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lundi, 31 octobre 2016

13

13

Pourtant, ces considérations sont parties de la rime, de l'idée qu'il m'arrive d'avoir que chaque nouveau poème rimé mis en chantier est, au fond, au profond, la volonté de retracer ce qui s'est produit le jour (que je ne me rappelle pas du tout) où j'ai saisi ce qu'était la rime, avant de m'en saisir.

Même quand un poème n'est pas rimé, il se passe quelque chose, dans la langue, qui est de l'ordre du jeu des rimes.

–– Pas question ici des poèmes en prose farcis de rimes internes. Même quand il n'y a aucune rime, aucun jeu sur les sonorités (je déteste cette expression, pourquoi d'ailleurs?), l'acte poétique consiste à se situer hors du moment présent pour habiter un autre lieu, ou même le créer, par un acte d'irréalité dont le meilleur exemple est la rime.

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Bref bilan

    Le dernier jour d'octobre est souvent, je ne sais pourquoi, l'occasion d'un bilan.

Curieusement, je n'ai pas trouvé, dans les archives de précédents 31 octobre, de quoi écrire un billet pour le journal en stéréo.

En revanche, je peux tracer ici un bilan sommaire de ces dix jours landais : en quatre jours à Hagetmau, j'ai traduit une quarantaine de pages de Ngũgĩ, mais rien à Cagnotte. Commencé aussi à tenir des carnets de traduction au fur et à mesure que j'avance dans ce qui sera peut-être un projet de longue haleine.

Promenades : Aubagnan, Pau, marais d'Orx, la Salamandre (bien sûr), la Fougère à Tyrosse.

09:48 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 30 octobre 2016

12

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Définition possible d'une poésie (d'une poétique?) : du joyeux n'importe quoi.

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samedi, 29 octobre 2016

11

11

Eh bien, c'est du joyeux n'importe quoi, tout ça.

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Anadiplotiques

Untung-untung

    29 octobre 2013

La chatte a dormi jusqu'à six heures sur le vieux fauteuil, sur la rochelle. Elle n'aime pas trop le garage d'ici en automne. Automne où, malgré les 17 pouces, l'écran paraît petit pour garder deux fenêtres ouvertes simultanément. Pas de connexion ici, juste le smartphone et la pluie contre le volet, qui écrase aussi les tas de feuilles. Mal encore au bras gauche perclus de vibrations, je me déguise en clergyman abominablement barbu.

 

29 octobre 2016

Ce matin, c'est à Cagnotte que nous sommes ; la chatte dort toujours au sous-sol, le plus souvent dans la chambre d'en bas, avec ma mère. Ma mère qui vient de nous appeler, car la Kangoo ne redémarre pas, et si cela dure, s'ils sont coincés, mon père et elle, à Dax, j'irai les chercher.

(J'attends leur (r)appel, dans dix minutes. La dernière fois que cela lui est arrivé (à ma mère, à la Kangoo), le moteur avait redémarré sans problème au bout de dix minutes.)

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vendredi, 28 octobre 2016

10

10

Mettre un poème au repos, serait-ce tenter de lui arracher même cette retenue, ce hors-lieu où la déflagration de plusieurs mots qui n'allaient pas de soi, qui n'allaient pas ensemble, qui se gourmaient forcément, l'avait situé ?

Arracher la source de l'écriture à sa situation : poésie.

Situer la langue dans un hors-lieu à partir d'une déflagration de mots conflictuels : action poétique.

Résultat (de cendres) de cet acte : poème.

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jeudi, 27 octobre 2016

9

9

Poser plusieurs axiomes :

on ne peut pas, aujourd'hui, écrire d'art poétique sur un netbook

on ne peut pas, aujourd'hui, écrire d'art poétique sans connexion Internet

et pourtant, elle tourne

12:14 Publié dans Part oétique | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 26 octobre 2016

8

8

J'étais parti pour écrire un billet au sujet d'un roman. Me voici à jeter les premières bases – aphoristiques – d'un art poétique.

Le comble du ridicule.

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mardi, 25 octobre 2016

7

7

Sans la métaphore, on choit dans la philosophie « pure ».

Or, la philosophie aussi est affaire de métaphores.

Par exemple, prête-t-on assez attention au jeu particulier du pluriel et du singulier, la façon dont ils se combattent au sein d'une même phrase ? Le singulier a souvent valeur de fiction, je veux dire de « chose figée ». Il introduit cette dimension modelée dans une phrase ouverte sinon à tous les vents des pluriels.

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lundi, 24 octobre 2016

6

6

Pénible, les arts poétiques en métaphores.

Impossible autrement.

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dimanche, 23 octobre 2016

5

5

Ecrire de la poésie n'a de sens qu'à partir d'une conflagration de mots. Des mots, des paroles s'entrechoquent. On essaie de se saisir de la flamme, de la capturer un peu mais sans la diriger complètement. Le poème, souvent, n'est que calligraphie de cendres.

12:05 Publié dans Part oétique | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 22 octobre 2016

4

4

Pas de mystique, donc.

Pas de piqûre de mystique.

On est dans la langue, on cherche à échapper au lieu précis, au moment précis qui nous voit écrire (que c'est dur à dire), mais rien du derviche tourneur.

12:04 Publié dans Part oétique | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 21 octobre 2016

Pénitence

Untung-untung

    21 octobre 2012

Nouvelle traduction. Du coup, je suis tombé sur celle de Thierry Gillybœuf, qui est tout simplement mauvaise, fausse, et laide into the bargain. Thierry Gillybœuf confond l'actif et le passif, ne comprend pas la structure syntaxique du poème, et traduit “mourners” par “pénitents”, ce qui est ici une ineptie. Mais de quel droit ces gens traduisent-ils ? au nom de quel principe d'infinie médiocrité sont-ils publiés ???

 

21 octobre 2016

Pris dans une série de traductions d'e.e. cummings, j'écrivais ces lignes après avoir découvert, une fois encore, que, pour être publié, il ne suffit pas d'être bon — il faut être dans le bon réseau. Souvent, être bon permet d'entrer dans les bons réseaux ; parfois, être dans le réseau dispense d'être bon.

 

13:23 Publié dans Ex abrupto, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (1)

3

3

L'extase n'est pas une excuse, dites-vous.

Mais si. Sans extase, pas de poème. Je ne peux tout de même pas écrire dans ce genre de langue en me tenant là où je me trouve. Pour avoir de la tenue, le poème doit s'arracher.

Il y a aussi la leçon de Guillevic, ou, différemment, celle de Ponge : s'en tenir à ce qui est là et l'arracher, l'exprimer, le traduire. Cette retenue compte au nombre des extases.

12:03 Publié dans Part oétique | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 20 octobre 2016

2

2

On pourra enchaîner autant qu'on voudra.

La passion du mot juste n'atteindra jamais l'extase du mot qui sonne juste. Toutes les reprises de brouillons, tous les tapuscrits portent le spectre de cela.

Enchaîner = ligoter = condamner à gigoter.

On gigote dans la gangue de la langue.

Enough said.

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Fantômes puissants de la notation

Untung-untung

 

    20 octobre 2011

"Il y a des groupes qui vont par ailleurs." — Phrase entendue, telle quelle, de la bouche d'une MCF en sciences de l'éducation, lors d'une réunion sur l'évaluation par compétences.

 

20 octobre 2016

Amusante, au demeurant, cette question de l'évaluation par compétences, car, comme M. Jourdain avec la prose, c'est ce vers quoi je tends depuis toujours (je veux dire : depuis mes débuts dans l'enseignement, il y a dix-neuf ans). La notation n'a aucun sens, non parce qu'elle discrimine ou établit des hiérarchies (cela en soi ne me pose aucun problème : un tel est meilleur en grammaire anglaise ou en traduction que tel autre, il n'y a pas à tortiller) mais parce qu'elle masque le véritable intérêt des évaluations, qui est (devrait être) de souligner le travail restant à accomplir, les priorités pour chaque étudiant.

Il y a quelques années, quand je corrigeais les travaux de méthodologie de première année, j'utilisais trois couleurs, dont une était réservée aux fautes de langue les plus graves. Et quand, il y a trois semaines, j'ai lancé, lors d'un cours d'agrégation interne, qu'à titre personnel j'étais convaincu de l'inutilité des notes, j'ai vu que mes collègues du secondaire étaient surpris, soit qu'ils soient eux-mêmes attachés à la notation de 0 à 20, soit qu'ils n'aient pu imaginer jusque là qu'un universitaire ait ce genre d'avis ou d'analyse. (Il faut dire que je répondais à une question sur les notes de l'épreuve de traductologie et que, dans un concours moins encore qu'ailleurs, la note n'a aucun sens en soi.)

 

(Ce billet devrait en fait trouver sa place sur l'autre blog, à la rubrique William At Work, mais bon...)

08:25 Publié dans Narines enfarinées, Pong-ping, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 19 octobre 2016

Du gourbet

Untung-untung

    19 octobre 2015

Allongé dans les oyats, rêvant tête contre le milgru, mes courbatures à la brassée du gourbet.

 

19 octobre 2016

Pas près des dunes landaises, où fleurit l'oyat, ni à l'époque où il fleurit, je traîne sur le sable du Web :

Diverses espèces de convolvulacées rampent sur le sol et, fixant de distance en distance leurs vigoureux cordages, enveloppent parfois une dune entière dans leur réseau de feuilles et de fleurs. (Élisée Reclus)

18:01 Publié dans Droit de cité, MOTS, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)

La Part oétique, 1

1

Quelle pierre à l'édifice, quelle pâte à dentifrice.

Ce bijou d'un sou.

Interroger la rime, interroger ce qu'il y a de risible en elle. Vestige d'un temps enfui (pas collectif, personnel : quand j'écris en rimes, j'essaie toujours – je crois – de retrouver la journée où j'ai compris ce qu'était la poésie rimée).

11:59 Publié dans Part oétique | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 18 octobre 2016

▬89▬

9 juin 2015, en fait 18 octobre 2016

 

    psaltérion

rare instrument

indéchiffrable

nonca nunca mas misérable

tant j'ai appris de rudiments

en touillant le ciment

maigre pour que nous errions

psaltérion sur tes cordes

seigneur sur tes miséricordes

20:20 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

Éperons sur cour

    Pour ne pas fourcher, manquer tomber de monture en cavalant, on a inventé les étriers ou les éperons, au point de ne plus savoir si ce dernier mot a d’abord désigné un objet ou un phénomène géologique, emberlificoté dans les catachrèses comme dans une toile d’araignée, que l’opilion soit noir ou plus lucide, gris clair, beige, aux couleurs de l’arc-en-ciel un jour de pollution sur la ville endormie, et c’est bien quand on dort, on oublie, c’est bien quand on dort qu’on a peur de tomber du lit, de faire cette mauvaise chute, de se casser la figure, l’oreiller tombant lourdement avec soi sur la ligne de flottaison de l’opilion sur le carrelage,  ne doit-on pas un jour abolir les images figées comme un jus de rôti.

127/721

08:21 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0)

Fourchage

Untung-untung

    18 octobre 2010

Brice Hortefeux gaffe (ou fourche) en parlant de « fichier des empreintes génitales ».

 

18 octobre 2016

Mes doigts se promènent sur le clavier, trop tôt, encore dans la nuit, le cadet s'étant — inexplicablement et pas trop silencieusement — levé à 3 h 30. Dans une semaine on ramassera les feuilles avec le grand balai à foin.

04:50 Publié dans Minimalistes, MOTS, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 17 octobre 2016

“Below par”

Untung-untung

    17 octobre 2013

“Maurice, the move from believing 90% of people are below par to believing that 99% of them are scum is the shift from a properly critical attitude to a misanthropic one.”

Tariq Goddard. The Picture of Contented New Wealth. O Books, 2009, p. 104.

 

17 octobre 2016

Rien ne me rendra misanthrope. Mon propre ridicule, si je devenais cet acariâtre, viendrait me poignarder d'un grand gloussement.

20:45 Publié dans Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)

Darasophie

    Malgré la vitre qui opaque

un temps le temps qui tombe pluie

le cache

 

rendre les armes n'est pas chose facile

 

Tout remiser la catapulte

pour des colifichets de scandale

la vitre pose l'astragale

la vitre sourit à mon œil fatigué imbécile

la vitre prend ton poème et le scratche

la vitre s'ennuie la vitre exulte

& s'évide lentement dans la pluie opaque

04:10 Publié dans Onzains germains | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 16 octobre 2016

Le même jour dans les deux pays

    15102015. On fête l'anniversaire, le dixième, de la coopération franco-allemande, avec des formes géométriques tellement seventies, vasarélyennes, et la bannière collée légèrement de travers (donc cet album a été constitué par le vieux monsieur qui me l'avait donné). Le yucca, trois ans après les grands coups de cisaille, a fini par reprendre du poil de la bête. Et elle tira de dessous son manteau un objet qu’elle présenta au roi.

« Tel est le sens de l'émission, le même jour dans les deux pays,  de cette même figurine postale. » Combien de phrases peut-on écrire, sans donner l'impression de faire le malin, avec des mots commençant par la lettre Y ?

Après de longs pourparlers, je finis par trouver une yourte, qui est abandonnée pour moi par la famille de ses propriétaires. Le calice du gland est aussi plus grand & plus velu que celui de l'yeuse. Non, je préfère garder la Rolls et même le yacht. Et Armandine montrait du doigt, au-dessus du squelette du vautour, tué dans la première chasse au yack, le bouquet offert à Mme Ismérie. Aux horreurs des noyades en masse ils s'empresseront d'ajouter celles des brûlures d'ypérite.

23:41 Publié dans Oblitérations | Lien permanent | Commentaires (0)

Pas encore ce soir

    Course contre le temps, envie d'écrire des poèmes, envie de lire et surtout ça fait cinq jours que je n'ai pas traduit une ligne, me mettant ainsi déjà en retard sur des délais imaginaires, au lieu de quoi chimériquement je transcris des relevés de notes jusqu'à quelle heure le soir, je ponds des lettres de nomination officielle que je scanne une à une avant de les envoyer à l'étudiant-e ou directement à l'université partenaire, à quoi ça rime, à quoi ça frime, le scanner maladroitement fait tout ça plus lentement encore que moi, et je m'use un peu, il me reste tant de choses à faire avant de pouvoir aller au lit, encore ce soir je ne lirai guère, encore cette nuit je ne traduirai pas. — On se coupe les ongles dans la grande dérobade du temps sous le carrelage, les rainures dans la salle de bains sont les fines lignes de toute radiographie, la feuille s'émiette quand les yeux partent en vrille, et pourquoi alors repenser aux carreaux vieux rose de l'ancienne salle de bains, dans la maison quittée fin 2008, ou même aux bains pris avec ce savon spécial très puant et corrosif prescrit par notre amie la dermatologue à Beauvais contre l'infection au pityriasis rosé de Gibert ? — Pas encore ce soir la grande moutonnière accoutumée brairie, pas encore ce soir qu'on brait, pas encore qu'on échappe aux souvenirs étoilés.

22:01 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (0)

Bashō par Buson, temps lointain immobile

Untung-untung

    16 octobre 2015

an amazing find

lightens up my evening

cold though the moon is

 

bashobybuson.jpg16 octobre 2016

J'avais écrit ce (mauvais) haïku en anglais afin de signaler la découverte de nombreux inédits de Yosa Buson (dont je me rappelle la découverte, dans la collection “Orphée” des éditions La Différence, à Bordeaux, encore adolescent (traduction de Joan Titus-Carmel)). Or, ce même 16 octobre, un an plus tard, François Bon consacre une vidéo à la question — déjà périmée — des rapports entre littérature et ordinateur en partant/parlant de Bashō.

Ainsi, bonne raison d'illustrer, une fois n'est pas coutume, cette rubrique à la manière du temps immobile avec un portrait de Bashō par Buson. Oui !..............

........... où je découvre aussi que Bashō signifie “le Bananier”.

10:00 Publié dans Unissons, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)

Face à ce qui se dérobe

    Je n'avais jamais lu Face à ce qui se dérobe.

« Une fonction n'avait plus envie de fonctionner. »

Or, hier, hors de cour, j'ai enchaîné. Enchaîné, c'est difficile. Quel texte, quels textes. Comment Michaux donne, non l'envie d'avoir le bras cassé — ni les 27 os de la main ni rien d'autre, ce n'est pas là que ça se joue —, mais la perception de ce qui se trame dans un corps, ce qu'on ourdit, ce qu'un individu seul machine pour prendre corps, pour être aux prises avec sa propre machinerie.

On ne peut pas lire ça à la dérobée.

La musique si particulièrement échafaudée des pages sur la sanza (qu'il orthographie, même au singulier, avec un -s final) n'autorise aucune dérobade.

Peu importe que les microbes s'avancent en robe ; ce qui se joue n'est pas un jeu, mais telle musique, telle savante orchestration, exploration du trop-plein de sensations. Comment la langue de Michaux — comment quelque chose qu'il cherche à s'approprier et à nous jeter à la face, à regimber pour mieux nous balancer à la figure la cadence et la force des cinq sens — peut-elle encore nous surprendre ? (J'emploie ce nous comme lui, en majesté.)

« Musique, non comme langage, mais musique pour passer l'éponge sur les aspérités et les contrariétés de la vie quotidienne. »

Le sol se dérobe, bien sûr, mais le texte, qui se force, se fortifie, s'affermit, s'aplanit, s'agglutine, s'alunit, s'accroche et s'enroule, tout ça sur la langue, le texte qui se fortifie sur la langue avec la vigueur du corps en parole, ne peut se dérober. Le texte est là pour rempart. Le texte est là pour résistance.

Et toujours avec lui cette lumineuse impossibilité à croire qu'en tâtonnant, qu'en pariant sur le non délibéré, il ait pu tomber pile sur cette orchestration éblouissante (avec lui comme avec Dubuffet).

Et finir dans l'inachevé, sur « l'autre vie, la contre-vie ». Celle aussi que lui nous tend, comme un filet ou une corde.

 

09:19 Publié dans Les Murmures de Morminal, MAS, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 15 octobre 2016

▬88▬

8 juin 2015, en fait 15 octobre 2016

 

    pictogrammes dans les volcans

ridés par le vent

invisible

 /   natures petites pour une autre mort

tarabustant

effrontées la cible

/   manigances la nuit dans le port

paradis artificiels au verbe qui rend

sa fin comestible

15:12 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

Münchberg mi-octobre

Untung-untung

    15 octobre 2015

À 4 heures du matin, vérifier sur Google Maps le trajet Krefeld-Lauterbach-Münchberg, histoire de comprendre quelque chose à la fin du chapitre 28 de Between Two Worlds.

 

15 octobre 2016

La mi-octobre est souvent productive, quelque chose dans l'air entre la douceur et l'hiver peut-être. Ce matin, j'ai dormi plus que de raison : réveillé à 7 h 15. D'autres traductions m'attendent ce week-end.

Question subsidiaire : en quoi le fait de disposer d'outils rapides et faciles d'accès a-t-il changé notre manière de lire les livres même sous leur format classique ? Surface ou profondeur ?

08:55 Publié dans Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 14 octobre 2016

Latin

Untung-untung

    14 octobre 2014

Trop bossé, mal de chien à la nuque, plus la force de néflier, et en plus mon fils aîné a eu 22.5/20 en latin.

 

14 octobre

Maintenant en seconde, A*** n'a plus de cours de latin, car, pour poursuivre il aurait dû s'inscrire dans un lycée à trente minutes (au bas mot) en bus. Donc, entre 10 minutes aller-retour à pied (nous habitons à côté du lycée Vaucanson) et des journées grevées par une heure dans les transports en commun, nous avons été les premiers, nous ses parents, à comprendre l'abandon du latin. Ça ne rime à rien de vivre en ville si c'est pour passer plus de temps de transport que quand j'étais môme dans ma campagne paumée.

09:49 Publié dans Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 12 octobre 2016

Peinturlurage

11 octobre, circa 23 h.

    La noirceur est parfois éclairée de brumes anodines. On remonte une rue comme le cours du temps, sauf que le sens jamais le même. Les grilles les grilles ont des beautés de jeune fille. Ce n'est pas grand-chose, et pourtant la noirceur se satisfait de cela, peut-être parce qu'un lampadaire éteint n'aura jamais le charme d'une grille où s'exprime quelque idéal oublié.

On frôle une rambarde dans la nuit, mais ce n'est pas ça, la noirceur. La noirceur n'est pas dans la main, elle est dans les pensées. Il se peut qu'elle soit dans un geste farceur.

Quel temps fait résonner la noirceur à 50 %. Si tu ne fais pas les choses à moitié, alors ce sera ta main qui prendra la contagion. La chaîne du vélo semble tintinnabuler, mais pas du tout, rien de tel, la ville est déjà endormie alors que le soleil est à peine couché. C'est le long du cours du temps, comme on bat le pavé en remontant la rue, que s'agite éternellement cette petite clochette gracile et douloureuse, l'âme en émoi, la noirceur, à remonter, comme on remonte les ponts, comme on remonte les pendules.

Que vois-je avant le pont ? Même la noirceur est peinturlurée en rose et en bleu, en sommeil en souffrance, en rien du tout.

Mieux vaut faire un film, s'en tenir à faire un film, ne pas lever les yeux vers la collégiale, oublier la marche du temps, la noirceur incompréhensible et absente.

10:44 Publié dans Aujourd'hier, Élugubrations | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 11 octobre 2016

55 bouteilles

    Mon fils aîné rentre d'une journée de stage pratique organisée dans le cadre de l'enseignement d'exploration “Sciences & Laboratoire”. Ce stage avait lieu au lycée viticole d'Amboise, et consistait à initier les élèves aux vendanges, puis à établir un certain nombre de liens avec le contenu du cours (vinification, processus chimiques naturels...).

Il me dit avoir vendangé pendant deux heures et calculé – cela faisait partie des travaux – que sa récolte correspondait à 55 bouteilles. Cela, dois-je l'écrire, me paraît énorme : bien sûr, c'est d'une faible rentabilité par rapport au coût du travail, surtout dans l'optique hypothétique d'un travail non mécanisé, mais comme il 'agit là d'un adolescent et d'un débutant je trouve très élevé ce chiffre de 55 bouteilles pour deux heures de vendanges par un jeune sans expérience.

(On ne manquera pas d'ironiser sur le choix de l'activité agricole en question, mais enfin, nous sommes dans une région viticole, et, s'il y avait dégustation, seuls les mineurs autorisés par leurs parents avaient le droit de goûter, sommairement et peut-être même en recrachant.)

 

18:31 Publié dans 721, Narines enfarinées, YYY | Lien permanent | Commentaires (0)

Galops

    paroles, ce sont des galops d'essai

à tourner sans fin sur le tapis roulant

l'hésitation qu'il y a de la lèvre à la coupe

& la conquête du cheval

prend une autre mesure quand

on pense à ces milliers de bouquins tout d'écume

leur dos même se fripe

 

& te voici fumant ta pipe

en t'abreuvant de sa brume

réchauffé seul par ta toque en astrakhan

tout devenu égal

pour aller servir en poèmes niais la soupe

à un monde d'idées stérile croulant

tu veux baiser y a que ça de vrai

 

14:40 Publié dans Quatorzains concentriques | Lien permanent | Commentaires (0)

Leçons par la poésie

Untung-untung

    11 octobre 2015

Les photos de Wynn Bullock sont parfois plus kitsch, clinquantes que celles d'Aaron Siskind, mais peut-être est-ce parce qu'il a plus expérimenté, pris plus de risques. Peut-on en tirer des leçons pour la poésie ?

 

11 octobre 2016

À l'âge où ça devrait, plus que jamais, me sembler ridicule, je suis prêt à m'assumer — peut-être est-ce un aveu d'humilité, après tout — comme poète. Pas de doute, la poésie — le bricolage verbal — occupe la majeure partie de ces carnets

08:34 Publié dans Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 10 octobre 2016

l'esprit qui turbine...

    l'esprit qui turbine

court à la fois 14 lièvres

par la grâce de la venaison

hôpital hostile à la charité

(sur Loire) un pont pour le plaisir

de l'esprit lave en fusion

ne cesse jamais de trouver qu'on se traîne

 

l'esprit bat la Brenne

et la campagne est-ce une solution

baguenauder à loisir

à débusquer les lièvres (c'est la rareté

du gibier en cette saison)

après de nouveaux vers nouvelles fièvres

à trouver toujours qu'on lambine

09102016

22:52 Publié dans Aujourd'hier, Quatorzains concentriques | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 09 octobre 2016

▬87▬

7 juin 2015, en fait 9 octobre 2016

 

    pisse si tu veux dans ton froc

rien ne va à la source au broc

intensément sous le pébroc

natifs du troisième décan

trémoussez-vous au french cancan

emportés au vol à l'encan

mais sans qu'un chien montre les crocs

pardi qu'on retoque vos trocs

sangliers tués par des grocs

19:14 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

Dans le mur

Untung-untung

    9 octobre 2015

Se réveiller à 4 h 20. Se lever à 5 h 15. Avoir la mauvaise idée de consulter son mur FB : massacre des bouquetins, incendies pires que jamais en Indonésie, coraux en diminution constante, entreprises de panneaux solaires qui mettent la clef sous la porte au Royaume-Uni, négationnistes du changement climatique partout dans la campagne présidentielle américaine...

C'est bien, je n'attaque pas mon vendredi avec le moral dans les chaussettes.

 

9 octobre 2016

Qu'ajouter ? Alep, Haïti, et toujours ce que je citais il y a un an.

Quoi ? Le lâcher de dindes dans l'Arkansas ?

Non — plutôt le fait que la ville de Yei se trouve dans une situation voisine de celle d'Alep, et qu'on n'en parlera même pas dans la presse française (voire européenne).

09:39 Publié dans Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 08 octobre 2016

2662 — Hapanasophie

    Laisse là les embrouilles

perdre ce charme pour ce temps

diablerie d'avant la guerre

 

Laisse dormir profondément en toi la haine

 

& la profusion de paroles

cette sourde propension au sombre

à la noirceur en toi d'encre

de jais de pois aussi s'écoulera

à sombrer dans le vert du rêve

pour t'emberlificoter dans la joie des madrigaux

— Qu'on m'apporte un cheval boiteux & le journal !

 

17:39 Publié dans Onzains germains | Lien permanent | Commentaires (0)

▬86▬

6 juin 2015, en fait 8 octobre 2016

 

    pigalle, plie ce caleçon

rien de commun

issu de passer la pommade

noël approche, son

tréma (deux yeux formant sur la peau comme un

eczéma) de

mains et doigts caressant le

plectre, drap ondulant sur le

spectre

16:38 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

Pas sérieux ; sérieux

Untung-untung

    8 octobre 2014

Je ne m'étais pas encore remis des baricanelles, quand soudain... le nouveau sport estudiantin du vendredi soir : le beer pong.

 

8 octobre 2010

Après avoir subi 1 h d'atelier gamelan (encore les 40 ans de l'Université) pendant mon cours de L3 — je déclare la guerre à l'Indonésie et à Loïc Vaillant.

 

8 octobre 2016

Chant de la bière par Bali, l'âme est mauvaise conseillère : il faut lui préférer le cri, avec le dos de la cuillère. Ai-je ajouté un e, saisi par cette nouvelle frontière ? Pas la peine, sale nazi de décoiffer mieux ta rombière ! Il faut, pour ton Indonésie, que tu ailles dans les outrances & prennes le mors aux quenottes. Monde parti en pleurésie, exhibition de muscles rances, toujours partout le bruit des bottes.

08:18 Publié dans Pong-ping, Sonnets de juin et d'après, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)

▓ passer outre ░

8.10.2015.

    il faut paraît-il passer outre

en prendre aussi plein les mirettes

la poésie prise en levrette

la paille vue mais pas la poutre

 

on n'a pas inventé la poudre

à glisser sur la corde raide

à Carennac comme à La Brède

ou à donner du grain à moudre

 

je vous nargue du fond du trou

à enfanter un tour d'écrou

six pieds sous le sable et sous terre

 

entendez ces chants de la troupe

miteux gueux fats et mousquetaires

la poésie montre sa croupe

07:18 Publié dans Sonnets de juin et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 07 octobre 2016

↑57↓

8 mai 2016, en fait 7 octobre

 

    stupéfaction : en fait le printem

ps tombe en automne pou

r des skieurs faisant le stem

(irisée la neige les

noie sans qu'ils ne bou

gent : avalanche de corps gelés

 

(Explication du projet ici.)

11:59 Publié dans Le terne XXIe | Lien permanent | Commentaires (2)

Enfance de l'art

Untung-untung

    7 octobre 2014

The air was so pleasant, our nest so cozy, and our parents provided us such a plentiful diet of nice worms and bugs, that like other thoughtless babies who have nothing to do but eat, sleep, and grow, we had no interest in things outside and did not dream there was such a thing as vexation or sorrow or crime in this beautiful world.

 

7 octobre 2016

Et si je traduisais aussi ce curieux livre de 1899, découvert il y a deux ans, Dickey Downy. The Autobiography of a Bird de Virginia Sharpe Patterson ? Dans le domaine public, il ne pose déjà pas de problèmes de droits...

L'air était doux, notre nid douillet, et nos parents nous régalaient d'une telle quantité de vers et d'insectes délicieux que, semblables aux autres bébés insouciants qui n'ont rien d'autre à faire que de manger, dormir et grandir, ce qui se passait dehors ne nous intéressait pas, et nous n'avions pas même idée qu'il pût y avoir, en ce monde si beau, des choses comme la douleur, le crime ou la méchanceté.

09:17 Publié dans Darts on a slate, Droit de cité, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 06 octobre 2016

→56←

7 mai 2016, en fait 6 octobre

 

    sulfureuses

pliures du papier en croisillons

raidillons

ingambes pour le cycliste

nasse où se prend l'unijambiste

gâteries dans les dents creuses

 

(Explication du projet ici.)

09:57 Publié dans Le terne XXIe | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 05 octobre 2016

↓55↑

6 mai 2016, en fait 5 octobre

 

    street cred des mendigots

perdreaux de Crête ou d'Ithaque

ravagés jusqu'à l'os

iliaque

nabots coiffés

godelureaux ébouriffés

 

(Explication du projet ici.)

09:54 Publié dans Le terne XXIe | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 04 octobre 2016

Zoulou croque des poireaux

Untung-untung

    4 octobre 2015

Belle journée quoique pluvieuse ; les garçons ont retrouvé leur filleul, qui croquait des poireaux.

 

4 octobre 2012

Nous recevons le catalogue Taillissime Hommes depuis je me suis acheté des slips à La Redoute.

 

4 octobre 2009

Pas à Aire aujourd'hui (snif snif). Hugo Viney-Thomas l'a emporté.

 

4 octobre 2016

Depuis avant-hier matin, le chauffage se relance (c'est une image, une façon de parler : comment faudrait-il dire, techniquement ?) ; je le note, vu que ces pages sont aussi des réservoirs de banalités (le temps qui passe).

Cette année, Loïc Lapoudge emportait (avant-hier aussi, tiens) son troisième titre de champion de France ; le dimanche précédent, nous étions au zoo de Spay, mais pas à la Vallée des singes.

08:20 Publié dans Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (3)

dimanche, 02 octobre 2016

Alep heures noires

    S'affranchir de tous ces habits jumeaux, multiples, dissemblables.

On les a retrouvés au portemanteau, dans le mastodonte, et comme ils avaient fini par envahir totalement le placard du couloir, on s'est dit que l'invasion ne pouvait plus continuer. Les tergiversations. Les rodomontades de ces manteaux, gilets, blousons, vestons, vestes, même tenus à l'écart au sous-sol, dans le mastodonte, ces rodomontades avaient assez duré.

Bien sûr, on avait tenté de raisonner tout cela en rappelant que dans cette région le climat était doux, tempéré, et qu'il n'y avait finalement qu'une sorte de longue demi-saison. D'où ce fatras de gilets et de vestes.

Le stouf est dans le mastodonte !

A-t-on besoin pour une promenade, qu'il fasse un grand soleil de début octobre ou une petite bruine de mars, de tant de gilets et de vestons ? C'est la guerre. Impitoyablement. Impitoyablement. On imagine déjà les tas de gravats, ces tas de vêtements empilés et sales, qui rappellent des heures noires. Les heures noires. Le Christ sciant même les écrous.

Des portails rouges couleur sang, trébucher dans les crevasses du gazon, une promenade anodine qui deviendrait féroce. Impitoyablement. Heures noires de la promenade. Cycliste passant sans rien savoir des bons fruits tombent dessus, écorchures. Balafres de la promenade. Le tumulte pareil à un début de symphonie de Zeljenka.

C'est cela qui compte, impitoyablement.

L'ombre d'octobre est impitoyable.

Pétrir la chair de ses propres pas, habiter ses souliers à chaque instant où l'on marche, tout cela est difficile, mais moins que d'éviter le carnage. La vieillesse : une question posée à la tempête. Le nombre 55 bien net, marqué sur le mur blanc, s'incruste dans l'œil et ne le quitte plus jusqu'à l'assaut des furieux montés en vacarme.

Le treillis des vignes et la gangrène du tuffeau pétrissent la chair de la promenade. C'est ça qui compte, impitoyablement.

On n'a pas idée d'imaginer un cycliste sous les obus.

À Alep se rejoue la farce tragique des Sudètes.

18:24 Publié dans Élugubrations | Lien permanent | Commentaires (0)

02102016 / 1022

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    Pas atteint * au marché du Maine, si réduit désormais que je me demande s'il existera encore longtemps, d'autant que la clientèle en est fort âgée. Il reste la boulangère, trois étals des quatre saisons, un rôtisseur et un volailler.  Déjà, la boucherie Tillet n'y vient plus. Il y a deux ou trois ans, c'est le marchand de pommes qui m'avait annoncé que ça n'en valait pas la chandelle.

 

* Le décompte des pas est archi-faux, car le podomètre fait n'importe quoi, ne fonctionne plus si on téléphone par exemple, donc j'avais fait plutôt le double, ce matin, au moment de me figer devant les saucisses de canard au chèvre et à la tomate.

13:36 Publié dans 1177 pas | Lien permanent | Commentaires (0)

Séhune

Untung-untung

    2 octobre 2011

Notre petite chatte est affamée et chasseuse : après deux petites assiettes de pâtée dans la journée, du gras de rôti de porc, etc., elle a coursé un papillon de nuit qu'elle a becqueté illico en faisant craquer les ailes.

(Très chic.)

 

2 octobre 2016

Elle était arrivée d'on ne sait où, à miauler sur le rond-point qui forme l'impasse du côté est de notre maison. Poussé par notre voisin, Gheorghe, qui nous promit de la garder quand nous partirions en vacances, nous nous laissâmes apitoyer et l'adoptâmes. Cela fait donc cinq ans et quelques jours.

Là, j'écris au bureau et elle s'est endormie presque aussitôt qu'allongée sur le lit.

08:55 Publié dans Pong-ping, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (1)

Le monde des hommes, selon Aslı Erdoğan

 

J'avais déjà compris ceci à Istanbul, à l'heure où le muezzin appelle à la prière du soir : c'est leur monde, le monde des hommes, qui est réel, mon univers à moi est incertain. Eux, ils respirent, ils changent, ils œuvrent, construisent, cherchent, s'accouplent, protestent, pleurent, rient aux éclats, survivent. Moi, je regarde.

Je n'étais, au cœur de la vie, rien d'autre qu'un vide, un commentaire, un point d'interrogation, un regard, rien.

Depuis cette nuit-là, toutes les nuits, sans faute, je parcours les rues de Genève, comme le spectre d'une femme morte au siècle dernier.

 

    Voici comment parle la narratrice — borgne, dont l'œil blessé suppure et lui fait mal — du bref roman d'Aslı Erdoğan Le mandarin miraculeux (traduction de Jean Descat, Actes Sud, 2006, pp. 52-3).

Tragique, de penser que, sans son arrestation par le pouvoir dictatorial turc, je n'aurais jamais lu, sans doute, de livres de cette écrivaine. — Tragique, de devoir sa renommée à cela, et triste de se savoir, soi, assez bête pour être dans cette charrette-là.

Ironique, au regard de cette actualité de 2016, toute lecture que l'on se retrouve à faire de ce récit âpre mélancolique.

Pour soutenir Aslı Erdoğan — et Necmiye Alpay, traductrice également emprisonnée —, on peut signer des pétitions, partager sur les réseaux sociaux, et aussi envoyer des cartes postales comme l'a fait Canan Marasligil. On peut tenter de dénicher leurs livres, et, si on le peut, modestement, peut-être sans espoir, les lire.

08:39 Publié dans Droit de cité, MAS | Lien permanent | Commentaires (0)

→54←

5 mai 2016, en fait 1er octobre

 

    statues qui pleurent

presque quand le dos tourné on

rajuste sa chemise :

idée seule de l'humeur

noire qui trouble l'onde —

gamins vos péchés sont remis

 

(Explication du projet ici.)

02:22 Publié dans Aujourd'hier, Le terne XXIe | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 01 octobre 2016

▬85▬

5 juin 2015, en fait 30 septembre 2016

 

    perroquets paresseux

répondent rebutés

illogiquement aux

navrantes niaisieries

tectonique des termitières

ensemble encensent lentement

maintes manières de maudire

pauvres perroquets prisonniers

savoir l'issue ne sauve pas

16:31 Publié dans Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)

↑53↓

4 mai 2016, en fait 30 septembre

 

    : suédoise qui

paloche sauvagement un type

rencontré au maquis

(il règne une atmosphère

nulle de stéréotype)

gueule de résistance où le rêve profère :

 

(Explication du projet ici.)

16:21 Publié dans Le terne XXIe | Lien permanent | Commentaires (0)

Dürer Klee Dubuffet

Untung-untung

    1er octobre 2015

Frappé durablement par cet autoportrait de Dürer nu, plagiat par anticipation de Schiele — mais Schiele qui aurait eu infiniment de talent.

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Alpha a vu aujourd'hui, en cours d'allemand, le tableau de Klee, Senecio. Son manque total d'intérêt pour l'art m'échappe. À Aix, je lui ai montré un Klee bouleversant, lui ai dit deux trois trucs, sans pontifier, juste pour l'accrocher. Et puis je lui ai dit que Klee était un de mes peintres préférés, vraiment, de haut, de très loin. Là, deux mois plus tard, même le nom ne lui disait rien (or, il a une mémoire phénoménale). Bizarre.

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Les photographies de Teju Cole dans son livre Every Day is for the Thief ajoutent du mystère et une sorte de douceur trouble au récit (récit d'un retour, regard en miroir sur la corruption, the usual story et pourtant nullement usuelle ici).

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Dürer, on en revient toujours à ces portraits hallucinants de dames vénitiennes — hallucinants de justesse, de douceur là encore — qu'elles soient jolies ou pas n'a aucune importance.

 

1er octobre 2016

Parmi les projets de livre, il y a toujours l'envie (diffuse, toutefois) de reprendre la série de textes sur Dubuffet, bien que mon illégitimité en matière de critique d'art saute aux yeux autant qu'au cerveau. Surtout, il faudrait que je reprenne les Prospectus, car je n'ai jamais rien écrit sur Dubuffet écrivain ; or, je place Dubuffet aussi haut que Michaux, par exemple, comme écrivain — très haut, donc.

(En avril dernier, à Paris, Alpha s'est emmerdé comme rarement à la rétrospective Paul Klee.)

08:46 Publié dans MAS, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (3)