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jeudi, 30 avril 2020

Sommernacht ::: Nuit d'été

Sommernacht (Johanna Wolff)

Nuit d’été (trad G. Cingal)

 


    Klee und Nachtviolen duften

   Du trèfle et des giroflées le parfum puissant

süß bedrängend durch das Dunkel.

s’exhale finement de par l’obscurité.

O wie lieb ich diese Düfte

Ô comme j’aime ces senteurs

und wie lieb ich diese Nacht!

et comme j’aime cette nuit !


Und mein Ruder gleitet leise

Et ma rame lentement glisse

durch die Wellen mondumflimmert.

par l’onde aux reflets de la lune.

O wie lieb ich diese Wellen

Ô comme j’aime cette onde

und wie lieb ich diesen Glanz!

et comme j’aime cet éclat !


Wenn aus dunkelblauen Tiefen

Quand, venu des profondeurs bleutées,

mit den Lüften, mit den Düften

avec ces parfums et ces vents coulis,

ein Vergessen und Verlieren

un sentiment de perte et d’oubli

mich umdämmert weich und sacht

m’enlace doucement et délicatement,

und mein Nachen lautlos gleitet

mon esquif glisse sans bruit

durch die Nacht.

et s’enfonce dans la nuit.

 

08:11 Publié dans Johanna Wolff | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 29 avril 2020

Das ist die Zeit ::: Voici le moment

Das ist die Zeit (Johanna Wolff)

Voici le moment (trad. G. Cingal)

 

    Wenn der Wald im Nebel steht,

    Quand la forêt, embrumée, blêmit,

wenn der Wind mit müdem Streichen

quand le vent, mollement,

durch verschlafne Föhren weht,

souffle sur les pins endormis,

ringsum will der Tag verbleichen:

le jour se lève et veut arracher les pigments :

das ist die Stunde, das ist die Zeit,

voici l’heure et le moment

wann die Einsamkeit

où la solitude

aufs Wandern geht.

se fait vagabonde.



Wenn der Wald im Bluste bebt,

Quand la forêt tremble sous les rafales

Maienwind mit scheuem Schweigen

et que le vent de mai, timidement,

um die jungen Knospen webt

tisse autour des bourgeons sa toile,

und die Säfte drängend steigen:

quand la sève monte ardemment :

das ist die Stunde, das ist die Zeit,

voici l’heure et le moment

wann die Sehnsucht schreit

où la mélancolie éclate,

und Liebe zur Liebe strebt.

où l’amour aspire à l’amour.

Wenn der Wald im Reife blinkt,

Quand la forêt scintille sous le givre,

Sonnenlicht mit hartem Scheinen

que le soleil de ses rayons ardents

durch kristallne Zweige klingt,

fait tinter les ramures cristallines,

dir im Auge friert das Weinen:

que les pleurs dans ton œil glacés se figent :

das ist die Stunde, das ist die Zeit,

voici l’heure et le moment

<>die das Herzeleid

où les tourments

zur Ruhe bringt.

t’apportent le repos.

 

08:19 Publié dans Johanna Wolff | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 28 avril 2020

Du bist der Klang ::: Tu es le son

Du bist der Klang (Johanna Wolff)

Tu es le son (trad. G. Cingal)

 

    Sing ich ein Lied, du bist der Klang,

    Si je chante, le son, c'est toi —

auf den gestimmt mein ganzes Leben.

Le son auquel s'accorde ma vie entière.

Frag nicht was dein in dem Gesang,

Ne me demande pas ta place dans mon chant,

wo alles dein,

tu y es tout entier,

mein ganzes Sein, das mühsam rang,

mon être tout entier s'épuisant à chanter

um Wohllaut dir zu geben.

pour te donner le la.

 

Und bin ich reich, du bist mein Gut,

Et si je suis riche, tu es mon bien ;

und bin ich still, bist du mein Frieden.

si je suis calme, c'est toi qui m'apaises.

Du bist der Schrein, darinnen ruht

Tu es le sanctuaire où repose

die Seele mein.

mon âme.

Die Seele mein ist gut und ruht

Mon âme est bonne ; elle repose

im Himmel schon hienieden.

au ciel déjà le ciel ici-bas.

 

08:52 Publié dans Johanna Wolff | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 26 avril 2020

Und rinnt mein Leid ::: Ma souffrance s'écoule

Und rinnt mein Leid (Johanna Wolff)

Ma souffrance s'écoule (trad G. Cingal)

 

    Und rinnt mein Leid durch perlende Lieder

Ma souffrance s'écoule en chansons chatoyantes

ganz sacht,

sans fracas

es kommt das Leben und lockt sie wieder

la vie pour les attirer se fait caressante

und lacht!

et rit aux éclats !

 

Und dunkeln Tränen den Glanz meiner Lieder

Des pleurs viennent ternir mes chansons éclatantes

zur Nacht,

la nuit,

wie leuchtende Vögel aufflattern sie wieder

comme oiseaux leur envol aux plumes rutilantes

mit Macht!

est sans répit !

 

Und sind mit Singen und Klingen erst wieder

Toujours la lyre ou le tambour les réenfante

erwacht,

au temps qui va,

die Tränen geben dem Klang meiner Lieder

mais ce sont les pleurs qui leur donnent, si brillantes,

die Pracht!

leur éclat !

 

 

08:33 Publié dans Johanna Wolff | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 08 avril 2020

Wie es war ::: Passé – comment

Wie es war (Johanna Wolff)

Passé – comment (trad. G. Cingal)

 

    Du und ich, wir beide wissen,

    Toi et moi, nous le savons,

was man einmal hat umfangen,

ce qui jadis nous a saisis

wird man immerdar vermissen

nous manquera à tout jamais,

und mit Tränen auf den Wangen

et les joues baignées de larmes

immer träumen, wie es war -

nous rêvons toujours du passé – comment –

über hundert Jahr.

qui a duré au moins cent ans.

 

Du und ich, wir beide wissen,

Toi et moi, nous le savons,

was uns band, kann nicht verblassen,

ce qui nous unissait ne peut pas disparaître,

goldne Fäden, die zerrissen,

des fils dorés qui, même déchirés,

können nicht vom Leuchten lassen,

ne cessent pas d'étinceler

leuchten über hundert Jahr -

et brillent pour au moins cent ans :

wie es war.

ce passé – qui brillait – comment.

 

08:20 Publié dans Johanna Wolff | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 07 avril 2020

Mein Brüderchen hab ich erschlagen ::: Ô, mon pauvre frangin…

Mein Brüderchen hab ich erschlagen (Johanna Wolff)

Ô, mon pauvre frangin… (trad. G. Cingal)

 

    Mein Brüderchen hab ich erschlagen,

    Ô, mon pauvre frangin, je l’ai assassiné,

das war wohl schlimmer Dank.

action de grâces funeste.

Nun höre ichs wimmern und klagen,

Maintenant je l’entends gémir, se lamenter

wie Totengesang.

comme une oraison funèbre.

 

Meine Laute höre ich beben

Mon luth, je l’entends frissonner

mit irrem Kling und Klang,

et le son qui en sort est de pure folie,

geisternde Lieder umschweben

les voix des spectres font tourner

mich jahrelang.

virer mon moi à l’infini.

 

Die Laute, die mußte sterben,

Il fallait bien que meure ce luth, certes,

sie wußt von uns beiden zu viel.

car il en savait trop sur lui et moi.

Mag ich nun selber verderben -

Comme j’aimerais courir à ma perte :

kein Weg - kein Ziel!

pas d’issue, pas de voie !

 

 

11:43 Publié dans Johanna Wolff | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 06 avril 2020

296–Popovskaja–Clavecin

 

    Depuis le début de la crise sanitaire je me demande souvent comment Nathalie Quintane formule les choses. Elle, et Nuruddin Farah. Lui, et Dominique Meens. Il y a d’autres écrivain·es, bien sûr, mais certain·es, je les suis sur réseaux sociaux donc j’ai pu voir parfois quelles étaient leurs réactions récentes.

On parle beaucoup du monde d’après, ce qui est une idiotie. Le monde d’après est déjà le monde d’hier. Il n’y a qu’un monde en continu, qu’une temporalité au fond, tout en rebrousse-poil et de main morte. C’est à cause du monde d’hier qu’on en est aujourd’hui à bégayer un monde d’après.

Écouter historiens et philosophes, mais plus encore les écrivains. Ainsi, je me demande souvent ce que pourrait écrire aujourd’hui, et donc demain, Nathalie Quintane. Elle, et Nuruddin Farah. Nuruddin Farah, certes, mais aussi Dominique Meens.

 

14:41 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

295–Hantaï–Clavecin

 

    Je me rappelle cette araignée avec son oothèque, dans la salle de bains de la maison de C* : j’avais pris plusieurs photographies, plutôt réussies.

J’écris « gestes barrière » sans mettre de -s à barrière ; je m’en suis déjà expliqué.

L’oothèque est la poche où fourmillent se trouvent des centaines d’œufs d’araignées.

L’araignée était un Pholcus.

Je trouve dérangeant le vrombissement du vieil ordinateur. J’aurai écrit ce livre avec ce vrombissement. Parfois, les déictiques auront été noyés sous le vrombissement de l’ordinateur.

 

14:31 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

294–Kittivat–Piano

 

    L’acteur se gratte le nez : cela signifie qu’il joue le rôle d’un personnage qui ne peut pas se retenir de se gratter le nez.

Nous, désormais, avec la fixette depuis x semaines sur les « gestes barrière », ne regardons pas cette scène de la même manière qu’il y a quelques mois.

C’est un film sur la médecine.

Nous sommes les spectateurs d’un film sur la médecine.

 

14:23 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

293–Weiss–Piano

 

    Comme on va s’en donner à cœur joie ! On ne va pas y aller de main morte, sûr.

Pas avec le dos de la cuillère... !

Au cœur de la nuit je me suis levé, suis sorti dans la jardin, étais-je déjà un spectre, et là je contemplai le ciel étoilé, les constellations. Bételgeuse et Rigel me saluent.

 

14:17 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

Dir sang ich meine Lieder! ::: Pour toi j’ai chanté mes chansons

Dir sang ich meine Lieder! (Johanna Wolff)

 

    Dir sang ich meine Lieder!

    Pour toi j’ai chanté mes chansons,

Du und ich, du und ich

toi et moi, toi et moi

wandern zusammen diesen Weg

ensemble arpenter ce chemin

weltenlang nicht wieder.

en tous sens, cela ne se reproduira pas.

 

Mein Herz hatt sich gegeben

Mon cœur s’est livré à toi

in deine Hand, in deine Hand,

et placé dans ta main, dans ta main,

das war wohl wert ein Leben.

ce cœur qui valait une vie.

 

Nun steht mein Licht ganz tief gebrannt

Mon flambeau désormais est calciné,

und zittert hin und wieder

sa lumière vacille au vent,

im kalten Wind - den deine Hand

au vent froid dont ta main a fait

zum Sturm entfacht.

une tempête.

Ich gab dir Lieb und Lieder,

Je t’ai donné mon amour et mon chant,

was hast du aus mir gemacht!

et ma vie par toi s’est défaite !

 

09:48 Publié dans Johanna Wolff | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 05 avril 2020

291–Kwakernaat–Piano

 

    Vanité. Deux archanges, ou deux bergers, découvrent un crâne sur une stèle ruinée. C’est ainsi que j’imagine mon improbable lectrice face à ce livre. Lectrice, oui : allons, ce texte était surtout lu par des femmes.

Peut-être qu’on a retrouvé mon cadavre décapité dans cette chambre du fond. La clef vexée n’a pas sonné l’alarme, ou je dormais trop profondément, et le propriétaire rentré plus tôt n’a pas apprécié de me trouver là.

Il aura joué du sabre.

Des années après, on trouva mon crâne posé sur une stèle, au fond du jardin.

 

18:40 Publié dans lactations : déSastre, Les Murmures de Morminal, lignes|coupures, MAS | Lien permanent | Commentaires (0)

289–Rempel–Guitare

 

    Ce qui se passe d’étrange, outre l’apparition de ce fait même d’un septième côté au quadrilatère, c’est que le texte revient en arrière. Enfin... Le texte ne peut pas revenir en arrière. Mais la composition recule de trois cases. Cela ne s’était jamais produit. Tout ça pour de la guitare.

 

18:31 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

292–Cano–Guitare

 

    Il se passe quelque chose d’étrange.

Ce n’est pas que la clef allait m’échapper, pas du tout.

On se dirige tout droit vers deux choses sans précédent : d’une part un quadrilatère à sept côtés — bientôt, qui sait, un quadrilatère à 8 côtés, parfaitement doublonné ? ce ne sera pas pour cette fois.

Tu n’avais pas dit qu’il y avait deux choses ?

... d’autre part, les doublons sont ici indispensables, ce ne sont pas de simples fioritures qu’on pourra laisser de côté dans le livre.

Ce n’est pas un problème.

Si, car tu vois bien qu’il n’y aura pas 139 quadrilatères de 2020 signes, mais plein de quadrilatères foutraques débordant de toutes parts du cadre.

Et alors, un truc qui déborde, ce n’est pas ce que tu voulais ?

Oui, peut-être. Ça me chiffonne quand même.

(Je vous rassure : la clef ne parlait pas dans l’histoire ; elle parle dans le texte.)

 

18:27 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

292–Carlevaro–Guitare

 

    Le stylo est un clavier.

C’est la clé des champs qui me pète les noix ! Après tout, je ne t’ai pas décrite. Si ça tombe, tu n’es qu’une vulgaire clé USB.

Bon, tout ça in petto, je ne le dis pas, à la rigueur je le coucherai par écrit quand toute cette aventure sera finie, mais je ne vais pas l’écrire, hein. Faudrait que je me mette la clef à dos. Bizarre, cette phrase. Faudrait pas que la clef prenne ma harangue de travers. Bizarre aussi. Laissons tomber, on s’en fout, c’est un doublon.

Il n’aurait pas fallu que la clef prît mal ma plaisanterie (en frôlant le paréchème je n’ai fait que cacophoner). Donc ce fut in petto, et jamais je ne dis cela.

Je ne lui ai pas dit non plus que j’étais celui qui tenait le stylo. Je savais trop bien que cette clef au fond de ma poche me tenait en son pouvoir, plutôt que l’inverse.

Ta guitare m’apaise.

 

18:18 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

292–Belder–Clavecin

 

    Et puis de temps à autre il faut un texte plus aéré.

Ça ne manque pas, ça se bouscule à l’écouvillon.

Donc je sortis ma clé des champs et me trouvai dans une demeure bourgeoise très confortable mais délaissée de cette bourgade du Bourbonnais. Qu’est-ce qu’il allait donc foutre dans le Bourbonnais ?

Ce type nous casse les nèfles. Il nous pète les noix, pensai-je. Donc je me fis un succulent dîner en farfouillant dans le frigo, je m’installai dans une chambre sise à l’arrière, près d’une porte ouvrant sur le jardin.

En une semaine j’avais peaufiné ma technique, ne me fiant pas entièrement au rôle d’alarme que devait jouer la clef.

Il m’emmerde, c’est ce que pense la clef. Oui mais c’est moi qui te tiens dans ma poche, et c’est moi qui tiens le stylo.

Ça lui en bouche un coin (à la clef), et donc je m’installe au pieu et j’écris la suite.

 

18:12 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

291–Konghakate–Piano

 

    De temps en temps, l’exécution est justement cela : une exécution. Lire Le Nuage et la Valse n’aide pas à relativiser. Au versant écriture, avec l’habitude je réussis parfois à écrire du premier coup le texte selon le plan. Ainsi, pour le n° 289 je me suis arrêté net, j’ai vérifié : 288 signes. J’ai seulement dû ajouter une virgule après tard. Pour le texte suivant, j’en avais fini avec 336. J’ajoute une phrase très courte, et à vue de nez je n’ai guère besoin de ratiboiser. Cette dernière phrase faisait 24 signes, donc ça tombait encore juste à un signe.

 

18:04 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

290–Colombo–Clavecin

 

    C’est un aveu : je couche par écrit. Chaque fragment est un orgasme. Et, mieux qu’un orgasme, chaque phrase est un moment de joie et de tendresse, je me frotte à cette peau dont ma peau se pénètre, sécrétions, odeurs et bonheurs. Je tapote, j’hésite, je me languis, je rêvasse, je rue, je rue dans les brancards, j’ai la clé des champs ! Je couche en tous sens.

 

17:58 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

289–Feraux–Piano

 

    Deux jours plus tard, je savais même utiliser la clef pour marcher plus vite sans ressentir de fatigue. Au bout d’une semaine, la clef me dirigeait d’elle-même, selon une combinaison qu’il est hors de question que je couche par écrit, vers la maison la plus idoine, afin que je m’y abrite.

 

17:53 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

Da sang eine graue Nachtigall ::: Un rossignol gris chantait

Da sang eine graue Nachtigall (Johanna Wolff)

 

Un rossignol gris chantait (trad G. Cingal)

 



    Da sang eine graue Nachtigall

    Un rossignol gris chantait

von Sonne und blauendem Flieder,

aux lilas bleus et au soleil resplendissant :

sang mit so süßem schwerem Laut

il chantait d’une voix tendre autant que sonore

als wie ein Bräutigam der Braut

tout comme un amoureux à celle qu’il adore,

allerschönste Lieder.

susurre les plus sublimes de tous les chants.



Grabt unter blühendem Busch ein Grab,

Dans l’ombre du lilas en fleur, sombre, une tombe :

ich misse ihr zärtliches Singen;

elle me manque tant, sa chanson gaie et folle.

wenn sie nicht singt, dann ist sie tot,

si je ne l’entends plus, c’est donc qu’elle a péri

sollt eine Krone rosenrot

on doit déposer une couronne fleurie

der kleinen Nachtigall bringen.

rouge et rose pour la petite rossignole.

 

11:35 Publié dans Johanna Wolff | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 04 avril 2020

288–Arregui–Orgue

 

    La migraine ne va pas mieux ; à présent ça se porte sur les yeux. Mais enfin j’ai toujours eu la barbe. C’est rasoir mais la distanciation sociale a aussi du bon. Toujours est-il que le mec se recompose cent mètres plus loin, les poches bourrées de caramels mous, brandissant la clé des champs tout en me faisant un pied-de-nez et en riant. Nous voilà guère plus avancés, les débiles amis.

On reconnaîtra que j’ai tenté le coup.

J’ai tenté un truc.

Et s’il galope loin au-devant de nous avec sa foutue clef laissons-le faire. Il n’y qu’un seul sens à cette faribole. De son livre l’auteur nous fait l’horrible obole.

Manque de pot, le mecton va pleins gaz, si ça se trouve il a déjà fait deux étapes, dîné de blanquette de veau un soir et de taboulé végétarien un autre. Reconnaissez que l’astuce vous claque au museau et que le je vous échappe.

 

17:29 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

287–Orabona–Orgue

 

    On est un con, d’accord, mais je est un merdeux.  Et comme j’en ai marre de me trimbaler ce mecton de merde, qu’il me colle aux basques, je sors la clé des champs et, ni une ni deux, je la tourne deux fois vers la gauche une fois vers la droite je la lance en l’air et la rattrape en hurlant « caramel ». Caramel ! Et là le je se décompose. Pas trop tôt. Dans le texte il n’était pas encore très clair si la renarde allait remplacer ce type avec sa clé magique ou si ce serait autre chose. Mais déjà on était déchargé du foireux.

 

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286–Ross–Clavecin

 

    Je n’ai jamais marché d’aussi bonne humeur, ni d’un meilleur pas, que ce jour-là, du village où j’avais passé discrètement la nuit à un autre village. Pour changer un peu je ne pris pas par les champs, préférant les routes goudronnées de cette contrée que je connaissais bien. Pour autant je ne sais pas ce que je fous là. Mais de bonne humeur ça oui carrément.

 

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285–Yang–Piano

 

    Cette maison un peu délabrée qui sent un peu le renfermé, n’ai-je pas la tentation d’y rester une journée de plus ? Non, ce serait idiot. Même un peu ? En fait ça ne m’a pas traversé la tête. Donc ça ne me tente pas et je n’y suis pas resté.

(Vous comprenez ce qui se trame, n’est-ce pas ?)

 

17:11 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

284–Reniero–Orgue

 

    À ma place, vous auriez fait pareil. Un dîner approximatif, puis une bonne nuit de repos dans une chambre de l’étage. Comme c’était une de celles dont les volets étaient à moitié arrachés, cela permettait d’être sûr de ne pas dormir trop tard. J’eus beau guetter les bruits du voisinage, j’eus l’impression que personne ne s’approchait. Quand une maison est abandonnée depuis longtemps, tout le monde s’y est habitué.

Je dormis à poings fermés ; à l’aube je me levai pour pisser. Les toilettes, je m’en avisai, n’avaient pas de fenêtre, de sorte que je m’installai là pour lire en attendant qu’il fît grand jour.

Comment quitter cette maison sans me faire remarquer ? Ça ne me traverse pas tête de rester là tout le jour. Je me reposai encore la tête dans les oreillers jusque sur les dix heures, un bon moment après m’être sustenté.

Dix coups.

 

16:53 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

283–Yepes–Guitare

 

    Savez-vous ce que j’ai trouvé dans la cuisine ? Une mandoline, mais alors : désaccordée ! Quatre de ses douze cordes complètement pétées. Une vraie catastrophe.

Le cassoulet se digère très bien.

La clé est une astuce narrative.

Le cassoulet peut se manger périmé.

La clef est une astuce narrative.

Le cassoulet, il faut un grand cuistot pour le réussir.

La clé des champs n’est pas la clef des champs.

Réécrivez cela.

La clef des champs n’est pas la clé des champs.

Aaaaargh, à la corbeille, tout ça, une sale bouillie. Plein les arpions.

 

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283–Scherbakov–Piano

 

    Je n’étais pas seul pendant ma longue journée de marche à travers champs. La clef m’accompagnait, dans la poche. Elle m’est d’un grand secours. Je la brandis et il est rare qu’elle ne trouve pas de solution à un problème. D’ailleurs, et je pense à cela en me resservant des fayots – il manque du pain –, cette clef est une astuce narrative. Il n’en est pas moins vrai qu’elle était dans ma poche et que je la conserve. Et donc ce soir-là la migraine passée je trouvai un lit fait, pour y digérer ma longue marche et le cassoulet.

283.JPG

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282–Hotz–Piano

 

    Tout l’intérieur de la maison est en bois. Ça sent le renfermé, comme déjà dit. Et en attendant que la migraine s’estompe je m’étais lavé le visage à grande eau, j’avais sorti des provisions d’un placard : des boîtes de conserve. Une casserole servit à réchauffer tout cela. Et là ça sentait le cassoulet, pas une mauvaise marque d’ailleurs. Héraclite a raison.

 

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281–Mao–Piano

 

    J’ai une migraine pas possible, ça me tape en marteaux pas feutrés, contre le front. Je vous raconterai mon dîner, pas d’inquiétude. Mais là j’attends que le médoc fasse effet. Donc je suis confiné dans cette maison abandonnée, sans lumières pour ne pas attirer l’attention des villageois.

 

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vendredi, 03 avril 2020

Das bissel Leben ::: La vie rabougrie

Das bissel Leben (Johanna Wolff)

La vie rabougrie (trad. G. Cingal)

 

    Warum man’s immer weiter trägt,

    Pourquoi continue-t-on à le porter

warum man’s nicht zerbricht, zerschlägt,

sans le briser, sans le détruire,

es hat ja so wenig zu geben,

Ce rien qui ne peut rien nous donner :

das Leben - das bissel Leben.

la vie, cette vie rabougrie.

 

Man hält den Strick schon in der Hand,

Déjà on tient la corde, et on la serre,

und wirft ihn wieder in den Sand

avant de la laisser tomber par terre

und meint es ginge noch eben -

en se disant qu'on peut continuer un peu

das Leben - das bissel Leben.

la vie, cette vie rabougrie.

 

Es hat uns allesamt genarrt,

Elle nous a tous rendus fous,

am Ende wird man eingescharrt,

Et à la fin on finira au fond du trou :

so läßt man’s verblassen, verschweben -

on la laisse flotter, elle s'évanouit –

das Leben - das bissel Leben.

la vie, cette vie rabougrie.

 

Lacht’s dir hier unten Morgenrot,

La santé, le soleil et le pain : si

Gesundheit, Sonne und dein Brot,

tout cela au beau matin te sourit,

dann hat es sein Bestes gegeben

tu ne peux rien attendre de mieux

das Leben - das bissel Leben.

de la vie, cette vie rabougrie.

 

Vielleicht hebt’s jenseits wieder an,

Peut-être qu’au-delà c’est un commencement,

so irgendwie und wo und wann:

n’importe comment, partout et de tout temps :

Alles Weiden, Wachsen und Weben -

tissus, cultures et prairies –

ein bissel ewiges Leben!

et pour l’éternité une vie rabougrie !

 

 

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jeudi, 02 avril 2020

280–Haas–Clavecin

 

    Je fis le tour de la maison, trouvai une porte cachée à l’arrière.

Je sortis la clef des champs, la posai contre la porte cachée, qui s’ouvrit.

La maison s’éclaira. Il n’y faisait pas froid. Cela sentait un peu le renfermé.

Je craignais que la lumière n’attirât les curieux du village donc j’éteignis les lumières.

Je m’assis.

Comme je craignais que la lumière n’attirât les curieux du village j’avais éteint les lumières.

Je réfléchis à ma situation, notamment à cette clef aux étonnantes facultés.

De peur que les lumières n’attirassent les villageois, je les éteignis.

Je réfléchissais, là, dans la pénombre.

Je réfléchis paisiblement.

M’étant levé je tournais dans la maison, dans la masure, dans le taudis. Voudriez-vous que je décrive le taudis, la bicoque ? Eh, non. Je ne marche pas au sifflet.

Je vous raconterai mon dîner, et même mon souper.

 

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279–Queffélec–Piano

 

    J’entrais dans le village, et même j’entrai dans le village (aussitôt je vis quelle maison du bourg était abandonnée), et comme j’entrais dans le village je croisai deux chiens errants plutôt sympathiques, dépenaillés.

J’entrais dans le village en me demandant comment trouver un abri pour la nuit quand j’aperçus, dans un renfoncement après le bâtiment de la mairie, une maison de toute évidence abandonnée : volets dégondés à l’étage, crépi carié, porte d’entrée ficelée avec du fil de fer, et un cadenas de fortune.

Onze tuiles.

 

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278–Ferenczy–Piano

 

    Et à la fin de cette première journée à couper à travers champs j’étais au milieu du livre. L’écrivain est à la fin de sa vie, selon le sens que les jeunes donnent à cette expression de nos jours (2020). Toujours devoir préciser n’est pas devoir à la vérité. J’étais fatigué, j’aperçus un village. Il fallait trouver un coin où passer la nuit.

 

12:21 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

277–Masters—Guitare

 

    Je dois à la vérité de rendre des comptes. Je dois rendre compte, et je devrais rendre des comptes. Ça ne simplifie pas les choses de savoir que certaines phrases sont exclues du livre avant même d’avoir été écrites, et pourtant elles sont nécessaires. Transhumance était le mot approprié.

 

12:18 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

277–Zylberajch–Piano

 

    Mes tempes argent se couvraient de fils d’or. Je dois à la vérité d’écrire cela, même si tout est plus compliqué que cela. Je vis ça, ma métamorphose imperceptible, en tentant de prendre un selfie de ma bobine à la fin du premier jour de ma transhumance. Je choisis des mots bien étranges.

 

12:13 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

276–Reniero–Orgue

 

    J’avançais dans ces champs dont aucun ne ressemblait à aucun autre. Après la clef, ce sont mes phrases qui se chargent de la boue lourde des champs terreux nourris par de fortes pluies. Et se chargeaient d’adjectifs également, tellement d’adjectifs. Ce n’était pas grave. Je coupais à travers champs, c’était bien normal puisque cet objet qui m’accompagnait était la clef des champs.

Quand je ressentis un peu de fatigue, et même pas qu’un peu, ma lombalgie repartait de plus belle et se vengeait de ma témérité, je sortis la clé de ma poche et la tournai six fois vers la gauche avant de la tendre deux fois au-devant de moi, et les douleurs disparurent.

Les phrases bancales prennent sur elle la lourdeur du monde rebuté.

La clef des champs, comme le veston ensorcelé, ne saurait tout régler.

Voilà que je poursuivais ma route, sans me fouler.

 

12:10 Publié dans 410/500, lactations : déSastre, Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (0)

275–Bardon–Piano

 

    Après avoir coupé comme ça à travers champs pendant quelques heures je me suis aperçu que j’avais faim. J’ai sorti la clef de ma poche et l’ayant tournée devant mes yeux trois fois vers la gauche et quatre fois vers la droite j’ai dégusté un excellent sandwich que la clef avait fait apparaître. C’était bien la clef des champs, pas de doute. J’ai bu un verre de sirop de citron, un verre de sirop d’orgeat, une lampée de bière et me suis remis en route avec une gourde d’eau douce bien en poche. Les chaussures toujours légères.

 

12:04 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

274–Zarafiants–Piano

 

    S’échapper ainsi, quelle folie. Mais j’avais plein d’argent, des songeries plein la tête. Pas de dictionnaire, aucun livre avec moi. J’ai décidé de continuer, à travers champs. La clef était de plus en plus lourde : peut-être qu’elle se chargeait de de toute la boue que foulaient mes bottes. De fait, les chaussures restaient légères, sèches, vierges de glèbe.

 

12:00 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

273–Ross–Clavecin

 

    J’ai chaussé mes solides chaussures de marche et j’ai pris la clé des champs. La clé est lourde ; très lourde même ; c’est une clef. Au bout de la rue j’ai tourné à droite puis décidé d’aller tout droit autant que possible. Au bout de quelques kilomètres je me suis retrouvé à la campagne.

 

11:56 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

Nicht zerbrechen ::: Qui plie mais ne rompt pas...

Nicht zerbrechen (Johanna Wolff)

Qui plie mais mais ne rompt pas... (trad. G. Cingal)

 

    Wie sind der Schmerzen so viel

Quel excès de douleurs,

und der unerträglichen

et comme vivre fait

Lasten des Daseins!

peser des fardeaux insupportables !

Binsen gleich

Pareils à des joncs,

schwanken die Menschen unter der Wucht

les hommes ploient sous le poids

des Lebens,

de la vie

das ihnen zu schwer wird.

qui les écrase toujours davantage.

 

Nur nicht zerbrechen!

Mais il ne faut pas rompre !

Ohne Knick und Schaden

Garder vierge d'accrocs

bewahren

et de meurtrissures

die Lichtseele,

l'âme légère,

die unsterbliche!

l'âme immortelle !

 

Daß Same der Überwindung

Afin que la graine de l'opiniâtreté

sich weiter baue

continue de se fortifier

in junggrüne,

dans le vert de l'espérance

hoffende Weltgründe.

pour y fonder un monde neuf.

 

10:58 Publié dans Johanna Wolff | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 01 avril 2020

Alt werden ::: Vieillir

Alt werden (Johanna Wolff)

Vieillir (trad. G. Cingal)


    Alt werden heißt sich bescheiden,

    Vieillir : se contenter de peu ;

alt werden heißt einsam sein -

vieillir, c'est se sentir seul...

sie hingen dir einst an der Schürze

jadis accrochés à vos basques

und ließen dich dann allein.

ils ont fini par vous abandonner.

Sie tanzten dir auf dem Schoße,

Eux qui sautaient sur vos genoux,

jetzt treten sie dir aufs Herz -

à présent vous piétinent le cœur :

alt werden heißt sich bescheiden,

vieillir, c'est se contenter de peu,

ein Lächeln ohne Schmerz.

un sourire sans douleur.

 

Alt werden heißt still verzichten,

Vieillir, c'est abdiquer tranquillement

wenn Jungsein zu Jungsein hält,

quand les jeunes restent entre eux : ils ont grandi

sie wuchsen, entwuchsen dem Neste

au point d'être trop grands pour le nid

und flogen fort in die Welt.

et se sont envolés pour parcourir le monde.

Sie atmen mit purpurnen Lippen,

Ils respirent de leurs lèvres bien rouges,

die Augen so blink und so blank -

les yeux brillants et bouillants :

alt werden heißt still verzichten,

vieillir, c'est abdiquer tranquillement

nicht warten auf Menschendank.

et sans attendre aucun remerciement.

 

Alt werden heißt Leben, Sterben

Vieillir, c'est vivre et mourir

und fröhliches Auferstehn,

avant l'heureuse résurrection,

heißt segnen, wenn neue Geschlechter

et c'est bénir les nouvelles générations

auf Wegen von heute gehn.

qui marchent sur les chemins d'aujourd'hui.

Fern Wiegengesänge und Märchen,

Contes, berceuses sont bien loin,

die Zeiten stehen nicht still -

les temps ne s'arrêtent jamais :

alt werden heißt leben und sterben,

vieillir, c'est vivre et puis mourir,

wie Gott es will.

là est de Dieu la volonté.

 

15:56 Publié dans Johanna Wolff | Lien permanent | Commentaires (0)