mercredi, 31 mai 2006
Un ::: scorpion :: en : février
Valeria, personnage de l’une des nouvelles de Guillermo Fadanelli, a un remède souverain contre l’insomnie.
C’était quelque chose de très simple : imaginer un prénom de femme et le comparer au sien, imaginer tous les prénoms possibles qu’elle aurait aimé porter plutôt que Valeria. (Un scorpion en février, traduit par N. Lhermillier, p. 43)
Certaines de mes lectrices, vraies professionnelles de l’insomnie, pourraient être tentées d’essayer cette méthode, mais je les aurais prévenues : cela se termine mal pour Valeria.
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lundi, 29 mai 2006
Prise de la Castille
C'est une rumeur mensongère qui cherche à colporter - comme fausse nouvelle, fausse monnaie, faux-semblants dédoublés - l'idée que je pourrais désormais me passer d'écrire, sinon chaque jour, du moins chaque semaine. À chaque jour, sans doute, suffit sa peine.
Le temps d'apprendre à vivre, il est déjà trop tard.
Ronan O'Gara enfonce la défense espagnole, et les éléphants du pack ne pipent mot. (Celle-là, je serai le premier à avoir du mal à la décortiquer, avant peu.)
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jeudi, 11 mai 2006
Riante dessous
La vérité vous rendra libres... (Elle est inodore, pourtant, cette fleur que je connus dans les bois de mon enfance...)
Autour de lui, avec son architecture capricante, s'étendait la nécropole d'où montait, quand il avait plu, une odeur de terre riche et, s'il faisait chaud, les fragrances entêtantes et capsicantes de ces fleurs vénéneuses qui croissent sur les tombes et que l'on nomme asphodèles. (J. Almira. "La concession", in Le Marchand d'oublies, p. 120)
Mais la littérature vous rendra chèvres. (Où poussent, partout, les fleurs de pierre sur les accents graves...)
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mercredi, 10 mai 2006
Italianismes
À force de frayer dans les eaux troubles, vous vous êtes effarouchée...
" J'ai profité d'une petite pause pour leur indiquer qu'en italien, langue que je connais bien, si frère se dit fratello, en revanche, pour soeur, on emploie sorella, et dire fratella et fratellita mia, c'est une grossière erreur, mais, pour toute réponse, ils m'ont ri au nez, aux éclats et à l'unisson. " (Mater la divine garce. Traduction de Gabriel Iaculli. Gallimard, p. 58)
Ainsi vont les finesses et les jacasseries de l'inceste.
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lundi, 08 mai 2006
Sur fond de ciel de nacre (Quinton)
Sous notre ciel de nacre les voiles d'or vont filant leur œuvre. Un ciel de nacre entre les passerelles. J'ai encore dans l'œil un Château Saint Ange croustillant et doré comme un pain blond, et le ton de jade de la terrasse de Saint-Germain-en-Laye sur un ciel de nacre que je savoure depuis ce jour-là. On voit pesamment approcher le char, tout noir sur le ciel de nacre. En effet, figurez-vous une pâleur d'ambre jaune, deux soleils noirs nageant sur un ciel de nacre, la bouche la mieux coupée, la plus amoureusement antique, une poitrine sans ombre, sans demi-teinte, d'un seul ton, et modelée cependant d'une manière admirable, des bras d'un tour divin, et des mains aux longs doigts effilés, comme Ingres seul peut en dessiner.
[Soient remerciés Paul Mathieu, Simone Auguste, Guillaume Gillet,
Paul-Jean Toulet et Théophile Gautier.]
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vendredi, 05 mai 2006
Vignettes du vendredi, 7
On marche de travers comme un crabe.
Pas de parapluie, mais pas non plus de nom ; seulement quelques fredons, quelques laridondaines, quelques vilénies qui vous traversent le cerveau (mais on n'y peut mais).
Adieu, les vases bleues.
C'est mieux ainsi, dit-il en se levant pour aller se chausser et chercher son véhicule fraîchement vidangé dans une officine au nom adjectival et anglo-saxon.
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mardi, 02 mai 2006
Une bande de jeunes à moi tout seul
Par un hasard malencontreux, mes quelques très rares mais très fidèles lecteurs (Livy, Joye, Aurélie, Fuligineuse, Tinou, Jacques, Simon, Antoine, Philippe[s], Philippe, Denis et Paul) doivent être, en ce moment et pour diverses raisons, rangés des bécanes, ce qui fait que je me retrouve à pondre des textes, de nouveau frais et dispos dans l'éventualité de commentaires qui nécessiteraient des réponses, et que de commentaires il n'y a pas trace... Y'a plus d' jeunesse, tiens, ça m' déprime...
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lundi, 01 mai 2006
XIX
Ixion n’avait pas dit son dernier mot. Ixion accroché à sa roue est un puits sans fond. It’s a wishing well with no will. La caravane passe dans le désert du Dodécanèse. All bark and no bite. Je suis cet Actéon dévoré par ses chiens.
13:05 Publié dans Comment je n'ai pas célébré le centenaire de S.B., Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : TRES GRANDE MUSIQUE
jeudi, 27 avril 2006
Quenottes
Par le hasard de l’alphabet et de la composition du dictionnaire, le Supplément ou septième tome du Robert (édition de 1983) donne, face à face, une citation de Queneau qui fait l’éloge des zazous et une citation de Paul Guth qui ridiculise les yé-yé.
……… On s’y cassera les dents………
De même, l’adjectif tabageur se trouve en regard de l’adjectif systématique, avec, respectivement, des citations du même Queneau et de Paul Ricœur.
« Des odeurs tabageuses, aniques et vinacées traînaient sur le bois meurtri des tables. » (Le dimanche de la vie, p.45)
Jeu d’rôle : écrivez une phrase (ou un poème bref) où se trouvent les noms zazou et yé-yé (invariable), ainsi que les adjectifs systématique et tabageur.
21:45 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (3)
mercredi, 26 avril 2006
XIV
Entre Samadet et Bégaar, puis, entre Baudignan et Sanguinet, le long des routes vallonnées ou sablonneuses, je tentais d’inventer les vagabondages théâtraux auxquels se prêtaient mal les sièges de la Renault 25 de mes parents.
« Cette courte phrase m’occasionna, je le jure, plus d’effroi, plus de douleur, que si j’avais reçu, inopinément, à bout portant, une giclée de plomb en plein dans la raie. »
Enfant, adolescent, je rêvais d’écrire des milliers de pages landaises, topographies ou saynètes.
13:05 Publié dans Comment je n'ai pas célébré le centenaire de S.B., Droit de cité, Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (2)
Le jeu de la folie est un sport de l’extrême
Mardi matin.
Fermez, oubliez les images éteintes.
“If I had understood why I was doing that, doubtless I would not have been mad.
Had I not been mad, doubtless I would not have done it at all.” (Wittgenstein’s Mistress, p. 16)
« – Peut-être qu’il n’est pas vraiment fou. Peut-être qu’il joue au fou.
– Je ne vois pas la différence. Un individu qui a choisi de vivre dans la rue, dans une bouche d’égout, qui croit à la reconversion de la Russie au communisme, et qui par-dessus le marché veut qu’on le prenne pour un fou, pour moi, c’est un fou. » (Le Marchand de passés, p. 106)
Miroirs alanguis, disparaissez, n’allez éteindre sept soirées.
11:30 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 07 avril 2006
Palette des sillons
"À propos de façades : entre les deux principaux systèmes de rides qui se partagent mon visage, celui des cernes sous les yeux et leurs prolongements, d'une part, celui des plis d'amertume de la bouche et leurs dépendances, d'autre part, il est apparu récemment, sur l'un et l'autre versants du nez, de hardis sillons de liaison, des sortes de canal des Deux-Mers, ou du Rhône au Rhin, très droits, très sobres, très efficaces, qui impressionnent par la rigide simplicité no nonsense de leur tracé. Les soucis, désormais, peuvent aller du menton jusqu'au front sans toucher chair ni mettre pied à peau." (Renaud Camus. Rannoch Moor, pp. 650-1)
09:39 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : TRES GRANDE MUSIQUE
mercredi, 29 mars 2006
Oisifs
« Transplantez le Tourangeau, ses qualités se développent et produisent de grandes choses [...] Le Tourangeau, si remarquable au dehors, chez lui demeure comme l'Indien sur sa natte, comme le Turc sur son divan. » (L'Illustre Gaudissart)
10:30 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (2)
mardi, 28 mars 2006
Ironie au noir
Gêné aux entournures.
"Canal Mozambique, 28 mars 1958.
Dans l'estuaire de Mombassa les Anglais entretiennent encore quelques jolies pelouses. Mais toute cette côte d'Afrique est envahie par des Indiennes à lunettes, darwinistes et marxistes, comme la future population du globe."
(Roger Vailland. Ecrits intimes. Paris : Gallimard, 1968, p. 540)
L'histoire prit d'autres atours. Fantasmes de la pureté ou amour des "bonnes invasions" ?
19:40 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (7)
Eloge du paraître
Dehait li ber qui est de telle semblance
Com li oiseaux qui conchie son ni !
Conon de Béthune. Bien me deusse targier.
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vendredi, 24 mars 2006
Despotique cousinage
De quoi servent les longs mots étirés, interminables, polysyllabes à la chaîne... Un effet mimétique, ici ?
"Quand le despotique cousinage bourgeois fait une victime, elle est si bien entortillée et bâillonnée, qu'elle n'ose se plaindre ; elle est enveloppée de glu, de cire, comme un colimaçon introduit dans une ruche." (Les Paysans. I, VIII.)
Ce doit être déformation professionnelle, mais cela me fait penser au mandarinat dans les universités françaises.
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jeudi, 23 mars 2006
Squelette, mon ami...
E rose, comme chaque majuscule ici se vêt de noir, jaunit à la vue des nuages mordus...
"Vous eussiez prêté des âmes à ces petits os fins, brillants, vernis, bien coupés, transparents, et que laissait facilement voir une bouche trop fendue, accentuée par des sinuosités qui donnaient aux lèvres de la ressemblance avec les bizarres torsions du corail." (Les Paysans. I, XI.)
... mordus au vif, piqués par la famine, et rugissant tels des lions enfermés dans un wagon.
¤¤¤ Bonus II ¤¤¤
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mercredi, 22 mars 2006
L'ambroisie des compliments
La terre point ne ment...?
"Tout en faisant oublier adroitement Nicolas, pour dissiper la défiance dans cette ame naïve, Catherine y distillait superfinement l'ambroisie des compliments." (Les Paysans. I, XI.)
Cet adverbe qui ne se trouverait que sous la plume de Balzac, combien il revient hanter. Et quelle syntaxe, mes aïeux !
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dimanche, 19 mars 2006
L’Ivre du salon
Quelqu’un ici connaît-il Latréaumont, roman d’Eugène Sue ? L’a lu ou le connaît par ouï-dire ?
GUERITE – Littré 5 : Terme de marine. Planche formant un petit rebord autour des hunes. Cela correspondrait à mon premier jet, puisque je ne retrouvais pas le mot vigie.
Larguez les ris dans les basses voiles !
Il titube et se vautre dans le canapé.
« En haut, dans la mâture, on essayait de serrer les huniers. » (P. Loti. Mon frère Yves.)
Marre de certains contrôleurs, s’ils n'acceptent pas les aléas d'un poste en vigie vitrée, qu'ils aillent vider des poulets en salle à température !
« Un pli qui par hasard est resté dans ses draps
Lui semble un guet-apens pour lui meurtrir les bras. »
Il va vomir ? Il va mourir ?
C’est cette mâle ritournelle, cette antienne virile…
L’attrait de l’inconnu, ou des piles de livres, ou des vracs de mots, n’est à considérer comme influence qu’avec minutie.
Hein ?
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Bien peu
De Madame de Staël, à Lausanne, le 19 mars 1794 :
« Vous m’écrivez bien peu ; c’est une suite de la gêne établie entre nous. » (Lettres à Narbonne. Gallimard, 1960, p. 399)
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vendredi, 17 mars 2006
De sang
" Ah ! mortelle, mortelle soirée ! Rien ne dira le jaspinage des acteurs. Rhétorique et loquacité." (A.G.. Journal, 17 mars 1906)
Votre père à la prunelle de jaspe, Vololona, je le retiens entre mes doigts, comme du petit gravier humide perdu pour l'eau du ruisseau. Et je retourne, en pensée, à Beauvais.
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jeudi, 16 mars 2006
Avec crochets
Il est certain que ce n'est pas la lecture du Roman journalier de Mathieu Bénézet, commencée hier soir, qui va me remonter le moral. Heureusement, je lis toujours plusieurs livres simultanément [voici une phrase farcie d'adverbes], et d'un certain point de vue, Aux Etats-Unis d'Afrique, le dernier roman d'Abdourahman Waberi, tout comme ce beau recueil de Dominique Grandmont, est plus roboratif.
"Assez patiemment travaillé à mes souvenirs d'enfance." (André Gide. Journal. 16 mars 1916. Pléiade, p. 549)
Je renonce en revanche, après seulement quelques dizaines de pages lues, à l'immense et ennuyeux tome VIII des Diaries de Samuel Pepys. Je voulais voir ce que ça donnait ; eh bien, je le sais ! Ce n'est vraiment, rien d'autre qu'un témoignage, sans doute passionnant pour les historiens. Mais nulle écriture là.
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mercredi, 15 mars 2006
Mi-mars
De Madame de Staël, à Lausanne, le 15 mars 1794 :
« Ma jeunesse, ma vie, mon repos, l’affection de mon père, l’opinion des hommes, je n’ai rien sacrifié qu’à cet espoir, j’ai prévu que vous auriez des goûts pour d’autres femmes, que la trop grande certitude de mon cœur refroidiroit le vôtre, que vous voudriez vivre en Italie ; j’ai tout prévu, mais j’ai cru qu’il resteroit, de ce que j’ai fait pour vous, un souvenir dans votre cœur qui vous rendroit mon abscence pénible et ma société toujours agréable ; qui ne l’auroit pas cru ? Et ce dernier bien, vous voulez me l’ôter ? »
(Lettres à Narbonne. Gallimard, 1960, p. 397)
C’est à se demander si Balzac, en écrivant Béatrix, ne s’était pas aussi inspiré de ces lettres brûlantes, âpres, revêches lambeaux d’un fantôme.
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dimanche, 12 mars 2006
Comme un tiers
De Madame de Staël, à Nion, le 12 mars 1794 :
« Je ne sais pas ce que vous avez gagné depuis six mois en Angleterre, mais comme un tiers, comme un juge froid de votre bonheur, je prononcerois que la perte de ce sentiment si parfait, si dévoué, si admirateur, si confiant, qui inspiroit toutes les minutes de ma vie, est plus grande que tous les misérables calculs aux quels je veux croire que vous vous livrez sérieusement. » (Lettres à Narbonne. Gallimard, 1960, p. 389)
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samedi, 11 mars 2006
Je soupire un lai
Il était sur la paille, et ça ne l'amusait pas, d'invoquer la Muse comme on supplie son banquier.
" Ô vous ! qui, recueillant ma première parole,
Au ménestrel quêteur glissâtes votre obole,
Je vous devais un hymne, et je soupire un lai.
Au poëte insolvable accordez un délai. "
(Hégésippe Moreau. "L'Apparition". O.C., Calmann Lévy, 1860, p. 60)
Ton monde vieillit, d'antithèses en apostrophes ; rien n'a plus de sens.
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vendredi, 10 mars 2006
Défuntise
De Madame de Staël, à Nyon, le 7 mars 1794 :
« Il vous falloit plus d’art, plus d’indifférence ; vous avez été trop sûr de moi, vous avez eu raison. Le bonheur est fini pour moi, mais c’est la vie qui le sera si vous me refusez d’aller en Angleterre. »
(Lettres à Narbonne. Gallimard, 1960, p. 385)
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jeudi, 09 mars 2006
Prophétisant la critique génétique
Est-ce de l’afféterie, ou un réel souci, complexe et bien fondé ? Les deux, mon commandant : je pencherais pour cette réponse hybride.
« Que si cela vous amuse – bien que mon œuvre n’en vaille guère la peine ! – de voir la figure de mon travail progressif, je ne demande pas mieux, une fois que vous connaîtrez le livre imprimé, de vous communiquer les épreuves. Mais après, je vous en prie, pas avant. » (M. Proust. Lettre à André Gide, 20 janvier 1918.)
Chemin faisant, j’ajouterai aussi ceci, à propos du parti pris assez outré et ridicule de Pierre Assouline, dans sa préface à la correspondance des deux écrivains : pourquoi ne note-t-il pas que, si l’on a conservé les lettres de Proust, c’est que ce dernier ne gardait pas celles de Gide ? Un peu curieux, si on confronte ce fait avec les témoignages de haute admiration et d’extase littéraire que Proust ne cesse d’aligner dans ses lettres. Ne doit-on pas reconnaître à Gide le mérite d’avoir reconnu son erreur initiale à l’égard de La Recherche et d’avoir, lui, gardé précieusement les lettres de Proust ? Ne peut-on aussi souligner les défauts de caractère de Proust, tels qu’ils transparaissent dans ces lettres ? Tous deux sont humains, voilà tout ; géniaux écrivains, et fantastiquement ordinaires dans leurs accrocs, défauts humains trop humains.
Tant qu’à diluer quelque peu l’intérêt de la fort belle citation proustienne ci-dessus dans la mélasse de mes phrases, poursuivons. Avouerai-je sans honte que la dernière, fort courte phrase nominale, me rappelle deux vers d’une chanson de Brel ? Je l’avoue, mais non sans honte : il faut aussi se confronter à sa propre bêtise, et à la honte qui en naît.
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mercredi, 08 mars 2006
Parois
De Proust à Gide :
"Et sans doute je ne crois pas qu'il en soit du monde de l'intelligence comme celui des triangles, et qu'un même angle ou côté de deux esprits suffit pour qu'ils soient non pas même égaux mais semblables. Mais je crois pouvoir trouver quelquefois certaines consolations, et peut-être la possibilité de relations amicales qu'il me serait fort doux d'entretenir avec vous." (Repris dans P. Assouline, éd. Autour de 'La Recherche'. Lettres. Complexe, 1988, pp. 63-4)
La préface de Pierre Assouline est d'une mesquinerie totale, et d'un parti pris presque honteusement patent en faveur de Proust, et contre Gide... comme si c'était là le problème... J'ai l'impression qu'Assouline, dont je connais peu le travail, fait partie de ces critiques qui s'intéressent plus aux rognures d'ongles et aux petites dissensions revuistes qu'aux véritables problèmes de littérature et d'art.
*********
8 mars 1794. (De Madame de Staël)
"Ah ! viens, viens, ne crains aucun reproche. Parois et tout est effacé. Qu'importe les tourments de l'enfer à qui rentre dans le ciel ? "
(Lettres à Narbonne. Gallimard, 1960, p. 386)
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Arboucave
La lecture de Gide rend-elle malade, comme il en fut question ici ?
"Cher ami,
Je vous en prie, n'allez pas avoir ce découragement au sujet des Caves qui passionnent tout le monde, et m'ont, moi, rendu malade (ce qui n'est peut-être pas le meilleur hommage, mais en est un bien grand pourtant)."
Dans les prés près d'Arboucave, les rois mages passaient dans leur attirail.
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