mercredi, 18 mars 2020
220–Aldini–Épinette
Je griffonne des idées de textes au dos de feuilles récupérées à la fac, et sur lesquelles se trouve un exercice de compréhension anglaise de première année que je parviens à faire, mais sans comprendre deux des quatre dessins de Gary Larson qui le constituent.
4 dessins pour un quadrilatère.
Il manque les légendes (c’est le sens de l’exercice).
À la fourche d’un arbre, un nid sur lequel est posé une jeannette avec un fer à repasser fumant.
Dans une cour de prison un sergent qui allume la cigarette d’un condamné à mort lorgne d’un air affolé vers ses trois acolytes, fusil en joue, tandis qu’à l’arrière-plan, à la fenêtre d’une maison en flammes une femme crie au feu.
Un vieillard (Dieu ?) sort du four un plat contenant une planète fumante ; un paquet de EarthQuik est posé sur la table de la cuisine.
Trois dinosaures fument en cachette.
07:34 Publié dans Aujourd'hier, Diableries manuelles, lactations : déSastre, MAS | Lien permanent | Commentaires (1)
219–Haas–Clavecin
Se passer les mains sur le visage, la main droite plus froide, afin de soulager sa migraine. Hier, le thé détox. C’est plus pour boire quelque chose de chaud et vider les placards. Bizarre cette manière de considérer que tout doit disparaître, inquiétant présage aussi tandis que monte le rhume.
Deux grandes mugs de thé détox auront éloigné le rhume qui montait. Dans le roman la narratrice trouve des aliments périmés depuis des années, qu’elle consomme, et ici, le poivre périmé en 2007 arrache encore la gueule, dans la soupe.
07:16 Publié dans Aujourd'hier, Diableries manuelles, lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
218–Kuzmina–Piano
La poubelle jaune sur le trottoir que je prends presque à chaque fois – depuis la cuisine – pour la silhouette de la voisine en robe de chambre a été laissée là depuis lundi par la voisine d’en face, et il va bien falloir lui dire que les éboueurs ne passeront plus que pour les ordures ménagères (donc pas la poubelle jaune), et encore pas aux jours habituels.
07:09 Publié dans Aujourd'hier, Diableries manuelles, lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
217–Daito–Clavecin
Il paraît que dès cette après-midi on entend beaucoup moins de voitures. Premières heures du confinement (mardi 17).
Mais les hélicoptères.
Mais le kärcher.
Peu de chiens en laisse ou autrement depuis dimanche.
Raser : apprendre à composer des phrases d’un seul tenant, dans la coulée de lave.
07:04 Publié dans Aujourd'hier, Diableries manuelles, lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 05 septembre 2016
Toile des races
Il faut d'abord franchir la bouillabaisse de godasses.
Puis, lisant avec passion quelque vieux livre neuf dont les pages légères au moindre souffle de vent — or il n'est pas moindre ce soir — s'envolent, de l'autre côté du muret et de la haie de troènes à demi crevés, après avoir chassé le chat tigré des voisins qui s'était approprié le fauteuil de toile, entendre sans rien y comprendre des fragments de la discussion pas si lointaine pourtant d'un passant promenant son chien, une sorte de dogue nain, avec un couple que je ne pus distinguer. Ai-je assez clamé que, parmi les milliers de domaines dans lesquels s'encrasse absolument mon ignorance, celui des races de chiens est criant ?
17:33 Publié dans Aujourd'hier, Diableries manuelles | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 26 mai 2015
D = Débotté
Envahie, dans un coin, par le lierre, la terrasse vaque. Ce qui ronge son gris, son blanc sale, lui donne vie. Au débotté, un merisier sauvage donne d'étranges leçons de maquillage.
09:07 Publié dans Aujourd'hier, Diableries manuelles, En/tiers (Triolets quantifiés) | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 14 mai 2015
▬63▬
pluie battante, après quoi
rapiècement dans les nuages
il restait la queue d'un orage
ni ou loire de vent
tibre tage ou adour de soleil
en fin de compte c'est le fleuve (ascendant
méritoire de
pluies torrentielles, chats et chiens)
salpêtre depuis plus de vingt ans déjà le soleil
▬
16:23 Publié dans Aujourd'hier, Diableries manuelles, Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 04 mai 2015
▬53▬
ponctuer
rustique pratique
illusoire à bien des égards :
narine ouverte un point-virgule
tertre dressé le tiret
emphase des suspensifs
majesté ambiguë du point
précision & pusillanimité du trait d'union —
souffler n'est pas jouer
▬
06:26 Publié dans Diableries manuelles, Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 19 mars 2015
▬7▬
paysages
rapidement défilent
inutile monde
nulle vie
toutes traces
encrées dans le paysage
marinades de mondes
pétris par la nuit
sales de gésir
.
18:45 Publié dans Diableries manuelles, Formes singulières, Prison des tempos | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 05 décembre 2014
Le plat du jour, selon l'ardoise...
Le plat du jour, selon l'ardoise, c'est rôti de veau sauce brune. Rien d'étonnant, donc, à entendre le serveur annoncer, pour plat du jour, brandade de morue.
Les cinq habitués quinquagénaires que j'ai déjà vus attablés ici alignent tous les poncifs racistes ou idiots à base d'informations mal comprises et qui traînent partout (chantier Center Parcs en Ardèche, crèche à la mairie de Béziers, horaires spécifiques d'ouverture des piscines pour les femmes voilées, éoliennes moins écologiques que les centrales nucléaires). Bien sûr, tout cela est la faute de l'Europe.
Heureusement, je déjeune face à Claudia Cardinale et Anita Ekberg. Heureusement surtout que les cinq beaufs vident les lieux à midi pile.
12:49 Publié dans Diableries manuelles, YYY | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 12 février 2013
A = Amphithéâtre
7 janvier
Ce mot lourd qui, en s'abrégeant, devient plus lourd encore. Ce mot, on le retrouve, pour rien, dans des rengaines stupides. Ce mot signe de palpitantes discussions de son ciseau orphelin.
12:20 Publié dans Diableries manuelles, En/tiers (Triolets quantifiés) | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 17 janvier 2013
32
mercredi à tours
puanteur de kérosène
cons de militaires
vent de mort sale grisaille
fendu l'air terrorisé
06:30 Publié dans Aujourd'hier, Diableries manuelles, Tankas de Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 10 janvier 2013
Salamandre, camarade !
9 janvier, 9 h 30
D’un coup d’œil expressif il désigna à son camarade
la carte de France par Vidal-Lablache appendue au mur.
Fendillement dans le mur, près du vieux radiateur. Je regarde cette lézarde. — Combien de pages noircies déjà depuis l'enfance, frayeur vertige. Ici, j'écris à la main, et après je ne recopie pas. Flemme, inappétence, ou quelles stupides craintes ? Pendant la séance d'éveil musical d'Oméga, petit intervalle de ¾ d'heure dans la matinée, et qui m'a servi souvent, à l'automne, à ébaucher quelques traductions, je veux tracer les grandes lignes de mon emploi du temps hebdomadaire pour ce premier semestre de 2013.
De la lézarde ne sort aucune flamme. Ce n'est pas une salamandre.
19:00 Publié dans Aujourd'hier, Diableries manuelles, Unissons | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 07 janvier 2013
***
On honore mieux les morts dans la douceur que dans la colère. Saluer leur passage, habiller leur mémoire. Les mots, on ne doit pas les honorer : les malmener pour qu'ils s'enflament, voilà notre devoir. Avec frénésie, sans colère.
17:37 Publié dans Diableries manuelles, Ex abrupto, Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 01 novembre 2012
Un micron, en classe de 4ème
Clément Rosset se trouva plongé dans un maelström d'hallucinations comme tombées de la plume d'un mauvais Lorca. Aussi se tenait-il à carreaux, face aux ballets spectraux dont l'art était consommé. Avoir manqué périr noyé ne lui avait toutefois pas fait fantasmer, sur le dos d'un vieux livre broché à couverture rouge, le nom affolant, grotesque, démoniaque : Robert Drowning.
ª¦¦¦ª
Petit salon, griffonnage, same old story.
Mais.
Mais, depuis, Aristotelis Valaoritis est entré dans ma vie, ever so slightly.
En tout cas, j'écris des Valaoritides sans jamais avoir lu une ligne de Valaoritis.
Dont acte : Santiago Amigorena dans les îles grecques — Clément Rosset aux Baléares.
ª¦¦¦ª
Il n'en demeure pas moins que, depuis mes premiers feuilletages du catalogue des éditions de Minuit, je me demandais si, avec un nom tel que le sien, on ne rêvait pas coups et blessures, plaies et bosses, Scapin tournant autour du sac, misères et galères, à moins qu'on ne préfère se ressouvenir de l'effet très curieux, de papier froissé, des emballages de bonbon de la marque Galéjade...
22:19 Publié dans 721, Diableries manuelles, MAS | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 26 septembre 2012
Au bal
Squamate aglyphe, il se glisse dans une nouvelle journée à pas feutrés, craintif - craignant de se faire remarquer. Et à chaque nouveau bond perçu dans le mirage, le fouette-queue réinvente la roue. Ainsi vont les âmes, sans mal. Sur une banquette, assoupi, squamate aglyphe, il subit une existence qui a achevé de le recouvrir à la façon d'un habit collant, gluant, d'une coulée de miel, ou d'un masque dont le rétrécissement fit qu'il se substitua au visage. Au prochain tour de vis, au prochain arrêt, cet inoffensif squamate aglyphe passera sa langue sur ses lèves, se lèvera, cherchera sur l'écran de son portable le reflet de cette mèche étrange - le seul signe à échapper au masque, le seul croc effilé qui puisse le bercer, momentanément, de l'illusion qu'il est autre chose qu'un squamate aglyphe.
08:00 Publié dans Aujourd'hier, Diableries manuelles, MAS | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 05 novembre 2011
Aux yeux de Frumence
Ta moustache nous ensemence
Frêle maréchal des logis,
Quoique tu aies pour nom Frumence
Et si depuis longtemps tu gis
Hors du vaste décor lunaire
Où Henri Rousseau te dressa
Pour séduire celle qu'une aire
Aux bêtes fauves ne pressa.
C'en est ainsi, pauvre Frumence
Au prénom tantôt oublié
Inactif à toute romance,
Et sans rendre mon tablier
Que ma plumine trubliée
Ton souvenir réensemence !
16:16 Publié dans Aujourd'hier, Diableries manuelles, MAS, Sonnets de juin et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 14 octobre 2011
« Ton clignotant, tête de mort ! »
― Ton clignotant, tête de mort !
Celui des deux qui avait dit cela avait la jambe, non pas plâtrée, mais prise dans une sorte de harnais ou de fourreau rembourré – l’équivalent moderne et sportif, doit-on supposer quand on ne s’est jamais rien fracturé, pour sa part, des plâtres de jadis, sur lesquels les camarades écrivaient de facétieuses idioties, ou déposaient leur signature. En conduisant à très faible allure, j’avais remarqué ces deux adolescents, tous les deux blonds et en tenue de rugby, ils marchaient sans hâte. C’est au moment où les deux adolescents en scooter ou en vélomoteur m’ont doublé que cette apostrophe insolite et énigmatique a fusé :
― Ton clignotant, tête de mort !
Au cours du bref échange, autant scopique que verbal, qui a suivi entre les deux couples, il ne m’a pas été possible de comprendre s’ils se connaissaient déjà et se chambraient gentiment, ni de deviner la signification, ici, de l’expression « tête de mort » : insulte insolite, surnom énigmatique, remarque sur un détail de la tenue d’un des deux motocyclistes ?
07:55 Publié dans 721, Aujourd'hier, Diableries manuelles | Lien permanent | Commentaires (1)
vendredi, 23 septembre 2011
Petites nèfles encore
Tout ce qui n'est pas en gris est manuscrit. 22 septembre, 15 h 10.
Les lieux, le papier, le cerveau qui tourne sans arrêt. (Comme la grande grue orange, que j'entends tourner manoeuvrer, fenêtres ouvertes.) Une guêpe indolente tourne autour de l'ordinateur, je n'écris plus à la main (15 h 50).
Le matin dans le bureau la bibliothèque, le début de l'après-midi au bureau de la chambre, maintenant dans le séjour. Guêpe, bruits du chantier, grue encore en rotation. Trois brefs poèmes de Guillevic traduits, ça aussi c'est un chantier.
La somme des textes que j'écris doit comporter un nombre statistiquement élevé d'occurrences des mots grue et néflier.
L'idée de la semaine serait d'écrire des textes dont une partie serait publiée en blanc : sans copier-coller, aucun moyen de les lire en entier. (Idiote, ton idée.)
04:00 Publié dans Aujourd'hier, Diableries manuelles | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 27 avril 2007
Novionates (303/20)
D'exergues tardifs en complaintes, nous voici parvenus au bord de ce ruisseau qu'ombragent des vergnes. Je te raconte ma vie sentimentale par le menu, en allemand puis en italien. Tu reviens à l'anglais, plus sûr pour toi, surtout pour ces sujets délicats. Quand je te propose de goûter les fruits du sureau tu as peur de t'empoisonner. Que j'aime écrire à l'encre d'herbe au bord des rivières neigeuses, l'été.
10:30 Publié dans Aujourd'hier, Diableries manuelles, Novionates | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Poésie, Musique
vendredi, 20 avril 2007
Silexpectatives / Progrès en pensée assez lents
Vendredi 13, onze heures du soir (puis par bribes de ci de là)
La nage entre deux univers, et même entre de multiples. Après lecture des trois premiers chapitres de L’expectative de Damian Tabarovsky, jeudi 12 avril, s’être retrouvé avec L’Amour l’Automne (Travers III), acheté au Livre, vers une heure et demie vendredi 13. En avoir lu quelque 70 pages dans la foulée, bien sûr. Le soir, au concert, dans le sixième chapitre de L’expectative, être tombé sur ça :
Il prend une brochure, la lit : Ushuaïa, la ville du cul du monde. (L’expectative, p. 73)
qui rappelle ça, quelques heures plus tôt :
Moi, dit Carlos, je viens d’une ville du sud du pays : quand on est là on a l’impression que c’est le cul du monde. Eh bien en effet, quand je suis arrivé à Paris, on me demandait d’où j’étais, je disais Lanus, tout le monde était plié en deux. (L’Amour l’Automne, p. 72)
J’ai noté plusieurs autres collusions entre les deux textes, mais il me semble que, dans l’extrait de Renaud Camus on pourrait aussi observer d’autres significations à l’œuvre : ainsi, la phrase citée date de 1976 mais, recomposée pour figurer dans l’églogue publiée cette année, pourrait tout aussi bien s’appliquer à Plieux, où Renaud Camus s’est installé en 1992 et qui est, d’un certain point de vue, et comme il le suggère notamment dans les premières pages du Département du Gers, une forme de « trou du cul du monde ». Or, en réduisant l’expression plié en deux à ses trois premières et ses trois dernières lettres (comme au jeu des papiers pliés), qu’obtient-on ? Plieux, justement.
Ce sont éclats de silex, exils entre les pages, propos taclés de main de maître. Un clavecin même nous amuse. (La main d’un maître anime etc. ?)
Sinon/ d’ailleurs/ entre autres choses, je ne suis pas sûr de saisir ce que l’on trouve de si fort ou de si déroutant à ce texte de Damian Tabarovsky. Le chapitre sur l’absence de morts visibles, de sang, lors des attentats du 11 septembre est franchement plat ; la manière même de plaquer l’effondrement des Tours jumelles dans le monologue intérieur de Jonathan est complaisante.
Le reste du récit exploite le filon des textes où l’on suit les méandres d’une pensée qui se cherche : Jonathan, pensant beaucoup, puis de moins en moins, ne sait finalement que penser. Tout se chamboule, du coup, non pas le chaos des souvenirs remouvants au gré d’une stream of consciousness, mais bien la pensée – ou les pensées. Jonathan doit beaucoup aux figures d’intellectuels désemparés ou revenus de beaucoup, singulièrement à la Marelle de Cortazar.
Comme je déteste ces stylos plume de gamine qui ne donnent comme choix que :
1) d’écrire en posant le bouchon sur la table → dans ce cas, le stylo est trop frêle, ne tient pas en main
2) d’écrire en fixant le bouchon au-dessus de l’abdomen du stylo, à la place prévue → dans ce cas, le bouchon tombe
3) de pousser le bouchon afin d’éviter le cas n° 2 → dans ce cas, il se coince, et on risque de tout casser en le retirant
Damian Tabarovsky dresse le portrait d’un personnage traversé par un tumulte intérieur plutôt gentillet, un trentenaire dans l’indécision. Rien de bien neuf à cela. Pas pour le style, si la traduction est fidèle. Ni pour la froideur sèche avec laquelle l’idylle à peine née, traduite en effets ménagers, s’émiette dans l’indécision perpétuelle et le penchant de Jonathan pour une existence velléitaire. Ni encore pour la façon dont Jonathan s’enfuit, part en vrille vers Berlin, sur la seule suggestion d’un article de journal sur les chambres à gaz. Le récit s’achève sur l’intervention d’une voix à l’origine énigmatique et qui prononce des avis complexes sur l’ironie absolue des conditions de pensée (dans ce que l’on imagine le monde post-m od erne).
Le trajet de Jonathan l’amène à ne plus vouloir penser – et presque à y parvenir : « simplement, il ne va pas » (p. 119). Il se retrouve à laver de petits avions en Allemagne, coupé alors des autres par le barrage de la langue, et progresse encore dans l’abandon de toute pensée : « Tout se passait comme si le seau et le chiffon occupaient à présent la dimension absolue de son être, de l’être ouvert pour le seau. » (p. 125). Nouvel épis od e convenu, plaqué ou complaisant, il y côtoie Mathias Rust avant son périple en Cessna et son atterrissage inattendu sur la Place Rouge. (À l’époque, j’avais appris le mot Cessna ; aussi ai-je tout de suite compris que le jeune Allemand dont J. fait la connaissance était cet énigmatique pilote amateur dont on n’a jamais bien compris les motivations pour avoir pris tant de risques.) C’est convenu, parce que Tabarovsky n’en fait rien, ne prend pas de parti esthétique, s’en tient à l’écume de l’événement. Si son objectif était d’écrire un roman sur l’importance grandissante de pensées superficielles, pourquoi ne pas l’avoir situé tout de go dans un salon de coiffure ?
(Je sais : on exagère.)
00:55 Publié dans Diableries manuelles, Fall in Love, MOTS, Unissons | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Littérature
samedi, 14 avril 2007
Vanitas
Après avoir corrigé, au stylo bille noir, les 25 copies écrites en bleu, je me mis en quête d’un stylo plume pour les 6 copies qui restaient, elles-mêmes noir sur blanc et exigeant une couleur distinctive. Le stylo plume à encre rouge était vide, et je n’avais plus de cartouche. Le stylo plume à encre verte n’était pas vide, mais il fonctionne mal. Croyant placer une cartouche verte dans le stylo plume à encre rouge, je fis un essai de « lancement » sur une feuille de brouillon et vis apparaître un jet de bulles noires ; j’écrivis, sous la colonne de cercles jaillis, IT’S BLACK INK FINALLY. Puis je procédai au même essai avec l’autre stylo plume, aux éclaboussures qui, s’avérant vertes, reçurent la légende THIS IS GREEN INK INDEED. Restent les orbes que dessinent ces cinq colonnes de bulles vertes à la plume et cette unique colonne dissimulée de bulles noires, et ce petit texte buvard, minable (à la pointe), dont personne ne saura que faire (pas moi).
12:13 Publié dans ABC*ACB, Diableries manuelles, Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : Ligérienne, écriture
lundi, 02 avril 2007
Lip n' Nuit
Valérie ? Valérie avait raison. En quittant la rue B. à sept heures et quart il valait mieux prendre le bus A puis rejoindre le quai en traversant le fleuve. Passer par les prés verts. J’étais arrivé rue B. à cinq pile, après avoir assisté à une émeute – jeunes squales black se foutant sur la gueule – qui s’est achevée, à ce que j’en ai perçu lointainement, par un déluge d’applaudissements. À cinq pile, LA FARNÉSINE, JARDINS dépassant de la poche droite du manteau, arrivé près de la porte d’entrée de l’immeuble j’ai vu Antoine du Parc et Zam Roche occupés à photographier un couple visible pour moi seulement de dos : aussitôt confronté à eux, je sus que c’était M. Kunda avec son épouse.
Le train a démarré, ça tangue, je me suis assis pour écrire ces lignes après avoir traversé le train à la recherche de Véronique, pas trouvée. Véronique ?
13:30 Publié dans Diableries manuelles | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Ligérienne, écriture
lundi, 25 décembre 2006
Virer au violoncelle
Le cerisier nu figure une colonie incessamment remuante de passereaux. Un chat de gouttière, fort repu et pas sauvage, a guetté près des thuyas. Allongé, écoutant Alter ego d’Artem Vassiliev, je me vois gravir une montagne immense. M’imagine sur les pentes, les yeux rivés sur les détails des herbages, que le vent m’apporte. Dans cette rêverie douloureuse, j’essaie de me concentrer sur certains noms communs tels que marc, martingale, girolle et solstice.
Comme, pour me tirer de ma torpeur, je mangeais une clémentine, debout dans la cuisine, j’aperçus le chat qui, tout en me fixant de ses yeux jaunes, était occupé à manger sous la table basse orange. Pas de plume, ni de trace d’un quelconque combat. Après s’être purgé avec une longue tige gelée et avoir observé un merle inaccessible, il s’en alla nonchalamment vers le fond du jardin.
19:55 Publié dans Diableries manuelles | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne
lundi, 27 novembre 2006
Comme un mégot
comme un mégot sur le trottoir
maréchal juin
la ronde des efflorescences
chopin
- avec ma cervelle en sautoir
et mon coeur lourd dans la balance -
iut
voltiger il ferait beau voir
(à ton) entre (tour) dans la danse
passerelle
comme, d'un violacé intense,
un vieux crachat sur le bavoir
mirabeau
tu rampes comme un escargot
dans le jardin comme un mégot
château de tours
fumé écrasé solitaire
voltaire
noirci par la fuite du temps
et vert d'azurs compromettants
lubrique comme un ver de terre
anatole france
10:00 Publié dans Diableries manuelles, Fil bleu : Tridents & autres textes brefs, Sonnets de juin et d'après | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, Ligérienne
dimanche, 12 novembre 2006
Prône animal
Vendredi, vers six heures.
Pendant que tu dormais un peu, avant de repartir pour une énième réunion, et avant que je ne me rende, pour ma part, à l'école maternelle, je lisais quelques poèmes brefs de W.S. Merwyn.
*****
Au retour, pendant que tu lisais ton livre sur les chevaliers, je lisais, en attendant son retour, plusieurs poèmes - dont certains très beaux - de mon collègue Stephen Romer, un peu honteux de n'avoir encore jamais eu la curiosité de découvrir cette oeuvre dont je connaissais l'existence, et peu convaincu que les pièces pour piano et orgue d'Emmanuel Bex (Conversing with Melody) soient réellement appropriées à cette lecture.
*****
Enfin, tu refermas ton livre.
Cependant, tu n'étais pas rentrée.
10:15 Publié dans Diableries manuelles, Unissons | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie
vendredi, 10 novembre 2006
Au ciel de sel
Jeudi 9 novembre, dix heures et demie du soir.
Un poème bouleversant de beauté, de pudeur, et regorgeant de l'expression d'un monde, sous la plume de Pietro Bigongiari, a suivi, pour mon bonheur, la lecture de quatre fragments de Hubert Antoine, dont – par delà son hommage – appuyé – à l’écriture automatique et fantaisiste telle que la pratiquait, par exemple, Benjamin Péret – je ne sais trop que penser. Ne succombe-t-il pas à la facilité de l'exercice de style, pour ne rien avoir à dire ? (J'ai belle gueule d'écrire ça.) La poésie tellurique et terraquée de P.B. résonne plus longtemps dans le silence ; son envol lyrique pèse plus lourd dans la balance. (Il faut toujours lire douze livres en même temps. Nabokov achève de me décomplexer sur ce point (mais, à dire vrai, je ne l'avais pas attendu).)
Il y a que je ne sais toujours pas si orgones est une faute de frappe ou un hapax étrange ignoré des dictionnaires.
08:25 Publié dans Diableries manuelles | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : Littérature, Poésie
mardi, 24 octobre 2006
Solitude, op. 713
La conspiration des squelettes #
- feuilles tombées au sol - trouble notre destin #
La bourrasque comme un festin #
dans le ciel affamé éclate en vaguelettes
Je vois un recoin de cuisine
au haut d'une maison au toit pointu
À ce dernier étage étroit vois-tu
vivoter la nuit qui décline ?
Aigrettes cormorans rides d'eau sur la Loire
goélands assoupis colverts
là-bas, près du tronc abattu, sur l'écran vert #
Reflets du fleuve comme moire #
Nous vivons seuls sous les pierres d'azur #
Le soleil voile un pan du mur #
Quelques mots d'explication (que l'on peut se passer de lire) : les dièses indiquent les arrêts de bus qui ponctuent l'écriture de tout poème-transport (voir la rubrique Fil bleu : Tridents...) ; la majeure partie du sonnet (vers 4 à 11) a été écrite entre l'arrêt Passerelle et l'arrêt Mirabeau (sur le pont, traditionnellement embouteillé) ; enfin, ce texte mérite son inscription dans les Diableries manuelles, puisque, comme tout poème-transport, il a été composé sur une feuille de format A6, à la plume noire ; évidemment, les liens ont été ajoutés lors de la retranscription du poème, ici, dans mon bureau, à l'université.
09:27 Publié dans Diableries manuelles, Fil bleu : Tridents & autres textes brefs, Sonnets de juin et d'après | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie
lundi, 09 octobre 2006
Rizières de la Loire
Rizières de la Loire
où poussent les silences
et les folles gaietés
des aigrettes muettes
que désempare
l'océan
là-bas au loin tout au loin dans les brumes
11:50 Publié dans Diableries manuelles, Fil bleu : Tridents & autres textes brefs | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Ligérienne, Poésie
samedi, 30 septembre 2006
Ode aux naïades
Jeudi matin.
Vous avez pour vous le solfège
Je n'ai que mes yeux pour pleurer
Nous nous perdons sur ce manège
Vous apprivoisez le solfège
Apprenant ce que vous serez
Je m'endormais dans l'herbe épaisse
Notre orchestre était au complet
Comme vous brisiez vos promesses
Sous l'orme dans la foule en liesse
Vous ferez donc comme il vous plaît
Le temps futur n'est pas de mise
Tous mes rabats amidonnés
Les bras en croix dans la Tamise
Je suis près de la mer promise
Un fou feint de s'en étonner
14:00 Publié dans Diableries manuelles, Fil bleu : Tridents & autres textes brefs, Odelettes d'été | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Poésie, Ligérienne
mardi, 19 septembre 2006
Ode au rosalbin
J'aime, ô combien !
Avec sa roseur colombine -
Le cacatoès rosalbin
Comme roulé dans la farine.
Roses serins,
Vous cacatoès rosalbins,
Yeux passés à l'utra-marine,
Gesticulant comme Lubin
À faire pâlir Ororin -
Je vous aime, sachez combien !
05:15 Publié dans Diableries manuelles, Odelettes d'été | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie
lundi, 18 septembre 2006
Macavouane
Voyez cet ara macavouane
"Peu estimé du public",
Mais pas bête à bouffer l'avoine
Auf einem Augenblick ;
Moins aimé que le calao
Qui tressaute sur sa branche
Et dont le plumage mao
Noircit d'encre notre dimanche.
16:29 Publié dans Diableries manuelles, Odelettes d'été | Lien permanent | Commentaires (1)
vendredi, 15 septembre 2006
Sur le pont Mirabeau
Vendredi, 8 h 35.
Depuis quelque temps, je me suis mis à reprendre le bus. Il pleut. Une petite pluie fine. Lentement le flot des véhicules traverse le pont Mirabeau. J'ai tout loisir de contempler barques, gabares, aigrettes, bancs secs que viennent progressivement recouvrir des vagues discrètes.
Superbe, dans une position singulière, un héron cendré guette, posté – comme marchant sur l’eau – entre deux branches mortes qui dépassent de la surface.
Nous quittons le pont Mirabeau.
11:40 Publié dans Diableries manuelles | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : Ligérienne
vendredi, 08 septembre 2006
Écrit dans l’obscurité
7 septembre, neuf heures du soir.
Tout de même je veux écrire. Ces quatre chats criards me fatiguent. Je suis assis sur une chaise, au balcon : posture rare ici, si fréquente autrefois à Coppelia. (La résidence.)
Le peu de lumière que j’ai me vient d’un lointain lampadaire. Si j’étais gaucher, je ne cacherais pas le peu de lumière que j’ai. Tourne donc ta chaise, imbécile. Ta chaise rouge comme un chat. C’est vraiment s’abîmer les yeux, mais ces chats criards me fatiguent. M’usent le blanc. Quand passerai-je au verso ?
C’est fait.
J’y suis.
16:50 Publié dans Diableries manuelles, Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 05 septembre 2006
... sa difficulté à digérer les ravioles
22:30 Publié dans Diableries manuelles | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 03 septembre 2006
Jardins de Valmer, 2
Aristo et Alambic sont deux chiens (chiots ?) à pedigree, de race indéterminée pour moi qui n’y connais rien. Ils folâtrent dans les jambes d’une très jeune jument qui s’affole. Plus loin, David Vanorbeek, “sculpteur flamand autodidacte”, a ciselé une grande mante religieuse en barbelés, et divers autres insectes dans le labyrinthe sis sur la haute terrasse.
Arnaud Villé, photographe à Vouvray, expose vingt-neuf de ses images d’insectes, très belles macros, aux deux niveaux d’un ancien pigeonnier (?) – quinze à l’étage et quatorze au rez-de-jardin.
Un autre Arnaud Boisramé, lui aussi sculpteur sur ferraille, a le goût des calembours et a nommé une de ses miniatures “Sourire dent fer”.
Jean-Luc Goupil, lassé peut-être de jouer des tours à Ysengrin, combine ses insectes géants de manière astucieuse mais a la mauvaise idée, comme trop d’artistes contemporains, de donner, pour chacune de ses sculptures, une explication restreinte sur le cartouche, qui montre à quel point le “sens” si étroitement défini est conventionnel, bien-pensant, a partout traîné. Toutefois, son scolopendre, composé ou constitué de 35 couscoussières, avec 17 paires de pattes, est très réussi.
Nous avons bien sûr humé la lavande, et les fragrances inconnues des Ageratum. Nous n’avons pas revu Alcoolo et Artémis.
07:55 Publié dans 1295, Diableries manuelles | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Ligérienne