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mercredi, 31 janvier 2007

Sans le moindre

    Si même Madame de Véhesse ne réagit pas quand je parle de William Burke, alors où va le monde ?

12:12 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Littérature, Photographie

Ode to Liberty

    Ode to Liberty de Shelley : une forme extraordinaire. Nostalgie & éblouissement, en la lisant, avant-hier et de nouveau ce matin. Savoir qu'on ne peut pas écrire ça, car l'époque est au-delà, l'ode est toujours-déjà écrite, et pour tout arranger bien sûr j'en suis incapable. (Mention particulière pour les strophes IV et V, et aussi XI. Pour tout. Pour ça.)

11:00 Publié dans J'allaite le nouveau Kant, II | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Littérature, Poésie

mardi, 30 janvier 2007

These are a few of My Favorite Things

    Si j'en crois l'ouvrage de Daverat, et mon relevé, il y aurait dix-sept versions de My Favorite Things par Coltrane. Malheureusement, les indications ultra-rudimentaires figurant sur mon CD Live at Birdland (les CD en 1989, c'était la préhistoire) ne me permettent pas d'identifier la seule que je possède. (D'ailleurs, je n'ai que six disques de Coltrane, alors que ce fut sans doute, avec Monk et Ayler, ma première grande révélation en jazz.)

Sur cette version, donc, où Coltrane et ses trois compères habituels du milieu des années 1960 (Elvin Jones, Jimmy Garrison, McCoy Tyner) sont épaulés aussi par Dolphy, qui a ici un très long solo de flûte, qui me plaît beaucoup moins qu'à l'auteur des liner notes*. Ce que j'aime dans ce My Favorite Things-là (comme sur cet autre enregistrement, sans Dolphy, de Chim Chim Cheree), c'est Coltrane faisant de l'or avec une mélodie couci-couça, tube cinématographique approximatif, Coltrane se déhanchant le sax, se démenant, emmenant tout le monde au ciel, joueur de sax aux pouvoirs divins. À cette aune, je voudrais être rat pour me noyer dans son sillage...

Quand je préparais mon cours d'agrégation sur The God of Small Things, j'écoutais ce My Favorite Things-là en boucle, comme un talisman. Dix-neuf minutes de magie, déniaisement complet de la comédie musicale, et cette stridence démente entre 1'50" et 2'05" (quinze secondes pour lesquelles je donnerais toutes les bossa nova du monde (pas un gros sacrifice, connaissant mon peu de goût pour les musiques latines)) !

Autre souvenir : Beauvais, 2002. Visage goguenard de F.B.-S., me disant son peu de goût pour Coltrane, notamment "les solos de Jimmy Garrison pendant six minutes" (celle-là m'avait bien fait rire).

 

* Je sais : notes de pochette.

15:30 Publié dans J'Aurai Zig-Zagué | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Jazz

Maritornes

    Sur le premier disque d'Albin de la Simone, le chanteur est grimé en panda. Mon fils a un panda en peluche qui se nomme Pistache. Au restaurant La Chope, je vous recommande la terrine de queue de boeuf avec foie gras aux pistaches. Ils servent aussi, à La Chope, une soupière de mousse au chocolat Valrhona. Passe-moi la soupière, et Jean-Marc Thibault.  De Roger Martin du Gard, je n'ai lu que Jean Barois. C'est à l'été 83 que j'ai vu, la seule fois de ma vie, le Pont du Gard. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir, un jour, sur une réédition en CD, un inédit de Manset (Le Pont). Il y aussi Pavillon sous la neige, du même Manset. Il m'arrive de penser que je deviens dur d'oreille.

15:15 Publié dans Dimanche pleurera | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne, écriture

Rooty potatoes

    Il y a neuf mois, j'avais (sans soulever de commentaire intrigué) employé, pour décrire ces micro-tubercules qui percent la peau de pommes de terre trop vieilles (ou "passées"), l'expression faire des filles, que je n'ai entendu dire qu'à la grand-mère paternelle de c'était, et à c'était elle-même, quoique d'une façon plus parodique, ou, du moins, citationnelle. Eh bien, ne voilà-t-il pas que je trouve, au tout début de Shalimar the Clown, une phrase que, si je ne la comprends pas de travers, l'on pourrait traduire au moyen de cette expression.

All of which was spoken while turning a rooty potato in her hand. (Salman Rushdie. Shalimar the Clown. QPD, 2005, p. 9)

 

Le hic, bien entendu, c'est que l'expression faire des filles est tout à fait locale (landaise?), peut-être archaïquement même, et ne correspond en rien à rooty potato, formule plus courante, ou, à tout le moins, compréhensible à qui ne la connaîtrait pas. Cela dit, la question reste entière : comment dit-on, en français courant, "rooty potato" ?

 

(Au demeurant, j'étais farci de doutes et tenaillé d'appréhensions en me décidant enfin à lire, suivant en cela les objurgations de ma soeur, Shalimar the Clown, car, admiratif de Shame, un peu moins de Midnight's Children, mais infiniment du Moor's Last Sigh, j'avais été affreusement déçu par The Ground Beneath Her Feet, balancé avec colère & hurlements au bout de 300 pages (circa 1999).)

11:21 Publié dans Aujourd'hier | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Littérature, Anglais, Traduction

lundi, 29 janvier 2007

Autres profils

    Poulet lisant Proust lisant Joubert lisant la vertu ou l'aveuglement rend justice à cette idée même de justice littéraire qui n'est autre que vieille

Quand mes amis sont borgnes, je les regarde de profil. Je ne veux ni d'un esprit sans lumière, ni d'un esprit sans bandeau. Il faut savoir bravement s'aveugler pour le bonheur de la vie. (Joseph Joubert, Pensées etc., p. 85)

 

et terriblement dédorée reprend ses droits encore et toujours, sourd de la pile de livres ouverts, entassés, s'effondrant.

 

04:20 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Littérature

dimanche, 28 janvier 2007

William, moins connu {& sublime} qu'Edmund

    William Burke. Meurtres, en série. Pendu haut et court le 28 janvier 1829. From Burke's method of killing, nous dit la WP anglophone, his victims has comes the verb burking.

 

23:30 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (0)

"Si votre sort est changé, votre belle âme ne l'est pas."

    Retrouver, dans la masse des pages numérisées de Gallica, la lettre de Voltaire à Frédéric II datée du 28 janvier 1741 relève presque de la prouesse ou de la quête d'anguilles essoufflées dans une botte de sept lieues. Ce serait plus simple avec l'édition Pléiade (que je ne possède pas) ou, tout simplement, si la B.N.F. ne proposait pas la plupart de ses collections en mode image. En l'occurrence, elle ne semble se trouver dans l'édition de 1889 de la Correspondance de Voltaire avec le roi de Prusse, ni dans le tome III de la Correspondance avec M. de Voltaire, dans l'édition de 1805 des Oeuvres posthumes de Frédéric II, roi de Prusse.

De rage, j'abandonne ma quête pourtant acharnée et vous livre, en lieu et place, la très belle lettre du 18 juin 1740 (oui, tout juste deux siècles avant l'Appel) : elle se trouve aux pages 282 à 286 du document ici lié. Quel lèche-cul, quand même, ce brave Voltaire !

 

(J'avais mal calculé. Le Finale éclatait tandis qu'il fallait scruter, dans le ciel, les derniers obscurs violets d'un ciel sombre, Radziwill ou Turner.)

18:29 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Littérature, Histoire, Musique, Messiaen

Adunaton, adunata

    (Encore la Turangalila, et encore le soir. J'en ai commencé l'écoute de sorte qu'elle s'achève avec les dernières lueurs nettes jetées du jour.)

Dans son article intitulé "L'adunaton. Face à l'énigme et à l'impossibilité logique dans la prose narrative de Robert Desnos" (in M.-C. Dumas et al. Moi qui suis Robert Desnos". Permanence d'une voix. José Corti, 1987, pp. 101-113), Jacqueline Chénieux-Gendron définit l'adunaton comme "schème sémantique relativement figé, par lequel est visualisée une impossibilité empirique" (p. 102). Elle précise que "l'intérêt de ce jeu limité avec les choses [...] semble bien se trouver du côté de la représentation du bouleversement des choses, du côté de la figuration du désordre et de la visualisation du chimérique" (ibid.).

Si j'avais peut-être rencontré l'adunaton comme figure de rhétorique ou fleur de Tarbes, je m'étais empressé d'en oublier l'usage, ainsi que le sens de cet adjectif, qui, en grec ancien, signifie "impossible". On le retrouve dans le proverbe connu :

Τὸ πεπρωμένον φυγεῖν ἀδύνατον.

Autrement dit : On ne peut pas échapper à sa destinée.

 

L'adunaton le plus fréquent en français est "quand les poules auront des dents" (pigs might fly en anglais), mais on peut classer, dans cette catégorie, des formules plaisantes, voire gauloises, telles que :

Avec des si, on mettrait Paris en bouteille.

Si les cons pouvaient voler, tu serais chef d'escadrille.

Si ma tante en avait, on l'appellerait "mon oncle".

 

En connaissez-vous d'autres, idiomatiques ou littéraires ?

 

N.B. : L'adunaton est si rare qu'il n'a ni son entrée ni ses entrées dans la WP, même l'anglophone !

17:41 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Littérature, Langue française, Musique

O. Redon : Phaéton : G. Moreau

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    " Ce Phaéton est une conception pleine de hardiesse, qui a pour objet la représentation du chaos. L'a-t-on jamais imaginé de la sorte ? Je ne sais ; nulle part la représentation plastique de la fable n'a été formulée avec un tel accent de vérité. Il y a dans l'éclat de ces nuées, dans l'audacieuse divergence des lignes, dans l'âpreté et le mordant de ces couleurs vives, une grandeur, un émoi, et, en quelque sorte, un étonnement nouveau."

 

(Odilon Redon, 14 mai 1878. In À soi-même.

Paris : Corti, 2000, p. 65)

 

 

 

 

... à chaque page des écrits d'Odilon Redon, comme en ses noirs ou ses bouquets, des pépites, de quoi stimuler de longues heures durant la fabrique des rêveries...

16:38 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Art, Littérature

Ģŷpầếŧệş

    Samedi a passé la promesse des fleurs. Pourtant encore les tulipes, roses et crème, même si elles ploient un peu, quoique l'eau fût renouvelée, offrent au regard le trident à six pointes de leur pistil. Maintenant aussi ce sont les Klavierstücke op. 118 & 119 de Brahms, merveilleux, sous les doigts d'Idil Biret : les puristes disent, écrivent à qui mieux mieux qu'elle est nulle ; certes je n'y connais rien, mais ça me semble curieux.

Samedi a passé la promesse des fleurs, et encore une écoute éblouie de la Turangalila, comme une amarre à l'amour, comme la joie chamarrée, dans les brumes du soir naissant qui n'a cessé de se prolonger, aux vapeurs du café, du silence. Le chat noir reflets bruns a fait la fine bouche en passant près du plat avec restes copieux des maquereaux, l'air de dire qu'on ne l'y prendrait pas, à ces nourritures rustiques ou clochardes.

Le Scherzo op. 4 n'est pas mal non plus, un peu appuyé, orageux (mais il faut des orages).

A Flor do Mar : hier soir ; une autre fois.

11:55 Publié dans Pêle-mêle | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Musique, Cinéma, écriture

vendredi, 26 janvier 2007

Grives litotes

    Jamais je n’avais écouté attentivement la Turangalila, ou alors je m’étais fourvoyé, elle ne m’avait pas emporté dans sa danse. Aujourd’hui, tout en fixant les tulipes roses et blanches, après les jeux, dans la tiédeur du soir qui tombe et les lueurs farouches du jour qui de nouveau s’attarde au-delà de six heures, je ressens chaque note, chaque envolée de chaque pupitre, chaque passage doux et chaque flamboyant moment, avec une acuité décuplée, comme en proie moi aussi à l’une de ces drogues pavillonnaires. Turangalila de flammes.

18:15 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Ligérienne, Musique, Messiaen

jeudi, 25 janvier 2007

All{i}ée Jean Gab{m}in

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14:55 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne, Photographie

Ray Anderson, 1

    4443 visites ce mois, pour l'instant ; on ne peut pas me faire ça, à moi. Difficile de savoir vers où va aller cette note longtemps tenue. Toujours aussi braxtonien, j'écoute en ce moment la Composition n° 94 du géanthony. Enregistrée en 1980 et rééditée en CD en 2000, cette composition est servie par un trio constitué de Braxton lui-même évidemment (saxophones et clarinettes divers), du guitariste Joe Emery (dont riffs et feux déchirent la toile de notes) et du tromboniste Ray Anderson.

Il est temps enfin d'explorer plus avant ma passion pour le trombone, en jazz, et dans les musiques improvisées. Ray Anderson, le tromboniste, je le découvre aujourd'hui. Il semblerait qu'il ait, à son actif et sous son nom propre, une bonne vingtaine de disques. Sur la Composition n° 94, il joue aussi de la trompette, ce qui n'est pas fréquent pour lui mais donne une sonorité particulière à ce moment si beau tout près du premier climax. Je ne crois pas l'avoir entendu au tuba ici, mais puis-je me fier à mon oreille ? Tuba, trombone, trompette : de toute évidence, c'est la coulisse qui fait le lien, le liant en rupture entre ces trois univers. Vers la vingt-cinquième minute, Braxton et Emery s'arrêtent carrément de jouer, et on les imagine admiratifs, rythmant sur le dos de leurs instruments respectifs cette frénésie jamais démentielle, le bonheur, la joie de vivre ; quelques minutes d'un solo de trombone. Puis le guitariste espagnolise farouchement, en doublant la ligne hachurée qu'Anderson avait graffitée avant, façon tableau froid sur mur de béton. Puis chaud vibrant, le trombone revient, imposer sa salsa clapotante, point d'orgue et ligne suivie au soleil de la Composition n° 94.

(Applaudissements.)

11:21 Publié dans Knobs & thorns | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Jazz

mercredi, 24 janvier 2007

70, 70, ~~~~~~

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14:50 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Photographie, Ligérienne

Polémiques au sujet de la fondation de l'ordre des Templiers

   En effet, si le Temple était dans sa neuvième année le 13 janvier 1128, cette neuvième année a commencé soit, au plus bas, le jour même, soit, au plus haut, le 14 janvier 1127.

Eh bien...

12:00 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (0)

Mercredivebouteille

    Si je veux pouvoir, enfin, mettre ces bouteilles vides dans le carton destiné au verre à recycler, il faut que je note quelque part les références de ces crus mémorables, à dénicher de nouveau. Ce somewhere sera le blog.

  • Château Moulin Caresse, Bergerac 2003, Sylvie & J.-F. Deffarge (St Antoine de Breuilh)
  • Château de Coulaine, Chinon 2004, Pascale & Etienne de Bonaventure (Beaumont-en-Véron)
  • Michel Vattan, Sancerre 2005 (Maimbray, Sury-en-Vaux)

11:27 Publié dans Minimalistes | Lien permanent | Commentaires (2)

mardi, 23 janvier 2007

Blanc neige, ii

    Mots aimantés aux cimes

il est trop tard pour soudoyer vos pores

aux cinq sangs pleins si saouls de n'être pas sains

nos âmes mincies.

 

L'appeau ? La peau, peau-pierre.

 

Aimez-vous la poussière des pains ?

21:05 Publié dans Xénides | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Poésie

Vendrardivagations

    Entre vendredi et mardi, j'ai emprunté (pour les lire, les parcourir, y rechercher telle page, et pour c'était aussi)

  • les Critiques d'art d'Odilon Redon (aux éditions William Blake & Co, ouvrage décevant)
  • L'autre par lui-même. Habilitation. de Jean Baudrillard
  • le Redon de Jean Cassou (de 1972)
  • l'Odilon Redon de Jean Vialla (de 1988)
  • Corps et biens de Robert Desnos (pas lu depuis que je l'avais emprunté à Dax et dévoré, circa 1990)
  • deux ouvrages sur Thomas More, dont celui de Germain Marc'hadour (je le précise pour le plaisir d'écrire ce patronyme)
  • le Coltrane de Xavier Daverat (aux éditions du Limon)
  • la deuxième édition, largement remaniée, de Gérard Manset, celui qui marche devant de Daniel Lesueur
  • "Moi qui suis Robert Desnos". Permanence d'une voix. (sous la direction de Marie-Claire Dumas. José Corti, 1987)
  • la thèse de cette même M.-C. Dumas sur Desnos (Robert Desnos ou l'exploration des limites. Klincksieck, 1980 (je le note pour le plaisir de risquer de me planter en orthographiant Klincksieck).)
  • À soi-même d'Odilon Redon (lu samedimanche : génial)

11:45 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne, Littérature, Art

lundi, 22 janvier 2007

Mystères de la généalogie

    Jean de FRANCE a épousé Marguerite DAMOISEAU le 22 janvier 1541.

 

[d'argent au lion léopardé de gueules mis en chef]

19:20 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (0)

Arrivederci

    Toujours il pleuvra des cordes. Que ça pince ou non. Comment sinon naîtrait ce son mat de la peau doucement frappée, dans l’arche de Noé, alouette d’écorce – orques – et requin dans l’obscurité ? Un train suit la voie ferrée sur des kilomètres de ponts, de banlieue, près d’échangeurs, à faire grincer sans cesse et sans ménagement les éclisses des traverses, puis une voix d’oiseau, un chant enfin émerge des brumes que traversait le train. En entendant ce chant, je me dis que cela fait deux semaines que je voulais prendre le temps nécessaire, ces 1956 secondes, pour traverser la France du nord au sud puis de nouveau du sud au nord, un road movie illustré à la clarinette, forme de moyen métrage pour tous trajets, sans aide à la navigation. Le regard suit le train, mais tout le corps danse, aux appels des peaux tannées, de la mélopée comme vocifération, et la danse n’a d’ailes qu’obscures. C’est tout comme un grand vol de corneilles heureuses dans l’aube d’hiver. C’est tout comme.

Loin du train, maintenant, et loin de l’arche, une corneille quitte les rangs pour aller houspiller des étourneaux querelleurs et piailleurs. Sous les cordes qui pleuvent, on ne le dira jamais assez, que ça pince ou non, il y a le bruissement des forêts dénudées, cette saveur exquise des étangs découverts au détour d’un bourbier, cette extase à se perdre, les bottes enfoncées dans l’argile noirci, tandis que planent, virent de bord encore les corneilles. Même au cœur, même au creux de ces forêts abandonnées aux bourbes de l’hiver, on ne s’empêche d’imaginer – quoi – les doigts de Léon Francioli qui tissent glissent, même en n’ayant jamais vu Léon Francioli ni de photographie de Léon Francioli. Perdu, les bottes crissant dans l’argile, on regarde l’étang où aucun cincle ne plonge, et c’est encore une autre hallucination : Michel Portal nous emmène à l’autre bout de la France, en Camargue bien sûr, ou en Bretagne – c’est pareil. Égaré, les mains accrochées à l’écorce du vergne, on regarde l’étang, on tapote contre l’écorce, doucement, tout en contemplant l’eau morte sans clapotement, et, sans quitter l’ombre proche du vergne, on imite, malgré soi, les mains de Pierre Favre sur les peaux tannées. Je sais désormais que je suis seul au milieu de la forêt, que le road movie s’achèvera, peut-être sur l’aire de repos déserte, à part un semi-remorque en travers et pas la moindre silhouette visible dans la cabine. Je sais que j’aurai dit au revoir et que jamais pression de la main droite sur la main gauche n’aura été plus douce, ni plus mesurée, dosée. La peau pas ne frissonne, elle résonne, et je ne reviens pas sur mes pas, j’avance, dis adieu au vergne. C’est sans sens caché, sans cachotteries, le train s’emballe, oh ne chantez pas là.

Essayer d’écrire un texte que je chanterais dans la lumière du tumulte, en collant de très près à ces rails, à ces routes, à cette fine pellicule de souvenirs – est-ce possible ? Longé l’étang, il y a un long talus. Personne n’y a laissé de feu, personne construit de cabane, personne en moi ne frissonne. La peau encore résonne. De quoi ? des cris des corneilles, du chant de la cognée, des voix intérieures. Tout ça des foutaises. Longé l’étang, je sais que je pourrais passer deux heures à compter les strobiles sur cette branche, puis les écailles à peine ouvertes des strobiles, puis les imaginer dessinés, les imaginer photographiés, les imaginer dans la lumière du tumulte, passer plus de temps encore à enlever puis remettre puis enlever puis remettre cette virgule entre ça et des. Au début elle y était puis elle n’y est plus. Longé l’étang, il y a un baradeau, et les corneilles au-dessus de ma tête maintenant s’éloignent puis reviennent, comme dans les noirs d’Odilon Redon ce terrible jeu de bonneteau. Signes de ponctuation, swing des cordes qui pleuvent, et la chanson qui trouve son refrain, à peine a-t-on longé l’étang. Je sais que j’aurais pu passer tout ce temps, ces secondes égrenées strobiles, à écrire un texte que je chanterais tous les jours jour après jour dans la lumière du tumulte – mais si le cœur l’âme la peau je ne sais pas moi si cela si ça ne veut pas chanter, on reprend seulement la route, longe l’étang, tire sur la bride, remonte dans le train ou mieux traîne dans la corbeautière, une fois longé l’étang. Finir sur lourdes portes.

15:41 Publié dans J'Aurai Zig-Zagué | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Jazz, Poésie, écriture

Profil basque

    Le jour où David Alvin décida de voler sa voix à l'océan, il s'y prit sans ruse, juste d'un doigt frêle, d'un murmure bouleversant, et, par quelques vagues tremblées sur l'estampe, se lança dans les nuages,

se lança dans les cordes,

s'élança dans les airs, pour n'en plus

revenir.

10:00 Publié dans Minimalistes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, Blues

dimanche, 21 janvier 2007

Fini d'y croire

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    Entre les lectures poussées de Michaux, depuis un mois, et les journées hantées davantage chaque journée, j'avais peut-être oublié d'ouvrir, parfois, les yeux. Aujourd'hui, j'ai photographié, sur un mur du quartier où je réside, une fissure mescalinienne qui est aussi, dans mes souvenirs, l'image des lignes de vie et des délires enfantins, dans la cour de l'école primaire, quand nous nous imaginions tous vivre entre quatre-vingts et cent quarante ans. Prêter aussi l'oreille à la Rhapsodie roumaine d'Enesco n'y changera rien ; même sursauts et virevoltes s'inscrivent au long de l'échelle effilée, dont les répétitions sans fin n'entretiennent qu'un lointain rapport, finalement, avec le peyotl.

19:04 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Ligérienne, écriture, Littérature, Photographie, Musique

jeudi, 18 janvier 2007

Eau douce glacée

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    C'était le dernier décembre, face à l'enfilade et aux dômes. Je t'offre un verre d'eau glacée Même d'autres rumeurs montent, des champs de maïs coupés à ras. Ne le bois pas distraitement Quelle âme ne vibrerait pas, à ces tristesses sourdes. Il est le fruit d'une pensée Terreurs sourdes, aussi, comme une eau lourde qui s'échappe vers l'océan, renversent les désespoirs. Sans ornement il ne faut pas résister c'est inutile. C'était décembre, face au clocher, à l'enfilade.

08:00 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Photographie, Littérature, Poésie, écriture

mercredi, 17 janvier 2007

Sans le moindre bazar

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Un grand classique. Imparable.

Ne pas se laisser embobiner non plus (par le punctum).
Voir un vol en V sans virer aux migraines.

19:21 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Photographie

mardi, 16 janvier 2007

Prés

    Sonate. C'est ce qu'elle s'imaginait. La mer pourtant s'en est allée.

 

19:42 Publié dans Minimalistes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Poésie

lundi, 15 janvier 2007

Hope Ring True

    Des monceaux de poussière et des amas de boîtes de conserve traînent dans mes rêves, y mêlent leurs sales odeurs, comme je sens venir à moi la nuit le long de la voie ferrée, comme un nuage passe dans les yeux de l’enfant puni, et le miroir encore se ternit de poussière, et d’odeurs rances, de tristes rancœurs, comme la nuit nous environne d’un châle ténébreux, vertigineuse absinthe, à effleurer de tous bouquets la saveur, et encore les mouflons descendent en cascade aux yeux de promeneurs perdus dans les alpages, les isards prennent la tangente sans tambour ni trompette, comme alors que j’écris deux puis trois cordes pincées tourmentent le crépuscule, et dans les yeux des ténèbres je me retrouve, déraille, pour qu’enfin surgisse, jaillisse peinturlurée la montagne nauséabonde et poreuse qui troue le ciel comme un désert de neige, et à force de percer le ciel de cuivre tabac, la pointe du pic découvre d’autres paysages, d’autres rivages, des mers abandonnées, au creux même des alpages.

 

[13 janvier, prima hora, dans le TGV]

10:10 Publié dans Pêle-mêle | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, Jazz, écriture

Stendhal et Flaubert

    I feel so sorry for Sir Dominick Ferrand.

Pourquoi faudrait-il choisir entre le style et la vie ? Le style n’est pas la mort, ni l’horreur. C’est le style qui vit, qui fait vivre, qui souffle. Et pourquoi confondre musique et spontanéité ? En littérature, le spontané n’existe qu’informé, repris, stylisé encore et encore, même dans l’écriture automatique, spontanéité informée par un projet philosophique ou analytique qui lui donnait son grain. L’écriture et la vie, pas ou ; le style et la vie, pas ou ; pas à choisir ni à barguigner.

05:55 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature

dimanche, 14 janvier 2007

Tune Z

    Déflore

éternelle douceur du monde printanier

évasives senteurs du soleil

printanier

 

il fait ce soir d’été le

navire au mouillage dans le port

 

(a)

 

défleuri

ramené d’autres mers plus terribles

effilé et flanqué de rameurs

aux maillots printaniers comme au

mouillage.

 

23:30 Publié dans Zézayant au zénith | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Poésie, Jazz

En lisant les deux premiers chapitres de « The Demon »

    His ministrations : détournement du langage puritain (pasteur de l’adultère)

Le regard de Wyatt Earp, l’hypnose du prédateur.

Le refus des apostrophes, une marque de fabrique… mais enfin, c’est aussi l’attachement dans le cas possessif (possession : histoire du diable au corps), le rejet de la norme consistant à scinder la marque du génitif du substantif (génitalité, coupure, sexion, voir Maertens et Ferenczi).

The spectators ooood and aaahhhhd : les spectateurs lancèrent des oh et des ah! (Ce n’est pas pareil du tout.)

Le mythe du rire (faire rire les femmes, p. 24). Don Juan pourtant n’est pas drôle. Alors, Chaplin ou Keaton ? (Comme dans ce film de Bertolucci qui se passe en mai 68, avec Louis Garrel. (Titre ?))

Refus des apostrophes, bis. Si fusion des génitifs, alors pourquoi ces slashes entre sujets et auxiliaires contractés ?

Danser ensemble & avec leurs souvenirs, le bel âge.

Life is just a bowl of berries, p. 38.

Right up the old gazoo, p. 43 (et gazookus). The old zortch, p. 45 (la baise). To make some semblance of sense out of the events. A sigh inside of Harry went kerflop (p. 49).

Midway through chapter 2, I’m suddenly wondering whether the person who offered me the novel had some kind of (potentially unkind) intention. Folie furieuse de l’identification, non tout de même pas.

Moving : sur le deuxième disque du trio allemand [em], une mélodie entraînante appuyée par un crescendo de batterie qui sur l’échelle sismique de Roach prend le niveau 9. Personne dans la voiture 11. Je place le marque-pages au début du chapitre 3. Another Mr. Lizard : ce Wollny est génial, mais il faudra parler de ce disque dans un autre billet (autre rubrique, autres temps, autres fureurs), peut-être demain (le 14).

21:25 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Littérature, Jazz, Anglais

Dans son bec un fromage

    Jardin du Ranelagh, deux heures moins le quart.

Flot ininterrompu de voitures, et pourtant enfants qui jouent au ballon, jusque sur la rue. Sur une rue où ne passe aucun véhicule, un bambin tape dans un ballon orange fluorescent que lui renvoie son père (grand-père), qui doit, sous son imperméable beige, avoir le bras en écharpe (forme protubérante et manche droite vide).

J’écris ceci sur l’une des places de l’hémicycle de pierre qui borde la statue de La Fontaine par Correia (1983). Il faudrait avoir un appareil photo avec soi, et puis non puisque je trouverai des reproductions de cette statue – pas très réussie d’ailleurs mais émouvante – sur la Toile. De la place où je suis installé, je vois le profil du renard qui se pourlèche et, si le corbeau penché vers lui m’est nettement visible, seul le quart supérieur du camembert (car c’est un camembert !) n’est pas caché par le socle. La statue a été fondue en Italie (références au dos du socle en italien, pour ceux que cela intéresse).

Une vieille gitane trimbale ses trois poneys délabrés dans la partie nord du parc, sans qu’aucun enfant ne se préoccupe d’eux ni d’elle. De l’autre côté, une cabane fermée, rayée de blanc et de vert, aux couleurs des marionnettes du Ranelagh, annonce qu’il s’agit de la fermeture saisonnière d’hiver.

19:20 Publié dans 1295, Aujourd'hier, MAS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Photographie, écriture

Gorilla Biscuits / Dance and Grow

    Vingt minutes avant le départ du train, il monte dans le TGV et, à peine a-t-il posé ses affaires à une place dans le sens de la marche (car la sienne, la 64, se situe contre le sens de la marche et cela procure migraines et nausées dès qu’il veut lire ou tapoter sur le clavier de son ordinateur) que la seule autre passagère s’approche de lui, et, le regardant de travers, lui fait comprendre que cette place qu’il s’arroge, la 44, est la sienne. Il recule de deux sièges en espérant ne pas avoir à déménager quatre ou cinq fois. Pendant ce temps, à Mogadiscio, les habitants de la capitale dévastée par quinze ans d’anarchie et de guerre civile ont vu leur ville débarrassée des islamistes et de la charia grâce aux Éthiopiens, contre qui les Somaliens ont perdu deux guerres atroces, et aux Américains, qui ont beaucoup contribué au bordel des années 1990. Faut pas s’étonner si al-Qaida… Il se dit et se répète & se répète encore je suis un monstre je suis un monstre je suis un monstre je suis un monstre je suis un monstre je suis un monstre je suis un monstre je suis un monstre mais c’est pire encore, c’est, il est un homme, et le voilà condamné à cela, et le pire est qu’il espère être condamné à subir sa propre monstruosité humaine trop humaine encore des décennies pour profiter des regards des soleils des vins des jambes et des sourires des femmes des poèmes des mots et de la joie de vivre avec ceux qu’il aime. Sur le banc de mauvais zinc avoir lu le chapitre 3 puis le début du chapitre 4 de The Demon et avoir observé ce sinistre individu, cet olibrius de pacotille sur tous les écrans, aux unes de tous les magazines et journaux, et s’être dix fois dit ce n’est pas possible ce type est un monstre. Mais si c’est vous, quand même, que ferez-vous ? Faut pas s’étonner si…

17:15 Publié dans YYY | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Afrique, écriture

Cuivre ici (Walpurgisnacht)

    Cuivre. Ce mot comme une évidence

terrasse toutes montagnes

aplanit toutes difficultés. Tout de même

le travail ce n’est pas ça. Cuivre. Cuivre.

Dire encore et encore cuivre.

Ce mot ressemble à chanvre.

Ce mot ressemble à vouivre.

Ce sont paroles de sirènes. Dire
encore et encore

cuivre qui ressemble à cuir Ce mot

ressemble à tendre à luire à feu de bois.

Boire s’enivre cuivre cuivre cuivre.
Pourtant vouivre

n’est pas veuve ni ivre Dire encore cuivre
ou l’écrire

sur la page aux mille coquilles

sur l’écran aux mille cuirasses

terrasser toutes montagnes aplanir

Où irai-je La tête dans les murs Écrire cuivre encore & encore

pour que ce mot plus jamais

ne ressemble à vouivre ni à fièvre

à navire ni à chanvre

que ce mot cuivre plus jamais

ne vire au chant de la revanche.

15:10 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie

Phlegma Phighter

    Embourbé, enlisé. Horriblement toujours enlisé. Je voudrais me défaire, m’extraire de cette gangue de boue de mare où je suffoque, mais embourbé, enlisé, le moindre de mes mouvements, s’il fait craqueler la boue gercée ou sèche, ne me libère pas. On n’entend pas tellement la contrebasse. Zigzaguer comme les gerris, glisser sur l’eau de boue comme les gerris cet été, mais me voilà à tout jamais embourbé, enlisé. On prendra un couteau, même un long coutelas pour couper la boue sèche, mais mon corps restera ici embourbé.

 

13:05 Publié dans J'Aurai Zig-Zagué, Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, Jazz

Mince satisfaction

    Samedi, onzième & dernière, tandis que le train redémarre, pour cinq minutes seulement. Il y a eu de mauvais moments aujourd’hui (faut pas s’en faire une montagne enfin…) mais je suis très heureux/fier d’être allé parler à cette collègue dont j’appréhendais tant, vu la glaciation de nos rapports professionnels depuis peu, qu’elle me lance des piques. Comme elle m’évitait, ou du moins est-ce ainsi que j’ai interprété son attitude, c’est moi qui suis allé vers elle pour lui parler des dossiers sujets à débat. Pour une fois tu n’as pas fui.

11:00 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (1)

Porteur d’autres

Samedi, huit heures et demie du soir.

    Comment, dans une journée aussi mouvementée, ai-je trouvé le temps – outre 150 pages lues et tout le boulot abattu – d’écrire neuf (maintenant dix) de ces petits textes insignifiants qui, dès demain, peupleront le vide de mes carnets de leurs flèches dominicales (ô églises !) ?

09:31 Publié dans Aujourd'hier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne

samedi, 13 janvier 2007

Plaque de cuisson

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10:00 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Photographie

Rue froide

    Est-ce que c'est la présence d'appareils électriques, ou des lumières, le canapé, ou alors le café pris trop tard chez Philip (chez qui je travaillais) ? Toujours est-il que j'ai dû dormir trois heures, mal, par saccades, et que, pour le coup, je vais maintenant avoir besoin d'une bonne mug de café, pour tenir le coup. Peur que le percolateur, bruyant, réveille la maisonnée. Extirpé l'ordinateur, qui va voyager avec moi, de sa mallette ; réflexe de drogué consumériste ridicule.

La vie est variable, et elle se compose de lanières, s'arrache aux barrières, refroidit aussi. Tout comme la pluie qui tombe, refroidit. Peur d'un monde refroidi, miroir terni. Chialeur.

05:55 Publié dans Zoozéro | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Ligérienne, Poésie, écriture

vendredi, 12 janvier 2007

Beau froid

    Aujourd'hui, sur le chemin de la Rôtisserie, j'ai confondu octroi et beffroi. Quel effroyable effroi, comme aurait dit Selim Zekri.

20:20 Publié dans Minimalistes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne, Langue française

jeudi, 11 janvier 2007

XXVIII :

    Hectic, alias Krana,  dû me jouer un pur tour de salopard. Aujourd'hui, oui, ce matin même, à 2 heures 28, j'ai reçu un e-mail (du spam sexuel) dont l'auteur présumé était Samuel Butler. Est-ce un coup de ce terrible Krana qui plane au-dessus de mes rêves ? Je n'ai découvert le spam délictueux qu'à onze heures, mais je reste convaincu que le cauchemar qui m'a réveillé cette nuit devait avoir partie liée avec cette nouvelle supercherie, cette énième embobinade. Comment m'en sortir, alors ? Dois-je supputer que les jumeaux maléfiques, se lassant d'errer dans les limbes de l'inexpression, me tenaillent pour que je reprenne le récit de leurs aventures, ou suis-je seul à m'enferrer dans ces folies qui n'intéressent plus personne ? Reprendre toutefois.

16:00 Publié dans Voici venir Samuel B. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature

Concurrence déloyale

    Par une ordonnance du 11 janvier 1120, Geoffroi II de Lèves concilia les chanoines de Saint-Maurice, qui se plaignaient que la nouvelle église de Josaphat, construite dans leur paroisse de Saint-Lazare, à Lèves, écartait leurs paroissiens.

 

Bonus :

12:10 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Histoire

À-pics

    Montagnes muettes

Ô massives muettes montagnes

Voici les pics

Voici les fleurs

les mouflons neigeux qui festoient

la verdure de neige

Montagnes d'où jaillies

blancheur contre le marbre

blancheur contre la neige

Montagnes d'où jaillies

blancheur

blancheur folle blancheur folâtre

blancheur comme la nuit

blancheur contre la neige

blancheur contre l'écume blanche

Montagnes marées avalanches

Ô massives muettes vieilles

et jeunes muettes montagnes !

 

11:20 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Poésie

« une allure raide »

    Cette jeune fille est très jolie, des yeux remarquables, et de très beaux cheveux, mais il lui manque juste l’once de distinction qui la rendrait vraiment et définitivement séduisante. Aucune hirondelle, en janvier, ne vient cogner au carreau, ni se poser sur l’une des rambardes de la passerelle de béton gris, aussi je préfère observer discrètement cette jeune fille, dont la voix pleine de douceur dément l’allure moins distinguée. Trois magnolias dont les branches frissonnent ferment le regard avant l’étroite venelle qui mène au mûrier magnifique, et le flot incessant, ininterrompu, des voitures continue son crincrin assourdissant d’être aussi sourd et bourdonnant. La jeune fille s’est évanouie, bien sûr. Il reste à attendre avril, le retour des hirondelles dangereusement proches du carreau ou posées furtivement – le temps d’être dérangées par un sac à dos, une secrétaire ou un professeur chenu – sur l’une des rambardes de la passerelle de béton gris. Un fantôme furtif fait se lever le soleil, et s’éloigne d’un air emprunté, mal assuré.

08:00 Publié dans Zoozéro | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Littérature, Ligérienne, écriture

mercredi, 10 janvier 2007

... sur ton chemin ...

    albâtre

            loin de moi l'idée de graver dans le marbre de tailler dans une écorce d'arbre loin de moi l'idée de suggérer que je m'en moque que je n'en ai rien à faire que guère je ne m'en soucie loin de moi ces folies mais je m'échine depuis octobre et pourquoi donc depuis début octobre même et qui m'aime me suive depuis octobre depuis ce même dernier octobre le trois du mois je crois depuis ce temps-là depuis trois mois depuis trois mois et une semaine je m'échine ailleurs et le très long texte n'a pas avancé d'un poil pas beaucoup sans doute est-ce mon côté velléitaire qui ne cesse de me jouer des tours et les méandres du très long texte se sont figés comme une gelée le long des parois d'un bocal de verre et je vitupère contre mes essais éphémères mon tempérament affreusement velléitaire et ce teint d'albâtre qui n'est pas le mien comme je voudrais qu'il fût d'albâtre ou d'ébène ou autrement même sans métaphore mais au moins qu'il ait quelque tenue que mon visage sans retenue puisse soudain passer pour un tissu une pierre un songe soit en quelque sorte un tableau fasse tableau mais ce n'est pas le cas même ce mot albâtre jeté au visage jeté tout à trac sur la page en haut de page ce mot me défigure ne me figure pas ne me représente pas ne figure rien de ce que je suis de ce que je pense être et je suis encore et toujours circonspect dans le doute et ce mot n'apporte rien aucune réponse et donc toujours je me jette à la figure ces accusations comme des bouteilles non pas à la mer mais bien dans la gueule oui je me donne des coups de bouteille tessons épars sur le parquet et mes joues ensanglantées enfin que ce soit ou non métaphore que le mot d'albâtre me figure ou non je prends ces coups ces reproches en plein visage et je m'accuse d'être velléitaire aussi bien sûr pour trop entreprendre je lance cent feux il est normal qu'un certain nombre des foyers meure et même ne démarre qu'à peine avant de s'achever dans un bruit de feuilles mouillées de bois mort de bois trop vert encore pour prendre tout cela encore métaphore et toujours métaphore peut-être est-ce le mot albâtre qui appelle autant de métaphores ou bien les conditions d'écriture du très long texte que par facétie ou encore autodérision je pourrais être tenté de rebaptiser très long texte interrompu et l'adjectif interrompu ici au milieu de la ligne interrompt mes songes interrompt le torrent de sornettes lance d'autres tirades propose peut-être d'autres charades mais pour mieux me ramener vers le rivage bourbeux où je ne cesse de me lancer ces reproches à la figure velléitaire velléitaire et me voici encore à ne pas même essayer de me justifier moi-même de tout cela feux mal éteints et feux qui n'ont jamais pris aussi me trouvé-je vingt vaines justifications improbables même si certaines sont justes par ailleurs comme dans le cas du projet de traduire régulièrement et pensais-je au début au moins une fois par semaine un poème et qui s'est enlisé après à peine trois ou quatre tracasseries mais cela reprendra parfois aussi depuis début octobre le trois je crois suspendu à ce mot d'albâtre depuis le trois octobre le trois je crois je me disais que pour être interrompu ou inachevé le très long texte recelait de vraies possibilités et qu'il suffisait suffirait eût suffi de s'y remettre et la machine reprendrait du galon non là cette image-là ne va pas je mélange les formules croise les figures de style et donc je pensais qu'il me faudrait toutes proportions gardées envisager ces carnets comme Paul Valéry travaillant régulièrement et sans espoir d'en finir jamais chaque matin à ses Cahiers désormais regroupés en deux tomes en Pléiade et que j'ai dévorés consultés admirés lus compulsés longuement naguère mais il faudrait dire jadis ou balancer entre les deux lus disons entre 1993 et 1997 et donc toutes proportions gardées je me verrais bien ainsi à reprendre tel chantier interrompu trois mois et le faisant avancer un petit peu mais enfin ce n'est pas possible il ne va pas se comparer à Paul Valéry l'autre oiseux oisif ex-oisien de surcroît ancien oisien into the bargain non il ne va pas se comparer à Paul Valéry tout de même alors que seulement et il nous l'a dit même avec métaphores tout le tintouin oui oui noir sur blanc dit ce n'est rien d'autre qu'un affreux

velléitaire

21:00 Publié dans Très long texte | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Littérature, Poésie

Danse nuptiale

    Dans le jardin comme au printemps

Merle et merlette se pourchassent

Pas de côté et coeur battant

Je vois le monde à mes paupières

Dans le jardin comme un printemps

 

Merle et merlette se pourchassent

Et s'offrent larves et lombrics

Vent de côté soleil de face

Dans un nuage de poussière

Merlette et merle se pourchassent

Dansons autour des agarics

 

09:10 Publié dans Odelettes d'été | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, Ligérienne

mardi, 09 janvier 2007

« mange un citron »

Ce n’est rien

                 Tout cela n’est rien

                                            Du cinéma trois fois rien

                                            Trois fois rire de leurs larmes

                 Rien qui ne te lasse

Rien, assez.

07:00 Publié dans Aujourd'hier | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Poésie

lundi, 08 janvier 2007

Hommage à l'épieu

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    Dans un tout autre contexte, oui...

C'est comme de passer devant une série de miroirs, et de constater qu'on ne s'y voit pas. (Renaud Camus, 7 janvier 1998, in Hommage au Carré, Fayard, p. 21)

 

Oh, la terreur qui saisit la pluie, les branches sèches mortes pour rien dans le viseur !

 

 

 

Tours, 7 janvier 2007.

17:37 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Photographie, Ligérienne, Littérature

dimanche, 07 janvier 2007

Toges prolixes

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    Ne pas finir fou. Vivre cette formidable transe, qui perce le silence et emporte les viscères.

Si ma force finit ici, pense-t-elle, il reste encore le halo, près du lac où s'exténuent d'autres rides. Triangles ou pignons, peu importe, il faut bien relever le pli immaculé de la toge prétexte.

Tous ces pigments, à l'instant, se placent au devant de paragraphes terrifiants, et exigent la page protexte, sous les pavés bien sûr.

Vous aurez toujours la migraine. Ne pas finir fou.

 

 

 

 

Vitrail de Sainte Anne, église d'Amou (2 janvier 2007).

16:16 Publié dans Brille de mille yeux | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Photographie, Poésie, écriture

samedi, 06 janvier 2007

Havanna Interlude, Sep 3rd, 1954

    Ce n’est pas le monde à voir, se maquiller de sang – ou prendre la tangente – les tirets se barrent, ou barrent d’autres mouchetures – sûr que le saxophone contrebasse de Bud Shank s’est envolé dans les nuages – après ça – comment savoir. Ce n’est pas le feu de savoir, se maquiller de sang, toujours des à-pics soudains de blancheur surannée – comprendre le feu tour à tour rouge et blanc – dashes clashing with cinders and ashes – sûr que Cendrillon n’y comprend goutte – aussi, oui – ou comment bien s’en voir… s’envoler dans les nuages – saxophone contrebasse qui danse blanc étincelant.

19:19 Publié dans Zoozéro | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, Jazz, Littérature, Oulipo

vendredi, 05 janvier 2007

Sept espaces avant 777

    Une incantation monte – les flèches trouvent l’âme, trouent l’âme, ce sont maintenant des flammèches ; toujours conscient, livré à mes doigts autant qu’à ces visions toujours, je fais par acquit de conscience le décompte, et découvre que ces deux brèves incantations comptent chacune        777 signes, alors surgit l’admiration du hasard – alors me saisit le dégoût de la contingence, toujours toujours toujours affreusement conscient. Mais quel masque s’est trouvé troué d’yeux sans âme ?

21:15 Publié dans ABC*ACB | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, Littérature, Oulipo, écriture

jeudi, 04 janvier 2007

Nu gerces

    L’espace se ravine. Oh, l’espace prend des rides, des plis. L’espace se plisse, et le ciel de lit aussi, toute la toile du ciel noir, noir comme jais, toute la toile se plisse, se fend, se déchire et revient en lamelles, en lambeaux, en feux, en zébrures, en masques, en gargarismes, en flambeaux, flammèches, et encore l’espace se ravine, encore et encore il y a des fissures, avec les embruns aussi qui passent dans les cheveux, des mèches de feu, des flèches de feu, des flammes de feu furieux, des flammes de feu fatiguées mais guère espacées, comme l’espace se ravine. Le ciel noir encore naît en pics, monte en pics, monte en neige, et lui aussi monte en flèche, se fissure aussi, ciel de lit, toile noire, pleine d’étoiles démons, de flammes démons, de limons terribles.

21:10 Publié dans YYY | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Poésie

mercredi, 03 janvier 2007

Sec negur

    Terribles rougeurs au milieu de la farine. Ustensiles d’éternité, quelques casseroles sales tachées de mort. Le jour qui baisse sue la sève par tous les pores, avec un soleil faible, tanguant au milieu des brisants. Les nuages épais furieux et cotonneux prennent l’eau. Six points de suture. L’océan plus blanc que la baleine d’écume ! Sous les muqueuses, une bosse neigeuse grandit, grandit, grandit, oh grandit intolérablement, grandit et grandit jusqu’à s’éparpiller. Océans plus blancs que le nuage blanc, dans la nasse des secondes qui passent – éparpillements, solutions de continuité. D’autres frileux embruns, rouges, pierres comme des caillots, prennent le large. À bord de l’esquif casserole, aller à l’assaut des montagnes cotonneuses d’écume. Soif, suture et pépie.

21:05 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, écriture

mardi, 02 janvier 2007

Envol de milan

    Passer par Bonnegarde et Marpaps ; campagnes affreuses ; pas une photo à faire. (Campagne de phrases, pourtant : encore et toujours : les bardes, revenir sur ses pas.)

16:55 Publié dans Minimalistes | Lien permanent | Commentaires (1)

« avec une grande componction dans les gestes »

Des cheveux noirs calamistrés, ramassés avec componction, tels

                                      des louis d’or empochés puis

renfermés au fond d’une besace.

Ici je fracasse

                 la foi, selon les lignes serpentines, de

l’oiseau secrétaire.

06:00 Publié dans MAS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie

lundi, 01 janvier 2007

Vol d’aronde

    Des oronges à seize euros le kilo, un rêve. Charles Chaplin mange un citron, tout aussi facétieusement procède au montage. Je plaçai ma caméra au haut de la colline, sans dispositif de travelling ni autre, de sorte que les acteurs fussent obligés de se plier à mes ordres quant à leurs déplacements. Cela donnait à leurs mouvements une allure raide, qui était ce que je recherchais. Le tournage dura deux heures, pour douze minutes de film ; je finis par en couper près de la moitié au montage, et la scène reste l’une des plus célèbres, par ces années-là. Après le tournage, toujours je le voyais peler une orange, la découper en six quartiers et la manger mi-goulûment et aussi avec une grande componction dans les gestes. Rêve.

 

(Liens ajoutés le 11.01.2007.)

06:00 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma, Littérature, écriture

Soulville / Only Yesterday

    Faudra-t-il confesser (mais si oui, où ?) que j’écoutais en fait Horace Is Blue en écrivant le texte intitulé Ecaroh I et II. Il pousse le vice, la discrépance jusqu’à la malhonnêteté. Isidore réclame son onzain, puisqu’il a longtemps vécu dans ce petit village du Loiret où se trouve l’une des rares églises construites sur ordre de Charlemagne et dont certaines parties sont en effet mieux que millénaires. Isidore voudrait qu’enfin j’écrive un onzain pour lui, en son honneur, et trouve que je ne pousse pas assez loin cette histoire de discrépance. Par exemple, ai-je jamais, dans la vraie vie, raconté ma première masturbation à une jeune fille prude en jonglant avec des balles de ping-pong tandis que la jeune fille donnait des gifles à un hamster ? Non, je l’avoue. Tout à l’heure, un triporteur expliquait en long, en ligue, et même en procession, pourquoi la prononciation de gageure n’était en rien une exception aux règles de la langue française. Il a raison, mais c’est par trop évident. J’avoue aussi que j’ai quelque difficulté avec ce concept de « vraie vie », et donc j’imagine que le spectre qui me rend visite et se fait passer pour Isidore n’est pas du tout lui, incontestablement, car jamais Isidore ne se serait abaissé à d’aussi plates, aussi banales, aussi insignifiantes (surtout) formules. (Mais les gifles au hamster sont une belle trouvaille.) Faute de lamproies, dînons d’aloses. Une hirondelle traverse le ciel d’Afrique, et les haruspices se déhanchent pour trouver, en observant ses piqués farouches, un nouveau titre pour le texte fauteusement, pampousement, trompivement appelé Ecaroh I et II. Ne vous en faites pas, laissez l’hirondelle aller bon train, car j’ai trouvé un nouveau titre, grâce à la méth od e C+1 : Yvetaj I uy II. Le lettriste, fâché, me traite de faux frère rallié à la cause oulipienne. Je n’en ai cure. Et même en faisant badaboum, je vais présenter à mes lecteurs (c’est vous, peut-être) mes meilleurs vœux pour l’année qui commence. (2007, je pense, même si j’écris ces lignes en écoutant les ultimes rubati d’Only Yesterday, le 30 décembre à cinq heures et demie (du soir).) Wyommyitd baric !

00:30 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Littérature, Jazz, Ligérienne, écriture