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mercredi, 13 décembre 2006

Low fields and light / Champs bas sous la lumière (W.S. Merwin)

    En écoutant le premier des Concertos pour orgue de Handel (HWV 289), j'ai achevé de recopier, en la retravaillant de fond en comble, ma traduction d'un poème de W.S. Merwin. Il faut tout de même que je raconte dans quelles circonstances j'ai bricolé la première mouture de cette traduction : debout, au stylo, en surveillant un devoir lundi après-midi. La concentration que requiert une traduction ne m'a pas empêché de repérer les trois ou quatre étudiants qui cherchaient à communiquer entre eux, et que je n'ai même pas avertis ni sanctionnés, car je sais qu'ils n'auront échangé que des erreurs ou des détails si infimes que cela ne changera rien à la note.

En revanche, j'ai pu, une fois encore, appliquer mon système de traduction : livrer un premier jet sans dictionnaire, même unilingue, ni recours au Web. La version informatique s'appuie sur de nombreuses vérifications lexicales et d'usage, sans compter quelques vérifications de nature encyclopédique ; ainsi, le cowbird que, faute de mieux, j'avais traduit par garde-boeufs, s'est avéré ne pas être du tout un héron. (Mais je doute que "vacher brun" dise grand chose à un lectorat français. Que faire ?)

Ce dont je suis plus content, c'est de l'alternance (irrégulière mais plutôt satisfaisante) entre décasyllabes et alexandrins, avec même quelques vers plus longs (vers 21 et 24, surtout), qui m'a donné l'impression, à la relecture et au "gueuloir", d'avoir trouvé une langue poétique qui, entre pierre et lumière, n'est pas loin des premiers recueils de Bonnefoy. (C'était tout à fait imprévu et involontaire.)

Low fields and light

(In W.S. Merwin. Green with beasts, 1955.)

Champs bas sous la lumière

Traduction MuMM, DR



I think it is in Virginia, that place

That lies across the eye of my mind now

Like a grey blade set to the moon’s roundness,

Like a plain of glass touching all there is.


The flat fields run out to the sea there.

There is no sand, no line. It is autumn.

The bare fields, dark between fences, run

Out to the idle gleam of the flat water.


And the fences go on out, sinking slowly,

With a cow-bird half-way, on a stunted post, watching

How the light slides through them easy as weeds

Or wind, slides over them away out near the sky


Because even a bird can remember

The fields that were there before the slow

Spread and wash of the edging light crawled

There and covered them, a little more each year.


My father never plowed there, nor my mother

Waited, and never knowingly I stood there

Hearing the seepage slow as growth, nor knew

When the taste of salt took over the ground.



But you would think the fields were something

To me, so long I stare out, looking

For their shapes or shadows through the matted gleam, seeing

Neither what is nor what was, but the flat light rising.


Je pense qu’il se trouve en Virginie, ce lieu

Qui maintenant se trouve en moi, devant mes yeux

Comme un brin d’herbe gris sur fond de lune ronde,

Comme une plaine de verre effleurant le monde.


Les champs étals courent vers l’océan.

Ni sable ni horizon. C’est l’automne.

Les champs à nu, noirs entre les haies, courent

Vers la mer étale et ses lueurs monotones.


Les clôtures vont leur chemin en s’affaissant :

Seul, sur un poteau courbe, un vacher brun regarde

La lumière les effleurer, comme le vent

Des brindilles, les frôler puis toucher le ciel,


Car même un oiseau peut se rappeler

Les champs qui étaient là avant que la lumière

Lentement ne s’étende, et de son eau ne vienne

Les recouvrir un peu plus chaque année.


Mon père n’a jamais labouré ces champs, ni ma mère

Attendu, et jamais consciemment je ne suis

Resté à entendre la coulée lente à croître –

Pas senti le goût du sel envahir le sol.


On dirait vraiment que ces champs me tiennent

À cœur, moi qui longuement les contemple

Cherche aux lueurs emmêlées leurs formes ou leurs ombres,

Ne vois ni présent ni passé – seulement se lever cette lumière étale.


12:28 Publié dans Darts on a slate | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Poésie, Anglais, Traduction, Littérature

mardi, 12 décembre 2006

Esprit, es-tu là ?

medium_Truyes_9_decembre_2006_063.jpg

 

 

 

Celle-là, lança la rue, on me l'a déjà faite. Vous passez tous par Truyes, vous les beaux esprits... Répartie qui elle-même ne manque pas de sel.

.......

 

(Le jeune fils d'une collègue ne s'appelle-t-il pas Guérande ?) Si, il chante déjà des antiennes viriles.

17:05 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Ligrienne, Photographie, écriture

"Your eyes" / "Tes yeux" (Lenrie Peters)

    Lenrie Peters est un poète gambien d'expression anglaise, sans doute le plus célèbre des écrivains gambiens... Je ne possède, de lui, qu'un seul recueil, Katchikali, publié dans la collection des African Writers Series par Heinemann en 1971, et dont j'aime beaucoup le ton et la teneur. Il se compose de 69 poèmes qui n'ont, en général, pas de titre. (Note pour moi-même : à la relecture, je suis particulièrement féru des poèmes [36], [43], [44] et [66]. Le [32], qui repose sur un acrostiche strophique, est une forme de gageure.)

Je me suis essayé hier, dans la matinée, à essayer de traduire les vers très brefs du cinquième poème, "Your eyes / are two faces". À deux ou trois exceptions près, je suis resté très proche du texte original. L'une de mes frustrations vient de l'impossibilité de traduire l'enjambement "Impaled / Sensuality" de manière satisfaisante. En effet, l'ordre épithète-substantif est ordinaire en anglais, mais, si je respecte la grammaire ("La sensualité / Empalée"), le dernier mot de la deuxième strophe n'est plus impaled/empalée. Tout menu problème, mais qui se pose là toutes les cinq minutes.

Dans le "Journal de bord" qu'elle a consacré à sa traduction du tome III du Journal de Paul Nizon, Diane Meur écrit, à la date du 10 juin 2005 : "Sans cesse composer avec l'insatisfaisant, quel métier...!" (TransLittérature, n° 31, été 2006, p.20).

Heureusement, ce n'est pas mon métier, mais un violon d'Ingres (ma vocation?).

 

Lenrie Peters. Katchikali, [5]: “Your eyes”

« Tes yeux »

Your eyes

are two faces

the closer I get:

mingled


with utterances

tenuous as chewing gum

oblique.

Impaled


sensuality

hangs a curtain

to the open sea.

Driftwood,


Snails, anemones

grind soft teeth

in its flesh.

Time


Is not ripe

for singing ;

crisp twilight

fades.


I speak to you

as a child

to my brother

my sister.


Demoness

with lifted skirt

won’t save

the world


Apples fester

in autumn.

Stabs of sunlight,

Pomegranate


ravaged

by night wind

explores vicissitudes

of earth.


I have expected

much from you

my black brother ;

bloodlessly


Slide in

your two faces

speak without

snakes.


Change with

swift spears

in the air

Must find you ready.

Tes yeux

sont deux visages

plus je m’approche :

entremêlés


de paroles

minces comme du chewing-gum

de biais.

Empalée


la sensualité

tend un rideau

au large de la mer.

Du bois de flottaison


Des mollusques, des anémones

enfoncent leurs dents délicates

dans sa chair.

Le temps


N’est pas venu

de chanter :

le crépuscule sec

s’efface.


Je te parle

comme un enfant

à mon frère

ma sœur.


La démone

à la jupe relevée

ne sauvera pas

le monde.


Les pommes suppurent

en automne.

Coups de poignard du soleil,

Une grenade


ravagée

par le vent de la nuit

explore les vicissitudes

de la terre.


J’en ai beaucoup

attendu de toi

mon frère noir :

escamote sans


faire couler le sang

tes deux visages

et parle sans

serpents.


Pour le changement

et ses lances agiles

dans l’air

tu dois te tenir prêt.

14:04 Publié dans Darts on a slate | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Traduction, Anglais, Poésie, Littérature

lundi, 11 décembre 2006

Chartres (Edith Wharton)

    Sans savoir s'il existe déjà, de ce double sonnet, des traductions, j'ai fini, ce soir, par m'atteler à la traduction de Chartres. J'avais envoyé ce poème, il y a déjà une petite quinzaine, à Philippe[s], qui m'en avait demandé la version française. J'ai traduit le premier panneau du diptyque, et, assez curieusement, j'en ai trouvé la traduction plutôt aisée. Sur l'heure environ que j'ai consacrée à ce premier jet, plus de la moitié a été consumée sur ce maudit vers 11, évidemment celui dont je suis le moins satisfait : comment rendre le jeu de mots sur les deux sens (architectural et économique) de bosses ? comment m'en tenir à mon choix de respecter, peu ou prou, le schéma des rimes ? Au cours de mes menues recherches sur la Toile, je suis tombé sur un beau poème de Péguy, que, dans mon ignorance profonde, je ne connaissais pas, et sur l'entrée ARTS LIBERAUX du Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle.

Entre autres sujets de mécontentement : les synérèses trop précieuses à majestueux (v.1) et à nuée (v.14) ; la traduction alambiquée du vers 9 ; la liaison disgracieuse et même cacophonique attestent-en (v.14) ; trop de "césures muettes" (comme au vers 11 (encore lui) : je ne connais plus le terme exact et je ne vais pas aller farfouiller dans Mazaleyrat maintenant)...

Once again it's work in progress... (Je songe maintenant que j'eusse pu nommer ce billet "Larve de diptyque", histoire de vaincre Dame Fuligineuse sur le terrain des calembours...)

 

Chartres (Edith Wharton)

Chartres (traduction MuMM, DR)

I.

IMMENSE, august, like some Titanic bloom,
   The mighty choir unfolds its lithic core,
Petalled with panes of azure, gules and or,
   Splendidly lambent in the Gothic gloom,
And stamened with keen flamelets that illume
   The pale high-altar. On the prayer-worn floor,
By surging worshippers thick-thronged of yore,
   A few brown crones, familiars of the tomb,
The stranded driftwo
od of Faith's ebbing sea –
   For these alone the finials fret the skies,
The topmost bosses shake their blossoms free,
   While from the triple portals, with grave eyes,
Tranquil, and fixed upon eternity,
   The cloud of witnesses still testifies.

I.

Immense, majestueux, titanesque bourgeon,

   Le chœur puissant dévoile à tous son cœur pierreux,

De vitraux corollé – d’azur, d’or et de gueule –

   Au cœur du noir gothique un splendide rayon

Étaminé de vives flammèches qui vont

   Éclairant l’autel pâle. Et, au sol priéreux

Usé par la cohue des fidèles d’antan,

   Sont, amies du tombeau, quelques bistres croûtons,

Le flottis qu’a laissé là, au ressac, la Foi :

   Pour elles seules les fleurons fendent les cieux,

Les flambeaux libèrent les bulbes de leur loi ;

   Tandis que des triples portails, les graves yeux

– Paisibles et rivés, sur l’éternité, droit –

   De la nuée de témoins attestent en ces lieux.

 

 

Bon, je ne sais pas pourquoi l'interligne est supérieur dans la traduction ; on dira que c'est mieux que de ne pas avoir du tout la V.O. et la V.F. en regard, hein ? (Là, quand même, je vais me coucher.)

00:33 Publié dans Darts on a slate | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : Poésie, Traduction, Anglais, Littérature

dimanche, 10 décembre 2006

La mer monte haut

(Mardi dernier. Dans le bus 8.)

 

    La mer monte haut

voltaire

Je souligne un œil

 

château de tours

Aux cils inégaux

mirabeau

Qui franchit le seuil ?

D’or les rayons faux

 

passerelle

Blonds comme les veines

iut

Sèchent le tuffeau

chopin

De ma vie malsaine

 

23:23 Publié dans Fil bleu : Tridents & autres textes brefs | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Poésie, Ligérienne

Marchez au blé

medium_Dimanche_3_decembre_2006_083.jpg

 

 

    Un monde interdit, interloqué, surpris, ébahi, bâille aux corneilles avec le désarroi posé sur l'oreille, regard complice du côté de la halle.

06:15 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne, Photographie

samedi, 09 décembre 2006

Journées parisiennes, 5 : Dépôt d'ordures interdit

1er décembre. 19 h 40. Dans le train.

    Hier soir, j’étais trop fatigué pour écrire dans ces carnets, et même pour lire. Ce matin, j’ai bénéficié d’une connexion sans fil inattendue, dont j’ai profité pour purger ma boîte à lettres électronique de ses 276 spams, et lire les 22 messages sérieux qui s’y étaient accumulés. Ce soir, j’écris enfin ici, mais je suis profondément déprimé. Est-ce le rythme affreux et bruyant des journées à Paris ? Est-ce la vacuité de certains ateliers, qui m’a agacé ? Est-ce l’enthousiasme et l’hyperactivité de certains chercheurs rencontrés, dont la profondeur des recherches me renvoie, admiratif et peiné, à la vacuité des miennes ? medium_Dimanche_3_decembre_2006_115.jpgEst-ce de ne pas être allé faire un tour dans Paris, pourquoi pas au musée du quai Branly, et d’avoir préféré rester boire, jusqu’à la lie, le calice de ces journées fortes et frustrantes ? Est-ce le soir qui tombait sur le Jardin des plantes et surtout sur les sculptures devant la Galerie de paléontologie, qui m’a rappelé mars dernier (pointe de nostalgie) ? Est-ce le passage par l’échangeur arachnéen de Châtelet, qui m’a rappelé mes trois années de commuting entre Beauvais et Nanterre ? Est-ce de ne plus pouvoir traîner cette carcasse inutile ? Il vaut mieux que je cesse de poser ces questions, de crainte d’être tenté d’y répondre. Le train va démarrer, et, si la lumière veut bien revenir parmi nous, je me saisirai de Wizard of the Crow, histoire de noyer dans la beauté narrative ce spleen plus ridicule que malin.

19:40 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Photographie, écriture

The Critic / Le critique (Frank O' Hara)

    Je n'aime pas beaucoup la poésie de Frank O' Hara, et pourtant, la lisant assidûment, ces derniers temps, je me suis surpris à griffonner quelques traductions de ci de là, sur des feuilles volantes qui sont venues boursoufler l'exemplaire de ses poèmes choisis (Selected Poems. Vintage, 1974). O' Hara avait beau écrire en vers libres, dans une langue d'apparence souvent simple, c'est bougrement dur de rendre la mélodie et le rythme de ses poèmes. Dans le petit essai ci-dessous, je suis surtout mécontent de n'avoir su garder l'enjambement final.

The Critic

Le critique

I cannot possibly think of you

other than you are: the assassin


of my orchards. You lurk there

in the shadows, meting out


conversation like Eve’s first

confusion between penises and


snakes. Oh be droll, be jolly,

and be temperate! Do not


frighten me more than you

have to! I must live forever.

Il m’est impossible de voir en toi

un autre que toi : celui qui saccage


mes vergers. Tu guettes là,

tapi dans l’ombre, à faire la


conversation, pareil à Ève

quand elle prit les verges pour


des serpents. Allons, sois gai, sois joyeux

et surtout sois mesuré ! Ne


m’effraie pas plus que nécessaire.

Il faut qu’à tout jamais je vive.

Traduction Droits réservés.

11:21 Publié dans Darts on a slate | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : Traduction, Littérature, Poésie, Anglais

Place Lazare de Baïf

medium_Lazare_de_Baif.2.jpg

Épigramme (II)

Si ce qui est enclos dedans mon coeur

Je pense au vrai par écrit vous dépeindre,

Je suis certain que votre grand rigueur

Serait semonce à lamenter et plaindre.

Car si pitié peut noblesse contraindre,

Et tout bon coeur voyant un grief martyre,

J'endure, las ! tant et tant que le dire

N'est rien au mal que j'ai sous joie feinte ;

Et si n'ai rien qui à confort m'attire,

Fors que ma foi qui d'espérance est ceinte.

 

(Lazare de Baïf)

06:00 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, Ligérienne

vendredi, 08 décembre 2006

Journées parisiennes, 4

30 novembre. 7 h 15.

    Rue des Tanneries, toujours. Je ferais bien de boire mon thé fissa, et de partir en quête de l’arrêt Tolbiac-Glacière du bus 62 (qui doit me conduire directement du côté de la Chapelle)… plutôt que d’écrire ici ce que je dois faire ! medium_Paris_024.jpgMal dormi, ou pas assez, recroquevillé sur le petit canapé. Comme je ne voulais pas me surcharger de bagages, je n’ai fait suivre qu’un « sac à viande », ayant aussi la flemme de défaire le lit, où sont les draps de mon hôte, pour en mettre d’autres.

(C’était prétend que l’expression « sac à viande » est propre à ma famille, ou, dans tous les cas, à un nombre très restreint de gens. Il faudra que je vérifie.)

Allons, en route pour la Chapelle !

19:19 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : Photographie, écriture

Journées parisiennes, 3

medium_Paris_021.jpg
Spectre tremblé en hommage au Salon de la voyance de J.-L. Gendrot.

08:03 Publié dans Brille de mille yeux | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Photographie

jeudi, 07 décembre 2006

Journées parisiennes, 2 : Gabon, présence des esprits

29 novembre. 22 heures.

    La bouilloire va siffler (c’est un air d’Angleterre). J’ai déposé les feuilles de tisane à même la mug (la boule à thé était remplie de vieilles feuilles collées par une moisissure bleu verdâtre). Je crois que je ne vais pas devoir recourir au chauffage électrique de G.I.

Beaucoup marché, comme toujours beaucoup l’on marche à Paris (mais mal, en piéton amateur comme s’en plaindrait Roubaud). La bouilloire siffle. Bientôt. Je vais interrompre ces notes jetées à la va-vite.

Beaucoup marché, exprès, tours & détours, dans l’air frais mais pas hivernal. Le petit restaurant où j’ai dîné (convenablement) était enfumé à un point… j’ai étendu mes vêtements séparément sur plusieurs chaises qu’ils puissent aérer (surtout pantalon, veste et pull). La bouilloire siffle, cette fois.

medium_Paris_012.jpg

Je voulais jeter quelques mots de l’exposition Gabon, présence des esprits, vue tout à l’heure, en nocturne (et donc gratuitement, comme on dirait chez moi) au Musée Dapper. Je ne suis pas allé très souvent au Musée Dapper depuis qu’il a changé de lieu, car le nouveau lieu n’a pas d’âme. C’est une muséographie à la mords-moi-le-nœud, typique parisianisme mollasson de la fin des années 1990. Rien de commun avec le superbe hôtel particulier où le musée vivait auparavant de toute sa vigueur. Le plus triste est que tout le monde trouve ça mieux : neutre, surtout pas connoté grande bourgeoisie comme le précédent lieu. Mais enfin, ce qui est gênant, si on veut, dans ces musées d’art africain, c’est l’idée que toutes ces pièces n’ont pas été collectées ni collectionnées d’une manière très morale. Ensuite, le lieu, puisque l’on veut muséifier, doit être le plus beau possible, et le plus doué d’âme possible, même si cette âme-là est sans rapport avec celle qu’expriment les objets exposés. La discrépance ne me gêne pas, au contraire (Isou est un de mes maîtres, et la rubrique « Unissons » lui doit quelques fières chandelles). La discrépance ne me gêne pas, mais le vasouillardisme approximatif de tous ces nouveaux musées, si, et grandement.

Je n’ai toujours pas traîné mes guêtres, depuis son ouverture, au musée du quai Branly (rien que le nom, mmmm…) ; aussi faut-il dire que je ne suis venu qu’une seule fois à Paris depuis son ouverture, et encore une journée aller-retour, pour les trente ans d’un ami.

(Il faut que j’aille touiller les feuilles, puis les évacuer du liquide, afin de boire ma tisane.)

Bien… que disais-je ? Ah oui, l’exposition Gabon, présence des esprits. Elle est très bien faite, remarquable de sobriété et d’expertise, comme tout ce que fait Christiane Falgayrettes-Levreau. Mais (il faut des mais, aux plus grandes amours même) il faut toujours que la présence de certains des objets paraisse moins pertinente, comme si, les collections du musée n’étant pas assez riches – et elles le sont pourtant diablement – par rapport à la ténuité du thème choisi, il fallait quelque peu tirer sur la corde et refourguer des pièces qui, pour être fort belles, ne sont que très secondairement liées à la question de la présence des esprits… à moins d’arguer, évidemment, que toute forme de sculpture issue d’Afrique noire est spirituelle, ce qui est à peu près vrai.

Ce que je veux dire, c’est que les pièces du rez-de-chaussée sont toutes parfaitement en adéquation avec le sujet : figures de reliquaire, objets-témoins de rites mortuaires, etc. Les grandes cuillers exposées au premier étage, certes extraordinaires, comptent parmi les pièces moins convaincantes, par rapport à la réflexion sur les modalités de la représentation symbolique (et même symbiotique) des ancêtres, ou des défunts.

Toujours aussi impressionné par l’art Fang (et notamment par cette capacité qu’ont les masques Fang, n’en déplaise aux tenants de la différenciation réaliste de cet art, à superposer au masque une surface moindre, découpée, et qui, redessinant un visage, à l’intérieur du masque, met en scène la dualité même du jeu masque-figure. Un masque Fang, arboré par un homme, propose une superposition, non de deux, mais de trois faces : la peau humaine, dissimulée, le masque et la figure sur le masque. Cela n’est pas vrai de tous, mais de beaucoup.), j’ai découvert les kota, et aussi l’art des Tongwo, en particulier la figure de reliquaire qui porte le n° d’inventaire 806, et que je ne pense pas avoir vue lors de précédentes expositions.

Il y a eu, de mon point de vue, un moment assez comique, car je visitais l’exposition en même temps qu’un couple de cinquantenaires très b.c.b.g. (est-ce que cela se dit encore ?) qui s’est longuement arrêté devant les mukuyi des Punu, une remarquable série de quatre masques. Ils s’incitaient l’un l’autre à trouver cela « asiatique » (non mais, tu trouves toi, aussi, hein ? c’est fou, hein, ce n’est pas du tout africain, etc.). La raison en est que les visages sont très stylisés, les yeux fortement bridés et les nez fins (ce dernier point faisant l’objet d’exclamations véhémentes du couple susnommé). L’époux en vint même à se demander pourquoi les cartouches explicatifs ne mentionnaient pas cela, qui leur avait sauté aux yeux, hein, quand même, non, etc. Or, si yeux bridés et nez fins il y avait, il y avait aussi, sur tous ces masques, de très nettes marques de scarification en bouquet (front et tempes), ainsi que d’épaisses chevelures rehaussées et structurées selon un agencement stylisé et tripartite qui peut être signe de beauté, de puissance (par l’analogie avec la forme des cimiers) ou même de vie dans l’au-delà. Bien sûr, je suis loin de blâmer ce couple, qui a très nettement vu quelque chose de très intéressant, et qui représente un trait saillant de ces mukuyi ; mais avoir vu cela les a aveuglés sur tout le reste, ce qui est dommage.

Pis même, on peut imaginer qu’ils contemplent l’art africain et l’art asiatique comme s’ils s’agissaient de deux blocs homogènes, aux caractéristiques spécifiques très précises et incompatibles. Or, l’art africain – qu’on l’affuble de ce singulier ou non – est nettement plus divers et varié qu’il n’y paraît de prime abord. Je me rappelle avoir fortement pris conscience de cela lors de la colossale exposition Africa – The Art of a Continent à Londres, à l’hiver 1996. (Mon Dieu, onze ans déjà, bientôt !) Pour cela, il faut accepter de se dessiller les yeux, et surtout ne pas avoir les yeux rivés aux cartouches explicatifs, justement. Généralement, je regarde la plupart des pièces avant de m’informer des ethnies ou groupes de créateurs, pour ne rien dire des fonctions attribuées par les commissaires de l’exposition.

Je cesse mon bavardage. Le lit m’appelle, et Wizard of the Crow.

 

***********

Prolongement : Dossier de presse édité par le Musée Dapper.

22:01 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Art, Afrique

mercredi, 06 décembre 2006

De porche en porche

    Mercredi dernier, avant mon départ pour Paris, je lisais – sur le canapé de la chambre beige, où je surveillais d’un œil les tribulations du train électrique –

medium_Paris_006.jpg“The Visits”, la neuvième nouvelle du huitième volume de l’édition Edel des Complete Tales of Henry James. Or, cet après-midi, dans le jardin, je lisais “Collaboration”, la onzième de ce même tome, dans laquelle il est question – entre autres – d’un projet de collaboration, au lendemain de la guerre de 1870, entre un musicien allemand et un poète français. Il s’agit d’un livret d’opéra, comme hier déjà, il avait été question de la librettiste de Britten et d’Owen Wingrave, nouvelle de Henry James. Tout se tient.

20:20 Publié dans YYY | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature

Journées parisiennes, 1

    29 novembre. 18 h 15.

Rue des Tanneries. Cela me change un peu de la rue des Tanneurs. Je suis arrivé par le bus 91, quasi bondé et escargot. Des visages fermés, des sirènes de SAMU et de police à tous les carrefours. Paris la ville bruit. Paris bruit de millions de fourmillements. C’é comme ça.

Dans le TGV, mon ordinateur m’indiquait un réseau qui, en fait, ne m’a jamais connecté à rien. Ici, au moins, c’est plus honnête : aucun réseau repéré. Tous voisins méfiants ont des accès protégés. C’est bien.

Je vais ressortir, de toute façon ; faire un tour, manger un morceau, peut-être aller au Musée Dapper (ouverture en nocturne, ai-je lu, les derniers mercredi du mois).

 

18:15 Publié dans MAS | Lien permanent | Commentaires (2)

Le Démantèlement de la bibliothèque / Stephen Romer

    Comme il était prévisible, je ne m'en tiendrai pas au rythme envisagé d'un poème traduit chaque jour (ou, du moins, pas tant que j'aurai des tonnes de choses à faire par ailleurs), mais j'aimerais essayer de proposer trois poèmes par semaine, en moyenne. Aujourd'hui, allongé dans le canapé de la chambre beige, j'ai fini par poser, sur le papier, l'esquisse d'une traduction du poème de Stephen Romer, "Dismantling the Library", avant de la reprendre à l'ordinateur. Je suis plutôt content de la dernière strophe, avec le rythme 11-8-11-11, mais il y a, bien sûr, de nombreux points de friction.

(Accessoirement, et bien que cela me flatte, évidemment, j'aimerais vous demander de ne pas formuler d'éloges, mais de soulever des critiques et, à la rigueur, de proposer des solutions alternatives. Ce serait, en quelque sorte, une version interactive de Traduire, journal, le beau livre de Roubaud (mais où ne figurent pas les versions originales, ce qui est bien dommage).)

 

Le démantèlement de la bibliothèque

Enlever les alvéoles

ou le nid de frelons

par petites touches

ce n’est pas ce que je m’imaginais, je n’ai pas dit

voici mes provisions, mes douceurs,

ma liqueur, je n’ai pas pensé

être ici, en tout cas,

le maître de ce qui s’offre à mon regard


en revanche j’ai remarqué, avec consternation

que beaucoup n’avaient pas été lus,

comme cette Anthologie de la poésie turque contemporaine

ou cette Vie de Tolstoï, absolument passionnante


et que même les vieux complices cornés

se terraient sous leur couverture

comme s’il me fallait reprendre à zéro

et m’approcher d’eux en parfait inconnu.

16:21 Publié dans Darts on a slate | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Poésie, Traduction, Littérature, Anglais

Largonji

    Comme je me suis donné, ici, droit de citer... citons ! Quoi ? Eh bien, pourquoi pas la prose que l'on peut trouver dans le projet d'établissement d'un lycée tout à fait ordinaire...?

Le relevé sémantique des bulletins d'élèves redoublants a permis de constater que les appréciations portées n'apportaient que très insuffisamment voire pas du tout, les palliatifs de la rhétorique qu'elles caractérisaient. Ce qui peut être à l'origine d'un "effet Pygmalion" ou au mieux d'un désespoir dans les améliorations souhaitées.

 

Dont acte. (?)

P.S.: Je tiens à préciser que ce paragraphe n'a pas été rédigé par un professeur. Si j'en comprends la teneur (mais rien n'est moins sûr), il s'agit de réduire le fossé entre les élèves en difficulté et les enseignants. Ce qui est certain, c'est que le projet d'établissement n'est pas, semble-t-il, destiné à être lu par les parents d'élèves ou par les "élèves en difficulté".

10:20 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Langue française, Enseignement, Education

mardi, 05 décembre 2006

De fiel en anguille

    De rapides recherches au sujet du prénom gallois Myfanwy me poussent à m'intéresser à Myfanwy Piper (de son nom de jeune fille Mary Myfanwy Evans), qui fut la librettiste de trois des opéras de Britten, dont Owen Wingrave, l'un des rares que je ne connaisse pas et qui fera d'ailleurs l'objet d'une nouvelle mise en scène au printemps prochain au Linbury Theatre Studio. Du coup, je me surprends aussi à lire la nouvelle de Henry James.

And all that for Daffyd ! Eh, eh, eeeeh !

12:55 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Littérature

Mardi, voix vieillie (Trendy #1)

onze pièces pour

       (un euro,

dix de deux centimes)

 

 iut

aller m'asseoir au

      fond du bus

plus vibrant de voix

 

passerelle

qu'à l'ordinaire Un

       vieux J'ai l'air

d'un vieux au milieu

 

mirabeau

de tous ces gamins

       Mars me fixe

de son oeil brutal

 

château

rouge immaculé

   Comment ai-je

l'oeil rouge de neige ?

 

voltaire

Je cherche ce mot

   - pour mes yeux -

qui ne vient pas Vieux

 

anatole france

10:45 Publié dans Fil bleu : Tridents & autres textes brefs | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, Ligérienne

lundi, 04 décembre 2006

Gratefulnesse / Gratitude (George H.)

    Comme je l'ai écrit précédemment, je ne suis guère satisfait de cette première mouture de traduction. Vous trouverez une version du poème original de George Herbert, Gratefulnesse, ici. Ma traduction n'est pas satisfaisante, parce qu'elle est trop archaïsante, qu'elle ne respecte pas suffisamment le schéma métrique et le système des rimes. Par ailleurs, plusieurs glissements de sens, quoique légers, me gênent aux entournures. J'essaierai de corriger au fur et à mesure que des idées me viendront...

Toi qui m’as donné tant et tant,

Encore donne-moi un cœur reconnaissant.

Vois ton suppliant œuvrer pour toi par

Son art.

À chacun de tes dons il accroît son œuvre

Et se dit Si ceci contre toi le courrouce,

Tout ce qu’à ce jour d’hui tu lui avais tendu
Est perdu.

Mais tu tenais pour sûr, quand au commencement

Nos cœurs comme nos mains aspiraient à ton verbe,

Ce qu’il te faudrait bien, le pire envisagé,

Sauver.


On frappe sans cesse à ta porte,

Ton céleste logis est flétri par les larmes,

Tes dons sont infinis ; beaucoup se voudrait large

Davantage.

Sans nous tenir rigueur, toi, tu as persisté,

Nous autorisant même à faire du tapage.

Mieux même, tu as su, de nos plaints et soupirs

Te réjouir.


Pourtant, là-haut, tu peux ouïr

Plus belles mélodies que de tels grognements,

Mais tu t’es pris, pour ces chansons de basse-cour,

D’amour.

Aussi suis-je toujours à t’implorer :

Tu ne peux trouver le repos

Tant que je n’ai, de toi, reçu un cœur content

Pour présent :

Non content quand cela me chaut,

Comme si tes bienfaits connaissaient des relâches :

Mais un cœur qui ne battrait

Qu’à te louer.

16:10 Publié dans Darts on a slate | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Poésie, Traduction

Ingrate

    Je ne suis pas très convaincu par le premier jet de ma traduction du poème de George Herbert, "Gratefulness", pondue en fin de matinée. J'ai transposé le système des rimes, je n'ai pas pu versifier en recourant au même mètre sur les trois premiers vers de chaque strophe, et je m'arrache les cheveux avec plusieurs séries sémantiques. Faute de mieux, & histoire d'inaugurer la rubrique des traductions prétendûment quotidiennes, je la transcrirai tout de même ce soir dans ces carnets.

13:25 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Poésie

Place Charles VII, Universal Indians

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    Tout de même, ce n'était pas si terrible de pousser la grille et de déposer, sur le front nu et froid du bronze qui s'ennuie, un baiser solitaire. Si on vous jette, d'une fenêtre haut placée, l'eau savonneuse de quelle vaisselle, vérifiez que vous n'avez rien oublié à votre place. Le néon cligne bruyamment, et j'aspire au repos. Bribes de mots... rire comme un veau. Le texte s'est désuni, fausse manipulation. Au train où vont les choses, les peaux rouges ont dû parcourir l'univers, d'une poudre tourbeuse.

10:45 Publié dans Onagre 87, Rues, plaques, places, Unissons | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne, Poésie, Jazz

Seul dans l'univers

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    A : Tiens, un point vert à côté de ton nom !

10:53 B : Ouais, encore là.
 A : Au travail ?
 B : Oui. Enfin, à Paris, hein.
10:54 A : De mon côté, je règle quelques affaires courantes avant de partir deux jours à Paris.
 B : Recherche ?
10:55 A : Je participe (tiens-toi bien, tu vas rire) à une des 60 tables rondes du Réseau Thématique Prioritaire (whatever that means) "Etudes Africaines", au C.N.R.S..
10:56 B : s'il y a 60 tables rondes, ça veut dire qu'il y a au moins 120 personnes ? Espérons...
 A : En fait, environ cinq chercheurs par table ronde. Tu vois le tableau. (Mais ça commence aujourd'hui. Là, je garde mon fils, comme tous les mercredi matins.)
10:58 B : Ok. Un jeune fils est parfois une affaire qui court, en effet. (Désolé, je suis fatigué.)
10:59 A : En l'occurrence, il passe généralement ses matinées sur le canapé, à se lire ses livres puis à courir en long et en large en s'inventant des histoires de chevaliers ou de Romains. Ce matin, nous avons installé le sapin de Noël (avec une semaine d'avance, je sais).
11:00 Bon, enfin, si tu travailles, je ne vais pas te distraire plus avant, surtout avec mes histoires de guirlandes. (Purcell, The Fairy Queen : calme écoute derrière les vitres chauffées de soleil, direct sur la nuuuuuque !)
11:01 Bonne journée !
11:03 B : Désolé, j'ai dû m'éloigner quelques instants. Mais en effet, je vais continuer à bosser, bonne écoute et bonne journée...

07:41 Publié dans Ma langue au chat | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Photographie, écriture

dimanche, 03 décembre 2006

Moutonnements de la musique

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Cette brebis, c'est pas une flèche...

22:22 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Photographie, Ligérienne

samedi, 02 décembre 2006

Forza !

medium_Loches_11_novembre_2006_062.jpg

 

    Sur les murs blanchis, reblanchis, à la chaux, le prince emprisonné (en des temps reculés où les Playmobil n’existaient pas) avait ponctué de signes répétitifs, décorés sa cellule, où ne manquait pourtant pas de trôner un âtre, histoire de se réchauffer le cœur. Certains de ces dessins demeurent farouchement énigmatiques, comme l’espèce de tube rouge à capuchon rond, où l'on perçoit un préservatif démesuré, ou, peut-être, un sexe de cheval dont la longe aurait été, trop lourdement, tirée. Neuf mots encore peuplent le silence de la cellule.

08:20 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Photographie, Ligérienne, Littérature, Art

vendredi, 01 décembre 2006

Au creux du vent

     medium_Loches_11_novembre_2006_055.jpgCette tête de cheval, gravée – au couteau ou à la barre de fer – dans la pierre d’un cachot, a traversé les âges, en sens inverse, pour danser une nuit avec des comparses rouge manganèse, avant aussi de trouver, au bout du tunnel, d’autres équipées, d’éternelles sorcelleries. On s’envole, envoûté, pris aux ramures du soleil, et le bloc de pierre froid, venu soudainement vous heurter aux tempes, vous ramène à la dure réalité : tout cela n’était qu’un rêve.

08:15 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Photographie, Ligérienne, Littérature