Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 28 janvier 2020

60–Carlevaro–Guitare

 

    Le pays devrait être, avec l’ensemble des autres pays, entièrement tourné vers l’urgence climatique. Il ne devrait y avoir aucune autre priorité, d’autant qu’en essayant de s’attaquer vraiment à cette question – c’est-à-dire en se défaisant des lobbies industriels et en demandant enfin aux grandes fortunes de contribuer au bien collectif – on règlerait la plupart des autres. Le pays devrait se concentrer sur cela, et pas sur grand-chose d’autre.

Or ce ne sont que polémiques vaines sur l’Islam, violences policières liées à la volonté du gouvernement de noyer par la violence toutes les contestations populaires ou catégorielles, histoires sans fin, querelles byzantines sur le sexe des anges.

On sait comment Byzance a fini.

Le monde entier devrait être entièrement tourné vers l’urgence climatique. La guerre et les dictatures prospèrent.

 

16:45 Publié dans lactations : déSastre, Le terne XXIe, MUS | Lien permanent | Commentaires (0)

59–Kahánek–Piano

 

    Je me rappelle, dans les premiers mois du mouvement des gilets jaunes, les macronistes et macronolâtres qui daignaient encore parler au pauvre débile que je suis forcément – puisque je ne comprenais pas la pensée magique de leur gourou, et puisque je refuse encore aujourd’hui, sur pièces et preuves quotidiennes, d’en admettre la valeur démocratique – usaient sans cesse de l’adjectif substantivé séditieux. On voit bien aujourd’hui que c’est la France entière qui est séditieuse, qui fait sédition, comment le dire autrement.  

 

16:38 Publié dans lactations : déSastre, MOTS, Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (0)

58–Della Rosa–Clavecin

 

    Des coups de matraque, des tirs de flashball, des clés d’étranglement, des nasses, des lancers de grenades contre des gens ordinaires qui manifestent de manière banale mais qu’il faut réprimer à toute force pour éteindre la rébellion, pour étouffer toute forme d’opposition. Voici avec quel vocabulaire nous aurons appris à vivre et parler depuis quelques mois.

 

16:32 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

57–Nissman–Piano

 

    Les journées grises passent. Le pays bouge, se mobilise. Deux verbes   synonymes mais pas vraiment. Journées grises, peut-être ternes. Le pays bouge. Aujourd’hui c’est au tour des pompiers d’être tabassés par les flics. Les épreuves de contrôle continu du bac ont semé le désordre partout.

 

16:26 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

56–Guerrier–Clavecin

 

    La guerre pichrocoline des jars et des enfants. Comme pendant au texte néflier, égaré dans les tréfonds du Web, donc. Cette lutte entre la marmaille et la volaille s’exaspère dans des circonvolutions complexes, de sorte qu’il faudrait un wiki infiniment ramifié pour lui donner tout son sel et qu’on comprenne, hein, est-ce canaille, les remous et les méandres, qui a commencé quoi, un peu comme on se perd dans la forêt du cycle arthurien à peine a-t-on tenté de lire telle laisse, telle branche, telle partie du cycle même.

(Ici, le statut des textes écrits avant 2020 n’a pas été tranché. Sur le Web, ça part en vrille, forcément, au sens botanique. Mais dans un livre, puisqu’il faut bien imaginer le volume, qu’est-ce que ça donnera ?)

Sous un néflier arborant encore quelques nèfles racornies, en janvier, un jars s’en prit à un mollet.

 

13:31 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

55–Melemed–Piano

 

    Il y a ça quelques années, j’avais commencé à écrire, sous forme de tweets, un long texte explorant les possibilités imaginaires de la nèfle, comme fruit. F. B., alors encore on speaking terms avec moi, avait dit que ça pourrait être intéressant de mettre ces tweets bout à bout. Ce texte est donc enfoncé dans les bas-fonds du Web. C’était à l’époque des tweets en 140 signes, vous imaginez ça ? Mais il y a déjà eu, de ma part, un essai de texte suivi (mais disséminé) sur la nèfle. Ces moments où Ponge remord reprend emprise.

 

13:23 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

54–Sinkevych–Piano

 

    De mon bureau, par la fenêtre, je vois un des deux néfliers. Il y a quelques années même, il avait fallu élaguer l’arbre car les branches cognaient contre la vitre. De même pour l’autre néflier, et l’autre vitre, celle du coin lecture. D’une exécution trop leste on oublierait le r de vitre : vite. On l’a oublié, effectivement. Ces nèfles oubliées, des globes.

 

13:15 Publié dans Brun socle déformation, lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

53–Party–Clavecin

 

    Vois-je déjà, sur le néflier vide de feuilles, poindre les bourgeons ? Illusion d’optique, wishful thinking ? Il y a encore quelques nèfles rabougries et racornies qui ne sont pas tombées de l’arbre à l’automne. Une quinzaine peut-être. De là, dériver sur une longue méditation analogique.

 

13:09 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 26 janvier 2020

52–Leonhardt–Clavecin

 

    Un politologue proche du gouvernement, au point qu’il pourrait afficher carrément son encartage, explique doctement que l’épidémie possible de coronavirus fait les affaires du gouvernement, car le gouvernement va pouvoir détourner l’attention de l’opinion publique de la mobilisation contre les réformes.

 Or, 7 Français sur 10 sont opposés à ces réformes, et la mobilisation prend de l’ampleur.

Est-ce à dire que cet expert nous prévient contre le risque que des préfets se servent du coronavirus comme d’un prétexte pour interdire les manifestations ? Ou qu’il espère que l’épidémie se propage, afin que faiblisse la lutte contre la précarité et l’appauvrissement induits par cette réforme ?

Ce politologue cynique aux propos abjects offre aux complotistes de tout crin leurs meilleurs arguments.

Ce politologue cynique se nomme Jérôme Jaffré.

 

12:24 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

51–Bova–Flûte à bec alto

 

    La porte-parole du gouvernement, réagissant au sondage selon lequel plus de 70% de Français pensent que les grèves et mobilisations vont se poursuivre, affirme que ça signifie que les Français sont lassés & aimeraient qu’on passe à autre chose, qu’on ne parle plus de la réforme des retraites. Chaque parole de la porte-parole du gouvernement est un mensonge criant, éhonté, impudent. La porte-parole du gouvernement ment à chaque déclaration, à chaque interview. La porte-parole du gouvernement discrédite le mot même de parole.

 

11:46 Publié dans lactations : déSastre, MAS, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)

50–Kartishar–Piano

 

    Un député de la majorité nommé Da Silva déclare que le seul moyen d’éviter la réforme des retraites et un allongement considérable du temps de travail serait une épidémie massive de coronavirus chez les plus de 70 ans. Da Silva est un salopard cynique et obscène. Cette majorité et ce gouvernement sont un nid de menteurs et de salopards cyniques et obscènes…

 

11:27 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

49–Lester–Clavecin

 

    Le secrétaire d’Etat annonce que les « simulateurs » permettant de connaître l’évolution de chaque cas individuel dans le cadre de la réforme des retraites seront publiés après le vote de la réforme. Le secrétaire d’Etat se fiche de nous. Le secrétaire d’Etat se fout de la France entière.

 

11:12 Publié dans Afauxrismes, lactations : déSastre, Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 25 janvier 2020

48–Lémery–Piano

 

vingt-neuf par vingt-neuf oui

mais en toutes lettres, qu’on

nomme signes ou caractères et

que l’on désigne ainsi, aussi

dans les logiciels de traite-

ment de texte français, de so

rte qu’un carré s’écrit en vi

ngt-neuf lignes pour clore ce

dont depuis 29 jours on avait

, pas s’égarer, on avait envi

e — alors on l’admet dit déso

lé, hein on s’excuse, un carr

é : pas un sommet, pas l’ubac

ni l’adret (texte noir corbac

et signes noirs de jais, cara

ctères en fonte autrefois noi

rs de poix, poser ce mascara,

texte passé au brou de noix !

) pour que quelqu’1 maltraite

la phrase ou la syntaxe la la

ngue ou autre chose de sirupe

ux, pas la mangue ou la drupe

les flots de cucuterie (la la

land), et tout ça sucré métal

rude métal à ne pas perdre de

vue le côté méta, mise en aby

me, ce vieux magasin fade, by

the riverside, rengaines étal

ées, en 29 par 29, ici même.—

 

16:02 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

47–Sungpil Kim–Piano

 

vous dansez vous chante

z à peine déséquilibrés

pour cela préfère l’imp

air, créature bénéfique

chaque instant humer l’

air : le soleil nous en

toure tandis que vous c

hantez et que vous dans

ez lentement, puis pres

to, et vos corps cabrés

comme tendus vers l’imp

ossible qui ne te hante

pas ? tu le sens dedans

et dans l’air qui t’ent

oure, l’air de l’impair

dilué et libérateur qui

pose un mot—ce défi que

vous chantant vous dans

ant avez pu relever par

le soleil, par l’ombre,

par la danse & le chant

& la fonte du temps s’i

l bruine, ces temps-ci.

 

15:22 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

46–Pinnock–Clavecin

 

pas facile ce n’est

pas facile ô non ce

n’est pas facile ça

& comme ça ce n’est

pas facile on n’est

quand même pas prêt

à renoncer car si ç

a n’est pas facile,

on a sa fierté, oui

on a sa fierté, pas

vrai j’ai ma fierté

pas facile ce n’est

pas facile, la fier

té, ça se place mal

pas là où il faut c

’est pas facile, oh

non ni facile à pla

cer ni oh la de pla

ire au public (ôoh)

 

11:53 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

45–Belder–Clavecin

 

c’est, dans la gl

otte, tel malaise

diffus, depuis de

ux ans, qui finit

pour s’accompagne

r d’1 mal de tête

plus classique, &

la nuque suit, en

quelque sorte, it

ération anglaise,

et —pourquoi angl

aise ? je fuis de

s explications me

payer sur la bête

Albion ou Espagne

n’est pas 1 rhume

ni Mompou Britten

 

11:30 Publié dans Fièvre de nombres, lactations : déSastre, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 24 janvier 2020

44–Kirkpatrick–Clavecin

 

    If you’re marching, you can’t be loitering much.

Nous marcherons. Donc nous marcherons, je marcherai, comme nous avons si souvent marché, en piétinant, en accélérant, stoppés net soudain par on ne sait quoi, en chantant des chants le plus souvent ineptes, mais rien de plus biscornu qu’une manifestation silencieuse par simple défaut d’organisation. On parlera surtout beaucoup, on discute beaucoup entre collègues, et avec d’autres : lors de la dernière manifestation, j’ai passé un bon moment avec les lignes de SUD-Retraites et de salariés du privé.

Avant cela, un trajet en bus. Pas tout à fait comme dans les Exercices de style, et pourtant, depuis le temps, comme t’aurais pu en écrire, des variations, non sur la forme, mais sur les récits eux-mêmes.

Après ça, on ne sait pas.

Manifester, à aucun titre, ne peut figurer comme loiterature.

 

13:57 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

43–Hadland–Piano

 

    Au moins, le peuple ne se laisse pas faire, et cela, c’est déjà tellement fortifiant, roboratif.

Malgré la propagande.

Le petit paltoquet lance, faute d’autre chose : essayez la dictature et vous verrez !

k43.PNGLa chienlit, c’est lui.

Nous, on se cajole, on s’emporte, mais on essaie de rester vivants.

Pas des pantins d’acier froid ou de carton-pâte.

Sire, nous faisons de notre mieux.

Alors nous marchons, battons, scandons — c’est la mesure 39, la mesure est à son comble — et au moins nous sommes, chacun de son côté ou en chœur, vivants.

 

13:48 Publié dans lactations : déSastre, Unissons, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)

42–Zanardi–Piano

 

     J’essaierai de retenir le nom des oiseaux ou des plantes que j’apercevrai en marge de la manifestation, afin de composer un poème.

On bat le bitume.

Qu’un cormoran survole la Loire en offrant l’arc de ses ailes dans le scintillement du soleil, au-dessus du pont, on sait que la journée est réussie.

Il y aura aussi des photographies, des films.

 

13:38 Publié dans lactations : déSastre, Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (0)

41–De Figueiredo–Clavecin

 

    Tout à l’heure aller manifester, encore une fois, une énième. Mais on sent, avec le grand soleil, que l’espoir n’est pas mort. Qu’est-ce qu’on aura battu le pavé, depuis 18 mois, me disait avant-hier mon collègue F. Donc marcher, malgré la lombalgie et – je le sais désormais – l’arthrose.

 

13:32 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 22 janvier 2020

40–Ader–Piano

 

    Dans la mesure où j’ai traversé bien des bois abattus, où je peux encore aujourd’hui raconter comment je survécus dans ces abattis, je peux aussi, après une nuit agitée, vous chanter des chansons qui constituent un défi aux arts de mémoire.

C’est à telle enseigne que je chante.

Capture.PNGJe suis le porte-drapeau des chevêches à qui on a arraché leurs trous de pic épeiche.

Je suis le figurant solennel d’une pièce qu’on joue sans moi, tous les soirs.

Alors je m’abandonne en moi-même, je m’absente.

Je pèse en moi les souvenirs — chansons et arpents, vagabondages et élucubrations — et constate qu’ils sont de plus en plus lourds, plus chargés à chaque seconde qui passe, alors le corps léger je continue de les peser, avant de m’effriter, avant de m’effondrer.

Je numérote la fonte des glaces sur un cadran de bakélite. À telle enseigne que je m’effrite.

 

09:05 Publié dans lactations : déSastre, Les Murmures de Morminal, MAS | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 21 janvier 2020

39–Colombo—Clavecin

 

    Jeux de lumière dans l’eau des fontaines. De quelle fenêtre de quel château les admirer. Les filmer peut-être. La précision du trait. Hier s’être sali doigts et habits, de craie. Et maintenant ça. Je filme en imagination ces longs jaillissements. Mollets picorés dans une cour de ferme. La guerre pichrocoline des jars et des enfants. On a pu aimer voir couler l’encre noir de jais, on regarde rebondir l’eau. Comme c’est reposant. Dire qu’hier vous avez écrit le mot craie au tableau noir avec une craie. C’est trop drôle, quand on y songe.

 

16:43 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

38–Zahharenkova–Piano

 

    La phrase parfaite, de sept mots et 48 signes, avait ouvert le bal, avant qu’on ne s’aperçoive qu’il manquait, pour fermer le ban, précisément 48 signes. Kabbalistes ou soufis y verraient le sceau de la perfection divine. — J’y vois juste le hasard qui pour une fois fait bien les choses, ne m’obligeant pas à trimer, au sens anglais du mot.

 

16:35 Publié dans Fièvre de nombres, lactations : déSastre, Xénides | Lien permanent | Commentaires (0)

37–Frith–Piano

 

    Oignons et aubergines grésillent dans la poêle. C’est le chili sin carne qui se prépare, succulent, toujours. La tournure pronominale a belle gueule : c’est C* qui cuisine, admirablement toujours. Les bourgeons réapparaissent sur le néflier. Oignons et aubergines grésillent dans la poêle.

 

16:28 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

36–Papadakis–Piano

 

    Le plateau beige est taché et griffé, ébréché. Peut-on dire du bois qu’il s’ébrèche ? Probablement que non. Le bois du plateau sur lequel repose le clavier sur lequel courent mes doigts est rayé par endroits, légèrement crevassé, faut-il dire fissuré. Les nœuds du bois forment des lignes topographiques rassurantes où mon regard pourrait se perdre si je n’avais pas à composer ce texte. Ces nœuds pourraient tout aussi figurer des baïnes, des creux autant que des sommets, des trous dans l’océan. Il n’est pas facile de rester concentré, de tenir le rythme. Quand il faut écrire le texte multiple de 4, toujours le plus long, si la sonate ne dure que deux minutes il faut évidemment la repasser, sans parler du peaufinage, du temps à consacrer au rejointage, aux ratures, toujours plus long que la composition elle-même. LÀ J'AI VISÉ JUSTE.

 

11:50 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

35–Haskil–Piano

 

    C’est le thème qui me trouve, doigts actifs longtemps après la pensée et parfois semblent se déplacer seuls, comme dans le studio à Talence je foutais un boucan pas permis avec la machine à écrire, en ai-je écrit alors, mais c’est le thème qui me trouve, et si je me troue, s’il y a des coquilles alors je les corrigerai après, quand il faudra peaufiner, passer la taloche, donc c’est le thème qui me trouve, peut-être après cinq mesures, ce n’était pas le but ce truc très méta qui s’écrit de soi-même (?) en à peine une minute.

 

11:25 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

34–Marcon–Orgue

 

    Un envol d’étourneaux : la joie. Étourneaux superbes, quoi qu’on en dise, dont les murmurations, il y a près d’un mois sous le soleil immense, avant Pau, donnaient du cœur à l’ouvrage. Montrant la voie, ces envols et ces architectures mettent en joie. Je veux désormais toujours être joyeux, que la profession de foi soit profession de joie.

 

10:51 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

33–Puyana–Clavecin

 

    Qu’il est difficile de savoir si les phrases lues dans une vie de durée moyenne se comptent par millions. Combien de phrases dans Les Misérables, L’Idiot ? Et combien de phrases dans une copie, pour combien de copies corrigées dans une année ? Regarde les livres autour de toi. Le vertige.

 

10:41 Publié dans lactations : déSastre, MOTS, Un sang d'encre | Lien permanent | Commentaires (0)

32–Gilels–Piano

 

    Retenir les larmes, c’est à contempler, mais ni un fleuve ni le ciel bleu ni l’heure qui passe ni la brume bleue ni la sueur au front ni la fleur au jardin oubliée dans l’herbe et la terre ni le creux de l’oreille ou celui de l’épaule ni la vareuse jaune ni le rémouleur devant sa roue ni le fleuve revenu ni le ciel décoloré ni l’horloge ni le brouillard enfin levé et envolé ni le front sec froid ni la primevère déterrée ni la terre lourde ni la glèbe légère ne permettront de s’en prémunir, de les retenir, ces pleurs, tout juste d’écrire quelques phrases qui s’échappent, s’écoulent, que rien ne retient, qu’aucune bouche n’a dite, et à bien contempler fleur et fleuve, la terre et la buée, sueur et combes, le rémouleur et le marin, on finit par considérer cela, ne plus pleurer, l’œil sec comme le front, le cœur peut-être sec, aussi.

 

10:06 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)