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dimanche, 01 avril 2007

Ce dimanche aussi

    Ce dimanche aussi est le jour du poisson. Rire vendredi. Niet te huur, dat komt je te duur. Il m'en coûte de porter le seau par l'anse. Toujours, les bras noueux (gros bras, pas petit bras, un peu fin-de-hamlet), nous nous serons ridiculisés, lui et moi, rue B. Même avec retenue, même sur ses gardes, on s'enivre de poussières d'étoile et on retombe dans ses vieux travers. Il a sorti cinq vannes nulles en cinq minutes, quel histrion lourd comme un plat de coustouns. J'entends ça à peine la porte refermée, car la gêne lâche la bonde. Dans un sens c'est mieux ainsi. Tous ils étaient venus au bal en couple, et toi aussi avec ton frère balourd, des arêtes obtuses plein les poches. De la balle, je refermai la lourde.

mercredi, 28 mars 2007

DAZAI : Osamu :: Mes : frères

    La pile de livres à lire s'entasse sur ma table de chevet, et, quoi que je fasse pour en varier l'architecture, je crains qu'elle n'atteigne bientôt le plafond. Récemment, rangeant, j'ai aligné les quatre Pléiade les plus récents, surtout parcourus (sauf le tome III de Michaux, exploré jusque dans les abysses), tout en haut, pensant ainsi endiguer la sédimentation. Mais il en est des achats et des emprunts comme de penser chauffer une pièce froide en approchant le mercure du thermomètre de l'ampoule 100 Watt : vanitas vanitatum.
Cette nuit, j'ai peu dormi. Peut-être était-ce le thé vert offert par l'étudiante chinoise et bu à grandes lampées toute l'après-midi. Peut-être était-ce la lecture de trois ouvrages différents avant d'éteindre les bougies. Le dernier que j'aie ouvert, c'est ce petit volume de DAZAI Osamu, Cent vues du mont Fuji, dont j'ai parcouru la préface et lu les deux premières nouvelles. C'est peu dire que j'ai pris la première, intitulée "Mes frères" en pleine gueule. J'avais acheté ce livre - attiré dans la grande et belle librairie par c'était, qui a fini par s'acheter la traduction récemment reparue de Return of the Native - pour une raison qui en vaut d'autres : j'avais rencontré, trois jours auparavant, et dans un tout autre contexte, le traducteur, Didier Chiche.
"Mes frères" est un texte court, à la structure méandreuse, filandreuse. Dazai prend ses frères, non pour modèles, mais en filature. Au début, il donne le sentiment qu'il va parler de la mort de leur père, de la revue qu'ils avaient fondée ensemble, ou, peut-être, des deux visages de son frère aîné, de onze ans plus âgé que lui. Tout cela esquissé, pourtant (mais d'une manière qui grave l'empreinte de ces quelques motifs durablement dans l'esprit du lecteur), le sujet de la nouvelle devient le troisième frère, l'excentrique influencé par la "préciosité" française, sculpteur mais aussi auteur de poèmes dont Dazai condamne ou moque le côté fleur bleue. De ce qui semble, un instant, être un portrait-charge, émerge progressivement le récit de la mort, pathétique et terrible, de ce frère en fait adoré par Dazai (qui écrivait encore sous son vrai nom de Tsushima Shûji). Dans la dernière phrase, on en revient au point de rupture qui donna naissance à l'écriture de cette nouvelle : le traumatisme de l'héritage laissé par un père mort trop tôt. La ruse douloureuse de Dazai ne s'exprime jamais aussi bien que dans cette merveilleuse dernière phrase : "Si riches soient-ils, des  frères trop tôt privés de leur père sont, à mes yeux, bien à plaindre." (rééd. Picquier Poche, p. 39)
Il existe aussi -  dois-je m'en défendre ? - un amour particulier des noms japonais. L'évocation de la "diction du kabuki" (p. 28), de la dédicace de Kawabata Yasunari (p. 33), ou encore l'amour non réciproque du frère Keiji pour "une fille qui travaillait dans un café à Takanadobaba" (p. 36), suffisent à me plonger dans une durable rêverie... dont la rançon pourrait bien être l'insomnie ?

dimanche, 25 mars 2007

Brocolis à la lune

    Les brocolis sont dans la cocotte. Avec on pourrait manger des pieds paquets (tant va la cruche à l’eau (en relisant Nana)). À la belote tu joues comme un gros naze. À douze ans je connaissais par cœur l’acte I de Cyrano. Il prend toute cette histoire d’usurpation d’identité très au sérieux. Tu joues comme un pied dès que c’est aux cartes. Elle n’avait pas voulu qu’on empêche son hamster de s’empiffrer. Après quelque temps, on décida de remplacer la lampe de chevet par une lampe d’architecte. Les plaques et tout ce qui est marbrerie, c’est ça qui pue la mort, me disais-je en descendant acheter les croissants et en passant devant la maison Cavey puis la maison Tourtault. Toi tu rêvassais à la lune.

samedi, 24 mars 2007

Tap tap

    Blasé, je chevauchais dans Bordeaux, mais mon visage, pâle à ronger son frein, à galoper le fer aux mâchoires, se dissolvait. Un cauchemar... 

Je me mets à tirer ma valise par sa poignée latérale et le vacarme des roulettes sur le trottoir inégal me paraît propre à réveiller la rue entière mais les façades fuligineuses restent mortes. J’ai chaussé mes bottines à talons hauts pour le voyage. Elles émettent sur le béton ce type de claquements qui annonce le crime. Ce tap-tap si féminin, si tentant. J’avance aussi vite que je le peux, la poitrine oppressée. Mais, alors, le martèlement précipité de mes talons dénonce ma peur et, du coup, l’accentue. (Marie Ndiaye. Mon cœur à l’étroit. Paris : Gallimard, 2007, p. 191)

 

... de mort n'arrive jamais seul.

La Sorcière Célèbes

    Le soleil a fini par se cacher, le vent frisquet par se lever. Je vois la figurine de Louis XIV, en plasticine. Nagui a une fâcheuse tendance à inviter tout le temps les mêmes tocards. Ce doit être au loto qu'on lance carton plein. Je ne goûte guère la poésie de Lord Alfred Tennyson. Quand l'extraterrestre poilu devient rouge de colère, zapper d'urgence. Pour Edvard Munch, dont l'on vient de retrouver une gravure volée, le rouge était plus qu'une couleur. Le cri que tu pousses ne réveillera personne. Laurent Evrard a trouvé presque aussitôt le volume d'essais de Mongo Beti que j'avais cherché en vain pendant plusieurs minutes dans la librairie. En vingt minutes, on a trouvé le temps d'ironiser sur les critiques qui ont écrit qu'Un roman russe était "le meilleur livre d'Emmanuel Carrère". Ce n'est pas à la roulette qu'on s'écrie carton plein. Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour. Faire un roman seulement à partir de cartes postales et de chromos, je ne pourrais pas. Mais à quel jeu de cartes enfin peut-on s'écrier carton plein ? Bourré comme un coing, plein comme une outre, blindé comme le Clémenceau, il s'avançait vers moi en titubant. Des textes de De Quincey, le plus célèbre est aussi le moins bon. L'éléphant de Max Ernst s'avance aussi vers moi, peut-être suis-je ivre aussi. Face à la librairie Le Livre, le Monstre diminue, jour après jour.

mercredi, 14 mars 2007

Bouster hors

    L'auteur du 2244ème commentaire gagnera un tapuscrit original de J'allaite le nouveau Kant, ainsi qu'une dédicace personnelle.

(1. Quelle est cette mégalomanie ?)

(2. Pas inspiré, le gars, en ce moment. C'est qu'il nage la nuit dans le pays des morts* (cette vieille traduction d'un poème de Jared Angira revenant me hanter).)

 

* Les doigts fourchant sur le clavier avaient écrit "le pays des mots", lapsus si faux. C'est un pays sans mots.

jeudi, 08 mars 2007

Leurs visages au large

    Dans ce livre terrible, le marque-pages est une photographie représentant ma compagne – qui fait un large sourire, proche du rire – et mon fils, alors âgé de deux ans, un sourire doux aux lèvres, les yeux tendrement fixés sur le photographe. Ils sont assis sur le vieux canapé vert déjà défoncé. Comme je lis le livre après ma compagne, je me dis qu’elles ont vu passer (les figures de la photo) les divers cataclysmes de cette situation romanesque accablante. Un bref instant, je suis inquiet en me rappelant que je compte ensuite prêter le livre à ma mère, et que jamais leurs yeux ne supporteront de vivre quelques jours de plus dans ces pages terribles. Puis je finis par me ressaisir, écris ce texte, me sers du thé.

08:45 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : Littérature

mercredi, 07 mars 2007

Autobiographie neuve

    Répondant aux ultimata de l’olibrius Cingal (en lien ci-contre, avec cinq autres privilégiés (il faudrait que je refasse ma liste de liens)), je livre ici dix phrases me concernant, dont une seule est fausse. J’ai un peu copié certaines idées de l’original, mais les faits n’appartiennent qu’à moi.

1. En 1982, j’ai trouvé, dans un camping près de Crystal Palace, une cuillère à café finement décorée, que je possède toujours.

2. En 1985, à la foire de Hambourg, j’ai mangé la dernière barbe-à-papa de mon existence.

3. Fin juin 1987, j’ai passé plusieurs jours à pleurer après avoir dit adieu à mon meilleur ami, qui repartait en Suisse avec sa mère.

4. En 1988 (vers le 1er août), nous avons atteint, en Renault 30 et caravane, un point plus septentrional que le Cap Nord : c’était un village de pêcheurs qui s’appelait Berlevåg (et que ma mère avait persisté, quelque temps, à rebaptiser Røndeslåv).

5. En 1991, j’ai passé une semaine à Madrid à ne rien faire, tout cela aux frais du Conseil Régional d’Aquitaine.

6. Une nuit de l’hiver 1995, en Irlande, j’ai fait sept fois l’amour, avec trois femmes différentes.

7. En 1997, j’ai joué le rôle du jeune homme dans Lorsque cinq ans seront passés de Federico Garcia Lorca.

8. En 2000, en Tunisie, j’ai failli mourir dans un accident de la route.

9. Au printemps 2002, j’ai repris brièvement contact avec mon ami d’adolescence (suisse).

10. En 2006, j’ai vu, pour la première fois, Les fraises sauvages.

mardi, 06 mars 2007

Mardi gras

    Le fleuve coule sous les arches rouges. Un monde de lumière en rêvant s’élève au ciel. Ce sont, ultimes semonces dans la ronde des ténèbres, ces fureurs terribles que je redoute, sous l’orage. Vos griffes qui lacèrent cette chair – et l’écorce des peupliers – frémissent encore du sang versé, près des fontaines anciennes. Sous les arches rouges le fleuve coule.

dimanche, 04 mars 2007

Rue Montault, verdure

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    Rue Montault passent les fuseaux, déplacent les horaires, se dépassent l'une l'autre les figures de ce nouveau monde, et Figures est le titre du recueil de poèmes publié ces jours-ci par André Markowicz. Et bourgeonne, foisonne, s'échappe la verdure.

dimanche, 11 février 2007

Ciel clins coupés

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    On tarde un peu à voir, dans cette vue du ciel, les arceaux (clins, cils froncés, empreintes de cerfs dans la terre bleue peut-être) qui traversent l'azur, et traversent l'image de biais, à la parallèle des nuages effilochés, comme des parenthèses de brume qui seraient nées en bas à gauche, vol de grues dont la queue - sur la fin du thermique trop tôt abandonné - figure presque en haut, tout à droite. C'est que (est-ce la vitre sale) j'avais posé, conduisant, l'appareil photographique allumé, objectif vers le haut, dans le vide-poches qui occupe le milieu du tableau de bord, et que me prit (sait-on pourquoi) le caprice d'appuyer sur le déclencheur, à un feu rouge. Ciel bleu, nuées, parenthèses alors que j'attendais quelques bouts de bagnole.

samedi, 10 février 2007

Nu ?

    Les cercles forment des cercles forment des cercles forment des cercles des cercles forment encore des cercles et ainsi à l'infini. Hier, vers cinq heures, allongé, les yeux ouverts, je contemplais le masque béti aux yeux fermés aux longs yeux allongés, au front bombé yeux effilés, et je le comparais à la verdure à l'escalier aux scènes du jardin, aux bâtons de commandement alignés contre la haie de thuyas, les yeux ouverts allongé je le contemplais, la coiffure stylisée comme un rapace qui s'éloigne à lentes planées, et l'oiseau s'éloignant au sourire mystérieux doux serein apaisé apaisant je le contemplais et le comparais maintenant les yeux fermés. Alors, les cercles formèrent des cercles forment des cercles formaient des cercles forment formeront des cercles, et ainsi à l'infini.

09:40 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : Littérature, Art, Poésie

vendredi, 09 février 2007

Knots

    Il est arrivé aujourd'hui, dans son emballage de carton grossier. Je l'ai contemplé, palpé, ouvert timidement. Knots. Le dernier roman de Nuruddin Farah, paru aux Etats-Unis le 1er février. Merci à la fière Amazone.

mercredi, 07 février 2007

Encres traversées

    Plus que jamais plongé,

plus que jamais plongé dans les mots de Michaux

plus que jamais plongé dans la fournaise froide des encres de Michaux

plus que jamais

plus que plongé

 

Plus que jamais mordu,

hameçonné mordu morfondu mordufondu par ces mots

ces encres ces signes ces rythmes

plus que jamais mordantes

et plus que jamais chaudes

plus que jamais brûlantes

 

Plus que jamais la magie

et plus que la magie d'un homme qui avance,

langage dressé sur ses poteaux

ses guindeaux

ses lourds poteaux de mine

ailes légères qui

plus que jamais virevoltent.

 

Plus que jamais je lis

Michaux.

 

11:10 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, Littérature

mardi, 06 février 2007

N'être océan

   Si seulement désirer n'être océan était une fable,

vertige brûlant,

tuerie par le souffle

aux gouffres rituels,

une                                                                fable :

je m'oindrais

d'eau au moindre caprice du vent

aux moindres frémissements du                      temps.

 


podcast

Another Mr. Lizard. [em] II.

lundi, 05 février 2007

Ode to Liberty, XI (piètre tentative de traduction)

    Ayant écrit, ici, il y a quelques jours, mon enthousiasme pour l'Ode à la Liberté de Shelley, je me suis "attaqué" à la traduction de la strophe XI. Cette métaphore militaire ne messied point. Un vrai champ de bataille, ou de ruine. Non seulement je me trouve incapable de rendre le mouvement furieusement cuivré de ces 15 vers autrement que par de sottes lourdeurs, ampoules rhétoriques à quatre sous le flacon, mais je n'ai même pas eu le courage de chercher à relever le défi des rimes.

(Le schéma des rimes, semblable dans chaque strophe de l'Ode, est d'une belle complexité : ABABCDDDCECEDEE. Cette structure enlaçante, envoûtante, ne se trouve de subdivisions qu'au gré du sens. Dans la onzième strophe, on pourrait sans doute proposer : ABAB CDDD CECEDEE. Ce qui est certain, c'est que le "When" qui se trouve au début du vers 9 marque le véritable tournant de la strophe.)

Découragé, je colle toutefois ci-après ce premier brouillon frustrant. Le texte intégral de l'Ode est disponible ici. Je donne le texte original, non en regard, mais en frontispice.

 

XI

The eager hours and unreluctant years

    As on a dawn-illumined mountain stood,

Trampling to silence their loud hopes and fears,

    Darkening each other with their multitude,

And cried aloud, ' Liberty ! '  Indignation

        Answered Pity from her cave;

        Death grew pale within the grave,

And Desolation howled to the destroyer, Save !

   When, like Heaven's Sun, girt by the exhalation

      Of its own glorious light, thou didst arise,

Chasing thy foes from nation unto nation

    Like shadows; as if day had cloven the skies

At dreaming midnight o'er the Western wave,

    Men started, staggering with a glad surprise,

    Under the lightnings of thine familiar eyes.

 

XI

    Les heures vives, les années enthousiastes

Comme au sommet d’un mont embrasé par l’aurore

    Étouffaient leur espoir vibrant, aussi leurs craintes,

Et s’entr’obscurcissant d’être par trop nombreuses.

Elles tempêtaient : « Liberté ! » — L’Indignation

        De son antre répondit à Miséricorde.

        La Mort blêmit au fond de son tombeau.

La Désolation, face au saccage, hurlait : « Au secours ! »

Lorsque, tel le Soleil ceint des flamboïements

    De son éclat glorieux, tu te dressas,

    Chassant tes ennemis de contrée en contrée

Telles des ombres : tout comme si le jour avait fendu les cieux

    Au minuit rêveur, sur la vague d’Occident,

Surpris les hommes sursautèrent, titubant de joie,

    Face aux éclairs que dardaient tes yeux inconnus.

mercredi, 31 janvier 2007

Sans le moindre

    Si même Madame de Véhesse ne réagit pas quand je parle de William Burke, alors où va le monde ?

Ode to Liberty

    Ode to Liberty de Shelley : une forme extraordinaire. Nostalgie & éblouissement, en la lisant, avant-hier et de nouveau ce matin. Savoir qu'on ne peut pas écrire ça, car l'époque est au-delà, l'ode est toujours-déjà écrite, et pour tout arranger bien sûr j'en suis incapable. (Mention particulière pour les strophes IV et V, et aussi XI. Pour tout. Pour ça.)

mardi, 30 janvier 2007

Rooty potatoes

    Il y a neuf mois, j'avais (sans soulever de commentaire intrigué) employé, pour décrire ces micro-tubercules qui percent la peau de pommes de terre trop vieilles (ou "passées"), l'expression faire des filles, que je n'ai entendu dire qu'à la grand-mère paternelle de c'était, et à c'était elle-même, quoique d'une façon plus parodique, ou, du moins, citationnelle. Eh bien, ne voilà-t-il pas que je trouve, au tout début de Shalimar the Clown, une phrase que, si je ne la comprends pas de travers, l'on pourrait traduire au moyen de cette expression.

All of which was spoken while turning a rooty potato in her hand. (Salman Rushdie. Shalimar the Clown. QPD, 2005, p. 9)

 

Le hic, bien entendu, c'est que l'expression faire des filles est tout à fait locale (landaise?), peut-être archaïquement même, et ne correspond en rien à rooty potato, formule plus courante, ou, à tout le moins, compréhensible à qui ne la connaîtrait pas. Cela dit, la question reste entière : comment dit-on, en français courant, "rooty potato" ?

 

(Au demeurant, j'étais farci de doutes et tenaillé d'appréhensions en me décidant enfin à lire, suivant en cela les objurgations de ma soeur, Shalimar the Clown, car, admiratif de Shame, un peu moins de Midnight's Children, mais infiniment du Moor's Last Sigh, j'avais été affreusement déçu par The Ground Beneath Her Feet, balancé avec colère & hurlements au bout de 300 pages (circa 1999).)

lundi, 29 janvier 2007

Autres profils

    Poulet lisant Proust lisant Joubert lisant la vertu ou l'aveuglement rend justice à cette idée même de justice littéraire qui n'est autre que vieille

Quand mes amis sont borgnes, je les regarde de profil. Je ne veux ni d'un esprit sans lumière, ni d'un esprit sans bandeau. Il faut savoir bravement s'aveugler pour le bonheur de la vie. (Joseph Joubert, Pensées etc., p. 85)

 

et terriblement dédorée reprend ses droits encore et toujours, sourd de la pile de livres ouverts, entassés, s'effondrant.

 

dimanche, 28 janvier 2007

"Si votre sort est changé, votre belle âme ne l'est pas."

    Retrouver, dans la masse des pages numérisées de Gallica, la lettre de Voltaire à Frédéric II datée du 28 janvier 1741 relève presque de la prouesse ou de la quête d'anguilles essoufflées dans une botte de sept lieues. Ce serait plus simple avec l'édition Pléiade (que je ne possède pas) ou, tout simplement, si la B.N.F. ne proposait pas la plupart de ses collections en mode image. En l'occurrence, elle ne semble se trouver dans l'édition de 1889 de la Correspondance de Voltaire avec le roi de Prusse, ni dans le tome III de la Correspondance avec M. de Voltaire, dans l'édition de 1805 des Oeuvres posthumes de Frédéric II, roi de Prusse.

De rage, j'abandonne ma quête pourtant acharnée et vous livre, en lieu et place, la très belle lettre du 18 juin 1740 (oui, tout juste deux siècles avant l'Appel) : elle se trouve aux pages 282 à 286 du document ici lié. Quel lèche-cul, quand même, ce brave Voltaire !

 

(J'avais mal calculé. Le Finale éclatait tandis qu'il fallait scruter, dans le ciel, les derniers obscurs violets d'un ciel sombre, Radziwill ou Turner.)

Adunaton, adunata

    (Encore la Turangalila, et encore le soir. J'en ai commencé l'écoute de sorte qu'elle s'achève avec les dernières lueurs nettes jetées du jour.)

Dans son article intitulé "L'adunaton. Face à l'énigme et à l'impossibilité logique dans la prose narrative de Robert Desnos" (in M.-C. Dumas et al. Moi qui suis Robert Desnos". Permanence d'une voix. José Corti, 1987, pp. 101-113), Jacqueline Chénieux-Gendron définit l'adunaton comme "schème sémantique relativement figé, par lequel est visualisée une impossibilité empirique" (p. 102). Elle précise que "l'intérêt de ce jeu limité avec les choses [...] semble bien se trouver du côté de la représentation du bouleversement des choses, du côté de la figuration du désordre et de la visualisation du chimérique" (ibid.).

Si j'avais peut-être rencontré l'adunaton comme figure de rhétorique ou fleur de Tarbes, je m'étais empressé d'en oublier l'usage, ainsi que le sens de cet adjectif, qui, en grec ancien, signifie "impossible". On le retrouve dans le proverbe connu :

Τὸ πεπρωμένον φυγεῖν ἀδύνατον.

Autrement dit : On ne peut pas échapper à sa destinée.

 

L'adunaton le plus fréquent en français est "quand les poules auront des dents" (pigs might fly en anglais), mais on peut classer, dans cette catégorie, des formules plaisantes, voire gauloises, telles que :

Avec des si, on mettrait Paris en bouteille.

Si les cons pouvaient voler, tu serais chef d'escadrille.

Si ma tante en avait, on l'appellerait "mon oncle".

 

En connaissez-vous d'autres, idiomatiques ou littéraires ?

 

N.B. : L'adunaton est si rare qu'il n'a ni son entrée ni ses entrées dans la WP, même l'anglophone !

O. Redon : Phaéton : G. Moreau

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    " Ce Phaéton est une conception pleine de hardiesse, qui a pour objet la représentation du chaos. L'a-t-on jamais imaginé de la sorte ? Je ne sais ; nulle part la représentation plastique de la fable n'a été formulée avec un tel accent de vérité. Il y a dans l'éclat de ces nuées, dans l'audacieuse divergence des lignes, dans l'âpreté et le mordant de ces couleurs vives, une grandeur, un émoi, et, en quelque sorte, un étonnement nouveau."

 

(Odilon Redon, 14 mai 1878. In À soi-même.

Paris : Corti, 2000, p. 65)

 

 

 

 

... à chaque page des écrits d'Odilon Redon, comme en ses noirs ou ses bouquets, des pépites, de quoi stimuler de longues heures durant la fabrique des rêveries...

mardi, 23 janvier 2007

Vendrardivagations

    Entre vendredi et mardi, j'ai emprunté (pour les lire, les parcourir, y rechercher telle page, et pour c'était aussi)

  • les Critiques d'art d'Odilon Redon (aux éditions William Blake & Co, ouvrage décevant)
  • L'autre par lui-même. Habilitation. de Jean Baudrillard
  • le Redon de Jean Cassou (de 1972)
  • l'Odilon Redon de Jean Vialla (de 1988)
  • Corps et biens de Robert Desnos (pas lu depuis que je l'avais emprunté à Dax et dévoré, circa 1990)
  • deux ouvrages sur Thomas More, dont celui de Germain Marc'hadour (je le précise pour le plaisir d'écrire ce patronyme)
  • le Coltrane de Xavier Daverat (aux éditions du Limon)
  • la deuxième édition, largement remaniée, de Gérard Manset, celui qui marche devant de Daniel Lesueur
  • "Moi qui suis Robert Desnos". Permanence d'une voix. (sous la direction de Marie-Claire Dumas. José Corti, 1987)
  • la thèse de cette même M.-C. Dumas sur Desnos (Robert Desnos ou l'exploration des limites. Klincksieck, 1980 (je le note pour le plaisir de risquer de me planter en orthographiant Klincksieck).)
  • À soi-même d'Odilon Redon (lu samedimanche : génial)

11:45 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne, Littérature, Art

dimanche, 21 janvier 2007

Fini d'y croire

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    Entre les lectures poussées de Michaux, depuis un mois, et les journées hantées davantage chaque journée, j'avais peut-être oublié d'ouvrir, parfois, les yeux. Aujourd'hui, j'ai photographié, sur un mur du quartier où je réside, une fissure mescalinienne qui est aussi, dans mes souvenirs, l'image des lignes de vie et des délires enfantins, dans la cour de l'école primaire, quand nous nous imaginions tous vivre entre quatre-vingts et cent quarante ans. Prêter aussi l'oreille à la Rhapsodie roumaine d'Enesco n'y changera rien ; même sursauts et virevoltes s'inscrivent au long de l'échelle effilée, dont les répétitions sans fin n'entretiennent qu'un lointain rapport, finalement, avec le peyotl.

jeudi, 18 janvier 2007

Eau douce glacée

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    C'était le dernier décembre, face à l'enfilade et aux dômes. Je t'offre un verre d'eau glacée Même d'autres rumeurs montent, des champs de maïs coupés à ras. Ne le bois pas distraitement Quelle âme ne vibrerait pas, à ces tristesses sourdes. Il est le fruit d'une pensée Terreurs sourdes, aussi, comme une eau lourde qui s'échappe vers l'océan, renversent les désespoirs. Sans ornement il ne faut pas résister c'est inutile. C'était décembre, face au clocher, à l'enfilade.

lundi, 15 janvier 2007

Stendhal et Flaubert

    I feel so sorry for Sir Dominick Ferrand.

Pourquoi faudrait-il choisir entre le style et la vie ? Le style n’est pas la mort, ni l’horreur. C’est le style qui vit, qui fait vivre, qui souffle. Et pourquoi confondre musique et spontanéité ? En littérature, le spontané n’existe qu’informé, repris, stylisé encore et encore, même dans l’écriture automatique, spontanéité informée par un projet philosophique ou analytique qui lui donnait son grain. L’écriture et la vie, pas ou ; le style et la vie, pas ou ; pas à choisir ni à barguigner.

05:55 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature

dimanche, 14 janvier 2007

En lisant les deux premiers chapitres de « The Demon »

    His ministrations : détournement du langage puritain (pasteur de l’adultère)

Le regard de Wyatt Earp, l’hypnose du prédateur.

Le refus des apostrophes, une marque de fabrique… mais enfin, c’est aussi l’attachement dans le cas possessif (possession : histoire du diable au corps), le rejet de la norme consistant à scinder la marque du génitif du substantif (génitalité, coupure, sexion, voir Maertens et Ferenczi).

The spectators ooood and aaahhhhd : les spectateurs lancèrent des oh et des ah! (Ce n’est pas pareil du tout.)

Le mythe du rire (faire rire les femmes, p. 24). Don Juan pourtant n’est pas drôle. Alors, Chaplin ou Keaton ? (Comme dans ce film de Bertolucci qui se passe en mai 68, avec Louis Garrel. (Titre ?))

Refus des apostrophes, bis. Si fusion des génitifs, alors pourquoi ces slashes entre sujets et auxiliaires contractés ?

Danser ensemble & avec leurs souvenirs, le bel âge.

Life is just a bowl of berries, p. 38.

Right up the old gazoo, p. 43 (et gazookus). The old zortch, p. 45 (la baise). To make some semblance of sense out of the events. A sigh inside of Harry went kerflop (p. 49).

Midway through chapter 2, I’m suddenly wondering whether the person who offered me the novel had some kind of (potentially unkind) intention. Folie furieuse de l’identification, non tout de même pas.

Moving : sur le deuxième disque du trio allemand [em], une mélodie entraînante appuyée par un crescendo de batterie qui sur l’échelle sismique de Roach prend le niveau 9. Personne dans la voiture 11. Je place le marque-pages au début du chapitre 3. Another Mr. Lizard : ce Wollny est génial, mais il faudra parler de ce disque dans un autre billet (autre rubrique, autres temps, autres fureurs), peut-être demain (le 14).

21:25 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Littérature, Jazz, Anglais

jeudi, 11 janvier 2007

XXVIII :

    Hectic, alias Krana,  dû me jouer un pur tour de salopard. Aujourd'hui, oui, ce matin même, à 2 heures 28, j'ai reçu un e-mail (du spam sexuel) dont l'auteur présumé était Samuel Butler. Est-ce un coup de ce terrible Krana qui plane au-dessus de mes rêves ? Je n'ai découvert le spam délictueux qu'à onze heures, mais je reste convaincu que le cauchemar qui m'a réveillé cette nuit devait avoir partie liée avec cette nouvelle supercherie, cette énième embobinade. Comment m'en sortir, alors ? Dois-je supputer que les jumeaux maléfiques, se lassant d'errer dans les limbes de l'inexpression, me tenaillent pour que je reprenne le récit de leurs aventures, ou suis-je seul à m'enferrer dans ces folies qui n'intéressent plus personne ? Reprendre toutefois.