis au trot. Nous attendrons l’automne, Rembrandt, les feuilles de ton chevalet auroral.
15:20 Publié dans Soixante dix-sept miniatures, Sonnets de février et d'après | Lien permanent | Commentaires (2)
mercredi, 05 avril 2006
Marine moderne
Le lave-linge vidange à l’étage, et, passant par la tuyauterie, une puanteur infernale envahit la cuisine, durant quelques minutes. Le temps d’ouvrir les volets, une autre puanteur prend aux narines : c’est le kérosène que larguent sans vergogne les avions de la base militaire, qui ne se contentent pas de courses vespérales ou matinales durant parfois d’interminables heures, mais polluent aussi toute la zone au nord de la Loire. Que de fric envolé dans les bombes & consorts !
13:20 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (2)
lundi, 03 avril 2006
Mon voyage en Ecosse
Il faut, tout comme un armorial, écrire ce texte, qui ne célèbrera pas seulement les barreaux rugueux de l'infini, mais aussi (mais surtout) les ciels aqueux de nos démences.
Une semaine sur l'île de Mull, une impression de bout du monde - encore, vingt-quatre ans après, le goût âcre du lait de chèvre en mémoire, et les folies dans les criques.
Nous sommes de ce même bois.
Le jade et le jaspe, dans vos contrées, on les admire.
19:50 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 02 avril 2006
Visions d’avril, 1
Murs gris, échelle, impression de pellicule d’avant-guerre (au sens large).
Colonnades, inondations, silhouette assise sur un escalier au bord de l’eau. Lent déplacement le long des arcades (je sourcille). Une voix dans l’obscurité, spectrale, fait figure de proue, appelle, invoque, donne un sens profond aux mystères de l’ombre. Tout s’échappe comme en un cauchemar les réverbérations du son contre l’ardoise.
Les voix ne sont pas les potences, avec lesquelles jouent les ombres.
Un masque s'éloigne de rien.
21:14 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (3)
dimanche, 26 mars 2006
20 + 19 + 20
Il est commode de noter ici que déjà vingt textes ont été écrits et publiés dans la catégorie 59 et qu'il en reste donc trente-neuf à composer pour donner un semblant de rondeur à cette rubrique. Pourtant, si ces carnets ne devaient devenir que le simple reposoir (voire le déversoir) de mes maniaqueries arithmétiques, on n'irait pas bien loin. Je dois reprendre le fil distendu de mes réflexions, pour ne pas désarçonner davantage les pauvres lecteurs égarés.
17:27 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 23 mars 2006
Fatrasie du mercredi, 4
Ma compagne me fait remarquer que le peu de commentaires s’explique quand même par le caractère profondément abstrait de ce que j’offre en pâture. (Elle dit ça plus crûment.) Dans le précédent carnet, fermé pour cause de désir d’anonymat, je me livrais plus. L’homme faisait le style. Ici, le style fait l’homme, et tant pis si vous n’aimez pas les spectres !
(Je pense à cela, car cette série de paragraphes composant la fatrasie me paraît bien rébarbative.)
15:40 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (8)
mercredi, 22 mars 2006
Vers le proverbe
Je n'ai pas écrit une ligne de la journée, et c'est maintenant, à presque dix heures du soir, que je trouve seulement à tracer ces mots, qui ne disent pas grand chose, sinon que les notes assez longues publiées plus tôt ce mercredi avaient été écrites hier, et sont donc bien vaines - mais la vanité n'est-elle pas le propre de tout carnet un tant soit peu égotiste ou tourné vers soi ? Sous la pluie, pense au vent.
21:36 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 19 mars 2006
Salon du Livre, 1
Dans un carton de taille pourtant modeste se trouvent pas moins de 3500 exemplaires de la Déclaration des Droits de l’Union européenne, qui sont distribués à la sortie du métro, à la station Porte de Versailles. On ne pourrait faire tenir, dans un de ces cartons, les quatre volumes du Robert culturel.
Les passants saisissent machinalement les opuscules que leur tendent les jeunes hommes et jeunes femmes préposés à cette tâche.
C’est un ridicule gâchis de papier.
En bonus-miroir : Hommage bifide à Paris.
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samedi, 18 mars 2006
Dapper, 1
Lire un roman des éditions Dapper, c’est s’assurer du plaisir d’un livre imprimé sur beau papier, dans une belle encre, avec une typographie élégante, sans la moindre coquille. La typographie, surtout, offre cette découverte exquise : les points sont en fait des losanges. Depuis six ans qu’existe la collection, je prends à ces livres le même plaisir que me procurait, naguère, le Musée Dapper – avant que, déménageant, il ne cède aux sirènes d’une obscure « muséographie » à la mode.
[Avec le désormais traditionnel bonus.]
20:45 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 16 mars 2006
Bestiaire brethon
La semaine se décompose comme suit : jour du loustic, jour du moustique, jour du Laüstic, jour caustique, jour du rustique, jour de l'élastique et jour des boutiques.
" - C'est quoi d'ailleurs, le Laüstic ?
- C'est un rossignol.
- T'en sais rien, oui.
- Mais si, c'est un rossignol ! "
Marie me pardonnera ce mince sacrilège. Le lai montre la voie, guide les ânes, passe par les fourches caudines et les ponts suspendus. La rigolade prend d'assaut les hippocampes au fond de l'eau.
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jeudi, 09 mars 2006
Jeudi d'achats
Acheté le disque d’hommage à Annegarn (Le grand dîner), dont je reparlerai, aussi un récital de Felicity Lott autour de poèmes de Baudelaire ; le dernier Waberi (Aux Etats-Unis d’Afrique), Et le ciel a oublié de pleuvoir de Mbarek Ould Beyrouk, et Nubian Indigo de Jamal Mahjoub, qui paraît en traduction française chez Actes Sud avant même sa sortie dans l’original anglais, outre un Brétecher parvenu postalement, et Zoo, le tout récent Darrieussecq choisi par ma compagne.
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samedi, 04 mars 2006
Tours de ma neige
Le titre de cette note est particulièrement navrant, et rappelle (sans les honorer aucunement) les infinies variations auxquelles se livrent les rédacteurs décérébrés des bulletins municipaux ou les concepteurs des projets pilotes (comme je crois qu'on dit) autour de la polysémie du nom propre de la cité des Turons.
Toujours est-il que le centre ville de Tours était peut-être le seul lieu où la neige ne tînt pas aujourd'hui, elle qui continue de tomber, indiscontinûment, depuis l'aube.
17:55 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (3)
mardi, 28 février 2006
Latte de banc graffitée
Sur le fond de verdure de la butte, je lisais tranquillement à la source des racines, songeant au long fouaillement des taupes, à l'alanguissement merveilleux des lombrics qui sont autant de tortillards échappés d'une rue en pente, et où se voient les costumes annelés de passagers en partance pour un morne bureau, lorsque je vis, presque stupéfait, l'éclat céruléen d'un bandeau net, qui abrite trois hiéroglyphes mystérieux, lesquels sont eux-mêmes accompagnés de fioritures et de brimborions déposés,
comme un pigeon travaille pour la postérité.
(Cette parenthèse finale compte comme une soustraction.)
19:19 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (1)
lundi, 27 février 2006
Froidures et coulures
Ce matin, les températures glaciales s’accompagnaient d’un radieux soleil, d’où une impression de chaleur, presque, par contraste avec l’air d’hier tantôt, censément plus doux, mais brisé par les rafales d’une bise hivernale qui nous rendit presque heureux de trouver refuge dans le Château de Tours, où sévissait, pour le dernier jour, l’installation colorée et vaine du fumiste imposteur, Daniel Buren – surtout ce deuxième étage aux tons d’un rouge flamboyant, où l’œil se perd et s’échauffe le sang.
11:46 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 26 février 2006
En jambes
Je viens d’écrire un sonnet en prose, dans le salon de la maison retrouvée, refroidie et que la chaleur peine à regagner ; je retrouve mes pénates, réveillé depuis six heures par un bruit métallique et sourd resté inexpliqué. Je pianote avec rien dans le ventre, et, aux neurones, comme toujours, des chimères sans espoir. Il reste à peupler de maillots et de jambes (pour ne pas dire jambages) cette dernière phrase semblable au sport de tête.
09:50 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (2)
jeudi, 16 février 2006
La Bourdaisière
[12.02. 22:00]
Je veux (avant de m’endormir, à présent que la fièvre me délaisse (mais là (lasse) est la fatigue)) écrire quelques miniatures afin de peupler un peu le vide que laissera, dans ces pages, une quinzaine d’éloignement sans haut débit (comme je l’ai déjà écrit), et je tombe, par un simple jeu de liens et d’emboîtements infinis, sur le site dont Jean-Claude Bourdais vient de cesser la publication et qui est une mine. Du coup, je n’écris pas.
12:15 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (1)