mercredi, 22 juin 2011
Pakistani Pomade (version 249/295)
Ce matin, je fus surpris d’observer une pie croiser le chat gris des voisins. Menu fretin, le félin indécis frôla l’oiseau plein d’aplomb – comme à Paris les Limousins.
Bonjour monsieur Courbet, voilà tout. Après cela venaient les éboueurs.
Les vieux matous ignorent tout, c’est la clé du bonheur.
19:40 Publié dans Sonnets de février et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 31 mai 2007
Été étrusque
Mon âme éraillée criaille. C’est l’été étrusque, criblé de nuages. Errance chrétienne parmi ces hères crevés : du bout du talon, je leur donne trente coups de pied. Pitié !
09:22 Publié dans Sonnets de février et d'après | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Poésie, Sonnet
mercredi, 22 novembre 2006
Sale mort
Des meurtres, des menaces ! Ah, je vois le genre. Un convoi lent s’élance dans la mêlée et remonte l’avenue, même sans élan ni lueur d’espoir. Apparaît une luge, pour me faire mentir.
Dans l’instant, des gueux surgissent de partout, guenilles, ricanements et bons mots. L’enfant les salue, sa luge retenue d’une main, l’affaire dans le sac.
19:40 Publié dans Sonnets de février et d'après | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie
vendredi, 15 septembre 2006
Grand galop
Tziganes effrayés grimpant aux balcons, graisseux comme le fut Tzara, quand le tsar, par le Tokay grisé, ne dort pas gravement, piqué par une tsé-tsé.......
..... vous galopez follement, sans jamais flancher, et dans les prairies où meurent les chiens, vous vous prenez le bec en chialant.
15:20 Publié dans Sonnets de février et d'après | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Littérature
vendredi, 30 juin 2006
Aurora
Michel Leiris vous hante ; cet homme est là, un livre lu haut. Il hennit, faible leurre.
C'est votre rêve vivant. Que jamais les nuages ne jasent. Dites non.
11:01 Publié dans Sonnets de février et d'après | Lien permanent | Commentaires (2)
mardi, 27 juin 2006
Luci care, luci belle
Si vos voix vibrent, que ne les entends-je ? Elles s’élèvent vers les nues, noient les flaques de ciel ; la clarinette mime encore la flûte, et vous vous mirez dans la mer entière.
Ombre sage, un navire danse sur les flots, où l’accompagnent les merveilleux stercoraires aux songes enfermés – mais le vent souffle, la houle fait enfler la voile. Ce soir, vous n’aurez pas flétri, roses de mes yeux, songes creux dissonants, vol morne de l’oedicnème criard, et lorsque je descendrai de la vergue, quatre à quatre, des pleurs me tomberont des cils comme des fleurs sous le vent des quolibets.
La houle toujours nous sauve de la cime.
11:11 Publié dans Sonnets de février et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 27 mai 2006
Chatoiements de la kora
Comme votre kora se déplie en volutes, comme les violes perdues dans les kyrielles ! J’attends un virement, un revirement du khât dûment mâchonné, krill offert aux baleines voisines.
Été saisi d’effroi, combien tu fais d’efforts ! Au moins, chaque plainte qui monte du lac est chatoyante, comme un sourire dure.
17:50 Publié dans Sonnets de février et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 01 mai 2006
Sursauts de la grenouille
28 avril. 14 h 15.
La haine persiste dans ces regards qui fuient, jusqu’à plus soif. Jamais la fureur ne te laissa perplexe. Les os perclus de douleurs assassines, tu vas jaser en des joutes vaines, violentes ; c’est du temps perdu.
Va te réconcilier avec tes spectres familiers, qui répondront à tes larmes. Mêle tes larmes aux embrassades claires, aux sourires lassés, aux terreurs des portes sans clef.
10:00 Publié dans Sonnets de février et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 30 avril 2006
Obauk
Jeudi 27 avril.
Au cours de ce long, ce lent voyage en Corse, nous vîmes les vertes collines et les nuages qui lutinent. Des bergers le lointain courage, ou des soleils la langueur, rien ne nous retenait, libres de vos farouches regards côtiers.
Point de fuite, et des mois dépensés à toujours déblatérer ! Ailleurs, à Djibouti, chassés par milliers, nous devions dériver. Le tonnerre qui vacille et parsème d’étoiles la route, seulement luit.
10:00 Publié dans Sonnets de février et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 29 avril 2006
Un cœur à l’atelier
Jeudi 27 avril.
Je veux encore écrire quelques sonnets en prose, pour peupler ces carnets, qui, éloignés de moi, dépériraient. Comme j’ai écrit la première phrase sans calcul, j’ai dû choisir les rimes après coup, et même viens de décider de suivre le modèle délié des poètes élisabéthains. Pas de regrets, mais les rimes embrassées contredisent cela. Ce sera donc un sonnet bâtard. (Il trouve son rythme, pourtant.) Bénissons les rosaires, les chapelets des césures.
Vous êtes bien sec ; vos pleurs ne pourront jamais, non, me plaire.
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lundi, 24 avril 2006
Lacenaire s’avance et dit :
De grâce, écoutez-moi. Les gens de bien me font horreur. Lassé de répondre à leurs avances ludiques, je me suis dérobé aux gueulantes. Les cauteleux me foutent la gerbe, et c’est un long vomissement lactescent qui s’échappe de ma gorge larynx – force pépites de sang qui guettent !
J’ai nom Lacenaire, rien que ça, et j’ai le prestige des césures.
Si je crache à la face du roi, ce n’est pas par paresse, mais comme s’empressent les farceurs, les croquants, les épiciers, les philistins.
(8 avril, à Tours.)
21:05 Publié dans Sonnets de février et d'après | Lien permanent | Commentaires (1)
lundi, 17 avril 2006
Après la rixe
8 avril. Six heures du soir.
Après la rixe, plus de souvenirs. L’homme ne sait pas comment rendre supportable la scène qui vient, rêveuse, de lui ravir ses meilleurs songes. (Un sonnet en prose est éternel.) Autour de lui, les gens rigolent de ses lèvres tuméfiées, de rien.
21:05 Publié dans Sonnets de février et d'après | Lien permanent | Commentaires (2)
samedi, 08 avril 2006
Dans la barque de Dante
J’arrive près des rives bleues. Votre âme danse dans la brise. Comme je vous tiens au bras, c’est votre nez que j’oublie.
Vous montez enfin dans la barque – et grince encore le bois, souffle aux oreilles la vieille bise. Pas souvenir de votre beauté.
Une larme de lait dans la mug, un nuage passe. Dire que vous n’aimez guère le rembeng, et je vous suis au trot. Nous attendrons l’automne, Rembrandt, les feuilles de ton chevalet auroral.
15:20 Publié dans Soixante dix-sept miniatures, Sonnets de février et d'après | Lien permanent | Commentaires (2)
lundi, 27 mars 2006
Le sel qui noie ta joie
Thé vert, temps mitigé. La voix de Bertrand Belin. Il faut, bien sûr, retrouver le meilleur de soi. Une belle journée, ce lundi martial. Que les mensonges murmurés trouvent leur vraie bonté !
J'entends le soupçon colossal derrière les nuages. Cognée aux murs, l'encre sèche en graffiti terribles. Je juge hâtivement le sel qui noie ta joie.
17:52 Publié dans Sonnets de février et d'après | Lien permanent | Commentaires (1)
dimanche, 19 mars 2006
Jadis n’a guerre
Tu fais quoi, avec cette épée ? Le ruban ne s’accroche pas au haut de l’armoire. Le pain d’épeautre fleure bon. Toute remarque est auxiliaire
À présent, et ne serait que subreptice, accessoire, vaine. Une violente envie saisit les tripes du poignard. Quelle calamité s’abat sur l’armée, trop ennuyée
D’attendre la relève ou le combat. Tu fais quoi, avec ce glaive ? Toute une armée moderne – que contemple, abasourdi, le général – muée en gladiateurs !
Il était dit que le ruban finirait mal, tombé dans le ruisseau.
[En bonus de ce sonnet : Je soupire un lai.]
15:50 Publié dans Sonnets de février et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 16 mars 2006
Comme telle
Sonnet en « rimes » plates.
J’ai une énorme vaisselle à faire. Les moutons s’amassent aussi dans le salon. La timide chatte est revenue se tapir sous les thuyas, qui accueillent son inquiétante prostration. Si, admettons, c’est une mère qui, très bientôt, mettra bas – alors, tragique paraît cette confusion entre apparence de vie et les atours de la mort. Comme telle petite sainte peinte sur toile, elle se blottit dans l’air qui l’environne de bleues ténèbres.
16:40 Publié dans Sonnets de février et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 11 mars 2006
Hommage bifide à Paris
Je n’y suis, ces jours-ci pour personne ; trois jours parisiens qui feront fureur. Le prêtre se vêt d’une chasuble jaune.
Comme sous le rugueux pinceau d’un peintre campagnard, formé juste à l’exploitation de filons juteux, je commets l’irréparable outrage : parjure.
Voilà toutes vos raisons, Lutèce ! C’est bien malin, vraiment, cet acharnement à se persuader de ton infinie majesté, ville lumière… Enfin, nous serons quittes, certainement, pour une offrande aux dieux.
[Sonnet écrit ce jeudi 9 mars, en prévision d’un séjour et de quelque éloignement du clavier.]
07:50 Publié dans Sonnets de février et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 08 mars 2006
Pardons
Tes ténèbres me violentent ; le vent se trompe.
Le voile se ternit, comme tu le verras.
Prends la ceinture. Lace-la autour des cheveux de l’aurore, qui commence.
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dimanche, 26 février 2006
Soif
Le mal s'enfuit, mais dans mes yeux aussi glissent des estuaires. Je ne t'ai pas connue, violente averse de printemps sous le ciel corse, et pourtant je désirais ces rivières, entre autres.
Le nuage et l'arbre font désormais cause commune ; le ciel vire au grisâtre, et voici l'aubade que tu exigeais hier ; le printemps devenu automne, je me défais des oripeaux de la colère.
Peste soit de vos tintamarres, orages de sang, fleuves de fiel, malheurs qui nous cueillent sens dessus dessous ! L'avalanche a guidé notre abandon d'amertume.
J'entrevois, la colère passée, les brouillards de cette charade, et ce fantôme dépecé qu'on nomme amour. Loin de l'estuaire, mon désir d'eau aussi s'étiole.
06:47 Publié dans Sonnets de février et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)