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vendredi, 16 mars 2007

Mahjong pas Jamal

    Ayant constaté que je n'aime pas la manière dont Nick Brignola joue et arrange Mahjong de Wayne Shorter (une des compositions qu'en jazz je porte au pinacle), dois-je considérer que c'est la preuve d'un goût sûr ou du conservatisme frileux ?

dimanche, 04 mars 2007

Black Butterfly

    Passe un papillon citron, miroir du soleil. Tout à l’heure, la lampe qui chauffait, par en dessous, le bois du meuble était le signe de vinyls écoutés à la file. J’ai lu, sous les chênes – pendant que mon fils jouait à dresser les fauves et nettoyer les cages des chimpanzés –, le Magazine littéraire, dont le dossier plutôt pitoyable sur l’Inde est toutefois illustré de photos remarquables du début du siècle, dues à un certain Stéphane Passet.

 

jeudi, 08 février 2007

Fuvallat

    De quel instrument joue-t-il sur Fuvallat ? Si j'en crois mes faibles connaissances en hongrois*, fuvallat signifie "vent", "souffle d'air". Souffle, peut-être, sur ce bref solo, la folie du prénom hébreu...

Une flûte très aiguë ? Un instrument d'Europe centrale ? Je pencherais pour la flûte. Le souffle, spasmodique, rythme les minutes, et s'échappent les spores, par tous les pores. Go and find some more ore in Singapore...

 

* Mais, pour ces langues finno-ougriennes, je me fais aider !

13:50 Publié dans J'Aurai Zig-Zagué | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Jazz

mardi, 06 février 2007

N'être océan

   Si seulement désirer n'être océan était une fable,

vertige brûlant,

tuerie par le souffle

aux gouffres rituels,

une                                                                fable :

je m'oindrais

d'eau au moindre caprice du vent

aux moindres frémissements du                      temps.

 


podcast

Another Mr. Lizard. [em] II.

mardi, 30 janvier 2007

These are a few of My Favorite Things

    Si j'en crois l'ouvrage de Daverat, et mon relevé, il y aurait dix-sept versions de My Favorite Things par Coltrane. Malheureusement, les indications ultra-rudimentaires figurant sur mon CD Live at Birdland (les CD en 1989, c'était la préhistoire) ne me permettent pas d'identifier la seule que je possède. (D'ailleurs, je n'ai que six disques de Coltrane, alors que ce fut sans doute, avec Monk et Ayler, ma première grande révélation en jazz.)

Sur cette version, donc, où Coltrane et ses trois compères habituels du milieu des années 1960 (Elvin Jones, Jimmy Garrison, McCoy Tyner) sont épaulés aussi par Dolphy, qui a ici un très long solo de flûte, qui me plaît beaucoup moins qu'à l'auteur des liner notes*. Ce que j'aime dans ce My Favorite Things-là (comme sur cet autre enregistrement, sans Dolphy, de Chim Chim Cheree), c'est Coltrane faisant de l'or avec une mélodie couci-couça, tube cinématographique approximatif, Coltrane se déhanchant le sax, se démenant, emmenant tout le monde au ciel, joueur de sax aux pouvoirs divins. À cette aune, je voudrais être rat pour me noyer dans son sillage...

Quand je préparais mon cours d'agrégation sur The God of Small Things, j'écoutais ce My Favorite Things-là en boucle, comme un talisman. Dix-neuf minutes de magie, déniaisement complet de la comédie musicale, et cette stridence démente entre 1'50" et 2'05" (quinze secondes pour lesquelles je donnerais toutes les bossa nova du monde (pas un gros sacrifice, connaissant mon peu de goût pour les musiques latines)) !

Autre souvenir : Beauvais, 2002. Visage goguenard de F.B.-S., me disant son peu de goût pour Coltrane, notamment "les solos de Jimmy Garrison pendant six minutes" (celle-là m'avait bien fait rire).

 

* Je sais : notes de pochette.

15:30 Publié dans J'Aurai Zig-Zagué | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Jazz

jeudi, 25 janvier 2007

Ray Anderson, 1

    4443 visites ce mois, pour l'instant ; on ne peut pas me faire ça, à moi. Difficile de savoir vers où va aller cette note longtemps tenue. Toujours aussi braxtonien, j'écoute en ce moment la Composition n° 94 du géanthony. Enregistrée en 1980 et rééditée en CD en 2000, cette composition est servie par un trio constitué de Braxton lui-même évidemment (saxophones et clarinettes divers), du guitariste Joe Emery (dont riffs et feux déchirent la toile de notes) et du tromboniste Ray Anderson.

Il est temps enfin d'explorer plus avant ma passion pour le trombone, en jazz, et dans les musiques improvisées. Ray Anderson, le tromboniste, je le découvre aujourd'hui. Il semblerait qu'il ait, à son actif et sous son nom propre, une bonne vingtaine de disques. Sur la Composition n° 94, il joue aussi de la trompette, ce qui n'est pas fréquent pour lui mais donne une sonorité particulière à ce moment si beau tout près du premier climax. Je ne crois pas l'avoir entendu au tuba ici, mais puis-je me fier à mon oreille ? Tuba, trombone, trompette : de toute évidence, c'est la coulisse qui fait le lien, le liant en rupture entre ces trois univers. Vers la vingt-cinquième minute, Braxton et Emery s'arrêtent carrément de jouer, et on les imagine admiratifs, rythmant sur le dos de leurs instruments respectifs cette frénésie jamais démentielle, le bonheur, la joie de vivre ; quelques minutes d'un solo de trombone. Puis le guitariste espagnolise farouchement, en doublant la ligne hachurée qu'Anderson avait graffitée avant, façon tableau froid sur mur de béton. Puis chaud vibrant, le trombone revient, imposer sa salsa clapotante, point d'orgue et ligne suivie au soleil de la Composition n° 94.

(Applaudissements.)

11:21 Publié dans Knobs & thorns | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Jazz

lundi, 22 janvier 2007

Arrivederci

    Toujours il pleuvra des cordes. Que ça pince ou non. Comment sinon naîtrait ce son mat de la peau doucement frappée, dans l’arche de Noé, alouette d’écorce – orques – et requin dans l’obscurité ? Un train suit la voie ferrée sur des kilomètres de ponts, de banlieue, près d’échangeurs, à faire grincer sans cesse et sans ménagement les éclisses des traverses, puis une voix d’oiseau, un chant enfin émerge des brumes que traversait le train. En entendant ce chant, je me dis que cela fait deux semaines que je voulais prendre le temps nécessaire, ces 1956 secondes, pour traverser la France du nord au sud puis de nouveau du sud au nord, un road movie illustré à la clarinette, forme de moyen métrage pour tous trajets, sans aide à la navigation. Le regard suit le train, mais tout le corps danse, aux appels des peaux tannées, de la mélopée comme vocifération, et la danse n’a d’ailes qu’obscures. C’est tout comme un grand vol de corneilles heureuses dans l’aube d’hiver. C’est tout comme.

Loin du train, maintenant, et loin de l’arche, une corneille quitte les rangs pour aller houspiller des étourneaux querelleurs et piailleurs. Sous les cordes qui pleuvent, on ne le dira jamais assez, que ça pince ou non, il y a le bruissement des forêts dénudées, cette saveur exquise des étangs découverts au détour d’un bourbier, cette extase à se perdre, les bottes enfoncées dans l’argile noirci, tandis que planent, virent de bord encore les corneilles. Même au cœur, même au creux de ces forêts abandonnées aux bourbes de l’hiver, on ne s’empêche d’imaginer – quoi – les doigts de Léon Francioli qui tissent glissent, même en n’ayant jamais vu Léon Francioli ni de photographie de Léon Francioli. Perdu, les bottes crissant dans l’argile, on regarde l’étang où aucun cincle ne plonge, et c’est encore une autre hallucination : Michel Portal nous emmène à l’autre bout de la France, en Camargue bien sûr, ou en Bretagne – c’est pareil. Égaré, les mains accrochées à l’écorce du vergne, on regarde l’étang, on tapote contre l’écorce, doucement, tout en contemplant l’eau morte sans clapotement, et, sans quitter l’ombre proche du vergne, on imite, malgré soi, les mains de Pierre Favre sur les peaux tannées. Je sais désormais que je suis seul au milieu de la forêt, que le road movie s’achèvera, peut-être sur l’aire de repos déserte, à part un semi-remorque en travers et pas la moindre silhouette visible dans la cabine. Je sais que j’aurai dit au revoir et que jamais pression de la main droite sur la main gauche n’aura été plus douce, ni plus mesurée, dosée. La peau pas ne frissonne, elle résonne, et je ne reviens pas sur mes pas, j’avance, dis adieu au vergne. C’est sans sens caché, sans cachotteries, le train s’emballe, oh ne chantez pas là.

Essayer d’écrire un texte que je chanterais dans la lumière du tumulte, en collant de très près à ces rails, à ces routes, à cette fine pellicule de souvenirs – est-ce possible ? Longé l’étang, il y a un long talus. Personne n’y a laissé de feu, personne construit de cabane, personne en moi ne frissonne. La peau encore résonne. De quoi ? des cris des corneilles, du chant de la cognée, des voix intérieures. Tout ça des foutaises. Longé l’étang, je sais que je pourrais passer deux heures à compter les strobiles sur cette branche, puis les écailles à peine ouvertes des strobiles, puis les imaginer dessinés, les imaginer photographiés, les imaginer dans la lumière du tumulte, passer plus de temps encore à enlever puis remettre puis enlever puis remettre cette virgule entre ça et des. Au début elle y était puis elle n’y est plus. Longé l’étang, il y a un baradeau, et les corneilles au-dessus de ma tête maintenant s’éloignent puis reviennent, comme dans les noirs d’Odilon Redon ce terrible jeu de bonneteau. Signes de ponctuation, swing des cordes qui pleuvent, et la chanson qui trouve son refrain, à peine a-t-on longé l’étang. Je sais que j’aurais pu passer tout ce temps, ces secondes égrenées strobiles, à écrire un texte que je chanterais tous les jours jour après jour dans la lumière du tumulte – mais si le cœur l’âme la peau je ne sais pas moi si cela si ça ne veut pas chanter, on reprend seulement la route, longe l’étang, tire sur la bride, remonte dans le train ou mieux traîne dans la corbeautière, une fois longé l’étang. Finir sur lourdes portes.

lundi, 15 janvier 2007

Hope Ring True

    Des monceaux de poussière et des amas de boîtes de conserve traînent dans mes rêves, y mêlent leurs sales odeurs, comme je sens venir à moi la nuit le long de la voie ferrée, comme un nuage passe dans les yeux de l’enfant puni, et le miroir encore se ternit de poussière, et d’odeurs rances, de tristes rancœurs, comme la nuit nous environne d’un châle ténébreux, vertigineuse absinthe, à effleurer de tous bouquets la saveur, et encore les mouflons descendent en cascade aux yeux de promeneurs perdus dans les alpages, les isards prennent la tangente sans tambour ni trompette, comme alors que j’écris deux puis trois cordes pincées tourmentent le crépuscule, et dans les yeux des ténèbres je me retrouve, déraille, pour qu’enfin surgisse, jaillisse peinturlurée la montagne nauséabonde et poreuse qui troue le ciel comme un désert de neige, et à force de percer le ciel de cuivre tabac, la pointe du pic découvre d’autres paysages, d’autres rivages, des mers abandonnées, au creux même des alpages.

 

[13 janvier, prima hora, dans le TGV]

10:10 Publié dans Pêle-mêle | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, Jazz, écriture

dimanche, 14 janvier 2007

Tune Z

    Déflore

éternelle douceur du monde printanier

évasives senteurs du soleil

printanier

 

il fait ce soir d’été le

navire au mouillage dans le port

 

(a)

 

défleuri

ramené d’autres mers plus terribles

effilé et flanqué de rameurs

aux maillots printaniers comme au

mouillage.

 

En lisant les deux premiers chapitres de « The Demon »

    His ministrations : détournement du langage puritain (pasteur de l’adultère)

Le regard de Wyatt Earp, l’hypnose du prédateur.

Le refus des apostrophes, une marque de fabrique… mais enfin, c’est aussi l’attachement dans le cas possessif (possession : histoire du diable au corps), le rejet de la norme consistant à scinder la marque du génitif du substantif (génitalité, coupure, sexion, voir Maertens et Ferenczi).

The spectators ooood and aaahhhhd : les spectateurs lancèrent des oh et des ah! (Ce n’est pas pareil du tout.)

Le mythe du rire (faire rire les femmes, p. 24). Don Juan pourtant n’est pas drôle. Alors, Chaplin ou Keaton ? (Comme dans ce film de Bertolucci qui se passe en mai 68, avec Louis Garrel. (Titre ?))

Refus des apostrophes, bis. Si fusion des génitifs, alors pourquoi ces slashes entre sujets et auxiliaires contractés ?

Danser ensemble & avec leurs souvenirs, le bel âge.

Life is just a bowl of berries, p. 38.

Right up the old gazoo, p. 43 (et gazookus). The old zortch, p. 45 (la baise). To make some semblance of sense out of the events. A sigh inside of Harry went kerflop (p. 49).

Midway through chapter 2, I’m suddenly wondering whether the person who offered me the novel had some kind of (potentially unkind) intention. Folie furieuse de l’identification, non tout de même pas.

Moving : sur le deuxième disque du trio allemand [em], une mélodie entraînante appuyée par un crescendo de batterie qui sur l’échelle sismique de Roach prend le niveau 9. Personne dans la voiture 11. Je place le marque-pages au début du chapitre 3. Another Mr. Lizard : ce Wollny est génial, mais il faudra parler de ce disque dans un autre billet (autre rubrique, autres temps, autres fureurs), peut-être demain (le 14).

21:25 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Littérature, Jazz, Anglais

Phlegma Phighter

    Embourbé, enlisé. Horriblement toujours enlisé. Je voudrais me défaire, m’extraire de cette gangue de boue de mare où je suffoque, mais embourbé, enlisé, le moindre de mes mouvements, s’il fait craqueler la boue gercée ou sèche, ne me libère pas. On n’entend pas tellement la contrebasse. Zigzaguer comme les gerris, glisser sur l’eau de boue comme les gerris cet été, mais me voilà à tout jamais embourbé, enlisé. On prendra un couteau, même un long coutelas pour couper la boue sèche, mais mon corps restera ici embourbé.

 

samedi, 06 janvier 2007

Havanna Interlude, Sep 3rd, 1954

    Ce n’est pas le monde à voir, se maquiller de sang – ou prendre la tangente – les tirets se barrent, ou barrent d’autres mouchetures – sûr que le saxophone contrebasse de Bud Shank s’est envolé dans les nuages – après ça – comment savoir. Ce n’est pas le feu de savoir, se maquiller de sang, toujours des à-pics soudains de blancheur surannée – comprendre le feu tour à tour rouge et blanc – dashes clashing with cinders and ashes – sûr que Cendrillon n’y comprend goutte – aussi, oui – ou comment bien s’en voir… s’envoler dans les nuages – saxophone contrebasse qui danse blanc étincelant.

lundi, 01 janvier 2007

Soulville / Only Yesterday

    Faudra-t-il confesser (mais si oui, où ?) que j’écoutais en fait Horace Is Blue en écrivant le texte intitulé Ecaroh I et II. Il pousse le vice, la discrépance jusqu’à la malhonnêteté. Isidore réclame son onzain, puisqu’il a longtemps vécu dans ce petit village du Loiret où se trouve l’une des rares églises construites sur ordre de Charlemagne et dont certaines parties sont en effet mieux que millénaires. Isidore voudrait qu’enfin j’écrive un onzain pour lui, en son honneur, et trouve que je ne pousse pas assez loin cette histoire de discrépance. Par exemple, ai-je jamais, dans la vraie vie, raconté ma première masturbation à une jeune fille prude en jonglant avec des balles de ping-pong tandis que la jeune fille donnait des gifles à un hamster ? Non, je l’avoue. Tout à l’heure, un triporteur expliquait en long, en ligue, et même en procession, pourquoi la prononciation de gageure n’était en rien une exception aux règles de la langue française. Il a raison, mais c’est par trop évident. J’avoue aussi que j’ai quelque difficulté avec ce concept de « vraie vie », et donc j’imagine que le spectre qui me rend visite et se fait passer pour Isidore n’est pas du tout lui, incontestablement, car jamais Isidore ne se serait abaissé à d’aussi plates, aussi banales, aussi insignifiantes (surtout) formules. (Mais les gifles au hamster sont une belle trouvaille.) Faute de lamproies, dînons d’aloses. Une hirondelle traverse le ciel d’Afrique, et les haruspices se déhanchent pour trouver, en observant ses piqués farouches, un nouveau titre pour le texte fauteusement, pampousement, trompivement appelé Ecaroh I et II. Ne vous en faites pas, laissez l’hirondelle aller bon train, car j’ai trouvé un nouveau titre, grâce à la méth od e C+1 : Yvetaj I uy II. Le lettriste, fâché, me traite de faux frère rallié à la cause oulipienne. Je n’en ai cure. Et même en faisant badaboum, je vais présenter à mes lecteurs (c’est vous, peut-être) mes meilleurs vœux pour l’année qui commence. (2007, je pense, même si j’écris ces lignes en écoutant les ultimes rubati d’Only Yesterday, le 30 décembre à cinq heures et demie (du soir).) Wyommyitd baric !

dimanche, 31 décembre 2006

V

    Dans une fabrique d’édredons. Vêtu de rouge, avec le ciel vêtu de bleu et, dans la boîte grise, les missives vêtues de blanc, la neige vêtue de vert, elle qui laisse voir, vêtue, revêtue, foutue et refoutue encore et encore, des tiges qui s’échappent encore et encore, vêtu de rouge je vois ces signes d’une grande âpreté, tandis que je m’interroge, et qu’encore et encore les aigrettes suivent les lignes du champ ponctué d’autant de tiges, encore et encore vêtu de rouge je suis du doigt la ligne de l’horizon vêtu de bleu, dans une fabrique d’édredons où, ligne à ligne vêtue de noir, je persiste à écorcher le clavier et à écrire frabrique, comme si l’arbre dévêtu de son vert, l’orbe de ce monde dénudé, rien ne me voyait vêtu de rouge, arbre émondé, silhouette étêtée et Gascon entêté à observer entre les silos la progression des aigrettes vêtues de blanc. Têtu toujours dans la fabrique. D’un trio sûr suivant son piano vêtu de noir, Ran danse The Saint Vitus Dance.

12:12 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Littérature, Jazz, écriture

lundi, 25 décembre 2006

Amour vénal et name-dropping

24 décembre. 11 h.

    J’ai placé, sur la platine multi-disques, le CD du trio de Pierre-Alain Goualch, que je n’avais pas écouté depuis le printemps. Tant que j’y suis, la proximité alphabétique m’ayant remis le coffret de Fred Hersch en mémoire, je décide d’écouter, dans la foulée, le disque que le pianiste a consacré à Cole Porter ; fort logiquement, colportant mes goûts dans le salon de musique, je programme ensuite le CD du Patrice Caratini Jazz Ensemble, Anything Goes, car je veux, notamment, comparer les deux versions de « Get Out of Town » (Hersch et Caratini). Entre-temps, le second morceau du disque de Pierre-Alain Goualch a débuté… il s’agit de « Not for sale », réécriture de Love for Sale, de… Cole Porter.

Il faudrait maintenant aller pêcher, dans le coffret idoine, la version que Miles Davis et Coltrane ont enregistrée de Love for Sale. Cela ne manquerait pas d’ouvrir la voie à de nouveaux rapprochements (Oscar Peterson ? Coleman Hawkins ? Ornette Coleman ? Bix Beiderbecke ?). Unissons nos efforts, encore affermis par la douceur du temps qui pèse.

lundi, 04 décembre 2006

Place Charles VII, Universal Indians

medium_Loches_11_novembre_2006_040.2.jpg

    Tout de même, ce n'était pas si terrible de pousser la grille et de déposer, sur le front nu et froid du bronze qui s'ennuie, un baiser solitaire. Si on vous jette, d'une fenêtre haut placée, l'eau savonneuse de quelle vaisselle, vérifiez que vous n'avez rien oublié à votre place. Le néon cligne bruyamment, et j'aspire au repos. Bribes de mots... rire comme un veau. Le texte s'est désuni, fausse manipulation. Au train où vont les choses, les peaux rouges ont dû parcourir l'univers, d'une poudre tourbeuse.

mardi, 28 novembre 2006

Hommage à Ornette Coleman

    Psaumes !

rêver dans les collines

où les fruits rêvent aussi

où le jus des

fruits dégouline sur les joues

 

Rêver que je m'endors

en fumant la rosée des ténèbres, que j'

allume dans la nuit

dégoulinant d'étoiles

en vain le suave flambeau -

rêveur de psaumes...

 

Hommage à Charles Mingus

    Guère dépossédé de rien, sans nulle envie

restreinte,

oublie ces pas anciens

un moment

pose tes sentiments dans la danse des sentinelles

 

dansez fugitifs

autres fuyards encore aux gestes oubliés

n'allez

croire de nos amours que la route soit faite

encore N'allez

répéter en tous lieux qu'un nuage s'est tu

 

jeudi, 23 novembre 2006

De l'eau dans le zag

    La cause est entendue : je ne joue d'aucun instrument, je suis d'une rare incompétence en matière de musique, etc. Seuls mes goûts vont en s'affinant chaque jour davantage. Je me décrirais plus volontiers, déjà, comme un professionnel de l'écriture... depuis le temps que je fais mes gammes, dans des styles divers, sur des supports variés...!

Bref, ce préambule maladroit n'annonce rien de terriblement meilleur. Il s'agit de fixer la trace d'un vieux projet. Amateur de jazz, un de mes centres d'intérêt consiste à dénicher des formations dans lesquelles le trombone joue un rôle essentiel, et donc à me pencher sur les trombonistes (leaders ou non), sur la part active des trombones dans certains standards plus célèbres pour les interventions du pianiste, du saxophoniste, que sais-je...

Qu'il y ait d'excellents trombonistes de jazz, et réputés, ce n'est pas un scoop : J.J. Johnson, Steve Turre, Glenn Ferris, et j'en passe... Quand, à la salle Ockeghem, à Tours, au printemps 2004, j'eus (enfin) l'occasion d'entendre et de voir en direct l'ICP Orchestra, je fus impressionné par la carrure, la stature de Wolter Wierbos, qui est quasiment inconnu, même dans le domaine du jazz d'avant-garde.

medium_Wolter_Wierbos_2530.jpg

Si j'avais eu quelque ouverture dans les radios locales de ma ville, j'aurais pu proposer, à titre complètement bénévole, d'animer une émission consacrée au jazz, et il me serait certainement venu en tête de proposer, en trois ou quatre heures, un parcours autour du trombone. À défaut, je vais me contenter, une fois encore, de tout déverser dans ces carnets.

Jeudiligence

    Nouvellement découverts, ces titres étonnants :

  • Steven Bernstein. "N'Kadesh Oz B'Kol" (Diaspora Blues, 2002).
  • Parish. "Improvisation Ii" (Parish, 2006).
  • Chris Speed. "Pith Remix" (Deviantics, 1999).

 

... sans oublier un Steve Lacy très agité, avec son quintette en 1975 ("The Rush". Esteem 1975), et le be-bop pas très inventif de Louis Hayes & the Cannonball Legacy Band ("New Delhi". Maximum Firepower, 2006).

10:55 Publié dans J'Aurai Zig-Zagué | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Jazz

mercredi, 22 novembre 2006

Auréolés

    Ce sont toujours des matinées belles et mitigées, quand je me trouve à feuilletter le tome I de Henri Michaux dans la Pléiade, le Voyage en Grande Garabagne (en collection NRF "Poésie") et mon tome des poèmes de Wordsworth. (Ce pourraient être d'autres livres ; ceux-ci, ce matin, pèsent de toute leur légèreté.)

Mon intérêt va croissant, non pour les coïncidences, mais pour le démon de l'analogie, tel qu'il s'exprime dans les rencontres de la vie quotidienne mais aussi dans l'écriture de ces carnets. Ainsi, des deux commentaires écrits un peu à la va-vite sur le blog de Simon, l'un portait sur sa question quant aux titres que je lui avais suggérés (facétieusement) pour sa composition et l'autre répondait à son billet Hic inconsidéré. Dans le premier, j'évoque la guitare acoustique de Pat Metheny, en solo dans l'album One Quiet Night. Dans l'autre, je cite (de mémoire) un dialogue du Goût des autres (relatif aux gaffes et aux "pédés"). Or, je me rappelle à présent que l'une des musiques employées par Bacri et Jaoui dans leur film n'est autre qu'une composition du Pat Metheny Group, "Au Lait" (album Offramp, que je possède).

(Il se trouve aussi que je préfère, sur ce même album, "Are You Going with Me?" mais c'est une autre affaire.) D'après iTunes, la dernière fois que j'ai écouté One Quiet Night était le 2 juin dernier.

Mardivague

    Il m'est décidément difficile de livrer mes petites listes telles quelles (ce qui trahit mon peu de penchant pour les listes). Ci-dessous, je donne les références des six albums de jazz que je viens de prêter à un ami. Je me suis aperçu, en recopiant la liste, que j'avais très fortement centré ce choix autour des pianistes, sans que je parvienne à comprendre pourquoi (indépendamment du fait qu'à l'origine je voulais lui faire découvrir Brad Mehldau, qu'il m'avait dit ne pas connaître). Je me "console" en me disant que, dans le disque de Bojan Z., ce n'est pas nécessairement le piano que je préfère (quoique...), et que, dans le groupe Kartet (existe-t-il encore, d'ailleurs, ou a-t-il succombé aux projets parallèles de ses membres?), le bassiste, le batteur et le saxophoniste sont largement aussi importants que mon bien-aimé Benoît Delbecq.

  • Emmanuel Bex. Conversing with Melody.
  • Zool Fleischer. Zoolitude.
  • Kartet. Pression
  • Brad Meldau Trio. Progression The Art of the Trio vol. 5.
  • Brad Mehldau. Live in Tokyo.
  • Bojan Zulfikarpasic. Koreni.

 

Quand j'ai choisi ces six albums dans ma discothèque, mon doigt s'est arrêté sur d'autres favoris (ICP Orchestra, J.J. Johnson, Steve Lacy, Coltrane, Jimmy Giuffre, Sophia Domancich...) sans les élire. Une prochaine fois...

Mardivague

    Il m'est décidément difficile de livrer mes petites listes telles quelles (ce qui trahit mon peu de penchant pour les listes). Ci-dessous, je donne les références des six albums de jazz que je viens de prêter à un ami. Je me suis aperçu, en recopiant la liste, que j'avais très fortement centré ce choix autour des pianistes, sans que je parvienne à comprendre pourquoi (indépendamment du fait qu'à l'origine je voulais lui faire découvrir Brad Mehldau, qu'il m'avait dit ne pas connaître). Je me "console" en me disant que, dans le disque de Bojan Z., ce n'est pas nécessairement le piano que je préfère (quoique...), et que, dans le groupe Kartet (existe-t-il encore, d'ailleurs, ou a-t-il succombé aux projets parallèles de ses membres?), le bassiste, le batteur et le saxophoniste sont largement aussi importants que mon bien-aimé Benoît Delbecq.

  • Emmanuel Bex. Conversing with Melody.
  • Zool Fleischer. Zoolitude.
  • Kartet. Pression
  • Brad Meldau Trio. Progression The Art of the Trio vol. 5.
  • Brad Mehldau. Live in Tokyo.
  • Bojan Zulfikarpasic. Koreni.

 

Quand j'ai choisi ces six albums dans ma discothèque, mon doigt s'est arrêté sur d'autres favoris (ICP Orchestra, J.J. Johnson, Steve Lacy, Coltrane, Jimmy Giuffre, Sophia Domancich...) sans les élire. Une prochaine fois...

mardi, 21 novembre 2006

ParkBrax1

[Lundi : j’ai écrit ce §

    Vous n’imaginez pas, quand même, Anthony Braxton et Evan Parker rivalisant ou s’épaulant, un soir de demi-brume à Londres ? Une nuit, dans la brume des pintes, comme je remontais vers ma piaule, à Summertown, j’entendis un son furieux, tout en rodomontades, et dont je crus qu’il émanait du saxophone ressuscité d’Albert Ayler. Réflexion, c’était plutôt l’épopée de deux géants vivants, qu’à l’époque je ne connaissais pas. Mais, le lendemain, qui, dans le parc le plus beau du monde (les University Parks), repassait dans sa tête, tout en suivant l’évolution des fours and sixes et des maiden overs, le trajet à grandes enjambées, perdu dans les spirales sonores ? Je vous le demande.

jeudi avant de devoir m’interrompre pour

Long texte. Ce billet va être bien long ; ce n’est pas que je veuille ici faire amende honorable. C’est un long texte (virtuellement, pour le moment), car ainsi vais-je le vouloir (vouloir l’écrire). (Un ami me dit que la lecture de Prunus spinosa ne me réussit pas. Le prunellier, en tisane – surtout si après coup on se couche à une heure du matin, même pas somnolent, d’avoir exceptionnellement dormi entre trois et quatre, sur le canapé de la chambre filiale –, ne provoque pas seul ces exubérances.)

recevoir plusieurs étudiants. Les autres §

Ce que je voulais écrire dans le deuxième § (que j’abrège ainsi : § (d’autres versions d’autres textes parlent de, ou plutôt écrivent noir sur blanc paragraphe)) n’a rien à voir avec Prunus spinosa, ni avec le long texte qui sous vos yeux commence. (Un adversaire de mon ami suggère alors que c’est plutôt la lecture d’Aragon qui m’a parfois nui, ou influencé. Je ne l’écoute pas et poursuis mon chemin.) Ce que je voulais écrire, et dont je ne sais si le troisième § fera mieux que porter la trace – au rythme de mes digressions, on s’inquiète –, c’est l’histoire du compteur kilométrique de ma voiture. En effet, je me suis trompé en notant ici (non, pas ici : dans un autre carnet) le nombre qui s’affichait au compteur de ma voiture, dimanche dernier. C’était aussi un palindrome, et plus beau d’ailleurs.

ont été composés ce matin, lundi 21 novembre

Ce palindrome, c’était le nombre 90909. À quelques hectomètres près, à un moment précis, dimanche dernier, la voiture que je conduisais (que je conduis depuis fin juin 2001) fêtait dignement (non sans souffler ses bougies, me souffle un facétieux camarade de mon ami, qu’il ne faut pas confondre avec l’adversaire d’icelui (ils se ressemblent pourtant comme deux gouttes d’eau)) ses 90909 kilomètres parcourus, et je me faisais la réflexion qu’en renversant ce nombre – comme dans le célèbre gag des portes de chambre d’hôtel dans La Grande Vadrouille – on obtenait 60606. Depuis lors, je ne cesse d’envisager les hypothèses les plus variées quant au moment précis (le plus précis possible, me glisse-t-on à l’oreille) où la voiture franchit le cap fatidique des 60606 kilomètres. Il se peut, d’ailleurs, que je n’aie exceptionnellement pas été à bord ce jour-là. Il devait pourtant s’agir, d’après mes calculs et mes reconstructions, d’une journée de l’année universitaire 2003-2004, et même, du premier semestre de l’année civile 2004.

entre deux rendez-vous avec

Une fois précisée l’ère approximative du franchissement des 60606 kilomètres, plusieurs scènes sont imaginables, que je vous épargnerai. (« Je te fiche mon billet qu’il ne va pas longtemps nous les épargner ! » lance, sarcastique, son adversaire à mon ami.)

des étudiants.]

Il n’en demeure pas moins, que ce matin

[Ces différents § sont composés lundi matin, je le

, dans la voiture, je me suis aperçu de l’erreur commise en notant dans un autre carnet le nombre (palindromique) de kilomètres parcourus à la date du 12 novembre. Puis j’ai rêvassé – tout en restant vigilant quant aux changements de file, feux rouges & autres babioles dont s’amuse le quotidien – à la possibilité d’un texte qui chercherait à retracer (à résumer, plutôt, suggère, bienveillant, mon ami) en 30303 signes l’essentiel des voyages que représentent ces 30303 kilomètres. Une variante serait de retracer, résumer à grands traits, mon existence au cours de la période qui s’est écoulée de la première de ces deux bornes palindromiques à l’autre. Une variante encore, musais-je et m’amusais-je au volant, consisterait à imaginer où j’en serai (où la voiture en sera) et ce que j’aurai vécu d’ici la borne des 151515 kilomètres (qui n’est pas un nombre palindromique, mais la somme des palindromes 90909 et 60606). Ici, le projet bute sur la difficulté de consacrer tant d’énergie à un texte de 151515 signes.

rappelle. Il y a aussi

Déjà, 30303 signes ne sont pas rien, comme on dit. (Il resterait aussi à déterminer qui est ce « on », dans ce texte-ci où pourtant d’autres instances ont été précisées, tels l’ami, l’adversaire ou le facétieux camarade, mais aussi dans l’ensemble des carnets rassemblés dans le site Musicien masque de mots, et singulièrement dans la rubrique Onagre 87. L’auteur principal des carnets, celui qui se tape tout le sale boulot de mise en forme, tremble et sue à grosses gouttes en imaginant le travail de mise en ligne que va représenter ce très long et tortueux texte, sans parler même des liens hypertextuels qui devront être ajoutés, comme ci-dessus, à Onagre 87. Pour le moment, l’auteur principal et ses acolytes travaillent sous Word, dans un fichier baptisé Chiens de Langeais, et qui a été créé lundi dernier lors de la composition de la série des billets ainsi intitulés.

que, pour la première fois, des crochets sont ouverts dans cette lignée

Il va bien falloir ajouter des liens hypertextuels qui pointent vers l’une ou l’autre ou plusieurs des versions de Chiens de Langeais, maintenant, me suggère l’adversaire de mon ami d’un ton cauteleux ou patelin. Il change de stratégie et veut se faire passer pour une personne bien intentionnée. Heureusement que je le tiens pour un personnage. À l’écart, autant dire.

et une parenthèse dans l’autre.

Il va bien falloir évoquer la question du titre de ce texte, titre donné jeudi dernier, quand le texte n’était composé que du seul premier §, celui qui commence par « Vous n’imaginez pas » et qui constitue maintenant le deuxième §. Le texte, pour l’instant, s’intitule ParkBrax1, comme la composition d’Evan Parker et d’Anthony Braxton que j’écoutais jeudi à cette même heure et qui inspira ce §. Pendant la rédaction des trois § précédents, j’écoutais Moms de Steve Lacy, et maintenant Sun Star. John Coltrane, reconnaissable entre mille.

J’ai reçu une étudiante qui va travailler, avec un collègue, sur

C’est aussi l’occasion de découvrir Matthew Welch, mais c’est une autre histoire. Doit-on changer le titre de ce long texte ? Qui est on ? Quelqu’un écrira-t-il ce texte en 30303 signes, ce qui représente environ vingt pages à double interligne et marge de trois centimètres de chaque côté ? Autant de questions sans réponses.)

The God of Small Things et me demande des conseils. Maintenant

Donc, 30303 signes ne sont pas rien, ai-je écrit plus haut. Peut-être pensez-vous que c’est ce texte-ci qui va atteindre les 30303 signes, et peut-être aurez-vous raison. Peut-être vous dites-vous que vous n’irez pas jusqu’au terme de ces 30303 signes, et peut-être aurez-vous raison. Toutefois, je pense garder l’idée du texte en 30303 signes pour un projet étroitement lié à l’idée des trajets, des kilomètres parcourus, des existences enrubannées.

(mais je me suis interrompu vingt minutes entre le moment où j’écrivais « maintenant » et maintenant) je vais recevoir (je viens de recevoir) Charlotte, qui connaît Calgary et le Canada, la chanceuse.

Il y aurait cette vieille idée d’écrire des voyages imaginaires, à l’aide de cartes routières. Comme il existe désormais, grâce au Web, des sites qui permettent de calculer les distances et de définir avec précision les itinéraires, ce ne serait pas malcommode du tout. Les cartes routières ont plus de charme, pourtant, pour la rêverie et l’écriture. Enfant, combien de trajets, et même d’étapes fictives du tour d’Aquitaine, n’ai-je pas imaginés, ventre à terre sur le carreau froid de ma chambre, une carte routière dépliée devant moi ?

D’autres étudiantes veulent partir aux Etats-Unis ou au Canada. Je n’imaginais pas

La question du titre continue de se poser. Y a-t-il encore une raison à nommer ce texte du nom de la composition/improvisation qui n’a suscité que le premier § (devenu deuxième, me souffle le facétieux, décidément peu disert) ?

que la structure volontairement hachée de ce texte

Quant au moment où il me sera enfin possible d’écrire le texte de 30303 signes en tenant compte des impératifs autobiographiques et/ou routiers qui y sont liés, je ne sais quand il adviendra. De nombreux projets d’écriture restent en suspens, à l’état larvaire, comme la Galerie de larcins ou les 53 stations (ou encore les Vertes voltes, à peine esquissées). Je m’aperçois toutefois que ce texte-ci, en démarrant le dénombrement au tout premier crochet, compte déjà 9081 signes.

se trouverait confirmée dans l’organisation temporelle de ma

9081 est un nombre intéressant, mais quel nombre ne l’est pas, à ma folie furieuse ? (« Tu as appelé cela fièvre » me rappelle mon ami. « Mon ami, on ne peut courir deux fièvres à la fois. » C’est l’adversaire qui parle, et qui cherche à se faire passer pour son affable jumeau facétieux.) Surtout, il n’est pas très éloigné du tiers de 30303, qui est, comme vous le savez, 10101. Cela montre qu’un texte de 30303 signes n’est pas la mer à boire, et d’autant moins quand l’on a écrit récemment le 1111ème texte de carnets commencés en février de cette même année. (C’est de Musicien masque de mots qu’il s’agit, disent en chœur les trois fourbes.)

matinée.]

Reste à savoir si l’ajout de liens hypertextuels s’impose. Et si oui, lesquels, et dans quelle proportion. 10101 signes, je vous demande un peu. La voiture fut achetée d’occasion, quand elle avait déjà dans les 18000 kilomètres. On ne va tout de même pas se lancer à imaginer quels trajets ce véhicule, qui était alors immatriculé dans les Alpes-Maritimes, a faits avant que j’entre en sa possession.

dimanche, 19 novembre 2006

Homme du fleuve

    Dans ma discothèque personnelle, je possède trois versions de River Man, chanson de Nick Drake, par Brad Mehldau. Deux sont en trio, et une au piano seul, que j'écoute en ce moment. La puissance mélancolique de cet air sous les doigts de Brad Mehldau est formidable, au sens étymologique (smart ass!).

Faut-il dire que je ne connais pas la version originale de Nick Drake (ni aucun autre titre de Nick Drake, ni même la voix de Nick Drake) ?

C'est un oubli à réparer. Ce sont oublis à réparer.

 

La version pour piano seul se trouve sur l'album Live in Tokyo et dure 8 minutes et 58 secondes.

La version la plus ancienne pour trio se trouve sur l'album Songs. The Art of the Trio vol. 3. Elle dure 4 minutes et 47 secondes et répond splendidement, de sa huitième position sur le disque, au morceau de Radiohead, Exit Music (for a Film).

L'autre version, enregistrée par le trio de Mehldau, Rossy et Grenadier au Village Vanguard en septembre 2000. Elle figure sur le double album Progression. The Art of the Trio, vol. 5 et dure 11 minutes et 29 secondes ; la composition est attribuée à "Nicholas Drake" (sans diminutif).

 

Le disque vient de s'arrêter. J'ai remarqué ma propension, les jours où j'écris peu, à déplacer les espaces qui séparent les mots. Il faudra que je publie un jour un texte entièrement composé de mots dont la dernière lettre est celle qui devrait débuter le mot suivant (et inversement). En haut, des bip! et des ting!

17:37 Publié dans J'Aurai Zig-Zagué | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Jazz

mardi, 14 novembre 2006

Hautbois de mon coeur

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    La musique d'Ornette est belle, proclame, par le recours à l'acronyme MOB, un ensemble de jazz bien français. En écoutant "Proof Readers", le premier titre du coffret Beauty Is a Rare Thing - The Complete Atlantic Recordings du sieur Coleman, fort comme la raison et fou comme un frelon, je me répète que la musique d'Ornette est belle, est belle infiniment la musique d'Ornette.


(Illustration : "Allégorie de la musique".
Détail d'une tapisserie des ateliers de Bruxelles, XVIème siècle.
Château de Loches.)

09:40 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne, Jazz

lundi, 13 novembre 2006

Chiens de Langeais (version 385/461 et dernière)

medium_Chiens_de_Langeais_082.jpg

 

 

    Ce chien-ci pose sur fond de damier. L’air rêveur, repu par le banquet, il laisse s’enfuir un daguet, dont l’échappée reviendra le hanter dans ses rêves, et les coups de pied de l’échanson.

Le damier se transforme en plateau de scrabble, et le chien écoute, intrigué, interdit, Taylor Ho Bynum et son vieux maître dialoguer à grands coups de cornet et à jets de lèvre surpuissants. Ai-je déjà écrit mon admiration pour les tapisseries sonores d’Anthony Braxton ?

lundi, 06 novembre 2006

Plaqueminiers, suite II

    En fait, ne nous voilons pas la face : j'aime beaucoup les kakis, ces fruits couleur de rouille qui n'ont rien de martial. Le plus amusant, c'est que c'est, à ma connaissance, le seul fruit qu'il est rigoureusement impossible de manger proprement. Une fois décalotté au couteau, le kaki mûr se mange à la petite cuillère, et dégouline (voir aussi *******), se répand dans l'assiette*. Si vous parvenez à le peler puis à le manger proprement, c'est qu'il n'a pas encore atteint le stade où il est mangeable (et même comestible***).

Il est temps de vous inciter à découvrir ce fruit, si vous ne le connaissez pas, et de citer le haïku célèbre de Masaoka Shiki**** :

kaki kueba

kane ga naru nari

Horyuji

 

On trouve ici une longue discussion des maintes traductions possibles (en angais, au moins*****) de ce merveilleux poème. 

 

* Les esprits mal tournés liront encore je ne sais quelle cruelle obscénité dans cette phrase. Qu'y puis-je si je suis blanc comme l'agneau qui vient de naître (et qui, en général, loin de toute blancheur est plutôt dégoulinant de glaires et de morceaux de placenta.**)

** Loin de moi l'idée, toutefois, que la chair dégoulinante du kaki se rapproche d'un placenta éventré.

*** La poussière râpeuse est si désagréable que c'est à se demander si l'on ne s'empoisonne pas, s'empoussiérant le palais.

**** Pour de plus amples renseignements, préférez la WP anglophone, ou mieux, nippone. Masoaka Shiki est mort à trente-cinq ans, ça fout les foies******.

***** Je suis conscient que je devrais vous proposer, ou, à défaut, vous promettre une traduction française de ce poème. I'll look that up, won't I ? *******

****** Que de relâchement langagier dans ces notes astérisquées !

 

******* (Ajout de 16 h 10, puisque tout le reste de ce billet a été composé aux alentours d'onze heures du matin.) Entre-temps (entre onze heures du matin et quatre heures de l'après-midi, ne faites pas semblant de ne pas comprendre), j'ai emprunté, au Service Commun de Documentation de l'Université François-Rabelais (a.k.a "la B.U."), la traduction de Joan Titus-Carmel, Cent sept haïku de Shiki, parue en 2002 aux éditions Verdier. Il me semble que la traductrice (dont je connais certains travaux de traduction, notamment les haïku de Yosa Buson) est un peu loin de l'original, du moins à ce que j'en ai compris en lisant attentivement le site sus-mentionné. Par ailleurs, je découvre qu'il y a, au moins dans ce choix de poèmes, une série de quatre haïku ayant le kaki pour motif principal. Il s'agit des haïku 88 à 91, sur lesquels je reviendrai très prochainement.

Pour en revenir à la traduction du haïku 91, cité intégralement en japonais translittéré ci-dessus (aussi), elle me désarçonne :

Croquant un kaki

et la cloche qui résonne -

Horyuji !

 

Comment peut-on croquer un kaki ? Shiki croque-t-il littéralement dans son kaki ? N'est-ce pas plutôt la traductrice qui ne connaît pas du tout la texture du fruit ? Pour qui sont ces croquis qui sifflent nos kakis ?

18:05 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Poésie, Japon, Jazz

Plaqueminiers de Virginie

    La boîte de Pandore s'ouvre. C'est une besace, un tunnel, une beauty-case.

De cette malle aux trésors s'échappe ESP dans l'interprétation du Vanguard Jazz Orchestra.

Puis, éblouissement post-hard-bop (ces étiquettes ont-elles encore un sens pour tout autre que celui qui en use?), Bulldog's Chicken Run : Renée Rosnes (qui a notamment accompagné l'un de mes musiciens préférés, l'immense et regretté tromboniste J.J. Johnson) & the Danish Big Band. Qu'il est dommage de ne pas connaître le nom des musiciens et solistes.

De la valise de Pandore s'écoulent de longs fleuves que l'on pourra toujours rattraper, avec le filet à papillons de la mémoire.

Flux et reflux de la prose post-hard-bop.

10:25 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, Jazz