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dimanche, 01 avril 2007

Ce dimanche aussi

    Ce dimanche aussi est le jour du poisson. Rire vendredi. Niet te huur, dat komt je te duur. Il m'en coûte de porter le seau par l'anse. Toujours, les bras noueux (gros bras, pas petit bras, un peu fin-de-hamlet), nous nous serons ridiculisés, lui et moi, rue B. Même avec retenue, même sur ses gardes, on s'enivre de poussières d'étoile et on retombe dans ses vieux travers. Il a sorti cinq vannes nulles en cinq minutes, quel histrion lourd comme un plat de coustouns. J'entends ça à peine la porte refermée, car la gêne lâche la bonde. Dans un sens c'est mieux ainsi. Tous ils étaient venus au bal en couple, et toi aussi avec ton frère balourd, des arêtes obtuses plein les poches. De la balle, je refermai la lourde.

jeudi, 29 mars 2007

Train de nuit

    Au sujet des gloses il ne tarit pas d'éloges. Du troisième balcon, avec ses jumelles de théâtre dorées, elle cherche à voir la couleur des sous-vêtements de la danseuse étoile. Près du foyer où luit, d'une incandescence pâle, une bûche presque consumée, tu bois de la tisane. Il travaillait dur, bachotait avant chaque examen, en quelque sorte au galop d'essai. La musique (Out of this World par le quartette de Coltrane) te trotte dans la tête. Voici quelques-unes, mais parmi tant d'autres, des choses que je préfère.

mardi, 27 mars 2007

L'arbre Congo

    Les herbes vrombissent dans le sang discret de Juan-les-Pins, consolées de l'adversité malgré l'envers d'un sprint tant raté. Leur paillage se froisse d'un plissement venteux, mutique. Les premières herbes de fronde devaient bruisser de la même moisson.

20:40 Publié dans Xénides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, écriture

Lourds / des insectes

    Octuor :

daignez poser vos sarabandes

ici dans l'air

libres dans l'herbe

offrant de haute lutte ces nuages

noirs

 

Rameaux dans le ciel ensauvagé

enfermant lourds

des insectes volages qui

ôtent de haute lutte leurs silences

noirs. 

lundi, 26 mars 2007

Cause halieutique

    Voici une coupelle d'olives au fenouil. La mariée était en noir. Vers la fin du mois d'août les orages venaient, toujours les mêmes, secs et terribles, toujours au moment des grandes... On peut considérer que le roi René n'a pas connu la Renaissance. Tu ne vas pas en faire tout un roman, quand même. On a les embêtements les plus divers. Fred Astaire tapote d'un doigt agacé sur le verre poli de la table, dans cette salle de conférences où pas un chat ne passe. Quand Nijinski entra, je n'étais plus moi-même. J'allais lentement, à pas de tortue. Elle m'a alors hameçonnée, alpaguée avec ses appâts.

dimanche, 25 mars 2007

Brocolis à la lune

    Les brocolis sont dans la cocotte. Avec on pourrait manger des pieds paquets (tant va la cruche à l’eau (en relisant Nana)). À la belote tu joues comme un gros naze. À douze ans je connaissais par cœur l’acte I de Cyrano. Il prend toute cette histoire d’usurpation d’identité très au sérieux. Tu joues comme un pied dès que c’est aux cartes. Elle n’avait pas voulu qu’on empêche son hamster de s’empiffrer. Après quelque temps, on décida de remplacer la lampe de chevet par une lampe d’architecte. Les plaques et tout ce qui est marbrerie, c’est ça qui pue la mort, me disais-je en descendant acheter les croissants et en passant devant la maison Cavey puis la maison Tourtault. Toi tu rêvassais à la lune.

samedi, 24 mars 2007

La Sorcière Célèbes

    Le soleil a fini par se cacher, le vent frisquet par se lever. Je vois la figurine de Louis XIV, en plasticine. Nagui a une fâcheuse tendance à inviter tout le temps les mêmes tocards. Ce doit être au loto qu'on lance carton plein. Je ne goûte guère la poésie de Lord Alfred Tennyson. Quand l'extraterrestre poilu devient rouge de colère, zapper d'urgence. Pour Edvard Munch, dont l'on vient de retrouver une gravure volée, le rouge était plus qu'une couleur. Le cri que tu pousses ne réveillera personne. Laurent Evrard a trouvé presque aussitôt le volume d'essais de Mongo Beti que j'avais cherché en vain pendant plusieurs minutes dans la librairie. En vingt minutes, on a trouvé le temps d'ironiser sur les critiques qui ont écrit qu'Un roman russe était "le meilleur livre d'Emmanuel Carrère". Ce n'est pas à la roulette qu'on s'écrie carton plein. Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour. Faire un roman seulement à partir de cartes postales et de chromos, je ne pourrais pas. Mais à quel jeu de cartes enfin peut-on s'écrier carton plein ? Bourré comme un coing, plein comme une outre, blindé comme le Clémenceau, il s'avançait vers moi en titubant. Des textes de De Quincey, le plus célèbre est aussi le moins bon. L'éléphant de Max Ernst s'avance aussi vers moi, peut-être suis-je ivre aussi. Face à la librairie Le Livre, le Monstre diminue, jour après jour.

mardi, 20 mars 2007

Frêle grêle

    Par sept degrés il grêle. L'aigrette d'hier matin, ni le héron, n'était plus là, près des piles du pont Wilson. Il grêlait.

jeudi, 15 mars 2007

Faux enfin

    Porté le deuil (comme un fardeau) il faut reprendre. Pas de virgules seulement des points. Peu écrit ces derniers temps ce dont je me suis aperçu en faisant enfin une sauvegarde de ces carnets (par catégories) mais l'essentiel est d'avoir continué par devers tout à écrire un peu ne pas laisser s'atténuer l'empreinte et se déshabituer. Le deuil ne passe pas on le porte avec soi. Il est bon de rester intoxiqué à écrire même sans écrire.

mardi, 06 mars 2007

Mardi gras

    Le fleuve coule sous les arches rouges. Un monde de lumière en rêvant s’élève au ciel. Ce sont, ultimes semonces dans la ronde des ténèbres, ces fureurs terribles que je redoute, sous l’orage. Vos griffes qui lacèrent cette chair – et l’écorce des peupliers – frémissent encore du sang versé, près des fontaines anciennes. Sous les arches rouges le fleuve coule.

lundi, 05 mars 2007

Traductions : Edmund Mach & Pessoa

    Je lis – d’un œil curieux – l’édition bilingue du recueil d’Edmund Mach, Triumph des Schockens (Triomphe d’un choqué), dans la traduction de Hugo Hengl (Harpo&, 2005). Impasse de la traduction : le patronyme du poète, Mach, est l’un des motifs les plus puissants de la texture poétique du recueil. Or, ce patronyme est aussi le verbe faire (machen) à l’impératif singulier. (Oui, oui, amis heideggeriens, le poiein est un faire.) Autre impasse de traduction : le recours – dans certains poèmes – aux quatre lettes du patronyme, non comme acrostiche, mais comme pulsation (un peu comme dans les jeux littéraux de Bach, ou les Trois strophes sur le nom de Paul Sacher de Dutilleux).

& ma déception, il y a trois semaines, quand on m’a offert le fort volume des Poésies de Pessoa en Pléiade et que j’ai découvert que l’édition, scandaleusement, n’était pas bilingue. Comment aimer ce livre ? Le lire, oui, encore en faisant abstraction – mais l’aimer ? (Heureusement, j’avais acheté en 1993 l’édition bilingue des poèmes anglais du même Pessoa, ici repris dans une traduction révisée (pas forcément pour le meilleur, d’ailleurs).)

11:20 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, Traduction

dimanche, 04 mars 2007

Rue Montault, verdure

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    Rue Montault passent les fuseaux, déplacent les horaires, se dépassent l'une l'autre les figures de ce nouveau monde, et Figures est le titre du recueil de poèmes publié ces jours-ci par André Markowicz. Et bourgeonne, foisonne, s'échappe la verdure.

Dans la maison…

Cinq heures vingt.

    Dans la maison morte, lourde de vie, de tant de moments vécus, d’instants à vivre, riche de rires lointains, il me faut le silence. Réapprendre à écrire, et pourquoi toujours se réveiller à cinq heures du matin, depuis deux semaines et demie, et peut-être même avant ? Les musiques, les paroles, les éclats qui habillent le silence, je les porte en moi.

Pour faire chauffer le café et le boire sans faire de bruit réveillant le reste de la maisonnée – j’ai le sentiment d’avoir écrit, l’été dernier, semblable phrase en semblable situation – je l’ai fait chauffer en m’éclairant d’une lampe de poche et me le suis servi dans cette timbale de plastique bleu qui sert aussi de couvercle à la bouteille Thermos du voyage.

Il y a, depuis ces dix-huit jours, des rêves si nombreux, si fréquents, que ce sont sans doute eux qui me réveillent. Venez-vous me parler la nuit ? Mon athéisme m’assure que non, depuis ces pleurs près de votre pierre ; des souvenirs de romantiques allemands me soufflent qu’après tout, oui, pourquoi pas…

Hors de question, dans tous les cas, de créer une crypte. Pas de chapitre à part, non plus : la vie reprend son cours dans la discontinuité. Nul dialogue avec les ombres. Sur le tourne-disques, avoir écouté Jeff Beck et Rod Stewart – deux chansons anciennes de Dylan – un disque plaisant de Ferrat – Captain Beefheart. Et à chaque seconde, chaque note, chaque grain dans la voix, vous entendre, vous imaginer.

Il reste qu’il y a des milliers de pages, des centaines de disques de jazz, des bouteilles, tous indécis à dessiner leurs contours, dans les fumées du futur, et dans la maison riche encore d’instants à vivre.

vendredi, 02 mars 2007

Lovés dans cette volière

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    Une longue absence / Qu'on se soit plus vus / Qu'on se soit plus vus               (Elle, la rue

enflamme ses sortilèges. Une cage

étrange où dorment des perruches, d'autres

pays sentinelles.) Peur sur les froids VOUS ne me méditez

PAS sur le carrelage

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samedi, 10 février 2007

Nu ?

    Les cercles forment des cercles forment des cercles forment des cercles des cercles forment encore des cercles et ainsi à l'infini. Hier, vers cinq heures, allongé, les yeux ouverts, je contemplais le masque béti aux yeux fermés aux longs yeux allongés, au front bombé yeux effilés, et je le comparais à la verdure à l'escalier aux scènes du jardin, aux bâtons de commandement alignés contre la haie de thuyas, les yeux ouverts allongé je le contemplais, la coiffure stylisée comme un rapace qui s'éloigne à lentes planées, et l'oiseau s'éloignant au sourire mystérieux doux serein apaisé apaisant je le contemplais et le comparais maintenant les yeux fermés. Alors, les cercles formèrent des cercles forment des cercles formaient des cercles forment formeront des cercles, et ainsi à l'infini.

09:40 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : Littérature, Art, Poésie

mercredi, 07 février 2007

Encres traversées

    Plus que jamais plongé,

plus que jamais plongé dans les mots de Michaux

plus que jamais plongé dans la fournaise froide des encres de Michaux

plus que jamais

plus que plongé

 

Plus que jamais mordu,

hameçonné mordu morfondu mordufondu par ces mots

ces encres ces signes ces rythmes

plus que jamais mordantes

et plus que jamais chaudes

plus que jamais brûlantes

 

Plus que jamais la magie

et plus que la magie d'un homme qui avance,

langage dressé sur ses poteaux

ses guindeaux

ses lourds poteaux de mine

ailes légères qui

plus que jamais virevoltent.

 

Plus que jamais je lis

Michaux.

 

11:10 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, Littérature

mardi, 06 février 2007

N'être océan

   Si seulement désirer n'être océan était une fable,

vertige brûlant,

tuerie par le souffle

aux gouffres rituels,

une                                                                fable :

je m'oindrais

d'eau au moindre caprice du vent

aux moindres frémissements du                      temps.

 


podcast

Another Mr. Lizard. [em] II.

lundi, 05 février 2007

Ode to Liberty, XI (piètre tentative de traduction)

    Ayant écrit, ici, il y a quelques jours, mon enthousiasme pour l'Ode à la Liberté de Shelley, je me suis "attaqué" à la traduction de la strophe XI. Cette métaphore militaire ne messied point. Un vrai champ de bataille, ou de ruine. Non seulement je me trouve incapable de rendre le mouvement furieusement cuivré de ces 15 vers autrement que par de sottes lourdeurs, ampoules rhétoriques à quatre sous le flacon, mais je n'ai même pas eu le courage de chercher à relever le défi des rimes.

(Le schéma des rimes, semblable dans chaque strophe de l'Ode, est d'une belle complexité : ABABCDDDCECEDEE. Cette structure enlaçante, envoûtante, ne se trouve de subdivisions qu'au gré du sens. Dans la onzième strophe, on pourrait sans doute proposer : ABAB CDDD CECEDEE. Ce qui est certain, c'est que le "When" qui se trouve au début du vers 9 marque le véritable tournant de la strophe.)

Découragé, je colle toutefois ci-après ce premier brouillon frustrant. Le texte intégral de l'Ode est disponible ici. Je donne le texte original, non en regard, mais en frontispice.

 

XI

The eager hours and unreluctant years

    As on a dawn-illumined mountain stood,

Trampling to silence their loud hopes and fears,

    Darkening each other with their multitude,

And cried aloud, ' Liberty ! '  Indignation

        Answered Pity from her cave;

        Death grew pale within the grave,

And Desolation howled to the destroyer, Save !

   When, like Heaven's Sun, girt by the exhalation

      Of its own glorious light, thou didst arise,

Chasing thy foes from nation unto nation

    Like shadows; as if day had cloven the skies

At dreaming midnight o'er the Western wave,

    Men started, staggering with a glad surprise,

    Under the lightnings of thine familiar eyes.

 

XI

    Les heures vives, les années enthousiastes

Comme au sommet d’un mont embrasé par l’aurore

    Étouffaient leur espoir vibrant, aussi leurs craintes,

Et s’entr’obscurcissant d’être par trop nombreuses.

Elles tempêtaient : « Liberté ! » — L’Indignation

        De son antre répondit à Miséricorde.

        La Mort blêmit au fond de son tombeau.

La Désolation, face au saccage, hurlait : « Au secours ! »

Lorsque, tel le Soleil ceint des flamboïements

    De son éclat glorieux, tu te dressas,

    Chassant tes ennemis de contrée en contrée

Telles des ombres : tout comme si le jour avait fendu les cieux

    Au minuit rêveur, sur la vague d’Occident,

Surpris les hommes sursautèrent, titubant de joie,

    Face aux éclairs que dardaient tes yeux inconnus.

mercredi, 31 janvier 2007

Ode to Liberty

    Ode to Liberty de Shelley : une forme extraordinaire. Nostalgie & éblouissement, en la lisant, avant-hier et de nouveau ce matin. Savoir qu'on ne peut pas écrire ça, car l'époque est au-delà, l'ode est toujours-déjà écrite, et pour tout arranger bien sûr j'en suis incapable. (Mention particulière pour les strophes IV et V, et aussi XI. Pour tout. Pour ça.)

mardi, 23 janvier 2007

Blanc neige, ii

    Mots aimantés aux cimes

il est trop tard pour soudoyer vos pores

aux cinq sangs pleins si saouls de n'être pas sains

nos âmes mincies.

 

L'appeau ? La peau, peau-pierre.

 

Aimez-vous la poussière des pains ?

21:05 Publié dans Xénides | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Poésie

lundi, 22 janvier 2007

Arrivederci

    Toujours il pleuvra des cordes. Que ça pince ou non. Comment sinon naîtrait ce son mat de la peau doucement frappée, dans l’arche de Noé, alouette d’écorce – orques – et requin dans l’obscurité ? Un train suit la voie ferrée sur des kilomètres de ponts, de banlieue, près d’échangeurs, à faire grincer sans cesse et sans ménagement les éclisses des traverses, puis une voix d’oiseau, un chant enfin émerge des brumes que traversait le train. En entendant ce chant, je me dis que cela fait deux semaines que je voulais prendre le temps nécessaire, ces 1956 secondes, pour traverser la France du nord au sud puis de nouveau du sud au nord, un road movie illustré à la clarinette, forme de moyen métrage pour tous trajets, sans aide à la navigation. Le regard suit le train, mais tout le corps danse, aux appels des peaux tannées, de la mélopée comme vocifération, et la danse n’a d’ailes qu’obscures. C’est tout comme un grand vol de corneilles heureuses dans l’aube d’hiver. C’est tout comme.

Loin du train, maintenant, et loin de l’arche, une corneille quitte les rangs pour aller houspiller des étourneaux querelleurs et piailleurs. Sous les cordes qui pleuvent, on ne le dira jamais assez, que ça pince ou non, il y a le bruissement des forêts dénudées, cette saveur exquise des étangs découverts au détour d’un bourbier, cette extase à se perdre, les bottes enfoncées dans l’argile noirci, tandis que planent, virent de bord encore les corneilles. Même au cœur, même au creux de ces forêts abandonnées aux bourbes de l’hiver, on ne s’empêche d’imaginer – quoi – les doigts de Léon Francioli qui tissent glissent, même en n’ayant jamais vu Léon Francioli ni de photographie de Léon Francioli. Perdu, les bottes crissant dans l’argile, on regarde l’étang où aucun cincle ne plonge, et c’est encore une autre hallucination : Michel Portal nous emmène à l’autre bout de la France, en Camargue bien sûr, ou en Bretagne – c’est pareil. Égaré, les mains accrochées à l’écorce du vergne, on regarde l’étang, on tapote contre l’écorce, doucement, tout en contemplant l’eau morte sans clapotement, et, sans quitter l’ombre proche du vergne, on imite, malgré soi, les mains de Pierre Favre sur les peaux tannées. Je sais désormais que je suis seul au milieu de la forêt, que le road movie s’achèvera, peut-être sur l’aire de repos déserte, à part un semi-remorque en travers et pas la moindre silhouette visible dans la cabine. Je sais que j’aurai dit au revoir et que jamais pression de la main droite sur la main gauche n’aura été plus douce, ni plus mesurée, dosée. La peau pas ne frissonne, elle résonne, et je ne reviens pas sur mes pas, j’avance, dis adieu au vergne. C’est sans sens caché, sans cachotteries, le train s’emballe, oh ne chantez pas là.

Essayer d’écrire un texte que je chanterais dans la lumière du tumulte, en collant de très près à ces rails, à ces routes, à cette fine pellicule de souvenirs – est-ce possible ? Longé l’étang, il y a un long talus. Personne n’y a laissé de feu, personne construit de cabane, personne en moi ne frissonne. La peau encore résonne. De quoi ? des cris des corneilles, du chant de la cognée, des voix intérieures. Tout ça des foutaises. Longé l’étang, je sais que je pourrais passer deux heures à compter les strobiles sur cette branche, puis les écailles à peine ouvertes des strobiles, puis les imaginer dessinés, les imaginer photographiés, les imaginer dans la lumière du tumulte, passer plus de temps encore à enlever puis remettre puis enlever puis remettre cette virgule entre ça et des. Au début elle y était puis elle n’y est plus. Longé l’étang, il y a un baradeau, et les corneilles au-dessus de ma tête maintenant s’éloignent puis reviennent, comme dans les noirs d’Odilon Redon ce terrible jeu de bonneteau. Signes de ponctuation, swing des cordes qui pleuvent, et la chanson qui trouve son refrain, à peine a-t-on longé l’étang. Je sais que j’aurais pu passer tout ce temps, ces secondes égrenées strobiles, à écrire un texte que je chanterais tous les jours jour après jour dans la lumière du tumulte – mais si le cœur l’âme la peau je ne sais pas moi si cela si ça ne veut pas chanter, on reprend seulement la route, longe l’étang, tire sur la bride, remonte dans le train ou mieux traîne dans la corbeautière, une fois longé l’étang. Finir sur lourdes portes.

Profil basque

    Le jour où David Alvin décida de voler sa voix à l'océan, il s'y prit sans ruse, juste d'un doigt frêle, d'un murmure bouleversant, et, par quelques vagues tremblées sur l'estampe, se lança dans les nuages,

se lança dans les cordes,

s'élança dans les airs, pour n'en plus

revenir.

10:00 Publié dans Minimalistes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, Blues

jeudi, 18 janvier 2007

Eau douce glacée

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    C'était le dernier décembre, face à l'enfilade et aux dômes. Je t'offre un verre d'eau glacée Même d'autres rumeurs montent, des champs de maïs coupés à ras. Ne le bois pas distraitement Quelle âme ne vibrerait pas, à ces tristesses sourdes. Il est le fruit d'une pensée Terreurs sourdes, aussi, comme une eau lourde qui s'échappe vers l'océan, renversent les désespoirs. Sans ornement il ne faut pas résister c'est inutile. C'était décembre, face au clocher, à l'enfilade.

mardi, 16 janvier 2007

Prés

    Sonate. C'est ce qu'elle s'imaginait. La mer pourtant s'en est allée.

 

19:42 Publié dans Minimalistes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Poésie

lundi, 15 janvier 2007

Hope Ring True

    Des monceaux de poussière et des amas de boîtes de conserve traînent dans mes rêves, y mêlent leurs sales odeurs, comme je sens venir à moi la nuit le long de la voie ferrée, comme un nuage passe dans les yeux de l’enfant puni, et le miroir encore se ternit de poussière, et d’odeurs rances, de tristes rancœurs, comme la nuit nous environne d’un châle ténébreux, vertigineuse absinthe, à effleurer de tous bouquets la saveur, et encore les mouflons descendent en cascade aux yeux de promeneurs perdus dans les alpages, les isards prennent la tangente sans tambour ni trompette, comme alors que j’écris deux puis trois cordes pincées tourmentent le crépuscule, et dans les yeux des ténèbres je me retrouve, déraille, pour qu’enfin surgisse, jaillisse peinturlurée la montagne nauséabonde et poreuse qui troue le ciel comme un désert de neige, et à force de percer le ciel de cuivre tabac, la pointe du pic découvre d’autres paysages, d’autres rivages, des mers abandonnées, au creux même des alpages.

 

[13 janvier, prima hora, dans le TGV]

10:10 Publié dans Pêle-mêle | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, Jazz, écriture

dimanche, 14 janvier 2007

Tune Z

    Déflore

éternelle douceur du monde printanier

évasives senteurs du soleil

printanier

 

il fait ce soir d’été le

navire au mouillage dans le port

 

(a)

 

défleuri

ramené d’autres mers plus terribles

effilé et flanqué de rameurs

aux maillots printaniers comme au

mouillage.

 

Cuivre ici (Walpurgisnacht)

    Cuivre. Ce mot comme une évidence

terrasse toutes montagnes

aplanit toutes difficultés. Tout de même

le travail ce n’est pas ça. Cuivre. Cuivre.

Dire encore et encore cuivre.

Ce mot ressemble à chanvre.

Ce mot ressemble à vouivre.

Ce sont paroles de sirènes. Dire
encore et encore

cuivre qui ressemble à cuir Ce mot

ressemble à tendre à luire à feu de bois.

Boire s’enivre cuivre cuivre cuivre.
Pourtant vouivre

n’est pas veuve ni ivre Dire encore cuivre
ou l’écrire

sur la page aux mille coquilles

sur l’écran aux mille cuirasses

terrasser toutes montagnes aplanir

Où irai-je La tête dans les murs Écrire cuivre encore & encore

pour que ce mot plus jamais

ne ressemble à vouivre ni à fièvre

à navire ni à chanvre

que ce mot cuivre plus jamais

ne vire au chant de la revanche.

15:10 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie

Phlegma Phighter

    Embourbé, enlisé. Horriblement toujours enlisé. Je voudrais me défaire, m’extraire de cette gangue de boue de mare où je suffoque, mais embourbé, enlisé, le moindre de mes mouvements, s’il fait craqueler la boue gercée ou sèche, ne me libère pas. On n’entend pas tellement la contrebasse. Zigzaguer comme les gerris, glisser sur l’eau de boue comme les gerris cet été, mais me voilà à tout jamais embourbé, enlisé. On prendra un couteau, même un long coutelas pour couper la boue sèche, mais mon corps restera ici embourbé.

 

samedi, 13 janvier 2007

Rue froide

    Est-ce que c'est la présence d'appareils électriques, ou des lumières, le canapé, ou alors le café pris trop tard chez Philip (chez qui je travaillais) ? Toujours est-il que j'ai dû dormir trois heures, mal, par saccades, et que, pour le coup, je vais maintenant avoir besoin d'une bonne mug de café, pour tenir le coup. Peur que le percolateur, bruyant, réveille la maisonnée. Extirpé l'ordinateur, qui va voyager avec moi, de sa mallette ; réflexe de drogué consumériste ridicule.

La vie est variable, et elle se compose de lanières, s'arrache aux barrières, refroidit aussi. Tout comme la pluie qui tombe, refroidit. Peur d'un monde refroidi, miroir terni. Chialeur.