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jeudi, 31 mai 2007

On dit que Jeanne est revenue...

    Il aura fallu soixante-dix sept traces de canif dans la pierre, au hasard, à l'aveugle, pour tomber enfin, la paume en sang, le poignet presque brisé, sur une source belle d'évidence, comme dans les visions mystiques, comme dans la danse infiniment reprise, le tourbillon des derviches soufis, il aura fallu ces soixante-dix sept erreurs, tâtonnements, gravures, marques, entailles, pour qu'enfin, comme si de rien n'était, au gré d'un texte juste suscité par la lecture de quelques vers plus frappants encore de John Skelton, ou par une soudaine giboulée de bientôt juin, apparaisse une date évidente, un événement que tous connaissent, sans même qu'il fût besoin de passer par le truchement de recherches ingrates quoique cocasses :

31 mai 1430

 

Alors, autour des barques folles,

les flammes rouges montent du sol

Et, devant l'évêque de Meaux,

on la condamne à demi-mot.

 

Après quoi, il fallut renoncer. (Rivette et Quintane, c'en était trop.)

17:00 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Histoire, écriture

57/77

   Lire les quelque 1400 vers brefs de Philip Sparrow, écouter les Douze variations sur un thème de Johann Caspar Fischer (KV 179). Menus plaisirs futiles que l’on ne peut conter. Soudain tombe une averse, une vraie giboulée de pas même une minute, mais violente en diable. Ce que vous chantez, là-haut dans les nuages joufflus, je ne l’entends pas, mais les giboulées de juin me tiennent compagnie. Soixante-dix sept fois sur le métier le batelier de l’aube…

14:30 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Musique, écriture

Été étrusque

    Mon âme éraillée criaille. C’est l’été étrusque, criblé de nuages. Errance chrétienne parmi ces hères crevés : du bout du talon, je leur donne trente coups de pied. Pitié !

09:22 Publié dans Sonnets de février et d'après | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Poésie, Sonnet

lundi, 28 mai 2007

Flotard d'Hébrard...

    La prise de possession par Flotard d'Hébrard a lieu le 28 mai 1450 et donne lieu à une prestation de serment des habitants. (Source : Histoire de Lentillac-du-Causse)

20:00 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (1)

Bal des ardents

Emmenez au bal des ardents
Cette fière amazone qui
Dansait le branle au trot requis
À en braver tous les croquis
Menez-la au bal des ardents

Dans cette folle sarabande
Au bal frivole dont le feu
Pousse au plus tendre des aveux
Moines hâves, seigneurs grincheux
Que les filets encor se tendent
Dans cette folle sarabande

Que du silex blanc de vos dents
Vous me souriez j’en suis aise
Et m’enfonçant dans la fournaise
Ça fond tels des barreaux de chaise
Oui j’emmène au bal des ardents
Le soleil silex de vos dents

Mômeries du bal des ardents
Les moines du péché se gardent
Les dames de leurs yeux me dardent
Et nos ribambelles se fardent
Du soleil violent de vos dents
Menez-moi au bal des ardents !

14:50 Publié dans Odelettes d'été | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Poésie

Longue queue de paon

    Une longue rampe d’escalier, c’est l’idéal pour plier les draps, si on doit le faire seul.

Au Jardin botanique, le paon faisait la roue. Toi, quand même, t’as pas inventé la poudre ! It was love at first sight. Elle poussait des soupirs à fendre l’âme, mais lui s’en irritait, comme du bruit intempestif mais régulier d’un robinet qui fuit. En fait, je n’ai jamais lu L’Acacia de Claude Simon.

 

Il met la dernière main à sa thèse consacrée à la réception des pamphlets antisémites de Céline entre 1944 et 1991. Fleming ne sait toujours pas où crécher. Au Jardin botanique, nous avions admiré longtemps les longs volatiles graciles, aux pattes arquées, artificiellement rosis dans le soir lumineux.

 

Le serpent dans l’herbe rampe, attire le chant sur la harpe du barde.

Ouvrez la boîte de Pandore, où l’interdit trouve à s’épancher ! Je me rappelle avoir lu le deuxième album de la série des Astérix, à sept ans, dans ma chambre, en n’y comprenant pas grand-chose. Honoré d’Urfé cassa la mise en scène.

 

Ça, c’est un sacré rôti de porc, de Souvigny s’il vous plaît ! C’est lors d’un cours de français, en classe de troisième ou de première, que j’appris l’origine de l’expression  « jouer la mouche du coche », n’ayant jamais lu la fable de La Fontaine qui lui donna naissance. Quand ils arrivèrent à Gimel-les-Cascades, leur premier réflexe fut de photographier le clocher quadruple.

10:12 Publié dans Dimanche pleurera | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Fiction, écriture

dimanche, 27 mai 2007

Épistrophe

    J’écris trop souvent directement à la fenêtre, mais puisque vous lisez Hop Frog, je n’ai pas de raison de me gêner. Dans ce charivari, je n’aime guère la tournure des événements. C’est sûr, il a bien aimé le film, oui, il a bien aimé. Primadol, la solution imparable contre les pellicules. Ils voulaient que je saute d’un avion accroché à un champignon. Sur la pochette blanche le visage rouge du chanteur se détachait, carré de sang dans la lucarne. Ce soir, ma mie, j’ai le cafard. Les ombres pâles du soir descendaient sur le cottage de Harry, qui était venu s’y reposer après une quinzaine de fortes tempêtes londoniennes. Jacques Abouchar n’arrêtait pas de faire des blagues pleines de finesse. Dans ce charivari, excédé, je n’aime guère la tournure des événements.

17:33 Publié dans Dimanche pleurera | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Fiction, écriture

mardi, 22 mai 2007

Le Printemps ment

    En attendant Travers IV, peut-être l'hiver est-il, avec toutes ses ambiguïtés, un avant-printemps. 

Georg Heym a écrit un poème qu'il a intitulé "Printemps", par le mot français, et qui est tout autre chose que printanier. C'est encore plus vrai de son "Frühjahr", où la dissonance est criante entre le titre et le sujet vraiment traité, qui est la montée, non de la sève, mais de la mort. Ce que Kurt Mautz résume dans la pertinente formule : "Der Frühling lügt". Et il cite à l'appui Kafka, mais non pas Trakl. (Robert Rovini. La fonction poétique de l'image dans l'oeuvre de Georg Trakl. Les Belles Lettres, 1971, p. 46)

 

Je reste coi, dans mon coin, tandis que le texte belliqueux me fait la nique. (Elle refuse de travailler plus longtemps au Printemps et s'envole pour San Francisco, enregistrer un album de belle daube.)

00:55 Publié dans Fall in Love | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Littérature

lundi, 21 mai 2007

De facto, perforce

    Cela peut se généraliser, assurément, autant dire que la poésie, l'acte d'écriture, s'entend ici/aussi au sens large. 

Poetic Influence - when it involves two strong, authentic poets, - always proceeds by a misreading  of the prior poet, an act of creative correction that is actually and necessarily a misinterpretation. The history of fruitful poetic influence, which is to say the main tradition of Western poetry since the Renaissance, is a history of anxiety and self-saving caricature, of distortion, of perverse, wilful revisionism without which modern poetry as such could not exist. (Harold Bloom. The Anxiety of Influence. O.U.P., 1973, p. 30, emphasis added)

 

C'est le cas (le hasard fait bien les choses) de Samuel Beckett relisant frénétiquement Johnson, et peut-être bien de Samuel Butler se passionnant pour le poème satirique de son homonyme déjà lointain dans le temps.

00:50 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Littérature

dimanche, 20 mai 2007

Qu'en biais

    À un point du récit, le narrateur rencontre, avec quelques réserves de principe, celui qui ne cesse ensuite de réapparaître dans ses journaux, sporadiquement mais de façon marquante, et dont le patronyme, transcrit par homophonie, s'écrit qu'en biais

Ossip Mandelstam périt épuisé dans un camp de transit après avoir donné avec une superbe effronterie le chant le plus pur et plus matinal d'un siècle épouvantable.

(Gérard Vincent. Sous le soleil noir du temps. L'Âge d'homme, 1991, p. 14)

 

C'est juste avant le printemps qu'il le rencontre, au temps de Cerisy.

14:40 Publié dans Fall in Love | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Littérature

Deirdre des douleurs

    La remise à outils est attenante au dortoir de l'abbesse qui est aussi le réfectoire.

Quel est le goût de l'épine ? Quand il vit l'éléphant foncer droit sur sa Porsche neuve, il eut un sursaut d'orgueil. Le mendiant devant l'église était blotti contre la pierre froide. Personne ne voulait lire A Novel of Thank You, et encore moins en publier la traduction.

Je suis à la merci du premier corniaud venu, et toi tu restes là, les bras ballants. Êtes-vous un triton ?   Quand j'écoutais Scritch, un petit sourire me montait immanquablement aux lèvres. Hier soir, le tromboniste était très en verve. Quand reverrai-je, ô mes aïeux, la douce page de verdure des dames en robe, mais aussi Knobs and thorns, ce livre juste ébauché ?

 

Tu me demandes quel genre de prénom est-ce, Deirdre ? et je suis embarrassé, car ce genre d'équivalent de Cunégonde a aussi ses lettres de noblesse (Deirdre of the Sorrows) et est encore donné, apparemment, aux Etats-Unis. Près du puits des saints, j'avais posé mon baluchon. Ce février-là, à Bagnères-de-Bigorre, on avait suivi les trottoirs froids, pour une promenade un peu mélancolique.

... de la queue et claquetant de la semelle... Tout, de Beckett à Quintane, est affaire de chaussures. Ah tiens, vous tombez bien, je reprendrais bien un peu de formage.

 

C'est la saison des cerises, et je délecte de leur jus rouge profond. I.B., l'homme des montagnes, d'une voix caverneuse, leur indiqua le chemin du gîte le plus proche. Ce sont frondes que vent agite. Imaginez-vous qu'il n'a toujours pas ouvert ce livre acheté il y a deux mois, dont le titre, inversé visuel, est impossible à reproduire au moyen d'un simple traitement de texte, mais dont on peut toutefois dire qu'il est de Marc Cholodenko ? Je fus sur ce calme / miré nuage.

10:40 Publié dans Dimanche pleurera | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Fiction, écriture

samedi, 19 mai 2007

Au bagne

    De la surdité naît l'absurdité. Dans la brève encyclopédie, Aragon suit de près Adamov. Il vivotait, passait des heures à répéter son numéro. C'est non loin de Saumur, dans cette bourgade triste que traverse la route nationale, que je pris un café, photographiai les toilettes du bistrot, puis repartis en Clio sous la belle lumière grise de novembre. Il passa tant d'années au bagne. Quand je vivais à Beauvais, je passais rarement dans le quartier délabré de la soie Vauban. Le troupeau bêle, le berger vaque à ses occupations (sieste). Un pernod, et que ça saute. Connaissez-vous l'histoire du mange-pierres vert ? Ou, bien sûr ; je la tiens de Gertrude Stein.

12:22 Publié dans Dimanche pleurera | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : Fiction, écriture

"Pratique du contage"

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11:55 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Langue française

vendredi, 18 mai 2007

Ici aussi là-bas

    Jean André tenta de s'opposer au mariage de Françoise Girard, mulâtresse libre, avec son esclave nègre François Xavier. Le curé passa outre le 18 mai 1751 en déclarant que le décret de M. COQUILLE autorisait cette union. (Source : Généalogie et Histoire de la Caraïbe, n° 7, juillet-août 1989, p. 50)

22:00 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (0)

Prennent ratures

    L'auteur de Samedi 12 mai (carnets dont je vous recommande la lecture) m'avait écrit ceci : "depuis quelques merveilleux milliards de siècles, rater occupe et divertit la matière". Or, j'y ai repensé en relisant "L'Eden sans rivage", le très beau texte que Claude-Michel Cluny a consacré à Malcolm Lowry : Un faisceau de ratages. Autrement dit, la démarche devient obsessionnelle, et d'une manière irréfragable.

Le monde tangue quand la langue s'empâte.

17:51 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Littérature, écriture

Mai 849

    En 845, Charles croit pouvoir soumettre lui-même la Bretagne : il est vaincu à son tour dans les marais de Ballon, près de Redon. Une paix précaire s'installe mais Nominoë affirme son autorité, sinon son autonomie, en tenant en mai 849 un synode à Coitlouh, au cours duquel il dépose cinq de ses évêques en prétextant de leur indignité et les remplace par des prélats de son choix ; décision fort importante à une époque où le temporel et le spirituel n'étaient pas dissociés. Charles le Chauve intervient encore en 850 mais sans résultat.

12:00 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (0)

Béats

    Ce fer est de la glaire

c'est comme la suie de la montre et l'air de la croix.

Il lave la tonte, les étoles taisent

une autre glèbe, l'air et le four de Dieu

qui moquent l'ennui :

nuire.

[Verdier 2002.23]

08:49 Publié dans Xénides | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, écriture

jeudi, 17 mai 2007

Maraude

    Dans le miroir où tout s'effondre

Où tu te regardes pleurer

Le fleuve est noir l'orage gronde

Et ton monde se perd dans l'onde

Yeux ô renards désemparés

Dans le miroir où tout s'effondre

 

Le fleuve est glauque l'heure tourne

À ces instants chatironnés

Recuits à l'encre qui n'entoure

Au grand jamais rose ni foudre

Même tes pleurs sont erronés

L'heure à l'horloge glauque tourne

 

23:55 Publié dans Odelettes d'été | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie

mercredi, 16 mai 2007

Plumez-les !

    Jean le Maignan, seigneur de Kerangat et de Kerbasco, rendit aveu au duc de Rohan pour sa terre de Kerangat, le 16 mai 1640.

21:00 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (0)

Rue des masques

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    Il y avait si longtemps que rues, plaques, places, gouttières, bribes de murs avaient échappé à leurs regards que soudain ils se dirent que ça n'en valait plus la peine, la coupe était pleine, et du coup  à quoi bon chercher encore la pierre philosophale sous les noms, les signes, les affiches, aux balcons, sous les mots qu'embrase le vent ?

16:40 Publié dans J'allaite le nouveau Kant, II, MAS, Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : Photographie, écriture

Prête-nom (Carbone 14)

    Quoi qu’il advienne, il se tient coi. Rien ne le rebute, de ce monde de tertres où même les plumes d’Indien sont allergéniques. Ni la fouine, ni le putois, ni la belette, ni l’hermine ni même le glouton ne sauront dénicher les œufs de l’écureuil. Ça coûte la peau du cul, oui ! Toi, avec tes sorties violentes, tu me coupes le sifflet. Le médecin tira du coffre de sa voiture une trousse de premiers secours. Cela fait une éternité, des lustres vraiment, que nous n’avons pas vu Vincent. Quoi qu’il advienne, il s’obstine à regarder le problème sous toutes ses facettes. Il pleut des orangeades. Au zoo de Beauval, nous les avons admirés sous toutes leurs coutures, et eux nous ont renvoyé des mimiques multiples, comme à travers un miroir. À bien y réfléchir, Thomas non plus n’est pas venu nous rendre visite depuis des mois. Quoi qu’il advienne, son père se montre très sévère avec lui : ceci explique peut-être cela.

10:20 Publié dans Dimanche pleurera | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, écriture

mardi, 15 mai 2007

La monnaie de ta pièce

    En 1629 à Bordeaux, ce sont 703 doubles tournois (et deniers tournois) qui ont été mis en boîte, puis en circulation suite à sept délivrances, entre le 15 mai 1627 et le 31 décembre 1627.

20:00 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (2)

Mardi pleuvra

    Florine Pré a gribouillé plusieurs pages de Rimbaud le fils. À chaque fois qu'il regardait le P.M.U., c'était la même chose, il devenait comme fou. Vous lui avez tendu votre carte vitale, et alors la carte d'électeur est tombée au sol et s'est perdue dans l'épaisse moquette berbère. Tout de même, un chien à trois têtes, ça se remarque, et un berger sur échasses, avec une sorte de blouson américain et des yeux ouverts multicolores dessinés partout dans le dos, je te dis pas. Quand l'avocette s'envola, nous étions déjà endormis. J'en demande pardon par avance à Jésus... La part paisible de mon existence a cessé d'être, ce jour-là.

 

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Le texte ci-dessus est le treizième de la série Dimanche pleurera, qui, contrairement à la plupart des "rubriques" de ces carnets, n'est pas restreinte a priori dans le nombre de textes éventuels.

De plus en plus souvent, quand j'écris les textes qui composent Dimanche pleurera (dont je m'étonne d'ailleurs qu'il y en ait aussi peu), je me dis que chaque embranchement laisse de côté des dizaines d'embranchements parallèles et qu'il faudrait, idéalement, reprendre chacun de ces textes et les creuser, les enrichir, suivre d'autres pistes, plus intéressantes. Le principe structurant, qui est celui des kyrielles, a fini par déboucher sur une étonnante uniformité. Nécessité de faire "exploser" tout cela !

Ainsi, ici, en tirant sur l'un des bouts de ficelle de la première phrase, le texte a ouvert la voie P.M.U.. Mais il y avait sans doute d'autres pistes à défricher : Gribouille, Florine, Rimbaud, pages...

16:27 Publié dans Dimanche pleurera | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Fiction, écriture, Poésie

Pour répondre à un double commentaire de ma chère & tendre

    Voici une explication de ce doublon (que je laisse en ligne, pour les éventuels comparatistes) : C'était travaille sous Macintosh, donc ça marche mal.

Voici à présent pour expliquer d'où viennent de telles questions :

  1. Les deux premiers vers de ce poème (un onzain, comme tous ceux de Zézayant au zénith) ont été trouvés dans un demi-sommeil, deep inside my bed, ce matin.
  2. Par ailleurs, j'ai demandé à C'était, ce matin également, s'il existait un terme pour décrire les strophes (ou les poèmes) de sept vers. Un sizain, un huitain... un septain ?

 

Réponse : en fait, je n'ai jamais eu l'intention d'écrire un septain à partir des deux premiers vers de L'Aigle blanc. (Frustrant, hein ?) Ce devait, d'emblée, être un onzain. Les neuf autres vers ont été composés entre deux portes, si je puis dire, sur mon lieu de travail (et avant d'aller assister à une représentation théâtrale qui... [STOP]).

15:53 Publié dans Fièvre de nombres | Lien permanent | Commentaires (2)

L'Aigle blanc

    L'Aigle écartelé sur l'écusson écarquille

 

Admirables ses yeux Sur tout

il pose le regard

généreux des ambassadeurs

libres de royauté ou tyrannie Qu'importe, il

entre en majesté dans le ciel comme une salle

 

baignée de lumière où

l'aigle écartelé sur l'écusson écarquille

admirables ses yeux Sur tout

ne plane-t-il, la proie de son regard,

comme un doute farouche à rougir les blasons ?

 

10:00 Publié dans Zézayant au zénith | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Poésie, Héraldique, Intime

lundi, 14 mai 2007

Dieu seul me voit

    Le bleu de Prusse, comme le bleu roi, colle aux nuages et désempare le moujik. Ce sont de ces chats blancs que le Ciel nous envoie ! Nageant dans le pétrole, il vit un émir. Qui a dit que l'oxymore était devenu le pont-aux-ânes de la critique littéraire estudiantine ? (En même temps, comme dirait l'autre, c'est une redondance.) Le jour où valsait Odilon, c'était du caviar pour les moines. C'était sur les rives du Gange, où habite cette sorte de crocodile, seul de son espèce (et même de son genre). Pense à Fernande !

19:26 Publié dans Dimanche pleurera | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : Poésie, écriture

Novionates (378/20)

    Quelle douceur n'est quelle fureur. Qu'elle est douce, qu'elle est furieuse, la main à charrue qui soudain se repose. Sur la rive, sur la berge, j'ai aperçu un cincle. Il a scintillé en plein soleil, comme la lame de silex quand elle fait des étincelles. De la douceur aussi peut naître une fureur passagère, quand le vent déplie ses vagues.

De la berge, de la rive, j'ai vu couler les années, et le cincle plonger, ressortir à tire-d'ailes, frais comme un gardon.

Tout de même, tu me tires des larmes.

Il n'y a rien, pas le moindre mouvement au crépuscule paisible, et plus de silence dans les allées mortes pour emmurer ta mémoire, qui ne soit à même de faire naître, dans ta caboche qu'adoucit le vent, de quelconques regrets.

17:40 Publié dans Novionates | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Musique, Mozart, écriture

Pleins et déliés

    C'était au matin de sa vie

De ce seul doigt que je désigne

Pleins et déliés de l'infamie

Un soubresaut d'aile de cygne

 

De ce seul souvenir diffus

Son avenir comme les algues

Englué empêtré confus

Le trot des chevaux de Camargue

 

C'était sans joie et sans envie

D'un soubresaut d'aile de cygne

Se vêtir de feuilles de vigne

C'était au mitan de sa vie

 

07:25 Publié dans Odelettes d'été | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie

dimanche, 13 mai 2007

Dans le réfectoire

    Le chocolat au lait amer avait un arrière-goût d'asperge. Celle qui se prénommait Raphaëlle lui avait soudain jeté un verre d'eau à la figure, tant elle était exaspérée par ses facéties, qu'elle prenait pour des piques. Dieu seul me voit quand je mastique. Le petit de l'âne, l'adverbe archaïque qui signifie tout de suite et l'abréviation la plus courante pour désigner, en anglais, un auteur anonyme, sont, à certains détails infinitésimaux près, homographes. Nous l'allons montrer tout à l'heure.

20:20 Publié dans Dimanche pleurera | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Poésie, écriture

Texte objet

    Déjà l'an dernier il avait cru bon de s'immiscer, de s'inviter, d'être lui aussi de la fête. Il y a quelques semaines, j'avais cherché quelques dizaines d'anagrammes pour son nom complet, mais sans y penser, sans imaginer qu'ils seraient d'une quelconque utilité.

Il sera dit que le 13 mai est la date de tous les trucages, des plus minutieuses foirades.

Sans savoir pourquoi je le feuilletais ni d'où tombait ce vieux numéro du Magazine littéraire, j'ai relu une chronique d'Enrique Vila-Matas. Il y cite Calvino citant Monterroso et son "conte très court [le] plus parfait". Vila-Matas, traduit par André Gabastou : "Il arrive que l'auteur de textes brefs désire plus que tout écrire interminablement de longs textes." J'enrage. Vila-Matas toujours : "Toutefois, Monterroso n'est peut-être pas exactement un auteur de textes brefs, mais plutôt un auteur de textes brefs infinis." La messe est dite.

Encore j'ai encore des jours et des jours pour écrire les textes brefs de Bel arciel. Pierre Le Muet fait creuser les fondations. La galerie Le Nez au vent est enfin ouverte. Un 13 mai comme un autre.

(Dimanche 13. 43 souvenirs.)

15:05 Publié dans Bel arciel | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Fiction, écriture

= La trappe =

    Comme il a pas moins de quarante-trois livres en attente sur sa table de chevet et aux autres points d'entassement, relire Beckett passe à la trappe.

14:24 Publié dans Bel arciel | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Fiction

Objet irradié (L')

    Si ça se trouve, il n'y a aucune raison pour que la quatrième des Variations de la Sonate pour violon et piano KV 481 soit interprétée en soixante-et-onze secondes (1'11").

(En même temps, on le sait très bien, répétait à qui mieux mieux Romuald-Blaise.)

Samuel s'y entend, à nous engluer dans ses filets. (Mixed metaphors are my forte.)

Après plusieurs travaux ardus, il s'était dit qu'il allait poursuivre sur la lancée, ce qui ferait de sa matinée l'une des plus productives. Seulement, voilà, il s'était retrouvé à récurer une vieille friteuse. Pas de lancée qui tienne.

Pierre Le Muet en supervise la reconstruction, pour le compte de Claude Bouthillier, surintendant des finances de Louis XIII.

Pas de lancée qui tienne. Aucune liane que je n'ai tancée. (Vous n'avez rien vu.)

 

11:11 Publié dans Bel arciel | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Fiction, écriture

Pilé nuages

    Bérénice s'arrache les cheveux à pleines poignées

rêve de verre brisé

urnes de bris de verre pilé

nuages de verre cathédrale

orangés

 

Comme Bérénice

arrache avec joie sa chevelure de verre de

nuages

il pleut dans les voilures

ne rêvez plus Bérénice Les

océans de verre vous emportent par vents et marées

10:10 Publié dans Zézayant au zénith | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, Musique

samedi, 12 mai 2007

Objet flou derrière

    Sur ce portrait photographique de 1959, Samuel B. a l'air espiègle, les lèvres pincées et son beau regard chavirant. Il semble pétri de cette terrible drôlerie de la vie que l'on sous-estimera toujours, le lisant. Les hautes instances de Trinity College (où il devient, presque cinquante ans plus tard, si difficile d'envoyer des lecteurs, même parmi les étudiants les moins doués) viennent de lui décerner un doctorat honoris causa, et le photographe du quotidien Irish Times le saisit là, posé, lunettes parfaitement rondes, la mèche volontaire mais sans défi. Cet homme est l'homme le plus amusant du monde, et pas l'épuisé de Deleuze, ou que sais-je encore.

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Quand il s'éveilla, il n'était pas question des pamplemousses corses, ni des oranges d'Islande, ni des goyaves de Jersey, ni des melons de l'île de Mull, ni des citrons de Sakhaline, ni des abricots de Madère, mais toujours et encore de la banane sarde (débat), de la banane sarde (débat), de la banane sarde (débat), de la banane sarde (débat), de la banane sarde (débat), de la banane sarde (débat).

C'est à devenir dingue. Quand reviendra-t-il nous hanter, le bas teckel muet ?

23:33 Publié dans Bel arciel | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Fiction, écriture

vendredi, 11 mai 2007

Objets pour le culte Slabbinck

    Le titre du texte : ... débat sur la banane sarde ...

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HEURTOIR DE FIN : le traducteur.

22:23 Publié dans Bel arciel | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Fiction, écriture

Objets de Kuiper (Des)

    Après avoir passé deux journées entières à travailler dans la galerie de son vieil ami, il tombe comme une souche la nuit, et soudain ce matin-là il se réveille en sueur. Il n'a toujours pas rêvé du bas teckel muet ni de la visiteuse inconnue, mais des grappes de mots continuent de le poursuivre, dans ses songes comme à de brefs et furtifs instants de son existence éveillée.

Il s'est réveillé en sueur, et ce dont il avait rêvé, c'était d'une banane sarde. Mieux (ou pire), il regardait, sans pouvoir détacher les yeux de l'écran de télévision, un débat sur l'inflation galopante du prix de la banane sarde. Le mot débat ne cessait de revenir, et bien sûr cette stupide expression "banane sarde".

Le débat était stupide. Il y avait un archevêque vieux jeu, un patron de bowling et une ancienne strip-teaseuse. Quand l'homme se réveilla, il n'eut pas même besoin de se dire qu'il ne poussait certainement pas de bananes en Sardaigne. Il le savait, l'avait su tout le long du rêve interminable. Et d'ailleurs, la question n'était pas là : ni le vieux schnock en soutane, ni le maquereau ni la sous-actrice X de bas de gamme ne se souciaient de la Sardaigne. La banane sarde, dans le débat, n'avait à peu près aucun rapport avec la Sardaigne.

Le débat était stupide, mais, quand l'homme se réveilla, il sut tout de suite qu'il lui fallait rechercher, sur ses étagères encombrées de livres, son exemplaire du Jour du jugement de Salvatore Satta.

Pendant ce temps, le bas teckel muet faisait la sieste dans une balancelle de jardin à motifs floraux verts et orangés brûlés par le soleil. Pendant ce temps, Baclaque rentrait chez lui, essoufflé, balançait son vélo dans un recoin du garage, cherchait frénétiquement un clap de cinéma. Pendant ce temps (l'homme désormais buvait son café à petites gorgées), la viduité devenait un sujet de thèse de philosophie.

En mâchant un croissant, l'homme repensa au débat sur la banane sarde, puis eut une nouvelle illumination épuisante : HEURTOIR DE FIN. Le jour du jugement n'était pas pour aujourd'hui.

21:22 Publié dans Bel arciel | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Fiction, écriture

Objets de l'énigme

   Bel arciel : tout a toujours déjà été expliqué ici.

(Mais tout aussi bien.)

19:20 Publié dans Bel arciel | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Fiction, écriture

Objets du pédalier

    Baclaque pédale comme un dératé, à en perdre haleine. En passant le pont il a extirpé la capote usagée de la poche de son veston et l'a jetée dans l'eau furtivement. Il se répète sans cesse tu bois du kir tu fais du ski c'est un sketch de roman oui oui. Il a balancé la capote usagée par-dessus la balustrade, oui, oui. Baclaque adore le canard à l'orange. Baclaque adore les ferry-boat déglingués. Baclaque adore les bordels où il dépense tout son pognon quand il ne trouve pas des drôlesses à lutiner gratis. D'un geste preste et furtif, oui, oui, oui, il a balancé la capote usagée dans l'eau, tout en continuant de pédaler comme un dératé.

Baclaque adore les chapeaux, qu'il collectionne mais ne porte jamais quand il fait du vélo. Baclaque adore aller voir la mine dépitée des candidats malheureux, le soir des résultats de l'examen national. Baclaque adore se gominer les cheveux, surtout quand il s'apprête à pédaler comme un dératé, qu'il ait ou non un objet à extirper de la poche de son veston (ou de son manteau) et à balancer dans la flotte. Et surtout, Baclaque se contrefout des bas teckels muets. Il se répète sans cesse, maintenant qu'il s'est débarrassé de sa capote usagée, des phrases sans queue ni tête qu'il déverse sans le savoir dans la tête malade de notre héros : j'adore le kirsch persan et je m'appelle Motkick - j'adore jouer au poker dans mon tank, et passer tout mon smic à boire du kirsch.

Il pédale, se contrefout des bas teckels muets.

18:19 Publié dans Bel arciel | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Fiction

jeudi, 10 mai 2007

Objet sablonneux venteux

    Je ne suis pas d'avis d'en ajouter encore et encore à la viduité, plutôt d'évacuer le plein, et délier les langues pour qu'enfin elles se taisent, si vous voyez ce que je veux dire. Si vous voulez ce que je vois, alors je vois des nuages en palimpsestes, des essences rares qui fuient, j'entends le sifflement du cristal sous le ronronnement du lave-vaisselle, je hume le froid de mes avant-bras sous la caresse du bouquet fané, et je goûte mille morts à me pelotonner contre le paillasson. Rien de terrible, finalement, et pas même de quoi épater la galerie.

L'enfant fut conçu un 13 avril, près du fleuve. Sur une plage déserte et chaude. Moment terrible et décisif. Au même instant, Samuel et Jasper discutaient de foirades.

23:30 Publié dans Bel arciel | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Fiction, écriture

Au grand galop

    Ma calvitie galope. Une p'tite goutte de gnole, ça ne peut pas faire de mal. Gene Kelly sous la pluie, mouillé comme un trottoir, troque son parapluie pour des idées notoires. De Chicheboville à Cherbourg, il ne doit pas y avoir plus de cent kilomètres. Vous m'avez dit que j'étais une vraie princesse au petit pois. À Cherbourg, ils se gavaient de biscuits fourrés au chocolat. Enfant, j'allais parfois, à vélo, acheter le pain à l'épicerie du village. Tu ferais mieux de jouer au loto, tiens. Une p'tite goutte de gnole, a-t-il répondu stupéfait, les yeux écarquillés. On dit l'amour est aveugle, mais il faut bien croire qu'il voit... Sur la couverture du livre de poche était représenté un détail des Enervés de Jumièges, crois-je me rappeler, même si, en regardant aujourd'hui la toile, j'ai le sentiment que je me trompe. "Pourtant, avec ta mémoire..." a dit la maîtresse d'école. À Chicheboville, on avait photographié Delphine avec ses couettes. Ma calvitie galope.

11:10 Publié dans Dimanche pleurera | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Fiction, écriture

mercredi, 09 mai 2007

Reste

    Toute de nacre

Maintenant qu’elle a retrouvé son arme

Qu’elle s’est replacée

Au nœud gordien du bois

Elle est toute de nacre

 

Le péché sous la peau

N’en faire peu de cas Que très trop peu de cas

La femme nacre barre le ciel

Comme une aiguille dans les Alpes

 

Travaux d’aiguille

Armée

Elle trame creuse la mer

Lance ses filets dans les criques

Elle est toute de nacre encore

La femme nacre

 

Lentement toutefois elle entre dans la danse

Et ce qui vogue dans les airs

Sont-ce des os sont-ce des chansons de marins

Sont-ce peut-être des crânes

Elle tournoie si lentement

Dans les rues de Blois désertées

Toute de nacre.

18:50 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Poésie

Objet de la trousse (L')

    Triste après-midi de chien, pensa-t-il. Triste folie de fendre l'air sans raison. Le froid comme le chaud sont à couper au couteau. Dans mon aquarelle je me marre.

15:15 Publié dans Bel arciel | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Fiction, écriture

mardi, 01 mai 2007

Objets au ras

    Quand il eut achevé son collage majeur, il dîna sur le pouce, puis se ravisa et alla voir, sur la table du salon, le collage encore frais, qui représentait bel et bien un bas teckel muet, c'est-à-dire qu'il avait réussi à représenter un chien court sur pattes, tout en longueur, avec une sale gueule, tortillant de la queue, mais il l'avait dépeint (ou plutôt : collé) dans un cadre de rues et de fenêtres qui en montrait la bassesse, à trottiner au ras du sol ; la prouesse la plus nette était d'avoir su en représenter la mutité, le mutisme forcé, l'impossibilité même du laconisme, ce par tout un jeu de phylactères, de bulles et de macaronis sans nul texte pourtant.

15:15 Publié dans Bel arciel | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Fiction, écriture