mardi, 25 novembre 2014
Avec des cédilles.
22.11.2014., 23 h 15
soirée restes
marée parcimonieuse de gestes
une cloche çonne çonne
le cheval me désarçonne
quelle est donc cette monture
quelle est donc cette morsure
la nuit lourde de fruits
clavier bruits
la cavalière friçonne
dans l'église où j'hameçonne
les pieuvres de l'allégresse
soirée restes
danseuse gaie gestes prestes
à peine une rature
clavier la cloche rassure
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vendredi, 06 juin 2014
Pong▓Ping, 1
▓
Irene Aebi est née à Zürich, et c’est à Zürich qu’elle enregistra l’album Blinks, avec son Steve Lacy. Irene Aebi fait partie de ces rares voix féminines que j’aime, dans le jazz – mais alors, follement. Initié à la musique de Steve Lacy par mon beau-père, le premier CD que je m’achetai de lui fut Vespers, et je fus étonné de cette sorte d’oratorio, avec Irene Aebi en grande prêtresse. Irene Aebi, je n’ai pas entendu votre voix depuis longtemps ; demain, je réparerai cet outrage.
▓
22:21 Publié dans J'Aurai Zig-Zagué, MUS, Pong-ping | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 21 novembre 2013
↕ chaloupé de chameau ↕
Loupé de mots
chat de chat
queue du chat loupée
bosse des mots
bosse d'émotion
(laide) bosse
les 2 bosses (chaloupées) de chameau (“
in motion
”)
16:48 Publié dans J'Aurai Zig-Zagué, MUS | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 06 mai 2013
Le Chant du rossignol (1270/1500)
Il m'a semblé découvrir (entendre pour la première fois) avant-hier la suite de Stravinsky intitulée Le Chant du rossignol, dans le coffret Silvestri que vient d'éditer EMI. Or, je m'aperçois que cette suite orchestrale figure déjà dans un autre coffret, pourtant abondamment écouté : se peut-il que je sois toujours allé directement à Apollon Musagète, en passant par-dessus celle-ci ? Ou que je sois à la ramasse...?
Toujours est-il que, sous la baguette de Silvestri, c'est très beau. Sous la baguette de Jukka-Pekka Saraste, je n'en sais rien, puisque je ne l'ai pas encore remis (« remettre » au sens de “remettre sur la platine” et de “se remémorer”). Evidemment, cela serait très rassurant (pour mes facultés cérébrales), que la version finnoise soit terne ou inintéressante — ça expliquerait pourquoi cette pièce ne m'avait pas marqué jusqu'à présent.
Le quatrième mouvement de cette suite, le “Jeu du rossignol mécanique”, est très contrasté, avec des passages très mélancoliques, poignants (des adjectifs qu'on n'associe pas souvent à l'esthétique stravinskyenne), et les côtés plus grand-guignolesques, qui ont si péniblement influencé certains compositeurs de cinéma (et aussi, je le crains, Léo Ferré) mais sont ici d'une tenue, d'une gravité dans le délire tout à fait impressionnantes. Quoique je n'y connaisse rien, c'est sans doute dû au fait que Silvestri était un grand coloriste d'une maniaquerie pointilliste qui ne l'empêchait pas de toujours garder à l'esprit le son d'ensemble.
09:33 Publié dans 410/500, 721, MUS | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 03 avril 2013
Schmidt/Schmitt
Le jour même où Valérie me recommandait la lecture d'Arno Schmidt – autour de qui je tourne depuis plusieurs années, comme ça, de loin –, j'avais emprunté, à la médiathèque, un enregistrement du quintette avec piano de Florent Schmitt, que j'écoute en ce moment pour la troisième fois : de magnifiques moments, une tonalité globalement languissante. Après tout, pourquoi faudrait-il que languissant soit nécessairement péjoratif ? N'aime-t-on pas Verlaine ?
À mon étonnement, la bibliothèque universitaire possède plusieurs ouvrages d'Arno Schmidt en traduction, aucun en allemand. Au moment où la Présidence décide de couper un peu plus le robinet, en tranchant le cou des études d'allemand, cela me semble être un symbole frappant, y compris de l'absence totale d'engagement des collègues germanistes depuis plusieurs années. Comme par hasard, ceux qui n'ont jamais fait acheter de livres d'Arno Schmidt en allemand (ce qui témoigne, je suis bien placé pour le savoir, d'une absence de travail avec les conservateurs) sont ceux qui ne passent à Tours que quelques heures par semaine, ne viennent jamais informer les lycéens sur leurs Licences dans les Salons et Journées Portes Ouvertes... et dont les effectifs sont tombés si bas que leur Licence n'ouvrira plus. Faut-il s'en étonner ?
08:58 Publié dans MUS, Narines enfarinées, Unissons | Lien permanent | Commentaires (2)
vendredi, 29 mars 2013
Sinful
Que t'arrive-t-il, ce matin, que tu n'aies rien sur la peau ? Cette phrase contournée, question aux pores ouverts, ne t'accompagnait pas au réveil, mais cela n'eût pas été impossible. Après l'opium d'Ovide, tu as plongé – pour rien, encore – dans le bassin aux Ernests, évitant soigneusement les tables en bois, et les jeunes filles qui déambulaient sur le gravier en mouvements saccadés, comme des pièces de jeu d'échecs.
Si les échecs peuvent rendre fou (ce que pense Paul Auster), la musique aussi, à un certain degré d'écoute (ce que pense Colomba).
Tu ne cesses d'interrompre le fil de ta vision ; que t'arrive-t-il ce matin ?
Peut-être est-ce d'avoir admiré, toute la semaine déjà, les feuilles qui poussent avec vigueur sur les saules pleureurs (ceux du square au bout de la rue, ceux de l'avenue voisine, ceux du parc), tandis que ni le prunier ni le cerisier ne se sont réveillés. Ce n'est sans doute pas plus mal, si ce froid de canard (on dit toujours un froid de canard, les ours polaires trouvent ça bizarre) dure encore, paraît-il jusqu'à la mi-avril, ce n'est pas possible, on ne tiendra pas, même avec le soleil on ne tiendra pas. Au moins, après ça, je sais que je peux écrire, sans trop forcer mon talent, un onzain pour célébrer Ivo Perelman.
Célébrer n'est pas le mot juste, je ne trouve pas le mot juste, les jeunes filles continuent de se mouvoir étrangement, il règne, au fond du bassin aux Ernests, un froid vaseux, il y a si longtemps (bouzin déglingué dans la chambre dont tu as oublié jusqu'au numéro) que l'on n'a pas écouté ce beau disque d'Oscar Pettiford ça va me rendre fou. Les jeunes filles se poursuivaient à pas ultra-lents, souples comme des virgules, raides comme des contre-cotices.
Et fou de métaphores, devenu dingue après trop de parties d'échecs sur le dos d'une contrebasse, tu es parti dans un envol de cymbales, c'est curieux tout de même, ce silence qui ne parvient pas à s'immiscer dans le feutre, ce glissando, curieuse leçon pour d'étonnantes ténèbres, cette eau poreuse qui m'étouffe au fond du bassin aux Ernests.
(2060)
09:13 Publié dans B x A, J'Aurai Zig-Zagué, MUS | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 06 mars 2013
Last of the Chicken Wings
Si j'ai proclamé peu de choses, ces dernières semaines, disait l'orateur, le beugleur de Hyde Park, si je me suis résolu à reprendre le chemin de cette grille, vous me pardonnerez le raccourci, la brachylogie, disait-il en fanfaronnant du bout des lèvres, si je me suis décidé à revenir ici, en équilibre précaire sur ma caisse de McEwan's, ce n'est pas pour rien, pas par ennui ou désœuvrement, j'ai tout bonnement des révélations à vous faire, et ainsi, disait, dit, lança l'orateur improvisé au teint blafard, une information qui a échappé à tous jusqu'à ce jour doit être portée à votre connaissance – ne devrait-on pas plutôt moduler, what a muddle, pense le traducteur, ainsi : « il faut porter à votre connaissance une information de prime importance » – et vous en serez tous bien heureux, ravis même, l'orateur sourit, puis il se tait longuement, les badauds commencent à s'éloigner.
Il est possible aujourd'hui, murmure-t-il, de changer de lieu à la seconde même. Vous trouvez pénible cette pluie incessante, la bruine de chaque jour, Londres ou la Touraine, hein, vous consultez cette nouvelle application disponible sur Internet et sur vos téléphones portables (le traducteur s'interroge) et décidez de vous téléporter instantanément en un lieu ensoleillé. Il a forcé la voix, il répète ce qu'il vient de dire, les badauds se marrent. Ils ne se marrent pas doucement, ils rient ouvertement. Vous cliquez sur tel lieu de votre choix, le mieux est d'avoir un support de connexion mobile, afin de le faire suivre avec vous sur le lieu de téléportation, la voix de l'orateur est sans emphase, ça intrigue quand même certains des auditeurs, et donc vous voici au soleil, il fait beau, il fait doux, pour un peu vous vous désaperiez total, déloquage intégral au vu de tous, les auditeurs rigolent (le traducteur multiplie les surlignages en orange et les points d'interrogation en commentaire), attention toutefois de ne pas tous cliquer sur Ibiza ou Miami, on va risquer l'écrasement par surpopulation. Alors, je songe que je choisirais systématiquement un coin ensoleillé mais paumé, en Dalmatie ou loin des côtes australiennes, un jour de soleil en Tasmanie peut-être, le Quercy écrasé par la canicule.
Bam, bam, ça cogne fort, je chaloupe, je loupe toutes connexions neuronales, quelle invention curieuse, furieuse, terrible, formidable (non : terrifiante – le traducteur s'arroge d'étonnantes prérogatives), on retombe dans cet héliotropisme de façade, l'application permet aussi messieurs dames d'aller à la neige, de choisir un coin pluvieux, d'aller se rafraîchir, s'embruiner, vous ferez comme bon vous semblera (endrizzle yourselves, une réminiscence baudelairienne pointe le bout du nez, on n'est pas à Hyde Park pour rien), mais enfin voilà le début d'une nouvelle ère, l'ère des applications informatiques mobiles qui changent véritablement l'existence, ça sent le slogan, je vous jette mon gant au visage, l'orateur sur sa caisse de McEwan's ne s'emporte pas, on voit, à la douceur de ses expressions (faciales aussi ? hmmm, m'étonnerait), qu'il n'est pas fou, et que ce dont il parle existe vraiment, d'ailleurs il brandit une tablette numérique, il va faire la démonstration, hors langage, de son transport.
11:36 Publié dans J'Aurai Zig-Zagué, Les Murmures de Morminal, MUS | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 19 janvier 2013
33
saxophone alto
Michael Row the Boat Ashore
notes résonnant
chaud dans la chaleur neigeuse
mélodie sur Bételgeuse
18 janvier, 18 h.
01:51 Publié dans Aujourd'hier, MUS, Tankas de Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 17 janvier 2013
1974. La Meneuse de tortues d’or (version 637/773)?
Un été imaginaire est venu remplacer l’hiver. L’encre de la page réglée sur un niveau de noir presque absolu, on a écrasé la clope dans le cendrier, on s’est affalé dans le sable, et on a commencé à regarder l’étrange manège de cette femme, indescriptible. Ses mouvements : lents et précis, parfois saccadés. Elle veille à n’effrayer aucun buisson sur son chemin. Elle songe à la nuit passée, d’autres rêves évanouis. Elle prend garde de ne surtout pas compter les tortues qui la suivent, à ne pas se retourner, sans oublier de faire semblant de ne pas voir qu’elles ont des écailles sublimes, et que leurs pattes ne laissent pas de traces dans le sable humide. Sous ses yeux, les cernes de cette femme font comme un dessin d’enfant. On s’endort en comptant les écailles.
09:32 Publié dans ABC*ACB, MUS | Lien permanent | Commentaires (0)
Le Fouzy-Yama vu des roseaux
Approchez-vous, il ne se passe plus rien. Ni écriture, ni émotion, nous avons lâché les rênes. C’est comme en haut d’une impériale, ou dans une calèche. Je pose un doigt sur vos lèvres – vos joues sales, vous êtes belle. À chaque fois qu’un nuage traverse le ciel, je revois les rides sur le bon visage de mon arrière-grand-mère. Approchez.
Bernard van den Sigtenhorst-Meyer, Daniel Gardiole
08:55 Publié dans J'allaite le nouveau Kant, II, MUS, Unissons | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 23 décembre 2012
Pierrot en râgâ
J'aurais dû profiter d'une soirée plutôt calme pour composer quelques textes, les publier en avance. J'ai préféré écouter des malkauns et Pierrot lunaire (dans la version de Marianne Pousseur, qui ne me ravit pas, a priori), en achevant de lire Netherland et en commençant d'un pur silence inextinguible (enfin !).
« The double-deckers lose their elephants' charm. »
Comme c'est à la page 172, je pourrais faire un effort supplémentaire. Mais, officiellement, ce n'est pas ici que je recycle. La fin du monde : en couverture.
Trop d'italiques. Raharimanana marchait jeudi midi le long de la rue des Tanneurs.
08:21 Publié dans Droit de cité, MUS, Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 09 octobre 2012
Multikulta
Biffe. Empiffre. Rature. Et vole dans un grand sursaut lent qui s’amoncelle en myriades de divagations prêtes à l’emploi dans la bouche volage de cette demoiselle assommée par l’air du large et par ces souffles de bouée, ces feutrines dont l’appui donne une sonorité fugace à tout ce qui les touche. De près ou de loin. —— Õ —— Marteaux telles des questions posées au paysage — paysages d’ombelles dans le vent, visages striés des obèles. Dans le long moutonnement foireux et approximatif de l’océan naît une abstraction qui n’aurait pas voulu être telle, nodule sur une crête, ondoiement au sommet d’un volcan tant et si bien que les verbes même et que la syntaxe justement la place à d’autrement mondes. Soulignements ondulés à la crête des montagnes course de mollets phrygiens au creux des puys l’adjectif devenu monade sa superbe en perte de vitesse. L’altiste se prénommait Oene, sans que l’on sût s’il dessinait des trémas des tildes sur son caisson verni ou si la barre nordique l’avait secouru traversé de part en part émincé rapiécé l’altiste rabougri dans un coin nous enchante. Ce n’était pas sucré, votre caramélopée. —— Ø —— Il n’y avait pas de cirque dans notre ville humide comme un crachapiteau. Pitoyablement refaire surface les verbes dents desserrées sur une crête d’étreinte sur un cratère éreinté. Raturant biffant surtout surtout accumulant. Suerte.
(485/222)
14:55 Publié dans MUS, YYY | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 09 septembre 2012
1848 - Manquer, marquer la date
Marquer la date, manquer la note.
Une soudaine bourrasque nous pousse, ici ailleurs, au gré du soleil, à la faute.
Et vous bondissez.
La buée qui s'échappe de vos narines,
le souffle court de votre déprime
exténue toute antérieure odyssée.
Manquer la note semblait, en ce temps-là aussi, quelque impardonnable crime.
C'est en haut,
en haut de la montagne, à la cime,
où seuls les rocs prennent racines :
Marquer le lent decrescendo.
16:09 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 29 mars 2012
« Moite sous la chaleur »
« Les enfants donnent la main à leurs pères. Quelques femmes voilées frôlent des adolescentes qui préfèrent le jean à la robe. Des hommes accroupis bavardent à l’ombre d’une porte. Si j’osais, je m’assiérais à côté d’eux, moite sous la chaleur, les yeux mi-clos, pour m’intégrer à ce fragment de monde tranquille. Pas si tranquille que ça… » (Christian Giudicelli. Tunisie, saison nouvelle. Gallimard, 2012, p. 51)
Recopiant ces quelques phrases, toujours dans le désir de ne pas ranger un livre lu sans en avoir extrait quelque pépite m’ayant frappé à la lecture, et découvrant l’album du quintette d’Albert Mangelsdorff enregistré en 1963, réédité en 1993 et découvert par moi au hasard du butinage webmatique, je veux noter à la hâte les premières impressions à l’écoute de « Club Trois », la composition de (l’immense – j’ai plusieurs disques de lui) Heinz Sauer :
* cela n’a pas pris une ride, c’est du très grand jazz
* est-ce parce que je suis plongé dans Tunisie, saison nouvelle que j’entends des échos d’A Night in Tunisia puis de Caravan ?
* le solo de trombone de Mangelsdorff est à se pâmer (se damner ? è se dâmer, se pamner)
Dans les notes de pochette qu’il avait greffées à l’album en 1963, le tromboniste et leader écrivait ceci :
“What most American jazz men object to Europeans is their lack of originality. If you play as many festivals as I do, and if for two successive evenings you listen to twenty musicians trying to play like John Coltrane, you begin to understand this criticism.”
Or, Mangelsdorff, ici comme sur d’autres morceaux plus tardifs que je connais de lui, swingue comme un malade, et sans jamais, de fait, imiter (ni sonner comme) Kai Winding ou J.J. Johnson, qui pourraient passer pour ses plus évidents modèles américains. (Il fut question de mimicry et des Mimic Men de Naipaul lors du dernier séminaire de master, lundi, ce qui peut relancer vers la mômerie, le modelé sans émulation, l’imitation sans émancipation – toutes choses au cœur, stylistiquement, d’une phrase de Joyce.)
Il me plaît aussi (pour en revenir au sujet précédent et ne pas toujours tirer à hue) que le patronyme du tromboniste puisse se traduire, à condition de faire, comme sur la photographie de couverture de l’album du quintette, sauter le deuxième f final, par « village de la lacune » (« le hameau du manque » ?). En effet, l’art si beau, si difficile, du trombone, me semble toujours lié à un travail adverse, à tirer un swing magnifique d’un instrument qui ne se donne pas, qui regimbe. Coulisser et le coulé du phrasé, rien d’évident. Il faut écouter « Set ‘em up », le troisième titre, pour entendre de près, avec joie et terreur, ce combat avec l’ange.
09:41 Publié dans J'Aurai Zig-Zagué, Knobs & thorns, MUS, Unissons | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 07 juin 2011
Paukenhändschen im Blaubeerenwald
Elle, c’est-à-dire, il se promène. Il, à savoir elle, trébuche en déambulant. Personne ne leur a rien demandé. Alors, c’était comment ? Des vagissements sanguinolents effrayant même les corneilles vous raclaient les oreilles, et c’est tout ce que tu trouves à dire. Elle, de plus en moins il, s’étonne mais poursuit le sentier, en hâtant même le pas dans ses jupes. Il, fermement elle, s’attarde en se pressant car les oiseaux printaniers la, autrement dit le, rassurent. Ce n’est pas rien, tout de même, en trois minutes déjà, la mi-chemin trouvée. Alors, c’était comment ? Myrtilles, airelles ou cassis ? Et ce kir à la châtaigne hier ! Tout commence à reprendre sens, et à pas comptés, pesant chaque mot de son for intérieur, elle s’éloigne, les mains noires de jus, tandis qu’il se rapproche encore des buissons, mais pour y faire quoi, et c’est tout ce que – battant cognant les bûcherons minuscules dans les taillis – tu trouves à dire. Cependant les scolopendres s’agitent, et elle, comme lui, a disparu, avant le cri primal d’un forficule peut-être ailleurs primate (ellui, il-le).
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( In westerns, at least, a crowd of wheeling vultures usually means that the hero is inches from becoming carrion. )
12:17 Publié dans J'Aurai Zig-Zagué, MUS, Tropographies | Lien permanent | Commentaires (2)
mercredi, 06 avril 2011
Elliott, version 555/655
Dans le labyrinthe, Mathieu perd les pédales. Matthieu mord les médailles. Et ce n’est pas d’énumérer les enregistrements d’œuvres d’Elliott Carter qu’il lui reste à acquérir (by means fair or foul) qui l’aide à retrouver son chemin. Figurez-vous que je crois qu’il a la fièvre, car, ne reculant décidément devant aucun sacrifice pour son grand comeback (six jours après son grand comeback (inaperçu) dans la blogosphère), il annonce à la cantonade (et dix-sept jours désormais après le premier tour des élections cantonales) qu’il compte posséder tous les enregistrements possibles et imaginables des œuvres d’Elliott Carter avant la fin de l’année 2014.
13:42 Publié dans MUS, Un sang d'encre, YYY | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 23 février 2008
Tout, moi ça
Tout moi, ça : avant de quitter mes pénates pour une dizaine de jours, j'avais commencé une exploration plus systématique des quatuors à cordes, mais aussi des quintettes avec instruments à vent de Mozart, avant de pouvoir me lancer (à corps perdu, pensais-je) dans les quatuors à cordes de Beethoven, là encore pour une exploration systématique qui aille au delà de mes habituels et aimés op. 59/3 et op. 131... Or, après avoir entendu une série d'émissions passionnantes consacrées à Liszt, Chopin et Schumann par le pianiste Nelson Goerner, me voici plongé dans l'intégrale Brillant de Chopin, dans laquelle, il faut bien l'avouer, les enregistrements "historiques" des CD 18 à 30 dépassent de cent coudées, pour la plupart, les enregistrements plus récents des CD 1 à 17. Ainsi, à quoi bon les Mazurkas de Cor de Groot si l'on a celles de Rubinstein, qui les feront toujours pâlir d'envie ?
Tout moi, ça : au cours de cette dizaine de jours, j'ai écrit quelques textes que je pensais publier dans ces carnets dès mon retour. Or, tout en écoutant la Ballade n° 3 op. 47 par Anatole Kitain (un pianiste dont je pressens qu'il est injustement tombé dans l'oubli), me voici à pianoter, tout à trac, ces quelques gribouillis immédiatement contemporains.
Tout moi, ça...
10:40 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Ligérienne, écriture, Musique, Chopin, Piano
samedi, 05 janvier 2008
Blute nur, du liebes Herz
Dans le bleu des yeux, dans le bleu des lacs
Dans la balayure
Insensible aux remords
Insensible aux marées
Comme avant, mieux qu’avant, comme autrefois perdu
Tout comme autrefois retrouvé
Dans le bleu des pierres, dans le bleu furieux des paupières
Dans la brisure des eaux
Dans la brisure des vagues
Insensibles d’être d’écume
Insensibles d’être froides
Insensibles d’avoir aimé
Comme à chaud, comme à brûler
Tout comme autrefois embrasé
Dans le bleu des collines et dans le bleu des prés
À fond perdu
De courir
Dans le bleu des prés
Dans le bleu des yeux.
20:55 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, Musique
jeudi, 11 octobre 2007
Renards, narrats
En comparant le premier et le troisième des Quatuors de Vincent d'Indy (que j'ai beaucoup écoutés, un temps, mais avais oubliés), il s'avère que les tonalités franchement néo-schubertiennes, voire académiques, de l'un me plaisent infiniment plus que les chemins de traverse enchevêtrés de l'autre. L'un me mène sur des sentiers tantôt ténébreux tantôt gais, mais où je retrouve nombre de mes sensations familières, sous d'autres éclairages, et où paysages et feuillages ne se dérobent pas. L'autre me donne le sentiment, non d'être prisonnier d'un taillis ou d'inextricables ronciers, mais plutôt de reprendre toujours la même route pierreuse et déjointée, dans des décors faux, clinquants, comme en ces rêves d'éternels et balbutiants recommencements dont on s'éveille en sueur, terrorisé d'avoir saisi, dans cette effroyable répétition insensée du toujours-pareil-jamais-normal, le sens jusqu'alors évanescent de son existence. Mais il n'y a pas, là, de révélation : c'est une fiction pour amuser la galerie, et le quatuor, simplement, se perd en volutes et nous endort.
J'écoute diverses pièces religieuses de Johann Joseph Fux (compositeur dont j'ignorais l'existence jusqu'à ce que j'achète, il y a peu et par hasard, ce disque du Clemencic Consort), et je ne sais pourquoi seuls le long et sobre Dies Irae, le très poignant Domine Jesu Christe et le flamboyant Agnus Dei retiennent mon attention. Toujours est-il que je les passe en boucle, sans prendre garde ni au crissement des graviers (au dehors) ni au bruissement du clavier (inside).
15:20 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Musique, Fux, D'Indy
vendredi, 05 octobre 2007
1489 - Vénus velours
La guitare autruche et l'alto couinant
me tapent sur les nerfs autant
que ces rites cuir à deux francs
freaky interminablement
Tandis que Sévère ou Szweryn
fourrés de latex et d'hermine
se gargarisent de vermine
On reprendra deux aspirines
(Tant pis pour rien du tout, Léopold !)
17:10 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, Ligérienne
mercredi, 29 août 2007
Mardiscount
Hier, aux Enfants d’Icare, très en vie, j’ai laissé déborder, pour une bouchée de pain, treize envies :
Emanuele Cisi. L’ange caché (Pygmalion, 2000).
Guillermo Gregorio Trio. Red Cube(d) (Hat Hut, 1999).
Peter Herborn. Something personal (JMT, 1992).
Peter Herborn. Traces of trane (Polydor, 1992).
Jo Kondo. Works for piano, by Satoko Inoue (Hat Hut, 2001).
Issam Krimi. Eglogues 3 (Nocturne, 2004).
Daniel Letisserand & Orphéon Orchestra. Poursuites infernales (Amoc, 1999).
Carlos Maza. Fidelidad (Universal, 2002).
Christian Muthspiel Octet Ost II. Indirect View of Beauty (Amadeo, 1994).
Pork Pie (Mariano/Van’t Hof/Catherine). Operanoïa (IMM, 1996).
Bertrand Renaudin. Printemps de paix (CC Production, 1989).
Horace Silver 5tet. Silver’s Serenade (Blue Note, 1963-1998)
Bill Wells 8tet vs Future Pilot A.K.A. (Domino, 1998).
------- Mon ami J.P., du saxophoniste Emanuele Cisi, est d’un orfèvre. La fièvre gagne toutes contrées. Trait pour trait, décochant mes flèches au petit bonheur, je m’aventure sur les créneaux. Como bon vieux temps. -------
18:40 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Musique, Jazz, Ligérienne
mercredi, 15 août 2007
Fables de feu
Fire Waltz, par le quintette de Dolphy. (16 juillet 1961). Il s’agit d’une de mes compositions favorites de Mal Waldron, et, comme je suis persuadé d’en détenir un enregistrement de Waldron en duo avec Steve Lacy, je cherche frénétiquement dans ma discothèque. Rien, évidemment, même de proche en proche, de clarinettiste en clarinettiste. Ai-je aussi été induit en erreur par les nombreux vinyls écoutés, fin juillet, dans la maison de Chalosse ?
Resterait à clore par un détour côté Mingus, dont j’ai fait mon miel (Fables of Faubus, plus que jamais), au point de rapporter, de Chalosse toujours, six CD de Mingus, qu’il serait temps que je connaisse mieux, avec ce bail qu’on se fréquente, lui et moi.
L’autre jour, baigné d’une lumière pluvieuse, nageant en plein bonheur, je me disais qu’Archie Shepp ni Jimmy Giuffre n’ont joué la valse du feu ou ces fables-là, mais que j’aurais, moi, donné beaucoup pour avoir composé l’un et l’autre de ces hauts morceaux (et savoir les bricoler différemment).
[14 août.]
01:30 Publié dans Aujourd'hier, J'Aurai Zig-Zagué, MUS, Pêle-mêle, Unissons | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Jazz, Musique
jeudi, 08 février 2007
Frère cadet
Fêtons dignement & joyeusement le premier anniversaire de
Musicien masque de mots
en ouvrant un site dédié aux musiques que j'aime & écoute :
08:00 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Musique
jeudi, 11 janvier 2007
À-pics
Montagnes muettes
Ô massives muettes montagnes
Voici les pics
Voici les fleurs
les mouflons neigeux qui festoient
la verdure de neige
Montagnes d'où jaillies
blancheur contre le marbre
blancheur contre la neige
Montagnes d'où jaillies
blancheur
blancheur folle blancheur folâtre
blancheur comme la nuit
blancheur contre la neige
blancheur contre l'écume blanche
Montagnes marées avalanches
Ô massives muettes vieilles
et jeunes muettes montagnes !
11:20 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Poésie
mardi, 14 novembre 2006
Hautbois de mon coeur
09:40 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne, Jazz
Enliance
Le son sans pareil, inimitable, de Steve Lacy, dès Jumpin' Punkins (enregistré sous la houlette de Cecil Taylor, en 1961), et vous revoyez votre enfance, toute en douces stridences. Vos bras en liance.
06:30 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 09 novembre 2006
Jeudissonances
Ce matin, en travaillant dans mon bureau glacé (ah, l'université!), j'ai découvert les titres suivants :
- Urs Voerkel. "Improvisation No. 2" (Tiegel, Atavistic Records 2006).
- Fred Anderson. "Dark day" (Dark Day + Live in Verona).
- Jeff Johnson Trio. “Shadow Me” (Free, 1999).
- Anthony Braxton. “Piece Two” (Creative Orchestra Music, 1976)
- Sun Ra. “Heliocentric Worlds” (Heliocentric Worlds Vol. 3, Esp-Disk Us 2005)
De ces artistes, je ne connais bien qu'Anthony Braxton, pour qui j'ai une profonde admiration (l'écouter subjugue), mais j'aurais bien du mal à avoir une connaissance même partielle de sa discographie, car il doit en être à plus de 150 albums enregistrés... En écrivant cette note, j'écoute "New Leaf", un titre extrait de l'album Seven Black Butterflies de Drew Gress (Koch Records, 2005), qui me plaît moins, en raison peut-être de la structure rythmique, ou de l'usage trop uniforme des répons entre la section des cuivres et la section des cordes, et malgré la ressemblance frappante entre le son chantourné du ténor* et le sax tornade de mon bien-aimé John Zorn...
* Vérification faite, il s'agit de Tim Berne. (Entre-temps (encore), j'ai découvert la harpiste (entre autres) Zeena Parkins, par le titre "Solo for Neil" (Necklace, Tzadik** 2006).
** Tiens, le label fondé par John Zorn ! On tourne en rond, merde, on tourne en rond...
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mercredi, 08 novembre 2006
Italienisches Konzert BWV 971, Alfred Brendel
Il nous offre l'Italienisches Konzert et cinq autres pièces pour clavier de Bach dans l'interprétation d'Alfred Brendel (1977; Decca 2006). Puis nous parlons de Liszt et de Brahms.
Première écoute, distraite, hier soir, à l'apéritif, puis reprise ce matin avant de me plonger vraiment dedans, sur les midi. C'est très beau, subtil, pénétrant, mais il faudrait maintenant faire des recherches, écouter encore et encore, et essayer d'approfondir ce doute qui se dessine : l'interprétation ne pèche-t-elle pas par excès de romantisme (au sens musical, dira-t-on, pour faire simple), notamment dans la Fantaisie BWV 903 ? N'ayant pas le temps* ni vraiment de compétences, je préfère noter ce doute ici à la va-vite, faute de mieux, pour l'inscrire, et, qui sait, susciter des commentaires (outrés, je le crains) de la part de mes lecteurs avertis**.
* Tout ce que j'ai glané, c'est, d'après la WP italophone, que Glenn Gould détestait le Concerto italien. (Mais, comme Brendel devait détester Glenn Gould...***)
** Je pense à Philippe[s], bien sûr, mais aussi à Zvezdo et à L'Amateur (et j'en oublie).
*** Je dis cela sans en rien savoir... Proposition purement épistémique, vraiment. Mais, à consulter rapidement quelques sites, dont l'incontournable WP, on constate que ce ne doit pas être forcément un contresens. (Le site que Decca consacre à Brendel n'est pas inintéressant, non plus, et montre que ses interprétations de Bach ne sont pas mises en avant.)
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lundi, 06 novembre 2006
Plaqueminiers de Virginie
La boîte de Pandore s'ouvre. C'est une besace, un tunnel, une beauty-case.
De cette malle aux trésors s'échappe ESP dans l'interprétation du Vanguard Jazz Orchestra.
Puis, éblouissement post-hard-bop (ces étiquettes ont-elles encore un sens pour tout autre que celui qui en use?), Bulldog's Chicken Run : Renée Rosnes (qui a notamment accompagné l'un de mes musiciens préférés, l'immense et regretté tromboniste J.J. Johnson) & the Danish Big Band. Qu'il est dommage de ne pas connaître le nom des musiciens et solistes.
De la valise de Pandore s'écoulent de longs fleuves que l'on pourra toujours rattraper, avec le filet à papillons de la mémoire.
Flux et reflux de la prose post-hard-bop.
10:25 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, Jazz